Heya ! On est le 15 du mois !
Et cette fois je suis pas en retard gnéhéhé...
Merci à Andromeda pour son travail de bêta-lectrice, ainsi qu'à Nitroshield pour son soutien pendant l'écriture !
Maintenant la réponse à une review guest !
Lernie222 : Merci énormément pour ta review, elle m'a fait extrêmement plaisir ! Je suis contente de savoir que mon histoire te plaît à ce point :)
Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne lecture~!
Emerald sentait les légères secousses du train alors qu'elle se réveillait lentement, allongée sur la banquette. Elle devait s'être endormie, comme la peur d'être ramenée de force à la maison des Todd s'était évanouie avec le départ du Poudlard Express.
La demoiselle ouvrit lentement les yeux et, après quelques secondes, réalisa que sa tête reposait sur l'une des cuisses de Harry. Elle se releva d'un coup, extrêmement confuse et peut-être un peu mal à l'aise.
- Pardon, je voulais pas te réveiller, fit Ronald alors qu'il essayait de calmer un hibou gris minuscule qui piaillait dans sa cage.
- Ce… Ce n'est rien, fit Emerald d'une voix rauque.
Elle mourrait de soif, et la faim constante qu'elle s'infligeait depuis un moment lui tordait les entrailles, lesquels émettaient des grondements embarrassants.
- Le chariot est déjà passé, tu as dormi toute la matinée, dit Hermione.
- On t'a gardé quelques trucs, fit Harry en lui mettant sous le nez une petite montagne des friandises préférées de la demoiselle.
La Serpentard lança un regard à la fois incrédule et reconnaissant aux adolescents qui l'entouraient, avant de se jeter sur les premières choses qui lui tombaient sous la main. Le goût des Patacitrouilles lui fit à nouveau monter les larmes aux yeux.
- Tu es… très maigre… fit remarquer Hermione avec un certain malaise.
- Tout le monde moldu était à ta recherche, dit Ronald. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Emerald ne répondit pas, se contentant de mâcher sa friandise. Il se passa de longues minutes de silence alors qu'elle continuait de manger, jusqu'à ce que son estomac rétréci par le jeûne ne finisse par crier grâce. Avec un soupir, elle se laissa retomber contre le dossier.
- Je sais que vous devez vous poser beaucoup de questions, et que me voir dans un état pareil peut vous inquiéter, commença-t-elle. Mais tout ce que j'ai à dire pour le moment, c'est que vous ne me verrez pas manger de viande jusqu'à nouvel ordre.
Les Gryffondor échangèrent des regards confus.
- Comment s'est passé votre été ? demanda ensuite la Serpentard comme si de rien n'était.
- Euh… On s'inquiétait pour toi, mais comme on pouvait rien faire… balbutia Hermione.
- Papa et Maman nous ont dit d'arrêter de penser à ce qu'il t'arrivait, déclara Ronald. Donc tu comprends, on a fait quelques trucs.
- Oui, c'est compréhensible, fit Emerald avec désinvolture. C'est même mieux ainsi. Et donc, ces "quelques trucs" ?
- On… On a été voir la finale de la Coupe du Monde de Quidditch, fit Harry. Tu n'aurais pas aimé ça, il y avait beaucoup de monde. Le match était génial, mais il s'est passé quelque chose après qu'il se soit terminé.
- Comme ? fit la demoiselle en haussant un sourcil.
Hermione sortit de son sac un exemplaire de La Gazette du Sorcier qu'elle tendit à Emerald. Jetant un coup d'œil au journal, la jeune fille vit un gros titre :
"SCÈNES DE TERREUR LORS DE LA COUPE DU MONDE DE QUIDDITCH"
En dessous, une photo en noir et blanc montrait un genre d'hologramme ressemblant à un serpent sortant des mâchoires d'un gigantesque crâne, scintillant au-dessus de la cime des arbres.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.
- C'est la Marque de Tu-Sais-Qui, répondit Ron. Pendant la nuit, après le match, il y a eu un groupe de ses partisans, des… euh…
- Des Mangemorts, rappela Hermione. Ils ont attaqué la famille de moldus qui dirigeaient le camping… C'était horrible.
- Mr Weasley nous a envoyé nous cacher dans les bois, et j'ai réalisé que je n'avais plus ma baguette. Après ça, on a entendu quelqu'un jeter un sort et la Marque est apparue dans le ciel, juste au-dessus de nous, reprit Harry. Celui qui a fait ça avait ma baguette, et personne ne l'a vu faire.
- Mr Croupton a accusé son propre elfe de maison ! s'indigna soudainement Hermione. Tu aurais vu comme il lui parlait !
Emerald cligna des yeux. C'était beaucoup d'informations en une fois.
- Donc, après le match, un groupe de terroristes de Voldemort a attaqué, et quelqu'un a fait apparaître sa marque, résuma-t-elle.
- C'est plus ou moins ça, acquiesça Harry.
- Je vois.
Elle échangea un regard avec le Survivant et sut qu'il pensait à la même chose qu'elle. À la fin de l'année scolaire précédente, le jeune homme s'était vu offrir une prophétie sur la résurrection du mage noir qui avait assassiné ses parents, et tentait de le tuer depuis son arrivée dans le monde des sorciers. Il y avait de bonnes raisons de penser qu'il aurait encore à surveiller ses arrières cette année.
Le reste du voyage vers Poudlard se passa tranquillement. Emerald était elle-même surprise de se sentir aussi détendue après les deux mois qu'elle venait de passer. Si l'on ne comptait pas son état déplorable, c'était comme s'il ne s'était rien passé entre leur dernier voyage en train et celui-ci.
Elle n'était pas au mieux de sa forme, mais au moins elle avait l'estomac plein et ne ressentait plus cette paranoïa constante.
Cependant, vers la fin du voyage, quand les garçons sortirent et qu'elle échangea ses vêtements contre son uniforme, Hermione plaqua une main sur sa bouche, visiblement choquée.
- Emerald, tes bras ! Tes jambes !
La Serpentard soupira en regardant les bandages, dont certains étaient désormais tachés de rouge. Puis elle finit de s'habiller sans un mot. La Gryffondor dut comprendre le message, car elle ne dit plus rien, finissant de se changer à son tour. Après quoi, elles laissèrent la place aux garçons.
Néanmoins, Hermione ne cessa de lui jeter des regards inquiets, comme si elle craignait qu'Emerald ne s'effondre à tout moment. La jeune fille en était légèrement irritée. Elle leur avait dit qu'elle allait bien.
Quand le train arriva en gare, les Gryffondor l'aidèrent à traîner sa valise malgré ses protestations. Elle monta dans la diligence qui les emmènerait jusqu'au château. La demoiselle se pencha par la petite fenêtre du véhicule, regardant la silhouette sombre parsemée de fenêtres étincelantes qui se détachait du ciel nocturne, s'enivrant de la vue qui s'offrait à elle. Elle était de retour. Elle avait réussi à revenir malgré tout.
Le quatuor passa la grande porte qui menait au hall d'entrée du château, mais la Serpentard n'eut pas l'occasion de poser le pied dans la Grande Salle.
- Miss Coldstone !
Reconnaissant la voix, la demoiselle se tourna lentement, tendue, pour faire face à Madame Pomfresh, l'infirmière de Poudlard, accompagnée du professeur Rogue, le directeur de sa maison. Là où le Maître des Potions affichait un air parfaitement désintéressé, la médicomage semblait bouillonner.
- Je vous emmène tout de suite à l'infirmerie ! Vous avez vu dans quel état vous êtes ?!
Son instinct de survie étant actif depuis déjà deux mois sans s'arrêter, elle préféra ne pas contrarier l'honorable infirmière, et adressa un rapide salut de la main aux Gryffondor avant de suivre les adultes jusqu'à l'aile médicale. Madame Pomfresh lui fit un examen rapide à l'aide de quelques sorts et poussa un juron.
- Par le caleçon de Merlin !
- Poppy ? s'étonna Rogue en haussant un sourcil.
- Severus, j'aimerais que vous m'ameniez le professeur Dumbledore, dès la fin de son discours, lui répondit-elle.
Le Maître des Potions hocha vaguement la tête et s'en alla d'un pas souple, sa robe noire virevoltant derrière lui avec son panache habituel. Emerald dut se déshabiller rapidement pour éviter que l'infirmière ne le fasse d'elle-même, et vit ses bandages défaits, exhibant les nombreuses blessures qui lui avaient été infligées les deux dernières semaines.
La demoiselle sentit ses joues chauffer, honteuse, alors qu'elle enfilait la chemise de nuit qui lui avait été donnée. À peine fut-elle changée et mise sous les couvertures que la porte de l'infirmerie s'ouvrit et une paire de pas se firent entendre.
- Vous vouliez me voir, Poppy ? demanda la voix du professeur Dumbledore.
Le directeur de Poudlard apparut de derrière les rideaux et croisa le regard de la demoiselle qui détourna immédiatement les yeux. Elle ne voulait pas que qui que ce soit lise ses pensées.
- Monsieur le directeur, cette enfant est en danger. Elle fait de l'anémie, elle est en sous-nutrition depuis un moment et regardez !
Elle s'approcha d'Emerald et releva les manches de la chemise de nuit, laissant la demoiselle mortifiée alors que les dizaines d'entailles encore fraîches et perlantes de sang qui couvraient ses bras étaient exhibées devant les deux hommes.
- Ses jambes sont dans le même état !
Emerald arracha son bras de la main de l'infirmière, continuant de regarder ailleurs.
- Bonsoir Miss Coldstone, salua le vieux sorcier en affichant son sourire aimable. Comment allez-vous ?
- Je vais bien, merci monsieur le directeur, répondit machinalement la jeune fille.
- Non, vous n'allez pas bien ! protesta Madame Pomfresh. Ce qui vous est arrivé est extrêmement grave ! Albus !
- Poppy, qui que puisse être le responsable de sa disparition, Miss Coldstone n'a rien à craindre tant qu'elle se trouve au château, raisonna le vieux sorcier.
D'une façon assez étrange, la demoiselle sentit ses épaules se détendre légèrement. Oui, Neely ne pouvait plus rien contre elle à Poudlard, mais les conséquences de ses actes allaient continuer à lui tomber dessus. La réaction de l'infirmière ou de ses amis en était la preuve.
Une petite minute…
- Vous savez ? s'étonna Emerald.
- Le professeur Rogue nous en a informé dès qu'il a appris votre situation dans les journaux moldus, acquiesça le directeur. Malheureusement nous n'avions aucun moyen de vous retrouver, l'adresse à laquelle le hibou a apporté votre lettre était une fausse, je pense qu'un sortilège de brouillage a été utilisé pour empêcher votre sauvetage.
Il fit apparaître une chaise de nulle part pour s'asseoir dessus à côté du lit de la demoiselle.
- Miss Coldstone, vous voulez bien nous parler de ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il posément. Vous n'y êtes pas obligée, et vous n'avez pas à nous donner de détails si vous ne le voulez pas.
Emerald se passa une main sur le visage, sentant la fatigue revenir, et poussa un soupir.
- Je pense que Madame Pomfresh en a suffisamment dit, déclara-t-elle avec une voix monocorde.
- Votre état est tout de même inquiétant, pointa le vieil homme.
- Et la conséquence de mes propres choix. je m'en remettrai.
Les trois adultes échangèrent des regards, puis Dumbledore se leva.
- Si vous n'êtes pas encore prête, alors nous allons vous laisser vous reposer. Bonne nuit Miss Coldstone.
- Bonne nuit monsieur le directeur.
Le vieil homme afficha un sourire avant de s'en aller. Le professeur Rogue resta quelques instants à fixer la demoiselle, avant de suivre Dumbledore. Madame Pomfresh semblait tout aussi suspicieuse que le Maître des Potions alors qu'elle commençait à administrer des soins sur les différentes plaies.
- Vous allez encore me dire que vous voulez garder les cicatrices ? demanda-t-elle avec un air crispé.
- … non. Pas cette fois, répondit la jeune fille. Effacez-les toutes.
Madame Pomfresh insista pour garder Emerald a l'infirmerie au moins trois jours, lui faisant boire une potion de gavage à chaque repas, et l'autorisait à rattraper ses cours à condition qu'elle fasse une sieste dans l'après-midi. La demoiselle n'avait pas cherché à négocier et était reconnaissante envers Blaise Zabini qui avait les mêmes options qu'elle, et ramenait ce que ses professeurs avaient préparé pour elle.
Elle put sortir le jeudi matin, bien moins amaigrie, le coquard autour de son œil disparu, et sans aucune trace des nombreuses entailles infligées par Neely. La demoiselle se sentait revivre. Ayant déjà pris le petit déjeuner, elle fit un tour rapide dans les dortoirs des Serpentard pour récupérer ses affaires de cours.
La matinée se passa tranquillement, Malefoy semblait étrangement intrigué, lançant régulièrement des regards à la dérobée à la jeune fille, mais elle n'en tint pas compte. Comme l'année dernière il se moquait de ses évanouissements à cause des Détraqueurs, elle se doutait bien qu'il cherchait une raison pour recommencer à se payer sa tête.
Au déjeuner, elle fut bien contente de pouvoir rejoindre les Gryffondor à leur table.
- Emerald ! s'exclama Hermione avec un sourire.
- T'as l'air d'aller mieux, fit Harry.
- Beaucoup mieux, acquiesça la Serpentard. Hermione, pourquoi vous mangez aussi vite ?
- Je vais à la bibliothèque, répondit la brunette en enfournant le contenu de son assiette.
La demoiselle haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire. Elle s'installa et mangea tranquillement, évitant soigneusement tout ce qui contenait de la viande, tandis que Harry et Ronald la tenait au courant des dernières nouvelles : Le Tournoi des Trois Sorciers, les élèves qui viendraient d'autres écoles de magie, mais aussi et surtout…
- Et Malefoy a été changé en fouine ! rit bruyamment le rouquin.
- En fouine ?
- Tu l'aurais vu, c'était glorieux !
Emerald se pencha pour voir à la table des professeurs deux nouvelles têtes. Il y avait un homme avec une apparence tout à fait fascinante: On aurait dit qu'il avait été taillé dans un vieux morceau de bois usé, par quelqu'un qui n'aurait eu qu'une très vague idée de la physionomie humaine et de l'art de la sculpture.
Chaque centimètre carré de sa peau paraissait marqué de cicatrices. Sa bouche avait l'air d'une entaille tracée en diagonale et il lui manquait une bonne partie du nez. Mais c'étaient surtout ses yeux qui le rendaient intimidant. L'un d'eux était petit, sombre, perçant. L'autre était grand, rond comme une pièce de monnaie et d'un bleu vif, électrique.
L'œil bleu remuait sans cesse, sans jamais ciller, roulant dans son orbite, d'un côté et d'autre, de haut en bas, totalement indépendant de l'œil normal. Il pouvait également se retourner complètement pour regarder en arrière. On ne voyait plus alors qu'un globe blanc, mais du point de vue de la jeune fille, c'était toujours mieux que de voir les nerfs optiques qui auraient dû s'y trouver.
Assise à côté de l'homme se trouvait une jeune femme qui devait tout juste avoir la vingtaine. Elle semblait de taille moyenne, caucasienne, avec des yeux verts pétillants et des cheveux d'un bleu royal. Elle semblait en grande discussion avec son voisin.
- Et eux, qui sont-ils ? demanda Emerald.
- Ah oui, c'est vrai que tu ne les as jamais vu, réalisa Harry. L'homme c'est Maugrey Fol-Œil, c'est un auror à la retraite qui a pris la place de prof pour la Défense contre les Forces du Mal.
- D'accord. Et pour la femme qui l'accompagne ?
- Elle, c'est Lise, répondit Ron. C'est une auror en formation, papa lui a déjà parlé. Fol-Œil est paranoïaque et a dit qu'il avait été attaqué le matin de la rentrée, alors avant de partir à Poudlard il a demandé une escorte et il a choisi son apprentie.
- Je vois.
- Tu vas pouvoir les rencontrer en personne, on est en cours avec eux juste après manger, fit Harry.
Ils arrivèrent en avance, juste après le déjeuner, et se mirent en rang devant la salle de classe avant même que la cloche eût retenti. Emerald était surprise de voir autant d'élèves pressés d'entrer en classe, d'habitude ils arrivaient au dernier moment ou avaient même une ou deux minutes de retard. La seule personne absente était Hermione qui arriva juste à temps pour le début du cours.
- J'étais à...
- ... la bibliothèque, acheva Harry à sa place. Dépêche-toi, si tu veux qu'on ait de bonnes places.
Sur l'insistance des garçons, ils s'installèrent sur les tables qui faisaient face au bureau professoral, sortirent leurs exemplaires de Forces obscures : comment s'en protéger et attendirent dans un silence inhabituel. Bientôt, ils entendirent le claquement d'une jambe de bois sur le sol qui résonnait en écho dans le couloir, et il entra dans la classe. Dépassant sous sa robe de sorcier, on apercevait sa jambe artificielle en bois, dotée de griffes. Il était suivi de son escorte qui alla s'appuyer contre le mur à côté de la porte de la classe.
- Les livres, vous pouvez les ranger, grogna l'homme, en allant s'installer à son bureau. Vous n'en aurez pas besoin.
Ils remirent aussitôt leurs manuels dans leurs sacs. Ron avait l'air enthousiasmé.
Maugrey sortit un registre, secoua sa longue crinière de cheveux gris pour dégager son visage tordu et couturé, puis commença à faire l'appel, son œil normal suivant la liste des noms tandis que l'œil magique tournait dans son orbite, se fixant sur chaque élève qui répondait "présent".
- Bien, dit-il, lorsqu'il eut terminé. J'ai reçu une lettre du professeur Lupin au sujet de cette classe. Il semble que vous ayez acquis de bonnes bases en ce qui concerne la protection contre les créatures maléfiques. Vous avez vu notamment les Épouvantards, les Pitiponks, les Strangulots, les loups-garous et quelques autres, c'est bien cela ?
Il y eut un murmure d'approbation.
- Mais vous êtes en retard — très en retard — en matière de défense contre les mauvais sorts, poursuivit Maugrey. Donc, je suis là pour vous remettre au niveau en vous enseignant les sortilèges dont se servent les sorciers entre eux. J'ai un an pour vous montrer comment vous y prendre avec les maléfices qui...
- Quoi, vous ne serez plus là l'année prochaine ? l'interrompit Ron.
L'œil magique de Maugrey pivota pour se poser sur Ronald. Celui-ci parut d'abord un peu mal à l'aise mais, au bout d'un moment, l'ex-Auror eut un sourire. Son visage barré de cicatrices parut tordu mais il était rassurant de le voir manifester un signe de bienveillance, même s'il ne s'agissait que d'un simple sourire. Ron sembla profondément soulagé.
- Tu es le fils d'Arthur Weasley, c'est ça ? dit Maugrey. Ton père m'a tiré d'un très mauvais pas, il y a quelques jours... Oui, je ne vais rester qu'un an, ensuite je retournerai à la quiétude de ma retraite.
Il éclata d'un rire rocailleux puis joignit ses mains noueuses.
- Alors, allons-y. Les mauvais sorts. Ils peuvent prendre les formes les plus diverses et leur puissance varie considérablement, selon les cas. Si l'on s'en tient aux recommandations du ministère de la Magie, j'ai pour mission de vous apprendre quelques sortilèges de défense, rien de plus. Je ne suis pas censé vous montrer comment les maléfices interdits se manifestent tant que vous n'aurez pas atteint la sixième année. En attendant, on vous estime trop jeunes pour les connaître en détail. Mais le professeur Dumbledore se fait une plus haute idée de votre caractère et pense que vous êtes capables d'en apprendre davantage. J'ajoute que, plus vite vous saurez ce qui vous attend, mieux ça vaudra. Comment pourriez-vous vous défendre contre quelque chose que vous n'auriez jamais vu ? Si un sorcier s'apprête à vous jeter un sort interdit, il ne va pas vous avertir de ses intentions. Il ne fera pas ça gentiment et poliment. Il faut que vous soyez préparés à réagir. Vous devrez être attentifs, toujours sur vos gardes. Miss Brown, vous n'avez pas besoin de regarder ça pendant que je parle.
Lavande Brown sursauta et rougit. Elle était en train de montrer à Parvati Patil, sous son pupitre, l'horoscope qu'elle avait achevé. Apparemment, l'œil magique de Maugrey arrivait à voir à travers le bois aussi bien que derrière sa tête. Fascinant.
- Alors... reprit le professeur. Quelqu'un peut-il me dire quels sont les maléfices que les lois de la sorcellerie répriment avec le plus de sévérité ?
Plusieurs mains se levèrent timidement, y compris celles de Ron et d'Hermione. Maugrey montra Ron du doigt, bien que son œil magique fût toujours fixé sur Lavande.
- Heu... dit Ron, d'une voix mal assurée, mon père m'a parlé d'un maléfice... Ça s'appelle le sortilège de l'Imperium, ou quelque chose comme ça...
- Ah, oui, dit Maugrey d'un air appréciateur, c'est sûr que ton père le connaît, celui-là. À une certaine époque, il a donné beaucoup de fil à retordre aux gens du ministère, l'Imperium.
Maugrey se leva avec lenteur, ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit un bocal en verre. A l'intérieur, trois grosses araignées s'agitaient en tous sens pour essayer de sortir. Emerald vit Ron se tasser légèrement sur sa chaise.
Maugrey plongea une main dans le bocal, attrapa une des araignées et la posa au creux de sa main pour que tout le monde puisse la voir.
Puis il pointa sa baguette magique sur elle et murmura :
- Impero !
L'araignée sauta alors de sa main, se laissa descendre le long d'un imperceptible fil de soie et commença à se balancer comme si elle exécutait un numéro de trapèze. Puis elle tendit les pattes et fit un saut périlleux en arrière, rompant le fil et tombant sur le bureau où elle se mit à faire la roue en décrivant des cercles. Maugrey agita sa baguette magique et l'araignée se dressa sur ses pattes de derrière en sautillant comme un danseur de claquettes.
Tout le monde se mit à rire. Pas Emerald. Elle se sentit perdre ses couleurs en pensant à ce qui aurait pu lui arriver si les Todd avaient utilisé ce sort sur elle.
- Vous trouvez ça drôle, hein ? grogna Maugrey. Ça vous plairait que je vous oblige à faire la même chose ?
Les rires s'évanouirent presque instantanément.
- Contrôle total, dit Maugrey à voix basse tandis que l'araignée se recroquevillait et roulait sur elle-même d'un bout à l'autre du bureau. Je pourrais lui ordonner de se jeter par la fenêtre, de se noyer, ou de sauter dans la gorge de l'un ou l'une d'entre vous...
Ron fut parcouru d'un frisson. Emerald se rappela qu'il était arachnophobe.
- Il y a des années, nombre de sorcières et de sorciers se sont retrouvés soumis à un sortilège d'Imperium, dit Maugrey. Les gens du ministère ont eu bien du travail pour déterminer qui avait été forcé d'agir sous la contrainte et qui avait agi de sa propre volonté. L'Imperium peut être combattu, et je vais vous apprendre comment, mais il faut une vraie force de caractère pour s'y opposer et tout le monde n'en est pas capable. Il vaut mieux éviter d'en être victime si c'est possible. VIGILANCE CONSTANTE ! aboya-t-il, et tout le monde sursauta.
Maugrey prit l'araignée sauteuse et la remit dans le bocal.
- Quelqu'un peut-il me citer un autre sortilège interdit ?
La main d'Hermione se tendit à nouveau, mais également, à la surprise du quatuor, celle de Neville. De mémoire, la Serpentard n'avait jamais vu le jeune Londubat lever la main en classe. Neville lui-même parut surpris de sa propre audace.
- Oui ? dit Maugrey, son œil magique se tournant vers lui.
- Il y en a un... Le sortilège Doloris, dit Neville d'une petite voix que l'on entendit quand même distinctement.
Maugrey regarda fixement Neville, avec ses deux yeux, cette fois.
- Tu t'appelles Londubat ? dit-il, son œil magique se posant à nouveau sur le registre des noms.
Neville, mal à l'aise, approuva d'un signe de tête, mais Maugrey ne lui posa aucune autre question. Se tournant vers la classe toute entière, il plongea une nouvelle fois la main dans le bocal et prit une autre araignée qu'il posa sur le bureau où elle resta immobile, apparemment trop terrifiée pour bouger.
- Le sortilège Doloris, dit Maugrey. Il va falloir l'agrandir un peu pour que vous compreniez mieux le principe.
Il pointa sa baguette sur l'araignée.
- Amplificatum ! marmonna-t-il.
L'araignée enfla aussitôt. Elle était à présent plus grosse qu'une tarentule. Renonçant à dissimuler sa répulsion, Ron recula sa chaise aussi loin que possible du bureau de Maugrey.
Celui-ci leva à nouveau sa baguette, la pointa sur l'araignée et murmura :
- Endoloris !
Les pattes de l'araignée cédèrent alors sous son corps. Elle roula sur elle-même, agitée d'horribles convulsions, se balançant de tous côtés. Elle n'avait aucune possibilité d'émettre le moindre son mais Emerald avait l'impression d'entendre ses hurlements de douleur. Maugrey tint sa baguette immobile et l'araignée fut parcourue de spasmes et de tremblements de plus en plus violents. La jeune fille se tendit, regardant avec des yeux écarquillés d'horreur l'arachnide se contorsionner sous ses yeux, incapable de prononcer le moindre mot ou d'effectuer le moindre geste.
- Arrêtez ! s'écria soudain Hermione d'une voix perçante.
Maugrey leva sa baguette. Les pattes de l'araignée se détendirent, mais elle continua de se convulser. Emerald sentait sa respiration comme alourdie alors qu'elle restait incapable de détourner les yeux de la pauvre créature.
- Reducto, murmura Maugrey.
L'araignée retrouva instantanément sa taille normale et Maugrey la remit dans le bocal.
- La douleur, dit-il à voix basse. On n'a besoin d'aucune arme pour faire mal à quelqu'un quand on est capable de jeter le sortilège Doloris... Celui-là aussi a été très utilisé à une certaine époque. Quelqu'un peut-il me citer d'autres sortilèges interdits ?
La main d'Hermione tremblait légèrement lorsqu'elle la leva pour la troisième fois.
- Oui ? dit Maugrey en la regardant.
- Avada Kedavra, murmura Hermione.
- Ah, dit Maugrey en esquissant un nouveau sourire qui tordit sa bouche asymétrique. Oui, le dernier et le pire. Avada Kedavra... Le sortilège de la mort.
Il glissa la main dans le bocal et, comme si elle devinait le sort qui l'attendait, la troisième araignée se mit à courir frénétiquement au fond du récipient pour essayer de lui échapper. Mais Maugrey l'attrapa et la posa à son tour sur le bureau où elle recommença à courir, en proie à une véritable panique. Emerald respirait de plus en plus difficilement alors qu'elle commençait à se douter de ce qui allait se passer d'ici quelques secondes.
- Avada Kedavra ! rugit Maugrey.
Il y eut un éclair aveuglant de lumière verte et un bruit semblable à une rafale de vent, comme si quelque chose d'invisible et d'énorme avait brusquement pris son vol. Aussitôt, l'araignée roula sur le dos. Elle était apparemment intacte mais il n'y avait aucun doute : elle était morte sur le coup.
C'était tellement… facile. Tellement rapide et propre…
Dans la classe, plusieurs filles étouffèrent un cri. Ron se rejeta en arrière et faillit tomber avec sa chaise lorsque l'araignée morte glissa vers lui. D'un geste de la main, Maugrey balaya le bureau, jetant par terre le cadavre de l'araignée.
- Pas très agréable, dit-il d'une voix calme. Pas amusant du tout. Et il n'existe aucun moyen de conjurer ce sortilège. Impossible de le neutraliser. On ne connaît qu'une seule personne qui ait jamais réussi à y survivre et cette personne est assise devant moi.
Emerald fit un effort considérable pour garder le contrôle au lieu de s'enfuir en courant. Cet homme connaissait tous ces sortilèges… Il pouvait leur apprendre comment s'en protéger… Mais elle avait l'impression d'entendre le professeur de loin toujours incapable d'effectuer le moindre geste et ayant toujours un peu de mal à respirer.
- Avada Kedavra est un maléfice qui exige une grande puissance magique. Si vous sortiez tous vos baguettes en cet instant et que vous les pointiez sur moi en prononçant la formule, je ne sais même pas si vous arriveriez à me faire saigner du nez. Mais peu importe, je ne suis pas là pour vous apprendre à jeter ce sort. Alors, me direz-vous, s'il n'existe aucun moyen de s'en protéger, pourquoi nous le montrer ? Parce qu'il faut que vous sachiez. Vous devez mesurer ce que signifie le pire. Et ne pas vous mettre dans une situation où vous auriez à le subir. VIGILANCE CONSTANTE ! rugit-il et toute la classe sursauta à nouveau.
Emerald se fit violence pour enfin lâcher le bord de son pupitre et passer une main sur son visage, essuyant des perles de sueur froide.
- Sachez maintenant que ces trois sorts — Avada Kedavra, Imperium et Doloris — sont appelés les Sortilèges Impardonnables. Utiliser l'un d'eux contre un autre être humain est passible d'une condamnation à vie à la prison d'Azkaban. Voilà les forces maléfiques que vous devrez affronter, celles que je dois vous apprendre à combattre. Vous aurez besoin pour cela de préparation. Vous aurez besoin d'acquérir les armes nécessaires. Mais surtout, vous devrez faire preuve d'une vigilance constante. Prenez vos plumes et écrivez...
Ils passèrent le reste du cours à prendre des notes sur chacun des trois Sortilèges Impardonnables et personne ne songea à dire le moindre mot. La Serpentard avait des difficultés à rester concentrée, mais elle tentait de faire comme si de rien n'était, raturant encore et encore sur son parchemin. Quand la cloche sonna la fin du cours, elle se débattit un peu pour ranger ses affaires, avant de suivre les Gryffondor.
La plupart des élèves autour d'eux commentaient ce qui s'était passé d'une voix qui trahissait un mélange d'effroi et d'admiration :
- Tu as vu cette araignée se tordre de douleur ?
- Et quand il a tué l'autre ? Comme ça, sans la toucher !
Ils parlaient du cours comme s'il s'était agi d'une sorte de spectacle, pensa Emerald avec dégoût. Mais heureusement pour ses pauvres nerfs, Harry et Hermione ne semblaient rien avoir vu de drôle, eux non plus.
- Dépêchez-vous, dit la brunette aux trois autres d'un air tendu.
- Tu ne vas pas nous refaire le coup de la bibliothèque ? dit Ron.
- Non, répliqua sèchement Hermione en montrant un couloir latéral. Regardez Neville.
Seul au milieu du couloir, Londubat regardait fixement le mur qui lui faisait face avec la même expression horrifiée que lorsque Maugrey leur avait montré les effets du sortilège Doloris.
- Neville ? dit Hermione avec douceur.
Il se tourna vers eux.
- Ah, c'est vous, dit-il, la voix beaucoup plus aiguë que d'habitude. Intéressant comme cours, non ? Je me demande ce qu'il y a au dîner, ce soir, je... je meurs de faim, pas vous ?
- Neville, ça va ? s'inquiéta Hermione.
- Oh, oui, oui, tout va bien, répondit-il précipitamment de cette même voix étrangement aiguë. Très intéressant, ce dîner... je veux dire, ce cours... Qu'est-ce qu'on mange ?
Ron jeta à Harry un regard surpris.
- Neville, qu'est-ce que... ?
Un claquement sec et régulier retentit dans leur dos et ils virent arriver le professeur Maugrey qui s'avançait vers eux de sa démarche claudicante. Tous les quatre se turent en l'observant avec inquiétude mais, lorsqu'il leur parla, ce fut d'une voix beaucoup plus douce qu'à l'ordinaire :
- Ne t'inquiète pas, fils, dit-il à Neville. Si tu veux, tu peux passer dans mon bureau, d'accord ? Allez, viens, on prendra une tasse de thé...
Neville parut encore plus apeuré à la perspective de boire une tasse de thé avec Maugrey. Il n'osa ni bouger, ni parler.
- Il est en état de choc, murmura d'un air absent Emerald en glissant sa main libre dans l'une de ses poches pour cacher son tremblement. Du chaud lui fera du bien.
Maugrey tourna vers la demoiselle son œil magique qui la fixa pendant quelques secondes, mais il ne dit rien. Finalement, il tourna la tête en direction de Harry.
- Ça va, Potter ?
- Bien sûr, répondit le Survivant, presque avec défi.
L'œil bleu de Maugrey tressaillit légèrement en observant le jeune homme.
- Il faut que tu saches, dit alors Maugrey. C'est peut-être un peu brutal, mais tu dois savoir. Ça ne sert à rien de faire semblant... Allez, viens, Londubat. J'ai quelques livres qui pourraient t'intéresser.
Neville lança aux Gryffondor un regard implorant, mais comme aucun des trois n'ouvrait la bouche, il se résolut à suivre Maugrey qui l'entraînait déjà, une main noueuse posée sur son épaule.
- De quoi parlait-il ? dit Ron en les regardant disparaître tous deux à l'angle du couloir.
- Je ne sais pas, répondit Hermione, l'air songeur.
- En tout cas, ça, c'était un cours, non ? dit Ron à Harry, tandis qu'ils se dirigeaient vers la Grande Salle. Fred et George avaient raison. Il sait de quoi il parle, Maugrey. Quand il a lancé l'Avada Kedavra, vous avez vu un peu comment cette araignée est morte ? Liquidée en un ins...
Mais Ron s'interrompit soudain en voyant l'expression de Harry et ne prononça plus un mot jusqu'à ce qu'ils soient arrivés dans la Grande Salle.
Merci aux mécènes qui me soutiennent : Andromeda, Clixia, Mariam Pizette et portgas yuwine !
