CHAPITRE 10 : Quand les Verseaux perdent leur sang-froid
Courage, chevaliers d'Or ! Vous devez traverser les douze maisons du Zodiaque, défendue chacune par un chevalier de Bronze, pour sauver Aioros, dont le coeur a été percé d'une flèche !
Dans la neuvième maison, Hyoga et Milo se remémorent leurs bons souvenirs. C'est Milo qui venait garder Hyoga lorsque Camus allait voir sa maman en cachette. Le Cygne et le Scorpion ont fini par créer des liens. Après "papa" Camus, la famille de Hyoga s'est agrandie avec "tonton" Milo.
Un jour, Hyoga a plongé rejoindre sa maman dans l'eau. Pris dans un tourbillon, il a perdu connaissance. Milo l'a remonté, et comme le coeur de Hyoga ne battait plus, le chevalier du Scorpion l'a "soigné" en lui infligeant l'Aiguille Écarlate.
- Super ! sourit Milo. Son sang circule à nouveau !
Milo a ensuite porté Hyoga chez le Seigneur Cristal pour le transfuser.
- Soigneur ! corrige Cristal.
Ah oui, ici c'est "soigneur" et pas "seigneur".
Milo a même appris à Hyoga à faire des petits trous avec son doigt.
- Par la Mitraillette du Cygne !
C'est comme cela que Hyoga a obtenu l'armure du Cygne. Camus n'a pas trop apprécié que son disciple ait réussi sans utiliser une technique basée sur le froid, et il était à deux doigts de punir Milo avec sa technique interdite, la Colère du Frigo. Il s'agit d'un violent coup de frigo sur la tête. Elle est interdite car le frigo périt lors de l'attaque.
Neuvième maison du Zodiaque. Le duel tant attendu entre Hyoga et Milo va enfin commencer !
- Milo... J'avais confiance en toi ! Pourquoi t'es-tu rebellé ?!
- Rebellé ?! Mais on défend Athéna, nous !
- Saori est un être sans coeur, et tu le sais. Dans ces circonstances, le Grand Pope, représentant d'Athéna sur Terre, vaut bien mieux qu'elle !
- Tu parles de ce salaud qui a diminué nos salaires, et qui a augmenté nos loyers et nos taxes ?
- Je vois qu'il est inutile de discuter plus longtemps avec toi...
La mine de Hyoga s'attriste.
- Tu ne me laisses pas le choix. Je vais devoir te tuer, tonton Milo...
Après un moment d'hésitation, chacun lève son index et attaque :
- Par la Mitraillette du Cygne !
- Par l'Aiguille Écarlate !
Le premier assaut a été largement dominé par le chevalier du Scorpion qui a évité toutes les attaques de son adversaire, alors que lui-même faisait mouche.
- C'est moi qui t'ai appris la Mitraillette du Cygne. Tu ne pourras pas me battre avec une technique que je t'ai enseignée !
Pourtant, Hyoga ne semble pas contrarié.
- Et toi tonton, tu ne pourras pas me battre avec l'Aiguille Écarlate, car tu t'en es déjà servi contre moi lorsque tu m'as réanimé. Je connais le point sur lequel appuyer pour annuler les effets de ton Aiguille !
Malgré tout, ils repartent à la charge, Hyoga espérant toucher Milo, et Milo espérant que Hyoga bluffe. Mais après quatorze piqûres, Hyoga n'a toujours pas perdu une seule goutte de sang.
- Tu vois ? confirme Hyoga. Tu as dépensé toute ton énergie pour rien. Rends-toi !
- Pareil pour toi !
- Oui mais moi j'ai encore d'autres attaques en réserve. N'oublie pas que papa Camus est aussi mon maître !
Sitôt dit, Hyoga exécute sa danse du Cygne. Milo pouffe de rire.
- C'est censé me faire mourir de rire, c'est ça ?
- Par la Poussière de Diamant ! réplique Hyoga.
Milo ne bouge même pas, sûr de lui. Pourtant, l'attaque de Hyoga finit par le transformer en statue de glace. Hyoga verse une larme-glaçon.
- Pardonne-moi, tonton Milo. Mais ça devait se terminer ainsi.
Crac ! La glace se fissure et se brise. Milo est indemne.
- Je viens de te démontrer que ton froid est trop faible pour me vaincre ! Alors, abandonne !
- Pas question ! D'autant plus que je suis immunisé contre ton Aiguille.
- C'est vrai, mais je peux piquer ailleurs...
Milo lève le bras et troue le plafond.
- Vois-tu, je peux atteindre n'importe quelle cible avec l'Aiguille Écarlate, n'importe où dans le monde. Un bateau en Sibérie, par exemple...
Instantanément, le visage de Hyoga pâlit.
- Je vois que tu as compris ! se réjouit Milo. Laisse-moi passer, sinon je tire sur ta maman !
La température de la pièce chute soudainement de manière vertigineuse. Maintenant, Hyoga est plein de colère envers son tonton.
- Comment oses-tu prendre ma maman en otage ?! Tu vas me le payer !
Une goutte de sueur perle sur le front de Milo. Il réalise que Hyoga a atteint le septième sens ! Le chevalier d'Or tente de calmer le jeu :
- C'était une blague ! Du bluff ! Jamais j'aurais fait de mal à ta maman !
Rien à faire, le regard de Hyoga est toujours aussi glacial.
- PAR LA POUSSIÈRE DE DIAMANT ! rugit-il.
Cette fois, ressentant un froid intense, Milo préfère esquiver. Il y parvient de justesse.
- Oui, car même si tu as lancé cette attaque à la vitesse de la lumière grâce au septième sens, tu venais juste de l'utiliser. Et une même attaque ne peut surprendre deux fois un chevalier !
- Dans ce cas, je vais en utiliser une autre !
Hyoga pointe son index vers Milo, comme un pistolet.
- Tu veux encore utiliser la Mitraillette du Cygne ? T'as rien écouté de ce que je viens de te dire à l'instant !
Hyoga tire sur Milo qui est soudain retenu prisonnier par des anneaux de glace. Bien qu'il fasse un froid extrême, le chevalier d'Or est en sueur.
- Impossible ! J'arrive pas à me libérer !
- Maintenant que tu es immobilisé, je vais t'achever !
- Non attends ! panique Milo.
- Par la Poussière de Diamant !
Les cristaux de glace viennent s'intercaler entre les anneaux, emprisonnant Milo dans une sorte de tonneau de glace. Hyoga s'approche de son adversaire et, maintenant que le combat est terminé, sa colère retombe. Il verse même de nouvelles larmes-glaçons.
- Malgré le fait que tu aies menacé maman, tu restes mon tonton. Alors, je t'offre une fin digne d'un prince.
Hyoga se retourne et s'éloigne à pas lents.
- Adieu, tonton Milo.
Crac ! Hyoga fait volte-face. Une fissure est apparue sur le tonneau de glace. La fissure s'étend de plus en plus et la prison de Milo s'effondre peu à peu. Le chevalier de Scorpion en sort en grelottant.
- Tonton Milo ! Comment as-tu fait ?!
L'intéressé se remet fièrement bien droit et fait briller son cosmos doré.
- Tu as oublié un élément capital : je porte une armure d'or ! Celles-ci sont capables de résister aux froids de canard les plus intenses ! Pour geler une armure d'or, il te faudrait atteindre la rosée absolue !
- Non, le zéro absolu !
- Bref ! Tant que je porterai cette armure, tu ne pourras jamais me battre ! Ha ! Ha ! Ha !
Ce combat est sans espoir pour Hyoga ! Alors qu'il est sur le point de tomber à genoux, désespéré, l'armure du Scorpion quitte soudain son propriétaire ! Elle se reforme et s'envole au loin, sous le regard désemparé de Milo.
- Mais... Un scorpion, ça vole pas !
- Sans armure, te voilà à ma merci ! clame Hyoga.
Milo tremble de tous ses membres. Il tente de garder son sang-froid. Facile quand il fait très froid !
- Je te l'ai déjà dit, Hyoga. Une même attaque ne peut me surprendre deux fois !
- Dommage pour toi, je te les ai pas encore toutes montrées.
Le Scorpion panique davantage. Tout à coup, on entend des bruits de pas. Quelqu'un vient d'entrer dans la maison, par la sortie.
- Papa Camus ? s'étonne Hyoga. Pourquoi as-tu fait demi-tour ?
- Il y a trop de soleil, dehors. Tu peux me prêter un parasol, s'il te plaît ?
- Viens m'aider ! crie Milo.
Camus regarde son ami, confus.
- Pourquoi t'as copié la technique du strip-tease du disciple du papy ?
- Mon armure m'a quitté !
- C'est arrivé à l'un d'entre nous récemment... se rappelle Camus.
- Oui, à Masque-de-Mort !
- Oui ! Son armure l'avait quitté car il avait été méchant.
Deux secondes de silence.
- T'insinues que je suis méchant ?! grogne Milo.
- Non ! Pas du tout ! ... Enfin, pas toujours.
- Pas toujours ?!
- Oui, t'as torturé Scorpion Noir et Verseau Noir. Et avant eux, Dio de la Mouche.
- Je les ai pas tués !
- Mais tu les as torturés ! Et ils étaient sûrement pas les premiers !
- Supposons. Comment je récupère mon armure ?
- Pour Masque-de-Mort, il a eu comme un remords avant de récupérer son armure. Essaie d'avoir des remords !
- Mais j'ai aucun remords !
- Tes victimes ont quand même beaucoup souffert !
- Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, donc je leur ai rendu service !
Hyoga interrompt leur dialogue :
- Excuse-moi, papa Camus, mais je dois terminer mon combat contre tonton Milo.
Ce dernier s'affole.
- Camus, file-moi ton armure !
- Tu sais bien qu'on ne peut pas porter les armures des autres. Sauf les armures des chevaliers du Zodiaque quand elles le veulent bien. Après tout, l'armure du Loup est bien venue en aide à Masque-de-Mort.
- Alors, si je te suis bien, il ne me reste plus qu'à espérer qu'une daube de Bronze vienne à mon secours ?! Mais elle ne résistera jamais au froid de notre disciple !
- "Notre" disciple ?! se fâche Camus. MON disciple !
- Puisqu'on parle de moi, intervient Hyoga, je peux terminer mon combat avec tonton ?
À la vitesse de la lumière, Milo vient se placer derrière Camus et pose son ongle sur son cou. Il regarde Hyoga.
- Pas un geste ou il meurt !
Hyoga retrouve immédiatement toute sa colère.
- Après avoir menacé maman, tu oses t'en prendre à papa ?!
- Exactement ! Laisse-moi passer, ou adieu papa !
Camus n'en revient pas.
- Tu oses me prendre en otage ?! Tu bluffes, pas vrai ?
- Pas du tout !
- T'es sérieux ?!
- Oui !
- Pourquoi ?!
- Hyoga a atteint le septième sens. Sans mon armure, il me transformerait en statue de glace !
- C'est pas si mal, comme fin. C'est même une fin digne d'un prince !
- Tu vas pas t'y mettre, toi aussi ! T'es givré pour penser comme ça !
- "Givré" ? C'est un compliment pour moi !
- Maintenant tais-toi ou je te fais un trou dans le cou !
C'est au tour de Camus de s'affoler sérieusement.
- MAMAN ! ! ! AU SECOURS ! ! !
- Mais... commence Hyoga. Maître Camus, votre maman...
- Dis-lui que je l'aimais et que mes dernières pensées étaient pour elle !
- Mais votre maman, tout comme ma maman, a péri dans un naufrage !
- Non, ma maman est toujours en vie !
Hyoga en reste sans voix.
- Je sais que j'aurais dû te le dire plus tôt, mais j'ai pas pu ! Pardonne-moi !
Long silence.
- Dis quelque chose ! l'enjoint Camus.
- Vous voulez dire que j'ai une grand-mère ?
- Voilà ! répond Camus, soulagé.
- Une mamie que j'ai jamais connue ?
- Oui ! C'est cela !
Le regard du Cygne s'assombrit de plus en plus.
- Toutes ces années, vous êtes allé voir votre maman sans moi, son petit-fils ! Comment avez-vous pu ! Je ne vous le pardonnerai jamais !
L'aura de Hyoga devient menaçante. Milo le rappelle à l'ordre :
- Hé ! Je te rappelle que j'ai un otage !
- Camus n'est plus un otage car il n'est plus mon père. Je le renie ! Et toi Milo, étant son frère, tu n'es plus mon tonton ! Je vais vous éliminer tous les deux en même temps !
Les deux chevaliers d'Or prennent peur devant l'immense cosmo-énergie déployée par leur disciple.
- Par la Mitraillette du Cygne !
Milo et Camus évitent les coups.
- Fais quelque chose, c'est ton disciple après tout ! se plaint Milo.
- Ah tiens maintenant, c'est juste le mien ?! réplique Camus, mécontent.
Hyoga repart à la charge, toujours aussi furieux :
- Par la Mitraillette du Cygne !
Et cela dure plusieurs minutes, Hyoga n'écoutant plus que sa colère. Jusqu'à ce que la maison du Cygne, trouée de toutes parts, s'écroule. Cela n'est pas étonnant vu que toutes les maisons du Zodiaque sont, à la base, délabrées.
Les chevaliers d'Or sortent péniblement des gravats. Camus a amorti le choc grâce à son armure, et Milo a fait pareil en restant sous Camus. Le Scorpion se retrouve même nez à nez avec son armure en émergeant des décombres.
- C'est seulement maintenant que tu reviens, toi ?! l'engueule-t-il.
- Aide-moi à chercher Hyoga ! crie Camus.
- Pour qu'il nous attaque à nouveau ?!
- Il a vidé toutes ses forces dans ses attaques répétées. Il doit être en train d'agoniser !
Nos deux héros retrouvent leur disciple sous les débris. Hyoga ouvre péniblement les yeux.
- Papa ? Tonton ?
- C'est nous ! répondent-ils en choeur.
Camus s'assied près du chevalier de Bronze.
- Excuse-moi, Hyoga. Je te promets qu'on ira voir ma maman, ta grand-mère, très bientôt !
- Merci... Au fait, elle a coulé où, elle ?
- Comment ça ? répond Camus, confus.
- Où a eu lieu son naufrage ?
- Dis, tu te sens bien ?
- J'ai mal à la tête. Et quelle est cette maison en ruine ?
- Tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé ?
- Non. Que s'est-il passé ?
- On était dans ta maison, et soudain, elle s'est écroulée !
- Ma maison ?! pâlit Hyoga.
- Ne t'inquiète pas. Viens chez moi quand tu veux !
- Et chez moi aussi ! ajoute Milo.
Hyoga les prend tous les deux dans ses bras et pleure.
- Merci, papa. Merci, tonton.
Après un long câlin, Camus fait tomber de la neige et fabrique un igloo. Il y dépose délicatement Hyoga pour que celui-ci se repose.
- Papa, raconte-moi une histoire.
- Une histoire ? s'étonne Camus. Mais tu ne me demandes jamais d'histoire, d'habitude !
- Raconte-moi une histoire ! insiste Hyoga.
- Je connais pas d'histoire, moi.
- Allez s'te plaît !
- Très bien, je vais essayer. Il était une fois...
Camus cherche la suite. Hyoga l'encourage :
- Vas-y, continue !
Le chevalier du Verseau improvise :
- Il était une fois un gentil chevalier des Glaces qui se faisait attaquer par un vilain chevalier d'Argent...
...
Quelques jours plus tôt...
Camus se présente de bonne heure devant son magasin préféré d'électroménager. La veille, le gérant lui a envoyé ce mail :
"Cher monsieur Camus, étant donné que vous êtes notre meilleur client, nous voudrions vous présenter en primauté notre tout nouveau modèle de frigo. Un frigo-lit avec glaçons à volonté qui vous fera ressentir l'hiver du pôle Sud ! ! N'est-ce pas ce dont vous avez toujours rêvé ? Et pour vous, meilleur client, ce frigo sera à moitié prix ! ! ! Je vous donne rendez-vous demain matin à huit heures devant la boutique."
Camus est arrivé un quart d'heure en avance. Piaffant d'impatience, il fait les cent pas devant l'entrée, un parasol dans une main et un éventail dans l'autre, pour survivre sous le soleil imposant.
À huit heures, il est toujours seul.
- Ha ! Ha ! Ha ! ricane soudain une voix derrière lui.
Camus se retourne et découvre un chevalier d'Argent.
- Le gérant t'a invité aussi ? s'étonne-t-il.
- Pas du tout ! Tu es tombé dans mon piège !
- Quel piège ?
- Je t'ai attiré ici, sans armure, et en plein soleil !
- Tu veux dire que c'est toi qui m'as envoyé ce mail hier ?
- Voilà !
Le chevalier du Verseau prend un air outragé.
- Sois maudit ! J'ai passé toute la nuit à penser à ce nouveau frigo révolutionnaire que j'ai pas pu fermer l'oeil !
Le chevalier d'Argent ricane de plus belle.
- Sans armure, sous le soleil et fatigué ! Tu seras une proie bien facile ! En garde !
Camus range prestement son éventail.
- Tu comptes te battre avec une seule main ? l'interroge son adversaire.
- Tu pourrais au moins te présenter pour que les lecteurs sachent qui tu es.
- Tu es un chevalier des Glaces. Ils auront deviné que le Grand Pope a envoyé Babel du Centaure pour te régler ton compte !
- Moi, c'est la première fois que je te vois. Pourquoi serais-tu mon pire adversaire ?
Un rictus aux lèvres, Babel répond en faisant apparaître une boule de feu dans sa main.
- La chaleur, c'est ton point faible ! fanfaronne-t-il.
Une boule de glace se forme dans la main de Camus.
- Et le froid, ce serait pas le tien, de point faible ?
- Mes flammes peuvent faire fondre un glacier !
- Mon froid peut geler de la lave !
- Mes flammes sont plus chaudes que l'Enfer !
- Mon froid frise le zéro absolu !
Babel en reste sans voix quelques secondes.
- Tu bluffes !
Puis il passe à l'attaque :
- Fotia Foufra ! ... Non ! Fouti Rofofa ! ... Non plus !
- Par la Poussière de Diamant ! lance Camus.
Paniqué, Babel contre-attaque :
- Par l'attaque imprononçable du Centaure !
La glace du Camus éteint le feu de Babel et gèle son casque. Malgré cela, le Centaure est en sueur.
- Mais... C'est pas possible !
- Tu as de la chance que je me sois retenu ! Maintenant, rends-toi !
- Non ! C'est sûrement parce que j'ai mal prononcé mon attaque !
Babel crée deux nouvelles boules de feu, une dans chaque main.
- Fotia Roufihtra ! crie Babel.
- Par la Poussière de Diamant !
- Inutile ! Cette fois, j'ai bien prononcé le nom de mon attaque, tu es perdu !
Pourtant, Camus sort indemne de l'assaut. Alors que les avant-bras de l'armure du Centaure se cristallisent et tombent en morceaux.
- Dernier avertissement ! le prévient Camus.
Babel reste désemparé quelques secondes. Jusqu'à ce qu'il ait une idée. Il court et défonce la porte du magasin.
- Hé ! crie Camus. Tu vas rembourser les dégâts !
- Attrape-moi si tu peux !
Pourquoi Babel l'attire-t-il à l'intérieur, à l'abri du soleil ? Camus comprend lorsqu'il le voit... derrière un frigo. En voyant le visage blême du Verseau, Babel sourit jusqu'aux oreilles.
- Oui, tu as tout compris, ce frigo est mon otage !
Babel forme une nouvelle sphère de feu au creux de sa main.
- Tu vas te laisser faire sans réagir. Sinon, je tue ce frigo !
Camus subit l'attaque sans bouger... et sans en souffrir.
- Tricheur ! s'énerve Babel. Tu as formé un bouclier de glace autour de toi !
- C'était pas interdit !
- Si ! Comme punition, je tue ce frigo !
- Non attends ! panique Camus.
Trop tard ! Babel rôtit le frigo devant lui et en prend un autre en otage.
- Maintenant laisse-toi faire ou j'en tue un autre !
En face de Babel, Camus gèle de colère. Il perd son sang-froid tout en le gardant, en quelque sorte. Babel commence à sérieusement craindre pour sa vie.
- Pas un geste ou...
À la vitesse de la lumière, Camus le frappe et l'envoie valser à plusieurs mètres, loin des frigos. Babel, doublement tremblotant à cause du froid et de la peur, rampe à reculons.
- Pi... Pitié... bafouille-t-il. Je rembourserai tout ce que j'ai cassé !
Camus enferme le frigo calciné dans un cercueil de glace et ensuite le lève au-dessus de sa tête, devant Babel.
- Pitié ! Pitié ! s'affole ce dernier.
- Par la Colère du Frigo ! assène Camus de toutes ses forces et avec toute sa rage.
BAM ! Le casque gelé de Babel a à peine amorti le choc.
...
... et le chevalier des Glaces vécut heureux et eut beaucoup de frigos ! conclut Camus.
Hyoga s'est assoupi paisiblement durant l'histoire de son maître, le sourire aux lèvres. Camus retrouve Milo à l'extérieur de l'igloo. Le Scorpion lui tend un parasol.
- Tiens, j'en ai trouvé un pour toi.
- C'est pour te faire pardonner de m'avoir pris en otage ?
- Mais je bluffais ! Tu me connais, non ?
- Mouais... répond Camus, pas convaincu.
- En tout cas, on a de la chance que notre disciple soit devenu amnésique.
- NOTRE disciple ? MON disciple !
- Bien sûr ! Tu peux continuer ta route. Moi, je veille sur Hyoga.
- Non. TU peux continuer ta route. JE veille sur Hyoga.
- J'ai plus confiance en mon armure, je reste ici.
- Et moi j'en ai marre de courir dans les escaliers, surtout par cette chaleur !
Finalement, les deux chevaliers d'Or décident de rester où ils sont.
- Après tout, il reste encore huit d'entre nous pour aller jusqu'au Grand Pope.
- Et ils n'ont plus que trois maisons à franchir. Ça sert à rien qu'on bouge d'ici !
À peine ont-il pris leur décision que Saga les rejoint. Souvenez-vous, il avait courageusement retenu Ikki en prenant Shun en otage ! Le chevalier des Gémeaux arbore ses deux yeux au beurre noir et ses nombreux hématomes avec le sourire. Milo et Camus ne le comprennent pas.
- Pourquoi t'as l'air si content ?
- Parce que le Phénix a tabassé le parasite qui squatte mon corps !
- Tu parles ! se répond Saga. C'est TOI le parasite qui s'est fait tabasser !
- Non c'est toi !
Difficile de les mettre d'accord... Impossible, plutôt ! Après s'être plusieurs fois tordu les bras, les jambes, le nez et les oreilles, Saga s'adresse à ses deux collègues :
- Vous faisiez une pause ?
- Non, en fait, on va rester là. Les autres se débrouilleront bien sans nous ! Ils sont huit pour trois maisons à franchir.
- Bande de tire-au-flanc ! aboient Saga et Saga. Qui sait s'ils n'auront pas besoin de nous !
- Peut-être, répond Camus qui préfère rester bien au froid contre l'igloo et sous son parasol. Mais ils sont déjà loin, on a trop d'escaliers de retard !
- Tout à fait, approuve Milo. Et notre flash-back, à Hyoga et à moi, a été si long que les autres sont sûrement déjà chez le Pope !
- Et si on les rejoignait tout de suite ? propose Saga.
- Et comment ?
- Grâce à l'Autre Dimension, on peut en quelque sorte se téléporter là où se trouvent nos collègues.
- Vraiment ?!
- Oui. En théorie.
Camus et Milo n'ont pas l'air rassurés.
- En théorie ? Tu veux dire que t'as jamais essayé ?
- Non, il faut au moins être trois pour réaliser cette technique. Le parasite et moi ne sommes que deux. Donc, vous allez joindre vos forces à la mienne. (puis tout bas) Et on va laisser le sale parasite ici !
- Mais t'as jamais testé cette technique avant ! Et si ça foire ?
- Alors, on recommencera jusqu'à ce que j'arrive à l'endroit voulu !
Saga et Saga se concentrent pendant que Milo et Camus croisent les doigts, anxieux.
- Ça y est, j'ai repéré huit cosmo-énergies, tout près d'ici ! annonce le Gémeaux. Concentrez-vous !
Les trois chevaliers d'Or unissent leurs cosmo-énergies, et Saga passe à l'action :
- Que se crée... une Autre Téléportation !
Pouf ! Ils disparaissent... et réapparaissent dans les douches des femmes-chevaliers !
- Hiiiiiiiiiiiiiii ! ! ! crie l'une d'elles.
Immédiatement, Marine et Shina passent à l'attaque. Nos trois voyeurs, ayant l'instinct de survie, repartent aussi vite qu'ils sont venus...
- Que se crée une Autre Téléportation !
... et reviennent à leur point de départ.
- On a eu chaud ! soupire Milo.
- Chaud ? répète Camus, confus.
- Les griffes de Shina nous ont fait froid dans le dos ! soufflent Saga et Saga.
- Froid ? demande Camus, de plus en plus confus.
- Le poing de Marine était si proche que j'en avais déjà mal aux dents ! ajoute Milo.
- Heureusement, elles portaient leurs masques, fait remarquer Camus.
- C'est bien la seule chose qu'elles portaient ! rougit Milo.
- Bon, on réessaie, décide Saga.
- Mais il vaut mieux qu'on se camoufle avant, sinon elles vont nous étriper ! raisonne le Scorpion.
- Non, on réessaie de rejoindre nos collègues ! précise Saga.
Milo fait la moue.
- Dommage...
Ils se concentrent à nouveau. Saga détecte huit autres cosmo-énergies regroupées.
- Que se crée une Autre Téléportation !
À peine sont-ils arrivés que Saga, Milo et Saga grelottent.
- Il fait bon, ici ! sourit Camus, aux anges.
- Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? leur demande Siegfried, en plein repas avec les autres Guerriers Divins.
- Mais ils sont sept, pas huit ! remarque Milo.
Car Bud s'est furtivement dissimulé sous le tapis que désignent Saga et Saga.
- On a failli trébucher sur cette grosse bosse.
Albérich se lève d'un bond de sa chaise.
- Ce sont des chevaliers d'Athéna ! Ils sont venus nous espionner ! À l'attaque !
Sitôt dit, Fenril montre les visiteurs du doigt et s'adresse à ses loups :
- À table, les enfants ! Le dîner est servi !
Les chevaliers d'Or, assaillis de toutes parts, repartent en septième vitesse :
- Que se crée une Autre Téléportation !
Cette fois, ils s'invitent à la réunion des Généraux de Poséidon. Saga et Saga dévisagent Kanon.
- Que fais-tu ici, toi ?!
- C'est nous qui devrions vous poser la question ! lance sévèrement Thétis.
- Tu nous avais jamais dit que tu avais un frère jumeau, Kanon ! remarque Bian.
- Ou c'est peut-être des triplés ? déclare Kaza en se transformant en Saga... ou en Kanon, au choix.
Le Dragon des Mers, exaspéré, se redresse vivement et crie :
- Bande d'imbéciles, reprenez-vous, ce sont des chevaliers d'Athéna !
Comme il pointe nos héros du doigt, Milo l'imite.
- Tu connais aussi cette technique ?
Io de Scylla fait pareil.
- Oui, je connais le Dard de l'Abeille !
- Suffit ! s'énerve Kanon. Les chevaliers d'Athéna sont nos ennemis ! Tuez-les !
De nouveau en infériorité numérique, les chevaliers d'Or prennent la fuite...
- Que se crée une Autre Téléportation !
... et se retrouvent une fois de plus au point de départ. Milo s'écarte avant que Saga ne recommence.
- Hé ! Où tu vas ?!
- Essaie de te concentrer un peu mieux ! Sinon la prochaine fois, on pourrait bien atterrir en Enfer !
- Si c'est le Cocyte, l'Enfer gelé, ça me va ! déclare Camus.
- Pourquoi je suis ami avec lui... soupire Milo.
Après une courte pause, ils se remettent en place.
- Ne cherche pas obligatoirement huit personnes, conseille Camus. Peut-être qu'ils ne sont plus ensemble, après tout.
- On pourrait se téléporter près d'Aioros... commence Saga.
- ... et ensuite le téléporter chez le Pope pour qu'il le soigne ! termine Saga.
- Pas bête ! le félicite ses deux compagnons.
- C'était MON idée ! s'énerve Saga. Tu m'as coupé la parole, sale parasite !
- Toi-même ! Et c'était MON idée !
Saga est sur le point de se jeter sur lui-même. Mais il se ravise. Une fois que je me serai téléporté avec Milo et Camus, tu seras tout seul ici, maudit parasite ! se réjouissent les deux Saga.
- Que se crée une Autre Téléportation !
Ce nouvel essai les conduit dans une vaste salle, avec un homme masqué devant un trône.
- Le Grand Pope ! ! ! s'exclament Camus et Milo.
- Saleté de parasite, tu nous as encore suivi ! enrage Saga à l'intention de lui-même. Que se crée une Autre Téléportation !
Pouf ! Ils apparaissent devant Saori et connaissent la pire frayeur de leur vie devant son expression furax. Et en plus, elle tient sa cravache ! On est finalement arrivés en Enfer ! s'affolent-ils.
Instinctivement, à la vitesse de la lumière, ils quittent cet endroit hostile :
- Que se crée une Autre Téléportation !
Saori se trouve toujours dans la première maison du Zodiaque, celle du Petit Renard. Et elle tient un dessin de Kiki dans sa main. Il a dessiné le visage de Saori chauve, avec des cornes, de grandes dents, une grande langue fourchue, et de grands yeux rouges où luisent des cravaches. Quelques heures plus tôt, le chevalier du Petit Renard avait été aspiré dans le bras du chevalier d'Acier du Toucan, il ferait bien d'y rester !
Beaucoup plus haut, huit chevaliers d'Or poursuivent l'ascension du Sanctuaire. Pour la première fois, Shaka court comme les autres.
- Trop fatigué de léviter ? le nargue Shura.
- Pas du tout ! s'empourpre Shaka. Je fais aussi travailler les muscles de mes jambes. Je pourrais avoir des crampes en gardant toujours la position du lotus.
- J'ai l'impression que les escaliers sont de plus en plus longs... se plaint Aphrodite.
- Je veux bien croire Kiki qui disait que personne n'a encore jamais réussi à traverser les douze maisons, ajoute Aldébaran. Ces escaliers sont une telle torture !
Quant à Aior, il est certain de toucher le coeur de Marine quand il lui expliquera que, pour sauver son grand frère, il aura traversé les douze maisons du Zodiaque et grimpé des milliers d'escaliers.
- Vivement qu'on en finisse ! râle Masque-de-Mort. Mes têtes-locataires me manquent !
- Je me demande qui se fait passer pour le Grand Pope... réfléchit Mû à haute voix. Qui a bien pu évincer Maître Sion ?
Dohko, tranquillement assis sur les épaules du Taureau, marmonne quelque chose.
- Que dites-vous, Vieux-Maître ? s'enquiert le Bélier.
- La lance la plus dure... Le bouclier le plus solide...
- Quel rapport avec le Grand Pope ?
Le chevalier de la Balance sursaute.
- Aucun ! Je répétais une légende.
Alors que Masque-de-Mort allait le rabrouer, Aphrodite s'exclame :
- On arrive enfin !
La dixième maison du Zodiaque est en vue ! Un individu se tient de toute sa splendeur devant le seuil, torse nu, dos et tatouage visibles.
- C'est qui ce clown ? demande Masque-de-Mort.
Dans le prochain épisode...
Shiryu et son tatouage font fièrement face aux ennemis en surnombre ! Pourront-ils s'en sortir à seulement eux deux ?
- Je suis là, mon Shishi ! accourt Shunrei.
Trois !
- Oh ! s'exclame soudain le Dragon. Un ours, un renard et un lapin !
Six ! Ils sont six à barrer la route aux chevaliers d'Or !
Bref, un peu de sérieux...
- Que vous êtes séduisant, Vieux-Maître !
Un peu de sérieux, j'ai dit !
- Sachez qu'un Dragon peut mourir, mais qu'il ne meurt jamais seul ! profère Shiryu, solennel.
Intimidés par la menace et le tatouage de Shiryu, les chevaliers d'Or vont sûrement faire dans leur pantalon ! Vont-ils renoncer et rentrer chez eux ? À suivre !
- Et toi, rêves-tu aussi d'entrer dans la chevalerie ? vous demande gentiment Saori, une cravache et une selle en mains.
