Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction :Suite des évènements d'Étoile Filante, Livre I - Mont Weather. Deux saisons sont passées depuis l'arrivée des cent sur Terre et que la Montagne est tombée. Alors que la vie reprenait son cours, L'Arche embrase le ciel.
Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. - Clexa & Ranya -
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°03 - Tenir ta promesse
Would you rescue me? Would you get my back?
Would you take my call when I start to crack?
Would you rescue me? Ah, would you rescue me?
Would you rescue me when I'm by myself?
When I need your love, if I need your help
Would you rescue me? Ah, would you rescue me?
OneRepublic - Rescure Me
POV - Anya
Je me tend en voyant une femme se détâcher du groupe de personne non armé. J'en ai déduis seule qu'il s'agissait des membres du Conseil. Je ne peux pas oublier les nombreux avertissements les concernant. Alors quand elle plaque sa main devant sa bouche les larmes aux yeux en prononçant pour la seconde fois le prénom de Raven, je me décale légèrement pour faire barrière de mon corps. J'ignore quel genre de réaction elle pourrait avoir par la suite. Les personnes chamboulées ne sont pas fiables.
En la voyant faire un nouveau pas vers nous, je sors de moitié mon épée/6 avant de sentir la main de la brune sur mon bras. Je détourne le regard vers elle, ne comprenant pas sa réaction. Je suis prête à accepter beaucoup de choses venant d'elle. Mais qu'elle m'empêche de la protéger n'en fait pas partie. Et de mon point de vue, elle n'a pas l'air ravis que cette personne en particulier sorte du groupe.
-Tout va bien, murmure-t-elle, c'est Abby.
Je connais ce prénom. Je l'ai déjà entendu mais étant donné la situation, je ne parviens pas à l'associer à quoi que ce soit de rassurant. En fait, absolument tout ce qui nous entoure représente une menace. Je ne me souviens pas avoir ressenti quelque chose de similaire à l'arrivée de cent sur Terre. Peut-être parce qu'ils n'étaient pas à ce point armés ou simplement parce qu'encore à ce moment, je n'avais rien à perdre.
Aujourd'hui, c'est différent. Raven est devenue tout mon monde. Le simple fait de savoir que se retrouver dans cette situation la rend nerveuse ne me plait pas. Je voudrais l'éloigner, la garder en sécurité dans un endroit qui la réconforte. Tout sauf l'exposer à ses peurs.
-La mère de Clarke, précise-t-elle et je me détends légèrement.
Je suis loin de baisser ma garde mais savoir qu'il existe un lien entre cette femme et l'étoile de Lexa m'appaise très légèrement. Je sais aussi que c'est cette femme qui a prit soin de Raven à la mort de sa mère. C'est un peu sa Lyveirna. A un détail près, sans tout m'expliquer, Rudz rook m'a expliqué qu'avant son arrivée sur Terre un événement lui a fait perdre sa confiance.
-Qu'est-ce qui se passe Rae, je perçois l'inquiétude dans la voix de cette Abby, est-ce que tu es en danger ?
Finalement, si cette femme se soucis réellement de la sécurité de Raven, elle me plait.
-Non, la brune passe légèrement devant moi et je me crispe, absolument pas. Tout va bien. Anya me protège, c'est tout. Elle ne vous connait pas donc à ses yeux vous êtes une menace.
-Je ne comprends pas, un homme à la peau noir, d'un certain âge se détâche à son tour du groupe, j'exige une explication !
Sans que je n'ai besoin de lui demander, Raven se replace un peu plus en arrière. Et si sa réaction aurait pu me soulager, c'est tout le contraire. Certains signes ne trompent pas. Cet homme l'effraie. Je le vois à son regard baissé et surtout, elle recommence à frotter nerveusement son poignet gauche de son pouce qui porte les stigmates d'une longue et épaisse cicatrice.
Alors sans réfléchir, je dégaine complètement mon arme. Mon geste arrête complètement l'avancée de cet homme. C'est exactement la réaction que j'attendais. Je refuse qu'il puisse s'approcher plus, pas si sa seule présence est capable de chambouler à ce point cette fille... femme à laquelle je tiens tant.
-Si je ne dois pas plus m'approcher, ma voix ne parvient pas à dissimuler mes ressentiments à son égard, il en est de même pour vous.
-Quelqu'un sait ce qu'elle vient de dire, s'informe-t-il. Avons-nous un linguiste qui pourrait nous aider ?
-Anya ne veut pas que vous approchiez plus, Chancelier.
-Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit Rudz rook.
-Mais je pense que c'est suffisant.
-Tu es là pour jouer les interprètes Raven, je n'aime pas du tout comment il prononce son prénom, comme si elle n'était rien, où est mon fils ?
-Et Clarke, en profite Abby pour s'informer.
-Tous les survivants des cent ont été prévenus de votre arrivée, bien qu'elle ait été difficile à manquer. Clarke devrait arriver d'ici trois jours.
-Plutôt quatre, je corrige.
-Quatre, répète-t-elle. Et Wells, Raven se tourne vers moi, s'il décide de venir combien de temps pour nous rejoindre depuis Boudalan ?
-En hiver, j'ai un doute sur la faisabilité du voyage, une vingtaine de jours.
-Tu n'as pas l'air sûr de toi, elle sourit et son attitude me rassure.
-Je ne ferai pas ce voyage en hiver, trop dangereux. Mais c'est son choix.
-J'attends, le rappel à l'ordre du Chancelier me fait relever brusquement les yeux vers lui, je suis satisfaite en le voyant reculer d'un pas.
-Dis-lui de changer de ton !
-Je ne peux pas lui dire ça.
-Rudz rook !
-C'est le Chancelier.
-Et je suis Général des armées d'Heda ! Un mot de moi et je l'anéantie, lui et tout son peuple !
-Qu'est-ce qui lui arrive, s'informe-t-il avec bien moins d'insolence.
-Vous l'avez énervée Chancelier.
-Je n'ai pourtant rien fait.
-Il t'a ouvertement manqué de respect, je m'agace. C'est inacceptable !
-Anya, s'il te plaît. Tout va bien, je t'assure.
Elle ment. Je déteste quand elle ne me dit pas la vérité, surtout dans ce genre de situation. Pourtant, son calme me pousse à reprendre le mien. Comme elle pourrait le dire : "Il ne sert à rien de mettre de l'huile sur le feu". Mon hostilité ne fait qu'envenimer les choses alors je vais prendre sur moi, du moins pour le moment. Mais je compte bien lui faire comprendre par la suite que personne ne peut parler à Raven sans un minimum de respect et ne pas en subir les conséquences.
-Wells, elle reprend, se trouve à une vingtaine de jours d'ici mais Anya pense qu'il serait trop dangereux de faire le voyage à cette période de l'année. Mais, elle passe son sac devant elle, j'ai fabriqué des radios, grâce à elles nous pouvons communiquer avec tous les clans. Je vous en ai apportés, leur explique-t-elle, en leur montrant. Il y a trente-deux survivants, le choc se dessine sur la plupart des visages des Skaikru, enfin une réaction normale, j'ai dressé une liste et pour ceux qui voudraient se recueillir sur les tombes de ceux qui sont morts, ce sera possible mais après l'arrivée d'Heda.
-Trente-deux survivants, un autre homme se détache très légèrement du groupe, vous étiez cent-trois comment est-ce possible ? C'est à cause d'eux, suppose-t-il en me pointant du doigt et aussitôt, j'entends le déclenchement de la sécurité des armes, ils vous ont fait du mal et tu es leur prisonnière, n'est-ce pas Raven ?
Des points lumineux rouge viennent se figer sur ma poitrine. Je ne comprends pas de quoi il s'agit mais je n'ai pas le temps de m'interroger plus sur la situation. Raven bondit d'un coup, elle se précipite pour se placer complètement devant moi et nous faire reculer. Et si sa réaction m'étonne, je cherche à inverser les rôles immédiatement. Je suis celle qui a promis de la protéger !
-Estas completamente loco ? (Vous êtes complètement fous ?)
L'entendre hurler alors que jusqu'ici elle parvenait à garder son calme me fait réaliser l'urgence de la situation. Je ne pensais pas que de simples petites lumières pouvaient être aussi inquiétantes. Je mets un peu plus de temps à comprendre que Raven fait complètement barrière avec son corps pour me protéger d'une menace invisible. Je ne l'ai vu en tout et pour tout agir qu'une seule fois de cette façon. C'était au tout début, je me souviens qu'elle s'est dressée entre Lexa et Bellamy qui pointait une arme à feu sur elles. D'instinct, elle avait agi comme un véritable bouclier pour protéger Heda. C'était juste avant notre première vraie rencontre.
-Je vous interdis de la menacer ! Vous ne savez même pas qui elle est ! Si vous lui faites du mal, vous pouvez être certain que rien ne pourra empêcher une nouvelle guerre ! Et ils n'ont rien à voir avec la mort de certains des cent, c'est vous les fautifs.
-Comment peux-tu te permettre de nous accuser Raven Reyes, décidément, je n'apprécie pas du tout comment le Chancelier se permet de lui parler, nous n'étions même pas là ?
-Vous nous avez envoyés à la mort.
-Tu étais volontaire, lui rappelle-t-il avec un sourire mauvais.
-Je vais le tuer.
-Anya, elle me gronde, non !
-Peut-être pas maintenant mais un jour, je vais le tuer.
-Tu ne peux pas le tuer, me répond-elle dans un trigedasleng absolument parfait.
-Qu'est-ce qui se passe encore, s'agace le Chancelier.
-Sa tête va tomber, de ma main ou de celle d'Heda.
-Trato de salvar tu trasero, engañar ! (J'essaye de te sauver les fesses, abruti !)
-Raven Reyes ! Langage !
Je suis surprise par le ton autoritaire d'Abby. Jusque là, elle m'a semblé plutôt calme. Est-ce que je me serai trompée sur son attitude ? Je suis frustrée, toujours dans le dos de Raven, je ne peux pas ajuster ma réaction à la sienne.
-Ça suffit, décrète Rudz rook d'une voix faussement calme, vous êtes littéralement arrivés sur Terre il y a cinq minutes, la moindre des choses serait d'écouter ce que nous avons à dire. Mais comme à chaque fois, il n'y a que votre petite personne qui vous intéresse. Vous, elle insiste plus que de raison sur ce mot, nous avez envoyés à la mort, tous même les trois volontaires, parce que l'idée d'abandonner une personne qui nous était chère nous était insupportable. Ce ne sont pas les natifs, elle tend son bras pour me désigner, qui nous ont fait du mal, au contraire. Vous savez ce qui nous a tué, Mont Weather, là où vous nous avez envoyés. La montagne était une très mauvaise idée. Une chance que nous les, une fois de plus, elle signale ma présence, avons rencontré. Une chance que nous ayons trouvé un terrain d'entente. Une chance que nous ayons eu un ennemi commun. Sans eux, il n'y aurait aucun survivant parce que les Maunons nous auraient tous tués.
-Raven, reprend le Chancelier.
-Alors vous allez me faire le plaisir de baisser vos armes et de ne plus menacer le Général des armées d'Heda avant que les choses ne tournent très mal pour vous.
-Qui est Heda, demande Abby.
-Comment on traduit Heda, me demande-t-elle en se tournant légèrement vers moi. Commandante, elle propose et j'acquiesce. C'est juste la personne la plus importante sur Terre, reprend-elle en s'adressant de nouveau aux Skaikru, la dirigeante de tous les natifs, elle est à la tête de douze clans.
-C'est peut-être à elle que nous devrions nous adresser dans ce cas, répond le Chancelier avec beaucoup d'hostilité.
-Oh. Mais vous allez avoir une conversation avec elle, n'en doutez pas. Elle arrive. Et, je dois dire qu'elle a hâte de vous rencontrer. En attendant, c'est à nous que vous vous adressez. Pour commencer, il y a des règles à respecter.
-Comme s'adresser à toi avec le respect que tu mérites.
-Ne pas menacer une personne aussi importante qu'Anya en fait partie.
-Ce n'est pas une vraie règle.
-Tout comme la tienne. Ensuite, il y a un périmètre à respecter.
-Tu veux dire que nous ne sommes pas libres de nos mouvements ?
-Comment pourrait-il en être autrement Abby ? Vous êtes des envahisseurs. Ces terres appartiennent déjà à un peuple alors si vous ne les respectez pas, il y aura des conséquences.
Je suis touchée par cette précision. Normalement, rien de ce que nous avons préparé ne prévoyait de parler du respect des terres sur lesquelles j'ai grandi. J'aurai dû me douter que Raven trouverait un moyen de leur faire comprendre que cet endroit est important. Il faudra que je pense à la remercier.
-Parle leurs des guerriers.
-Vous êtes encerclés et si vous ne respectez pas le périmètre jusqu'à l'arrivée d'Heda, il y aura des conséquences.
-Quels genres de conséquences, veut savoir celui qui a fait dresser des armes contre moi, qui d'ailleurs me menace toujours.
-La mort.
-Le Général choisira le sort de ceux qui ne respecteront pas les termes de notre entente ponctuelle en attendant.
-Ce n'est pas ce que j'ai dit, je m'agace. Tu avais dit que tu traduirais fidèlement.
-Mais vous devriez savoir qu'Anya n'est pas du genre magnanime.
-C'est mieux mais encore très loin de la mort qui les attend s'ils s'aventurent en dehors du périmètre. D'autant plus s'ils osent aller vers le Sud, là-bas c'est hors-limite !
-Tu es moins bavarde d'habitude.
-Parce que quand je fais court, tu ne répètes pas ce que je dis.
-Et comment serons-nous que nous dépassons le périmètre ?
-En voilà une bonne question Abby !
-Tu ne compte pas leur dire que je les tuerai s'ils ne respecte pas le périmètre ?
-Pas alors qu'ils te menacent encore, me répond-elle durement.
-C'est toi qu'ils menacent.
-Arrête !
-Raven, s'inquiète la mère de Clarke, il y a un problème.
-Vous pouvez baisser les armes, s'il vous plaît avant que les choses ne deviennent ingérables.
L'ordre est donné. Raven se détend immédiatement. Je le vois a sa façon de se porter. Je prends doucement son poignet et me place à ses côtés. Je sais que mon geste la rassure mais je ne le prolonge pas. Je ne voudrais pas qu'ils puissent comprendre son importance à mes yeux, ce qui pourrait les pousser à lui faire du mal. C'est comme avec les Maunons, la défiance est de mise.
-Réponds à sa question maintenant Rudz rook.
-Ah oui, le périmètre ! C'est facile. Vous ne pouvez pas le manquer, les racines et le tronc des arbres, à peu près à hauteur d'homme ont été peints en rouge.
-Rien ne peut justifier un non-respect de ce périmètre.
-Ne peut-elle pas parler dans notre langue, grogne le Chancelier.
-Elle comprend parfaitement ce que nous disions, le suis l'autre homme.
Ils m'agacent tous les deux ! Je n'ai aucune envie que les choses tournent mal mais si c'est le cas, ils seront tout en haut de ma liste des personnes à éliminer ! Je n'apprécie pas du tout leur façon d'être et d'autant plus leur manque de respect. Et pourtant, je ne suis pas de ceux qui attendent de la reconnaissance. Lexa va définitivement devoir les mater et ce, dès le début.
-Ce n'est pas parce qu'Anya comprend ce que nous disons qu'elle est capable de participer à la conversation.
-Je ne sais pas comment je dois le prendre.
-Il y a autre chose que nous devons savoir, demande le Chancelier en me fixant.
-Parle-lui de la destitution.
-Je ne pense pas que c'est le bon moment.
-Je veux le voir quand il comprendra qu'il va perdre son pouvoir.
-Non, elle secoue vivement la tête, c'est clairement Heda qui doit se charger de cette partie.
-Ne m'oblige pas à le dire moi-même.
-Anya !
-Il fait partie des personnes qui t'ont fait du mal. Je le vois dans tes yeux. Je veux que tout s'effondre pour lui, maintenant. Dis-lui Rudz rook.
-C'est pas vrai ! Vous devez organiser de nouvelles élections. Vous n'êtes plus Chancelier Jaha.
-Je vous demande pardon, le spectacle est magnifique.
-Je t'avais prévenue, Raven se tourne vivement vers moi, je ne suis pas celle qui aurait dû lui dire !
-Au contraire, je souris satisfaite. C'est parfait.
-Ils ne peuvent pas s'immiscer dans notre politique de cette façon, implose les deux hommes d'une même voix.
-Raven, tempère un peu plus Abby, ce n'est pas raisonnable.
-Ce qui ne serait pas raisonnable, j'interviens dans la langue commune, ce serait de ne pas l'écouter. S'ils refusent de nommer un autre Chancelier, je reprends en Tri, ce sera la guerre. Heda n'acceptera jamais de parlementer avec l'homme qui a envoyé Clarke à la mort.
-Est-ce qu'elle vient de parler de Clarke, s'inquiète Abby. Ma fille est-elle en danger ?
-Et mon fils ?
-Clarke et Wells vont parfaitement bien, les rassure Raven.
-Alors pourquoi vient-elle de parler de Clarke, reprend sa mère.
-Tu es contente, grogne la brune, la situation est devenue impossible à cause de toi.
-Dis-lui juste qu'Heda ne peut pas vivre dans un monde où celui qui a envoyé son étoile à la mort est la moindre influence sur son peuple. Il aura de la chance s'il reste en vie.
-Anya, elle soupire. Comment je vais expliquer ça simplement ?
-Comme je viens de le faire, je suggère.
-Réfléchis Reyes ! T'es un génie après tout ! Mais oui ! Disons que Clarke est sous la protection d'Heda. Voilà, c'est bien ça.
-Et surtout, elles partagent leur coeur.
-Tu veux tuer Abby aussi ?
-Non, pourquoi ?
-Parce que c'est ce qui va arriver si je dis ça ! Clarke n'a rien à craindre. C'est peut-être même la personne qui est le plus en sécurité sur Terre. Et, Ravene me pointe d'un index menaçant, je ne veux rien entendre de plus. Bref, Thelonious Jaha n'est plus Chancelier.
-Je n'accepte pas ces conditions.
-Dans ce cas, ce sera la guerre, je préviens calmement dans la langue commune afin d'être certaine qu'ils comprennent tous les enjeux, un homme qui a envoyé des enfants à la mort pour obtenir plus de temps n'est pas digne de diriger.
-Je n'aurais jamais dit ça, soupire Raven.
-Et c'est pour cette raison que je l'ai dit moi-même, je souligne de nouveau en Tri.
-Je n'arrive pas à le croire... pourquoi tu ne vois pas que nous marchons sur des œufs ?
Tiens, c'est une nouvelle expression. Je ne la connais pas celle-là. Je me demande ce qu'elle peut vouloir dire. Parce que littéralement, marcher sur des œufs n'apporte rien de bon. A l'idée de perdre de la nourriture si précieuse alors que l'hiver commence me fait grimacer.
D'ailleurs, nous n'avons pas parlé du dernier point.
-Demande leur s'ils ont besoin de vivres. S'il le faut, nous reviendrons demain.
Étrangement, cette fois Raven traduit sans la moindre difficulté. Les discussions durent encore un temps et si l'hostilité s'est réduite, il n'en est rien de la défiance. C'est seulement quand je vois que le soleil commence à décliner que je signale que nous devons partir si nous voulons espérer arriver avant la nuit.
Je n'ai aucune envie de m'attarder sans raison. Et je sais que les dix personnes que j'ai choisies protègeront le périmètre que j'ai établi sans difficulté.
-Tu devrais rester Raven, intervient Abby alors que nous nous retournons.
-Je te remercie pour la proposition mais je rentre chez moi. Tu peux contacter Clarke, précise-t-elle alors que je l'aide à remonter en selle. Elle était inquiète de ne plus avoir de nouvelles. Les radios que je vous ai laissé sont programmés sur le bon réseau.
-Tu es certaine que tu es en sécurité, s'inquiète-t-elle en me lançant un regard méfiant.
-Bien sûre, elle sourit. Anya me protège.
-Toujours, je murmure en me hissant à mon tour sur mon cheval. Nous nous reverrons Abby Kom Skaikru.
-Qu'est-ce qu'elle vient de dire ?
-Au revoir.
-Tu es une très mauvaise traductrice Rudz rook.
Pour toute réponse, Raven se contente de sourire. Je secoue doucement la tête face à sa réaction. Je suis tout autant agacée qu'amusée même si la prochaine fois, s'il y en a une, je préfèrerai qu'elle retranscrive fidèlement mes paroles.
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit la première à vouloir s'éloigner. Évidemment, j'ai parfaitement conscience qu'elle ne se sent pas à l'aise mais je pensais qu'il y aurait au moins une personne pour qui elle voudrait s'attarder. Mais non. Raven part et sans se retourner.
Elle rentre chez elle, chez nous.
Un dernier signe de tête vers Abby, un regard menaçant vers Thelonious Jaha et je la suis. J'essaye de ne pas détailler ce qui m'entoure, tout est tellement différent de ce que j'ai pu connaître. Contrairement à la brune, je fini par jeter un regard en arrière. L'Arche est arrivée sur le territoire d'un village que j'ai visité quand j'étais enfant. Je reconnais le grand lac. Mon regard s'évade ensuite vers le Sud. Je suis tellement soulagée que cette gigantesque masse de métal ne se soit pas écrasée dans cette direction, derrière les montagnes.
Mon cœur s'accélère douloureusement alors que j'aperçois de grands arbres, tel que celui présent devant chez Lyv. Je fais arrêter ma monture et l'observe un moment avant que mon regard ne soit de nouveau attiré vers les sommets derrières lesquels se cachent, les plus beaux souvenirs que j'ai, les plus traumatisants aussi.
-Anya.
-Désolée, je murmure en sentant les larmes s'accumuler dans mes yeux.
-Hey, sa main glisse sur la mienne et je réalise seulement qu'elle est revenue en arrière pour me faire face, tu as besoin de faire quelque chose, qu'aller quelque part peut-être ? Je... si tu as besoin de quoique se soit, dit-le moi.
-Je...
Pour quelle raison je ne parviens pas à quitter cet arbre du regard ? C'est comme s'il abritait toute ma tristesse mais qu'en même temps, il me promettait un bel avenir. J'en frissonne, d'autant plus lorsqu'une image de lui se matérialise à ses côtés. Des carillons teints et je pourrais presque croire que c'est son rire. Il me manque. Encore plus à cet instant mais j'essaye de me concentrer sur quelque chose de plus positif que son insoutenable absence, sur le présent, sur les doigts si rassurant de Raven qui glisse sur ma peau.
-Je veux juste rentrer.
-Alors rentrons, murmure-t-elle et mes yeux se perdent dans les siens. Rentrons Anya.
J'acquiesce doucement parce que je ne fais pas confiance à ma voix. Quand la pression de la main de Raven s'estompe, elle me manque immédiatement. Tout est toujours tellement rassurant quand il s'agit de cette fille... femme. Elle me sourit avant de faire le tour de mon cheval pour se mettre parfaitement à ma hauteur sur ma gauche. Nous restons un moment immobile, je fixe de nouveau le grand arbre et après un temps elle me demande :
-Ensemble ?
-Oui, je souffle. Ensemble.
Je l'espère pour un long moment. Je talonne doucement mon cheval et nous avançons lentement. Je ne réalise qu'une fois proche de la frontière que Raven est restée silencieuse durant tout le trajet. Ce n'est pas un comportement qui lui ressemble. Inquiète, je détourne les yeux pour la détailler avec beaucoup de précision. Je ne laisse rien au hasard. Hormis qu'elle paraît particulièrement fatiguée, rien ne me semble anormal au milieu des traits de son visage où dans la profondeur de ses yeux.
Pourtant, elle a repris ce geste répétitif de son pouce sur la longue cicatrice de son poignet. Elle est nerveuse et inquiète. C'est la seule explication face à cette réaction. Alors que je l'observe passer son doigt sur la boursouflure, je me demande ce qui a pu laisser un tel stigmate sur sa peau. Je trouve que pour une personne qui n'avait jamais connu la guerre avant d'arriver sur Terre, elle porte sur sa peau beaucoup de cicatrices et il est plus qu'évident que je ne les ai pas toutes vues.
-Raven.
-Tu veux que nous nous arrêtions, demande-t-elle en se tournant vivement vers moi. Tu as besoin de quoique ce soit ?
-Qu'est-ce qui te rend aussi nerveuse ?
-Je suis nerveuse, interroge-t-elle, ce qui me fait froncer les sourcils, évidemment qu'elle l'est, tu as raison, je le suis.
-C'est une certitude. Mais pourquoi ?
-Je veux juste rentrer, m'éloigner le plus possible d'eux. Comme je suppose, tu as besoin de mettre de la distance entre cet endroit et toi. Les souvenirs sont trop présents, oppressant même.
Mais qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? J'ai presque envie de faire demi-tour pour comprendre. Une fois fait, je compte bien leur faire passer l'envie de la faire souffrir. Il se pourrait même que je décide de leur infliger la même souffrance et si je ne suis pas satisfaite, je compte bien mettre un terme à leur futile existant ! Aucune de leurs actions ne peut être justifié parce que faire souffrir cette fille... femme est hors limite !
-Je suis tellement désolée, poursuit-elle, que l'Arche se soit écrasée ici en particulier. J'espère seulement que l'endroit n'était pas trop important à tes yeux.
-C'est loin de l'endroit où j'ai grandi, je réponds sans même m'en rendre compte. Mais j'aimerai comprendre ce qui te fait à ce point souffrir.
Elle arrête son geste répétitif qui m'inquiétait. J'aurais pu me sentir soulagé. Mais ses doigts partent vers son cou pour aller chercher à l'aveugle son pendentif en forme d'oiseau et le faire glisser sur sa chaîne. Mince. Je crois que c'est encore pire. Raven a fini par me dire que la plupart du temps, elle se rattachait à son collier de cette façon lorsque les sensations de voler lui manquaient trop. En d'autres termes, elle a envie de s'enfuir et d'oublier.
-C'est juste qu'une part de moi c'était persuadée que je ne reverrais plus certains visages alors devoir de nouveau les affronter c'est... c'était difficile. Leur regard sur moi, elle ferme les paupières certainement pour revivre ce moment désagréable, c'était presque insupportable. Grâce à toi, j'ai vraiment pensé au cours de ces derniers mois que je serais toujours en sécurité, plus pourchassé par mon passé, ses cils se relèvent lentement et me laisse entrevoir dans ses yeux toutes ses incertitudes et surtout sa peur. Mais maintenant qu'ils sont là, tout va devenir tellement plus compliqué.
-Raven, c'est à peine un murmure. Raven, je reprends avec plus de conviction en accélérant la cadence pour qu'elle fasse arrêter son cheval. Écoute-moi bien, je ne laisserai rien, ni personne te faire du mal.
-Je sais.
-Alors, tu n'as pas besoin d'avoir peur, j'assure avec conviction, je suis là.
-Je suis désolée Anya mais j'aurai toujours peur, comme tu seras toujours triste parce que nos blessures se trouvent dans le passé. Et, rien de ce que nous pourrons faire l'une pour l'autre ne pourra l'effacer.
Je sais qu'elle a raison. Je voudrais hurler qu'elle a tort mais ce serait lui mentir et je refuse de le faire. Je voudrais faire plus, tellement plus pour elle. Je ne veux pas qu'elle puisse perdre ce sentiment de sécurité qui l'envahit quand nous sommes ensemble ou son sourire, je veux me délecter de ses petites joies, de son exubérance et même des toutes bizarreries. J'ai besoin qu'elle soit heureuse parce que c'est ce qui m'attire de plus en plus à nouveau vers la vie, qui me redonne envie d'exister et même d'aimer, de l'aimer, elle.
-Tu es toujours en sécurité à mes côtés, rien n'a changé.
-Je sais mais le passé...
-... le passé, je la coupe avec beaucoup de douceur, ne peut pas nous définir jusqu'à notre mort. Je refuse que ce soit le cas pour moi et j'espère qu'il en est de même pour toi.
-J'aimerais pouvoir oublier.
-Si tu le souhaites, mon cœur s'emballe avant même que la suite ne franchisse mes lèvres, je pourrais t'y aider. Tu es forte Raven Reyes, je l'ai su dès que mes yeux se sont posés sur toi. Tu peux surmonter absolument tout ce que tu veux.
-Merci, c'est à peine un murmure. Merci de croire en moi.
-Aye wa, je souffle comme une promesse.
J'aimerai la remercier aussi. Malheureusement, je ne sais pas comment faire. Les mots me manquent pour lui dire à quel point je lui suis reconnaissante d'éloigner les fantômes de mon passé. Grâce à elle, je parviens de plus en plus souvent à penser aux miens sans avoir la sensation de suffoquer. Je suis capable de parler d'eux avec le sourire. Et plus important encore, j'ai envie de faire renaître des traditions qui n'appartiennent qu'à mon peuple et de les partager avec elle, cette fille... femme tombée du ciel.
En définitif, je n'attends qu'une chose des jours futurs. C'est une idée toute simple. Mais qui à mes yeux change absolument tout. Ce que je souhaite c'est que Raven devienne ma nouvelle famille.
Il n'y a plus grand-chose qui me retienne afin d'accepter entièrement cette conclusion. Malheureusement ce détail me compresse la cage-thoracique presque jusqu'à l'asphyxie. Il est encore en vie. Habgablan. Et tant que ce monstre aura un cœur qui bat dans sa poitrine, qu'il sera libre de fouler cette terre et surtout, oui surtout encore capable de tuer. Je serai incapable de laisser Raven trop approcher. Parce que je suis bien trop terrifiée à l'idée qu'il puisse vouloir s'en prendre à elle, simplement parce que j'ai eu le malheur de m'éprendre d'elle.
Il a détruit tout ce que j'étais, tué tous ceux que j'aimais. Je ne suis pas assez stupide pour le laisser s'approcher de mon merveilleux petit oiseau tombé du ciel. D'abord, je dois l'anéantir ensuite seulement je me permettrais de donner sans condition mon cœur à Raven. Je sais qu'elle est la seule qui ne cherchera jamais à briser ce qu'il en reste et qui même s'acharnera à le reconstituer. Pièce par pièce, comme elle peut le faire pour ses inventions.
Du temps. J'ai besoin de temps. Et je suppose qu'il en va de même pour elle.
Nous arrivons à peine devant chez Lyv que Raven pose un pied à terre et se précipite vers la maison. Je l'observe sans chercher à la retenir. Elle ouvre et claque la porte avant de ressortir avec un tas d'objets inconnus entre les mains. Elle cherche à occuper son esprit pour oublier sa douleur. Je voudrais tellement l'aider plus mais je ne sais pas comment faire.
-Quelque chose s'est mal passé ?
-Lyv, je grogne, frustrée d'avoir pu être surprise aussi facilement. Tu aurais pu t'annoncer.
-Qu'est-ce qui se passe avec Rae ? Je ne l'avais jamais vu dans cet état.
-Moi non plus.
-Nineperce, tu ne peux pas la laisser comme ça. Va lui parler !
-Non.
-Anya !
Je me tourne vivement vers l'ancienne en l'entendant prononcer mon prénom. Il est rare qu'elle l'utilise et certainement pas quand elle me sermonne. Je suis tellement abasourdi que je ne cherche pas à lui répondre.
-Qu'est-ce que tu attends ? Va la rejoindre tout de suite, ce n'est pas une simple suggestion mais un ordre.
-Je ne peux pas.
-Bien sûre que si ! Il n'y a rien de plus facile, tu descends de ton cheval, tu rejoins le porche et tu lui parles.
-Je ne peux pas parce qu'elle a besoin d'être seule.
-Tu ne peux pas la laisser seule.
-Bien sûre que si.
-Non. Tu ne peux pas parce que tu l'aimes.
-Je viens de te...
Le reste de mon argument s'évapore complètement quand je comprends ce que Lyv vient de dire. Alors, je me fige avant de croiser son regard. J'ai forcément mal entendu, n'est-ce pas ? Pour m'en convaincre, je bégaye :
-Qu'est-ce que tu viens de dire ?
-Que tu l'aimes nineperce.
-Lyv enfin c'est... non ?
-J'ai été marieuse pendant plus de la moitié de ma vie nineperce. Je sais reconnaître les signes. Il est évident que vous êtes faites pour être ensemble alors va la voir immédiatement avant que je ne décide de faire pire que de te forcer à faire face à tes sentiments.
-Mais enfin...
-Tout de suite !
-Et qu'est-ce que je suis censé lui dire, je demande en descendant de mon cheval, alors qu'elle ne veut clairement pas parler ?
-Tu trouveras bien !
Lyv agrippe mes épaules et me donne l'élan nécessaire pour que je fasse les premiers pas. Je continue d'avancer sans savoir ce que je dois faire. J'ai déjà essayé de lui parler mais je n'ai rien pu arranger. Non. Je suis persuadée que maintenant, elle a besoin d'être seule et de silence. Enfin... c'est ce dont j'aurai besoin, moi.
Mais Raven n'est pas comme moi.
Il doit y avoir autre chose. Je dois pouvoir lui apporter plus de calme. Mais comment ? Un rayon de soleil m'éblouit alors que l'astre se couche et juste comme ça, je trouve quoi faire. J'entre dans la maison et me précipite presque vers sa chambre. J'ouvre en grand sa porte. J'hésite. Je n'ai jamais franchi ce seuil. C'est comme une règle. Mais ce dont j'ai besoin s'y trouve alors cette fois, je vais y entrer, rapidement et sans m'y attarder. Je fonce et récupère ce dont j'ai besoin, c'était facile à trouver puisque poser au milieu de son lit.
Je la retrouve ensuite sur le perron. Elle est assise à même le sol. Je m'installe au plus près d'elle. Je l'observe un moment. Ses gestes sont plus précipités et moins précis que d'ordinaire. Et alors que je vois un de ses gestes déraper et manquer de la baisser, je laisse tomber le livre entre nous pour attirer son attention.
-Le soleil va bientôt se coucher. Si tu veux tenir ta promesse, c'est maintenant.
Je sens presque immédiatement son regard sur moi mais je ne parviens pas le soutenir. L'affronter à cet instant me semble impossible. Je me contente donc juste de fixer l'horizon. Je n'aurai jamais eu le courage d'agir si Lyv ne m'y avait pas poussé. Je me sens ridicule et surtout terriblement puéril de l'avoir fait de cette façon. Mais c'est tout ce que j'ai trouvé. Et alors que je pensais que ma stratégie ridicule n'avait aucune chance de fonctionner, Raven reprend la lecture exactement là où elle s'est arrêtée la veille.
Un soupir de soulagement m'échappe. Je ferme les paupières en appuyant ma tête contre le mur dans mon dos et me laisse complètement emporter par chacun des mots qui franchissent ses lèvres. Une part de moi est terriblement soulagée qu'elle ait saisi cette opportunité. Je suis aussi heureuse que même alors qu'elle est complètement chamboulée, elle respecte sa promesse. Je ne sais pas si c'est assez pour elle mais pour le moment, ça l'est pour moi.
Au cours de la lecture, je la sens s'apaiser. Sa voix s'adoucit et le ton qu'elle aborde pendant les dialogues reprend de la constance. Je me rends compte que je pourrais l'écouter sans interruption. Ce sentiment, je ne l'ai connu qu'une seule fois, avec lui. C'est vraiment agréable de pouvoir revivre ce genre de moment, d'autant plus avec une personne que j'aime.
Je n'ouvre à nouveau les yeux que lorsque j'entends le bruit reconnaissable du livre qui se ferme. J'en comprends tout de suite la raison. Il fait beaucoup trop sombre pour poursuivre. C'est seulement en faisant cette constatation que j'ose tourner légèrement la tête pour la regarder. Je souris en constatant qu'elle se sent plus apaisée.
-Merci, murmure-t-elle avant que je ne puisse prendre la parole, c'était pile ce dont j'avais besoin : m'évader.
-Je voulais aussi te remercier, pour la lecture.
-Est-ce que, elle se redresse, inspire profondément et croise mon regard, tu vas t'énerver de nouveau si je te demande pourquoi tu ne veux pas apprendre à lire ?
J'écarquille les yeux avant même la fin de sa question. Je détourne le regard. J'ignorais qu'elle pouvait à ce point se sentir perturbée par mon refus de la veille. Et je ne suis pas agacée mais terrifiée. C'est juste... quelque chose qui ne peut pas être à moi, une connaissance qui doit me rester interdite parce qu'elle lui appartenait, à lui.
Je souffle par mon nez en réfléchissant. Je ne sais pas comment lui apporter une réponse. Je me sais incapable d'évoquer son souvenir à voix haute, rien que de penser à lui me donne envie de m'effondrer pour ne plus jamais me relever. Il y avait une sorte de règle entre nous, tout ce que nous étions, nous l'apprenions à l'autre. Nous avons toujours été complémentaires, infiniment différents et en même temps si semblables dans nos faiblesses. Indissociables.
-Je ne suis juste pas faite pour ça, je réponds, ce sont les mots de mon père, je suis une combattante.
-L'un n'empêche pas l'autre.
-Pour mon peuple si, j'inspire profondément en donnant cette réponse pour ne pas me mettre a pleurer, il était important que toutes les connaissances ne soient pas donnés à un seul individu. De cette façon, la communauté peut exister en harmonie. Quand nous avons besoin des uns et des autres il n'y a pas de conflits.
-Alors tu as choisie de devenir une guerrière.
-Non, je fronce les sourcils, je n'ai rien choisi. C'est l'Ordre de l'union qui définit ce que chaque individu né sous le même cycle de lune va devenir.
-Donc, vous partagez les connaissances entre les nouveaux nés d'un même mois mais s'il n'y en a qu'un seul ?
-Ce n'est jamais arrivé, je souris.
-Étrange.
-Il ne s'agit pas seulement de mon village mais de tout un peuple. Il y avait toujours au moins quatre ou cinq enfants qui partageaient leurs savoir par cycle de lune parfois beaucoup plus. A ma connaissance, il n'y a qu'une seule fois où le protocole des répartitions a été compliqué à gérer.
-Donc, elle fronce les sourcils, je crois qu'elle est mécontante, ce sont des inconnus qui ont décidé que tu ne pouvais pas apprendre à lire ? C'est n'importe quoi !
Je souris amusée par sa réaction. Si seulement elle savait...
-Arrête, elle me frappe doucement l'épaule ce qui me fait froncer les sourcils sous le coup de l'incompréhension, je t'interdis de sourire ! C'est horrible ! Tu devrais avoir le droit de lire, c'est important et en plus, tu aimes les histoires ! Tu devrais pouvoir apprendre !
-Raven...
-Non, elle secoue vivement la tête, je ne suis pas d'accord !
-Je n'ai rien dit, je réponds quelque peu désemparé.
-Quelque soit ton explication, je ne serai pas d'accord.
-J'ai voulu apprendre, il y a longtemps mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Parce que c'est lui qui aurait dû le faire. Maintenant, il n'y a plus d'intérêt et j'aurai la sensation de lui voler quelque chose. Personne d'autre que lui ne peut m'apprendre. D'abord parce que c'était interdit et même si nous avions une certaine tendance à ne pas respecter les règles, nous aurions eu des problèmes si nous avions été découverts. Et ensuite, parce que j'avais une réelle difficulté à reconnaître les lettres. Je crois qu'hormis les six qui composent nos prénoms, je suis incapable d'en déceler correctement une seule. C'est d'ailleurs les seuls que je suis capable d'encore écrire si je le souhaite.
-Pourquoi ?
-Simplement parce que j'aurai la sensation de trahir une personne très importante à mes yeux, ma voix se brise alors que je ne l'évoque de la façon la plus évasive qu'il soit.
-Je comprends mieux alors.
Nous restons un moment côte à côte sans dire un mot. Quand Lyv finit par revenir à la maison, nous la suivons et mangeons ensemble. Il n'y a pas à dire, les moments que nous passons toutes les trois sont sans nul doute ceux que je préfère. Je suis envahie par cette délicieuse sensation, celle de faire de nouveau partie d'une famille.
Il nous arrive même parfois de rester attablé bien après le repas, seulement pour discuter. Je l'avoue, je suis celle qui reste le plus silencieuse mais j'apprécie particulièrement les voir interagir toutes les deux. Je suis si heureuse de constater qu'elles s'entendent bien. Je crois que je n'aurai pas supporter m'éprendre d'une personne qui aurait été dépréciée par celle qui prend soin de moi depuis que l'horreur s'est invitée dans ma vie.
Si j'ai été surprise que Lyv ai pu aussi facilement déceler mes sentiments pour Raven. Je suis aussi rassurée par le fait qu'elle m'ait poussé à la rejoindre. Simplement, parce que ses actions me permettent de savoir qu'en plus de l'apprécier, elle accepte entièrement que cette fille... femme puisse prendre possession de mon coeur.
Une fois que j'ai rejoint ma chambre, je passe des vêtements plus ample et place mes armes à portée de main. Ensuite, je m'installe sur mon lit et travaille sur plusieurs stratégies à proposer à Lexa une fois qu'elle sera arrivée. J'ai l'avantage de connaître le terrain et si l'Arche est bien plus imposante que ce que je pensais, nous devrions facilement parvenir à les encercler au besoin. Mais nous ne pourrons pas les assièger efficacement, pas avec le lac qui peut leur fournir tous les vivres dont ils ont besoin. Sauf s'il gèle mais je préfère éviter de monter une manœuvre militaire sur des suppositions.
Je suis en train de dessiner la colline derrière laquelle ne devrons pousser les Skaikrus s'ils cherchent à nous attaquer quand on frappe à la porte dans ma chambre. Sans réfléchir, je réponds d'entrée en poursuivant mes coups de crayons pour signaler les marécages qui depuis le temps sont certainement recouvert de hautes herbes. Je me souviens que mon père avait dû abattre une magnifique bête qui s'y était embourbée. Puis subitement, j'arrête tous mes gestes en fronçant les sourcils. Lyv n'aurait jamais signalé sa présence avant de s'imposer dans mon espace. Je relève les yeux au moment où la porte s'ouvre sur Raven qui enserre un oreiller et qui porte sa couverture sur son épaule gauche comme une toge.
-Raven ? Il y a un problème ?
-J'ai besoin de dormir, dit-elle en faisant un premier pas dans ma chambre.
-C'était une journée éreintante et, elle s'assoie sur le bord de mon lit avant de se laisser tomber sur le matelas.
-Qu'est-ce que tu fais ?
-J'ai besoin de dormir, répète-t-elle en fermant les yeux avant de placer son coude sur ses paupières fermées, mais je sens que je ne vais pas réussir à fermer l'œil. Tu sais que j'ai des problèmes de sommeil.
-Oui, je grimace en pensant aux nombres de nuits où je l'ai surprise à ne pas dormir.
-Alors, elle se redresse en laissant tomber son coussin au sol, j'ai décidé que j'allais essayer de dormir ici.
-Pardon ?
-C'est très logique comme raisonnement. Je n'arrive à dormir que lorsque certaines conditions très précises sont réunies. Soit, je suis trop exténuée pour lutter. Soit, je dois m'enfermer dans une pièce minuscule. Soit, je suis avec Clarke. Je ne suis pas assez fatiguée, je refuse de dormir dans un placard alors il ne me reste plus qu'une solution.
-Mais Clarke n'est pas là et c'est ma chambre.
-Non, tu n'as pas compris, je l'observe sans pouvoir rien faire se créer un petit nid au pied de mon lit, ce n'est pas Clarke en tant que personne qui est importante. J'ai simplement besoin de me trouver avec une personne avec qui je me sens en sécurité.
-Tu ne peux pas dormir ici.
-S'il te plait, elle baye. J'ai vraiment besoin de dormir. Et, j'ai la conviction qu'avec toi, je vais y arriver.
-Non, je ferme les yeux, tu ne peux pas dormir sur le sol. Tu vas geler, au mieux tomber malade et je ne préfère pas penser au pire.
-Donc tu m'invites à dormir dans ton lit ?
-Pas vraiment.
-Dans ce cas, je reste par terre.
-Non.
-Okay, elle laisse traîner en s'allongeant, je n'arrive pas à te suivre. Je suis trop crevée. Je vais essayer de dormir. De ton côté, fais comme si je n'étais pas là.
-Raven, ma voix tonne comme un orage menaçant. Je t'interdis de...
Je rejoins l'autre bord du lit énervée par la situation mais je n'ai pas l'occasion de finir ma menace. En fait, je l'ai complètement oublié. J'écarquille complètement les yeux avant de cligner des paupières un nombre incalculable de fois. Je suis complètement abasourdie. C'est totalement insensé !
Elle s'est déjà endormie...
Une fois la surprise passée, je marmonne principalement des insultes en Tri. Je ne peux pas croire que je puisse me retrouver dans ce genre de situation. C'est tout bonnement ridicule. Je soupire avant de sortir de mon lit sans surprise, le sol est beaucoup trop froid. Je rejoins alors Raven de l'autre côté, m'accroupie et l'observe. Je secoue la tête. Je dois la ramener dans sa chambre. C'est la seule décision raisonnable à prendre. Alors pourquoi je n'arrive pas à m'y résoudre ?
Peut-être parce que j'ai déjà eu l'occasion de la voir s'éveiller avec terreur, hurlant à pleins poumons et mettant parfois des heures à s'en remettre. Que pensera-t-elle de moi, de ma promesse de la protéger si cette nuit, elle fait un cauchemar et que je ne suis pas à ses côtés ?
Je ne peux donc ni la laisser dormir sur le sol, ni la ramener dans sa chambre. Qu'est-ce qui me reste comme solution ? Je jette un rapide coup d'œil à mon lit et grimace. Si je l'y installe, c'est moi qui ne pourrait pas dormir ! Ce n'est pas grave... je suppose que je peux travailler toute la nuit. Oui. Je suppose que c'est la seule solution.
Je prends doucement Raven dans mes bras et la dépose avec beaucoup de délicatesse sur le matelas. Je me laisse aller à la contempler avant de me forcer à la quitter des yeux. Je la couvre comme il se doit sans que son sommeil ne semble être troublée une seule fois. Je pourrais presque croire qu'elle l'a fait exprès. Mais je connais ses réelles difficultés à dormir et je n'ai aucun doute sur le fait que la journée que nous venons de vivre à été particulièrement difficile. Finalement, ne pas rejoindre le monde des rêves m'arrange. J'aurai sans aucun doute été hantée par mon passé.
Je me réinstalle de mon côté du lit. Je reprends en main un des papiers qui contient mes stratégies. Je fais tout pour me concentrer mais inévitablement mon regard finit par choisir de la détailler. Je deviens incapable de la quitter des yeux. Je fini même par espérer que ma présence puisse suffire à éloigner les cauchemars. Alors je m'allonge sur le côté et à la lumière des bougies, je veille sur elle.
-Je suis là Rudz rook, je veille sur toi, aye wa.
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions. Qu'avez-vous pensé de ce premier contact avec l'Arche. C'est un peu tendu... mais les filles sont parvenues à rester fortes tout du long. J'ai décimé de nouveaux indices sur le passé d'Anya. Est-ce que certains d'entre vous ont des théories sur l'identité de ce "il" ? Sinon, le Ranya progresse, lentement je vous l'accorde mais ne vous inquiétez pas, Lyv veille au grain ! Elle n'est pas prête de les lâcher toutes les deux ! XD
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG/9
