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~Interlude~

Acte 1 : Entracte.

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Jamais Harry n'avait pris une aussi longue douche. Il se sentait souillé, imbibé d'une odeur nauséabonde qui semblait coller à sa peau. Il s'acharna à frotter avec force là où ce salaud l'avait touché, comme si chaque friction pouvait effacer la sensation de dégoût qui l'envahissait.

Depuis son arrivée ici, l'alcool n'avait plus d'effet sur lui, lui permettant de voir clairement la minable stratégie de ce porc pour le saouler. Le plus dégradant avait été de prétendre être attiré par lui. Harry avait dû feindre l'intérêt, alors que chaque fibre de son être criait sa répulsion. Mais l'autre s'était laissé berner, aveuglé par ses propres désirs.

Bien. Ce connard n'avait visiblement pas changé. Il n'y avait donc aucun remord à avoir.

Pendant qu'Harry allait pêcher, Tom était entré en contact avec toutes ses relations. L'idée avait été accueillie avec enthousiasme par tous. Abraxas Malfoy avait immédiatement ordonné à ses elfes de maison de lancer les préparatifs, tandis que d'autres familles nobles se préparaient également à se rendre sur place.

Quand Harry avait donné le costume à Billy, ce dernier s'en était emparé comme d'un précieux trésor et s'était empressé de l'essayer. Le résultat était plus que pitoyable. La coupe était mal ajustée, les manches trop longues. Et que dire de ses manières et de son langage ? Il ne semblait en rien noble. Il n'aurait même pas pu feindre l'être. Il passerait pour un enfant qui tentait maladroitement d'imiter une classe sociale bien au-delà de sa portée.

Quand Harry sortit de sa chambre, frais et régénéré, il se retrouva face à Tom, qui semblait l'attendre depuis un moment déjà. Sans dire un mot, ce dernier saisit son bras et huma sa peau pendant quelques secondes. Il ne sembla pas apprécier ce qu'il y sentit : « J'ai changé d'avis. Je vais juste le tuer. »

Harry se demanda si Tom avait l'odorat d'un chien : « Tu n'as pas le droit de détruire l'enfer que je suis en train de lui bâtir. Est-ce bien clair ? »

Tom grogna, visiblement contrarié. Il plaqua Harry contre le mur et laissa courir ses mains sur son corps : « Tu m'appartiens. N'oublie jamais ça. Tu es mon serviteur. Je me débarrasserai de tous ceux qui ne le comprendront pas. »

Ce n'était pas du tout la même sensation qu'avec Billy Thompson. Alors que les mains de l'autre type ne laissaient sur lui qu'une impression de dégoût pur, le contact des mains de Tom sur sa peau était électrisant. Harry glissa ses bras autour du cou du plus grand pour rapprocher leur corps.

Il envisageait sérieusement d'établir un classement des connards et leur attribuer une note. Billy Thompson par exemple, était la lie de l'humanité. Si l'on devait le placer sur une échelle, il se trouverait encore en dessous du premier échelon, six pieds sous terre. Tom par contre, était un connard de luxe. Le genre d'enflure dont on savait pertinemment qu'elle finirait par nous trahir, mais à laquelle on ne pouvait s'empêcher de revenir une fois qu'on y avait goûté.

Tom pressa doucement ses lèvres contres celles d'Harry, en quémandant avec sa langue le droit d'entrée. Lorsque Harry entrouvrit légèrement les lèvres, sa langue pénétra dans sa bouche sans plus attendre pour le caresser avec délicatesse. Harry se sentit fondre sous lui et Tom glissa un bras dans le creux de son dos pour le soutenir.

C'était leur véritable premier doux baiser et cela surprit presque Harry que Tom sache faire autre chose que le mordre et le blesser. Il discerna, plus haut, le Tic Tac lancinant de l'horloge de l'atelier de Tom. Dans la cuisine, le sifflement de la bouilloire remplissait l'air. Une mouche voltigeait en rond près du plafond. Harry sentait l'odeur du savon sur la peau de Tom, mêlée à celle, plus familière, de la décomposition. Il percevait aussi l'odeur, plus lointaine, de la résine des pins du parc coulant sur leur tronc.

Tom se retira doucement. « Harry, reste avec moi. » , murmura-t-il.

Harry revint lentement à la réalité.

Les yeux sombres de Tom parcouraient son visage et il eut l'impression que tout son corps s'enflammait sous son regard. Il se dégagea doucement de l'étreinte et passa une main gênée dans ses cheveux : « On commence ce soir, j'espère que tu es prêt ? »

Tom lui adressa un sourire carnassier : « Évidemment. »

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