Aujourd'hui, je n'ai peut-être pas eu le temps de fêter mon anniversaire, mais j'ai le temps (et l'énergie) d'écrire, et ça me fait vraiment plaisir après presque deux semaines sans avoir l'opportunité de le faire.
J'ai actuellement un peu plus de 10 chapitres d'avance, ce qui me permet de pouvoir faire ce genre de choses sans perturber le rythme de parution, et c'est vraiment cool!
Bonne lecutre!
La cérémonie de bénédiction des nouveau-nés avait été une autre épreuve.
Zalinn était venue les chercher un peu plus tard, et ils s'étaient préparés, avec des peintures rituelles d'ocre et de guède et des ornements, puis tous ensemble, ils étaient partis à la lueur des torches dans les bois, jusqu'à un gigantesque arbre dont le tronc toujours vivant avait été sculpté pour former le corps de la déesse, ses branches devenant ses bras et son feuillage, sa chevelure.
Là, chaque clan s'était assis à sa place dédiée, selon l'ordre consacré. Ilinka s'était assise dans le cercle des torches, derrière Zalinn, mais devant les mâles, qui se massaient dans les ombres alentour.
Le rituel avait commencé, reprenant encore une fois ce chant désormais familier, alors que les nouveau-nés étaient solennellement présentés à toute la tribu, recevant leur nom un à un, du dernier-né au premier-né.
Lorsque vint le tour de l'aîné – que Salm'ti avait nommé Giss'ah –, Ilinka faillit bondir sur ses pieds, alors que la femelle se tournait vers la grande statue, tendant l'enfant hurlant à bout de bras, en un geste d'offrande.
Zalinn dut la forcer à rester assise alors qu'elle luttait, une terreur viscérale lui déchirant les boyaux, tandis que Gassi'mk, le père, ombre fantomatique sous ses longs cheveux détachés, s'avançait, un grand couteau d'obsidienne à la main.
« Ilinka, assise ! » siffla Zalinn, menaçante pour la première fois.
« Ils vont le sacrifier ! Ils vont le sacrifier ! » ne put-elle que sangloter, l'image atroce de la petite tête tranchée et pourrissante comme celles qu'elle avait vues en arrivant sur cette planète lui obscurcissant le champ de vision.
« Oui, et tu ne vas pas gâcher le rituel. ASSISE ! » siffla Zalinn, alors que de plus en plus de regards tantôt perplexes, tantôt outrés se tournaient vers eux.
L'ordre claqua, implacable, et elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Sa panique monta d'un cran et, incapable de respirer, Ilinka ne put que se couvrir les yeux et attendre. Un enfant allait mourir et elle ne pouvait rien faire. Rien faire !
Elle tremblait à en avoir mal aux muscles, mais était incapable de faire réagir ses jambes, lourdes comme du plomb.
Un grondement agacé la fit frémir. Elle n'avait jamais vu Zalinn énervée. Et là, elle sentait sa colère. Dans son odeur, et dans l'Esprit. Cette colère froide la terrifiait.
« Regarde ! »
Serrant les yeux encore plus fort, elle se ratatina un peu plus. La gifle sonna à ses oreilles avant qu'elle n'en ressente la douleur.
« Regarde ! »
Zalinn ne la forcerait pas à le faire. Mais ne souffrirait pas qu'elle lui désobéisse.
Entre ses doigts tremblants, elle entrouvrit un œil. Le rituel s'était poursuivi.
Elle ne comprit pas tout de suite.
Giss'ah pleurait toujours, sa tête bien attachée à son petit torse, couvert d'un sang beaucoup trop vert. Gassi'mk, la lame de son grand couteau poisseuse de sang, levait les mains bien haut, implorant la déesse de bois vivant, priant que le sang offert protège le sang gardé. Que la vie offerte protège la vie gardée. Ses prières terminées, il retourna la lame d'un geste habile, et s'entailla profondément le torse, jusqu'à faire apparaître l'os sous la chair, grimaçant à peine sous la douleur.
Il posa ensuite sa main gauche sur la plaie béante, laissant le sang couler entre ses doigts puis, d'un geste solennel, bénit son fils, mêlant son sang au sien, avant d'enfin appliquer la marque sanglante de sa paume sur le tronc, au-dessus d'une minuscule empreinte de main fraîchement plaquée.
Ils n'allaient pas tuer l'enfant ?! Ilinka se redressa un peu, écartant un peu plus les doigts devant ses paupières. L'enfant allait vivre ?!
Habilement, Salm'ti échangea le nouveau-né contre la lame et répéta le rituel, mêlant son sang à celui de ses proches sur le tronc.
Puis toute la tribu reprit la prière en chœur, alors que les jeunes parents posaient la main gauche de chacun de leurs autres fils nouveau-nés sur la marque sanglante.
Ilinka se mit à rire, d'un petit rire incrédule, alors que la crise de panique refluait. Ils n'avaient jamais eu l'intention de sacrifier leur bébé ! C'était juste un peu de sang. Juste un tout petit peu de sang. La Reine-sans-nom le lui avait dit pourtant ! Avant, chacun donnait de son sang à la Déesse. Personne ne mourait !
Qu'elle avait été bête ! Elle aurait dû savoir que jamais les Im'amî n'auraient sacrifié un de leurs propres rejetons !
Sans qu'elle puisse en discerner l'exact moment, la cérémonie devint une fête, chacun célébrant par des chants et des danses ces nouvelles vies merveilleuses, et Zalinn la laissa aller, avec un simple avertissement.
« On en reparlera demain. »
Ce n'était pas une menace. Il y aurait des conséquences à ses actes, mais elle n'avait plus peur.
Ici, les wraiths n'étaient pas les monstres qu'ils étaient partout ailleurs.
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« Madame, vous avez demandé à me voir ? » s'enquit poliment le scientifique, dissimulant mal sa curiosité derrière son salut respectueux.
« Ah ! Silmalyn. Vous voilà enfin ! Asseyez-vous. » l'invita Rosanna, désignant une des chaises libres à la grande table.
Après quelques instants de considération, il choisit la troisième chaise à sa droite, suffisamment près pour qu'ils n'aient pas à crier pour s'entendre, suffisamment loin pour qu'il ne semble pas tenter d'entrer dans ses bonnes grâces.
« Du thé ? » s'enquit-elle.
« Je laisse cela aux humains, Majesté. » répondit-il, faisant la grimace alors qu'ignorant sa remarque, elle se levait pour lui servir une tasse – qu'il dut bien prendre à contrecœur.
« Il va falloir vous y mettre, mon cher. Je vous envoie sur Terre. »
Le wraith se figea, la tasse qu'il reniflait oubliée dans ses mains.
« Je vous demande pardon, Rosanna Gady, mais pourquoi ? »
« Pour que vous vous formiez à la médecine, voyons. »
Carrant les épaules, il reposa le breuvage fumant.
« Madame, sans vouloir vous manquer de respect... Je doute qu'une race... hum, un peuple... relativement arriéré comme les Terriens, puisse m'apprendre plus que ce que je sais déjà... »
Secouant la tête avec amusement, elle prit une gorgée de thé.
« Ah, Silmalyn. Quelle vanité... Vous vous pensez meilleur que les grands chirurgiens terriens ? »
« Sans aucune doute, Madame. J'ai étudié les documents d'Atlantis. »
« Oh... Vous avez lu un ou deux manuels de médecine urgentiste militaire, et vous voilà un expert ? »
Il verdit sous la moquerie à peine cachée.
« Madame, dois-je vous rappeler que la physiologie humaine est un de mes principaux champs d'expertise ? »
Elle sourit avec patience.
« Silmalyn, avoir disséqué des tas de gens ne veut pas dire que vous sachiez les soigner. Juste que vous savez très bien à quoi ils ressemblent en-dedans... »
« Je ne fais pas que disséquer des gens. » s'offusqua-t-il.
Elle soupira, reposant sa tasse.
« Ça suffit. Le sujet n'est pas ouvert à discussion. Vous êtes actuellement le meilleur médecin que nous ayons, et l'essentiel de votre savoir vient de PDF d'Atlantis et de vieux rebouteux pégasiens. C'est insuffisant. Vous allez aller sur Terre, où vous suivrez un cursus médical complet. Les modalités ont été discutées avec le brigadier Schmidt. Vous n'aurez aucun traitement de faveur, et devrez réussir les examens. Vous commencerez en propédeutique, et suivrez la formation standard des médecins suisses. Je vous laisse choisir les spécialisations qui vous intéressent. Dans tous les cas, vous aurez suivi une formation de base et acquis toutes les connaissances nécessaires qui vous font encore défaut. »
« Mad... »
« Suffit, j'ai dit. Vous ne serez pas seul : deux de vos congénères vous ont précédé et sont déjà en train de suivre une formation du même ordre (1). Sans compter Fillal'mar, qui participe à un projet de physique appliquée. Voici votre pendentif. » répliqua-t-elle, faisant glisser sur le plateau de bois le bijou métallique.
Le scientifique prit ce dernier sans enthousiasme aucun.
« J'ai déjà programmé votre apparence humaine. Vous avez deux jours pour préparer votre départ. L'Utopia ne vous attendra pas pour décoller, alors ne traînez pas, et allez vite expliquer à vos assistants quelles seront leurs tâches durant votre absence. A titre indicatif, elle devrait durer entre sept et onze années terrestres, ce qui nous donne entre six et dix nouvelles années ouman'shiis. »
« Madame... » grinça-t-il.
Elle ricana.
« Ne me dites pas que c'est long pour vous. Quel âge avez-vous, déjà ? »
Il ne répondit pas, détournant la tête.
« Bien. Des questions ? »
« Et si j'échoue ? » demanda-t-il, montrant les dents.
Elle se pencha, appuyant son menton sur ses mains.
« Vous n'échouerez pas, Silmalyn de Silla. Votre fierté ne vous le permettra pas. » répondit-elle avec un sourire. « Une autre question ? »
Il ne bougea pas tout de suite.
« Et si je vous trahissais... Si je révélais l'emplacement de votre précieuse planète natale à mes congénères ? »
Elle ne broncha pas, ne se déparant pas de son sourire amusé.
« Vous ne le ferez pas. »
« Qu'en savez-vous ? J'ai déjà trahi ma précédente reine... dont j'étais imprégné. » siffla-t-il, défiant.
« Justement. Vous avez trahi Silla, par souci pour vos frères. Vous ne ferez jamais rien qui mettrait l'ensemble des fils de Silla en danger. Révéler l'emplacement de la Terre fait partie des choses qui les mettraient en très grand danger, et vous le savez pertinemment. »
« En sommes, ce sont vos otages... »
Elle fit la moue.
« Pas vraiment. Une garantie de sécurité, c'est certain... Et si cela peut vous donner un peu de cœur à l'ouvrage, dans les années à venir, nous allons vraiment avoir besoin de véritables hôpitaux, et de médecins formés pour soigner les humains toujours plus nombreux qui nous rejoignent. Et il faudra quelqu'un pour prendre la tête de ce corps médical... »
Il sourit, découvrant une longue ligne de dents translucides.
« J'aimerais dire que vous avez changé depuis notre première rencontre... mais ce serait mentir, Rosanna Gady... »
« Je serais navrée de vous décevoir, Silmalyn. »
Il se leva.
« Je doute que cela soit possible, Madame. Maintenant, veuillez m'excuser, mais je dois préparer mon départ. »
« Je ne vous retiens pas. »
« Madame. » salua-t-il, s'apprêtant à partir.
« Oh, une dernière chose ! »
Il attendit, sans vraiment se retourner.
« Faites en sorte que la prochaine fois que nous nous voyons, je puisse vous appeler docteur. »
« A vos ordres, Rosanna Gady. »
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Le lendemain de la fête, Zalinn l'emmena un peu à l'écart.
« Je peux savoir ce qu'il t'a pris ? » lui demanda-t-elle.
Ilinka hésita.
« Je... J'ai cru qu'ils allaient le tuer. Lui enlever la tête. » murmura-t-elle finalement.
« Quoi ?! » rugit Zalinn, levant une main menaçante.
Ilinka se ratatina un peu. Elle avait été stupide de croire une chose pareille, et en faisant une scène, elle avait ridiculisé Zalinn devant toute la tribu. La reine inspira à fond et soupira.
« Je ne vais pas te frapper, voyons ! » siffla-t-elle, blessée.
« Je suis désolée. » murmura Ilinka d'une voix tremblante, fixant le sol.
Zalinn soupira encore.
« Moi aussi. Je ne sais pas d'où tu viens, mais pour croire des horreurs pareilles, tu as dû vivre des choses terribles. Je ne connais personne qui sacrifierait un membre de sa propre tribu. Encore moins un enfant ! J'ai entendu dire que très loin d'ici, vers le grand Océan des Âmes, il y a des tribus qui chassent d'autres clans pour offrir leurs proies en sacrifice à la Déesse. Mais même eux ne sacrifient pas leurs propres enfants ! »
Si seulement elle pouvait en dire autant...
Zalinn réfléchit un moment.
« En vérité, je doute que la Grande Mère apprécie beaucoup que l'on gâche la vie de ses enfants pour l'honorer. Quel honneur y a-t-il là-dedans ? Tu ne crois pas ? »
Elle haussa les épaules.
« Je ne sais pas... »
« Moi non plus... mais il est certain qu'il est impératif que tu en apprennes plus sur nos coutumes... que ce genre d'incident ne se répète pas... » musa la reine.
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« Tu as rangé tes affaires ? » s'enquit télépathiquement Astralymn.
« Oui. L'impression des matrices cristallines pour le réseau secondaire est toujours en cours. Mais j'ai briefé Gillaym et il s'en occupe. » répondit Rory, sans cesser de boutonner sa veste d'uniforme.
« Bien. Alors tu peux disposer. Sois là demain à la première heure, je veux que ce soit toi qui installe les matrices dans le système neuro-filaire . »
« Entendu. Bonne fin de journée. » salua-t-il, adressant la fin de sa phrase à tous les scientifiques du laboratoire.
Quelques saluts mentaux lui répondirent, alors qu'il quittait le complexe au pas de course. Il s'était laisser emporter par son travail et n'avait pas vu le temps passer.
Il était en retard, et à n'en pas douter, le transport censé l'emmener sur Oumana était parti sans lui. Il allait devoir convaincre le responsable de la baie à Darts de lui en prêter un s'il ne voulait pas louper la session extraordinaire des conseils villageois des différentes agglomérations formant la ville sans nom qui servait de capitale terrestre aux Ouman'shiis. Session extraordinaire qui était d'une importance primordiale, puisqu'elle avait pour objet l'adoption du double calendrier tel qu'originellement proposé par Ilinka, et à présent défendu par son humble personne.
Son éventuelle absence serait vue comme un signe de désintérêt de la part des wraiths par les membres du conseil, et en particulier par les plus réticents. Pas question que son étourderie fasse basculer les électeurs indécis et échouer le vote !
« Maître Regel'mar, j'ai besoin d'un transport immédiat pour Oumana. » lança-t-il, aussi directement et poliment que possible, n'attendant pas d'être arrivé à la baie pour contacter télépathiquement l'officier en charge.
Le dédain du chargé le frappa sans pitié.
« Je ne vais pas prêter un de mes chasseurs à un feignant retardataire. Tu avais une place sur le transport numéro quatre-cent douze. » répondit ce dernier.
« Je sais. Mais je n'ai pas pu prendre ce transport. Je dois être sur Oumana dans moins d'une heure ! Je me fiche d'être pilote ou pas ! Je dois descendre. »
Regel'mar ricana.
« Parce que tu crois que je vais déranger un pilote pour une larve comme toi ? »
Hors de question d'échouer à cause de l'ego boursouflé d'un officier !
« Maître Regel'mar, je dois descendre sur-le-champ. J'agis sous mandat de Sa Majesté Rosanna Gady, et je n'aurai aucun scrupule à lui signaler que vous entravez activement et sans raison valable la mission qu'elle m'a confiée. Allez-vous m'aider, ou dois-je la déranger ? » grinça-t-il arrivant enfin sur le pont deux de la baie.
Se dévissant la tête, il devina la minuscule silhouette de l'officier qui le fixait avec dépit depuis son nid d'aigle, sept ponts plus haut.
« Soit. Je mets un transport à ta disposition, larve. Sur le pont treize, emplacement vingt-deux. »
Ravalant un juron, Rory passa du trot à la course. Bien sûr, il l'envoyait sur le pont le plus éloigné de sa position actuelle ! Salaud !
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« Heu... Salut. Tu es Galor ? » s'enquit Ilinka, s'approchant timidement du jeune mâle.
L'intéressé, occupé à tirer un paquet de piquets de bois, se retourna. Grand, élancé, la peau tirant sur le bleu-vert et les yeux sur le vert-doré, il la détailla avec curiosité.
« C'est moi. Et toi, tu es la nouvelle fille de Zalinn, c'est ça ? »
« Oui. » murmura-t-elle, intimidée malgré elle.
« Yalin'ka, c'est bien ça ? »
« Heu... non, c'est Ilinka. » répondit-elle.
« Ilinka ? C'est très joli. Que puis-je faire pour toi, Ilinka ? »
« Heu... Tikan m'a dit que si je voulais participer à une chasse au gros gibier, je devais voir avec toi... »
« C'est juste ! Je suis le chef du groupe de chasse des manges-chairs. »
Elle opina, ne sachant trop quoi dire de plus. Il la détailla un moment.
« Tu sais chasser ? »
« Un peu. Je sais poser de collets et des pièges, et plus ou moins suivre une piste... et aussi achever, vider et écorcher des bêtes. Mais j'ai pas souvent participé à des chasses au gros gibier. »
Il opina.
« Mais tu as déjà chassé. C'est bien. Tu sais utiliser une arme ? »
« Heu... Je... je sais tirer à l'arc. »
« Mmmh... Vas-y, montre moi. » exigea-t-il, ramassant un petit arc de chasse et le lui tendant.
L'arme était en bois, souple et légère. Markus lui avait appris à tirer. Pas avec son arc à lui, bien sûr, mais avec des arcs composites terriens. Celui qu'elle tenait à présent était rudimentaire. Mais elle n'aurait pas mieux.
« Qu'est-ce que je dois viser ? » demanda-t-elle.
« Le tronc, là-bas. » statua Galor, lui désignant un arbre un peu à l'écart des autres.
Testant la corde à vide une ou deux fois, elle prit le temps de viser avant de tirer.
La première flèche toucha sa cible, mais de peu. Il lui en tendit une autre, qui fut plus proche du centre. La troisième le rata de peu, et la quatrième toucha pile au milieu.
Le mâle partit les récupérer, grondant alors qu'il bandait ses muscles pour les arracher à l'écorce.
« Trois sur quatre, à cette distance, c'est pas mal. Et tu as de la force, c'est bien. Tu as déjà utilisé une sagaie ? »
« Non, jamais. Mais une lance, un peu. »
« Les lances, c'est bien pour tuer une bête prise au piège. Ça ne sert à rien si tu es en train de lui courir après. Viens, je vais te montrer. » répliqua-t-il, la ramenant vers son tas de piques de bois.
Il en prit une, la soupesant dans sa main.
« Ça, c'est une sagaie. Pour la lancer, tu la tiens comme ça, et le mouvement, c'est ça. C'est tout le bras qui bouge, pas juste le poignet. » expliqua-t-il, mimant le geste.
Elle opina.
« Tiens, essaie. »
Elle obéit, tâchant de mimer son geste.
« Non, attends. (Il vint se placer sans son dos, corrigeant sa position.) Comme ça. Maintenant, lance-la. »
Elle obéit et le bout de bois s'envola à quelques mètres, telle une grosse flèche.
« Pas mal. Mets ton coude, un peu plus ici... et voilà. Réessaie. » murmura-t-il, son souffle chaud dans sa nuque.
Elle tâcha de faire comme il avait dit, trop consciente de sa présence juste derrière elle pour vraiment se concentrer sur la sagaie, qui partit se perdre dans les fourrés.
« Encore. » l'encouragea-t-il, allant chercher toute une brassée de projectiles.
Elle obéit, alors qu'il se postait à côté d'elle, lui tendant sagaie après sagaie, commentant et corrigeant chacun de ses tirs avec pédagogie.
(1) Les deux sont bien entendus Astiiym et son camarade, qui apparaissent au chapitre 39
