Chapitre 4
— « Putain de merde », songea Sharon.
Inviter la Ministre magique d'Angleterre ne faisait pas partie du plan, mais sa connexion avec Barnes l'y obligeait. Sam semblait lui faire confiance mais Sharon savait mieux, cette fille ne méritait pas de confiance. Elle était une lycanthrope. Une lycanthrope dans le déni. Un danger public sur patte.
— Beaucoup mieux, acquiesça la blonde devant le torse nu de Sam.
Il changeait actuellement de tenue pour la petite soirée organisée ce soir. Granger monopolisait sa salle de bain tandis que les garçons se revêtaient au milieu du salon.
— Au fait comment est le nouveau Captain ?
— M'en parle pas, grommela Bucky essayant d'écouter ce qu'il se passait au-delà des murs.
Distraite par le trou dans sa poitrine, Hermione ignora les conversations dans la pièce d'à côté, pour tout dire elle s'en fichait. Une serviette autour des cheveux, l'une autour du corps, elle sortit un petit miroir de son sac de perles fétiche et une bonne bouteille de vodka.
— Appel Edward, annonça-t-elle clairement arrosant la blessure d'alcool avant de se recoudre.
Le visage de son filleul apparut dans le miroir portatible, avec ses cheveux bleus, ses yeux miels et son uniforme de poufsouffle en pagaille, il semblait surexcité.
— Salut Marraine, murmura-t-il un immense sourire au visage.
— Salut champion tu vas bien ? Comment ça se passe à Poudlard ?
— Pas aussi bien que les autres années, McGonagall n'arrête pas de me demander dans son bureau, elle essaie de pénétrer mes murs d'occlumencie.
La femme sortit du cadre un instant et enfila une robe rouge prêtée par Sharon, le décolleté était un brin trop plongeant à ses yeux mais à force de participer au bal du ministère, elle en avait l'habitude.
— Ils tiennent ? balbutia Hermione étonnée en revenant dans le cadre.
— Tu m'as élevée, bien sûr qu'ils tiennent, ricana-t-il.
— Si elle t'embête encore parles-en à Chourave louveteau, elle ne cherche peut-être pas la bagarre mais j'ai vu cette bonne femme tuer plus de manges-mort pendant la guerre que de plante durant ma scolarité. Elle te protégera des autres. Es-tu seul ?
— Ouai, Vic m'aide à me cacher pour te parler.
— Je n'ai jamais voulu ça, vous séparez de vos familles.
— Tu es ma famille Mam's. Et c'est Ginny qui a séparé les Weasley pas toi.
— Admettons.
— Sur quoi tu travailles ? demanda l'adolescent alors qu'elle mettait de belle boucle d'oreille et détachait ses cheveux de leur serviette.
— Petit curieux ! Je ne te le dirais pas, c'est dangereux.
— C'est pour ça que tu te coiffes comme si tu allais à un gala, pouffa le garçon. Je vais dire à Vic' et aux autres que tu as un amoureux.
— Nianiania, je suis certaine que James ne se considère pas comme tel, nota Hermione.
— J'en étais sûr ! Je suis trop content que tu ais retrouvé Oncle Bucky Mam's, tu auras de nouvelles histoires à raconter sur les loups du Wakanda bientôt ?
— J'espère louveteau.
Ces mots transpiraient l'espoir, l'espoir de revoir sa famille. Rien n'était joué. Il y avait très peu de chance qu'elle puisse mettre un pied en Angleterre sans être arrêtée par les aurors, alors de là à voir son filleul ? Jamais Ginevra ne laisserait passer ça, elle s'était assurée qu'elle soit sur les listes noires du ministère après tout.
À travers le miroir, Hermione entendit la cloche de Poudlard sonner le début des cours.
— Tes cours vont commencer, je vais te laisser. N'oublie pas louveteau…
— Je t'aime, dirent-ils en même temps.
— Tes parents seraient tellement fières de toi, murmura Hermione alors que le miroir redevient réfléchissant.
Dans la salle d'à côté, Bucky n'avait pas pu s'empêcher de laisser trainer ses oreilles. Il entendit tout. Il se souvenait étonnement bien de la petite chose vive qu'Hermione appelait filleul, et aussi de sa grand-mère. Mme Tonks était une force de la nature à elle toute seule, défiant T'Chala avec les simples mots : « si vous ne m'emmenez pas à ma fille, croyez-moi Monsieur nous allons avoir un gros problème ».
Car pour Mme Tonks, Hermione était comme sa fille. Et personne ne leur retirait cette ressemblance frappante, après tout Ved'ma manqua de tuer Captain America et Black Panthère pour l'atteindre alors pourquoi Mme Tonks ne déchaînerait pas le triangle des bermudes pour sa fille de cœur ?
Comment en sept jours par mois la petite chose aux cheveux bleus vient à en l'appeler « oncle Bucky » ? Cela demeurait un mystère à ses yeux. Son attention revira sur la conversation de ses amis lorsqu'Hermione déconnecta son miroir magique.
— Nagel travail pour PowerBroker, leur apprit Sharon.
— Si tu nous aides, on pourrait te faire innocenter, déclara Sam.
— J'ai du mal à croire que tu voudrais m'innocenter.
— Ils ont bien innocenté le soldat bionique et ronchon qui bug sur on ne sait quoi et qui est complètement impuissant avec sa femme.
— J'ai entendu, marmonna Bucky. Et ce n'est pas ma…
— Femme, on a compris James, rétorqua Zemo.
Or le soldat ne bougeait plus, il n'esquissait plus un geste. Son esprit était perdu à des années lumières d'ici, lorsque le snap n'avait pas eu lieu, lorsqu'il était un invité du Wakanda, lorsque Ved'ma lui souriait sans peur qu'il ne disparaisse à nouveau. Aujourd'hui elle n'était pas vêtue de perle, de tenue typique du pays ou son épaisse chevelure maintenue dans tous les sens comme Shuri seule parvenait à la tresser. Mais elle était la plus belle chose sur laquelle il posa les yeux de toute sa chienne de vie.
Zemo suivit son regard, leva les yeux aux ciels et remarqua :
— Il ne t'écoute plus Sam.
— Waa… Oh putain ! nota le dit Sam en avisant la cicatrice partant de sa clavicule et nageant entre ses seins, celle de son avant-bras, et la croute juste au-dessus d'un petit grain de beauté caché par le tissus rouge de la robe.
Il n'avait jamais vu ça, enfin il avait vu Bucky du coin de l'œil lorsqu'ils se changèrent mais entre lui soldat de cent ans et Hermione soldat de trente-trois, il y avait un fossé. Les blessures physiques des deux loups n'avaient rien à voir les unes avec les autres. Là où Bucky subit les impacts de balle, Hermione eu le droit au sortilège de découpe. Là où il eu l'électrocution, elle gagna les doloris. La sorcière grimpa encore dans son estime.
— Éloquent Wilson, grogna-t-elle avant de se tourner vers Sharon. Tu n'as pas autre chose de moins… Découvert ?
Tétanisée, Sharon cessa sa contemplation et sortit rapidement de la pièce avec la promesse de revenir avec une autre robe.
Hermione fixait ses pieds. Elle avait l'habitude du regard des gens, des gens qui savaient qui elle était et ce qu'elle avait fait, mais les moldus ? Ils n'y comprenaient rien. Même avec la découverte du monde sorcier, la plus part d'entre eux ignoraient les guerres qui s'y déroulèrent, leur leader, leur vainqueur, leur enjeu… Elle dégoutait Sam, et Zemo était incapable de la regarder (pas qu'elle s'en plaigne d'ailleurs). Voilà tout ce qu'elle enregistrait. Un froid familier lui fit soudain relever la tête : James effectuait son baisemain habituel sans détourner ses yeux des siens.
— Ne change rien. Tu es parfaite.
— Tu ne m'auras pas avec la flatterie Barnes.
— Un autre couteau te rendrait-il heureuse ? demanda-t-il sérieux.
D'une main délicate, il glissa ses doigts sous sa robe fendue et décrocha une arme en vibranium de son étui. Sourire narquois sur les lèvres, Bucky passa son pouce sur la poigne du couteau, avisant le loup gravé main qui y résidait. Il lui offrit des années auparavant, hier pour lui.
Hermione sentit sa chaleur corporelle monter de deux degrés. James effleurait toujours la peau de sa cuisse.
— Les enfants ! Je me dois de vous arrêter avant que mes yeux ne voient plus qu'ils n'en supportent, intervient Zemo.
— Prenez-vous une chambre ! s'emporta Sam
— Mais nous ne sommes… grognèrent les deux protagonistes.
— Pas ensemble, on sait ! Hermione je suis désolé d'avoir réagis comme un con, tu es magnifique. Bucky tu es… toi-même. Alors emmène la dame danser et laissez-moi m'occuper de notre prisonnier bien aimé, je veux plus vous voir vous tourner autour pour les deux prochaines heures.
— Pff jaloux, le piqua Hermione.
— Jaloux ? Moi ? Jaloux de Terminator !? Noooon…
— Donc tu admettrais que tu trouves Mme la Ministre repoussante ? demanda Sharon en revenant avec une nouvelle robe.
— Ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dis ! se lamenta Sam sous le rire discret de Bucky.
Diable les filles ne s'aimaient pas, mais quand il s'agissait de mettre en avant le « girlpower » pour faire perdre ses moyens à Sam, elles y allaient à cœur joie !
…
Rire. Danser. Flirter. Trois choses pour lequel Bucky pensait avoir oublié le principe. Mais il était là, laissant sa partenaire de danse sautiller un peu partout sous l'à-coup de la musique électro. Ce n'était pas forcément son style préféré. Il y a de ça 80 ans il crût mourir en tombant d'un wagon de marchandise. Aujourd'hui bien vivant, libre et bien accompagné, il ne parvenait pas à faire taire cette petite voix agaçante dans sa tête : « elle a refait sa vie », « tu n'es plus rien pour elle », « tu l'agaces », « elle vivrait bien mieux avec ce Nott qu'avec toi ».
Ces horribles pensées l'empêchaient de se détendre totalement.
— Bon qu'est-ce qu'il t'arrive Barnes ? demanda finalement Hermione adossée au mur après trois danses et un verre.
Son ton glacial lui fit froid dans le dos, une chose que sa conscience rangea dans la catégorie : « tu l'agaces ».
Près d'elle James tirait une tête de six pieds de long. Au début il était euphorique, danser, rire, flirter. Elle eut l'impression de retrouver ses vingt-huit ans en quelques secondes, mais maintenant ? Hermione voyait les rouages de son cerveau se torturer comme lui seul réussissait à le faire. Loin de se mordre la lèvre inférieur, ou d'émettre le moindre geste trahissant sa nervosité, James se contenta de la regarder dans les yeux. Il était si près d'elle qu'elle sentait son souffle sur sa peau.
— Ce Nott et toi, vous étiez plus que de simple collègue n'est-ce pas ?
— Oui bien sûr, nous étions partenaires d'études à l'école et… Attend une seconde tu boudes à cause de Théo ? T'es sérieux James ? Mais tu as quel âge franchement ?
— À toi de me le dire Hermione, rétorqua-t-il plus sec qu'il ne l'aurait voulu. Écoute je ne veux pas me disputer avec toi, cinq ans c'est long et je le sais, j'aimerais juste que… je ne sais pas la vérité ? Tu semblais vraiment proche de ce type.
Il n'aurait pas dû, vraiment pas. Hermione était déjà sur les nerfs suite à sa conversation au bar et il en rajoutait une couche comme un imbécile. Zemo pourrait lui-même lui coller la tête contre le mur cela le dérangerait moins que la haine pure polissant les traits de la sorcière.
— La vérité ? Tu veux la vérité !? La vérité c'est que je t'ai vu tomber en poussière devant mes yeux ! La vérité c'est que je t'ai attendue pendant trois mois à la hutte après ton retour. Trois ! Et je n'ai jamais reçus un seul coup de fil ou message de ta part alors que j'avais besoin de toi ! Comment crois-tu que les anglais puristes ont pris qu'une sang-de-bourbe soit ministre, ait dévoilé leur monde et aidé à sauter leur lois à la con ? Comment penses-tu qu'ils ont pris le fait que j'ai condamné, exécuté et assassiné nombre de leur petit camarade psychopathe ? Comment crois-tu que Ginny a pris le fait que son fils me connaisse mieux qu'elle ? Ils m'ont foutu dehors James !
— Ved'ma ce n'est pas…
Bucky tenta de reformuler sa phrase, d'atténuer sa colère, ce n'était clairement pas ce qu'il voulait en lui posant la question. Ce quiproquo lui donnait déjà mal à la tête. Glissant sa main sur son bras maudit, il tenta de la rapprocher de lui dans l'espoir de l'assommer dans une étreinte, sans succès.
— Je me suis battue pour eux, je me suis battue à ne plus en dormir parce que c'était la seule chose à laquelle je pouvais penser. Je me suis battue pour que la science et la magie fonctionne de concert et qu'on trouve un moyen de vous ramener, de TE ramener. Alors oui Nott et moi avons dépassé les limites d'une amitié, et tu sais pourquoi ? Parce que c'était le seul homme à moins de milles kilomètres à ne pas m'apprécier pour mon rang, à ne pas vouloir mettre ma tête sur une pique pour mes exploits, ou juste à être attiré par mon corps. ET tu n'as aucun putain de droit de savoir la vérité alors que tu m'as snobé les six derniers mois ! elle cria postillonnant sur son menton.
Ved'ma se dégagea violemment de la poigne métallique, le poussa sans ménagement en arrière et s'éloigna rapidement sur la piste de danse.
— Merde ! jura-t-il.
Bucky n'attendit pas une seconde de plus pour frapper le mur de son poing. Bien sûr qu'elle lui en voulait d'avoir suggérer qu'elle mentait, sa sorcière adorait la vérité et la justice, comment avait-il pu penser un seul instant qu'elle lui cachait des choses ? Et elle avait raison. Il n'avait pas le droit de savoir après le silence radio qu'il lui infligea.
…
— Il y a de l'eau dans le gaz au paradis ? demanda son pigeon préféré.
— Ta gueule Sam ! rembarra Hermione de mauvaise humeur en atteignant l'autre extrémité de la pièce. Je vais prendre l'air.
— Vous ne devriez pas sortir toute seule Hermione, s'inquiéta Zemo.
— Contrairement à certain j'ai d'autre chose à faire que babysitter un riche péteux fuiyant la prison. On se voit demain les gars.
Du coin de l'œil, Sam aperçut le carnet relié noir qu'il savait être utile pour la prise de contrat magique et se demanda ce que diable Buck avait pu dire pour foutre la fille en rogne à ce point.
— Le Buckymione c'est pas pour tout de suite, grommela-t-il.
— Je n'en ai bien peur.
…
Incapable de dormir Bucky fixa le plafond, longtemps, jusqu'à abandonner et terminer sa nuit sur le canapé. Son cerveau remuait, remuait, et remuait encore sa longue tirade d'excuse. Il savait que le moment venu il l'oublierait totalement mais ce n'était pas grave, parler à lui-même le rassurait.
— Buck on essaie tous de dormir ! cria Sam. Tais-toi !
D'accord. Le Wakanda lui manquait. La vie qu'il menait là-bas lui manquait. Les nuits à la belle étoile, les enfants qui écoutaient ses histoires, Shuri et ses délires scientifiques auquel il ne comprenait pas grand-chose, la simplicité de cette vie en fait. Il se souvenait encore du jour agréable où il se dégagea du corps nue de Ved'ma pour la première fois. C'était la belle époque. Une époque si douce, si tranquille.
Patient, il réfléchit jusqu'à ce qu'il entende le bruit caractéristique de la porte. L'odeur familière de l'intruse lui perça les narines, elle sentait le parchemin, un mélange d'herbe sorcière et le sang. Le sang car elle en était recouverte, encore. Sans rien dire, il la laissa gagner la salle de bain, se baigner et en ressortir. Il commença alors à parler.
— Je suis désolé. Je n'avais pas le droit d'insinuer des choses alors que je t'ai abandonné. Quand je suis réapparu au Wakanda et que Strange m'a téléporté sur le champ de bataille, la seule personne à laquelle je pensais c'était toi Ved'ma. Tu te battais comme une lionne. Et quand tout était fini tu as pris ce type dans tes bras, et Steve m'a dit que nous étions partis depuis cinq ans. C'est long cinq ans. Je pensais… Je pensais que tu avais refais ta vie ou quelque chose du genre, que j'avais pas le droit de revenir te hanter comme un fantôme.
Une ombre apparut dans les derniers rayons de lune, Hermione se tenait devant lui et se mordillait la lèvre inférieure comme elle avait l'habitude de le faire avant. Avant qu'il ne gâche tout.
— Tu es un fantôme James, un putain de fantôme envahissant. Bouge.
Sur son ordre, Bucky se décala assez sur le canapé pour lui faire une place. L'un près de l'autre ils regardèrent le plafond en silence, une nuée d'étoile magique s'y détacha. Un calme olympien régnait dans leurs organismes respectifs.
— La prochaine fois que tu doutes de moi je te castre, admit la brune avant que Sharon ne se lève.
— Il n'y aura plus de prochaine fois, rassura-t-il.
…
— Je reste pour surveiller l'extérieur mais le temps nous ai compté alors ne trainez pas, grésilla Sharon dans l'oreillette.
— Dis Sharon t'es sûr que c'est celui là ? Il est vide ton container.
— Ouvre-les yeux Sam, piqua Hermione toujours de mauvaise humeur après sa nuit de traque.
Mettre Rabastan Lestrange en prison ne fut pas une mince affaire, surtout lorsque l'homme la fuyait déjà comme la peste, heureusement pour elle cet abruti se trouvait à Madrepoor et elle n'avait pas tant de chemin à faire pour le débusquer. En fait, même sans mission pour un quelconque ministère, Hermione serait sortit prendre l'air, rien que pour mettre de la distance avec la source de sa colère. Elle était un peu plus calme ce matin. Mais personne ne la verrait sourire pour autant, il lui manquait ses heures de sommeil hebdomadaire.
Un homme chantait, très faux d'ailleurs. La radio tournait en arrière plan. Le Dr Nagel faisait Dieu sait quoi avec ces plantes. En un coup d'œil, James et Hermione se coordonnèrent, prenant chacun un côté de la pièce. Sam entreprit le premier contact avec Nagel.
— Attendez Doc… Vous le reconnaissez lui ? C'est le soldat d'hiver. Et voilà le Duc Zemo.
— Baron, rectifia le concerné agacé.
— Ne m'oublie pas Sam, sourit dangereusement Hermione. Vous me reconnaissez Nagel ? Oh je sais que vous le faîte, je sens votre peur d'ici, vous êtes à deux doigts de vous urinez dessus.
Collant le docteur contre un mur, la main sur sa gorge, Hermione n'effraya jamais autant. Sa magie crépitait un peu partout et se concentrait droit vers l'homme, inconsciemment ou non elle souhaitait le tuer de ses mains. Elle en avait assez de jouer au chat et à la souris avec les super-gamins, ils ne comprenaient pas le danger qu'ils courraient.
— Vous êtes le sujet M-1. La sorcière au sang boueux.
— Génie, ministre, héroïne, « lycanthrope », paria, on m'a qualifié de bien des choses. Mais vous… Vous étiez avec le Dr Melwin. Vous l'avez aidé à élaborer le sérum qui m'a fait ça.
— Il était présent aussi ! pleura le docteur en désignant Bucky du doigt.
— Essayez-vous vraiment de vous comparer à l'homme qui m'a sauvé la vie ? grogna-t-elle.
— On peut trouver un arrangement…
— Hermione redescend-le, demanda Sam inquiet devant cette facette sombre de la femme.
Elle obtempéra à contre cœur, lâchant l'homme qui s'écrasa au sol. Une odeur désagréable emplit leurs narines : Nagel s'était pissé dessus.
— Des gens arrivent, faîtes vite, entendirent-ils dans leurs oreillettes.
Sharon se battait du mieux qu'elle pouvait dehors et Bucky assit l'homme sur une chaise. Il s'occuperait de son problème avec le sourire chat du Cheshire d'Hermione plus tard. Elle savait exactement qui il était, le petit assistant du Dr Melwin, celui qui s'était planquée bien avant qu'elle ne fasse exploser les bases Hydra les unes après les autres pour essayer de retrouver James.
— Au départ c'est Hydra qui m'a recruté à plein temps après la mort du Dr Melwin. Suite à beaucoup d'effort j'ai réussis à recréer le sérum, mon sérum est pourtant très différent de celui du Dr Erskin, pas de machine, pas de douleur, pas de mort.
— Combien de dose ont-elles été produites ? demanda Sam.
— Vingt.
— Où se trouve Karly ? l'interrogea Bucky.
— Aucune idée.
Hermione s'emporta aussitôt. Une enfant avait mis la main sur quelque chose qui la dépassait totalement. Elle pensait refaire le monde, mais si les sorciers mettaient la main sur les super-soldats, la brune ne donnait pas cher de leurs peaux. Les langues de plomb les disséqueraient avant qu'ils n'aient eu le temps de dire Quidditch. La seule chance que James et elle possédait à l'époque fut que les sorciers (britannique du moins) étaient des abrutis qui réfutaient toute forme de science.
— C'est une putain de gamine Nagel, alors parle où je t'arrache la langue !
— Elle… Elle a demandé mon aide Mme… Pour une certaine Donia Madani.
— Est-ce qu'il y a du sérum ici ? demanda Bucky.
— Non.
D'un tir parfaitement ajusté, Zemo tira sur le Dr avant même que Bucky n'esquisse un geste. Hermione s'apprêtait à hurler sur le fugitif avant qu'un sifflement ne résonne à ses oreilles et que le monde devienne noir.
BOOM !
— Hermione ! crièrent Sam et Bucky d'une même voix.
Son corps voltigea à travers la pièce, la laissant retomber au sol telle une poupée de chiffon. Rampant jusqu'à elle le soldat d'hiver s'accroupit et prit son pouls, dehors il entendait déjà les chasseurs de primes arriver par dizaine.
— Elle est vivante !
Merde. Sam ne parlerait jamais des larmes de soulagement sur le visage du loup blanc.
« Poudlard allait être leur champ de bataille. Des enfants se battraient pour leur liberté et leur survie. Ce n'était pas comme ça qu'Hermione imaginait le combat final contre Voldemort. Une explosion résonna partout, mettant fin aux protections magiques autour du château, Remus tenait la main de Tonks fermement.
— Sois prudente Hermione, lui demanda l'auror.
— Restez en vie, demanda-t-elle en retour.
— Je t'aime fort petite sœur.
L'adolescente embrassa rapidement son frère par tout sauf le sang et sa belle-sœur avant de bouger. Son sang battait dans ses oreilles, son corps se mouvait parmi les sortilèges, Hermione courrait pour sa vie, bondissait et esquivait pour la sauver. Elle n'avait pas survécut au manoir Malfoy pour mourir ici.
Ronald, Harry et elle trouvèrent le diadème de Serdaigle dans la salle sur demande. Malheureusement Drago, Blaise et Crabe vinrent les empêcher d'avancer… Ou plutôt Crabe lança un feudeymon incontrôlable et manqua de les brûler vif. Attrapant le premier balai qui traînait dans son sac de perle, elle l'enfourcha et en jeta deux à ses amis qui s'envolèrent.
— On ne peut pas les laisser là ! décréta Harry.
Elle n'était pas d'accord. Mais s'ils laissaient mourir des adolescents, en sachant qu'ils auraient pu les sauver, n'étaient-ils pas pire que Voldemort ? D'une poigne de fer, Hermione agrippa la chemise du serpentard et le hissa sur son balai avant même qu'il n'articule « Quidditch ».
— Pourquoi me sauves-tu Granger ? demanda-t-il une fois qu'ils furent tous vivant et à terre.
— J'efface ma dette de vie envers ta mère, grommela-t-elle.
— Une dette de vie ? Depuis quand tu as une dette envers Malfoy ! s'indigna Ronald.
— Depuis que vous m'avez laissé seule dans ce putain de manoir ! Avançons on a pas que ça à fai… Harry ? Harry tout va bien ?
Et comme dans tout moment inopportun, Harry subissait les contrecoups d'une vision de Voldemort. Voir Snape mourir fut douloureux. Retenir Harry dans ses bras alors qu'il se débattait et hurlait dans sa main la brisa. Elle l'étouffa pour le faire taire, le privant d'oxygène assez longtemps.
— Lâche-le Hermione… Il devient bleu.
— Désolé, maugréa-t-elle.
— Tu n'y peux rien, c'est la faute de Greyback. On t'aimera toujours, la rassura-t-il.
La sorcière n'eut pas le temps de le contredire, Snape était seul désormais, seul et mourant. Ces derniers mots furent pour Harry, un : « Regardez-moi » déchirant. Cet homme n'était pas un saint mais il n'était pas Lucifer non plus. Peut-être agissait-il comme un connard mais il s'était battu pour eux, avait risqué sa vie. Maintenant il n'ouvrirait plus jamais les yeux.
Une trêve d'une heure sonna. Une heure pleine de tristesse et joie. Joie pour les amis encore en vie, tristesse pour les défunts.
— Hermione, Harry, les attrapa rapidement Bill Weasley les détournant de deux lits de fortune.
Ronald pleurait la mort de Fred avec le reste de sa famille. Bill pleurerait aussi, une fois assuré que les deux derniers membres du trio n'iraient pas se jeter dans la gueule du loup.
— On doit parler.
— Que se passe-t-il ? demanda Harry. Pourquoi nous empêches-tu d'avancer ?
Les filons magiques s'échappant du premier Weasley bouleversèrent Hermione, il leur lançait un regard triste, un regard souhaitant des condoléances.
— Pousses-toi William, ordonna-t-elle.
Or le garçon l'attrapa par les épaules et la maintient contre lui, l'empêchant d'aller plus loin, de ce fait il laissa Harry voir les corps étendus sur les lits de fortune. Il tomba à genou, une larme perlant sur sa joue.
— Hermione ne… commença le roux.
Forte, la jeune femme expulsa le garçon à travers la pièce, le laissant retomber sur les fesses sous le regard médusé de leurs camarades de guerre. Là, gisaient Remus et Tonks Lupin. Livides. Morts. Ils ne se réveilleraient plus. Un cri retentit quelque part, le sien. Une vague de magie bouleversa les survivants, dont certains se mirent à pleurer. Immobile, les mains à l'endroit où son cœur fut arraché, les lèvres ouvertes, Hermione hurla sa peine.
— C'est fini Mione, murmura Harry posant une main sur son épaule.
Ainsi il la réveilla de sa transe. La prochaine fois qu'il croisa le regard de sa meilleure amie, ses yeux d'habitude dorés miroitaient de tâches noirâtres.
— Qui ? demanda-t-elle d'une voix étrangère.
McGonagall se tenait derrière eux, attendant son heure pour parler, elle ne reconnaissait plus son élève. Sa force décuplée la perturbait, les ombres dans ses yeux la perturbait, les cicatrices de torture lui donnaient envie de pleurer. La Hermione Granger qu'elle connaissait était morte à l'instant où elle vit le professeur Lupin sans vie sur le sol.
— Fenrir Greyback pour Remus et… Et Bellatrix Lestrange pour Nymphadora.
— Tonks. Elle voulait qu'on l'appelle Tonks.
— Mione, commença Harry. Mione attend !
D'un pas déterminé la jeune femme gagna la double porte de la grande salle. Elle songerait à Ronald et leur baiser plus tard, seule la vengeance lui importait.
— Fais-ce que tu as à faire Harry. On se retrouve dans la cours dans une demi-heure.
Elle ne le laissa pas gagner seul la forêt interdite où Voldemort attendait. Elle le regarda mourir, Mme Malfoy mentir. Aucun sentiment ne surgissait en elle, Hermione était vide, complètement vide. En haut de son arbre, elle tuait les manges-morts à la traîne les uns après les autres lorsqu'elle sentit une brûlure froide sur sa gorge. Ses yeux se perdirent dans ceux d' « Atout ». Il la retenait, l'étranglait, et un instant elle souhaita qu'il l'achève. Elle devenait un monstre.
— Lâche-m…
Une main atterrit vivement sur sa bouche. Il suffit d'une seconde à Hermione pour comprendre ce qu'il se passait. Le corps de l'homme compressait le sien, camouflé par d'épais buisson, elle entendit les pas incertains des raffleurs.
— Putain j'étais sûr qu'elle était là, jura l'un d'eux.
— Elle a tué Frank, observa un autre.
— Du calme Rosier, on attrapera le petit rat de laboratoire bientôt, soit patient.
Lorsqu'ils s'éloignèrent suffisamment, James enleva sa main de sur sa bouche et se redressa, proposant sa main métallique à la jeune femme.
— Pourquoi m'aides-tu ?
— Ce sont les ordres Madame.
— Puis-je te donner un ordre à mon tour ?
— Oui Madame.
— Fuis James. Fuis et retrouve qui tu es, vie pour moi veux-tu ?
— Bien Madame.
Le soldat se détourna vers la forêt, obéissant à l'ordre de fuir sans sourciller. Mme Malfoy avait dit d'obéir à la brune, il obéirait sans remord.
— Et James ?
Il se retourna, attendant un nouvel ordre. Un ordre qui ne vient jamais.
— Si je survie aujourd'hui je te retrouverai et je t'aiderai à te libérer, c'est une promesse.
Son ombre disparut à travers les feuillages. Hermione se remit à courir, elle pouvait atteindre la cour à temps pour aider les derniers survivants à gagner. À peine arrivée, Harry tomba sur le sol dans un bruit sourd et lança le premier sortilège qui lui venait à l'esprit contre Voldemort. Le combat reprit. Sourd. Puissant. Rapide.
Hermione en avait assez de cacher sa force et sa rapidité à ses alliés, elle usa de tout ce qu'elle connaissait. Au diable si tous la prenait pour une lycanthrope !
Colin Crivey ne survivrait jamais à ce combat, il le savait, mais il ne laisserait pas des premiers années se faire déchiqueter par le monstre loup. Il se battait avec ardeur, voyait sa fin lorsqu'une chevelure reconnaissable se posta entre lui et Fenrir Greyback.
— TOI ! grogna Greyback en l'apercevant.
— Moi, le nargua-t-elle. Tu me veux toujours Fenrir ? Alors viens me chercher !
En moins de trois minutes, la tête de la bête roula sur le sol à ses pieds, son héroïne recouverte de sang se tourna dans la direction de l'adolescent qui manqua de s'évanouir.
— Vous allez tous bien ? demanda-t-elle.
— Merci Hermione, parvient-il à prononcer.
— Dépêchez-vous de vous mettre à l'abri, je vais essayer de vous frayer un chemin jusqu'au passage de la sorcière borgne.
Le jeune garçon acquiesça gravement. Ensemble, le duo improbable de né-moldus parvient à cacher les plus jeunes dans le passage. Blessé, Colin reçut de plein fouet le sac de perles de la jeune femme au visage.
— Soigne-toi et courrez.
— Mais ton sac…
— Tu me le rendras plus tard.
…
Bellatrix était morte. Voldemort était mort. Les manges-morts arrêtés ou tués. Quant à Narcissa Malfoy son corps gisait parmi les partisans de la lumière, sa propre sœur ayant mis fin à ses jours suites à sa traîtrise. De nombreuses cérémonies eurent lieux, des enterrements, une remise des prix qui n'avait pas lieu d'être, et suite à ce qu'il sembla des mois de malheurs mais qui furent seulement trois semaines, Rita Skeeters trouva un nouveau sujet d'article.
— « Hermione Granger, la créature non déclarée », grinça Molly à voix haute. Tu nous expliques Hermione ?
Putain. Comment s'était-elle retrouvée au milieu des Weasley à rendre des comptes sur ce qu'elle n'était pas ? Après sa dernière pleine lune sans transformation, ici avec eux, elle n'aurait jamais pensé être dans une situation pareille.
— Maman c'est toujours Hermione ! plaida Ron. Elle n'est pas tout le temps un monstre.
Un monstre. Voilà ce qu'elle était à ses yeux ? Aux yeux de son propre petit-ami ?
— Je ne suis pas un lycanthrope !
— Écoute ne nous ment pas Hermione, on te connaît, admit Ginevra.
Le cœur d'Hermione se serra un peu plus dans sa poitrine. Elle décida de partir à la nuit tombée, en fuite, encore, tout ça pour ne pas se retrouver dans le cabanon d'Arthur enchaîné durant la pleine lune. Heureusement Androméda l'accueillit à bras ouvert.
…
Ted grandissait à vue d'œil. Il avait deux ans maintenant, deux ans qu'Hermione subissait les retombées médiatiques des articles de Skeeters. Deux ans que les gens changeaient de trottoir lorsqu'ils l'apercevaient. Pourtant beaucoup l'avait vu les jours de pleines lunes. Les seuls à croire en ses paroles étaient Andy, Colin, Nott et Bill. Harry pensait qu'elle était dans le déni.
Elle avait rompu avec Ronald,… après tout elle était un monstre à ses yeux. Ils étaient toujours amis, mais ce fil se tordait et s'effilochait avec les années. Jusqu'à ce jour où les garçons lui donnèrent rendez-vous au ministère pour des papiers à signer spécial trio d'or. Cela arrivait souvent. La paperasse administrative. Des avis à donner sur tel ou tel loi. Tout le boulot d'un héro en sommes.
— Salut les garçons, leur sourit Hermione en traversant la cheminette.
— Hey Mione, salua Harry l'attrapant amicalement par le bras bien vite suivit de Ron. Tes missions externes se passent bien ?
Encadrée ainsi, la brune se sentit bien. Ils grimpèrent dans l'ascenseur.
— « Bienvenue au bureau de la gestion des créatures magique », les accueillit un secrétaire. Vous vous décidez enfin à vous enregistrer miss Granger ?
— Quoi ? Non ! Je ne suis pas…
— Aller Mione tout le monde le sait, il est temps maintenant. Kingsley en a assez, il nous a ordonné que ce soit fait cette semaine ou il t'enverra les aurors.
— Tu te moques de moi Ronald ? Harry dis-moi que c'est une blague…
— Je suis désolé.
Son air penaud parla pour lui. Avec force la jeune femme se dégagea de leur emprise, effectua un salto arrière et retomba sur ses pieds.
— Andy peut témoigner que je ne suis pas une lycanthrope ! cria-t-elle.
— Mais son gendre en était un ! Bien sûr qu'elle te protégerait, tu es sa préférée, rationnalisa Ronald avec un sourire gentil.
Il croyait bien faire. L'aider. Mais ce n'était pas le cas. Hermione tourna les talons, évitant de justesse un sortilège de la part du secrétaire.
— Désolé miss Granger nous ne pouvons pas vous laisser partir, vous devez vous enregistrer ou nous serons dans l'obligation de vous mettre en détention.
— Cela nous déplait autant qu'à toi Mione, rassura Harry.
Derrière elle apparut une armée d'auror, toute prête à l'arrêter. Son cœur recollé, par deux années de babysitting de son filleul adoré, se déchira à nouveau morceau par morceau et ne laissa qu'une nuée de tâche noirâtre au fond de ses yeux. Hermione passa le mode super-sorcière.
En moins de quatre minutes, l'armée d'auror gisait par terre et gémissait de douleur. Ronald assommé sur le sol, le secrétaire subissant le même traitement, Harry ligoté à une chaise ne parvenait à articuler un mot.
— La pleine lune était hier, si j'étais vraiment une lycanthrope crois-tu que j'aurai eu la force de me lever de mon lit ce matin ? Vous m'avez abandonné là-bas durant des jours, ils ont fais des expériences sur moi Harry, tu le sais et tu t'en fous, mais après ça tu ne pourras plus jamais l'oublier. Jamais.
Brutalement, Hermione imposa les souvenirs de sa capture au Manoir Malfoy à son « ami ». Harry hurla, hurla de douleur et comprit. Hermione n'était pas un lycanthrope, elle était blessée, perdue, brisée, une monstruosité créer par la science et elle n'était pas la seule. Il venait de se mettre à dos sa meilleure amie.
— Excuse-moi, supplia-t-il.
— Non.
Sur ces mots la jeune femme rentra chez elle, bravant tous les aurors du ministère, boucla ses bagages et foutu le camp après avoir embrassé Andy et Ted. Elle avait un soldat à sauver. Elle ne laisserait plus son désir de reconstruire un monde qui ne voulait pas d'elle entraver sa promesse. »
— Quelqu'un sait où est Zemo ? demanda Bucky tenant la femme dans ses bras comme si sa vie en dépendait.
Il ne la lâcherait pour rien au monde, inconscient des souvenirs qui la traversaient.
— On a pas le temps de jouer à cache-cache, crachota Hermione en ouvrant des paupières lourdes.
Son corps entier était douloureux, elle souhaitait juste… Elle l'ignorait, s'endormir là contre ce mur, mourir peut-être, juste… Éviter la douleur. Un bref instant ce fut son vœu. Avant qu'elle ne souvienne de sa promesse. Elle avait juré à Tonks et Remus de prendre soin de leur fils, de le chérir, de l'aimer, si elle mourrait maintenant elle le laisserait entièrement seul aux mains des Potter. Vive, la femme respira profondément. James était juste au-dessus d'elle, tenant sa tête, ses yeux pleuraient. Il ne s'en apercevait sans doute pas. Elle lutta pour ne pas effacer ses larmes. Lutta pour garder les paupières ouvertes.
— Attends je t'ai ma louve… murmura-t-il.
Merlin ce qu'elle allait détester ses mots, mais avait-elle vraiment le choix ?
Elle était Hermione Granger. Génie. Héroïne. Décrétée lycanthrope (par la sympathique Rita Skeeters). Sang-de-bourbe. Super-soldat. Mercenaire. Ministre. Elle devait être forte. Elle devait avancer. Des enfants s'injectaient le super-sérum pour faire admettre au monde leur point de vue. Elle ne pouvait pas les laisser faire ça sans leur prouver ce qui leur arriverait. Sans leur expliquer. Ils risquaient bien plus que leurs vies, ils risquaient leurs libertés, la sienne et celle de James par extension.
— Je n'ai pas besoin de ton aide James ! cria-t-elle en se redressant.
Un pied après l'autre, elle ignora la douleur et sortit en courant, bien vite suivit par ses acolytes. Ils rejoignirent Sharon sur le champ de bataille. Et quelle bataille ! Des balles sifflaient dans tous les sens, des femmes tombaient, des hommes hurlaient. Il ne lui fallut pas plus pour retomber dans ses vieux réflexes de guerre, des réflexes qu'elle n'abandonnait plus depuis des années.
— On y va à mon signal ! cria James, malheureusement Sam partit dans le mauvais sens. Putain il se fiche de moi !
— Je croyais qu'on devait se tirer par la gauche !
— Mais t'es parti de l'autre côté !
— C'était pour ouvrir la voie !
Ils se chamaillaient comme des enfants. Sharon essayait de les raisonner mais les hommes étaient monstrueux avec leurs égos mal placé, Hermione en avait eu l'habitude à l'époque, rester neuf mois enfermée avec deux garçons dans une tente créait de nombreux conflit.
— Les garçons ! C'est pas le putain de moment ! hurla-t-elle plus fort qu'eux.
Alors une nouvelle explosion retentit. Un homme sortit de nulle part, tua la plus part de leur assaillant alors que le groupe partait se cacher dans un containeur. À peine fut-il à l'intérieur qu'Hermione lança un léger lumos mobile à travers l'endroit. La petite boule de lumière flottait entre eux, illuminant les visages sales et le sang sur ses vêtements, adossée au mur elle accusa le regard de Sharon. Elle s'en méfiait comme de la peste. Cinq ans en politique formèrent la sorcière à reconnaître les tricheurs et manipulateurs quand elle en voyait et cette femme cachait de lourd secret. Elle le sentait.
— Putain Mione t'as l'air horrible.
— Merci Sam, tu sais toujours complimenter les filles à ce que je vois.
Bucky ne voulait pas tourner la tête vers elle, voir son état lamentable, il se rappelait trop de l'adolescente à moitié morte sur la table de métal. Du sang qui s'écoulait de ses blessures. Il préféra arracher la porte arrière.
— Mec… Tu sais les portes ont un loquet, il suffit de l'ouvrir.
— Ta gueule Sam, grogna-t-il.
Hermione s'était appuyée sur Falcon pour sortir lorsque Zemo arriva avec la une superbe voiture.
— Elle a la classe non ? demanda-t-il à l'assemblée.
— Il retourne en taule, admit Sam en déposant miss sorcière à l'arrière.
— On a besoin de lui, on est deux contre une bonne vingtaine.
— Trois ! Je suis là.
— Tu es blessée.
— Et je salope toute la banquette arrière, j'espère que tu as toujours des nettoyeurs pour ce foutoir Zemo, plaisanta-t-elle une main posée là où un bout de métal l'avait embroché.
— Je ne viens pas avec vous, annonça Sharon.
— Tant mieux, je t'aime pas.
— Elle n'a plus de filtre quand elle souffre, l'excusa Bucky à mi-voix. Reste tranquille Ved'ma, je vais sortir tes potions. Tu veux me parler de Teddy en attendant ?
Il essayait de la garder éveillée tandis qu'il cherchait frénétiquement les potions dans le sac de perle sans fond. Zemo le regarda très étrangement lorsqu'il y plongea son bras métallique jusqu'à l'épaule.
— Roule Zemo ! ordonna Sam.
— Il a grandi, il a les mêmes yeux que son père tu sais ?
— J'imagine.
— Andy était malade tu te souviens ? Le snap n'a rien arrangé. Elle est morte trois jours après son retour. Quand tu as disparu, je suis tombée dans le coma. Quand… Quand je me suis réveillée et que j'ai compris que tu reviendrais pas, que tout le monde avait perdu des gens, j'ai couru chez moi. C'est là que j'ai reçus un appel de la cheminette. Mon Teddy s'inquiétait de la disparition de sa grand-mère, elle était partie faire des courses mais n'était jamais revenu et son parrain ne répondait pas. Alors j'ai pris mes affaires et je l'ai rejoint. Mon louveteau courageux. Quand on est arrivé chez les Potter, Ginevra et le petit James avaient disparu. Harry était saoul, tellement saoul, Merlin je ne l'avais jamais vu ainsi… Il buvait sans s'arrêter. Et le bébé pleurait. Il pleurait si fort. Teddy a été incroyable tu sais ? Il a agi comme un vrai grand-frère, il m'a aidé avec le petit. C'est un grand garçon maintenant, il va passer ses Aspics avec un an d'avance, il est à poufsouffle tu sais ? Comme Tonks. Mais Ginevra… Ginevra m'a banni de la maison. Elle refuse que je vois mes enfants.
C'était sans doute sa nuit blanche, la douleur, ou qu'importe ce qui lui fit commettre cette erreur de grammaire remplaçant « les » par « mes ». Bucky déglutit péniblement et réussit à sortir les potions qu'il cherchait. Il les donna à Sam qui les fit boire à Hermione : elle s'endormit instantanément.
— J'image que tu n'avancera pas ton siège ? demanda Sam.
— Non.
— Branleur.
— Emmerdeur.
— Si vous la réveillez, vous vous débrouillez avec elle ! sonna Zemo.
Heureusement Bucky était assez sonné, par les révélations de sa copine non officielle, pour le contredire.
Ce ne fut qu'une fois qu'il l'eut entre ses bras qu'il fut rassuré, son pouls battait normalement, les blessures se refermaient toutes seules grâce aux potions et sa condition de super-sorcière. Sans dire un mot, il la monta dans l'avion et la drapa sur genou.
Merde il n'avait aucune envie de la quitter des yeux maintenant.
— Ça va ? demanda-t-il à Sam après le décollage.
L'homme paraissait vide, il n'affichait aucun sourire, n'admettait aucune blague. Quelque chose clochait.
— J'arrête pas de penser à tout ce que Sharron a enduré, et de la manière dont Nagel a parler d'Isahia. Tout ce qui arrive au nom de ce bout de métal, tu crois que c'est notre faute ? Je veux dire… Il a broyé tant de vie…
— Il a peut-être détruit des vies mais il en a beaucoup sauvé aussi, nota Bucky essayant de penser intelligemment.
— J'aurais du détruire ce foutu bouclier.
— Ce bouclier représente un tas de chose pour un grand nombre de personne, le monde est en plein chaos, il nous faut un nouveau Captain et ce ne sera pas Walker. Tu ne pourras jamais le détruire parce que je l'aurais repris avant.
Dans ses bras la sorcière remua un peu, ses yeux étaient vitreux et embrouillés par le sommeil.
— Hey Mione, tu vas mieux ? demanda Sam oubliant ses soucis.
— Comme si le magicobus m'avait roulé dessus, sourit-elle étrangement.
Un sourire que Falcon ne lui avait jamais vu, Bucky semblait très heureux de le voir essuyant un reste de sang sur sa joue avec l'attention d'un peintre sur son chef d'œuvre.
— Tu aurais pu y passer aujourd'hui, la sermonna le pigeon volant.
— Ce ne sera ni la première fois, ni la dernière.
— On va éviter de recommencer tu veux ? grommela Bucky.
— Ne ronchonne pas mon loup, je ne comprends absolument rien, pouffa-t-elle malade.
Immédiatement, Bucky porta sa main au front de la sorcière et grimaça. Elle était brûlante de fièvre. Zemo choisit son moment pour débarquer, amenant avec lui quelques douceurs.
— Merci, murmura Hermione en appréciant le chocolat chaud.
— Quand doit-on atterrir ? demanda Sam.
— Quelques heures, prenez un peu de temps pour vous reposer.
— Et vous laissez sans surveillance ? Non merci.
— Samy soit gentil, Zemo n'arrête pas de nous sauver la vie, pis il a perdu tout ceux à qui il tenait avec les conneries d'Ultron. Et ne ronchonne pas toi aussi. On a déjà assez d'un grincheux dans l'équipe.
— Alors qu'est-ce que ça fait de moi ?
— C'est l'histoire d'une sorcière, un ronchon, un pigeon et un duc dans un avion…
— Baron, corrigea Zemo amusé.
— Pigeon ?! Non t'abuse Hermione, je suis pas d'accord, je suis pas un pigeon !
— Ça te va bien pourtant Sam, annonça Bucky un rire dans la voix. Aller poupée essaie de dormir.
— Tu restes là ? demanda-t-elle d'une toute petite voix.
— Toujours.
Alors qu'Hermione se rendormait à moitié, elle resserra les bras de James autour d'elle comme une couverture et enfouit sa tête dans son cou.
Le portable de Sam se mit à sonner, encore, Bucky allait finir par l'écrabouiller et le jeter par-dessus bord si ce foutu téléphone continuait de sonner dans les moments inopportuns. Devant le regard mortel du grincheux de service, le Pigeon, euh je veux dire le Falcon décrocha son téléphone et raccrocha tout aussi rapidement avec une « bonne nouvelle ».
— On a retrouvé Madani, trop tard, elle est morte dans un camp de déplacé à Riga près de la mer Baltique.
— Parfait ! J'ai de quoi nous loger là-bas.
Sam attendit un long moment avant de reprendre la parole, s'assurant du sommeil profond de la blessée, il détesterait réveiller Hermione et subir la colère de Buck. Ce type était aussi bien luné qu'un sanglier en colère.
— On pourra pas l'amener avec nous sur le terrain, c'est trop dangereux.
— Je crois Sam, que miss Granger vous castrerez sur le champ si elle entendait vos propos. C'est une sorcière et une super-soldate ne l'oubliez pas, dans trois heures elle sera remise sur pied, nota Zemo. Regardez ses plaies commencent déjà à se refermer.
Personne ne lui donna tord. Le Pigeon, Falcon, bref Sam, demanda alors :
— Ça s'est arrangé votre dispute d'hier ?
Son collègue, ami, emmerdeur de première catégorie (juste derrière Walker), poussa un profond soupir et resserra encore un peu son étreinte sur la sorcière. Au fond de l'avion, peut-être Zemo écoutait-il, en fait oui il écoutait carrément, les deux ennemis jurés s'étaient trouvés une passion commune : le Buckymione. Et ils n'étaient pas prêts d'arrêter de les pousser dans ce sens !
— On a discuté ce matin… Et elle a arrêté un grand criminel de son monde cette nuit, ça l'a aidé à se calmer.
— Est-ce que je peux te poser une question ?
— Tu le fais déjà, grogna Buck.
— Il y a eu sa guerre, ça j'ai compris, mais toi tu étais pas en cavale en 2008, que s'est-il passé ?
— Je l'étais. Elle m'a ordonné de me sauver, je l'ai fais. Hydra m'a rattrapé.
— Et… continua Zemo tout aussi en attente de la suite, à croire qu'il allait demander un sachet de popcorn.
— Je me suis échappé.
— Et après…
— J'ai fuis.
— Buck ! On veut savoir quand est-ce que vous vous êtes retrouvé, geignit Sam de dépit.
— C'était juste après que j'ai sorti Steve de la rivière, se souvient Bucky nostalgique. Elle est apparue juste devant moi.
« Atout n'y comprenait rien. Atout était perdu. Il avait désobéi à la mission. Il avait sauvé le grand blond bariolé. Pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Une petite voix agaçante lui susurrait que Steve, parce que cette petite voix connaissait apparemment son nom, le connaissait et qu'il pourrait l'aider. Il marchait dans une direction au hasard, prenant soin de mettre en pratique tout ce qu'Hydra lui apprit un jour : être un fantôme, être un discret, ne jamais se faire repérer. L'homme marcha longtemps, très longtemps, jusqu'à un cabanon au milieu des bois. Il ne savait ni où il se trouvait, ni qui il était. Trois jours plus tard, alors qu'il chassait pour survivre, il entendit un bruit sec derrière lui.
Son demi-tour parfait, son poing de métal lancé en direction de l'intrus et son équilibre grandiose ne suffirent pas à atteindre son adversaire. Une femme, cheveux brun, frisé, yeux dorés, se tenait devant lui. Elle retenait sa main à un centimètre de son visage avec un sourire calme et apaisant. La petite voix s'agita. « La prisonnière ! La prisonnière ! » criait-elle, « elle vient tenir sa promesse !».
Atout ne pouvait s'empêcher de se demander : « mais putain de quelle promesse il parle ? ». Sur ses gardes, un brin étonné que l'inconnue ait réussi à contrer son attaque, il rabattit son bras contre lui et observa méthodiquement la fille. Elle n'était ni grande, ni épaisse, presque trop maigre. Des poches luisaient sur ses joues. La douleur brillait dans ses yeux. Le sérum coulait dans ses veines.
— Bonjour James… Tu ne te souviens pas de moi j'imagine ? demanda-t-elle calme. Je ne te veux pas de mal sache-le, est-ce que tu vas bien ?
La question perturba Atout. D'ailleurs pourquoi diable cette fille l'appelait-elle James ? Et pourquoi le blond l'appelait-il Bucky ? Et pourquoi tout était aussi confus ! Dieu ce qu'il détestait Hydra pour les lavages de cerveaux. Atout/James/Bucky, ou qu'importe son nom, ne répondit rien à la femme et attendit un seul mouvement brusque pour bondir.
Elle poussa un profond soupir et entama une marche en direction de la cabane, comme si elle connaissait déjà son emplacement. Méfiant le soldat voulu l'arrêter par la force, seulement sa petite voix agaçante le menaça de prendre le contrôle et de s'assommer lui-même contre un arbre s'il touchait à un cheveu de la « prisonnière ».
— J'ai vu les infos à la télé, je dois dire que ça m'a beaucoup aidé pour te retrouver. J'ignorais si tu étais toujours en vie en fait, mes amis me disaient que j'étais stupide de partir à la poursuite d'un fantôme, mais ils m'ont aussi accusé d'être une lycanthrope et de mettre en danger leur famille en ne me déclarant pas au gouvernement alors… Ils sont juste stupides. Ce n'est pas de leur faute, ce sont des sorciers. Elle est mignonne ta cabane James. Bien caché.
— Mmh.
— Oh Merlin il parle. Grandiose. Ils t'ont à nouveau lavé le cerveau c'est ça ?
Atout releva brusquement la tête à ses mots. La femme était au courant ?! Assise sur un tronc d'arbre juste à côté de son « domicile », elle le regardait droit dans les yeux et parla en français.
— Si tu veux, je pourrais t'aider avec ton esprit mais pour ça il faut que tu me fasses confiance. Au fait, je suis Hermione Granger.
Elle lui tendit la main avec attente, Atout l'ignora ou du moins ne su quoi en faire. Il finit par la serrer.
— … Je ne sais pas qui je suis.
— Tu t'appelles James Buchanan Barnes.
Ces mots renvoyèrent le soldat à ses souvenirs de la guerre sorcière, il tomba lourdement sur la terre humide, se tenant la tête de douleur alors que les sons, les lumières et les images affluaient dans son cerveau. Il sentit plus qu'il ne vit, une main douce lui caresser les cheveux.
— Hey respire, tout ira bien.
Sa tête reposait contre son ventre, sa respiration sifflait, il se souvenait enfin de quelque chose, pas de la partie la plus glorieuse de sa vie d'amnésique mais la petite sorcière améliorée lui suffisait.
— Si j'ai survécu c'est grâce à toi James, je ne te ferais jamais de mal.
Elle lui parlait comme s'il était un petit animal blessé, et malheureusement il en donnait l'image. James, car maintenant Atout savait s'appeler James, apprécia le contact de la sorcière pour se relever. Il la surplombait de quelques centimètres.
— M… Merci Ved'ma.
— Est-ce que c'est du russe ? Qu'est-ce que cela signifie ?
— Sorcière.
Un grand sourire étira les lèvres de la femme brune et James sût à cet instant qu'il la suivrait jusqu'au bout du monde.
…
Cela faisait trois mois, trois mois qu'ils vivaient comme des fugitifs, mais aujourd'hui c'était fini. Ved'ma possédait un appartement en Roumanie, miteux, mais cela était bien plus qu'un simple sol de terre et de pierre. Bucky avait mis un moment avant d'accepter les séances de soin magique de Ved'ma, plus par peur pour son esprit que par manque de confiance. Il avait bien plus confiance en la jeune femme qu'en lui-même. Après son travail dans les champs, pour ne pas rester à l'appartement à ne rien faire, Bucky rentra au refuge avec un sourire incertain sur les lèvres.
— Et bien, ce n'est pas tous les jours que je te vois avec une joie pareille, nota Ved'ma lorsqu'il rentra et déposa sa maigre paye dans un bocal.
D'une main experte, ou « assurée », la jeune femme tricotait un pull épais pour cet hiver qu'importe qu'il ait quatre manches et deux trous pour la tête, Bucky le porterait quand même. Immédiatement le soldat se plaça derrière elle, sur le seul matelas, qu'il possédait et enfouit sa tête dans ses cheveux s'accrochant à elle comme à une bouée de sauvetage.
— J'avais une sœur… murmura-t-il. Rebecca.
— Ah oui ? Comment était-elle ?
Ved'ma posait toujours des questions, plus ou moins précises en fonction de ses souvenirs, elle l'aidait énormément. Merde. Bucky ne savait pas ce qu'il ferait sans elle.
— Elle était plus petite que toi, avec de long cheveux noir et elle jurait tout le temps, j'entends encore la voix d'une femme dire qu'elle ne réussirait jamais à la marier… Je crois,… Je crois que c'était ma mère.
Un sourire nagea sur les lèvres de l'homme au souvenir, il revoyait la fillette courir devant lui dans les rues de Brooklyn, son meilleur ami Steve « trottiner » si on peut appeler ça comme ça, la poursuivre en riant (en tentant de ne pas s'étouffer avec son asthme).
— A-t-elle réussi à se marier ?
— Je… Je sais pas.
— Ce n'est pas grave James, je suis contente que tu te souviennes de ta petite sœur. Dis-moi que penses-tu de ce pull ?
— Il est horrible.
— C'est bien ce que je me disais, même Dobby ne l'aurait pas porté alors qu'il mettait absolument tout ce que je lui tricotais.
— Donne, ordonna l'ancien soldat, détachant son bras de métal du ventre de la jeune femme et attrapant le pull. Moi je le mettrais.
— Il est hideux James, rit-elle.
— C'est pas grave Hermione.
— Ok d'accord…
…
Bucky se sentait bien. Assit sur le parquet froid, sa tête reposant entre les jambes de la sorcière alors qu'elle massait ses tempes et usait de sa magie de l'esprit sur lui. Plus les jours passaient, plus il y voyait clair. Ved'ma essayait d'atteindre les mots clefs permettant de le déclencher, malheureusement avant ça elle devait passer par une montagne de souvenir douloureux et/ou oubliés. Elle était consciente de ses cauchemars, de ses hurlements la nuit, mais elle en faisait aussi, si bien qu'ils avaient fini par abdiquer et dormir dans le même lit pour se réconforter.
Noël était passé, il s'en souvenait parfaitement, avec lui la venue d'un petit être très étrange et d'une femme tout aussi étrange. À cet époque jamais il ne vit femme porter de corset, or Mme Androméda Tonks ne sortait jamais sans. Quant à la petite boule d'énergie que Ved'ma appelait filleul… James. Il s'en méfiait comme de la peste. La chose revendiquait Ved'ma comme la sienne et l'ex-soldat n'était pas d'accord du tout. C'était sa sorcière. Sa poupée. Sa louve au croc acéré.
Dire qu'elle n'avait pas aimé qu'il combatte mentalement un enfant de six ans était un euphémisme.
— Ted est mon filleul James, je l'aime, il est mon louveteau et ça tu ne pourras jamais me l'enlever.
— Mais je… Il te touche les cheveux, bouda Bucky sous le regard éberlué de la vieille sorcière.
La petite chose monopolisait les bras de Ved'ma et s'endormait paisiblement après une grosse crise de larme, sa main triturant sa chevelure.
— Il a toujours adoré mes frisottis, ça le calme quand il est en colère. Écoute James, je t'aime aussi, tu n'as pas besoin d'être jaloux c'est un enfant et je l'aime comme s'il était le mien. Toi, je t'aime pour un tas de raison mais certainement pas comme si tu étais mon fils.
Rassuré l'homme sourit, évitant de regarder la petite chose bleuté avec jalousie pour apaiser sa sorcière. Comme si Androméda et Ted n'existaient pas, Ved'ma posa sa main sur sa joue rugueuse et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Il l'avait embrassé pour la première fois trois jours plus tôt, alors qu'il se réveillait d'un énième cauchemar. Elle était là, belle comme un cœur à s'inquiéter pour lui, il n'avait pas su résister. Depuis il s'endormait tout les soirs après un baiser, les battements du cœur de Ved'ma le calmait comme une dose de tranquillisant pour cheval. »
Bucky ne raconta pas tout, chérissant ses souvenirs avec l'ardeur d'un pirate pour sa carte au trésor. Leur année paisible, la tentative de meurtre de Zemo sur eux après les évènements d'Ultron puis leur séparation brusque et involontaire pendant la guerre civil des Avengers.
— Quand elle a débarqué au Wakanda elle a battu Steve et T'Chala au combat, et hurlait partout que s'ils ne lui disaient pas où ils me séquestraient elle mettrait feu et sang aux pays.
— Effrayante. Tout bonnement effrayante.
— C'est une mercenaire. On voyageait par moyen magique, effectuait des missions pour les gouvernements magiques ensemble, on s'entrainait et vivait.
— J'ai entendu Nott l'appeler « princesse déchue », de quoi cela vient-il ? demanda Zemo.
— À l'école il était réparti en quatre maisons, serpentard, serdaigle, poufsouffle et gryffondor. Chacune d'entre elle représentait des traits de caractères bien spécifiques des enfants. Elle avait deux meilleurs amis Ron et Harry, ce dernier est la seule personne au monde à avoir survécut au sortilège mortelle, ils se battaient chaque année contre le retour d'un mage noir. Toute l'école la surnomma alors princesse des lions avant sa cinquième année.
— Chelou leur principe, nota Sam. Bon, bonne nuit les gars.
— Bonne nuit… Pigeon.
— Buck ! s'insurgea l'homme oiseau.
