TW : Harcèlement sexuel. C'est la suite directe du chapitre précédent, donc un peu plus mérité, cette fois.


Drago resta interloqué de longues secondes, la bouche ouverte.

« C'est une plaisanterie ?

– J'ai l'air de blaguer, Malfoy ? »

Non, Potter n'en avait pas l'air.

Drago fronça les sourcils, voulut protester : « Tu… » Il n'avait pas les mots. « C'est… Par Morgan ! »

Potter fit basculer sa tête en arrière et l'observa, les paupières à demi closes, en ricanant doucement.

Très bien ! Le Survivant voulait l'humilier, le ridiculiser, le mettre en position de faiblesse ?! Très bien ! Drago n'en avait cure ! Cela faisait trois longues années qu'il avait abandonné toute fierté et estime de lui-même. L'humiliation ? Vive l'humiliation ! L'humiliation valait mieux que la douleur du viol ! Qu'il soit humilié chaque matin, si cela pouvait lui permettre de passer le reste de la journée en paix !

Il souleva sa robe avec hargne et se trémoussa pour ôter son caleçon. Après un regard meurtrier à Potter, il ferma les yeux et saisit son pénis flasque.

Cela faisait longtemps que Drago ne s'était pas masturbé. Au début, quand les viols avaient commencé, c'était presque maladif. Il se touchait chaque jour pour se réapproprier son corps, pour se rappeler qu'il était capable d'éprouver du plaisir… La pratique avait fini par le dégoûter, par renfoncer son dégoût de lui-même.

Il tâcha de se concentrer sur quelque chose d'agréable en commençant à se caresser doucement. Il pensa à sa cellule qu'il rejoindrait dans quelques heures, et où personne ne viendrait le déranger. Il s'imagina seul dans son lit blanc, à l'abri des regards. Il se figura la douceur du tissus, l'odeur de la lessive. Il se vit porteur d'une érection prodigieuse qu'il lui fallait apaiser. Ou plutôt qu'il désirât apaiser. Il fit adopter à sa main le rythme qu'avait celle de son imagination.

Il souffla doucement, soulagé d'être au moins parvenu à faire dresser son sexe. Maintenant que la moitié du chemin était faite, il lui fallait adopter un autre fantasme. Il imagina la couette se soulever pour révéler la présence d'un beau jeune-homme amoureux. Ils étaient dans une grande chambre blanche et lumineuse. Son amant rampait sur le lit, les yeux emplis de désir et le pénis tendu vers lui. Ses mains parcouraient ses jambes, ses cuisses ; son visage plongeait vers son entrejambe et lui procuraient mille baisers passionnés. Drago avait les bras tendus et immobilisés au-dessus la tête, il était à la totale merci de son partenaire qui lui embrassait à la fois le torse, le ventre, le sexe et la bouche, qui le pénétrait avec passion, jusqu'à blesser. Devenu poupée de chiffon, Drago n'avait plus aucune volonté propre. Il n'était que plaisir et jouissance permanente, pour lui et pour l'autre. Son partenaire le fit se redresser et l'embrassa violemment, en le serrant contre son torse, ses yeux verts plantés dans les siens…

Il ne fallait pas salir le tablier. Drago enveloppa le sommet de son sexe dans son poing quand il sentit enfin l'éjaculation survenir. Il regretta de ne pas avoir un mouchoir sous la main pour s'essuyer. Il était revenu à la réalité beaucoup plus vite qu'il ne s'en était échappé. Il ouvrit les yeux avec appréhension pour constater l'étendue des dégâts. Entre ses doigts, le sperme chaud et gluant reflétait les flammes de la cheminée. Derrière sa main, Potter l'observait, fasciné, sa poitrine se gonflant et se creusant à un rythme qui indiquaient assez clairement son degré d'excitation.

Drago finit par essuyer sa main dans sa robe déjà salie par le sang. Peu importait, puisqu'il lui faudrait de toute façon la nettoyer. Il y avait deux solutions, réfléchit-il en se levant : Soit il procèderait dans sa cellule, aussitôt rentré afin de laisser une chance infime au tissu de pouvoir sécher durant le reste de la journée et la nuit, soit il attendait le départ de Potter afin de pouvoir utiliser sa baignoire pour un lavage plus efficace, et peut-être pourrait-il espérer suspendre sa robe une heure ou deux devant la cheminée. La deuxième solution était moins sage, mais procurerait un meilleur résultat. Évidemment, tout dépendait de l'heure à laquelle Potter quitterait ses appartements.

Tout en réfléchissant, il s'était rendu devant le robinet de la petite kitchenette, et se lavait consciencieusement les mains. Il compara la mousse blanche et aérienne obtenue avec le gel nettoyant liquide du Directeur avec l'écume grisâtre que son vieux savon d'Alep lui accordait. Il porta ses mains à son nez avant de les rincer et huma avec plaisir l'odeur de citron et de bergamote.

« Hum. » Un raclement de gorge, dans son dos, le fit se retourner.

Potter se tenait dans l'encadrement, il semblait gêné.

« Tu peux garder le job, annonça-t-il en regardant ailleurs.

– Bien… » répliqua Drago en essuyant ses mains humides sur un coin de robe encore propre.

Potter ne bougea pas… Il se mordit les lèvres, ouvrit la bouche, se ravisa… Puis se retourna pour sortir. Au dernier moment, il tourna la tête et ajouta : « Tu peux utiliser la douche.

– Pardon ? » Une douche complète, alors qu'il ne pensait s'être sali que les mains, semblait un peu excessive à Drago. Il se demanda s'il s'était par inadvertance éclaboussé sur le visage.

« T'as une tête à faire peur, Malfoy. Prends une douche. »

Et Potter quitta la pièce.

C'était vrai. Le nez cassé, les cheveux arrachés… Tout ça lui était sorti de la tête. Si Mullan, Runcorn, ou n'importe quel gardien le voyait dans cet état, il aurait des ennuis.

Drago traversa la salon vide. Il alla vérifier si Potter était dans sa chambre, ou dans la salle de bain, mais ne trouva pas la trace du Directeur. Avant d'aller se laver, il avala trois cuillères du bol de porridge auquel on n'avait pas touché.

Il se décrassa sous un jet d'eau brulante. Il passa longtemps ses doigts dans sa longue chevelure pour la démêler. Il frotta la robe grise jusqu'à ce que l'eau de rinçage soit aussi claire que celle d'un torrent de montagne. Après un coup d'œil au salon, il accrocha la robe devant la cheminée, la coinçant sous un lourd chandelier de bronze. Après une nouvelle cuillère de porridge, il se rendit dans la chambre à coucher ou il fouilla les armoires pour y dénicher une espèce de pantalon moldu et informe, mais qui avait l'avantage d'être de la bonne couleur. Il l'enfila, fit le lit, ramassa le linge sale, jusqu'à aviser une petite pendule sur la table de chevet.

Drago avait encore une bonne heure et demi devant lui. Il se saisit de l'accessoire et le ramena dans le salon afin de pouvoir y jeter des coups d'œil réguliers. Il se força à ingurgiter une nouvelle cuillère de porridge, mais une espèce de nausée le prit, et il jugea préférable de ne pas insister.

Le tapis qu'il avait nettoyé la veille avait repris sa blancheur, mais le poil était sec et raide là où Drago avait frotté. Il choisit la brosse de son chariot qui avait le poil le plus doux pour bouchonner la laine jusqu'à être satisfait du résultat.

Il lui restait une demi-heure. Il entreprit de ranger le contenu de la table basse :

Il fit un tas net avec les gazettes, sacrifia une page d'interview de Celestina Moldubec pour y déchirer de longs marque-pages qu'il glissa dans celles qui avaient été laissées ouvertes. Peu probable que « Ces dix signes qui prouvent que votre jardin est envahi par les gnomes » soit réellement un article qui vaille cette attention, mais qui était-il pour juger ?

Cinq livres étaient perdus sous les journaux : « Azkaban, histoire d'une forteresse », « Ce qu'on ne vous dit pas sur les Détraqueurs », « Détraqueurs et autres Créatures des Ténèbres : Quel après ? », « Faits et Mythes : Le Mage Ekrizdis », et enfin « Le Quidditch à travers les Âges ». Drago rangea les ouvrages dans la bibliothèque, après avoir glissé un marque-pages dans le dernier, qui semblait clairement le plus consulté et avait été abandonné ouvert.

Il y avait également des documents officiels : Des comptes rendus de réunion privées.

Drago jeta un œil à l'horloge. Encore 15 minutes. Il parcourut les documents des yeux…

« Concernant les indemnités du personnel » : aucun intérêt.

« Concernant les travaux de réhabilitation de l'aile Nord » : Drago n'apprit rien de plus dans ce compte rendu que ce qu'il avait entendu Granger expliquer.

« Concernant la mise à pied du Brigadier Waren » … Drago avala sa salive et regarda nerveusement l'heure. 10 minutes. Il parcourut le document des yeux. Accusation… Défense… Recommandation… Conclusion… « Il est convenu qu'en cas de récidive, Monsieur William Waren se verra démis de ses fonctions, et qu'un Surveillant affecté au Corridor 3 devra assurer son office en attendant qu'un nouveau Surveillant Brigadier ne soit nommé. Se sont proposés pour cette tâche : Johnson, Sparvus. »

Il restait d'autres documents, mais Drago n'avait plus le temps. Quelle idée d'en avoir tant perdu à nettoyer un fichu tapis ! Il rassembla les documents en un tas parfait, qu'il posa au sommet des gazettes. Il réenfila sa robe en vitesse, en cherchant fébrilement une plume et un pot d'encre. Il trouva son bonheur dans un vieux secrétaire en bois. Il ouvrit le pot d'encre en se salissant les doigts, et écrivit, sur un marque-page qu'il n'avait pas utilisé, un message codé à l'intention de son père :

op)18. 14. : -14. , )S

C'était une vieille codification qu'ils avaient mis au point pendant la guerre, quand le Seigneur des Ténèbres avait commencé à prendre la famille Malfoy en grippe. Un système relativement efficace puisque chaque lettre pouvait être remplacée par un symbole, une lettre voisine, un chiffre, ou une récurrence à une autre lettre déjà codée.

Drago savait qu'il avait fait une faute « de grammaire », mais n'avait pas le temps de se corriger. Déjà le chariot de service s'était mis en route. Il courut débarrasser la table sur le chariot déjà en mouvement, sentant à peine ses jambes protester. Il rangea la plume et l'encre dans le secrétaire, alors que les portes s'ouvraient et que le chariot quittait les lieux. Il abandonna l'idée de ranger l'horloge à sa place, saisit son message codé et souffla fébrilement sur l'encre pour la faire sécher. Il récupéra son chariot et courut dans le couloir. Il parvint de justesse à pénétrer dans le monte-charge et remplit son bloc-notes de travail à la hâte. Il fixa le stylo dans sa main, les yeux écarquillés, en se maudissant, lui et tous ses ancêtres, pour n'avoir pas pensé à utiliser ce fichu crayon qu'il trimbalait tous les jours, plutôt qu'une stupide plume qui bavait ! Les portes du monte-charge s'ouvrirent. Drago continua de souffler sur le papier et de le secouer vivement en parcourant son couloir. Quand il entra dans les cuisines, il abandonna son chariot dans un coin, et se précipita sur un détenu occupé à essuyer d'impressionnantes piles d'assiettes venant d'être lavées.

Drago posa le papier sur le plan de travail.

« Donne ça à mon père. Je te promets qu'il ne sera pas avare. »

Il faisait déjà demi-tour quand il entendit les cris d'Ackerley :

« Hey Malfoy ! Je croyais avoir été clair ! Ici, c'est à moi que tu t'adresses ! »

Drago hésita… Il avait simplement voulu faire au plus vite, et s'était dirigé vers le prisonnier le plus proche.

« T'es jaloux, Ackerley ? ricana celui qui essuyait auparavant les assiettes en se levant et en empochant le message. On dirait bien que la petite souris préfère faire affaire avec moi.

– Donne-moi ça, Rosier !

– Sinon quoi ? T'as peur de pas profiter de la récompense ? »

Drago recula prudemment en assistant à la dispute. N'ayant pas le moins du monde envie d'en savoir plus sur « la récompense », il sortit des cuisines, aussi silencieux, en effet, qu'une petite souris.


funfactnotfunny, quand, dans le chapitre 9, Ackerley évoque les Couinesouris en sucre, je n'avais aucune idée que le surnom resterait. J'avais juste regardé la liste des confiseries sorcières sur le Wiki Harry Potter, et pris la première à m'évoquer quelque chose d'effectivement bon (Parce que franchement, les dragées surprises au gout de crotte de nez, j'ai du mal à croire que ça se vende). Aujourd'hui, 100000 mots ont été écrits, et je continue de parler de petites souris...
(Il faut dire aussi que j'ai un kiff sur les animaux que je suis parvenue à réfréner sur ces premiers chapitres mais qui devient franchement envahissant par la suite X,D)