Un serment des Maraudeurs
Le secret de Tunie

Pétunia Evans, treize ans, avait les larmes aux yeux lorsqu'elle scella la lettre qu'elle allait envoyer avec la chouette nouvellement acquise de sa sœur Lily. Elle voulait tellement aller à Poudlard avec elle ! Il n'y avait eu qu'une seule invitation pour l'Ecosse et c'était sa sœur qui l'avait eu. Mais si elle demandait …

Le pli s'envola et avec lui, les espoirs de la jeune fille.

§§§§§

C'était décidé, Pétunia ne comprenait plus sa sœur !

Depuis qu'elle était entrée à Poudlard, l'école de sorcellerie de Grande Bretagne, l'aînée de la sororité ne reconnaissait plus Lily ou plutôt, découvrait une facette que les bruits de couloirs lui avaient murmuré quand elle était plus jeune. Adulée pour son visage agréable, sa chevelure rousse et ses yeux verts, la beauté de Lily lui était visiblement montée à la tête dans une école remplie de personnes qui ne l'avaient pas vu grandir. Oh, elle était gentille et serviable, on ne pouvait pas le lui enlever, mais l'attention autour d'elle lui faisait croire que ce qu'elle pouvait dire ou faire serait immédiatement suivi sans discussion et surtout, qu'elle aurait toujours raison, une impression de Pétunia qui se confirmait au fur et à mesure des vacances qu'elle passait à la maison.

Âgée de seize ans et venant de terminer ses BUSES, la rousse terminait de tempêter sur la fin de sa relation amicale avec Severus Snape, son ami depuis l'âge de huit ans.

-Arrête-moi si je me trompe, fit Pétunia. Tu n'adresses plus la parole à Severus parce qu'il t'a traité de sang de bourbe, c'est ça ?

-Il n'avait pas le droit ! s'indigna Lily

-Il t'a insulté alors qu'il venait de se faire humilier devant toute l'école par un garçon qui le harcèle depuis des années ? poursuivit Pétunia. Tu ne penses pas qu'il avait des circonstances atténuantes, là ?

-Mais j'étais son amie ! protesta Lily

-Vraiment ? railla Pétunia. Peux-tu me dire alors pourquoi tu n'as jamais défendu Severus quand ce Potter l'agressait ?

Lily se figea, interdite.

-Tu oublies que Severus est également mon ami, qu'il me parle et m'écrit régulièrement, railla Pétunia. Il me raconte tout ce que ces Maraudeurs lui font, même devant tes yeux, et qu'il est choqué que tu leur tombes dessus mais jamais pour le défendre. Et avant que tu ne me dises que je raconte n'importe quoi, j'ai assisté à plusieurs « conversations » sur le quai neuf trois quarts qui confirme sa version des faits et complète admirablement la tienne.

-Il ne devrait pas réagir à leurs provocations ! s'écria Lily

-Il ne devrait pas se défendre quand on l'attaque ? s'étonna Pétunia. Est-ce que tu t'entends parler ? Ce n'est pas parce que le fils d'un lord te courtise que tu dois tout lui pardonner !

-Pardon ? fit Helen, leur mère

-Cela fait à peu près un an qu'un garçon de la classe de Lily lui demande de « sortir » avec lui, renseigna Pétunia. Et tout autant que Lily le fait attendre et ferme les yeux sur son comportement criminel.

-Tu ne comprends rien ! cracha Lily

-Tu es sûre ? ricana Pétunia. Ce n'est pas plutôt que tu es vexée que je ne me voile pas la face sur tes actes, impressionnée par ton physique avantageux ? Avoue, tu as voulu te venger de Severus qui avait arrêté de t'aider avec tes devoirs pour se concentrer sur ses propres BUSES pour obtenir les meilleures chances de devenir maître de potions.

La rougeur sur les joues de la rousse la trahit mais elle se reprit assez vite pour fusiller sa sœur du regard et quitter la pièce en claquant la porte. Pétunia soupira lourdement, un jour ou l'autre, elle allait la rendre folle.

§§§§§

Si elle le pouvait, Pétunia aurait giflé sa sœur !

Non contente de sortir avec le persécuteur de Severus, Lily avait réussi à convaincre leurs parents qu'il serait de bon ton que sa sœur soit mariée quand elle épouserait ce Potter et qu'elle deviendrait lady. En conséquence, en revenant d'un voyage scolaire, Pétunia avait découvert qu'elle avait été fiancée au fils d'un propriétaire industriel du Surrey qu'elle avait épousé la veille de ses dix-huit ans sans qu'elle n'ait son mot à dire. Pire, la rousse s'était « aimablement » proposée de protéger magiquement sa maison à cause de la guerre qui faisait rage côté sorcier. Conséquence, Pétunia était coincée dans un mariage malheureux avec un homme rustre qu'elle n'avait même pas choisi et qui l'avait trompé dès le jour même de leur mariage !

Pétunia avait découvert l'influence de Lily dans la décision de leurs parents alors qu'ils déjeunaient chez elle et qu'ils se plaignaient de l'absence de petits-enfants alors qu'elle était mariée depuis plus de deux ans. Après cet aveu involontaire, la jeune femme serrait les dents pour s'empêcher de donner le fond de sa pensée : comment leur dire que l'homme qu'ils avaient « choisi » avec tant d'amour – elle ne serait même pas étonnée que comme pour la décision de la marier, Lily ait mis son grain de sel – était violent dans l'intimité d'un lit, que quand il regagnait son « foyer », il avait les odeurs de d'autres femmes sur lui et c'était à la limite s'il ne s'en vantait pas. Oui, si des générations de femmes avant elle pouvaient s'en accommoder, ce n'était vraiment pas son cas et avoir des enfants dans ces conditions avec en plus un homme qu'elle n'aimait pas encore moins.

Et que dire du reste de la famille Dursley ! Pétunia savait que sa belle-mère était décédée quelques années plus tôt mais si elle se fiait à ce qu'elle voyait de Vernon, son beau-père devait être l'un de ces bons pères de famille qui s'adonnaient à tous les vices une fois les garants de sa bonne réputation couchés ou loin des yeux, au choix. Quant à Marjorie, enfant pourrie gâtée élevée dans la vénération de son frère, ne faisait même pas l'effort de se chercher une situation, persuadée qu'ils viendront à elle. Ah oui, bien sûr, tous les trois avaient comme sport national de la dénigrer et de lui faire endosser la responsabilité de tous les vices de Vernon.

Si elle s'écoutait, Pétunia aurait pris ses affaires et aurait quitter sans attendre cette maison écœurante où elle devait jouer la petite famille parfaite, peu importe ce que pouvait penser ses parents et sa chère sœur. Malheureusement, elle était coincée car Vernon avait pris soin de lui prendre une partie de ce dont elle avait besoin pour aspirer à sa liberté.

Mais elle ne s'inquiétait pas. La vengeance était un plat qui se mangeait froid et ses adversaires allaient l'apprendre de première main.

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Il avait fallu deux heures à Pétunia pour revenir du choc et pour se retenir de maudire un mort.

Ici une morte, et il s'agissait de Lily Evans.

Cela faisait des années – plus exactement, depuis qu'elle était mariée – que la relation entre les deux sœurs était définitivement brisée. Mais l'aînée s'en était rendue compte quand sa cadette s'était présentée à sa maison escortée de son mari hautain, du meilleur ami de ce dernier fouineur … et d'un adorable poupon d'un an. Lily les lui avait présenté – respectivement James Potter, son époux, Peter Pettigrow, leur ami, et Harry Potter, son fils – avant de lui jouer la comédie de la visite de famille sans pour autant cacher sa satisfaction que sa sœur soit bien moins lotie qu'elle. Pétunia avait cependant des yeux et avait noté sur le nourrisson les vêtements tâchés depuis plusieurs jours, les langes pleines ou encore, les lèvres légèrement craquelées, signe de déshydratation. En sachant que la rousse avait coupé tout lien avec le monde normal, il était clair qu'elle ne savait pas, si la grossesse et l'accouchement ne lui avaient pas remis les idées en place, qu'un enfant n'était pas une jolie poupée qu'on exhibait et qu'on laissait dans un coin quand on n'en avait plus besoin. Intérieurement, elle avait plaint l'enfant de grandir dans une telle ambiance de négligence.

Mais la question ne se posait plus puisque Lily et son mari étaient morts.

Et leur bébé lui avait été laissé sur le pas de la porte par une froide nuit d'automne.

Pétunia avait eu la présence d'esprit de cacher l'enfant endormi dans le placard sous l'escalier avant que Vernon ne se lève ainsi que la lettre qui était dans le couffin dans son tablier. Une fois son cher et tendre époux parti travailler – ou harceler les femmes qui travaillaient à l'usine, au choix – et son fils occupé avec sa chambre remplie de jouets divers et variés, elle s'était posée et avait assimilé la nouvelle. Elle était triste, elle ne pouvait pas le nier, mais elle ne regrettait absolument pas la femme qu'elle était devenue. Lily Evans avait cessé d'être sa sœur quand elle avait reconnu que le harceleur de Severus avait eu raison de s'en prendre à son meilleur ami. Severus avait été anéanti qu'elle choisisse Potter malgré tous les drapeaux rouges mais comme elle, il avait décidé de s'en laver les mains.

Toutefois … maintenant que Lily était morte, Pétunia était désormais libre.

Envahie par la réalisation de cette information, Pétunia se leva et récupéra le couffin et son petit locataire toujours endormi. Les signes qu'elle avait aperçu quelques mois plus tôt étaient toujours présents et elle s'empressa de le changer avant de l'installer plus confortablement. Elle sortit ensuite dans le jardin et examina chaque recoin de la propriété pour en récolter des pierres visiblement fendues et les rapporter dans la maison pour les disposer sur la table de la cuisine. Elle les examina soigneusement et munie d'un marteau récupéré plus tôt, elle les réduisit en miette, insufflant toute sa rage et sa colère. Haletante, elle emballa les restes dans du journal et les jeta immédiatement dans la poubelle extérieure pour ensuite revenir dans la maison, se laver les mains et s'intéresser aux enfants. D'un geste de la main, elle lança un sort de diagnostic pour connaître tous les détails des deux enfants qu'on avait voulu lui imposer.

Oui, Pétunia Evans était elle aussi magique mais ses pouvoirs étaient tournés vers la magie élémentaire. Approchée par la communauté de druides d'Irlande, elle avait été invitée à faire son secondaire là-bas et c'était ce qui avait permis aux parents de Pétunia d'accepter que Lily soit une sorcière. Initialement, il était prévu que Lily soit mise au courant si elle présentait les mêmes pouvoirs que sa sœur mais à la place, Poudlard avait envoyé une invitation pour y poursuivre sa scolarité.

Si elle l'avait vraiment voulu, Pétunia aurait pu suivre Lily mais le refus irrévocable de son directeur avait sonné le glas de ses espoirs. À bon escient car quand elle avait révélé à ses professeurs ce qui s'était passé chez elle, ils lui avaient avoué que l'éducation à Poudlard était bien trop fermée et faible pour qu'elle puisse s'épanouir avec ses propres pouvoirs. C'était d'ailleurs à la suite de cette information qu'elle avait parlé à ses parents qui avaient accepté qu'ils soient soumis à un serment de secret. Ainsi, la rousse, qui changeait dans le mauvais sens à ses yeux, ne pouvait pas divulguer à elle ne savait qui son secret.

Maniant la magie élémentaire, plus particulièrement tout ce qui était lié à la terre, Pétunia avait déjà planifié sa vie dans le monde magique mais n'avait pas pu échapper à son mariage surprise car le monde magique reconnaissait l'autorité parentale même si lesdits parents n'étaient pas magiques. Mais ce qui l'avait réellement bloqué, c'étaient les protections placées par sa sœur quand elle avait emménagé avec Vernon. En effet, après le mariage, puisqu'il lui restait encore quelques mois de scolarité, Pétunia n'avait emménagé avec son désormais mari qu'à la fin de l'année scolaire. Or, Lily avait déjà eu dix-sept ans et elle avait eu la possibilité de poser des barrières magiques pour sa « protection » avec la bénédiction de leurs parents.

Mais maintenant qu'elle était morte, les protections n'étaient plus et elle pouvait enfin vérifier ce que sa sœur avait bien pu faire « pour son bien » …

Les résultats pour Dudley furent sans appel. La tendance des Dursley de le gaver à chaque instant avait déjà mis en péril sa santé. Fruit d'un viol conjugal particulièrement brutal, Pétunia était vraiment tentée de l'abandonner à ses tourmenteurs mais elle ne pouvait pas, en son âme et conscience, laisser un enfant grandir dans un environnement aussi nocif. Heureusement, il était encore assez jeune pour que son éducation jusqu'ici ne le modèle complètement.

Ceux d'Harry étaient bien moins bons. Comme elle le soupçonnait, il était déshydraté et affamé, sans compter l'état de sa peau craquelée car non nettoyée depuis longtemps. Elle ne serait même pas étonnée que cet enfant n'ait jamais vu de médecin magique ou non.

Pétunia n'avait pas besoin d'examiner la maison de manière magique. Cela faisait longtemps qu'elle avait découvert les pierres de protection et qu'elle avait décrypté les runes qui y étaient gravées. Elle avait donc rapidement découvert que les protections magiques étaient centrées sur elle et l'empêchaient littéralement de quitter le foyer de son mari, une manière pour Lily de s'assurer que sa sœur n'aurait l'occasion de trouver une meilleure situation qu'elle.

Pétunia eut un sourire machiavélique quand elle rassembla ses affaires et récupéra enfin ses papiers d'identité qui avaient été rangés dans un coffre offert par Lily avec des barrières lui interdisant de s'emparer du contenu. Il était hors de question qu'elle reste une semaine de plus dans ce foyer infernal.

Et elle avait bien l'intention de laisser quelques petites surprises …

§§§§§

Albus Dumbledore arriva devant le 4, Privet Drive, et fut surpris du décalage entre la maison qu'il avait découverte huit ans auparavant et aujourd'hui.

C'était le jour et la nuit.

La maison étincelante et rutilante avait laissé place à une peinture écaillée et un jardin sauvage jonchée de détritus en tout genre. Le vieux sorcier ignorait ce qui s'était passé et cela l'inquiétait. Il passa donc la barrière branlante et appuya sur la sonnette. Un pas lourd retentit dans la maison et quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur un homme imposant avec une barbe de plusieurs jours non entretenue et une tenue dans un état douteux.

-C'est pour quoi ? grogna l'homme

-Bonjour, je suis Albus Dumbledore, se présenta le sorcier. Je viens pour Harry Potter.

-Il n'y a pas de Potter qui vit ici, grogna l'homme.

-Je l'avais pourtant confié à Pétunia Evans … s'étonna Albus.

-Cette GARCE ! rugit l'homme

Albus n'était pas souvent surpris mais là, il n'avait pas pu s'empêcher de sursauter.

-Elle m'a QUITTÉ ! tonna l'homme. Et elle a disparu avec MON argent !

Albus commença à comprendre. L'homme en face de lui n'était autre que Vernon Dursley, l'époux de Pétunia … qui visiblement, ne vivait plus à cette adresse.

-Est-ce que vous savez où se trouve Pétunia ? demanda Albus

-Non ! cracha Vernon. Et même si je le savais, je lui ferai payer !

La flopée d'insultes qui s'en suivit fit comprendre au sorcier qu'il n'en saurait pas plus. Lentement, il se recula en lançant quelques salutations avant de partir, son interlocuteur – dont l'haleine alcoolisée ne laissait aucun doute – l'ayant déjà oublié pour maudire son ex-femme.

Une fois éloigné, le sorcier se permit de paniquer.

Le Survivant avait disparu !

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Pétunia sourit en se redressant. Grâce aux rares plantes qui persistaient au 4 Privet Drive, elle avait pu assister à la déconvenue de ce sorcier. Une fois en sécurité, elle s'était insurgée de s'être vu confier un enfant dans un couffin sur le pas de la porte et même, de ne pas avoir rencontré la personne qui lui avait confié son neveu. Cette inquiétude était un juste retour des choses et cela ne faisait que commencer.

Elle se souvenait avec clarté de ce matin de 2 novembre où elle avait quitté cette maison maudite avec ses affaires et les deux enfants sous le bras. Malgré le nombre d'années de silence, ses amis l'avaient accueilli à bras ouverts et l'avaient aidé à s'occuper des enfants et à remettre de l'ordre dans sa vie. En moins de six mois, elle avait obtenu le divorce aux torts de Vernon – puisqu'il ne s'était jamais caché, il avait été étonnamment facile de prouver ses multiples adultères – et récupéré l'héritage de ses parents des griffes de son ex-mari – ce qui n'avait pas encore été dépensé plus ce qui l'avait déjà été avec les intérêts en prime – comme la pension d'Harry qu'il s'était attribué après son départ. Elle aurait pu également récupérer le 4 Privet Drive, puisque Lily avait fini de payer le crédit, mais elle était bien trop furieuse contre sa sœur et elle ne voulait pas s'empêtrer dans les mauvais souvenirs qu'elle contenait.

Après un séjour dans la communauté druidique, notamment pour soigner Harry, Pétunia s'était installé dans une propriété confortable au sud de l'Angleterre, près du Dartmoor. Les protections élémentaires qu'elle avait érigées lui avaient permis de ne pas se faire repérer par la communauté sorcière et d'élever sereinement Harry et Dudley. Même si ce dernier s'était rapidement révélé sans magie, il avait appris à la respecter et à ne pas en être jaloux.

Le départ de Pétunia ne lui avait pas fait ignorer ses responsabilités, loin de là. Une fois sa vie stabilisée, elle avait changé le nom de Dudley – qui était devenu Dudley Evans – puis s'était renseigné sur Harry Potter. Gagner Gringotts avait été très simple – le Chemin de Traverse n'était pas la seule zone magique de Londres – et apprendre dans quelles circonstances elle avait récupéré son neveu également. Elle avait ouvert le testament de James Potter – et découvert qu'on avait essayé de le bloquer – et fait transférer Sirius Black dans une prison de la Confédération internationale magique en attendant son procès pour complicité dans le meurtre de Lily et de son mari ainsi que celui du fameux Pettigrow et de douze personnes non magiques le lendemain. Elle avait haussé un sourcil devant certaines procédures administratives qui devaient s'enclencher quand Harry entrerait à Poudlard – pourquoi lui retirer sa tutelle magique à onze ans pour la remettre à un glorieux inconnu, même si c'était le directeur de sa nouvelle école ? – comme bancaires – verser des rentes assez conséquentes, toujours à de glorieux inconnus, parce qu'elle ne connaissait ni de Weasley, ni de Dumbledore, ni de Fudge ou encore d'Ombrage – et avait décidé de leur jouer à tous un bien mauvais tour. Tout comme Dudley, elle avait adopté Harry, qui était devenu Hadrian James Evans Potter – ce qui empêchait concrètement le transfert de tutelle puisque la personne concernée n'existait plus – et avait entièrement vidé le coffre sur lequel les rentes devaient être prélevées sans le fermer. En fait, elle y avait laissé de quoi faire le premier prélèvement – qui serait un emprunt des intéressés à un taux d'intérêt proprement scandaleux – pour les attendre de pied ferme quand ils viendraient se plaindre de ne pas avoir été payé alors que le titulaire du coffre ne pouvait pas donner son accord éclairé à l'instauration même des prélèvements, puisqu'âgé d'à peine deux ans. Ces problèmes réglés, il avait été évident que son neveu ne mettrait pas un seul pied dans le monde sorcier avant d'être assez âgé pour recevoir comme il se devait ces pique-assiettes.

La visite d'Albus Dumbledore à Privet n'était que le prélude aux chamboulements qui allaient secouer la Grande Bretagne sorcière ces prochaines années.

§§§§§

Pétunia Evans, dame Potter, n'avait rien à voir avec Pétunia Dursley.

Accompagnée de son garde du corps Rayan Greyback, la mage traversait tranquillement le ministère de la magie sorcière britannique pour se rendre au Magenmagot. Elle avait créé la surprise quand elle s'était présentée à l'assemblée quatre ans auparavant pour occuper le siège des Potter, vacant depuis la mort pendant la dernière guerre de Charlus, le dernier lord Potter.

D'ailleurs, l'épisode avait été … amusant.

Flash-Back

Personne n'avait remarqué que le siège des Potter était occupé jusqu'à ce que les portes ne se ferment et que la séance ne commence. Albus Dumbledore, président du Magenmagot, n'hésita pas une seule seconde à exiger des aurors de l'arrêter pour la jeter dehors, puisqu'elle n'avait pas sa place. Mais quand ces derniers ne purent pas l'approcher, l'assemblée éclata en commentaires chuchotés devant cette défiance du pouvoir du vieux sorcier.

-Qui êtes-vous ? gronda Albus

-Enfin ! sourit Pétunia. J'ai cru que vous ne le demanderiez jamais ! Est-ce dans vos habitudes de chasser les gens sans savoir qui ils sont et pourquoi ils sont là ?

-Ce siège n'est pas libre, déclara Albus. Les membres de cette famille ont tous disparu.

-C'est ce que j'ai entendu dire, confirma Pétunia. Mais ce n'est pas ce qui vous a empêché d'utiliser sa voix pour faire pencher les votes en votre faveur. Oui, fit Pétunia en observant son visage surpris, j'ai eu l'occasion de voir son historique avant de venir ici. Puis-je voir votre procuration du clan Potter ?

-Vous n'avez aucun droit … protesta une voix.

-Si je peux m'asseoir à cette place sans me tordre de douleur, c'est que je suis mandatée par ce clan pour siéger à cette place, coupa Pétunia. J'ai donc toute légitimité à exiger de mon prédécesseur un compte-rendu exact de ce qu'il a fait. Certes, il est quelque peu cavalier de le faire en plein milieu d'une séance mais cela vaut un endroit comme un autre, non ?

Albus serra les dents.

-Je suis le président du Magenmagot ! siffla Albus

-On ne peut l'ignorer, si je me fie à votre placement, railla Pétunia. Mais selon le règlement de cette assemblée, en tant que membre, vous ne pouvez utiliser les votes des sièges vides mis à part si vous avez une autorisation du lord ou de la lady de ce clan. Votre procuration ?

-Je n'ai pas à me justifier … protesta Albus.

-Si, coupa Pétunia. Justement, encore plus en tant que président du Magenmagot, vous devez prouver que vous pouvez faire ce que vous faites.

L'assentiment sourd de l'assemblée lui fit comprendre qu'il avait perdu cette bataille. D'un air déçu qu'on remette en cause ce qu'il pouvait faire, le vieux sorcier fit apparaître le fameux document que Pétunia fit venir à elle.

-Ce document a été signé par Harry James Potter, assura Albus.

-C'est exact, confirma Pétunia. C'est ce qui me dérange, en fait.

Albus se raidit.

-Pourquoi ? demanda Albus

-Parce qu'il n'est pas l'héritier Potter, répondit Pétunia.

-Harry Potter est le fils de James Potter ! assura Albus sous les cris d'indignation de l'assemblée

-Je ne dis pas le contraire, sourit froidement Pétunia. Mais ce n'est pas l'héritier Potter.

La confusion du vieux sorcier était drôle à voir mais ce fut parmi l'assemblée que la réponse vint.

-Êtes-vous en train de dire qu'Harry Potter ne s'est pas réclamé héritier Potter ? fit Augusta Longbottom

-Si c'était le cas, est-ce que vous auriez vu autant d'informations voire de livres sur lui sans aucune mention de son accord ? pointa Pétunia. Les lois magiques auraient dû le protéger mais à la place, sa vie est étalée sur la place publique. Le constat est sans appel.

Augusta Longbottom prit les choses en main.

-Qu'un greffier aille vérifier cette information, ordonna Augusta.

-Ce n'est pas nécessaire, assura Albus.

-Vous croyez ? railla Augusta. Bon nombre d'entre nous étions mal à l'aise d'en savoir autant sur un orphelin de nos cercles sans réussir à mettre la baguette dessus. Nous allons aller au fond du chaudron, aujourd'hui et maintenant !

Moins de cinq minutes plus tard, le verdict tomba : la fiche d'identité d'Harry James Potter n'indiquait pas qu'il était héritier Potter.

-Je ne vais pas pousser le vice à demander à Gringotts la véracité de cette information, railla Pétunia. Nous avons donc un Potter qui vous a signé une procuration sur le siège du clan Potter alors qu'il n'en est pas l'héritier. Ce qui me surprend encore plus, c'est que ce document a été signé alors que la personne concernée avait à peine deux ans.

-Comment ça ? gronda Augusta en faisant venir à elle ledit document

-Eh bien, il date du lendemain de la mort de Lily et James Potter, révéla Pétunia.

Le souffle d'une bonne partie de l'assemblée se coupa de stupéfaction.

-À quoi jouez-vous, Dumbledore ?! tonna Augusta. Personne ne peut devenir chef de clan avant l'âge de treize ans et un héritier ne peut déléguer quoi que ce soit, y compris la gestion de son siège au Magenmagot ! Avec ce que nous avons sous les yeux, on ne peut qu'imaginer que les « nouvelles » que vous preniez du Survivant pendant toutes ces années n'étaient que des inventions de votre part ! Qui nous dit que vous le connaissez réellement ?

Fin Flash-Back

La fureur d'Augusta Longbottom avait été telle qu'elle avait entraîné celle de nombreux autres membres et qu'à la fin de la séance, Albus Dumbledore avait été remercié de son poste de président. Dans le même temps, l'assemblée avait déposé plainte contre lui pour abus de confiance et usurpation, ce qui avait conduit à de nombreuses découvertes déplaisantes.

Une fois hors de vue, Pétunia s'était correctement présentée et avait déclaré que l'héritier Potter poursuivait ses études à l'étranger et qu'il n'était pas prévu qu'il aille à Poudlard, comme le non versement des frais de scolarité le suggérait très fortement. Elle avait répété ses propos lors d'une courte déclaration de presse en sortant de la séance pour couper l'herbe sous le pied de Dumbledore qui tentait de faire croire qu'elle ne représentait rien pour le Survivant, contrairement à lui. Avec la confirmation de Gringotts, il fut totalement décrédibilisé.

Le vieux sorcier avait très mal pris que Pétunia lui vole sa place autoattribuée de plus proche soutien du Survivant. S'il se faisait un devoir de l'ignorer quand ils se croisait, elle était persuadée qu'il était à l'origine des rumeurs malveillantes qui courraient sur elle mais surtout, des attaques dont elle était victime. Pour se protéger – et dissimuler ses pouvoirs élémentaires – elle avait engagé un garde du corps qui la suivait comme son ombre quand elle se trouvait en Grande Bretagne sorcière et pour bien secouer ces moutons stupides, elle n'avait rien trouvé de mieux que de choisir le fils de Fenrir Greyback, Rayan. Oui, il était un lycan et non, son père n'avait jamais rejoint Voldemort. Ses seuls « torts » avaient été d'avoir refusé l'aimable proposition du président du Magenmagot de céder les terres de la meute Greyback pour y installer des sorciers pour le plus grand Bien et de l'avoir déménagée sur le continent avant qu'elle ne se fasse gentiment massacrer pour cet affront. En plus, pour rajouter l'utile à l'agréable, strictement rien ne l'interdisait d'employer des êtres magiques non sorciers donc elle s'amusait comme une folle à rappeler à cette société xénophobe et fermée d'esprit que le monde ne se contentait pas de leur petite personne.

Alors qu'elle passait à l'accueil pour récupérer son courrier et se dirigeait vers les bureaux des membres du Magenmagot qu'elle venait visiter – en guise de cadeau de « bienvenue » et de « courtoisie », son propre bureau était régulièrement piégé et curieusement, elle aurait déjà « déposé » un document qui laisserait sa place de représentante du clan Potter à Albus Dumbledore – Pétunia songea qu'il ne lui restait plus qu'à peine deux ans avant qu'Harry soit majeur et qu'il puisse légitimement prendre sa place de lord Potter. Elle avait déjà activement travaillé pour rétablir les anciennes alliances magiques, coupées sur les très bons conseils d'un certain vieux sorcier qui, même s'il savait qu'on œuvrait contre son plus grand Bien, ne savait pas réellement ce qui se tramait dans son dos. Il se débattait déjà avec le conseil d'administration qui avait décidé de fourrer son nez dans la gestion réelle de Poudlard après avoir appris que les négociations pour rétablir le Tournoi des Trois Sorciers avaient tourné court parce que les écoles ciblées avaient clairement établi que l'école britannique n'avait pas leur niveau pour que les élèves puissent disputer la compétition à armes égales. Ce qui en avait découlé était vraiment moche et l'enquête du conseil international magique, département de l'éducation, poursuivait encore son enquête.

Un sourire satisfait aux lèvres, Pétunia continua son chemin. Elle n'en avait pas fini de semer le chaos …

§§§§§

-Vraiment ? s'étonna Pétunia. Pourquoi maintenant ?

-Parce que la guilde veut que l'enseignement des potions soit repris fermement en main, soupira son interlocuteur. Ce que je comprends parfaitement.

-Mais toi ? insista Pétunia. Est-ce que tu vas accepter ?

-Bien sûr que non, renifla son interlocuteur. Tu me vois enseigner le noble art des potions à des cornichons sans cervelle ?

Pétunia éclata de rire devant le visage outré de Severus.

Devant le comportement aberrant de sa sœur, Pétunia avait décidé de proposer à Severus ce qu'elle réservait initialement à Lily. À la fin de sa cinquième année, donc, elle l'avait présenté à la communauté de druides qui n'était pas contre avoir un maître de potions à demeure. Avec la certitude d'obtenir l'un des apprentissages les plus prestigieux du monde, il avait pu sans remords refuser l'aimable proposition de Lucius Malfoy de lui financer ses études en échange d'entrer dans les rangs des mangemorts. L'éloignement de la Grande Bretagne avait été d'autant plus facile que pendant ses années d'ASPIC, les Maraudeurs, plus particulièrement James Potter, s'acharnaient contre lui car Lily leur avait certifié qu'elle ne serait pas étonnée qu'il rejoigne les mangemorts aux vues de son enfance.

Severus, libéré de son passé, s'était plongé avec bonheur dans les études dont il rêvait depuis des années. Après une année d'une remise à niveau nécessaire, il avait passé les degrés de maîtrise avec plaisir, au point de devenir l'un des plus jeunes maîtres de potions d'Europe. Il avait prévu de s'expatrier en Irlande ou en France pour ouvrir une boutique d'apothicaire mais Pétunia s'était rappelée à lui pour le mener à Gringotts. En sortant de là, le sorcier était devenu lord Prince car sa mère Eileen n'avait jamais été reniée, contrairement aux affirmations d'Albus Dumbledore à la mort de sa mère. Sa décision avait été renforcée et il était donc parti sans un regard en arrière. Il avait gardé contact avec Pétunia ainsi que ses deux enfants Dudley et Harry et se réjouissait des déboires de la Grande Bretagne sorcière depuis que le Survivant ne s'était pas présenté à Poudlard.

Et là, la guilde était à la recherche d'un maître avec les épaules suffisamment solide pour enseigner les potions à Poudlard. Naturellement, elle avait pensé à Severus Prince qui lui avait donc donné un refus cinglant.

-Revenir à Poudlard ne te tente pas ? demanda doucement Pétunia

-Poudlard aura toujours une place chère à mon cœur, soupira Severus. Mais j'ai contact avec plusieurs Serpentards dont les enfants sont scolarisés et les choses n'ont pas changé. Nous sommes considérés comme des mages noirs en puissance et accusés de tous les maux simplement parce que nous existons et que nous ne nous limitons pas à la seule magie dite blanche bien sous tous les rapports. En plus, j'en veux toujours à Dumbledore d'avoir refusé de punir les Maraudeurs quand j'ai rencontré Lupin sous forme de loup garou …

Le traumatisme de cette rencontre nocturne avait poursuivi Severus pendant des années, surtout quand il devait récolter des ingrédients en pleine nature pendant la pleine lune. Heureusement, la santé mentale était de plus en plus reconnue et il avait pu bénéficier d'une thérapie qui lui avait appris à faire plus ou moins la paix avec ce souvenir. Ça et le faire d'avoir pu fréquenter plusieurs meutes de lycans pour confectionner des potions à leur destination et apprendre à réellement les connaître, pas la version fantasmagorisée vomie par l'éducation selon Albus Dumbledore.

-Donc, tu ne seras pas professeur de potions à Poudlard ? demanda Pétunia

-Tant que Dumbledore s'y croira le maître du monde, aucune chance, confirma Severus.

§§§§§

Elles commencèrent à arriver le jour du seizième anniversaire d'Harry.

Prenant soin de le garder écarté, Pétunia les éplucha une à une, comme elle en avait le droit en tant que dame Potter. Elles les avaient classés selon plusieurs critères et avait réclamé de l'aide pour pouvoir y répondre correctement.

-Je vois que le mythe du Survivant est toujours aussi fort, commenta Sirius en observant la salle de réunion transformée en zone de tri.

Accusé d'avoir livré Lily et James Potter ainsi que d'avoir tué Peter Pettigrow et douze moldus le lendemain, Sirius avait été jeté à Azkaban sans procès et aurait pu y rester à vie si Pétunia n'avait pas ouvert le testament de James Potter et découvert qu'il n'était pas le gardien du secret des Potter. Les accusations découlant du postulat faux étant désormais sujette à caution, il avait été transféré dans l'une des prisons du conseil international magique dans l'attente d'un véritable procès qui avait eu lieu six mois plus tard et qui s'était conclu par un acquittement. Malheureusement, les quelques semaines qu'il avait passées dans la prison britannique, couplées au choc de la mort de ses amis, avaient durement impacté et il était resté plusieurs années en clinique pour se soigner.

Sirius avait ensuite quitté la Grande Bretagne sorcière pour reprendre ses études et devenir organisateur d'événements. Devenir auror n'était qu'un rêve d'adolescent pour ne pas s'éloigner de James Potter mais également, l'avait-il compris après-coup, pour rester sous la coupe d'Albus Dumbledore et son Ordre du Phénix qui prétendait affronter les mangemorts sans les restrictions des aurors. Rétroactivement parlant, s'il appréciait toutes les possibilités offertes par la magie – qu'elle soit « blanche » ou « noire » - le plus grand Bien qu'on avait voulu lui vendre ne lui correspondait pas et protéger les populations de ses pires défauts n'était pas dans sa nature. S'il y avait un seul point positif à retenir de la formation des Maraudeurs, au-delà de l'amitié qui les avait soudés plus ou moins solidement, c'était de développer le sens du spectacle du jeune sang pur, ce dont il s'était servi pour fonder son entreprise qui gagna rapidement en popularité et en prestige.

En parallèle à sa carrière professionnelle, Sirius avait renoué avec sa famille, plus exactement avec le reste de sa famille qui ne soutenait pas aussi fanatiquement Voldemort. Acturus, lord Black, et sa fille Lucretia épouse Prewett avaient été ravis de l'accueillir quand il avait révélé s'être émancipé de l'influence de Walburga et Orion, ses parents, comme de Druella et de Cygnus, sa tante et son oncle ainsi que cousins lointains, comme de celle d'Albus Dumbledore, qui avait toujours mal compris l'ensemble de la société sorcière. Acturus avait complété son éducation arrêtée pendant sa seizième année et l'avait finalement nommé héritier Black, retirant le titre à son fils et sa femme qui avaient quand même réussi à faire fuir leur aîné et à faire tuer leur cadet, tout cela à cause de leurs convictions irraisonnées.

Devenu lord Black huit ans après son emprisonnement, Sirius savait déjà beaucoup de choses de l'arène politique et avait décidé de soigneusement s'éloigner de celles et ceux qui suivaient toujours aveuglément l'opinion d'Albus Dumbledore, dans la tourmente avec l'absence d'Harry Potter à sa première rentrée scolaire à Poudlard. Il était donc le sorcier favori de Pétunia – qui s'était avérée être totalement différente de ce que Lily racontait – pour comprendre et répondre aux us et coutumes sorcières.

Comme aujourd'hui avec les propositions de contrat de mariage pour le futur lord Potter.

-Je pensais que puisque Dumbledore ne pouvait plus le brandir à tort et à travers, on allait l'oublier, grommela Pétunia.

-La population sorcière, peut-être, concéda Sirius en prenant place à ses côtés, mais les sangs purs, aucune chance. La guerre contre Voldemort a été une hécatombe pour nos cercles et de nombreuses familles ont été décimées, parfois uniquement parce qu'elles existaient. Obtenir une union satisfaisante devient de plus en plus difficile dans le pays et malheureusement, le clan Potter a une excellente place. Il est habituel qu'un nouveau lord ou une nouvelle lady se marie en même temps qu'il ou elle récupère son titre à sa majorité.

-Donc certains placent leurs pions dès maintenant, souffla Pétunia. Désolée mais le principe même du mariage arrangé m'horripile …

Sirius eut le bon goût de ne pas commenter. En tant que parrain devant la Magie d'Harry, il lui arrivait de discuter de l'éducation de son filleul et parfois, ils débordaient sur Dudley. Un jour, elle lui avait avoué qu'elle n'avait pas choisi le géniteur de son fils et que sa vie à ses côtés avait été un véritable cauchemar. Elle lui avait également avoué ses soupçons concernant l'influence de Lily dans ce choix malavisé de ses parents.

-Comme tu t'en doutes, des fiançailles en bonne et due forme auront une portée politique, déclara Sirius en se raclant la gorge. Elles pourront montrer les alliés d'un clan ainsi que sa direction politique. Une union entre deux clans peut apporter du prestige à l'autre.

-Les concernés doivent avoir le choix de la personne qui partagera leur vie ! décréta Pétunia

-Je comprends, tempéra Sirius. Mais c'est ce qu'on verra de l'extérieur.

-D'accord, soupira Pétunia. Comme tu le vois, j'ai déjà fait un premier tri. Là-bas, les propositions qui viennent de l'étranger.

-Y compris des familles exilées ? demanda Sirius

-Sûrement, fit Pétunia. Ensuite, j'ai séparé par tranche d'âge des fiancés proposés : moins de dix ans, entre dix et vingt ans, plus de vingt ans.

-Pourquoi ? demanda Sirius, un peu surpris

-J'estime qu'à vingt ans, ils sont capables d'intervenir dans la rédaction du contrat, expliqua Pétunia. Moins de dix ans, je crains les dérives.

-C'est compréhensible, concéda Sirius.

-À chaque fois, j'ai séparé les propositions indécentes à mes yeux, indiqua Pétunia.

-Aucune notion politique, donc, comprit Sirius. Je te connais, tu as fait une liste ?

Pétunia sourit en lui tendant le document demandé. Sirius la parcourut rapidement et s'empara d'une plume auto-encreuse avec changement de couleur pour faire ses annotations.

-James détestait les cours de géopolitique, se souvint distraitement Sirius. Quand j'étais chez lui, dès que Fleamont en parlait, il se sauvait on ne savait où. Malgré ma propre famille, j'étais fasciné par les interactions entre les grandes familles sorcières donc j'étais seul à suivre le cours.

-Il ne prenait vraiment pas ses études au sérieux, critiqua Pétunia.

-Ses parents lui laissaient passer beaucoup de choses, concéda Sirius. James n'était pas un si bon élève que cela. Il avait des facilités, je ne le nie pas, et il cartonnait en métamorphoses, mais comparé à un excellent élève, il était à peine dans la moyenne haute. Euphémia et Fleamont ne l'ont même pas puni quand il a gravement blessé l'un de ses coéquipiers pendant un entraînement de quidditch. Ceux qui se montraient vraiment stricts avec lui, c'étaient Dorea et Charlus, son oncle et sa tante.

-Les derniers lady et lord Potter, se souvint Pétunia. Qui ont refusé que James hérite du titre et qu'Harry soit élevé dans l'entourage de Dumbledore.

Sirius ne montra pas son malaise. Quand Pétunia avait estimé qu'il ne serait pas un danger pour Harry, elle lui avait révélé l'un des secrets les mieux gardés de Lily et de James : Charlus, le lord du clan, avait retiré le titre d'héritier Potter à son frère Fleamont quand il avait découvert que sa femme et lui accordaient tous les caprices de leur fils unique eu sur le tard et qu'ils ne lui donnaient pas l'éducation nécessaire pour la pérennité du clan. Ledit avait perdu toutes les chances d'être désigné héritier après que Charlus ait appris son comportement déplorable à Poudlard et le nombre de fois où il avait mis en danger ses camarades. L'épisode de la Cabane hurlante n'était PAS l'incident le plus grave auquel James Potter avait été mêlé, que ce soit avec les Maraudeurs ou non. Lord Potter avait ensuite établi dans son testament la manière dont son successeur devait être élevé, critères parmi lesquels l'influence d'Albus Dumbledore devait être nulle, entre autres.

-Voilà, fit Sirius. J'ai souligné dans cette couleur les alliés magiques connus de Charlus Potter, les alliés simples dans celle-là, ceux qui allaient dans la même direction dans cette couleur, les neutres dans celle-là, les adversaires dans celle-ci et les ennemis magiques, là.

-Merci, sourit Pétunia en reprenant la liste.

-Tu vas en faire quoi ? demanda Sirius

-Je vais en discuter avec Harry, répondit Pétunia. Je ne peux pas le protéger de tout et il doit savoir que ça existe. Je déciderai avec lui ce qu'il compte faire.

-Et s'il veut étudier sérieusement ces propositions ? demanda Sirius

-Nous demanderons de l'aide pour qu'il fasse le bon choix, soupira Pétunia.

§§§§§

-Que faites-vous ici ? cracha Albus

Il détestait quand le ministère débarquait à Poudlard alors des membres du Magenmagot, pire, Pétunia Evans, il en était hors de question.

-Nous voudrions vous parler dans votre bureau, répondit l'un des accompagnateurs.

-Je n'ai pas le temps pour les ronds de jambes, s'irrita Albus. Je dirige une école, au cas où vous l'auriez oublié.

-Vous dirigiez, corrigea une autre personne de la délégation.

-Je peux savoir ce que vous racontez ? siffla Albus en faisant sortir sa magie pour s'imposer

Mais rien ne se passa comme il l'avait imaginé.

Il fut brutalement coupé de sa magie et il eut l'impression qu'une chape de plomb lui tombait sur les épaules, ce qui le fit dégringoler de l'estrade. Il se redressa avec difficulté et fusilla de fureur ses interlocuteurs.

-C'était pour vous éviter une telle humiliation que nous voulions vous parler dans votre bureau, siffla le dernier qui avait parlé. Maintenant que vous nous avez montré l'étendue de vos mauvaises manières, je vais pouvoir me présenter. Thomas Gaunt, lord Serpentard, propriétaire de Poudlard. Comme il est indiqué dans le contrat signé entre le ministère et cette école, dès l'instant où les conditions du partenariat ne sont plus respectées, le clan Serpentard pourra en reprendre la direction et se libérer du contrat. Le conseil d'administration a déjà été dissout depuis trois jours et l'étude préalable de vos actions à la tête de l'école m'ont convaincu de vous renvoyer et de vous demander des comptes devant la justice.

Au fur et à mesure de cette déclaration, Albus Dumbledore blêmissait de plus en plus. Viré ! Il était viré !

Sous le choc, aussi bien psychologique que magique, il se défendit à peine alors que les aurors du conseil international magique lui passaient des menottes magiques. Absent, il fur entraîné hors de la Grande Salle alors que les élèves chuchotaient furieusement sur son passage. Pendant ce temps, Thomas avisa Minerva McGonagall et lui signifia à voix basse ses nouvelles responsabilités jusqu'à la fin de l'année scolaire, dans deux mois. Il donna rapidement ses consignes avant de prendre la tête de la délégation et de quitter à son tour la Grande Salle.

-Cela s'est mieux passé qu'on aurait pu le penser, non ? sourit Pétunia

-Dès l'instant où je lui ai retiré ses liens avec Poudlard, tout ne pouvait que bien se passer, ricana Thomas.

Tous les deux eurent un sourire de connivence.

Thomas Gaunt était le petit-fils de Morfin Gaunt, l'oncle de Tom Marvolo Riddle, devenu Voldemort. Son grand-père avait découvert la vie avec une jeune fille de Little Hangleton qui était partie peu de temps après. Loin de son village natal, elle avait accouché d'un fils qui n'avait pas eu de pouvoirs magiques. Ce dernier avait grandi, s'était lui-même marié et avait fondé sa propre famille. Thomas était né et avait révélé ses pouvoirs magiques dans sa petite enfance. Une fois adulte, il avait voulu savoir d'où il provenait et avec l'aide des gobelins, avait découvert qu'il était le premier héritier du clan Gaunt et, par extension, du clan Serpentard en Grande Bretagne. Aimant relever les défis, il avait accepté son héritage et renié dans le plus grand secret le fils de sa tante Mérope qui avait semé mort et chaos sur son passage en se prévalant sans vérifier de ses liens avec Salazar Serpentard. Ce qui l'avait poussé à ne pas se manifester, c'était la conviction d'Albus Dumbledore que son cousin reviendrait d'entre les morts. Il avait mené l'enquête et découvert suffisamment d'informations pour comprendre que le véritable danger pour la nouvelle génération n'était pas forcément celui qu'on croyait, d'où son arrivée en force à Poudlard.

C'était l'histoire officielle.

En réalité, Thomas Gaunt était réellement Tom Marvolo Riddle. Enfin, dans une autre vie. S'il avait changé du tout au tout, c'était grâce à Pétunia Evans.

En quittant le 4 Privet Drive, Pétunia avait fait examiner ses deux enfants et avait découvert un parasite magique dans la tête d'Harry. Le service médical de la communauté druidique l'avait immédiatement retiré et examiné pour l'identifier. Les recherches leur avait permis de rassembler les différents fragments de l'âme de Tom Riddle pour la réunifier et de dévoiler l'horrible vérité. Le sorcier avait été maudit pour sombrer inexorablement jusqu'à en devenir totalement psychopathe. Les actions des druides l'en avaient débarrassé et après une courte convalescence, il s'était créé l'identité de Thomas Gaunt, petit-fils de Morfin Gaunt. Mis à part si on cherchait attentivement côté moldu, personne ne pouvait se douter que la vérité avait été travestie car dans tous les cas, il restait le dernier Gaunt et le descendant de Salazar Serpentard.

L'éviction d'Albus Dumbledore répondait à un impératif pressant, les dix-sept ans de l'héritier Potter. Bien qu'elle ait purgé les affaires du clan Potter de toute influence du vieux sorcier, Pétunia était tombée sur des contrats fraîchement rédigés, comme un baroud d'honneur alors qu'il perdait de plus en plus de prestige dans la société sorcière. Un contrat de mariage, tout d'abord, qui avait fait bondir d'indignation la dame Potter, mais également un contrat de travail en tant qu'auror attaché au service exclusif d'Albus Dumbledore, ancien président du Magenmagot bénéficiant d'une protection fonctionnelle à vie. La mage avait bien évidemment annulé toutes ces inepties mais il était hors de question pour elle de venir à chaque fois régler les problèmes créés par ce vieux fou. La perte de la présidence du Magenmagot avait déjà été un coup dur à son prestige mais sans Poudlard, il n'aurait plus rien pour prétendre être une figure importante de la société. Elle avait accepté le plan de Thomas pour le virer de l'école pour une autre raison : en révélant l'existence du nouveau lord Gaunt et son histoire, l'un des principaux piliers de l'idéologie de Voldemort était détruit et tout le reste – conforté par Dumbledore même s'il faisait croire que non – était désormais soumis à caution. Thomas avait bien l'intention de rendre par la suite public de nombreux extraits des journaux de son ancêtre Salazar qui assureraient que la véritable histoire du fondateur n'était pas la version revue et corrigée de l'ancien directeur. Elle espérait bien qu'empêtré dans ses problèmes, le vieux sorcier cesserait enfin de vouloir s'approprier le clan Potter.

Et si en plus, il pouvait enfin payer pour tous les crimes qu'il avait commis, ce serait un bonus.

Fin