En passant : Encore une fois, c'est adorable de ta part, ce genre de message fait vraiment un bien fou
J'espère que la suite va continuer à te plaire !
Si vous avez du temps à perdre / que vous voulez relier parfaitement les scènes entre elles, on parle ici de persos évoqués chapitre 29 ! (même si je suppose que vous les connaissez déjà :D)
Ils s'embrassèrent encore à leur réveil. La nuit n'avait pas été reposante : Leurs souffles respectifs avaient empêché l'autre de respirer, leurs jambes s'étaient emmêlées, leurs bras s'étaient ankylosés, ils avaient chacun eu peur de risquer de réveiller l'autre en bougeant… Chacun leur tour, ils s'étaient réveillés puis réendormis, jusqu'au moment où ils avaient émergé tous deux à peu prés en même temps, que leurs yeux fatigués s'étaient croisés, et où leurs bouches s'étaient unies dans un même mouvement.
Au début, Potter avait voulu lui rouler dessus, mais Drago avait poussé un cri de douleur, et c'était finalement lui qui avait atterri sur le dessus, qui avait dirigé le rythme de leur baiser, et qui avait frotté son bassin contre celui de Potter, dans un mélange de souffrance et de plaisir qui l'avait fait gémir comme un animal en chaleur.
Ils y seraient encore si la montre moldue ne s'était pas mise à sonner.
Drago parvint à travailler convenablement. Son astuce avec la plume à Papote fonctionnait de mieux en mieux. Il fallait juste songer à prendre des pauses régulières, toutes les dix minutes, environ, pour se relire et mettre de l'ordre dans ses pensées décousues.
La journée s'améliora encore quand Nguyen lui annonça qu'il n'y aurait pas de séance le lendemain et le surlendemain, puisque Potter lui avait accordé un weekend de congés. L'imminence du lundi se faisait sentir, mais ces deux heures de gagnées étaient une aubaine.
Réjoui de cette nouvelle, il décida d'axer son monologue du jour sur ses meilleurs souvenirs à Poudlard. Il faisait ainsi d'une pierre deux coup, au cas peu probable où il déciderait de retourner assister à un cours de Patronus. Il parla de ses matières et professeurs préférés : les Potions avec le professeur Rogue et l'Arithmancie avec le professeur Vector… Il y avait aussi les Sortilèges, probablement le cours préféré de tous les élèves, bien qu'il soit enseigné par le professeur Flitwick, qui l'avait toujours mis un peu mal à l'aise… En sixième année, il avait eu trop à faire pour pouvoir prendre l'option d'Alchimie, mais il s'était rattrapé en septième année, et ces heures en comité très restreint avaient été des rayons de soleil pendant la Guerre. Il y avait aussi le Quidditch. Même si Serpentard n'avait finalement jamais gagné la coupe, même si les entraînements étaient épuisants et qu'il savait devoir son poste d'Attrapeur surtout aux balais que son père avait fourni à l'équipe, les entraînements de Quidditch avaient été des bons moments.
« Et les autres élèves ? demanda Nguyen au bout d'un moment.
– Je ne comprends pas votre question ?
– Et bien quelles étaient vos relations avec les autres élèves ? Aviez-vous des amis ? »
Gregory et Vincent n'avaient pas été ses amis, plutôt des acolytes. Il avait cru que Pansy nourrissait des sentiments amicaux à son égard, mais il s'était trompé. Ses relations avec ses co-équipiers de Quidditch s'arrêtaient sitôt sortis des vestiaires, et celles avec les membres de la Brigade Inquisitoriale allaient encore moins loin.
« Je ne crois pas. Mais ça ne m'a jamais manqué. »
En bref, Drago était plutôt de bonne humeur lorsqu'il quitta l'infirmerie. Il était presque confiant dans le fait de rencontrer l'ami Botaniste de Potter. Il se rendit dans le hall où ils avaient rendez-vous, mais ralentit en entendant sa voix et se figea complètement en voyant son visage.
Neville.
Cette fichue habitude des Gryffondors à appeler leurs amis par leurs prénoms. Cette fichue habitude des Sangs-Mêlés et des Moldus à choisir des prénoms banals et impersonnels à leur marmaille, qui faisait qu'on les confondait tous !
Il aurait pu deviner, pourtant.
Neville Londubat.
« Ah, Malfoy ! s'exclama Potter en se rendant compte de sa présence. Écoute, il y a un problème avec les Loups-Garous. Rien de grave, mais il faut que j'y aille rapidement. Tu peux montrer l'île à Neville, steup ? Je vous rejoins dès que possible ! »
Il avait débité sa tirade sans s'arrêter, et s'était éloigné en agitant joyeusement le bras, sans se rendre compte de l'expression d'horreur que revêtaient désormais ses deux victimes. Londubat eut tout même la présence d'esprit de réagir mollement et de l'interpeller d'un « Euh, Harry… » peu assuré, mais c'était trop tard : Potter avait déjà disparu.
Quand il tourna de nouveau la tête vers Drago, celui-ci eut un mouvement de recul.
Londubat avait peu changé. Il avait toujours une silhouette solide mais une manière de rentrer les épaules qui lui donnait l'air pataud plutôt que viril. Il avait pourtant pris du muscle : Comme pour Potter, la carrière d'Auror semblait sculpter harmonieusement les corps. Londubat avait cependant un visage peu avenant, malgré ses yeux bleus et ses cheveux blonds qui auraient pu en faire une espèce de Phébus. Il s'était encore enlaidi avec le temps, puisqu'aux vieilles cicatrices de sa résistance à Poudlard s'en ajoutaient de nouvelles, probablement récoltées lors de son précédent emploi.
« Malfoy… salua-t-il tout de même, visiblement gêné. Qu'est-ce qui est arrivé à ton visage ? »
Drago se plaqua une main sur la joue gauche, qu'il avait oublié de dissimuler sous ses cheveux. Il était vrai qu'il était mal placé pour jauger de la beauté des autres. Il tenta de dissimuler son réflexe honteux en tirant sur son col et en se recoiffant, puis lissa sa robe, et se dirigea vers la porte du château, qu'il ouvrit.
« Rien qui ne te concerne, Londubat. Maintenant, si tu veux bien me suivre… »
Drago se sentit absolument ridicule en montrant, seul, le sol aride et caillouteux de l'île à son ennemi. L'idée de planter quelque chose était celle de Potter, mais ce fut à lui de défendre le concept en son absence. Il insista comme un idiot sur les rares et piètres potentialités d'accroche entre les rochers : « On a des algues. Et du goémon. Et du guano en quantité. Le problème n'est donc pas la richesse du sol. Et on… Il n'y a pas d'animal herbivore, comme tu peux le voir, alors… La aussi, c'est un avantage. Ici, la terre est protégée du vent, et… Mais c'est la zone de nidification des albatros, et il ne faut donc pas y toucher. En revanche, par là… » Si seulement Potter l'avait prévenu en avance que ce serait à lui de faire ce travail de persuasion, alors il aurait préparé un argumentaire plus construit !
Ils finirent leur tour sans que Londubat n'ait prononcé un mot, et se postèrent sur la plage dans un silence gênant. Drago fixa l'horizon en ayant l'impression de subir son jugement.
Finalement, Londubat l'interrogea :
« Connais-tu l'amplitude des températures ?
– Pas si importante que ça, louvoya Drago sans lui accorder un regard. On profite tout de même un peu de l'anticyclone des Açores.
– Et je suppose qu'il y a des marées ? La zone est complètement impraticable jusque cette ligne, environ ?
– A peu près, oui. Un peu plus haut. A cause des tempêtes.
– Fréquentes ? grimaça Londubat.
– Prévisibles », tempéra Drago.
Le silence revint quelques minutes, puis Drago se sentit à nouveau forcé de défendre le projet de Potter :
« Nous avions pensé à des salicornes, de l'euphorbe, et… » Drago plissa les yeux pour se souvenir de ce qu'il avait lu sur le sujet, mais il n'avait en réalité fait que survoler le sommaire de l'unique livre qu'il avait commandé. « Du panicaut maritime… De la chasseloup, et… Pourquoi pas de l'attanar, et… Et un jour, des arbousiers ? » Drago déblatéra ses maigres connaissances sur les plantes qu'il avait citées et sur les aménagements nécessaires en terme d'apport de fumier, de protection hivernale… Il expliqua que des travaux de rénovation du château étaient prévus, et, pris d'une inspiration, il affirma soudain que Potter avait prévu de faire construire une serre côté Est.
« Bon, grimaça Londubat. Je suppose que je dois m'estimer heureux que vous ayez quand-même un peu réfléchi à tout ça en amont.
– Bien sûr, mentit Drago. Potter saura mieux te renseigner que moi. C'est avant tout son idée. »
Le silence revint, et Drago chercha désespérément quoi dire. Il avait l'impression d'être le Potter de leurs premiers repas en tête-à-tête, quand le silence lui donnait l'impression d'être puni.
Soudain, Londubat se tourna vers lui :
« Est-ce que vous aviez vraiment réfléchi à tout ça avant de m'appeler ?
– Et bien, articula doucement Drago, je ne sais pas à quel point lui y a réellement réfléchi… Mais le connaissant, il doit y avoir une part d'improvisation là-dedans… »
Surpris, il entendit l'ancien Gryffondor éclater de rire : « Oui, ça ressemble un peu plus à sa manière de faire !
– Ne prends pas ça comme une marque d'irrespect, marmonna Drago en voulant enjoliver les choses. C'est plutôt qu'il te fait parfaitement confiance… »
Le rire reprit.
« Il avait fait exactement pareil, quand il avait débarqué à Poudlard en septième année, raconta Londubat avec un ton joyeux qui força Drago à le dévisager. Je m'en souviens comme si c'était hier : Quand il est arrivé, on croyait tous qu'il avait un plan en béton ! Mais il nous a dit : On cherche un objet. On ne sait pas exactement quoi… Et on est pas sûrs qu'il soit ici. Vous avez des idées ? »
Les yeux de Drago s'arrondirent comme des buts de Quidditch.
« Tu exagères, supposa-t-il.
– Non ! s'exclama Londubat. Ça s'est exactement passé comme ça ! Bon Sang, ça m'avait manqué, ces plans foireux…
– Et alors… Comment a-t-il fait ? » Drago se doutait que l'objet en question avait probablement été retrouvé dans la Salle sur Demande, mais tout de même, avec aussi peu d'informations ?
« Et bien, Luna a été la seule à répondre, mais évidemment, elle avait raison. » Londubat annonça cela avec un sourire rêveur et rayonnant.
Le cœur de Drago rata un battement.
« Luna… Lovegood ? » demanda-t-il.
Londubat se tourna vers lui avec un regard surpris et méfiant.
« Oui, Luna Lovegood. Pourquoi ?
– Et elle… Tu sais si elle… Elle va bien ? » Drago se doutait de la réponse. On ne parlait pas avec une telle légèreté et avec un tel sourire d'une personne décédée, n'est-ce pas ? Il voulait tout de même l'entendre. Merlin, si cet imbécile de Londubat apportait de bonnes nouvelles concernant Luna Lovegood, alors Drago réviserait son jugement sur l'individu. Oui, s'il lui disait que Luna allait bien, qu'elle était heureuse, qu'elle avait une vie épanouissante, pourquoi pas un travail, un époux…
« Et bien… Elle est en plein dans la période des nausées matinales, mais à part ça, oui, elle va bien. »
Il fallut quelques secondes pour digérer l'information, mais quand Drago réagit, il exhiba le plus large sourire qu'il ait jamais revêtu :
« Luna Lovegood est enceinte ?!
– Seulement de seize semaines, mais oui. Tu connais Luna ? » Londubat semblait abasourdi.
« Bien sûr ! Enfin, non, pas vraiment, juste… Un peu. Elle était… Attends… » Le sourire, le fait qu'il sache cela à la semaine prés alors que l'infirmation était si récente… « Ne me dis pas que tu es le père ? demanda Drago sans penser à cacher son ahurissement face à cette hypothèse.
– Et bien si. Pourquoi ? » demanda Londubat sur la défensive.
Drago éclata de rire.
« Ne le prend pas mal, Londubat, mais enfin… Luna est tellement… Et toi d'un autre côté, tu es si…
– Je t'en prie, Malfoy, finis tes phrases… grinça l'insulté en plissant les yeux.
– Pardon, c'est juste que… » Drago se rappela la promesse silencieuse qu'il avait faite à Merlin à peine quelques secondes plus tôt et rit à nouveau. « Pardon, répéta-t-il. Si… Peu importe. Si tu la rends heureuse, alors je n'ai plus rien à te reprocher. Tu la rends heureuse, n'est-ce pas ?
– C'est en tout cas mon objectif en me levant chaque matin, et ma dernière pensée avant de m'endormir chaque soir, indiqua Londubat en affichant toujours un air suspicieux. Comment connais-tu Luna ?
– Tu dois savoir qu'elle avait été emprisonnée … souffla Drago d'un ton calmé. Elle a été déplacée plusieurs fois, mais… A un moment, elle était chez nous, au manoir. Je ne l'ai pas connue longtemps, mais elle est du genre à marquer les esprits.
– Mais tu ne l'as jamais… interrogea Londubat sans finir sa phrase.
– Non. Je ne crois pas que j'aurais pu. J'admirais beaucoup Luna. »
Potter débarqua quelques minutes plus tard, avec son joyeux sourire optimiste, et s'enquit immédiatement de l'avancée de leur discussion et des suggestions que Londubat pouvait déjà avoir. Il joua parfaitement la comédie quand celui-ci lui donna son opinion sur l'emplacement de la future serre et sur les autres arrangements que Drago avait annoncé comme prévus.
« Je ne pense pas qu'importer de la bouse de Dragon soit une si bonne idée, indiqua par exemple le Botaniste. C'est vrai que les Hébrides ne sont pas loin, mais enfin, ça vous coûtera quand même les yeux de la tête pour que la moitié des nutriments partent nourrir les algues. Pourquoi tu ne proposes pas à Hagrid d'emprunter quelques hippogriffes à Poudlard ? Il suffirait de choisir des espèces piscivores, et les albatros ne courraient aucun risque. L'apport de fumier serait plus régulier, et donc, mieux assimilé.
– Je n'avais pas réfléchi plus loin que la bouse de Dragon, admit Potter sans avouer qu'il n'était même pas allé jusque-là. Je ne me suis pas cassé la tête, je savais que tu trouverais forcément une meilleure idée ! »
Drago grimaça. Pour sa part, il préférerait voir son salaire partir dans la bouse de Dragon plutôt que l'île n'accueille une nouvelle créature terrifiante… Mais enfin, que ce soit face à deux Gryffondors, à deux Résistants, à deux membres de l'Armée de Dumbledore ou de l'Ordre de Phénix, ou encore face à deux Aurors, on évitait ce genre de réflexions qui vous faisaient passer pour une mauviette.
Ils mangèrent dans la salle de restauration des Gardiens, et Drago garda le silence et une attitude méfiante et respectueuse. Tous l'ignorèrent. Il espéra toutefois que l'expérience ne se reproduirait pas de sitôt.
L'après-midi, ils firent un nouveau tour de l'île pour prendre des mesures, vérifier la salinité, calculer les réserves d'eau douce disponible, envisager encore de nouvelles infrastructures… Drago prit soigneusement note de tout cela, puis vint l'heure du départ de Londubat. Ils l'accompagnèrent sur le quai où ils attendirent l'arrivée du ferry. Les deux amis discutaient joyeusement en se donnant des nouvelles de tel ou tel ancien collègue, du nouveau travail de professeur de Londubat, de la nouvelle génération de collégiens…
Finalement, Drago voyait ce que Luna Lovegood avait pu trouver d'attirant chez Londubat. Il ressemblait beaucoup à Potter. Ils avaient le même caractère facile, la même sincérité, la même force tranquille et cachée sous une attitude d'adolescent mal dégrossi… La même crainte visible de ne pas être à la hauteur…
Quand le bateau arriva, Potter alla aider à fixer les amarres, à déplier la passerelle magique, et finalement, à accueillir certains des Gardiens ayant passé leurs jours de congés auprès des leurs.
Drago en profita pour interpeler une dernière fois Londubat.
« Écoute, marmonna-t-il… Je voulais te dire que… Je vous souhaite vraiment le meilleur, avec Luna… Ne lui dis pas que tu m'as vu, parce que… Je ne pense pas que ça lui rappelle de bons souvenirs.
– Ça marche, accepta simplement le futur père avec le sourire attendri de celui qui songe à sa chère et tendre.
– Et… Je voulais te remercier pour… aujourd'hui. Je… Je ne pense pas que j'aurais eu une attitude aussi noble que toi si… Si nos places avaient été inversées. Voilà. » Drago hésita un instant, puis précisa : « Tu n'es… Évidemment, tu n'es pas obligé d'accepter mes remerciements, mais… Bref. »
Londubat sourit tranquillement. « Ça marche » répéta-t-il simplement.
Puis il embarqua, et Potter et Drago restèrent sur le quai assez longtemps pour voir le bateau disparaître dans l'obscurité qui tombait déjà.
Au bout d'un moment, Potter annonça bêtement :
« Ça s'est bien passé !
– Tu es un immonde connard, Potter.
– Pardon ?! » Il le regarda les yeux plissés derrière ses lunettes étincelantes, comme s'il n'était pas encore certain que l'insulte fût une plaisanterie ou un réel reproche.
« Tu sais que j'ai torturé Londubat, n'est-ce-pas ? »
C'était le chapitre 82, on l'on apprenait que Neville est un prénom beaucoup trop commun qui prête à confusion alors que les gens comme il faut appellent leurs enfants Vincent ou Gregory. Encore une fois, Drago n'a pas du tout un discours incohérent, c'est juste que la cohérence du monde ne s'adapte pas à lui.
Et chapitre suivant, on va enfin en apprendre plus sur ce qui a mené Drago en prison ! Je sais que vous êtes plusieurs à l'avoir réclamé, alors j'espère que vous serez satisfaits :D
