La nuit ne fut pas aussi reposante et agréable qu'elle aurait dû l'être. La Surveillante Major avait prévenu le jeune Malfoy de se tenir prêt pour six heures et demi, mais ne possédant pas d'horloge ou de montre, le prisonnier se réveillait en sursaut toutes les heures, effrayé d'avoir raté son rendez-vous.
Il se réveilla une nouvelle fois quand les torches du couloir s'enflammèrent toutes en même temps. Persuadé qu'il était déjà trop tard, Drago dégringola de son lit, enfila en vitesse sa robe, et resta aux abois, l'oreille attentive. Aucun son, mais il était plus prudent d'arrêter sa nuit ici.
Il se rendit devant les toilettes ou il se soulagea. Il se nettoya rapidement les mains et le visage au savon, mais repoussa encore une fois l'idée d'un lavage complet. Il ignorait de combien de temps il disposait. Il utilisa son index et l'eau froide pour se laver les dents.
Il eut peur qu'on lui reproche d'avoir déplacé le seul meuble de la pièce. Pour donner le change et montrer sa bonne volonté, il dressa le lit au carré. Il entendit le bruit reprendre dans les cuisines… Il essaya en vain de se rappeler à quelle heure les détenus assignés à cette tâche prenaient leurs fonctions, mais ce n'était le cas de nul prisonnier du corridor 3.
Finalement, il se planta au milieu de la pièce, et compta les minutes.
Presqu'une heure s'écoula avant qu'il n'entende le bruit des pas de la Surveillante Major Mullan qui vint se planter devant les barreaux.
« Lave toi les mains », ordonna-t-elle.
Drago l'avait déjà fait, mais il aurait été ridicule de discuter. Il s'exécuta sagement.
« Tous les matins, expliqua-t-elle en consultant sa montre, le sort de verrouillage de ta cellule se lèvera à 6h50 pile. »
Comme pour lui répondre, une lumière blanche éclaira le linteau de la porte, avant de disparaître doucement et de laisser entendre le « cling » attendu.
« Suis-moi »
Elle s'éloigna, et Drago courut presque dans sa hâte à la rattraper. Elle se posta devant les portes métalliques des cuisines, et désigna une barre verticale rougeoyante, comme un métal arrivé au point de fusion, qui remplaçait ce qui aurait dû être une poignée. « Touche ça. »
Drago tendit une main hésitante, s'attendant à sentir la morsure du feu… Mais quand ses doigts se refermèrent sur la barre, il ne sentit aucune chaleur, uniquement une espèce de bourdonnement d'électricité statique. Il appuya et la porte s'ouvrit. Une délicieuse odeur de pain chaud et d'haricots lui sauta aux narines. Le boucan obligea Mullan à hausser le ton.
Elle lui ordonna de la suivre, et lui désigna un angle ou l'attendaient un petit chariot de ménage, un tablier, et un bloc-notes suspendu au mur. Drago enfila le tablier en écoutant les instructions sur la façon dont il fallait compléter les documents, noter les quantités de produits contenues dans le chariot, et vérifier le bon état de fonctionnement des ustensiles. Tout en tâchant de rester attentif, il observa les cuisines à la dérobée, jaugeant surtout les prisonniers qui y travaillaient, et qui lui jetèrent des regards suspicieux.
Rapidement, un mouvement attira son attention et la file de chariots de service que Drago avait aperçu la veille se mit en route. Mullan leur emboita la route et ordonna à Drago de l'imiter. Ils suivirent les chariots le long du couloir, et arrivèrent devant un monte-charge dont les portes s'ouvrirent. Les chariots se rangèrent impeccablement, laissant tout juste assez de place à Mullan, Drago, et son chariot de ménage, pour se faufiler. Ils gravirent quatre étages avant que les portes ne s'ouvrent à nouveau et que trois chariots en sortissent. « On descend là » ahana la Surveillante. Drago reconnu le couloir de l'avant-veille, avec ses torches chaleureuses et son tapis épais. Les chariots magiques se postèrent chacun devant une porte. Les deux sorciers suivirent le troisième jusqu'à la porte du directeur, qu'une jolie plaque de bronze ornait désormais, proclamant à qui voulait l'entendre « Harry Potter, Directeur, ordre de Merlin – 1ère classe »
Quand les trois chariots furent immobiles, ils firent tinter en cœur leur clochette d'or. Aussitôt, Mullan tambourina la porte.
Potter vint en personne ouvrir les portes. Il cilla devant Mullan, puis son visage s'éclaira.
« Major Mullan ! s'exclama-t-il, entrez, entrez ! Je vous en prie, faites comme chez vous !
– Monsieur le Directeur. »
Le chariot magique poursuivit sa route et vint se poster aux abords de la table d'acajou. Mullan ordonna à Malfoy de rentrer, de garer le sien dans un coin, et de dresser la table. Drago s'exécuta. Il souleva avec curiosité la cloche d'argent pour révéler un petit déjeuner continental comportant café, jus de citrouille, bol de porridge, baguette fraiche, toast, confiture, beurre… Il disposa avec élégance le tout au milieu de la table vide en écoutant Mullan et Potter discuter d'une réunion à venir.
Quand il eut terminé, la Surveillante lui fit visiter les appartements du directeur : « La salle de bain. Tu nettoieras la douche et la baignoire chaque jour, et les toilettes au minimum une fois par semaine. Idéalement le lundi. La chambre à coucher. Tu feras le lit chaque jour. Au carré. La literie est à descendre à la blanchisserie et à changer tous les jeudis. Tu devras disposer le linge sale dans ces sacs. Le linge propre sera à ranger ici. Tu feras en sorte que la cuisine soit toujours parfaitement propre. Les plaques de cuisson, le four. N'utilise pas de brosse abrasive. Le frigo est à nettoyer à fond chaque mercredi. Le congélateur une fois par mois. Les vitres sont à faire régulièrement. Chaque jour en période de tempête. Le mardi sinon. Les poussières, le sol, ramener du bois pour le feu, suie, entretien régulier, attention, interdit, blablabla » Le monologue de Mullan semblait ne jamais avoir de fin. Les instructions se mélangeaient dans la tête de Drago qui ignorait quel jour de la semaine on était. Il ne posa cependant aucune question, et se contenta de suivre la Surveillante et de hocher la tête.
Rapidement, Potter se joignit à la visite, un mug de café dans une main, un toast dans l'autre, laissant tomber des miettes sur son passage.
« Les bureaux privés de Monsieur le Directeur. Il t'est formellement interdit d'y pénétrer ! A 10h, les chariots repartent. Tu les suis, tu fermes la porte derrière toi. Tu complètes le document de la page 2. Si un jour tu finis en avance, tu sors, tu te postes ici » elle lui désigna un coin de couloir, « et tu attends les chariots. » Elle semblait enfin en avoir terminé. Elle examina longuement le prisonnier avant d'achever : « Aucune de mes filles n'a jamais posé de problème. Tu as intérêt à te tenir à carreau ! »
Drago hocha la tête.
Satisfaite, la Surveillante Major s'adressa au Directeur :
« Encore désolée pour ce dérangement, Monsieur le Directeur.
– Au contraire, Major Mullan, annonça Potter avec son insupportable voix hypocrite. Cette visite a été intéressante, même pour moi !
– Je vous prie de m'informer de tout manquement ou problème.
– Bien sûr, ce sera fait. Merci pour votre labeur, Major. Je vais vous laisser profiter de votre petit déjeuner et je vais de ce pas terminer le mien !
– Bon appétit, Monsieur le Directeur », confirma-t-elle avant de quitter les lieux.
Drago était de nouveau rentré dans les appartements et commençait à paniquer. Quel jour était-on ? Peu importait, on comprendrait qu'aujourd'hui, la situation était particulière, n'est-ce pas ? On ne pouvait pas lui reprocher de n'avoir pas eu le temps de… Par où commencer ? Le balayage ? Le balayage était à effectuer chaque jour, ce semblait être une option sage. Drago saisit son balai avant de se souvenir avoir vu des sous-vêtements sales joncher le sol de la chambre à coucher. Le lit également était à faire, et c'était le genre de tâche dont on pouvait vérifier l'accomplissement d'un simple coup d'œil, bien plus rapidement que le passage du balai. La chambre était prioritaire.
Une main se referma sur son avant-bras.
« Tu m'écoutes, Malfoy ? »
Drago fixa Potter sans comprendre. L'avait-il ignoré dans sa panique à accomplir sa tâche ?
Potter considéra Drago quelques secondes avant de lui ôter le balai des mains et de le poser négligemment contre le mur. « Je disais, répéta-t-il, que tu n'es pas ici pour ça.
– Quel jour est-on ?
– Ça n'a aucune importance, je te dis ! » Drago se laissa traîner à travers la pièce. Ils s'arrêtèrent sur l'épais tapis de mohair blanc ou Potter ordonna : « Maintenant, à genoux.
– Quel jour est-on, Potter ?! » Drago se dégagea vivement le bras.
« Je t'avais prévenu, Malfoy, que je n'accepterais aucun refus. Alors ne me fais pas répéter encore une fois. A genoux. » La voix était grinçante, venimeuse.
Drago se secoua mentalement. Il devait penser à son père. A sa cellule. A son devoir. Il mit un genou à terre, puis le suivant. Il déboutonna le pantalon de Potter et se mit au travail.
C'était plus facile cette fois-ci. Tous deux étaient davantage libres de leurs mouvements, et Drago connaissait les goûts de Potter. Il suça ardemment le Directeur, qui se laissa totalement faire, absolument conquis par la prestation. Son seul apport à la relation fut d'incliner à nouveau le visage de Drago selon un angle plus esthétique. A peine remua-t-il les hanches quand vint le moment de la jouissance. Drago avala consciencieusement en plusieurs fois, et garda le pénis en bouche quelques secondes avant de s'en éloigner avec douceur.
Il s'essuya la bouche, et leva les yeux l'homme qui lui faisait face, attendant l'autorisation de prendre la parole, et son message fût compris :
« Bien, marmonna Potter en détournant le regard et en se rhabillant. C'est mieux. Ne me fais plus jamais répéter.
– S'il te plait, Potter. Peux-tu me dire quel jour nous sommes ? » Il avait pris garde d'utiliser un ton courtois et calme.
Le directeur grogna en le fixant à nouveau. Mais Drago était l'incarnation de l'humilité, à genoux sur le tapis, la bouche encore rougie par l'effort.
« Samedi. Mais tu n'as pas à t'occuper de mon ménage. Je suis un grand garçon, Malfoy.
– D'accord. » Drago ferma les yeux, soulagé. Potter pouvait maugréer tout son saoul, son plan était déjà en place. Le Directeur quitterait les appartements pour la réunion de 9h qu'il avait évoqué avec Mullan. Cela laisserait quasiment une heure au prisonnier pour ranger la chambre et effectuer un nettoyage sommaire des lieux.
Potter s'assit à table et entreprit de beurrer un morceau de baguette.
« Tu te fiches complètement de ce que je dis, gronda-t-il. Est-ce que Mullan t'a menacé ?
– Deviendrais-tu sourd, Potter ? A moins que tu ne sois stupide ?
– Attention, Malfoy. J'apprécie ton insolence, mais je ne suis pas quelqu'un de très patient.
– Je suis parfaitement patient. Je tâcherai de l'être pour deux. »
Les hommes se défièrent du regard.
Potter leva les mains au ciel, en signe d'abandon. Un couteau gras et un morceau de pain beurré étincelèrent sous le lustre de cristal.
« Très bien ! capitula-t-il, va donc remplir ton office ! Occupe-toi du linge, des poussières, de ce que tu veux ! Disparais de ma vue ! »
Drago se redressa avec un sourire victorieux. Il lissa sa robe et se dirigea vers la chambre.
« Malfoy ! Une dernière chose ! »
Drago s'arrêta, une main sur l'embrasure de la porte.
« Demain, je compte bien profiter enfin de ton cul, et j'aurais pas le temps pour les préliminaires. Prépare-toi avant de venir. »
