En passant : Oh, le pire, c'est qu'il avait beeeeaaaauuuucoup d'estime de lui-même, à la base. Drago était tout de même un vilain petit arrogant pourri gâté pendant son enfance, et ne doutait pas d'être supérieur à la normale... Mais oui, aujourd'hui, il ne reste plus grand chose...

Guest : On a hâte du chapitre qui commence mal et se termine bien, mais je ne suis pas tout à fait sure qu'il existe chez moi XD

Yuishifuji : Je dois avouer que c'est moi qui aime torturer ses méninges à lui X,)
Pour les dents, non, ça n'avance pas beaucoup ! Entre ça et sa main, son corps met du temps à guérir !
Je suis contente que Nguyen t'ai fait bonne impression ! Il est comme Rosier (qui me manque, d'ailleurs) : un perso qui s'est un peu trop imposé à moi mais que j'aime bien


Drago n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit : Dès que ses paupières s'abaissaient, la vision revenait, éclatante et désordonnée dans la pièce sombre et calme, et il sursautait en panique. Il n'était pas si mal loti cependant : Contrairement au corridor 3, la lueur de la lune parvenait à se faufiler entre les rideaux de la chambre de Potter, et le noir n'était pas complet. En outre, il y avait le visage de Potter sur son torse, son souffle à écouter, et ses cheveux à caresser et à humer. Il se remettrait de son excursion dans la tête de Rockwood plus rapidement qu'il ne s'était remis de celle qu'il avait effectué en Waren. Il y avait encore de la potion d'anesthésie dans la trousse de pharmacie de la salle de bain, et rien ne l'empêcherait d'avaler le contenu du flacon d'une traite si le besoin s'en faisait sentir. L'effet serait presqu'aussi efficace que celui d'une potion de sommeil sans rêve…

La veille, le fait d'avoir été comme promené en laisse par Potter pendant la moitié de la journée avait eu le mince avantage d'empêcher la Major Mullan de venir le malmener…

Ce ne fut pas le cas ce matin-là : Potter venait de finir de changer le bandage de la main de Drago et s'apprêtait à partir quand un frappement sec à la porte se fit entendre. Il alla ouvrir à la Major dont la voix fit se dresser les cheveux sur la tête du prisonnier :

« Monsieur le Directeur. Je venais vérifier les disponibilités de Malfoy. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de visiter le château comme vous nous l'aviez indiqué.

– Vraiment ?! Vous connaissant tous les deux, je pensais que cette affaire était déjà réglée ! Ce matin, ça me semble, parfait, non ? Malfoy ? Tu as largement le temps avant ton rendez-vous avec Nguyen ? » supposa Potter avec son sourire insouciant.

Drago avala sa salive, et montra le tas de documents sur la table qui n'avait pas baissé depuis la veille. Il surprit le regard de dédain de la Surveillante, qui ne semblait pas apprécier le désordre plus que lui :

« Ce matin, c'est compliqué, prétendit-il, j'aimerais avancer sur…

– Je t'ai déjà dit que tout ça était secondaire. Ce matin, c'est très bien ! Merci de vous en être souciée, Major ! Je dois aller passer un appel de Cheminette à Sainte Mangouste, je vous laisse régler ça ! »

Et Potter partit sans demander son reste.

Drago, hésita sur la position à adopter face à la Sorcière, mais celle-ci fit un pas dans les appartements, et son vilain nez de bouledog se plissa, comme si elle sentait l'odeur masculine des lieux et s'en trouvait dérangée. L'odeur, le désordre, le petit déjeuner pas encore débarrassé… Drago s'empara immédiatement d'un bloc de papier pour prendre des notes, de la plume à Papote, et marmonna, honteux :

« Je vous suis, Major Mullan. »

Elle était toujours aussi laide, aussi intimidante : La silhouette épaisse, les bras musclés, la mâchoire presque prognathe, les cheveux plats et ternes…

Parcourir les corridors glacés et enchevêtrés sur eux même ressemblait à l'exploration d'un esprit détraqué…

A Poudlard, si les escaliers bougeaient, si les salles apparaissaient ou disparaissaient sur demande et si des passages secrets fleurissaient et fanaient spontanément, c'était parce que les quatre fondateurs, dans leur symbiose inégalée, avaient parfois, par mégarde, laissé un désaccord altérer la cohérence de l'espace et du temps…

Ce n'était pas le cas à Azkaban. Le Mage Ekrizdis avait conçu ce lieu absolument seul. Pourtant, comme à Poudlard, les lieux s'entortillaient sur eux-mêmes : Un couloir semblant circulaire parvenait pourtant à ce que toutes ses fenêtres donnent sur le côté Ouest, certains escaliers n'avaient pas de fin, des dizaines de portes s'ouvraient sur des murs, sur le ciel, ou même, pour deux d'entre elles, sous le niveau de la mer…

Là où les murs avaient été détruits lors de la Première Grande Évasion d'Azkaban, les choses devenaient franchement dérangeantes avec des salles à la pesanteur décalée de 90°, des couloirs ouverts sur le ciel venteux mais où l'on entendait encore l'écho de musiques de bals, ou encore une pièce immense, au sol tapissé de glace, qui semblait s'étendre à l'infini dans toutes les directions. Le long du mur qu'ils venaient de franchir, une myriade de petites fontaines déversaient une eau tiède dans une rigole qui donnait sur une large piscine où le liquide devenait brulant, puis carrément fumant en s'éloignant de ses sources.

« Ici, indiqua Mullan tandis que sa voix se répéta en échos autour d'eux, nous avons largement la place d'accueillir une équipe de Bâtisseurs. C'était un labyrinthe avant, mais Monsieur Potter est parvenu à lever le charme d'illusion.

– Vous voulez dire que ce qui reste n'est pas une illusion ? »

Des petits nuages de buée s'élevaient à chaque fois qu'ils ouvraient la bouche, et autour d'eux, des fantômes invisibles semblaient répéter inlassablement : « Pas une illusion, une illusion, sion… » ou « Équipe de Bâtisseurs, Bâtisseurs, eur… »

La salle avait du potentiel, mais elle manquait singulièrement d'agrément.

Ils poursuivirent leur visite. Ils virent des salles de tortures, des oubliettes, une petite pièce à la chaleur qui aurait été appréciable si elle n'avait pas été provoquée par un puits de lave éternelle, en son centre, qui bloblotait paresseusement.

« Monsieur Potter n'a pas voulu éteindre ce feu. Il pense qu'il pourrait être utile dans certaines circonstances. »

Ils poussèrent la porte de la chambre d'Ekrizdis qui semblait avoir servi la nuit même : Aucune poussière, aucune saleté, aucune toile d'araignée, aucun trou dans les rideaux de velours violet sombre, la cheminée qui flambait joyeusement, le lit qui semblait avoir été refait soigneusement le matin même, par un elfe de Maison consciencieux… Sur la table de nuit, incongru, un verre d'eau à demi entamé…

Drago recula immédiatement et colla son dos au mur du couloir, comme s'il n'avait jamais rien vu d'aussi effrayant, et Mullan referma doucement la porte.

« C'est la seule pièce dans laquelle lui non plus ne parvient pas encore à entrer… » expliqua-t-elle doucement, et Drago vit que le poil de ses avant-bras robustes s'était dressé. « Avant que le Détraqueur n'arrive, il passait beaucoup de temps ici, à essayer de désensorceler les lieux… »

Beaucoup de tableaux, de tentures et de statues avaient été arrachées des murs ou des piédestaux pour être remisés dans des greniers poussiéreux où l'on ne pouvait pénétrer sans avoir la sensation d'être épié. La Surveillante rousse avait parlé des Bustes maudits d'Ekrizdis, et Drago en vit effectivement des dizaines, qui fixaient sur lui leurs yeux vides.

Ces débarras étaient probablement les pièces les moins oppressantes, pourtant, et Drago demanda timidement à Mullan s'il lui était possible de faire disparaitre temporairement le fouillis pour pouvoir jauger l'espace disponible…

Elle sortit sa baguette en soupirant et prononça un sort qui vida complètement l'espace… A l'exception notable d'une surprenante malle bleu saphir dans un coin…

Elle étudia l'objet pendant que Drago observait les lieux, tournant sur lui-même, calculant le nombre de greniers disponibles…

« Je dois aller parler de cette malle à Monsieur Potter, indiqua-t-elle finalement. Ne t'en approche pas et ne bouge pas d'ici. »

Il hocha sagement la tête, et la Surveillante s'en alla.

Il y avait deux petites lucarnes en forme d'ogive dans la partie mansardée du toit. Drago les ouvrit pour aérer un peu la pièce. Il faudrait les agrandir pour permettre tout de même un éclairage naturel plus important. Il faudrait construire une salle de bain collective au même étage, avec des toilettes, et tout le tintouin… En bref, faire venir des Bâtisseurs pour pouvoir accueillir d'autres Bâtisseurs. Beaucoup de frais en perspective… Drago soupira…

« Et bien, et bien, tu as l'air épuisé ! »

Drago se retourna en sursaut. Potter se trouvait au milieu de la pièce, avec son grand sourire joyeux et le regardait malicieusement.

« J'ai eu un peu de mal à m'endormir, admit Drago en le rejoignant.

– Tu pensais à moi, hein ? »

Drago haussa les épaules.

« Tu pensais à ma grosse queue et à ton petit trou serré, espèce de salope… »

Drago sentit ses yeux s'écarquiller et sa respiration se bloqua dans sa poitrine… Potter le fixait toujours. Son sourire s'élargit doucement, et ses yeux se plissèrent et étincelèrent…

« Je vais tellement te défoncer, Malfoy, poursuivit Potter en se passant une langue pointue sur les lèvres. Tu vas hurler mon nom, mais ça ne sera pas pour m'en demander plus, salope. Tu vas chialer comme une… »

C'était forcément une illusion ! La malle ! Le mot « Épouvantard » lui vint à l'esprit, mais son corps refusa de prendre la fuite.

Les mains de Potter se refermèrent sur ses bras et se secouèrent comme un prunier, et se fut trop tard pour s'enfuir. Drago ferma les yeux aussi fort qu'il le pouvait, plaqua ses mains sur ses oreilles et se laissa tomber sur le sol. Il vit à nouveau son corps à travers l'esprit de Rockwood, entendit ses gémissements et ses cris étouffés. Le bandage sur sa main droite l'empêchait de s'assourdir efficacement, alors les mots de l'Épouvantard se superposaient vaguement au reste, à la fois indistincts et cruellement compréhensibles.

Il eut l'impression que des heures passèrent avant que Potter et Mullan ne reviennent. Il se retrouva arraché aux griffes de l'Épouvantard et se plaqua contre le corps de son sauveur en entendant la voix réelle de Potter crier d'abord « Spero Patronum » puis « Riddikulus ». Le cauchemar persista un moment, et il lui fallut fournir un énorme effort de volonté pour se rappeler qu'il n'était pas Rockwood, qu'il était l'autre, et qu'il lui fallait ouvrir les yeux.

L'angoisse prit un tournant beaucoup plus gênant quand il réalisa que c'était le corps de Mullan qu'il serrait contre lui. Il repoussa l'apparition en se sentant nauséeux, et tâcha de remettre de l'ordre dans sa tenue et dans ses cheveux.

La Major lui adressa un regard apitoyé, et ce fut encore pire.

« Monsieur, dit-elle à Potter. Je pense que le jeune Malfoy devrait aller à l'infirmerie.

– Oui, ça me semble…

– Non ! » s'exclama Drago en se redressant enfin. Il se cogna le crâne contre le mur mansardé du grenier et grimaça… Ces quelques secondes à plisser les yeux sous la douleur ramenèrent encore les pensées de Rockwood dans sa tête, et il se força à adopter la posture fière qui indiquait une parfaite maîtrise de la situation. « Inutile de perdre plus de temps ! Nous pouvons poursuivre la visite ! A moins que nous n'en ayons fini ? » cracha-t-il presque à la Major, à peine conscient de son ton arrogant.

Elle ne réagit pas, et Potter s'approcha.

« Major, commença-t-il, je vais m'occuper de Malfoy. Pouvez-vous prévenir Runcorn que notre réunion aura peut-être un peu de retard ? Si vous ne me voyez pas arriver, n'hésitez pas à vaquer à vos occupations, je vous ferais savoir quand je serais disponible. »

Drago adressa un regard assassin à Potter qui, en plus de le faire passer pour un faiblard le rendait responsable de son manque de sérieux à remplir son rôle, mais tout comme la Major avant lui, il ne réagit pas et Mullan s'en alla sur un « Monsieur le Directeur » discipliné.

Potter resta silencieux quelques minutes, pendant que Drago fermait les fenêtres, examinait l'état des murs, et vérifiait le système de fermeture de la porte. Puisqu'il ne disait rien, Drago se força à prendre la parole :

« Ça n'ira pas, assena-t-il d'un ton catégorique. Il faudrait entasser les visiteurs à trois ou quatre par pièce, et ils se retrouveraient à peine mieux lotis que les prisonniers. La patinoire est l'espace le moins inadapté. Au moins, il y a l'eau courante, alors on devrait pouvoir créer rapidement des sanitaires de fortune. Il faudra simplement cloisonner les lieux et…

– Malfoy, tu sais que ce n'était pas moi, n'est-ce pas ? »

Drago lui adressa à nouveau son regard le plus méprisant :

« Nous avons suivi les mêmes cours dans la même école, Potter, je sais ce qu'est un Épouvantard.

– D'accord… » Il ferma les yeux, se suçota les lèvres, puis après un long silence, il reprit avec une voix malheureuse et en le fixant d'un air suppliant : « Et tu sais que… Que cette nuit-là… Avec Waren, je veux dire… Je n'étais pas moi-même, tu sais… ce que je t'ai dit… Je voulais te blesser parce que… Surement parce que… C'était plus facile de te mettre tout sur le dos plutôt que d'admettre que je valais pas mieux que lui, mais… »

Drago se redressa encore. Potter semblait retrouver la mémoire. Potter se souvenait des mots qu'il avait prononcés, probablement grâce à ce brave Épouvantard qui les lui avait gentiment répétés…

Potter s'approcha et tendit un bras. Drago croisa immédiatement les mains dans son dos pour éviter tout contact.

« Malfoy, je regrette ce que j'ai dit, et je regrette aussi d'avoir oublié. »

Drago détourna le regard.

« Et je suis désolé de t'imposer mes excuses, comme ça. Je comprends ce que t'as voulu dire avec Neville, et rien ne t'oblige à me pardonner, et ça fait pas de toi quelqu'un de faible ou de mesquin, ou… Je sais juste pas quoi faire d'autre… »

Drago hocha la tête sans le regarder.

« La patinoire, indiqua-t-il.

– Est-ce que je peux faire quoi que ce soit, Malfoy ?

– Non, Potter. La patinoire.

– Oui, la patinoire, concéda Potter. Je vais demander à deux, trois gars de commencer à installer les meubles pour voir la place que ça prend, et on pourra s'occuper de ça dans la semaine… »


Et bien moi, je suis tout de même rudement fière que mon petit Drago n'ait pas douté plus de quelques secondes que l'Epouvantard soit réellement Potter. C'est rassurant, non ? Il fuit encore le dialogue, mais il faut lui laisser le temps, povtipère