Heya ! On est le 15 du mois !
J'ai pas grand-chose à raconter, mais juste un conseil : méfiez-vous des boîtes en carton.
Sur cet avertissement pas du tout subtil ni compréhensible, les remerciements !
Grand merci à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice !
Grand merci également à mahon5971 pour le fav, bienvenue à bord du Keeper 2.0 !
- 8 août 1513 -
- Non !
- Tami, s'il te plaît.
- Non !
Law poussa un soupir alors que la jeune adolescente gardait sa tête recouverte de ses bras. Le jeune homme avait eu le malheur de lui parler de ses cheveux et de leurs pointes inégales et abîmées. Depuis qu'ils avaient recommencé à pousser pendant leur temps dans la Family, personne ne s'en était occupé.
- C'est juste quelques centimètres, c'est pas la mort, dit-il encore. Tes cheveux seront encore là quand j'en aurai fini, ils seront juste un peu plus courts.
Mais la demoiselle n'en démordait pas. Elle refusait tout simplement qu'il s'approche.
Agacé, Law posa la paire de ciseaux et leva les mains.
- Là.
Tami baissa lentement ses bras mais restait visiblement méfiante envers lui, les yeux plissés.
- Maintenant dis-moi pourquoi tu veux tellement que tes cheveux ressemblent à rien, dit le jeune homme.
La demoiselle s'empourpra en affichant un air boudeur.
- Je veux pas qu'on voit la marque.
Nouveau soupir de la part de Law.
- Oui, ça j'avais compris. Sauf que je l'ai déjà vu, ton tatouage, je sais qu'il est là. Est-ce que je me suis enfui en courant ?
- Non…
- Eh bien voilà.
Tami se regarda dans le miroir qu'il avait installé sur la table. Ses cheveux lui tombaient souvent dans les yeux maintenant qu'ils étaient plus longs. Elle les avait au milieu du dos, mais les pointes blanchies et sèches n'étaient pas très jolies.
- Ils sont vraiment en mauvais état… admit-elle.
Law lui prit une mèche et la coinça entre deux doigts pour lui montrer jusqu'à où il comptait couper.
- Pas plus haut que ça, déclara-t-il. Je te l'ai dit, tes cheveux seront encore là quand j'aurai fini.
La demoiselle s'agita nerveusement dans sa chaise, mais finit par hocher brièvement la tête. Le jeune homme put donc commencer son travail. Mine de rien ses travaux pratiques pour la chirurgie se montraient fort utiles, comme il pouvait facilement se montrer précis. Ce ne serait pas parfait, mais ce serait mieux que rien.
Il égalisa les pointes, et coupa plus court les mèches qui retombaient devant le visage de Tami, au moins pour qu'elle puisse voir devant elle sans ce rideau permanent qui lui cachait la vue. Quand il en eut terminé, il prit le bijou en or de la jeune fille et l'utilisa pour retenir les mèches qui encadraient la droite de son visage.
- Voilà, tu peux ouvrir les yeux, lui dit-il.
Un peu craintive, la demoiselle souleva une paupière, avant d'ouvrir de grands yeux quand elle se vit dans le miroir. Non seulement elle voyait devant elle sans problème, mais les parties abîmées de ses cheveux avaient disparu et ils étaient vraiment presque aussi longs qu'avant qu'il ne les coupe.
- Alors, c'est pas mieux comme ça ? fit le jeune homme en croisant les bras, son sourire fourbe accroché à ses lèvres.
- … Si, admit-elle.
- 28 août 1513 -
Tami était penchée sur un article de journal paru le matin même. Depuis quelques semaines, déjà, elle suivait attentivement ce qu'il s'y disait. Law ne savait pas vraiment quelle mouche l'avait piquée, mais il la laissait faire. S'il s'était passé quelque chose de grave concernant Doflamingo ou quelque chose du genre, elle le lui aurait dit.
Le jeune homme reporta son attention sur le très intéressant nouveau chapitre qu'il était en train d'étudier.
Pendant ce temps, la raison pour laquelle la demoiselle était si concentrée sur cet article de journal était la présence de la photo qui se trouvait à la Une. Un voleur fantôme sévissait dans les différentes Blues et faisait parler de lui. Il ne s'en prenait qu'aux nobles, aux riches, ciblant particulièrement les pierres précieuses, et disparaissait par magie. Littéralement, le voleur était surnommé "Le Magicien" parce qu'il utilisait des techniques d'illusionniste pour échapper aux autorités. Le criminel était tellement confiant en ses capacités qu'il annonçait toujours à l'avance les vols qu'il comptait commettre, et s'en sortait sans le moindre problème malgré tout.
Elle suivait l'histoire à travers la presse depuis un moment, très intéressée à l'idée d'en savoir plus sur le voleur, mais aujourd'hui il s'était passé quelque chose d'exceptionnel : une photo du coupable avait été prise. Certes, il portait un masque, ce qui empêchait de l'identifier, mais ce que la demoiselle avait remarqué, cependant, était que la structure de son visage lui rappelait quelqu'un d'autre.
Tami se mit à fouiller dans le paquet de journaux qu'elle avait conservé et en sortit une édition pour l'ouvrir à une page précise, là où se trouvait un article qui parlait d'un homme qui faisait parler de lui récemment. Silas Crowlak, un homme de 28 ans, fils d'une famille riche, inaugurait l'ouverture d'une école spécialisée dans l'art, dont il serait le directeur. La forme du nez et de la mâchoire semblait être la même à la fois sur Crowlak et sur le voleur. Curieux.
L'école en question se trouvait en West Blue, sur une île du nom de Swan Island, car les lieux étaient précédemment infestés par ces animaux. Le magnat avait utilisé l'héritage de ses parents pleins aux as pour acheter l'île afin d'y construire son école et, du même coup, avait créé une réserve naturelle pour garder les oiseaux à l'abri. Le Gouvernement Mondial avait reconnu les lieux comme une nation à part, faisant de Crowlak un dirigeant de son propre royaume tout neuf.
Un doute s'emparait de la demoiselle. Elle se leva soudainement et courut jusqu'à son lit, sortant un carnet vierge du coffre qui se trouvait dessous, avant de retourner dans la mer de journaux où elle se mit à fouiller. Crowlak s'était rendu sur l'île de Dawn en fin d'année précédente sur invitation du Roi de Goa, et une semaine après la fin de l'événement, le Magicien avait frappé sur une île du nom de Laos. En considérant le temps de navigation, cela voulait dire qu'entre son départ de l'île de Dawn et son retour à Swan Island déclarée pour une dizaine de jours plus tard, il aurait très bien pu consacrer du temps au pillage qui avait eu lieu.
Après avoir recherché tous les lieux où s'était rendu le "Monarque de l'Art", le demoiselle trouva nombre de coïncidences toutes aussi précises et discrètes.
Tami eut un sourire. Si elle pouvait confirmer sa théorie, alors il se pourrait bien qu'elle ait trouvé la personne idéale.
- 19 septembre 1513 -
Law était penché sur son travail quand Tami vint tapoter son épaule pour attirer son attention.
- Je peux te montrer quelque chose ? demanda-t-elle.
Le jeune homme glissa ses notes à la page du livre qu'il étudiait pour indiquer qu'il l'écoutait. La demoiselle récupéra donc la photo découpée du Magicien.
- Est-ce que tu sais qui est ce type ? lui demanda-t-elle.
- Plus ou moins, un voleur qui fait parler de lui sur toutes les Blues il me semble, répondit Law.
- C'est ça, on l'appelle "le Magicien". C'est un pro des cambriolages, tellement qu'il prévient ses victimes avant de les voler, mais quoi qu'ils fassent pour l'en empêcher, il arrive à les doubler et à repartir avec son butin.
Le jeune homme haussa un sourcil. C'était seulement son opinion, mais ça lui semblait très peu probable. Ce ne serait pas une tactique pour vendre un livre, plutôt ?
- Avant de me dire quoi que ce soit, écoute ce que j'ai à dire, l'avertit la demoiselle alors qu'il ouvrait la bouche.
Il se tut et leva les mains, lui faisant signe de continuer.
- On peut donc dire, s'il existe réellement, que le Magicien est un pro de la furtivité, qu'il sait probablement très bien comment se renseigner pour organiser ses cambriolages, comment se déguiser pour passer inaperçu, bref, toutes ces choses qui seraient bien pratiques pour ce que je veux faire.
Law était maintenant intrigué. Tami avait une idée derrière la tête et il était curieux de savoir quoi. La demoiselle lui montra une deuxième photo, représentant un homme presque trentenaire, bien habillé et entouré de nobles.
- Je te présente Silas Crowlak, héritier d'une famille très riche qui a utilisé son argent pour créer son propre royaume, sur lequel il a fait construire une école d'art privée et une réserve naturelle. Maintenant, dis-moi si tu remarques quelque chose.
Elle mit la première photo à côté de la deuxième et les lui tendit. Le jeune homme se pencha et regarda attentivement les deux hommes. Puis quand il remarqua la ressemblance de la structure osseuse de leur visages, il haussa les sourcils, étonné.
- Tu es en train de me dire que le fameux Magicien serait ce Crowlak ? comprit-il.
- Exactement.
Law se pencha en arrière sur sa chaise.
- Mais est-ce que tu peux me le prouver ? demanda-t-il ensuite. Ta théorie a l'air intéressante, mais je veux savoir si elle est exploitable de quelque façon que ce soit, et si tu as des preuves, comment les utiliser.
Le sourire fourbe de Tami voulait tout dire. Il se força à garder son air neutre alors qu'elle commençait à lui parler de tous les voyages de Silas Crowlak qui concordaient à chaque intervention du Magicien dans une zone proche de sa destination.
- Donc non seulement ils se ressemblent beaucoup, mais en plus le Magicien apparaît toujours dans les zones où Silas se promène. Du moins, lorsque ses déplacements sont suivis par la presse. Tu ne trouves pas ça un peu trop gros pour n'être qu'une coïncidence ? lui demanda-t-elle innocemment.
Law s'autorisa enfin un sourire.
- Beau travail, si tu ne m'avais pas pointé tout ça, je n'y aurais vu que du feu. Mais tu n'as pas répondu à ma dernière question.
- Je n'ai pas de "preuves" à proprement parler, mais c'est assez pour que Crowlak sache que je ne rigole pas. J'ai l'intention d'aller le voir et lui demander de m'apprendre à faire ce qu'il fait, déclara-t-elle. S'il refuse, je peux toujours bluffer en lui disant que je peux envoyer mes raisonnements à la Marine.
- Pourquoi bluffer ?
- Ce type fait le bien autour de lui, je vais quand même pas priver ses oiseaux de nourriture et de protection.
Le jeune homme resta silencieux une seconde avant de se mettre à pouffer.
- D'accord. Si tu peux convaincre ce Crowlak de t'apprendre à devenir comme lui, ton avenir me semble assuré. Mais il faudra que tu puisses le convaincre.
- J'ai un plan pour ça, assura la demoiselle. Je vais entrer dans son école.
Law haussa les sourcils de nouveau.
- Toi ? Dans une école ? demanda-t-il, incrédule.
- Quand tu le dis comme ça, on dirait que je suis stupide, grimaça-t-elle.
- Laisse-moi reformuler, se corrigea immédiatement le jeune homme. Toi, dans une école, entourée de gosses de riche qui passeront sûrement leur temps à essayer de t'en faire voir de toutes les couleurs ?
- Je sais que ça peut paraître étonnant, mais je pense que je pourrais avoir ma place là-bas, au moins pour cacher ce que j'y ferai réellement, répondit Tami. Après tout je sais dessiner, je pourrai apprendre à jouer la comédie pour m'infiltrer, ce genre de choses. Si Silas refuse de m'apprendre, je me servirai des cours pour avoir une base et développer mes compétences à partir de là.
Law prit le temps de la réflexion. Le raisonnement se tenait, certes, et l'idée que Tami puisse entrer dans une école ne lui déplaisait pas, car elle y serait probablement à l'abri du danger, et il savait que si les autres élèves se montraient assez stupides pour s'en prendre à elle, la demoiselle ne se laisserait certainement pas faire. Il y avait aussi la menace "B", mais elle dormait depuis… eh bien, le soir passé à l'hôpital.
- D'accord, mais comment est-ce que tu comptes entrer dans une école privée ? pointa-t-il.
- J'ai trois options, répondit Tami. Soit je me mets moi-même à voler et cambrioler dans tous les sens jusqu'à rassembler l'argent, soit j'arrive à décrocher une bourse pour y entrer, soit je passe d'abord par l'option "dire à Silas que je connais son identité" et s'il accepte de m'avoir comme élève, entrer dans son école.
Encore une fois il lui semblait que Tami y avait beaucoup réfléchi.
- Dans ce cas, j'ai une dernière question pour toi.
- Qui est ? demanda la demoiselle.
- Est-ce que tu as besoin de mon aide ?
La jeune fille sembla y réfléchir sérieusement, avant de finalement secouer la tête.
- Je pense que je peux me débrouiller pour ça. Tant que j'arrive à obtenir une entrevue avec Crowlak, ça devrait aller.
Law hocha la tête avec un air approbateur. Si elle était aussi sûre d'elle, il pouvait sûrement lui faire confiance.
- On a plus qu'à commencer à s'approcher de West Blue, déclara-t-il.
- 6 octobre 1513 -
- Law, t'es sûr de toi ? demanda Tami, pas très à l'aise.
- Puisque je te dis que je vais bien, répondit le jeune homme.
Il dût s'y reprendre à deux fois pour viser correctement et verser l'alcool dans sa bouche au lieu de sur son menton. La demoiselle grimaça.
Pour l'anniversaire du futur pirate, elle était partie chercher son gâteau préféré, comme toujours, et avait cherché après quelque chose en plus à lui offrir, sans succès, mais en rentrant au bâteau, il n'était nulle part en vue. Elle avait donc cherché après lui pendant des heures, avant de passer la porte d'un pub. Et visiblement le temps qu'elle ne le retrouve, il avait déjà bu une demi-douzaine de verres, d'après ce qu'elle comptait sur sa table.
- Tu devrais vraiment ralentir… risqua-t-elle. Je pense que t'as assez bu comme ça.
- Mais non, réfuta le jeune homme éméché.
Tami fronça les sourcils et lui prit son verre des mains.
- Eh ! protesta-t-il.
- Je t'ai dit que tu as assez bu ! gronda-t-elle.
- Fous-moi la paix, t'es pas ma nounou que je sache.
La demoiselle en colère haussa un sourcil à l'encontre de Law, avant d'attraper Kikoku qui traînait sur le sol, puis l'oreille de celui supposé être l'aîné. Lequel grimaça à la sensation.
- On rentre. Maintenant.
- Putain, rabat-joie… grommela l'adolescent.
- Tu me remercieras en te réveillant demain, quand tu verras que personne t'as volé ton arme ou ce qui te reste de fric, répliqua-t-elle.
Elle le tira par le bras pour le faire lever de sa chaise, chancelant légèrement. Elle lui attrapa donc le bras et le traîna derrière elle pour sortir du bar.
- Je vois pas pourquoi tu m'emmerdes, j'étais bien, continua de grommeler l'adolescent bourré.
- Toi qui passe ton temps à me dire de faire gaffe, t'as un sacré culot ! s'exclama la jeune fille, bien remontée.
- J'fais c'que j'veux, c'est mon anniversaire.
- "Faire ce que tu veux" va t'amener la conséquence de mon pied au cul si tu continue, l'avertit-elle.
- Je suis meilleur que toi au corps à corps.
- Pas quand tu tiens à peine debout.
Continuant de pester intérieurement après la stupidité du jeune homme, elle continua de le tirer avec elle jusqu'au navire, sous les regards hilares et curieux des passants. Il se trouvaient sur une île sans loi, c'était dangereux de se saouler, merde !
Quand ils furent en vue du port, elle poussa un soupir de soulagement, ils y étaient presque. Le trajet s'était relativement bien passé malgré Law, toujours bourré, qui continuait de dire qu'il ne voulait pas rentrer et qu'elle était juste chiante, mais au moment où il posa le pied sur le bateau, il se mit à pâlir sensiblement. Il arracha son bras de la main de Tami et se pencha par-dessus bord pour vider le contenu de son estomac.
Visiblement, les légères secousses du navire avaient suffi à le rendre malade…
Avec un soupir, la demoiselle sortit son mouchoir de sa poche et rejoignit le jeune homme pour le soutenir. Quand ses haut-le-cœur furent calmés, elle l'aida à s'essuyer le menton, avant de l'embarquer dans la cabine. Fort heureusement, il semblait avoir l'esprit un peu plus clair maintenant que l'alcool dans son estomac avait été évacué.
Elle le laissa donc se rincer la bouche, puis se changer dans son pyjama, avant de l'aider à s'allonger dans son lit. Il sombra dans les méandres du sommeil à peine allongé. Tami poussa un soupir silencieux, toujours un peu énervée, mais au moins il était en sécurité.
Il avait vraiment eu de la chance qu'elle l'ait trouvé avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Lui qui passait son temps à lui dire de faire attention… Quel crétin.
- 7 octobre 1513 -
Quand Law ouvrit les yeux, il tira la grimace, ébloui par la lumière du soleil qui entrait par la fenêtre de la cabine. Quand la douleur dans ses yeux fut calmée, il constata qu'il avait mal à la tête. Pas au point de le clouer au lit, mais tout de même assez pour l'empêcher de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre. Un verre d'eau en train de pétiller arriva dans son champ de vision et il le vida d'un trait.
- Merci… soupira-t-il.
Il releva les yeux vers Tami, mais il n'y avait personne. Le rideau qui séparait la chambre du reste de la cabine bougeait encore après le passage de la demoiselle. Law cligna des yeux, se demandant bien quelle mouche l'avait piquée… Est-ce qu'il avait fait quelque chose ?
Il se creusa les méninges un moment, avant de se rappeler de moments assez flous de la soirée, la veille… Et… Il l'avait insultée un nombre de fois conséquent pour avoir voulu interrompre son "fun".
Quel crétin.
Pourquoi avait-il bu autant, d'ailleurs ?
Se passant une main sur le visage, le jeune homme se sentait mortifié. Lui qui voulait toujours prêcher l'exemple… Ah ça, quel exemple il avait été !
Il rejeta ses couvertures et sortit de son lit pour rejoindre la demoiselle de l'autre côté du rideau.
Pouf.
Law resta figé un instant alors que le coussin mou qu'il venait de se prendre en plein visage retombait sur le sol. Tami semblait parfaitement indifférente alors qu'elle reprenait la lecture d'un livre quelconque, après lui avoir balancé son projectile.
- Tami, je-
- Non, l'interrompit-elle.
Il se tut immédiatement. Après quelques secondes d'immobilité, elle pointa le doigt vers le plan de travail de la cuisine où se trouvait une boîte en carton qui sortait visiblement d'une pâtisserie. Vraiment quel imbécile il était.
- Je suis désolé, s'excusa-t-il quand même.
- C'est rien, je suis qu'une emmerdeuse de toute façon, répondit-elle nonchalamment.
Il tira la grimace, honteux.
- J'ai vraiment dit ça ?
- Entre autres. Avec huit verres dans le nez, j'imagine que c'est difficile de rester poli.
- … Je suis un crétin.
- Oui. Maintenant mange et laisse-moi finir ce chapitre fort intéressant.
Le jeune homme soupira et ramassa la boîte de pâtisseries et la posa sur la table. Tami sembla finir sa page et la marqua avant de refermer son livre, pour se mettre à le fixer à la place.
Law ouvrit la boîte en carton et en sortit l'éclair au café qu'il savait être pour son anniversaire, pour le tendre vers la demoiselle à la place. Elle ne broncha pas.
- Y'a que les enfants sages qui ont droit aux gâteaux, déclara-t-il.
Et enfin il vit un sourire sur le visage de la demoiselle, alors qu'elle se mettait à glousser à son commentaire.
- Ok, j'arrête de faire la tête, déclara-t-elle. Mais tu me dois la part de fraisier la plus grosse et la plus chère que tu puisses trouver pour mon anniversaire.
- Vendu.
Tami prit un couteau dans un tiroir et coupa l'éclair en deux, avant d'en donner la moitié au jeune homme.
- Merci.
- De rien, Cap'tain.
- 28 janvier 1514 -
- Tami ?
La demoiselle releva la tête, en train de dessiner, quand le jeune homme passa la tête par le rideau. Il s'était montré très discret depuis deux semaines, lui expliquant qu'il préparait une surprise, et tous les jours il demandait à rester seul dans la chambre pendant un long moment où elle n'avait pas le droit d'entrer. Elle se demandait bien ce qu'il faisait là-dedans, mais à sa demande, n'avait posé aucune question.
- J'ai quelque chose à te montrer.
Elle posa son crayon alors qu'il passait le rideau, torse nu. Intriguée, elle haussa un sourcil. Puis le jeune homme lui tourna le dos, lui tirant une exclamation de surprise. Portant les mains à sa bouche, Tami gardait ses yeux grand ouverts fixés sur le Jolly Roger tatoué sur le dos de Law.
Pour elle, le seul tatouage présent sur son corps était le résultat d'un acte abject, alors elle ne comprenait pas vraiment pourquoi quelqu'un s'infligerait une telle chose… Mais elle se rappelait que Cora-san aussi avait un tatouage, sur la pommette, et que beaucoup de gens semblaient apprécier se faire tatouer le corps en général. Certains pouvaient même se retrouver avec des œuvres magnifiques sur la peau.
Maintenant que la torture était hors de son équation, elle sentit ses joues chauffer de quelques degrés lorsqu'elle réalisa ce que le tatouage de Law pouvait signifier.
- Alors, ça te plaît ? demanda-t-il avec un sourire.
- Tu plaisantes ?! Si ça me plaît ?! s'exclama-t-elle avec un énorme sourire. Law, mon dessin est sur ton dos ! C'est le meilleur compliment du monde !
Elle se leva de son siège et se jeta sur le jeune homme pour lui faire un gros câlin.
- Doucement, ça cicatrise encore, lui-dit-il avec un léger rire. Content de voir que ma surprise te plaît.
Il brisa leur étreinte et enfila un tee-shirt large, avant de s'approcher d'un des placards du coin cuisine pour en sortir une boîte en carton.
- Il me semble que je t'avais promis un gâteau, non ? demanda-t-il.
- 7 février 1514 -
- T'es vraiment certaine que ça ira ? demanda Law pour la énième fois.
Tami leva les yeux au ciel.
- Oui Cap'tain.
- Répète-moi ce que tu dois faire si t'as des ennuis ?
- Envoyer un message dans les annonces du Times, de la part du "Sablier", pour le "Coeur", récita-t-elle. Et on doit se donner des nouvelles au moins une fois par mois.
Le jeune homme poussa un soupir, visiblement peu tranquille. Ses affaires étaient empaquetées dans une barque qu'il avait "empruntée", son nodachi sur l'épaule, il se préparait à partir. Et Tami comme lui savaient qu'ils ne se reverraient pas avant plusieurs années.
- Tu es vraiment sûre de ne pas vouloir venir avec moi ? demanda-t-il finalement.
Le visage de la demoiselle passa de la surprise, à la tristesse puis à la confiance en l'espace de quelques secondes. Bien sûr qu'elle aurait préféré rester avec lui. Leur séparation l'effrayait plus qu'autre chose, mais elle avait une mission. Ils avaient tous les deux une mission, une promesse à tenir.
- Je te rejoindrai quand le moment sera venu, mais en attendant, il faut que je trouve Crowlak si je veux pouvoir être utile.
Law semblait toujours terriblement inquiet, mais il se fit une raison.
- Dès que tu prends la mer, préviens-moi, on essaiera de se voir.
- Promis, Cap'tain. Essaie de ne pas trop te faire remarquer avant de pouvoir être sûr d'accuser le coup.
- Je ne peux rien promettre, mais dans tous les cas ça attendra que j'ai passé tous mes examens. Mes parents méritent un diplôme à mon nom avant que je ne devienne pirate.
Le sourire de Tami s'élargit.
- Je suis sûre qu'ils sont fiers de toi. Allez, ne fais pas attendre la Grand Line plus longtemps que nécessaire.
Avec un dernier soupir à fendre l'âme, Law monta dans sa petite embarcation.
- Quoi qu'il arrive, tu sais que je serai là pour couvrir tes arrières, assura la demoiselle.
- Et moi les tiennes, ajouta-t-il. Au revoir, Tami.
- À bientôt.
Il eut un dernier sourire affectueux teinté d'inquiétude envers la jeune fille, avant de larguer la voile et commencer à s'éloigner. Tami garda bravement son sourire en le regardant s'éloigner, jusqu'à ce qu'il ne disparaisse à l'horizon. Une bourrasque de vent froid la frappa et elle frissonna en s'entourant de ses bras, se sentant soudainement très seule.
Merci aux mécènes qui me soutiennent : Andromeda, Clixia, Mariam Pizette et portgas yuwine !
