– Tu sais, je pourrais me transformer en titan quand je serai grand. Je serai grand et fort et tout le monde aura peur de moi.

Dans une petite ville, un petit garçon eldien se vantait avec ardeur sans se rendre compte du bref frisson de peur de la fille à laquelle il parlait.

Un homme encore jeune, presque un adolescent, qui passait jeta un regard sur les deux enfants et les observa un instant.

Lui avait vu la peur de la fillette.

Il regardait avec consternation la sotte vantardise du garçonnet.

Il pensait que cette situation n'était absolument pas normale.

La plupart des Eldiens considéraient l'existence des titans avec sérénité.

La déesse Ymir leur avait légué ce don et voilà tout.

Le pouvoir des titans leur permettait d'être au sommet de l'humanité et voilà tout.

Les choses étaient ce qu'elles sont et voilà tout.

L'empire eldien n'avait pas mené de guerre depuis plus de trois siècles maintenant.

Il n'en avait plus besoin. Il n'avait plus besoin d'imposer leur puissance pour obtenir les ressources qu'ils convoitaient pour deux raisons. D'abord, l'empire avait déjà des ressources fabuleuses des terres en abondance, des mines, des champs. Ensuite, parce que les autres nations offraient d'elles mêmes leurs ressources en même temps que les filles de leurs peuples et en remerciant l'empire encore.

Karl Fritz n'en pouvait plus de cette situation. Il n'en pouvait plus de l'obséquiosité des non -eldiens qui mendiaient la reconnaissance du peuple d'Ymir. Il n'en pouvait de l'attitude arrogante et nonchalante du peuple d'Ymir qui croyait que la prospérité lui était dû. Il n'en pouvait plus du prix à payer pour cette prospérité dont la plupart des Eldiens ne semblaient pas avoir conscience.

Son père était mourant.

Il avait moins de quarante ans et il semblait un vieillard. Sa peau était ridée et ses gestes lents et maladroits. Seuls ses yeux gardaient une étonnante force.

Une vie tous les treize ans pour chacun des neuf titans. Ce prix semblait dérisoire pour la plupart des Eldiens mais ils ne comprenaient pas.

Ils ne comprenaient pas la douleur de voir un de leurs proches s'effondrer.

Ils ne comprenaient pas la peur de risquer de voir leur espérance de vie réduite.

Ce petit garçon qui s'en vantait ne savait pas ce que c'était.

Mais, lui, Karl Fritz savait ce que signifiait le pouvoir des titans.

De tous les titans, sa famille détenait le plus puissant. Et Karl Fritz allait sacrifier sa vie juste pour que petits garçons puissent continuer à fanfaronner.

Du coin de l'œil, il aperçut Dieter Ackerman, son garde du corps personnel, surveillant les alentours depuis le toit d'une maison.

Il prit la direction du palais.

Quand il arriva sur la grande place, son attention fut attirée par le temple qui faisait face au palais et, sur un coup de tête, y entra.

Une grande statue dominait l'espace.

Ymir la grande ancêtre portait son regard vers le ciel avec les mains levées.

L'iconographie était très limitée en ce qui concernait Ymir.

Elle était généralement représentée de deux façons différentes, recevant le pouvoir des titans ou dominant huit titans à genou.

Un prêtre, postée devant la chaire, était justement en train de faire un prêche exaltant Ymir et son peuple.

C'était très hypocrite quand on savait que la plupart des membres du clergé étaient des Eldiens qui ne descendaient pas d'Ymir.

Les descendants d'Ymir qui désiraient entrer en religion n'avaient que des positions subalternes. Ils consacraient leur vie à remercier leur ancêtre et célébrer sa gloire pendant que les Eldiens ne descendant pas d'Ymir profitaient des positions de pouvoir qui étaient les leurs. Quand ils étaient entre eux, ils se moquaient des descendants de l'esclave qui assuraient leur bien-être.

En-dehors du clergé, ils garnissaient les rangs de la noblesse se vautrant dans le luxe.

Parmi les familles aristocratiques, il n'y en avait que huit dont les membres descendaient d'Ymir.

Le premier roi Fritz avait donné Rose et Sina en mariage à ses lieutenants mais c'est son neveu qui s'était uni à Maria. Au départ flattés par l'honneur d'être unis à la famille du roi et ravis que leurs rejetons puissent obtenir un pouvoir dépassant l'humanité, les ambitieux commencèrent à être gênés par la perspective d'avoir les mêmes descendants qu'une esclave. La malédiction d'Ymir quand elle fut découverte avait était le dernier argument pour empêcher les Eldiens de participer à la descendance d'Ymir.

Associer le pouvoir des titan au titre de roi, c'était le plan du premier roi Fritz la garantie pour Eldia de surpasser les Mahrs, leur grand ennemi de l'époque, et de dominer le monde entier.

L'ambition du neveu du roi l'avait fait accepter de partager la couche de Maria mais seulement une nuit, le temps d'avoir un fils. Cette union était la condition fixé par le roi pour pouvoir lui succéder. Mais, il était de la noble race des Fritz. Il estimait dégradant de s'unir à la fille d'une esclave, fut-elle détentrice d'un pouvoir dépassant l'humanité.

Comme son oncle, il eut des maîtresse mais il choisit son fils comme héritier.

Ymir avait transmis son pouvoir à ses trois filles et les Eldiens les plus érudits supposaient que Maria, Rose et Sina pouvaient à leur tour transmettre ce même pouvoir à leurs enfants.

Pour ne pas perdre une opportunité d'avoir de nombreux titans, elle fut donnée à des esclaves juste pour une nuit. Bien sûr, les esclaves ne survécurent pas à la nuit et personne ne le sut en dehors de la famille royale. Maria eut deux autres enfants dont elle ne connaissait pas les pères. Officiellement, elle avait un mariage heureux. Dans les faits, son sort comme celui de ses sœurs ne différait pas de celui de leur mère à une exception près : elles n'avaient presque uniquement des garçons et Maria était la seule à avoir une fille.

Les trois filles d'Ymir moururent le même jour.

Les neuf petits enfants d'Ymir durent manger leurs mères et reçurent des fragments de son pouvoirs.

Malgré leur force, il était évident qu'à chaque génération, les titans perdaient en puissance. Déjà, l'un des neuf n'avait aucune capacité offensive.

Désormais, il fut décidé qu'il n'y aurait pas plus de neuf titans. C'était bien assez pour vaincre les ennemis d'Eldia.

Par sécurité, les neuf enfants furent incités à avoir quand même plusieurs enfants. Pour leur donner naissance, ils avaient l'embarras du choix parmi les esclaves.

Mais à ce stade, les titans n'étaient pas tous soumis.

Le fils aîné de Maria, Wilhelm Fritz, ne souhaitait pas suivre la tradition initiée au détriment de sa mère et de sa grand-mère. Il avait été élevé pour porter l'étendard d'Eldia et il comptait bien perpétuer l'héritage paternel sans avoir à être rabaissé au rang de sa mère. Du reste, son père était encore vivant et n'aurait pas toléré que son fils ne reçoive pas les mêmes honneurs que lui.

Il prit pour épouse une Eldienne libre. Les huit autres titans obéissaient à Wilhelm et lui-même écoutait son père tout en gardant son libre-arbitre. Personne ne savait vraiment qui détenait la puissance des titans.

À partir de ce moment, les descendants d'Ymir n'obéirent plus aux Eldiens mais à Wilhelm Fritz et ses descendants. Wilhelm mourut avant son père mais il avait une héritière qui assuma le pouvoir. Ce fut la première fois que les Eldiens furent dirigés par une femme.

Ils enrageaient de devoir obéir à une femme, une bâtarde de leur point de vue.

Les conquêtes succédèrent aux conquêtes malgré des débuts chaotiques.

Le puissant empire Mahr qui avait presque exterminé les Eldiens et tenait sous sa dominations de nombreux fut contraint de se déclarer vaincu du vivant d'Ymir mais il subsista un temps.

Eldia n'avait pas d'ennemis déclarés mais les morts des titans à un jeune âge obligeait leurs héritiers à reprendre le flambeau avant même de sortir de l'enfance jusqu'à ce que le peuple d'Ymir soit assez grand pour que certains n'héritent d'un titan qu'après être parvenus à l'age adulte.

Les Eldiens au sang pur, comme ils s'appelaient entre eux, ne voulait toujours pas que la descendance d'Ymir soit également la leur. Ils avaient vu l'obéissance sans faille dont faisaient preuve les descendants d'Ymir vis à vis du roi titan et par extension de la famille de celui-ci et ne voulaient pas devenir eux-même des esclaves de sa volonté.

Peu à peu, ils apprirent à faire des titans primaires ce qui facilitait la transmission des titans et accroissait la puissance du roi en même temps que la peur des autres peuples.

Ils apprirent également que quand un titan primordial mourait sans transmettre son titan alors celui-ci se transmettrait de lui-même à n'importe quel autre descendant d'Ymir.

En revanche, le titan Originel ne donnait son plein potentiel qu'à un descendant de Wilhelm, la famille royale, mais le secret en fut jalousement gardé.

L'empire que les Mahr avait constitué fut réduit en morceaux et passa progressivement sous le contrôle direct d'Eldia. La plupart des peuples qui étaient sous le joug des Mahrs envoyèrent des ambassades aux Eldiens pour se mettre sous leur protection de leur plein gré. Ils fournirent des otages en guise de garantie qui aidèrent à faire grandir le peuple d'Ymir, de gré ou de force.

L'expansionnisme eldien nécessitait une politique nataliste. Les descendants d'Ymir furent rapidement plus nombreux que les Eldiens au sang pur mais tous étaient appelés Eldiens.

Même les descendants d'Ymir qui n'étaient pas soldats participaient à la prospérité du nouvel empire.

Les temples des pays conquis furent débarrassés des statues des dieux qui y étaient vénérés et dédiés au culte d'Ymir. Des religions, il ne resta plus que des histoires racontés aux enfants et quelques traditions dont le sens fut oublié.

Des peuples furent entièrement exterminés. D'autres perdirent leur mémoire, leurs traditions et leur culture et finalement n'existaient plus en tant que peuple. Pour simplifier, la plupart des habitants de l'empire qui n'étaient pas Eldiens étaient indifféremment appelés Mahr.

Et après tant de siècles, la domination d'Eldia n'était toujours pas contestée.

Mais dans les foyers, la peur se transmettait de générations en générations.

On racontait aux enfants des histoires de titans. Chacun prétendait avoir eu au moins un ancêtre dévoré vivant.

Les Eldiens étaient détestés et jalousés dans leur ensemble. Et en même temps, la très grande majorité des non-eldiens rêvaient de faire partie eux-même du peuple d'Ymir ou au moins leurs descendants.

Ce n'était pas juste que la plupart de l'humanité vive dans la peur.

Ce n'était pas juste que les titans primordiaux doivent sacrifier leur vie.

Et nombreux étaient les Eldiens qui profitaient sans vergogne de leur position. Ils n'avaient même pas conscience de ce qu'ils faisaient. Ils ne voyaient pas que les cadeaux qui leur étaient offerts étaient motivés par la peur. Ils ne comprenaient pas que si tant de filles s'offraient à eux, c'était à la fois par peur pour elles-mêmes que par volonté de s'assurer un avenir. Si elles étaient enceintes, elles espéraient qu'elles en profiteraient pour elles-mêmes.

Karl Fritz acheta un journal. Comme d'habitude, les nouvelles concernaient principalement les huit Titans.

Helmut Prumel, le titan Bestial, s'enrichissait toujours grâce au commerce maritime. Il se murmurait qu'il profitait de sa forme de titan, un requin, pour détruire les bateaux appartenant à d'autres compagnies. Il n'y avait aucune preuve mais le fait que ses navires connaissaient moins de naufrage que ses concurrents était troublant. Les compagnies rivales commençaient à prendre l'habitude de lui offrir de somptueux cadeaux pour s'assurer de ses bonnes grâces.

Georg Grober, le titan Mâchoire, avait décidé de faire office de police. Il avait poursuivi une troupe de bandits et les avait impitoyablement massacrés. Il était chaleureusement félicité d'avoir mit fin à leur terreur. C'est seulement après qu'il apprit que sa demeure avait été visée par les bandits, pendant qu'il était en voyage, qu'il avait décidé de se lancer à leur poursuite.

En général, il s'arrogeait le droit de punir des criminels à sa façon. Occasionnellement, il vidait les prisons et relâchait les criminels dans une forêt en leur promettant l'amnistie s'ils parvenaient à lui échapper. Et après un délai de seulement dix minutes quand il était d'humeur, il se lançait à leur poursuite. Il est arrivé que certains parviennent à survivre et ils pouvaient témoigner que la promesse d'amnistie était tenue. Il faisait le tour des prisons de plusieurs villes pour continuer à faire justice, comme il disait.

Hilda Kroll, le titan Colossal, n'avait rien à faire pour recevoir un tribut de nombreuse villes. Un siècle plus tôt, un de ses prédécesseur, avait totalement détruit une ville sans raison apparente. Depuis, une fortune lui était versée chaque année pour éviter de subir le même sort. Ce tribut n'avait même pas été réclamé. Parfois, elle testait son pouvoir dans un endroit désertique et les hommes vivant aux alentours s'imaginaient que c'était un rappel de sa puissance. À cause de sa réputation irascible dont elle ne comprenait pas l'origine, elle était régulièrement invitée à participer à des événements en compagnie de la noblesse impériale ou d'autres pays. Pour que ses enfants puissent avoir une enfance paisible, elle dissimulait leur filiation et ne les voyait que rarement.

Franz Grebsen, le titan Charrette, ne s'inquiétait pas vraiment de ses moyens de subsistance. Il était sans cesse en mission pour explorer le monde. Il apportait une grande aide pour cartographier l'empire. Fidèle au nom de son titan, il avait fait aménagé un véhicule dans lequel il transportait des aides et du matériel. Même si son titan n'était pas le plus prestigieux, sa contribution à la recherche était reconnue.

Fiona Romich, le titan Cuirassé, bâtissait des monuments dont elle avait elle-même dessinée les plans. Elle pouvait soulever sans efforts de lourdes charges et ne craignait aucune blessure même si elle manquait de précision sous sa forme de titan.

Klaus Teyber, le titan Marteau d'arme, faisait naître beaucoup de curiosité. Historiquement, c'était la famille Schmitt qui détenait le Marteau mais, lors d'une partie de chasse, le dernier d'entre eux avait été tué sur le coup vingt ans plus tôt. Ce n'était pas la première fois qu'un titan était perdu mais la population eldienne avait tellement grandit qu'il avait été difficile de le retrouver. Quand la nouvelle s'était répandue, de nombreuses familles avaient testé leurs enfants et pas uniquement les nourrissons, juste pour être sûrs. Il suffisait de noter le temps de guérison d'une coupure pour savoir mais dans de nombreux foyers, le test fut fait avec trop d'empressement, causant des blessures parfois graves. Finalement, ce fut dans une famille de riches marchands que le Marteau fut retrouvé. Dans cette famille, seule la mère était descendante d'Ymir. Elle était tombée amoureuse d'un homme rencontré lors de son travail et les deux s'étaient mariés. C'était leur plus jeune enfant qui avait hérité par la volonté d'Ymir du Marteau. Il ne l'avaient même pas testé. Il y avait tant de descendants d'Ymir que les chances pour qu'un de leurs enfants ne gagne le pouvoir d'un titan semblait invraisemblable. Ils l'avaient découvert par hasard après une imprudence de leur enfant qui l'avait gravement blessé avant qu'il ne se rétablisse à une vitesse stupéfiante. Mais la famille Teyber n'eut pas le temps de vraiment se rendre compte des conséquences. La famille Schmitt essaya de récupérer le Marteau. Même s'il tuait l'un d'entre eux tous les treize ans, c'était la pierre angulaire de leur position et de leur richesse.

Le roi de l'époque refusa d'intervenir. Il leur dit que c'était de leur faute de n'avoir pas veillé à conserver le titan qui était dans leur famille depuis plus de mille ans. De toute façon, ce n'était pas le première famille perdant son titan. Il était même arrivé qu'une famille abandonne volontairement son titan parce que personne ne voulait mourir prématurément. Par le passé, l'Originel avait déjà donné l'ordre qu'un titan soit attribué à une nouvelle famille qui avait fait preuve de plus de loyauté. C'est depuis cette époque qu'au moment de la passation d'un titan le détenteur était maintenu attaché pour éviter une rébellion au dernier moment. À l'époque, il était même blessé pour ne lui laisser aucune chance. Cette tradition s'était maintenue car elle simplifiait le rituel. Cela permettait qu'un détenteur ne panique pas en voyant s'approcher un titan primaire et ne tente instinctivement de se défendre.

La menace de perdre son titan avait maintenu la loyauté des sept autres que l'Assaillant. Ce dernier s'était toujours montré un peu rebelle.

Klaus Teyber était le deuxième de la famille Teyber depuis que le Marteau était dans leur famille. Il avait reçu le titan à la mort de son petit frère. Marchand, comme ses parents, il avait largement contribué à la prospérité de la famille. Son statut de titan primordial l'aidait beaucoup quand il négociait un contrat. Il s'était marié jeune et avait déjà un enfant la succession était donc assurée. Ses petites sœurs avaient d'ailleurs reçu des propositions de mariage de la part de partenaires commerciaux.

Kathrin Blanke, le titan Féminin, avait un vaste patrimoine immobilier. Ses ancêtres avait constitué leur fortune en investissant leur richesse dans des logements dans tout l'empire. Elle possédait également des mines et des champs. En même temps, elle se montrait très généreuse. Elle finançait des écoles pour qu'elles soient ouvertes à tous et servait de mécène à des artistes.

Alexander Richter, le titan Assaillant, touchait une rente plus que substantielle. Au fil des générations, ses prédécesseurs avaient réalisé d'importants bénéfices grâce à des investissements toujours rentables. Au cours de l'histoire, ils s'étaient à plusieurs reprises lancés dans des entreprises qui semblaient folles mais qui s'était révélés fructueuses. Sa plus importante source de revenus était ses hippodromes. Il élevait des chevaux qu'il faisait courir. Il avait l'art de choisir les bêtes les plus rapides. Quand ses chevaux ne participaient pas à la course, il gagnaient des sommes folles en pariant. Il était le seul à être ouvertement critiqué à cause de son mode de vie. Il avait la réputation de gagner des fortunes grâce au jeu et de les dissiper immédiatement mais toujours en gardant un bénéfice appréciable. Il était un redoutable joueur de poker et se rendait régulièrement aux casino qu'il ruinaient presque. Personne n'aurait osé l'accuser de tricherie et lui-même demandait à être fouillé régulièrement pour prouver qu'il n'avait aucune carte dans les manches. Il avait été jusqu'à proposer de jouer dans le plus simple appareil à la roulette avec juste un sac pour empocher ses gains. D'ailleurs, il avait aussitôt mis à exécution sa proposition sans se soucier du qu'en dira-t-on. Ce n'est pas comme s'il risquait d'être expulsé. En même temps, sa présence attirait d'autres joueurs.

Dans le passé, le titan Assaillant était celui qui avait été le plus repris sur ordre de l'Originel pour être attribué à une nouvelle famille. Mais le risque de perdre ce titan n'avait jamais semblé dissuasif pour ses détenteurs comme si la volonté qui les animait était plus forte que la peur des conséquences pour leurs familles. Au contraire, le changement de famille s'était toujours bien passé. À chaque fois, le nouveau détenteur reprenait les affaires de l'ancien et même la famille de l'ancien faisait preuve d'une surprenante docilité devant la perte de leur statut. Jamais le nouvel Assaillant n'avait préféré massacré la famille de l'ancien détenteur pour être sûr qu'il n'y ait aucune tentative pour le reprendre. En compensation de la perte du statut, la famille qui perdait l'Assaillant se voyait attribuer une pension.

Le journal mentionnait également une grande île découverte récemment à l'extrémité sud de l'empire. Des naufragés avaient réussi à y vivre pendant trois ans. Ils avaient pu retrouver les leurs sur le continent.

L'exploration de l'île avait permit de découvrir les traces d'un peuple s'étant éteint.

Le roi avait décidé de laisser des gens s'y installer à leur guise et déjà Kathrin Blanke avait annoncé le financement d'une expédition destinée à évaluer les ressources de l'île.

À leur époque, découvrir de nouvelles terres paraissait incroyable. Le monde était encore vaste et plein de mystères.

Karl Fritz finit par revenir au palais où il réfléchit à la situation.

D'après les archives impériales, aucun des rois n'étaient parvenus à repousser la malédiction des treize ans.

Depuis la mort d'Ymir, les contacts avec la grande ancêtre avaient été peu nombreux étonnamment. Plusieurs rois avaient étudié l'étendue des pouvoirs de l'Originel mais Ymir ne s'était jamais exprimer autrement que par geste ou en exposant ses souvenirs ou les souvenirs de ses descendants.

Dans l'esprit de Karl Fritz, une idée encore confuse naquit sur ce qu'il allait faire quand il hériterait de l'Originel. Il avait encore le temps d'y réfléchir.

Un an après, il fut temps pour Karl Fritz de devenir le 145e roi et de diriger l'empire.

Conformément à la tradition, les autres titans primordiaux étaient présents et Karl les observa un par un avant le rituel.

Ils n'avaient pas beaucoup changé mais Alexander Richter était le seul à véritablement réagir. Il profita de l'occasion pour annoncer qu'il organisait une grande fête. Sans surprise, les sept autres se dérobèrent mais Friedrich, le frère cadet de Karl, avait promit de venir. Karl le soupçonnait de vouloir s'encanailler mais il n'avait rien à dire.

Helmina, son épouse était également présente. Elle était de l'une des familles nobles eldiennes autre que les huit grandes. Son ventre s'arrondissait déjà.

Pendant qu'une seringue était plantée dans sa nuque, Karl grimaça de douleur.

Il ne remarqua pas le regard soudainement chargé de colère et de mépris d'Alexander Richter.

Une fois transformé, Karl commença par dévorer celui qui lui avait injecté le liquide cerebro-spinnal. Là encore, il arrivait régulièrement que le membre du centre d'étude des titans qui s'occupait de cette tâche n'ait pas le temps de se mettre à l'abri.

Les spectateurs étaient protégés mais le père de Karl était placé bien en évidence.

Attaché comme il l'était, il n'avait aucun moyen de s'enfuir et, de toute manière, il était trop affaibli pour le faire.

Quand il fut dévoré, le titan de Karl prit une nouvelle forme et s'effondra aussitôt.

Quand Karl reprit ses esprits, il posa de nouveau son regard sur chacun des huit et s'arrêta sur Klaus Teyber.

Un sourire ne témoignant d'aucune joie se dessina sur ses lèvres.