ENFIN UN CHAPITRE OU ILS COMMUNIQUENT \o/ (spoiler : mal)
Diri-Chan : Sur certains points, Drago n'a pas changé X,D Encore merci pour tes reviews régulières !
Mina : ohlala, merci pour ce compliment, c'est trop gentil ì\\\\í j'espère que la suite te plaira toujours !
En traversant le hall, ils croisèrent deux des Surveillants assignés à l'aile des loups-garous, harpies et de l'unique vampire de la prison. Leurs baguettes étaient tendues pour faire léviter un corps nu et couvert de traces récentes de morsures et de griffures. Ils saluèrent le Directeur qui prit le temps de s'enquérir de l'état du prisonnier flottant sous ses yeux.
Il s'agissait apparemment d'un loup-garou ayant refusé de prendre sa potion Tue-loup, et qui se serait auto-mutilé pendant la nuit.
« La pleine lune n'est que dans une semaine… s'étonna Potter en examinant la forme des blessures.
– Il arrive que les lumières du nord les fassent également réagir, expliqua l'un des gardiens. C'est pour ça qu'on est obligé de les traiter préventivement pendant toute la période hivernale… Mais lui prétend que ça le rend malade… Ce qui n'est pas tout à fait faux, par ailleurs… »
Pendant que Potter et le surveillant discutaient, le second gardien observait Drago en souriant d'un air entendu. Il faisait partie de ceux qui lui étaient passé dessus à plusieurs reprises, mais Drago ne connaissait pas son nom.
Le prisonnier serra nerveusement la cape noire et épaisse du Directeur autours de lui, en baissant les yeux. Le fait qu'il porte ce vêtement laissait peu de doute sur les activités qu'ils avaient pu pratiquer à l'extérieur.
« Et bien merci de vous en occuper, termina Potter. Dîtes à Nguyen que je lui rendrais visite dans la journée. Bon courage et joyeuse nouvelle année !
– A vous aussi, Monsieur le Directeur ! »
Les hommes reprirent leur route vers l'infirmerie avec leur fardeau volant.
Dans les escaliers, Potter insista pour que Drago passe devant, et celui-ci obéit sagement, se concentrant sur son souffle et les battements de son cœur pour que l'ascension des marches ne soit pas une nouvelle épreuve. Ils parvinrent sans encombre à l'étage du Directeur, puis dans les appartements luxueux.
Ceux-ci étaient encore plus en désordre que d'habitude : un tas de draps et oreillers débordait du canapé qui avait été déplacé pour être éloigné de la cheminée, la table était couverte du reste d'un titanesque petit déjeuner et des miettes salissaient le tapis blanc, de nouveaux colis et cartons étaient arrivés, des cadavres de Bièraubeurre parsemaient les tables, les buffets, le sol… Le tourne-disque fonctionnait dans le vide, et des pochettes de vinyles s'étalaient sur le sol…
« Aujourd'hui, annonça Potter, il n'y a pas grand-chose à faire… » Les sourcils de Drago se haussèrent devant l'ampleur évidente du chantier. « Je veux dire qu'il n'y a pas de réunion, ou de… Remarque, si, maintenant… » Il tripota sa montre moldue un instant, puis sembla changer d'avis. « Tu peux aller te reposer, si tu veux.
– Je préfèrerais me mettre au travail », annonça placidement Drago en soupirant.
Il se dirigea en premier lieu vers la table, mais Potter le ceintura par derrière et le fit dévier de sa trajectoire. Drago se laissa faire, incertain de la suite des évènements, jusqu'à ce qu'il fût évident que l'objectif final du déplacement soit la chambre à coucher.
« Potter ? » gémit Drago, sans obtenir de réponse.
Il se retrouva penché au-dessus du lit ou il eut bien du mal à ne pas s'effondrer.
« Grimpe » ordonna Potter en le lâchant.
Drago s'exécuta en rampant piteusement sur le matelas. Arrivé au milieu du lit, il s'immobilisa ensuite à quatre pattes, et attendit la suite du traitement.
Potter ricana. « Si tu veux que je te donne une fessée, ne bouge surtout pas. » Aussitôt, les fesses de Drago s'enfoncèrent dans le matelas, et se retourna vivement vers lui.
« Potter, prévint-il, ne me…
– Dors, ordonna le Directeur en lui envoyant une pichenette dans le front. Je te l'ai déjà dit : j'adore te savoir dans mon lit.
– Dans le pieu dans lequel tes potes se sont envoyés en l'air la nuit dernière ?! Ça fait aussi partie de tes fantasmes ?! »
Potter se redressa fièrement et le considéra en souriant avec arrogance.
« Peut-être, répondit-il finalement. Mais si tu es très discret, silencieux et obéissant, je ne m'énerverai pas si je constate que tu as changé les draps à mon retour. »
Et là-dessus, il quitta les lieux en prenant soin de fermer la porte.
Drago tendit toute son attention vers celle-ci, et il vit une légère lueur filtrer à travers le trou de la serrure. Le salaud était en train de bricoler un sortilège de cafardage. Il saisit un oreiller et voulut le jeter sur le bois sombre, mais il se retint en pensant à ce que pouvait impliquer le fait que Potter s'énerve…
Il changea rageusement les draps, dressa le lit au carré, rangea parfaitement la garde-robe, aéra la pièce, utilisa une vieille taie d'oreiller pour dépoussiérer les tables de chevet, l'abat-jour et le dessus de l'armoire. Il refusait de dormir et d'obéir en tout point à Potter. Il fouilla les tiroirs des tables de chevets, mais cessa aussitôt son exploration quand il découvrit plusieurs flacons de lubrifiant et d'huiles de massages qui lui donnèrent envie de hurler.
Finalement, désœuvré, il se laissa tomber les bras en croix dans le lit, et s'occupa à tordre ses doigts pour ne pas laisser le sommeil le gagner.
Potter débarqua plusieurs heures plus tard : La porte de la chambre s'ouvrit avec une précaution et une discrétion extraordinaires, et un œil vert et curieux apparut dans l'interstice. Drago le fixa avec tout le mépris qu'il pouvait rassembler.
La porte se referma en émettant un gloussement absolument insultant.
Les dents de Drago grincèrent.
La porte s'ouvrit à nouveau, et cette fois, Potter osa se présenter entièrement, le regard fuyant et dissimulant mal son hilarité. Il tendit au-dessus du lit un énième sandwich à la viande froide et à la moutarde que Drago ignora ostensiblement.
« D'accord, d'accord… », marmonna Potter, toujours au bord du fou rire. Il posa l'offrande sur la commode – la commode immaculée que Drago venait de dépoussiérer – et grimpa à son tour sur le lit. Il rampa au-dessus du prisonnier qui se retint de justesse de dresser son genou et de castrer une bonne fois pour toutes ce tortionnaire pitoyable, s'immobilisa au sommet, posa son front sur celui de Drago, et osa enfin le regarder dans les yeux.
Il parla avec le même ton qu'il utilisait face à Granger quand celle-ci s'agaçait d'une inattention de sa part : « Il faut qu'on finisse notre conversation de ce matin. »
Drago serra si fort les mâchoires qu'elles lui firent mal, et tendit le visage en arrière.
« De quoi faudrait-il parler ?
– D'accessoires de toilettes, notamment.
– Tu me fatigues vraiment, Potter. »
Ce dernier eut l'audace d'enfin s'autoriser à rire : « Malfoy, je viens de te laisser plus de deux heures pour te reposer, tu peux pas me reprocher à moi, de n'en avoir fait qu'à ta tête ! » Il se redressa et recoiffa délicatement la chevelure de Drago que ses affreuses lunettes avaient accrochée.
« Je t'écoute, cracha Drago.
– Bon… » commença Potter avant de se laisser glisser sur le côté et de s'allonger sur le dos à ses côtés « Je vais pas de dire qu'on va devenir potes ou construire une belle relation basée sur l'amour de l'égalité, parce que c'est clairement pas le cas… J'adore te pousser à bout niveau sexe, et ça ne va pas changer. Mais en dehors de ça, est-ce qu'on pourrait pas essayer d'établir quelque chose où on ferait preuve d'un minimum de respect et d'honnêteté entre nous ?
– Respect ? » répéta Drago en tournant la tête vers lui. Était-il possible d'être aussi hypocrite ?
« Je sais, je sais, j'ai très mal commencé, et encore une fois, je m'excuse. Mais voilà, j'ai – comme tu le sais surement – un léger complexe du héro qui me pousse à vouloir aider les gens. Et tu es ma nouvelle cible.
– C'est gentil, Potter, cracha Drago, mais je me passerai volontiers de ta pitié et de ton aide. » Il se redressa. « Maintenant, si on a fait le tour du sujet… »
Le bras de Potter se tendit devant son torse, lui interdisant silencieusement de se lever entièrement. Il se recoucha avec une aigreur non dissimulée.
« Malfoy, qu'est-ce que tu as à perdre à oser me demander une putain de serviette de toilette ?!
– Potter, tu m'as prouvé à maintes reprises que la moindre chose que je puisse obtenir de toi, tu te feras un plaisir de me menacer de m'en priver à la moindre de tes – nombreuses – sautes d'humeur. Je préfère compter le moins possible sur ta générosité.
– Je t'ai déjà dit que je ne te menacerai plus de te reprendre la cellule. J'ai tenu ma parole, non ?
– Pour une raison qui m'échappe, tu sembles penser que tu te lasseras de moi comme tu t'es tranquillement lassé de ta collection de cartes de Chocogrenouilles. Je pense au contraire que quand j'aurais cessé d'être un divertissement à tes yeux, tu prendras un malin plaisir à me rendre plus misérable que je ne l'ai jamais été, en détruisant absolument tout ce qui pourrait compter pour moi. Alors non, je ne compte pas accepter ni ton aide, ni ton simulacre de respect, ni une foutue serviette de toilette de ta part. »
Drago ferma les yeux. Il n'avait pas prévu de parler autant, mais se sentait désormais libéré d'un poids. Il avait l'impression d'avoir mis des mots sur un sentiment diffus qui lui avait encombré l'esprit sans qu'il en soit parfaitement conscient, comme lorsqu'on relâche une respiration que l'on n'était pas conscient d'avoir retenue.
Il reprit la parole :
« Ça doit être difficile pour toi de jouer le rôle du méchant, et pense bien que je préfèrerai largement que nos situations soient inversées. Tu es cependant celui à avoir initié les termes de notre contrat, et c'est ainsi que je l'ai accepté. Tu peux agir comme le sombre trou du cul que tu es au fond de toi, et je suis payé en échange. J'ai ma cellule, je ne veux rien d'autre de toi, et je ne réclamerai jamais rien d'autre de toi. Quant à tes excuses, elles ont autant de valeur pour moi que ta parole, à savoir aucune. »
Le silence se fit.
« Et bien je suppose, dit Potter, que je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même de t'avoir demandé de l'honnêteté. »
Drago ne répondit pas. Que Potter se sente mal était franchement le dernier de ses soucis. Lui se sentait apaisé.
« Donc, reprit Potter, chaque instant à mes côtés est une torture.
– Non », nuança Drago. Ça aurait été cruel de le critiquer alors qu'il faisait tant d'efforts depuis trois jours. « Je te l'ai déjà dit, j'ai vraiment passé une bonne soirée, hier. Une bonne journée, même ! Quand tu gardes ton sexe à l'intérieur de ton pantalon, tu es largement supportable.
– Génial. Je ne suis donc pas un monstre. Juste un violeur. »
Drago conserva les yeux et la bouche fermés mais haussa les sourcils avec éloquence.
« Tu plaisantes, Malfoy. » Il y avait quelque chose d'étonnant dans le ton employé… « Tu étais d'accord, accusa-t-il méchamment. Je t'ai laissé le choix, tu as accepté, tu n'as jamais dit non, et tu ne t'es jamais plaint.
– J'étais d'accord. Ça n'enlève rien au fait que je ne l'ai jamais désiré. J'avais le choix entre accepter ou te laisser me forcer. J'ai choisi la seule option où j'avais quelque chose à gagner.
– Je ne t'ai jamais forcé ! » rétorqua Potter sur la défensive. Drago garda le silence, et il nuança tout de même : « Peut-être… Peut-être un peu la dernière fois, et… Et la première fois aussi, mais tu m'avais cherché ! » Drago sourit en entendant cette misérable tentative de culpabiliser la victime.
– Tu as aimé ce qu'on a fait, continua Potter avec le même ton accusateur. Tu as bandé ! Tu as joui !
– Oui. C'est ce que tu m'avais demandé. Désolé de te décevoir, Potter, mais je n'ai fait qu'obéir à tes ordres comme je t'avais promis de le faire… »
Drago entendit les bruits répugnants que produisait l'homme quand il remuait la bouche dans le vide.
Par pitié, ou par mesquinerie, il poursuivit : « Ce qui n'était pas difficile, évidemment. Tu es un tel Céladon, à la fois doux et passionné, sans parler de ton énorme phallus. »
Le lit grinça légèrement sous Potter, révélant son inconfort.
« J'ai pas… Putain, Malfoy, je savais que ça te faisait pas plaisir de le faire avec moi, mais je pensais quand-même que tu prenais ton pied, physiquement !
– Ce n'est pas que ça ne me fait pas plaisir, c'est que ça me répugne. »
Le silence revint un moment, puis :
« Okay, dans ce cas… Tu sais quoi ? On laisse tomber cette histoire de sexe. »
Drago tourna la tête et observa son comparse. Celui-ci avait croisé ses bras sur son visage. De toute évidence, cette proposition lui coutait.
« Non, répondit-il simplement.
– Si le faire avec moi est un tel calvaire, pourquoi pas ?! s'exclama Potter en levant les bras au ciel.
– Non, parce que je veux garder ma cellule, et que je ne veux pas de ta charité. »
Potter tourna son visage et le regarda d'un air effaré. « Parce que tu crois que j'ai encore envie de te toucher avec tout ce que tu viens de me dire ?! »
Les deux hommes s'observèrent en silence. Drago cherchait à jauger à quel point Potter était réellement surpris par ces révélations évidentes et à quel point il était capable de respecter cet engagement… Une chose était sure, cependant : Drago devait absolument conserver l'attention du Directeur, ainsi que les avantages qui s'y rattachaient.
« Ne t'en fais pas, annonça-t-il enfin. Je vais jouer la comédie, prétendre que j'ai changé d'avis. D'ici une semaine, tu auras oublié cette conversation.
– Je ne suis pas stupide à ce point, Malfoy », récusa Potter en fronçant les sourcils.
Drago soupira, et fixa le plafonnier.
« Ecoute, commença-t-il en se mordillant les lèvres… C'est vrai que… Que tu as fait ce que tu pouvais pour que ça me plaise à moi aussi, et c'est vrai que parfois… C'est compliqué, mais tu as raison, on pourrait essayer de se donner une nouvelle chance.
– C'est vrai ? »
Drago remit son masque d'arrogance et regarda Potter, dont les yeux brillaient comme si la fée bleue venait d'exaucer son vœu.
« Non, répondit-il. Mais tu y as cru, n'est-ce-pas ?
– Malfoy ! » Il était aussi choqué que si Drago avait osé le gifler.
« Ne t'en fais pas, soupira Drago en fermant de nouveau les yeux et en dirigeant son visage vers la lumière du plafonnier. Le sexe avec toi n'est pas une torture. Je m'y suis fait. Aujourd'hui, ça ne me fait plus ni chaud ni froid.
– C'est encore pire… gémit Potter.
– Tu t'y feras aussi. »
Drago se sentait bien. Si on l'avait interrogé, il aurait même pu admettre à voix haute que cette conversation n'avait pas été une mauvaise idée. Que Potter doute ne l'inquiétait pas : il avait suffisamment fréquenté le personnage pour savoir que son appétit sexuel reprendrait vite le pas sur ses récentes et fragiles convictions. Au pire, une œillade aguichante ou une caresse discrète suffiraient à mettre le feu aux poudres.
« Je suis pas un violeur, Malfoy, je t'interdis de me considérer comme ça ! »
On lui avait déjà fait ce genre de remarque à plusieurs reprises… On l'avait cajolé en prétendant ne pas être comme les autres. On lui avait offert des bonbons pour jouer le rôle du mec bien. Ceux-là valaient à peine mieux que les agresseurs les plus cruels et honnêtes : Ils profitaient sans scrupule du mal que leurs homologues faisaient pour récupérer les restes chauds. Ils attendaient que la licorne ait été tuée par d'autres pour revêtir sa peau en prétendant n'avoir jamais levé la main sur le moindre animal.
« Super, râla Potter. Je veux juste t'offrir une putain de serviette, et je me fais traiter de violeur ! »
Drago sourit. Déjà, l'immaturité et la rancune revenaient au galop. Il décida d'asticoter Potter pour le pousser dans ses retranchements :
« Et oui, c'est bien là tout le courage des Gryffondor : Sans peur et sans reproche devant un Dragon ou un monstre marin, mais mettez-les face à la vérité toute nue, et les voilà qui s'enfuient, la queue entre les jambes… »
Il entendit Potter hésiter, chercher longtemps ses mots, et s'en amusa. Les lions étaient faciles à manipuler. Quand il osa enfin parler, sa voix franche laissait entendre une pointe d'anxiété :
« Okay, le sexe est… Disons une corvée. Mais en ce qui concerne les baisers… ?
– Les baisers ? répéta Drago en ouvrant les yeux.
– Les baisers », confirma Potter…
Drago réfléchit un instant, hésita à mentir, puis se décida à continuer sur sa lancée d'honnêteté :
« Les baisers sont satisfaisants la plupart du temps. »
Il sentit le regard insistant de Potter sur son profil et tourna la tête vers lui. Ce dernier souriait d'un air penaud, à mi-chemin du plaisir et de la honte.
« C'est toi le premier à m'avoir réclamé un baiser, rappela-t-il.
– C'est moi le premier à t'avoir réclamé un baiser », confirma Drago. Il n'avait pas eu ce qu'il avait désiré à l'époque, mais ne regrettait pas leurs embrassades multiples. Il avait réclamé le premier baiser, et avait apprécié quasiment tous les suivants. Il avait voulu celui de la veille.
« Les baisers sont loin d'être des corvées, avoua-t-il.
– J'imagine que c'est ce que j'obtiendrais de plus proche d'un compliment aujourd'hui ?
– Je suppose, oui.
– Et bien dans ce cas, terminons cette conversation sur cette note positive. »
Bon, c'est une conversation qui a mis trééééés longtemps à arriver, et qui n'a pas résolu grand-chose... J'espère que ce premier petit pas dans la bonne direction vous aura quand-même rassuré sur la possibilité que les choses évoluent en bien !
