Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction :Suite des évènements d'Étoile Filante, Livre I - Mont Weather. Deux saisons sont passées depuis l'arrivée des cent sur Terre et que la Montagne est tombée. Alors que la vie reprenait son cours, L'Arche embrase le ciel.
Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. - Clexa & Ranya -
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°04 - Je suis énervée
When somethin' so near and dear to life
Explodes inside you, feel your soul is set on fire
When somethin' so deep and so far and wide
Falls down beside your cries can be heard
So loud and clear
Queen - Face It Alone
POV - Lexa
Empêtrée dans un manteau des plus encombrant mais bien nécessaire, je frappe avec force à trois reprises à la porte avant de reculer d'un pas et d'attendre. Le froid est particulièrement mordant d'autant plus depuis que le vent se faufile partout. Il est glacial et nous a énormément ralenti dans notre avancée jusqu'à TonDc. Nous n'avons pas mis trois jours à venir comme je l'espérai, ni quatre comme le pensait Anya mais six jours. Je pourrais être contrariée par ce retard mais je n'ai personne à qui m'en prendre, le seul fautif c'est ce temps.
La porte s'ouvre dans un lent et long grincement. Je souris à la veille femme qui apparait alors. Je n'en ai pas besoin pourtant, je retire la capuche qui trônait sur ma tête pour qu'elle puisse fermement me reconnaître. Elle ouvre un peu plus pour que je puisse passer, elle me laisse me découvrir avant de me conduire près du feu. Je me réchauffe les mains au-dessus d'une braise ardente en soupirant d'aise. Je dois avouer que ce confort m'a terriblement manqué.
Lyveirna revient à mes côtés en me tendant une tasse bien chaude. Normalement, je devrais refuser cette offre mais je n'en fais rien. Je ne sais que trop bien que s'il devait y avoir un complot pour m'assassiner, elle serait la dernière impliquée. Je l'accepte donc en la remerciant mais pour le moment, je n'y trempe pas mes lèvres.
-Anya est partie aux aurores à la frontière pour discuter avec l'émissaire qui transfuge entre les guerriers rester près de l'Arche et nous.
-Quelles sont les nouvelles, je demande sachant que sa fonction l'autorise à interroger ma générale sur ces évènements.
-Malheureusement, pas bonne. Plusieurs Skaikru ont sciemment tenté de franchir le périmètre qui leur est accordé. Anya voulait les tuer, Raven l'a convaincu de t'attendre avant de prendre une décision qui pourrait selon elle déclencher une guerre.
-Dans ce cas, où sont ces fugitifs ?
-Enfermés dans l'ancienne étable.
-Celle exposé aux vents ?
L'Ancienne sourit au milieu de sa tasse et je devine sans mal son espièglerie dans ses yeux. Je comprends alors sans mal que le choix de leur incarcération temporaire a été mûrement réfléchi. Je secoue doucement la tête. Je suppose qu'Anya est à l'origine de cette idée. Je pourrais lui en vouloir mais ce serait malvenu. D'autant que je ne peux pas ignorer la situation géographique qui entoure notre problème.
J'observe la veille femme avec un peu plus d'attention. Je la connais pour ainsi dire depuis toujours. Je crois qu'hormis Costia, c'est la seule de mon village à avoir fait le déplacement pour le Conclave. Elle m'a aussi apporté son soutien à la mort de ma sœur. Pourtant, aucune de ces actions ne peut justifier que je lui fasse confiance. Ce qui me pousse à le faire, c'est sa relation avec Anya. Il n'y a pas plus méfiante qu'elle et si même après tout ce temps elle a choisi de rester à ses côtés, il y a forcément une raison. Je bois plusieurs gorgés du breuvage, j'apprécie les saveurs de menthe et de verveine avant d'oser demander :
-Comment va-t-elle ?
-Ninepierce, commence-t-elle avant de laisser planer un long silence entre nous, est moins affectée que ce que j'aurai pu penser. Hormis le premier jour, je crois qu'elle tient le coup.
-Vraiment ?
-C'est en grande partie grâce à Rae, sourit-elle.
Je suis heureuse d'entendre qu'elles puissent toujours aussi bien s'entendre. Je ne les ai pas vu interagir depuis un moment mais je suppose que plus elles passent de temps ensemble, plus elles se rapprochent. Mon choix d'accorder à Raven son étrange demande au cours du misae lainee m'apparaît de plus en plus comme une bonne décision. C'est ce qu'il fallait faire, pour celle qui est devenue ma sœur.
-Je ne peux pas rester, poursuit-elle. J'ai des obligations, deux femmes sont enceintes et éprouvent quelques difficultés depuis que le froid à grandit. Je me dois d'être à leurs côtés.
-Bien sûr.
-Tu peux rester, m'arrête-t-elle alors que j'allais la suivre. J'autorise aussi Clarke à te rejoindre dans ma maison mais personne d'autre. J'ai fait prévenir Anya de ta présence. Elle te rejoindra ici.
-Je te remercie.
Je l'observe enfiler les vêtements qui vont l'aider à combattre la morsure du froid. Je suis surprise en la voyant prendre un petit poignard dans un des tiroirs. Je la sais réfractaire au port des armes. Je me demande si Anya a eu raison d'elle ou si la situation a fini par l'inquiéter.
-Une dernière chose : les guerriers ont-ils besoin de quoi que ce soit ?
-Pas pour le moment. Je te le ferai savoir si la situation change mais nous avons emmenés nos propres provisions. Il ne devrait pas y avoir besoin de les ravitailler. En revanche, si la situation évolue de façon négative, vos forges nous seront bien utiles.
-Et elles seront à vous, Heda.
Sans un mot de plus, elle ouvre la porte et disparaît derrière en la refermant. Je finis lentement la boisson chaude en continuant de me réchauffer et en attendant Clarke qui ne devrait plus tarder. Elle a insisté pour s'occuper elle-même de Nevada à notre arrivée. Je pensais trouver rapidement Anya mais je vais être obligé de l'attendre. En entendant une porte s'ouvrir, je pense d'abord que c'est mon étoile qui est enfin arrivée mais elle ne serait jamais entrée sans autorisation.
Je saisis alors mon arme, me redresse et cherche immédiatement d'où provient la menace. Je reste complètement estomaqué en découvrant Raven passer la porte de la chambre de ma sœur de cœur. Je fronce les sourcils alors qu'elle baille sans avoir conscience de ma présence. Est-ce que je dois comprendre qu'elles ont passées la nuit ensemble ?
-Oh mierda, s'exclame-t-elle la main sur le cœur, tu m'as fait une de ses peurs Lexa !
-Raevan, je la salue poliment tout en essayant encore de comprendre pour quelle raison elle sort de la chambre d'Anya, je ne savais pas que tu étais là.
-Moi non plus, elle soupire. Clarke n'est pas avec toi ?
-Elle ne va plus tarder.
-Okay. Anya est...
-... je sais où elle est, je la coupe.
-D'accord, elle se frotte les yeux, il faut que j'avale quelque chose. Je meurs de faim. Tu as besoin de manger ?
-Non.
-Je crois que tu es encore moins loquace que d'habitude, elle cache un autre bâillement de sa main gauche en passant près de moi.
-Tu n'as pas froid, je demande alors que je remarque qu'elle porte seulement un tee-shirt et un short. Tu devrais plus te couvrir, le froid est rude cet hiver.
-Je vais enfiler quelque chose de plus chaud mais après, d'abord : le petit-déjeuner !
Elle passe devant moi lentement avant de s'affairer à se préparer un repas. Je ne parviens pas à la quitter des yeux. Il me paraît impensable que sa relation ait pu évoluer avec Anya de cette façon. Evidemment, je l'espérai plus que n'importe quoi d'autre pour ma sœur. Mais je ne parviens pas à comprendre qu'elle ne m'en ait pas parlé ou qu'elle ait pu au moins évoquer de façon évasive ce changement colossal.
Elle, qu'il y a encore peu refusait de s'attacher émotionnellement à qui que soit d'autre que Lyveirna ou moi-même, laisse maintenant une quasi étrangère dormir dans sa chambre ? C'est insensé ! D'autant plus alors que désormais je connais l'existence de cet... Habɡablan.
Je pensais qu'il lui faudrait bien plus de temps pour parvenir à laisser cette menace invisible derrière elle. Et si je suis heureuse que ce ne soit pas le cas, une part de moi est inquiète. Simplement parce que ce comportement ne ressemble pas aux habitudes d'Anya. J'ai un mal fou à l'imaginer simplement oublier ses peurs et son passé. Ce n'est pas dans sa nature.
Alors comment puis-je expliquer que Raven soit sortie de sa chambre ? J'observe l'amie de Clarke comme si ce simple contact visuel pouvait me donner les réponses que j'attends. Je me concentre d'abord sur les changements visibles : ses cheveux noirs sont plus longs, elle a pris de la masse musculaire surtout au niveau des bras et des épaules et...
Mon regard se perd sur une imposante cicatrice qui parcourt sa jambe gauche. Elle commence sur le côté de son pied, un peu près au milieu en une ligne quasi parfaite mais tout de même impressionnante avant de se poursuivre vers sa cheville dans une forme qui pourrait me faire penser au dessin enfantin d'un soleil puis elle remonte de façon linéaire sur tout son mollet avant de s'évaser de façon moins gracieuse sur une très grande partie de son genou et le trait boursouflé reprend avant de s'arrêter à mi-cuisse. Je fronce les sourcils en me demandant quel genre de blessure peut laisser une telle trace. C'est particulièrement impressionnant et déroutant aussi. Je crois n'avoir vu aucun autre ancien membre des cent porter des cicatrices de ce genre.
Quelqu'un signale doucement sa présence à la porte. Je me précipite pour aller ouvrir, consciente que derrière il ne peut se trouver que Clarke. J'ai besoin d'éloigner Raven de mes pensées. Raven qui sort de la chambre d'Anya. Raven qui porte d'étranges stigmates. Raven qui sourit toujours alors qu'elle semble porter derrière elle un lourd passé. Quand mes yeux retrouvent les iris couleur océan de mon étoile, tout redevient calme. Je lui souris mais avant qu'elle ne puisse entrer je me faufile à l'extérieur et l'incite à rester dehors. Je pousse doucement la porte pour que notre conversation ne s'ébruite pas jusqu'à son amie.
-Qu'est-ce qui se passe, demande-t-elle surprise, je pensais qu'il fallait que je te rejoigne le plus vite possible. Je crois même, elle sourit avec un air moqueur, que tu as dit que c'était une question de vie ou de mort.
-Anya n'est pas là.
-D'accord et je ne peux pas entrer dans la maison parce que, elle laisse trainer ce mot me laissant l'occasion de poursuivre.
-Et Raevan est sorti de sa chambre.
-Je ne vois pas où est le problème. Il y a un tas de raisons qui pourraient expliquer que Rae sorte de la chambre d'Anya.
-Elle vient de se réveiller.
-Ah.
En prononçant ce simple mot, Clarke fronce les sourcils en réfléchissant intensément. Puis, je la vois parfaitement prendre véritablement conscience des causes à effets de cette annonce avant qu'elle ne hurle un :
-Quoi ?!
Je me précipite pour plaquer doucement ma main droite sur sa bouche. Je lui assène un regard de reproche avant de me retourner. J'espère que sa réaction n'a pas attiré l'attention de Raven.
-Sois plus discrète, je demande en serrant les dents, elle pourrait t'entendre.
-Et alors, elle reprend plus discrètement, je veux savoir ce qui a pu se passer pour que cette situation arrive. Soyons pragmatiques. Peut-être qu'elles ont travaillé ensemble sur une stratégie jusqu'à tard dans la nuit et que Raven s'est simplement endormie. Sauf que Rae a de gros problèmes de sommeil et qu'elle ne s'endort pas n'importe où... donc même si ce n'est que ça, il y a forcément eu un rapprochement.
-Je vais demander à Anya ce qu'il en est, je décrète.
-Tu es sûre de toi ?
-Oui.
Une grimace lui échappe, ce qui me fait comprendre qu'elle n'est pas entièrement d'accord avec ma décision. J'apprécie le fait qu'elle n'en dise rien. Je réfléchis à sa proposition. Il est vrai qu'elles se sont peut-être simplement consultées à une heure tardive sur la situation inquiétante qui nous préoccupe en ce moment. De plus, Lyveirna a précisé qu'Anya gérait bien les événements en grande partie grâce à Raven. Je m'inquiète certainement pour rien.
-Je peux rentrer maintenant ?
-Une dernière chose. J'ai vu que Raevan avait une très grande cicatrice sur sa jambe gauche. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?
J'aurai pu m'attendre à l'éclat de tristesse qui anime son regard mais pas à la colère sourde qui implose au milieu de ses iris. Je suis toujours déstabilisée quand des sentiments négatifs s'emparent d'elle. Je n'y suis pas habituée et surtout, c'est contraire à tout ce qu'elle représente à mes yeux : une lumière étincelante.
-C'est une question que je n'aurai pas dû poser, je demande après un temps.
-Non, elle secoue doucement la tête, non, je la vois reprendre lentement le contrôle, bien sûr que non. C'est juste que...
-Juste que quoi, j'insiste quand la suite ne vient pas.
-C'est... simplement, j'aurai aimé être présente pour Rae. Je suis horrifiée à l'idée qu'elle ait été obligée de les affronter une nouvelle fois seule.
-Elle n'était pas seule, je lui rappelle. Anya était là.
-Oui. C'est vrai. Mais elle ne sait pas à quel point ils ont pu lui faire du mal. D'ailleurs, elle baisse les yeux, je pensais t'en parler un peu plus tard. Mais j'ai un service à te demander.
-Je t'écoute.
-Est-ce... tu penses qu'il y aurait un moyen d'éloigner Raven ?
-Éloigner Raevan ? Je ne comprends pas. Pourquoi ?
-C'est que, elle commence avant d'entendre le portail s'ouvrir, en se retournant elle découvre Anya alors elle conclut avec un simple, plus tard.
Je suis tellement étonnée par sa conclusion que je ne parviens pas à la quitter des yeux. Je ne pensais pas que Clarke puisse vouloir cacher quoi que ce soit à Anya. En nous rejoignant, mon amie fronce légèrement les sourcils. Je suppose qu'elle se demande ce que nous faisons à l'extérieur par ce temps. Je parviens finalement à quitter le bleu si attrayant pour sourire à mon général. Je manque de lever les yeux au ciel en lâchant un soupire quand elle s'incline poliment. Je n'ai pas besoin qu'elle agisse de la sorte, surtout quand nous sommes seules.
Je prends un peu plus le temps de la détailler. Ses traits sont plus tirés qu'à notre dernière entrevue, elle est plus fatiguée et certainement triste. Je remarque aussi un hématome impressionnant au niveau de son cou qui semble s'étirer jusqu'à son épaule. Je doute qu'un seul guerrier soit parvenu à la battre à l'entraînement. Il faudra donc que j'en apprenne plus sur cette blessure.
-Vous êtes enfin arrivés, son sourire m'indique à quel point elle est soulagée. Le voyage n'a pas été trop difficile ? Les températures sont particulièrement froides cet hiver.
-Nous avons eu de la neige sur la route. Je vois qu'ici vous en réchappez encore.
-Au grand désarroi de Raven, sourit Anya.
-Ouais, laisse traîner Clarke, elle peut s'estimer heureuse c'est bien moins cool que c'en a l'air.
-Rentrons, propose mon amie.
Cette fois, je ne fais rien pour repousser notre entrée dans la maison de Lyveirna. Clarke se précipite pour se positionner au plus près du feu. Je l'observe de loin, amusée par son comportement alors qu'elle laisse tomber ses vêtements humides à ses pieds. Je suis surprise en remarquant que Raven n'est déjà plus dans la pièce. Il va vraiment falloir que je découvre pour quelle raison mon étoile veut l'éloigner mais aussi les raisons pour lesquelles elle est sortie de la chambre d'Anya.
-Tu veux un café Lexa ?
-Avec plaisir.
-Moi, j'en veux bien un aussi !
-Je m'en occupe, assure mon amie. Tu veux que nous fassions un point dès maintenant où tu préfères attendre et faire une véritable réunion avec tout le monde ?
Je m'avance lentement vers la cuisine sans la quitter des yeux. Je suis étonnée de l'entendre parler de cette manière, son vocabulaire a acquis des termes que seuls les cents utilisaient jusque-là. Anya a toujours été observatrice et je ne connais personne d'autre qu'elle capable d'apprendre aussi vite. C'est pourtant quelque peu déstabilisant. Je m'assoie alors qu'elle dispose quatre réceptacle et réponds :
-Il y a quelque chose en particulier dont tu aimerais me parler ?
-Pas vraiment, répond-elle en me tournant le dos, mais si c'est possible, je préférai éviter de retourner là-bas.
-Anya, j'appelle doucement.
-Évidemment, je compte t'accompagner pour te présenter officiellement et je ferais tout ce que tu exiges de moi mais, une longue pause suit ce mot, je la vois serrer les poings alors qu'elle s'acharne à ne pas me faire face, après ne m'oblige plus à m'y rendre s'il te plaît. Si c'est vraiment nécessaire et que tu as besoin de ma présence, je serais à tes côtés, elle se retourne enfin, toujours, elle sourit mais ses yeux ne suivent pas le mouvement. Seulement ne m'en demande pas trop.
-Tu n'es même pas obligé de m'accompagner pour me présenter, j'assure. Raevan peut s'en charger.
-Je ne laisserai pas Raven seule avec eux, refuse-t-elle en se retournant alors que l'eau boue.
-Dans ce cas, je suppose que la présence de Klark peut suffir.
-Non, elle verse le liquide chaud dans les tasses, je dois te montrer certain endroit. Je connais bien les lieux. C'est le lac près duquel l'Arche a atterrit qui pourrait nous poser le plus de problème. Mais nous pourrons parler de ça plus tard.
-Super, Clarke débarque comme de nulle part pour saisir son café, pile ce dont j'avais besoin. Merci ! Tu as rencontré tous les gens important Anya ?
-Je pense, oui.
-Et, je sens l'inquiétude de Clarke dans la prononciation de ce simple petit mot, Raven et toi, vous avez parlé avec toutes ces personnes ?
-Principalement avec ta mère, avec le Chancelier, Anya grimace, qui refuse toujours d'abdiquer et Marcus Kane, c'est je crois celui que j'apprécie le plus même s'il a menacé ma vie le premier jour.
-Quelqu'un a menacé ta vie, je demande confirmation agacée. Comment ont-ils osé ? Tu venais comme une ambassadrice de la paix ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
-Raven a parfaitement gérer la situation, répond calmement Anya en portant la boisson à ses lèvres. Je crois qu'elle est bien plus diplomate que moi.
-Aucun d'eux ne mérite son soutien, grogne Clarke.
Je tourne vivement la tête vers mon étoile. Son comportement me rend de plus en plus incertaine. Elle ne m'a pas habitué à toute cette véhémence et je ne la pensais pas capable de garder une quelconque rancune envers qui que ce soit. En même temps, il est vrai que depuis le début, elle me pousse à me méfier de son peuple. J'ignorais simplement que la situation pouvait être à ce point alarmante. Maintenant que j'y pense, Clarke a été particulièrement taciturne durant le voyage pour rejoindre TonDc.
-Quel est le problème exactement, je demande sans la quitter des yeux.
-J'ai juste peur que Rae...
Alors que j'allais enfin obtenir une réponse, une porte s'ouvre dans notre dos. La réaction d'Anya ne me permet pas de douter : la meilleure amie de Clarke arrive. Je me retourne pour cette fois la voir sortir de sa propre chambre, parfaitement habillée. Elle exécute un grand sourire et fait un grand signe de la main vers mon étoile en la saluant d'un :
-T'es enfin là Blondie ! Tu t'es fait attendre !
-C'est sérieusement la première chose que tu trouves à me dire alors que nous ne nous sommes pas vus depuis une éternité ?
-Nous nous parlons presque tous les jours, répond-elle en lui faisant un clin d'œil en s'installant à côté d'elle. J'ai à peine remarqué que tu n'étais pas là.
-Tu es tellement insensible, soupire Clarke, fausse amie !
Raven rit doucement alors qu'Anya lui tend une tasse qu'elle accepte en la remerciant timidement. Sa réaction me fait froncer les sourcils d'autant plus quand je remarque que mon amie est bien incapable de la quitter des yeux. La discussion devient plus légère, j'apprécie ce moment à sa juste valeur même si j'aimerai surtout comprendre l'évolution qu'il semble s'être établie entre mon général et Raven.
J'ai à peine fini de boire mon café que déjà, je me retrouve en plein conseil de guerre. Le premier d'une longue liste. Je dois avouer qu'Anya a fait un excellent travail. Je ne pense pas qu'elle a déjà conçu un quelconque plan d'action aussi abouti avant ceux qu'elle me présente ce jour. Il n'y a pas seulement sa connaissance de terrain qui joue un jeu. Je remarque que malgré la situation, elle est plus patiente dans ses stratégies, moins "rentre dedans" comme dirait Clarke. Avant, elle aurait tout fait pour que la situation ne s'éternise pas mais elle me propose tout de même d'effectuer un siège si nécessaire. Elle précise qu'avec la présence du lac, l'isolement des Skaikru sera compliqué. Elle ne conseille en aucun cas une attaque de front, puisqu'ils sont bien trop armés et entraînés.
Comme je ne la quitte pas des yeux, je parviens à déceler les fêlures dans son regard, sa tristesse, sa colère et plus inquiétant de nouveau ce besoin viscéral de se venger. Les souvenirs doivent la faire bien plus souffrir maintenant qu'elle est retournée sur ses terres. Lorsqu'une de ses émotions me semble plus virulente, impossible à ignorer, je me mets à observer ceux qui nous entourent mais il ne remarque rien. Comment ne peuvent-ils pas voir qu'elle souffre autant ?
Je finis par remercier tout le monde en demandant à mon amie de rester. Elle pli lentement plusieurs cartes qui ont été dessinées par Raven. Elle lisse le papier avant de s'avancer pour s'installer en face de moi. Elle est exténuée. Je ne l'ai jamais vu dans cet état, pas une seule fois. Je ne sais pas quoi dire ou comment réagir. C'est étrange, je ne me souviens pas m'être déjà retrouvée démunie face à elle, hormis quand il s'agit de combattre évidemment.
-Tu voulais me parler, me demande-t-elle après un trop long silence.
-J'aimerais surtout savoir comment tu te sens.
-Je vais bien, soupire-t-elle.
-Tu ne me fera pas croire que c'est le cas. Je te connais trop bien Anya.
-Dans ce cas, je vais mieux que ce que j'aurais pu imaginer.
-Tu es, je plisse les yeux, cherchant le meilleur mot pour la décrire, distante.
-Vraiment, s'étonne-t-elle. Je ne suis pourtant pas retournée dans mes mauvaises habitudes. Je ne suis ni violente, ni silencieuse. Je... comment est l'expression déjà ? Je prends les choses comme elles viennent, au compte-goutte.
Je fronce légèrement les sourcils en essayant de comprendre les termes qu'elle vient d'utiliser. J'ai maintenant la conviction qu'elle a bien plus progressé que moi sur ce point. En même temps, ce n'est pas étonnant puisqu'elle est restée ces derniers mois avec Raven qui a bien plus de facilité à transmettre son savoir. Je ressens tout de même une petite pointe de jalousie.
-S'il n'y a rien de plus, elle se lève. J'ai une promesse à tenir, elle sourit. Il est déjà tard, elle se retourne vers la fenêtre, la nuit est tombée depuis un moment.
-Une promesse à tenir, je répète dubitative, quel genre de promesse ?
-C'est quelque chose qui ne concerne que Raven et moi.
-En parlant de Reavan, je me lève pour la retenir un peu plus longtemps. Pourquoi tu ne m'as pas dit que les choses avaient évolué avec elle ?
-Évolué, Anya fronce les sourcils, ne me dit pas que toi aussi tu as, elle s'arrête en plein milieu de sa phrase, tu as discuté avec Lyv ?
-Je l'ai vu sortir de ta chambre Anya, je la coupe alors que je sens qu'elle pourrait poursuivre un moment avec ces questions. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je suis heureuse que tu aies finalement décidé de vous laisser une chance malgré la peur. Tu mérites d'être heureuse. Je ne comprends juste pas la raison qui t'a poussé à me garder à l'écart.
-Je ne, elle secoue vivement la tête, non ! Ce n'est pas du tout ce que tu crois !
-Je ne l'ai pas vu sortir de ta chambre, je réponds en haussant un sourcil.
-Non. Enfin, si. C'est juste... elle dort avec moi, c'est tout. Raven fait des cauchemars, beaucoup de cauchemars. C'est... tu sais qu'elle a des problèmes pour dormir. Depuis que l'Arche est revenue, elle ne n'y arrive plus du tout sauf quand je suis près d'elle.
-Anya...
-Elle dit qu'elle se sent en sécurité avec moi. Je n'ai aucune raison de la rejeter.
J'observe mon amie un long moment en me disant qu'en effet, elle n'a aucune raison de rejeter Raven puisqu'elle en est amoureuse. Je crois qu'une part de moi est déçu de réaliser que finalement, rien n'a pu évoluer entre elles. Pourtant, je n'ai pas imaginé les regards, ni cette complicité. J'étais attristée à l'idée qu'Anya ait pu laisser une chance à son cœur sans m'en parler mais finalement je le suis encore plus en prenant conscience que rien n'a changé.
Mon amie enfouit profondément ses sentiments de peur que son passé puisse ressurgir. Depuis notre discussion à propos de l'Habgablan une part de moi est terriblement en colère. Je ne peux pas croire que l'existence de cet individu puisse éloigner Anya de ce que j'en suis certaine sera le plus indécent des bonheurs. Je veux qu'elle soit heureuse. Je suis prête à tout pour qu'elle puisse, si ce n'est oublié, au moins ne plus laisser ses souvenirs hanter chaque jour que fait sa vie. J'aimerai qu'elle oublie les temples du passé qu'elle a érigés tout autour de son cœur pour enfin se laisser imaginer un futur.
Et, je suis certaine d'une chose : Raven est la clef.
-Au moins, vous continuez de bien vous entendre toutes les deux, je murmure plus pour moi que pour elle.
-Oui, répond-elle avec un grand sourire sans vraiment s'en rendre compte. Raven est des plus fascinantes, poursuit-elle avec conviction en croisant mon regard. J'apprécie sa complexité, son intelligence et surtout sa gentillesse. J'aime, ses yeux se baissent et je crois déceler ses pommettes, changer légèrement de teinte, discuter avec elle.
-Anya... tu...
-Je sais, elle soupire. Crois-moi, je sais. Mais je ne peux pas, c'est, ses paupières tombent lourdement, comme si tout le poid du monde s'abattait sur elle, impossible. Mais, elle inspire profondément, Rudz rook est mon impossible. C'est ce qui la rend encore plus précieuse, poursuit-elle en affrontant de nouveau mon regard, tu ne crois pas ?
-C'est toi qui fait d'elle un impossible, toi seule.
Un sourire triste étire ses lèvres et je crois même déceler des larmes dans ses yeux. Je suis persuadée de ne jamais l'avoir vu à ce point fragile avant cet instant. Je fais un pas vers elle mais elle s'éloigne. C'est comme si quelque chose venait de se briser entre nous et je ne supporte pas cette sensation.
-Tu ne peux pas comprendre, répond-elle froidement.
-Alors explique-moi.
-Je ne peux pas, c'est au-delà des mots. Mais ne t'en fais pas, je ne compte pas la rejeter. Raven m'est trop précieuse.
-Et si, ce qui va suivre est semblable à des pierres dans ma gorge, cette distance finissait pas lui faire du mal ? Raevan t'a choisie, toi, Anya. Tu ne peux pas l'ignorer.
-Ce n'est en aucun cas ce que je fais.
-Vraiment ?
-Je ne me suis jamais autant entraînée que ces dernières saisons. Je compte le retrouver et en finir définitivement avec l'Habgablan. Ce sera lui ou moi, et tant que je ne serai pas certaine de pouvoir le surpasser, je ne la ferai pas espérer. Plutôt mourir que de la faire souffrir.
-Et bien, je préfère mourir que de devoir garder mes distances avec Clarke.
-Nous ne sommes pas pareille Lexa, nous ne l'avons jamais été. Je serai incapable de m'en remettre si l'Habgablan devait réapparaitre pour lui faire du mal.
-Tu es une survivante, je la contre.
-Crois-moi, reprend-elle sans la moindre émotion, s'il devait m'arracher une seule autre personne que, elle sert les poings avec une force que je ne lui connaissait pas, il n'y aurait alors plus rien d'humain en moi. Plus rien.
Les mots me manquent. Je ne suis pas certaine de savoir ce qu'il serait juste de répondre après ce genre d'allégation. Anya n'est pas seulement plus fragile que d'ordinaire, elle est surtout folle de rage. Je ne pensais pas un jour pouvoir faire ce constat simplement en discutant et qu'elle puisse rester à ce point impassible. D'ordinaire, lorsque les émotions la submerge, elle disparaît.
Qu'importe la manière qu'elle choisie, c'est inévitable. Elle se laisse soit enveloppée par le silence ou pire encore, elle s'efface dans une violence des plus dérangeante. Ce dialogue entre nous est des plus inhabituel. Alors oui, je ne la comprends pas et il est possible que ce ne soit jamais le cas sur ce point en particulier. Mais pour la première fois, elle essaye...
Elle essaye et je dois avouer que c'est merveilleux. Je voudrais la remercier mais je pense qu'elle ne comprendrait pas. En fait, peut-être pour la première fois depuis que je suis devenue Heda, je ne sais pas du tout comment réagir. Cette réaction était tellement inattendue que rien de ce que je pourrais faire ou dire ne pourrait convenir.
-Anya, la porte s'ouvre brusquement laissant apparaître Triss. Oh, elle écarquille les yeux, Heda, elle abaisse poliment la tête pour me saluer, toutes mes excuses. J'ignorais que la réunion n'était pas fini.
-Tu n'as rien interrompu, je la rassure. Que se passe-t-il ?
-Ce sont les Skaikru, ils ont essayés de s'enfuir !
-C'est pas vrai !
J'ai à peine le temps d'assimiler l'information qu'Anya bondit sur son arme qui est restée près de la porte et sort sans prendre la peine de se couvrir. Je la suis des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la pénombre. Elle avait raison un peu plus tôt, il doit être particulièrement tard. Alors que la petite rousse s'apprête à la suivre, je l'arrête :
-Tu as dit qu'ils avaient essayé de s'enfuir, comment est-ce arrivé et qu'est-ce qu'ils les a retenues ?
-Ce n'est pas la première fois qu'ils tentent quelque chose. Déjà la dernière fois, Anya a bien failli les exécuter mais Rae l'en a empêché.
-Elle n'aurait pas dû, je soupire, les tuer est certainement la seule solution.
-Je doute qu'ils puissent réchapper au Général cette fois, grimace la petite.
-Pourquoi, je demande durement.
-Ils s'en sont pris à Rae quand elle est allée leur donner à manger. Excuse-moi Heda mais il faut aussi que je prévienne l'Ancienne.
Triss ne me laisse pas le temps de répondre que déjà elle disparaît. Il n'y a pas à dire, elle est rapide. Je pense que la voir partir me laisse quelque peu perplexe parce que je mets un certain temps avant de réaliser la gravité de la situation : des prisonniers qui ont déjà éviter de justesse la peine de mort s'en sont prit à Raven !
Je crains que cette fois, rien ne pourra les sauver. Pourtant, je me dois d'agir. Je ne peux en aucun cas laisser mon général exécuter des prisonniers simplement parce qu'elle est en colère. Ils auront ce qu'ils méritent mais seulement en temps voulu.
Je me précipite à mon tour, trop heureuse de savoir exactement où je dois me rendre. Je ne m'arrête qu'une fois arrivée devant la grange. Le silence qui y règne n'est pas des plus engageant. Je pousse lentement les battants entrouverts et dire que je suis surprise en ne pas découvrant une mare de sang à mes pieds est un euphémisme.
-Tu n'aurais jamais dû venir ici seule Rudz rook.
-Tout va bien, je m'approche et découvre son sourire, plus de peur que de mal.
-Si je ne t'avais pas promis de...
-... je sais, elle rit, tu les aurais déjà transformés en passoire ! Mais il est là, le hic, tu as promis.
-Raevan, son regard se déplace jusqu'à ce qu'il trouve mes yeux, je découvre alors une rougeur inquiétante juste au-dessus de son sourcils gauche, tu vas bien ?
-Évidemment qu'elle va bien, Anya se retourne vivement vers les six prisonniers en hurlant, si ce n'était pas le cas, ils ne seraient plus en vie !
-Tu es certaine, je m'approche encore, il semblerait que tu aies pris un coup sur la tête.
-Je crois que l'un d'entre eux a utilisé une assiette pour tenter de m'assomer, me voler la clef de leur chaîne et s'enfuir.
-Tu crois, je répète horrifiée.
-Je ne suis pas absolument certaine que ce soit une assiette, c'était peut-être le pichet d'eau.
-Raven, le ton d'Anya est implacable. N'en dit pas plus, sinon je ne réponds plus de rien.
-Désolée, elle grimace légèrement, mais je vais bien, je t'assure. Ils se souviennent de celle que j'étais avant. Ils ne s'attendaient certainement pas à ce que je riposte.
Je reste complètement interdite après cette nouvelle information. Raven n'est définitivement pas capable de se défendre. Du moins, elle ne l'était pas. Si ce n'est plus le cas, dois-je comprendre qu'elle aussi s'est finalement décidée à s'entraîner ? Il me semblait pourtant qu'elle répugnait la violence. Raison pour laquelle dans le passé Anya est allée jusqu'à la suivre partout ne faisant confiance à personne d'autre pour la protéger.
Je détaille lentement l'amie de Clarke en tentant de comprendre ce changement radical. Elle paraît toujours la même, un sourire franc plane sur ses lèvres et elle n'en veut absolument pas à ses agresseurs. Évidemment, il se peut que ce ne soit qu'une façade, seulement je ne me suis encore jamais trompée sur son compte. Je me mets donc à observer mon général, ses poings serrés, sa mâchoire crispée et absolument tout dans sa position n'augure rien de bon. A un détail près. D'ordinaire, elle ne chercherait en aucun cas à se retenir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je l'ai rejoint. Je pensais être la seule capable de l'arrêter. Mais cette fois, elle se contient. C'est incompréhensible et c'est pourtant bien le cas.
-Anya, je tente le cœur battant à tout rompre.
-Dis à ta Princess de venir s'assurer qu'ils vont bien, elle prononce ces mots en se retournant vivement. Je dois sortir d'ici avant de devenir incontrôlable.
-Raevan a peut-être...
-Je m'occupe de Raven, me coupe-t-elle en me lançant un regard noir et en saisissant le poignet de cette dernière pour l'éloigner.
La porte claque après leur passage et je sursaute légèrement. Je n'aurais jamais pensé un jour qu'Anya puisse me parler sur ce ton. Heureusement que nous étions seules, sans quoi, j'aurais été dans l'obligation de la réprimander. Mais seules, nous ne l'étions pas vraiment... je m'approche des prisonniers et remarque aussitôt qu'ils sont en bien plus mauvais état que ce que j'aurais pu imaginer.
Tout en gardant mes distances, je m'accroupie pour analyser les différentes contusions visibles. Je fronce légèrement les sourcils, obligée de constater que chaque coup à été porté avec une précision incroyable, seulement dans des endroits faciles d'accès mais qui sont des plus douloureux. Cette fois, j'en suis certaine, Anya a pris le temps d'enseigner le combat à Raven.
Pourtant... quelque chose continue de me perturber. Je ne comprends pas que l'amie de Clarke ait pu accepter et surtout...
-Vous vous en êtes pris à Raevan tous les six en même temps ?
Aucun d'eux ne répond. Ce n'est pas comme si j'en avais véritablement besoin. Je connais déjà la réponse. C'est seulement que si je ne l'avais pas sous les yeux, je n'aurais en aucun cas pu croire que Raven soit capable d'accomplir un tel acte.
J'ai un mal fou à supporter l'idée que ces individus aussi insignifiants soient ils, on pu vouloir la blesser. Je suis très mal à l'aise rien qu'en y pensant. Je n'avais pas réalisé que je pouvais tenir à elle avant cet instant. J'avais conscience que je l'appréciais mais ça ne suffit pas à expliquer la colère sourde qui gronde en moi.
-Je ne vais pas demander que l'on vous soigne, je reprends froidement. C'est un privilège que vous ne méritez pas.
Encore ébranlée par le fracas de mes sentiments, je claque la porte derrière moi. Un long souffle m'échappe. C'est comme si après avoir compris que Raven avait été blessée je m'étais interdit de respirer. Si je me mets dans un état aussi lamentable, je n'ose imaginer ce que doit ressentir Anya. Et si... si c'était arrivé à Clarke ? J'aurai tout ruiné sur mon passage. Tout.
Comment ont-ils pu s'en prendre à elle ? Je ne parviens pas à comprendre. Raven est douce, calme, en rien une menace. Ces gens la connaissent. Ils n'auraient pas dû s'en prendre à elle. Leur comportement n'a aucun sens. Aucun.
-Lexa, Clarke apparaît devant moi, emmitouflée sous plusieurs couches de vêtements, seuls ses yeux d'un bleu si pur sont visibles, j'ai entendu dire qu'il y avait des blessés.
Sans une explication de plus, la jolie blonde se décale pour jouer son rôle de guérisseuse. Mon cœur s'arrête presque net avant que dans un geste quasi désespéré, je l'arrête en agrippant son coude, sa main figée sur la poignée. Mon étoile se tourne lentement vers moi, je remarque immédiatement ses sourcils froncés. Je viens de la contrarier.
-Qu'est-ce que tu fais ?
Sa question est parsemée de défis. Elle refuse de se plier à ma volonté quand des vies sont en jeu. J'ai conscience qu'elle ne me laissera en aucun cas la protéger si sa présence peut aider de sombre inconnu. Je sais qu'aider les autres est sa raison d'être. Je l'ai compris particulièrement rapidement. Seulement cette fois, c'est différent. Je ne peux en aucun cas la laisser entrer.
Je ne suis pas effrayée qu'elle puisse elle aussi se faire attaquer. Du moins, ce n'est pas le sentiment qui me pousse à la méfiance. Elle m'a déjà fait vivre pire en entrant sa la moindre peur dans une maison remplie d'hommes et femmes malades. Polis a toujours subi beaucoup d'épidémies, celle au début de l'hiver a été particulièrement difficile mais comme lors du Pinkiwa, Clarke a été d'une efficacité presque effrayante, sans elle-même souffrir des symptômes qu'elle soignait.
-Tu ne les soigneras pas, j'annonce calmement.
-Je crois que c'est à moi d'en décider, elle tente de forcer le passage mais cette fois, je ne la laisserai pas faire. Sérieusement ? Si tu continues, tu vas avoir des ennuis !
-Je demande à voir, je souris bien malgré moi.
-Ce n'est pas un jeu Lexa !
-En effet, je réponds calmement en me plongeant dans ses yeux comme si ma vie en dépendait. C'est pour cette raison que tu ne les soigneras pas. Je ne peux pas l'accepter.
-Pourquoi ? Parce que ce sont des prisonniers ? C'est ridicule ! Ils ont le droit d'être soignés comme n'importe qui d'autre ! Personne ne me fera de mal, murmure-t-elle plus doucement, et si tu as peur pour moi, accompagne-moi.
-Le mal a déjà été fait.
-Quoi, elle fronce les sourcils avant d'écarquiller les yeux, ne me dit pas que tu les as tuer, me demande-t-elle outrée. Je croyais que nous avions convenu qu'il n'y aurait pas d'effusion de sang avant d'engager les pourparlers !
-Clarke...
-Il pourrait y avoir ma mère dans cette pièce, assène-t-elle avec colère.
-Ta mère n'est pas dans cette pièce Clarke.
-Mais ça pourrait arriver, tête de mule comme elle est, ce n'est pas impossible.
-Clarke...
-Arrête ! S'il te plaît ! Je savais que cette situation serait difficile mais je ne m'attendais pas à ce que tu deviennes un obstacle. Laisse-moi passer !
-Ils ont fait du mal à Raevan, j'annonce le plus calmement possible, en glissant mes mains sous le tissu qui protège son visage du froid afin de caresser ses joues de mes doigts. Je n'accepterais pas que tu les soignes.
Le silence qui suit n'augure rien de bon. D'autant plus au vu de la tempête tumultueuse qui prend vie dans ses yeux. C'est d'abord une colère qui me semble insubmersible qui s'empare d'elle. D'un coup, je suis effrayée à l'idée qu'elle ne souhaite plus entrer pour les aider mais bien pour les achever. S'ensuivent d'innombrables interrogations qui restent toutes silencieuses. Je m'apprête à prononcer de nouveau son prénom espérant que ma voix saura la rassurer et surtout l'apaiser. Mais avant que je n'aie le temps de prononcer un mot, c'est une tristesse foudroyante qui l'étreint comme une vieille amie malvenue.
Je reste complètement interdite. Subitement, je ne sais plus du tout quoi faire ou dire. Je ne me suis jamais retrouvée dans ce genre de situation face à mon étoile. Aucun mot ne me vient alors qu'elle semble souffrir plus que de raison.
-Raven va bien ?
C'est à peine un murmure. Si je n'étais pas aussi attentive à tout ce qui fait sa personne, je suis certaine que j'aurais manqué sa question. De ce que j'ai pu voir, son amie ne m'a pas paru en danger. Hormis sa blessure à la tête, rien ne m'a alarmé. J'acquiesce donc lentement comme toute réponse.
-Où est-elle ?
-Avec Anya, je murmure.
-Je ne suis pas certaine que ça me rassure, laisse-t-elle traîner. Anya peut-être... tellement... froide.
Un petit rire m'échappe. J'ai conscience que Clarke est encore éprouvée par la scène de son sauvetage, pendant l'attaque de la Montagne. Nous en avons peu discuté mais je sais pertinemment que c'est une épreuve qu'elle n'a pas encore oubliée. Pourtant, elle ne déteste pas s'entraîner avec celle qui durant de nombreuses années a été mon mentor. Et puis... je dois avouer aussi, que je n'ai pas du tout la même vision d'Anya que la belle blonde sous mes yeux.
Froide, elle peut l'être mais ce n'est qu'une façade. En réalité, elle a une capacité à aimer et à protéger les personnes qu'elle aime, peu commune. Puisque Raven est avec Anya, elle n'a absolument rien à craindre. J'ai été blessé que peu de fois mais lorsque c'est arrivée, celle qui est devenue comme ma sœur a toujours pris grand soin de moi. D'ailleurs, je n'ai jamais su où elle avait appris à faire ces différents cataplasmes. Un jour, il faudra que je pense à lui poser la question.
-Ne ris pas, grogne Clarke. Je sais que tu apprécie Anya plus que de raison mais...
-... arrête ta phase avant de regretter tes prochains mots, je lui conseille gentiment.
-Tu es particulièrement désagréable aujourd'hui, bougonne-t-elle.
-Je ne serais pas ici avec toi, aujourd'hui, sans Anya.
-Génial, laisse-t-elle traîner, encore une de ces fameuses dettes de vie !
-Non, je secoue doucement la tête, avec Anya, c'est plus subtil.
Clarke réfléchit à ma réponse. J'en profite pour prendre doucement une de ses mains dans la mienne. Je sais que pour cette fois, elle ne résistera plus. Je l'attire loin de cet endroit de malheur avec des simples gestes, j'amplifie la surveillance auprès des prisonniers. Je fais en sorte d'agir vite avant que son côté Wanheda ne ressorte et ne rende notre éloignement impossible. Je ne sais que trop bien que la vie des autres, même d'un ennemi, sera toujours plus importante que sa sécurité.
Ce constat me rend folle mais je suis avant tout fière d'elle, de son pouvoir et de son courage.
-Lexa, murmure-t-elle après un temps.
-Regarde, lentement, je la fais passer devant moi en serrant doucement ses épaules. Raevan va bien et elle est parfaitement en sécurité, avec Anya.
Sous nos yeux mon amie soigne patiemment et avec beaucoup de douceur la main de la brune qui comme à son habitude bavarde beaucoup trop avec un sourire énorme qui étire ses lèvres. S'il n'y a qu'un détail qui pourrait me rendre incertaine, c'est le comportement d'Anya. Elle est si calme, trop peut-être. Je la vois observer Raven avec beaucoup d'attention quand ses yeux ne sont pas accaparés par les bandages. Mais ce qui rend cette scène incroyable, c'est qu'elle aussi sourit. Cette manifestation est loin d'égaler celle de l'amie de Clarke mais il est bien plus prononcé qu'à son habitude, elle n'essaye pas de le dissimuler et surtout : il est vrai.
-Tu avais raison, soupire Clarke, Rae va bien et Anya prend parfaitement bien soin d'elle.
-Hum.
-Normalement, elle se laisse tomber légèrement contre mon torse, tu adores quand je dis que tu as raison. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-C'est rien, je laisse planer.
-Lexa, tu m'as mise au pied du mur, chacune son tour.
-Au pied du mur, je répète incertaine.
-Comment je vais t'expliquer cette expression, murmure-t-elle tout doucement. Je dirais : être dans l'impossibilité de se sortir d'une situation contraignante.
-Contraignante, je chuchote à son oreille amusée.
-Tu es contraignante, répond-elle en me donnant un coup de coude entre les côtes qui me fait grimacer. Arrête de tourner autour du pot et parle ! Et, elle lève son index entre nous, n'essaye même pas de changer de sujet avec cette nouvelle expression, je sais que je l'ai déjà utilisée !
-Je ne suis pas certaine de...
J'arrête ma phrase pour à nouveau prendre le temps de les observer. Je repense à tout ce qui a pu m'intriguer depuis que nous les avons retrouvées. D'une certaine manière, elles ont bien plus évolué que Clarke et moi. Mais ce qui m'intrigue surtout, c'est ce calme. Je n'ai jamais vu Anya agir de la sorte. Jamais. Et, je dois avouer que je n'apprécie pas me retrouver dans l'inconnue avec elle. Parce que même si j'ai fini par bien la connaitre, elle est imprévisible. Alors je me demande simplement : comment l'aider ou la protéger si je ne la comprend plus.
-Je suis énervée.
-Pardon ?
Clarke se retourne brusquement. Je le sens mais je ne fais rien pour la retenir. Je garde mon regard rivé sur Anya et Raven finalement satisfaite. J'ai enfin compris ce qui me dérangeait, enfin je crois. Mon étoile saisit fermement mes joues entre ses mains glacées. J'écarquille les yeux avant de lui accorder toute mon attention.
-Comment ça, tu es énervée ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne peux pas laisser tes émotions déborder alors que nous affrontons les Skaikru demain !
-Ce n'est pas...
-Lexa, son ton est tranchant, elle me sermonne, c'est important. La paix dépend entièrement de toi !
-Je ne suis pas stupide au point de laisser mes sentiements prendre le dessus sur un évènement aussi important.
-Tu n'es pas stupide, c'est certain. C'est la raison pour laquelle tu vas me parler.
-C'est compliqué.
-Et bien, nous avons toute la nuit.
-Clarke...
-Non ! Tu vas me parler Lexa, que tu le veuilles ou non, tu vas le faire. Je suis là pour ça.
-D'accord, sans aucun autre préambule, je la suit jusqu'au logement qui nous est attribué. Mais ne viens pas te plaindre si tu t'endors sur le dos de Nevada demain.
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions. Qu'avez-vous pensé de l'arrivée du Clexa et des différentes interactions qui en ont découlé ? Vous avez deviné pour quelle raison Lexa est "énervée" ?
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG
