Salut à tous ! :)

Quelques mots sur cette fiction :Suite des évènements d'Étoile Filante, Livre I - Mont Weather. Deux saisons sont passées depuis l'arrivée des cent sur Terre et que la Montagne est tombée. Alors que la vie reprenait son cours, L'Arche embrase le ciel.

Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. - Clexa & Ranya -

/!\ Petite précision : Pour ce chapitre, tous les dialogues en italique sont en Triku.

Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.

Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)


Étoile filante

Chapitre n°02 - Te l'entendre dire

Fell from heaven

Straight to hell

Now your children are missing

Now I undersand

Who I am, who I am, who I am

Now tell me how

Tell me how

I can accept the thing

The thing that I can't change

Imany - Shape Of A Broken Heart

POV - Raven

Il n'y a rien à faire. Quoi que je fasse, toutes mes pensées me ramènent aux sentiments de fascination et d'horreur qui se sont emparés de tout mon être alors que l'Arche a embrasé le ciel. J'en ai encore le cœur qui bat à tout rompre et contrairement à tous ce que j'ai pu ressentir en passant ma soirée aux côtés d'Anya, ce n'est pas du tout agréable. Je ne m'étais pas retrouvé dans cet état depuis bien longtemps. Je suis terrifiée à l'idée de me retrouver à nouveau comme une petite chose fragile face à certaines personnes.

Je savais que ce jour allait arriver. Je ne peux pas dire que je ne l'espérais pas. Il y a Abby et j'ai conscience qu'il y a plus d'innocents que de bourreaux. Et pourtant... pourtant, une part de moi aurait préféré que ce jour n'arrive jamais. Est-ce que cette conclusion fait de moi quelqu'un d'horrible ?

Je secoue doucement la tête, m'obligeant à reprendre le dessus sur mes émotions contradictoires. Je me concentre sur le grand sac ouvert devant moi. J'en fait un rapide inventaire. Je crois qu'il ne manque rien. Je déteste être aussi peu sûre de moi. Je pensais vraiment être passé à autre chose. Il faut croire que certaines blessures ne se referment pas. Les miennes sont encore à vif ou du moins, elles viennent de le redevenir au moment même où mon passé s'est littéralement écrasé sur Terre.

-Rudz rook, je ferme doucement les paupières appréciant la façon si particulière qu'Anya a de prononcer le surnom qu'elle m'a donné, tout va bien ?

Je ne réponds pas. Je sais que ma réponse ne lui plaira pas et si je décide de lui mentir, elle le saura tout de suite. Je suis tout autant envoûtée que déroutée par son sens de l'observation. Un seul regard semble lui suffir pour comprendre ceux qui l'entour, me comprendre. Je n'ai pas une fois été regardée comme elle a pris l'habitude de le faire à mon égard. Dans son regard, je me sens importante, intelligente et belle. C'est comme si pour la première fois de ma vie, j'existais.

Je ferme lentement mon sac en lâchant un long soupir. Je le cale ensuite sur mes épaules et me décide à lui faire face. Anya a retrouvé des vêtements plus sombres et porte des protections aux endroits qui sont le plus vulnérable, ses cheveux sont parfaitement tressés pour dégager son visage, ses bras sont croisés sous sa poitrine et son dos appuyé contre le chambranle de la porte de ma chambre. Elle ne cherche pas à entrer dans mon espace, elle ne l'a jamais fait. Mais cette fois, il y a quelque chose de différent dans son attitude. Elle semble prête à bondir, tout en elle est sur le point d'imploser pourtant elle reste de marbre. Je ne suis plus tout à fait face à la femme sublime et éblouissante que j'ai apris à connaitre ces derniers mois mais bien devant le Général d'Heda.

Je baisse lentement les yeux pour fixer son épée parfaitement sanglé à sa hanche gauche. Je sais qu'elle porte d'autres armes mais pour le moment, il n'y a qu'elle qui soit visible. Je ne suis pas tout à fait prête à la voir de nouveau se transformer en guerrière. Je me suis peut-être un peu trop habituée à sa douceur et même parfois à sa fragilité.

-Je suis inquiète, c'est la seule réponse qui me semble appropriée.

Anya tend doucement sa main vers moi, ce qui me fait froncer les sourcils. Je ne suis pas certaine de comprendre ce qu'elle attend de moi. Pourtant, avec une infinie précaution, je finis par glisser mes doigts entre les siens. Alors, elle m'attire vers elle. Je suis toujours impressionnée quand elle use de sa force pour ne pas dire déstabilisée. Mais j'oublie assez facilement qu'elle a été façonné par et pour la guerre. Il n'est pas difficile pour moi de laisser de côté cette part d'elle. Parce qu'avec moi, elle est toujours gentille et patiente même s'il lui arrive de vouloir tout détruire quand quelqu'un me fait du mal même inconsciemment.

Je me retrouve en sûreté, dans ses bras alors je ferme les yeux pour apprécier à sa juste valeur ce moment. De toute ma vie, je ne me souviens pas m'être sentie à l'abri où que ce soit. Anya parvient à m'offrir cette paix qui m'a toujours manqué. Je me sens déjà plus calme alors que l'étreinte s'accentue très légèrement.

-Tout va bien, murmure-t-elle et son souffle sur ma peau me fait frissonner. Je ne laisserai rien t'arriver, elle se décale juste assez pour capter mon regard, de son pouce, elle vient effleurer ma joue et cette simple caresse embrase tout mon corps, je te protège Rudz rook. Aye wa.

Pour toujours.

J'aime cette perspective. La possibilité qu'Anya puisse vouloir me protéger pour toujours me rend heureuse. Simplement parce que l'idée qu'elle puisse vouloir rester à mes côtés m'emplit d'espoir : celui qu'elle puisse m'aimer.

Oh. Je ne suis pas stupide. Je sais qu'elle tient à moi. Son comportement ne trompe personne. Pourtant, Anya s'acharner à garder une distance entre nous qui me rend presque folle. J'ai appris à être patiente. En grande partie, parce que plus j'apprends à la connaître, plus je comprends qu'elle puisse vouloir s'éloigner. Toutes les personnes qu'elle a un jour aimé sont mortes. Je n'ose imaginer le traumatisme. C'est la raison pour laquelle, j'accepte tout ce qu'elle veut bien me donner, même si c'est peu.

Un pas minuscule vers moi, représente tellement pour elle. Une montagne. Non, ce serait trop facile pour elle. Une armée. Voilà qui représente bien ce qui nous sépare. A chaque fois qu'elle se rapproche, elle a dû tuer une des ses appréhensions. C'est ce qui rend chacune de ses petites intentions si particulières.

-Tu te sens prête à y aller Rudz rook.

J'acquiesce doucement alors qu'un de ses bras est toujours placé dans le bas de mon dos. J'aperçois Lyv. Je cherche donc à la rejoindre mais Anya me rapproche et cette fois, c'est toute sa main qui s'applique sur ma joue. Je suis si surprise par son geste que je me replonge corps et âme dans son regard. Il y a une lutte dans ses yeux. Je crois savoir d'où provient cette bataille intérieure, elle oscille entre m'emmener avec elle pour me garder en sécurité, là où elle peut me voir ou me faire rester ici, là où les Triku me protègeront tout autant.

Si elle devait me demander ce que j'en pense, je n'aurai aucune hésitation en lui répondant que je veux rester avec elle. De toute évidence, depuis le misae lainee Anya est ma seule option. Je la choisis, elle, envers et contre tout.

-Je veux te l'entendre dire Raven.

Anya prononce cette phrase en Tri, sa voix est plus grave que d'ordinaire et pourtant beaucoup plus douce. Comme moi, sa langue maternelle reprend le dessus quand elle peine à contrôler ses émotions. Elle sait que je comprends. Elle ne cherche donc pas à se répéter dans la langue commune. Elle attend. Je sais qu'elle ne lâchera rien tant qu'elle n'aura pas obtenu ce qu'elle veut. C'est comme si tout son univers tournait autour d'un objectif : me protéger. Alors si elle a le moindre doute, elle ne m'exposera pas.

Seulement, elle oublie un point essentiel : je refuse de m'éloigner d'elle.

D'autant plus si elle doit affronter l'Arche, mon passé et mes démons.

-Je suis prête.

C'est facile de lui assurer avec conviction. Je ne doute pas quand je prononce ces mots. Après tout, je sais pertinemment que tout du long, son regard attentif sera rivé sur moi. Elle m'a promis qu'elle ne laissera rien m'arriver et je crois viscéralement en son serment.

-Bien.

Son bras dans mon dos me libère mais sa main s'attarde un peu plus. Je décèle parfaitement son regard dévier légèrement vers mes lèvres et je dois me faire violence pour l'ignorer. Le contact de sa paume sur ma joue s'accentue très légèrement avant de me quitter. Je ressens presque immédiatement un vide immense. Tout à un goût de trop peu quand il s'agit d'Anya.

-Aucune de vous ne partira avant d'avoir mangé quelque chose, intervient Lyv, s'imposant entre nous avec deux assiettes beaucoup trop pleines.

Je lui souris en récupérant le récipient qu'elle me tend avec beaucoup d'insistance. Je m'installe autour de la grande table, non sans jeter un regard en arrière. Lyv et Anya discutent tout bas en Tri alors que l'Ancienne vérifie que toutes les protections de sa fille d'adoption sont parfaitement en place et fixées. Je trouve cela toujours amusant de voir cette veille femme des plus sympatique traiter une guerrière de la trempe du Général d'Heda exactement comme si elle était encore une enfant. Anya fait comme si ce comportement l'agaçait mais en réalité, elle apprécie cette attention et surtout l'affection qu'elle lui porte.

Ce genre de moments sont particulièrement attendrissants. Je souris en mordant dans un bout de pain au maïs et je détourne les yeux. Je sais que ma présence ne les dérange pas si c'était le cas, elles n'agiraient pas de cette manière. Pourtant, je tiens à leur laisser un peu d'intimité.

Je grignote plus que ce je mange, l'appréhension de ce que nous réserve les prochains jours me coupe l'appétit. Anya me rejoint, déposant son épée contre le bois et contrairement à moi, elle semble dévorer. Les préparations de Lyv disparaissent à une vitesse folle. Evidemment, elle remarque que je me suis arrêtée de manger mais elle ne dit rien. Une fois que nous avons fini et que nous avons la bénédiction de la propriétaire des lieux, nous nous relevons comme un seul homme. Je récupère mon gros sac quand Anya replace son arme avec beaucoup d'attention.

Quand nous sortons de la maison, la morsure du froid me semble bien plus piquant que la nuit dernière. Je passe le poncho que je pensais garder pour plus tard avant d'enfiler le gros manteau que m'a confectionné Lyv avec une grosse capuche que je place aussitôt sur ma tête. J'avance ensuite vers les deux chevaux qui nous attendent. Je passe ma main avec affection sur celle que je vais monter. Je commence à pas trop mal me débrouiller pour l'équitation, en même temps Anya m'a vraiment choisi un animal adorable.

-Tu veux de l'aide, me demande-t-elle en passant dans mon dos.

-Je veux bien, j'acquiesce, merci.

Anya se penche légèrement pour placer ses mains sous mon pied gauche afin de me donner l'impulsion qui me manque pour rejoindre la selle. Une fois en place, les reines entre les doigts, elle fait le tour du cheval pour vérifier que tout est en place. Elle le caresse entre les oreilles et murmure :

-Fais attention à Rudz rook pour moi.

Je baisse les yeux en sentant mes joues légèrement surchauffer. Je pense qu'Anya ne s'est pas rendu compte que je l'ai entendue et même comprise. Du moins, c'est ce que j'ai cru jusqu'à ce que nos regards se croisent et qu'elle me sourit. Elle voulait que je perçoive parfaitement ses mots. Mon cœur s'emballe et je suis obligée de détourner le regard pour reprendre le contrôle de mes émotions. Je ne parviens pas à comprendre comment tout ce qu'elle peut dire ou faire est capable de me toucher à ce point.

-Et ça, Anya prend doucement ma main gauche pour y glisser quelque chose, ce qui attire de nouveau mon attention, c'est juste au cas où ?

-Un arc ?

-Je sais que tu n'aimes pas les armes mais prend-le quand même, s'il te plait.

-Je ne peux pas accepter. Tu en as besoin. Je m'entraine depuis quelque temps mais tu es bien meilleure tireuse.

-C'est le tien, elle sourit. Je te l'ai fabriqué moi-même. J'y ai sculpté la tête d'un oiseau sur la poupée supérieure, elle me montre son travail et je suis impressionnée. Je t'ai placé le repose flèche un peu plus haut que le mien, tu devrais avoir moins de mal à atteindre ta cible. Tu as une dizaine de flèches derrière ta selle, je me retourne et les découvre en effet dans un carquois, parfaitement attachées. Raven, je sursaute légèrement alors qu'elle saisit un peu plus fermement mon poignet, j'espère que tu n'en auras pas besoin mais si tu es en danger, promets-moi de t'en servir.

-Je le ferais, j'assure.

Un soupir de soulagement lui échappe. Je crois même l'entendre souffler des remerciements mais je n'en suis pas certaine. Elle installe l'arc pour qu'il soit à porté de main avant de rejoindre son cheval qui est aussi noir que le miens est blanc. Evidemment, elle parvient à se hisser sur la selle avec une aisance qui me rend verte de jalousie. J'attrape ensuite la radio que j'ai fixé sur une des anses du sac à dos et j'appelle doucement :

-Clarke, tu me reçois ?

-Rae ?!

J'éloigne le talkie-walkie avec une grimace. Je baisse immédiatement le son. Quand comprendra-t-elle qu'elle n'est pas obligée de hurler ? Que ce genre d'inconvénient arrive avec un natif, je comprends mais Clarke... elle n'a aucune excuse ! Je suis certaine qu'elle cherche seulement à m'agacer ! D'ailleurs, même Anya a compris puisqu'un sourire moqueur étire ses lèvres.

-Vous êtes sur le départ avec Anya ?

-Ouais et vous, vous en êtes où ?

-C'est toujours l'effervescence. Lexa pense qu'il va nous falloir plus de temps que d'habitude pour rejoindre TonDc.

-Il faut qu'elle passe par le versant Ouest, intervient Anya et j'appuie aussitôt sur le PTT pour que Clarke l'entendre, l'Est est instable, je grimace en me souvenant que son petit accident, se trouve être survivre à une avalanche. Heda compte venir avec combien de guerriers ? Il n'est pas aisé de déplacer une armée en hiver.

-Un peu plus de deux cent hommes, répond mon amie après un silence prolongé. Lexa veut savoir ce qu'il s'est passé à l'Est de TonDc et s'il est vraiment indispensable de passer vers l'Ouest.

-Une avalanche, je réponds avant Anya.

-J'aurai plutôt dit un petit éboulement, complète-t-elle, mais avec une armée c'est à éviter.

-Vous avez conscience qu'il y a tout un monde entre "un petit éboulement" et "une avalanche" ? C'est un peu comme si l'une me disait que j'allais rencontrer un mec petit et que l'autre me disait que c'était le gars le plus grand jamais vu !

-Le plus important c'est que le versant Est est impraticable avec l'armée, tranche Anya. Nous y allons maintenant, les jours sont de plus en plus courts.

-Anya, cette fois, c'est la voix de Lexa, attend ! Nous sommes d'accord sur la façon dont tu vas t'approcher de l'Arche. Tu ne fais rien d'inconsidéré. Je n'aime pas savoir que tu vas à leur rencontre avec seulement une dizaine d'hommes. D'autant plus en sachant que Raevan a déterminé qu'ils se sont écrasés en dehors des terres des Trikus.

La dernière remarque de Lexa me donne un pincement au cœur. Anya n'a rien dit comme toujours mais j'ai su grâce à d'autres que l'Arche est arrivée sur les terres de la Gilt Valley. Normalement l'accès à ce territoire à été complètement interdit. Il n'y a plus que deux personnes sur Terre qui peuvent autoriser de nouveau d'y poser le pied : Heda et Anya, la dernière représentante de son clan.

Étant donnée l'urgence de la situation, Anya a réussi a accepté d'y retourner et d'amener certaines personnes avec elle. Mais j'ai remarqué qu'elle a été particulièrement exigeante sur les choix de ceux qui nous accompagnent. Une fois Lexa arrivée, je ne suis pas certaine qu'elle puisse de nouveau franchir cette frontière.

Le reste de la conversation m'échappe. Je suis trop préoccupée par l'attitude faussement détachée de la blonde. Elle souffre, c'est une évidence. Parfois, je n'arrive pas à comprendre comment les natifs parviennent à mettre autant de distance entre leurs sentiments et leur réaction. Paraître fort en permanence doit être exténuant.

J'espère qu'il ne lui sera pas trop douloureux de retourner sur les terres de son enfance. Celles qui l'ont vu grandir, qui abrite ses plus beaux souvenirs mais aussi qui renferme la terrible vérité sur le massacre de son peuple. Il me serait insupportable de devoir affronter une telle épreuve. Alors, pourquoi pas pour elle ?

Anya ne peut tout de même pas faire aussi bien semblant, n'est-ce pas ?

-Allons-y, me dit-elle après un moment en me tendant la radio.

Je la regarde donner un coup de talon sur le flanc de son cheval qui se met à avancer. Je reste un moment en arrière. Je l'observe en silence. Je tente de la comprendre mais c'est une perte de temps. A mon grand damne, Anya est insondable.

-Pedy rudz, je détache mes yeux d'Anya pour le laisser tomber sur Lyv.

-Comment tu viens de m'appeler ?

-Nineperce ne t'as pas dit ce que voulais dire Rudz rook, sourit-elle.

-Je me suis dit que ça ne devait pas être trop méchant.

-En effet.

-Si je devais traduire Rudz rook, je suppose que je dirais "oiseau rouge" alors que pedy se traduit par "petit".

Je ne pensais pas que c'était possible et pourtant, connaître la signification du surnom qu'Anya m'a donné aussi rapidement me rend encore plus heureuse. Encore une fois, elle a tapé dans le mille.

-Je peux t'appeler pedy rudz ?

-Bien sûre, Lyv.

-S'il te plait, elle prend mes mains entre les siennes et les serre fort, veille sur nineperce pour moi et ne la croit pas si elle ose te dire qu'elle va bien. Ramène-la moi, dewline.

À la maison.

-Ce qu'il y a là-bas, elle secoue tristement la tête, c'est une salamer pour ma Anya. Alors ramène-la dewline. Tu peux faire ça pedy rudz ?

Je n'ai jamais entendu le mot salamer avant aujourd'hui mais au vu de la réaction de Lyveirna quand elle le prononce, j'en déduit que la connotation n'est pas positive. J'ai saisi le principal de sa demande. Elle souhaite que lui ramène sa fille et je peux lui promettre que je ferai tout pour réaliser son souhait. Parce qu'il est absolument hors de question que je la laisse seule, ne serait-ce qu'une seconde.

-Je ne laisserai pas Anya s'éloigner de chez elle.

-Merci. Maintenant rejoins-là, elle t'attend.

Je me redresse légèrement et remarque qu'en effet, Anya m'attend à la lisière de la forêt. Je souris à Lyv, la salue respectueusement avant de laisser mon cheval avancer. Il lui faut peu de temps pour parcourir la distance qui nous séparait de la blonde. Quand j'arrive à sa hauteur, nous prenons une vitesse un peu plus rapide. J'apprécie particulièrement cette sensation, celle du vent qui fouette mon visage même s'il est glacial et cet enivrant goût de liberté. Je pourrai presque retrouver les perceptions qui me transcendaient quand je volais.

Nos chevaux sont lancés au galop sur une longue distance. Je regarde droit devant moi pour éviter la moindre déconvenue. Ce n'est pas parce que je me débrouille bien que je suis à l'abri d'une chute. Nous parcourons le territoir des Triku à une vitesse folle et lorsqu'Anya me fait signe pour que je m'arrête, je peine à croire que nous somme déjà arriver à la limite qui sépare son clan d'adoption, de celui qui l'a vu naitre.

Il n'y a pas grand-chose pour séparer les deux nations. En fait, si je ne savais pas que la limite se dresse juste devant moi, je ne l'aurai pas remarqué. Les dix personnes qui nous accompagnent, nous rejoignent lentement et je vois Anya lever la tête vers le ciel alors j'en fais de même. C'est à ce moment que je vois et même comprends la délimitation. Les plus hautes branches des arbres qui nous entourent sont couleur dorée.

-Générale, prononce prudemment Indra alors qu'elle ferme les paupières au moment où je perçois les tintements de plusieurs dizaines de carillons, pouvons-nous franchir la frontière ?

-Je reviens, dit-elle sans le moindre préambule en descendant rapidement de son cheval.

-Anya, je tente de l'arrêter alors que je la vois bondir pour se saisir d'une branche et grimper. Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Anya !

-Laisse-la Raven Reyes, je me tourne vivement vers la chef des Trikus, elle n'est pas encore prête, laisse-lui du temps. Est-ce que tu vois les rubans à la cime des arbres ?

Je lève la tête, je suis quelque peu aveuglé par le soleil qui se trouve juste au-dessus de ma tête. Je place ma main de façon à être moins éblouie mais la peinture métallique qui se trouve sur les branches continue de m'aveugler. Pourtant, à force de plisser les yeux, je remarque enfin les rubans. Il y en a de toutes les couleurs qui volte au gré du vent et je fini même par apercevoir plusieurs carillons à vent, en coquillage ou en bambou.

-Je les vois, je souffle.

-Je ne sais pas grand-chose sur le peuple de la Gilt Valley, commence Indra, ils étaient très discrets et les Triku ne se sont jamais retrouvés en conflit avec eux. Et heureusement, parce qu'ils étaient sans nul doute les plus grands guerriers qui ont un jour foulé cette terre. Nos rapports étaient cordiaux. Nous étions voisins.

-Quel est le rapport avec les rubans, je demande impatiente.

-C'est une tradition qui à ma connaissance n'appartient qu'à leur peuple. Quand une personne meurt, un proche écrit le nom du défunt sur un ruban qui porte la couleur qui le représentait quand il était encore en vie et fait un vœu qui n'est connu que de cette personne et celui qui est décédé. Plus la personne est importante, plus le ruban doit être accroché haut. On dit que parfois des rubans sont détachés des arbres par les proches quand ils pensent que leur souhait a été exaucé mais je ne l'ai jamais vu.

-Dios mio... alors ces arbres sont... des cimetières.

-C'est Anya qui a accroché tous ceux, Indra fait un geste ample pour désigner énormément d'arbres, qui se trouve à la frontière. C'est la seule chose qu'elle ait faite durant sa première année chez nous.

-Mais, j'en ai la gorge nouée, elle ne sait même pas écrire.

-L'Ancienne l'a aidé, elle descend de son cheval et s'éloigne avec les neuf autres personnes. Reste si tu veux Raven Reyes mais laisse-la se recueillir.

J'évalue rapidement la situation. Ma première envie est de la rejoindre. J'en suis parfaitement capable et j'ai envie de la réconforter. Mais je suis éprise par cette étrange sensation, celle que je n'ai pas ma place à ses côtés à cet instant bien précis. Alors, je me contente d'observer les alentours. Il y a tellement de rubans. Maintenant, je ne distingue plus qu'eux. J'en ai le cœur brisé.

Chacun d'eux représente une personne qu'Anya a dû regarder mourir, avant de se souvenir d'eux pour leur rendre hommage et tout ceci alors qu'elle n'était qu'une enfant.

Plus. Je veux faire tellement plus pour elle.

Seulement, pour le moment, ce n'est pas possible. Alors, je me contente de lever la tête et de la fixer alors qu'elle est assise sur une branche qui me semble bien trop en altitude. Je mets un temps fou à distinguer le seul ruban qui soit accroché à cette hauteur. Je ne le repère que parce qu'Anya finit par le saisir doucement entre ses doigts. Je suis surprise parce que contrairement aux autres, il porte un dégradé deux couleurs : du bleu et du rose. Je crois qu'elle lui parle, je suis certaine qu'elle pleure et puis elle se redresse assez pour glisser sa main dans un trou et en sort quelque chose qui pourrait être rectangle.

Anya passe l'objet d'une de ses mains à l'autre. Je ne l'ai vu agir de cette façon qu'avec l'appareil photo qu'elle m'a demandé de réparer. C'est de cette manière que je comprends que quoi que ce soit, c'est important pour elle.

Elle reste suspendu encore un long moment et durant tout ce temps, je suis incapable de la quitter des yeux. Quand je la vois finalement remettre l'objet à sa place et rejoint lentement le sol, je me décide à descendre du cheval. Je l'attends de pied ferme au niveau des grandes racines de l'arbre qu'elle quitte. Je la vois légèrement sursauter quand elle remarque ma présence. Je me force à lui sourire comme si je n'avais pas conscience de l'horrible moment qu'elle vient de passer et je tend doucement ma main vers elle, comme elle a pu le faire pour moi un peu plus tôt.

-Tu es prête, je demande et je peste silencieusement contre moi-même quand ma voix se brise légèrement sur la fin.

Anya acquiesce doucement, les yeux emplis de tristesse. Je secoue la tête en comprenant qu'elle ne va pas faire un geste vers moi. Alors, je glisse mes doigts entre les siens, ce qui attire son regard dans le miens et je reprends un peu plus sûre de moi :

-Je veux te l'entendre dire Anya.

Un sourire lui échappe et même si elle tente aussitôt de le cacher, il est impossible que je le manque. Ce sont ensuite les larmes qui prennent le dessus. J'ai un mal fou à réaliser qu'elle puisse avoir assez confiance en moi pour se montrer aussi faible et pleurer en ma présence. Elle inspire profondément en essuyant ses joues. Elle prononce quelques mots dans sa langue dont je ne saisis pas le sens avant de s'avancer pour refermer ses bras sur moi.

-Je suis prête Rudz rook. Parce que tu es là.

Mon cœur bondit n'importe comment dans ma poitrine en entendant ces mots. Elle s'éloigne presque aussitôt et c'est comme si cette étreinte n'a jamais eu lieu. Seulement pour moi, les sensations persistent. J'ai réussi, n'est-ce pas ? Je suis parvenue à être présente pour elle au bon moment, comme elle l'a été pour moi un nombre incalculable de fois depuis que nous nous sommes rencontrées. En tout cas, je l'espère.

Sans aucun autre préambule, Anya va chercher les autres. Elle m'aide à remonter sur mon cheval et se hisse sur le sien. Nous restons immobile jusqu'à ce qu'elle donne le premier coup de talon qui la fait avancer. Il est important qu'elle soit la première à franchir la frontière. Au moment où elle passe sous les arbres qui délimite les terres de la Gilt Valley une énorme bourrasque s'engouffre au milieu des carillons. C'est comme si les esprits eux-mêmes lui souhaitaient la bienvenue.

Anya ouvre la marche et nous la suivons en silence. Je suis encadrée par Indra et Lincoln et si je leur lance parfois quelques regards, mes yeux restent principalement fixés sur le dos de la blonde. Parfois, j'aperçois d'anciennes bâtisses mais la plupart des constructions sont en ruine, le lierre s'immisce sur les briques ou le bois. La nature a repris ses droits après quatorze années sans présence humaine. Parfois, je perçois encore des carillons. Je sais que ce sont des nouveaux. Alors inconsciemment, je cherche des rubans dans la cime des arbres et j'en trouve toujours, même s'ils ne sont jamais aussi nombreux que ceux à la frontière.

Et finalement, après une chevauchée d'un peu plus d'une heure, nous finissons par apercevoir l'Arche. D'où nous nous trouvons, elle ne ressemble à rien d'autre qu'un bloc gris au milieu de la forêt. Les murmures en Tri raisonnent mais je n'y fais pas vraiment attention. Je suis déjà en pleine analyse et le premier constat que je fais c'est que ce n'est pas assez grand. J'ai vu le vaisseau de l'extérieur une bonne centaine de fois alors je peux certifier qu'il manque des bouts. Il est tout à fait possible qu'il ait simplement explosé pendant l'atterrissage mais il y a une autre explication qui m'inquiète bien plus.

Il est tout à fait possible que l'Arche se soit divisée pour rejoindre la Terre en plusieurs endroits. Si c'est le cas, il sera bien plus difficile de concevoir une stratégie digne de ce nom.

-Raven, dès que mon prénom est prononcé par Anya, j'oublie tout pour me concentrer entièrement sur sa personne, il y a quelque chose qui t'inquiète, remarque-t-elle immédiatement. Parle-moi.

-C'est juste que, je fixe de nouveau l'Arche, c'est trop petit.

-Petit, elle répète incertaine alors que son regard l'évalue à nouveau, comme tu peux parfois le dire : je pense que nous n'avons pas la même définition pour ce mot.

-Crois-moi, je suis une des seules personnes à savoir à quoi ressemble l'Arche de l'extérieur et, je secoue doucement la tête, elle n'est pas complète. Si les morceaux qui manquent n'ont pas été détruits pendant l'atterrissage alors, il va falloir trouver où les autres parties se sont écrasées.

-Il pourrait y avoir des Skaikru sur un autre territoire, comprend-elle. C'est embêtant.

-Je suis d'accord. Mais peut-être que je m'inquiète pour rien et qu'il n'y a que cette partie qui a pu descendre sur Terre.

-Il est rare que tu te trompes Rudz rook. Vous avez entendu, elle s'adresse aux autres, restez sur vos gardes, ils répondent tous d'une même voix, maintenant déployés vous. Je veux que vous encerclez l'Arche, ne laissez aucun point sans surveillance. Dès que vous êtes en place, j'avancerai avec Raven pour établir le premier contact.

Sans qu'elle n'ait besoin d'en dire plus, ils se dispersent. Et si je tente de garder un visuel sur eux, je les perds rapidement. Les natifs semblent tous avoir cette incroyable capacité de se fondre dans le décor. Je suis à chaque fois impressionnée. Mais celle qui excelle véritablement dans cet art, c'est Anya. Je suppose qu'en un autre temps, elle aurait pu facilement être une espionne à la James Bond ou mieux une véritable Black Widow !

-Tout va bien, tu te sens prête ?

-Pourquoi j'ai la sensation que je suis celle qui devrait te poser cette question ?

-Répond en première et je le ferai ensuite, me propose-t-elle.

-Deal, je souffle. Je vais bien mais je suis toujours inquiète. Je n'ai aucune envie de les affronter. Si ce n'était pas pour nous assurer qu'ils restent dans un périmètre bien déterminé, là où nous pouvons les surveiller, je ne serai certainement pas venue.

-C'est très honnête comme réponse.

-Si je devais tenter d'embellir la situation, tu me grillerais en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire.

-Je n'ai rien compris à ce que tu viens de dire, elle sourit.

-C'est simplement une façon de dire que ça ne sert à rien de te mentir. Et donc, je reprends le cœur battant, quelle est ta réponse ?

Son absence de réaction à la suite de ma question ne devrait pas m'inquiéter. Pourtant, c'est le cas. Et je me sens d'autant plus alertée par son silence quand je remarque qu'elle se triture les doigts un peu trop vigoureusement. J'ai peur qu'elle puisse finir par se faire mal.

-Anya, je...

-En fait, une part de moi n'est déjà plus ici.

-Je ne comprends pas.

-Je vais aller au bout de ma mission parce que c'est mon devoir. Mais je pense déjà à ce que je vais faire en rentrant.

Je suis soulagée de l'entendre dire qu'elle souhaite rentrer au plus vite. Je dois dire que l'inquiétude de Lyv est parvenue à prendre le dessus sur moi. Je n'aurai pas supporter de la voir rester ici ou pire... partir. Je déteste la regarder partir !

-Qu'est-ce que tu veux faire une fois rentrer ?

-T'écouter me lire la fin de l'histoire que nous avons commencé hier soir.

Et voilà... je souris comme une imbécile. Je suis obligée de me mordiller la lèvre pour contrôler un minimum leur étirement. Je suis tellement heureuse d'être présente dans ses pensées de cette manière. Si elle le souhaite et si quelque chose d'aussi simple peut apaiser son cœur, je lui lirais toutes les histoires du monde.

-Tu crois que nous pourrons le faire, me demande-t-elle avec beaucoup d'espoir.

-Oui, j'acquiesce.

-Mais, elle baisse les yeux déçus, nous allons être très occupés toutes les deux. J'espère sincèrement que tout se déroulera bien avec l'Arche et que nous sommes trop prudents. Pourtant, les faits sont là, les prochains jours vont être terriblement long.

-Je te propose quelque chose alors.

-Je t'écoute.

-Une promesse.

-J'aime les promesses, s'y fier est facile.

-Quoi qu'il arrive, tous les soirs nous nous retrouvons et je lirais un chapitre.

-Tous les soirs, elle répète pensive.

-Tous les soirs, je confirme avec conviction.

-Et si nous devons être séparées ?

Je grimace. Je n'ai aucune envie de penser à un éloignement maintenant. Mais je suppose que c'est une possibilité. Alors malgré le petit pincement au cœur qui s'impose, je réponds :

-Nous utiliserons la radio.

-Ta voix n'y est pas la même, elle plisse le nez.

-Mais nous tiendrons notre promesse.

-C'est vrai. Je suis d'accord, faisons-ça.

-Super, je souris de toutes mes dents en tendant vers elle le petit doigt de ma main gauche.

-Qu'est-ce que tu fais, s'étonne-t-elle.

-Oh, je réalise seulement qu'elle ne connaît pas cette pratique inventée par la mafia japonaise, euh, c'est seulement une façon de concrétiser la promesse. On peut l'appeler le yubikiri ou juste la promesse du petit doigt.

-C'est étrange.

-Mais c'est plus sincère, je m'amuse en lui tendant de nouveau. Dis-toi juste que sans ça la promesse est caduque !

-Dans ce cas, elle saisit doucement mon auriculaire avec le sien et je ris. Satisfaite ?

-Très !

Je suis satisfaite en découvrant un léger sourire planer sur ses lèvres. Je la sens un peu plus paisible. J'ai conscience qu'ici, je ne peux pas tout arranger. Elle y a trop de mauvais souvenirs et encore ces termes me paraissent bien faible pour décrire l'horreur qu'Anya a vécu en ses lieux. Il n'y a que des rumeurs sur ce qu'il s'est véritablement passé même Lyv ne sait pas grand-chose. L'Ancienne a essayé de m'expliquer que ceux qui sont à l'origine du massacre lui ont laissé la vie sauve pour qu'elle inculque la peur autour d'elle. Ils souhaitaient qu'elle raconte leur méfait à tous ceux qu'elle croise. Mais Anya s'est réfugiée dans le silence, refusant de devenir ce qu'ils attendaient d'elle.

Je la trouve tellement forte.

Je ne pense pas détenir une telle ténacité en moi. Je crois que c'est ce qui la rend encore plus incroyable à mes yeux. Une part de moi sait qu'un jour, elle trouvera le courage de faire disparaître la distance qu'il existe entre nous. Pour le moment, c'est juste trop tôt. Elle a besoin de plus de temps. Je lui en donnerais autant qu'elle le souhaite si finalement je peux continuer à l'avoir dans ma vie en espérant même bien plus. Parce qu'à chaque fois, que je commence à imaginer l'avenir, Anya est présente.

Penser au futur...

J'inspire profondément. S'il y a bien un exercice pour lequel je n'ai jamais été douée, c'est bien celui-là. Dès le jour de ma naissance, je suis partie perdante. Alors espérer était une perte de temps inutile. En plus, ce genre de chose embrouillait mon cerveau. Désormais, je me surprends de plus en plus souvent à façonner des projets qui n'ont rien à voir avec la mécanique ou la science. Ce que je veux construire maintenant : c'est une vie. Et si, je peux avoir la chance de le faire avec elle. Je serai comblée.

-Le signale, me prévient Anya m'éloignant de mes réflexions. Allons-y.

-A... attends !

-Il y a un problème, elle se retourne immédiatement vers moi, prête à dégainer son arme.

-Je... non, je secoue doucement la tête, on peut juste, je prends le temps de respirer, prendre une minute.

-Tout ce que tu veux Rudz rook. Et si tu ne veux plus venir...

-... il est absolument hors de question que je te laisse y aller seule, je la coupe. J'ai juste besoin de... me préparer.

-Tu es armée, tu m'as promis de l'utiliser en cas de besoin et je te protège, toujours. Tu es prête.

-Si seulement c'était aussi facile.

Je souris attendrie en me listant mentalement tous les pires scénarios qui pourraient advenir. J'avoue que c'est un peu masochiste. Pourtant faire une liste de tout ce qui a une chance de mal se passer me rassure. Je me dis que de me préparer à ces éventualités me permet de mieux appréhender ce qui va réellement se dérouler.

-C'est facile, contre-t-elle. Rien, ni personne ne te fera plus de mal, poursuit-elle en trigedasleng, je suis là.

J'en ai conscience et c'est la raison pour laquelle j'ai aussi facilement accepté de m'imposer cette situation. Mais elle ne réalise pas que je ne peux pas me protéger du mal qu'ils vont sans aucun doute me faire, en usant d'armes. J'aimerais que ce soit aussi facile mais ce n'est pas le cas. Raison pour laquelle, je me prépare à affronter cette situation. Qu'importe que ma méthode soit étrange, elle fonctionne la plupart du temps.

-C'est bon, je reprends après un temps, je suis prête. Allons-y.

Anya se contente d'acquiescer doucement, non sans me quitter des yeux avant de faire avancer son cheval. Je souffle sur la longueur une dernière fois pour me donner du courage et je la suis calmement. Plus nous nous rapprochons, plus mon cœur bat vite, rendant ce qui m'entoure assourdissant. J'entends des voix et beaucoup de raffut avant de véritablement voir l'effervescence qui se joue autour de l'Arche. Je comprends un peu mieux ce que veulent dire les natifs quand ils soulignent à quel point nous sommes bruyants.

Je ferme les paupières. Je suis capable d'entendre certaines turbines tourner à plein régime, des ordres claquer dans l'air et le bruit si particulier du métal que l'on frappe. Nous nous rapprochons et je remarque que déjà, ils dressent des barrières entourant le vaisseau qui me semble plutôt intacte. Je grimace en voyant les gardes habillés de noir, protéger de leur gilet par balle déjà armés jusqu'aux dents.

-Ils ont bien plus d'armes que ce que je pensais, commente Anya en retirant son manteau. Avec Clarke, vous aviez raison. C'est une situation inquiétante.

-Elles ne sont certainement pas toutes en vue.

-Ils sont nombreux.

-Il me semble qu'au dernier recensement, nous étions un peu plus de deux-mille cinq cents, Anya se tourne vivement vers moi à cette information. Ne me regarde pas de cette manière, je n'y suis pour rien si nous sommes aussi nombreux.

-Nous,elle peste, tu n'es plus l'une des leurs.

-C'est vrai, je réponds en la voyant délester aux sabots de son cheval toutes ses affaires d'hiver, je ne suis plus une Skaikru. Tu ne vas pas avoir froid, je reprends consterné en la voyant enlever une autre couche. Tu n'arrêtes pas de dire qu'il faut se couvrir.

-Ce genre de vêtements me gênerais si je devais combattre. J'ai besoin de plus d'amplitude de mouvements.

-Pas de peinture de guerre, je demande en la regardant vérifier que chacune de ses armes et ses protections sont en place.

-Pas aujourd'hui. C'est une simple discussion.

J'espère de tout mon être qu'elle a raison et que la situation ne va pas dégénérer. Un garde finit par nous repérer quand nous franchissons la lisière de la forêt. Le sol est brûlé à nos pieds et le paysage complètement dévasté par l'atterrissage de l'Arche. Une voix donne l'alerte et rapidement une trentaine de gardes s'aligne et pointent leurs armes sur nous.

Anya me fait signe pour que nous nous arrêtions. Elle observe un long moment l'agitation qui a suivi notre arrivée. Bientôt, il ne reste plus que les gardes et les membres du Conseil, tous les autres se sont réfugiés au sein de l'Arche. Quand elle descend de cheval, les palpitations de mon cœur s'accélèrent. J'appréhende ce qui va suivre. Je sens son regard sur moi alors, je mets moi aussi pied à terre. Elle me fait un signe de tête et nous avançons lentement pour cette première entrevue avec les Skaikru.

Je sens la tension s'agrandir à chacun de nos pas. Je me répète inlassablement que tout va parfaitement bien se dérouler. Je me concentre sur notre plan. J'essaye de repérer les dix guerriers qui nous protègent mais c'est peine perdu. Ils sont parfaitement dissimulés.

-Calme-toi Rudz rook, murmure-t-elle, tout va bien se passer.

-Arrête-toi, je me contente de répondre tout aussi bas, un pas de plus et tu seras dans leur périmètre de tir.

Anya m'écoute, elle a en moi une confiance aveugle. Je prends le temps d'observer ceux qui nous font face. Quand mon regard s'arrête sur le Chancelier, je suis obligée de resserrer mes doigts sur le bois de mon arc. Je me répète inlassablement qu'il ne peut plus me faire de mal.

-N'approchez pas plus ou nous ouvrons le feu !

-Ils sont hostiles, s'agace Anya en plaçant sa main sur son épée, bien plus que ce à quoi je m'attendais, elle est prête à dégainer.

-Qui êtes-vous et que voulez-vous ?

-Je suis Anya, leur répond-elle en Tri comme c'était convenue, sa prestance m'impressionne, sa voix est forte et sans faille, je suis le Général des armées d'Heda et je suis simplement là pour vous faire part de nos recommandations afin d'éviter une mésentente entre nos peuples.

Des murmures naissent entre les gardes, certains lancent des regards interrogateurs au Conseil. C'était mon idée de les déstabiliser en leur faisant rapidement comprendre que la communication ne serait pas aisée. Je n'ai aucunement l'intention de leur faciliter les choses.

-A toi Rudz rook, murmure-t-elle en faisant sortir sa lame jusqu'à la jointure de son pouce.

J'avance alors d'un pas pour me retrouver parfaitement à sa hauteur. Je laisse tomber lentement ma capuche avant d'agripper le foulard qui recouvre la moitié de mon visage. Je le laisse glisser de mon nez jusqu'à mon cou et j'affronte les regards étonnés de ceux qui m'entour.

-Raven, la voix d'Abby me fait frissonner.


Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions sur cette expédition pour rejoindre l'Arche.

Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.

En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !

GeekGirlG