Guest : Merci pour tes encouragements !

77Hildegard : Merci d'avoir commenté tout de même ^^
Oui, le site bugue de plus en plus... je me tiens au courant sur ce forum : www·fanfiction·net/topic/77277/184832900/3/Bug-vues mais tout le monde est aussi largué que nous... On en est au point où on compare juste notre niveau de déprime XD

D'ailleurs, sur ce forum est organisé un secret santa de fanfic qui ne semble pas avoir beaucoup de succès pour le moment... Au cas ou des auteurices inspirés me lisent... (Perso, j'ai du mal à trouver 5 fandoms qui m'intéressent X,) )


Le jeudi venu, Drago effectuait son habituelle promenade d'après repas sur la plage.

Foley était désormais capable de marcher seul, de s'exprimer, il avait quasiment récupéré l'intégralité de ses capacités, physiques, magiques ou mentales. Il lui arrivait seulement, parfois, d'être pris d'une apraxie qui bloquait ses mouvements ou les rendait saccadés. Quelques minutes de calme suffisaient à lui rendre sa mobilité, mais ces crises l'empêchaient de reprendre sereinement le travail.

Carrow, également, semblait aller mieux : Il marchait, il mangeait, il ne se vidait plus sur lui-même, et quand Drago lui posait une question fermée et lui laissait un temps de réflexion, il était capable de répondre d'un hochement de tête affirmatif ou négatif. Chaque soir, Drago passait une bonne demi-heure à l'infirmerie à lui demander de fermer les yeux, puis à lui imposer un rythme de respiration lent et régulier. Ce simulacre de sommeil ne durait jamais longtemps après que Drago soit parti se coucher, mais peut-être de plus en plus longtemps.

Monsieur Temrah et Madame Johnson discutaient entre eux comme un vieux couple, en hurlant pour que la malentendante puisse participer. Leurs sujets de prédilection étaient évidemment le bon vieux temps qui leur manquait, le manque de considération pour leurs avis éclairés. Et bien sûr la jeunesse et le respect qui se perdaient. Julius Johnson et Drago Malfoy étaient cependant des perles dans cette masse de garnements, le premier parce qu'il faisait de son mieux et qu'il était un brave garçon, le second parce qu'il était le seul a savoir lire les instructions sur les paquets de thé et a s'y tenir.

Les noms des quatre petits enfants avaient fini par s'inscrire dans l'esprit de Drago : Aureliano, Astrid, Bernat et Urtza. Il leur avait montré le bébé albatros qui commençait tout juste à remplacer son duvet noirâtre par des plumes, et en échange, ils lui avaient appris quelques mots d'espagnol ou d'italien, et même de catalan.

Fleur Delacour était la seule touche de grâce et de grandeur de leur troupe. Elle aimait discuter en français avec Drago, se plaindre de l'absence de son époux, et caresser doucement la tête des mômes ou leur montrer comment tresser des algues ou écouter la mer dans les coquillages en spirale.

Ce jour-là, elle avait évoqué « la malédiction de la beauté » qui lui pesait particulièrement dans l'univers très masculin d'Azkaban: Le désir qu'elle provoquait malgré elle, le fait d'être toujours ramenée à son corps, à son joli visage, comme si elle était stupide ou impuissante.

« Quand j'ai été sélectionnée pour le tournois des trois Sorciers, expliqua-t-elle, j'ai pensé que les choses s'amélioreraient. Qu'on me considérerait pour mes capacités. Mais enfin, les gens sont ridicules : Ils sont incapables de ne pas se focaliser sur le physique des gens. Toi, tu peux comprendre ça. »

Drago ne savait pas trop si elle faisait référence à sa laideur actuelle, à sa prestance passée, ou à sa résistance évidente devant les charmes qu'elle pouvait déployer.

« Oui, je pense que je peux comprendre, répondit-il quoi qu'il en soit.

– Je suis contente que tu sois là pour Harry. Je l'aime beaucoup, tu sais ? Il a sauvé ma petite sœur.

– Il a sauvé beaucoup de gens. »

Ce fut à ce moment-là que le Cridurut se fit entendre. Il résonna sur l'île, dans et en dehors des murs, comme le blatèrement lugubre d'un chameau à l'agonie.

Madame Johnson, Fleur et les enfants tournèrent des regards écarquillés et effrayés vers le château. Monsieur Temrah réagit à peine. Les deux autres hommes, en revanche, eurent des attitudes à l'opposé l'un de l'autre : Foley se crispa, le visage à demi-tourné vers la porte, incapable de suivre ses collègues qui se précipitaient à l'intérieur en dégainant leurs baguettes, le haut du corps parcouru de frémissements saccadés.

Carrow émit un son qui ressemblait à celui du Cridurut, se redressa de toute sa hauteur, et chercha des yeux à qui il lui fallait s'en prendre.

Drago n'avait pas prévu que l'émeute puisse se déclarer alors qu'il était aussi proche d'un gardien en uniforme. Les choses risquaient de déraper.

Il attrapa comme il le put le visage du prisonnier, qui se dressait loin au-dessus du sien et l'inclina difficilement vers le bas en déclarant de la voix la plus haute et articulée possible :

« Carrow ! Carrow, regarde-moi. Écoute-moi, tout va bien, calme-toi, respire doucement, n'écoute que ma voix, regarde mes lèvres. Plie tes genoux, voilà comme ça. Calque ta respiration sur la mienne, regarde mes poumons, voilà c'est bien, donne-moi tes mains.

– Qu'est-ce qui se passe ? demanda nerveusement Fleur en reprenant ses esprits et venant l'aider. Qu'est-ce que je peux faire ? »

Drago hocha la tête pour lui indiquer qu'il l'avait entendue mais continua de s'adresser à Carrow :

« C'est bien. Continue de respirer sur ce rythme, tu en es capable. Et maintenant, ferme les yeux, n'écoute que ma voix. Je vais t'aider à placer tes mains comme il le faut, ensuite tu ne bougeras plus, c'est compris ? »

Il n'avait pas le temps d'attendre une réponse. Il positionna les index de l'homme sur les orifices de ses oreilles et exerça une pression qu'il espéra suffisante pour le rendre sourd au Cridurut, mais insuffisante à lui perforer les tympans.

« Va chercher Ginny Weasley, dit-il enfin à Fleur. Je pense qu'elle sera capable de s'occuper de lui. »

La jeune femme fronça d'étonnement ses jolis sourcils, mais s'exécuta.

Drago garda un moment ses mains sur celles de Carrow pour vérifier qu'il avait bien compris qu'il n'avait pas besoin d'enfoncer davantage ses doigts dans les orifices. Il n'était pas certain que l'ordre ait été compris, mais il n'avait pas plus de temps à perdre.

Il aida Madame Johnson et Monsieur Temrah à s'éloigner de lui, par sécurité, puis fit de même avec le corps récalcitrant de Foley. Les petits enfants vinrent le rejoindre, et demandèrent à leur tour ce qu'il leur fallait faire. Il leur désigna la silhouette voutée de Carrow, puis déclara en Italien :

« S'il bouge, criez. »

Puis il se dirigea vers l'attroupement sur la plage.

Il croisa Fleur et Ginny Weasley sur le chemin, et Fleur demanda : « Où vas-tu ? Est-ce qu'il faut… ?

– Tenez-vous juste prêtes à intervenir si besoin », l'interrompit-il en poursuivant sa route en marche arrière.

Il n'y avait plus un uniforme de Gardien sur la plage, à l'exception de celui de Foley qui était hors d'état de nuire. Il avait espéré que les amis de Potter l'auraient tous accompagné pour calmer les choses dans le château, mais Hestia Jones et l'un des Weasley – Georges, celui qui avait une oreille en moins, et qui se décolorait les cheveux – étaient encore présents. Ce fut lui qui suivit le déplacement de Drago avec des yeux scrutateurs. Drago hésita à l'envoyer vers sa sœur, mais ça aurait été une perte de temps supplémentaire.

Il se dirigea d'une traite vers la tonnelle du Maléfistinat. Celle-ci avait plusieurs fois était agrandie pour pouvoir accueillir plusieurs fauteuils, ainsi que quelques guéridons élégants sur lesquels travailler.

Kenaran l'attendait : Il s'était installé dans l'un des fauteuils et avait fait apparaître un petit tabouret pour lui. Drago s'y dirigea aussitôt.

Il frissonna en observant le visage fermé du Maléfistinien : Sa barbe, ses lunettes, les rides de ses yeux… Sa bouche plissée, ses sourcils songeurs… Il ressemblait à un double du professeur Dumbledore qui serait revenu d'outre-tombe pour se venger.

« Espérez-vous que cette infraction aux ordres de Monsieur Potter me mette dans de meilleures dispositions à votre égard ? » demanda-t-il immédiatement, avant même que les fesses de Drago n'aient touché le bois.

« Qu'importent les raisons de ma présence, annonça Drago en s'asseyant. Vous pouvez utiliser votre légimancie. Je ne me défendrai pas, et il n'en saura rien.

– Je ne le pourrais pas, répondit Kenaran en souriant. Il m'a fait prononcer un serment inviolable. »

La bouche de Drago béat un instant avant de se refermer aussitôt. Fallait-il que Potter soit culotté pour exiger un serment inviolable de cet homme-là. Il avala sa salive, puis reprit :

« Dans ce cas, interrogez-moi. »

Kenaran effectua un délicat mouvement du poignet et une petite fiole de verre se révéla entre ses doigts. Il la tendit à Drago en ordonnant :

« Buvez. »

Drago observa une seconde le liquide transparent, puis passa le récipient sous son nez. Pas de couleur, pas d'odeur, une viscosité semblable à de l'eau. Veritaserum. Trois gouttes suffiraient à faire révéler à un homme tous ses secrets les plus inavouables. Le flacon contenait bien l'équivalent d'une cuillère à café. Il avala le liquide d'une traite.

Il sentit aussitôt sa langue s'engourdir et son occlumencie lutter malgré lui contre la potion.

« Avez-vous provoqué l'émeute ? »

La question avait peu d'importance et leur faisait encore perdre du temps. Drago fut cependant incapable de répondre autre chose que la vérité, et même de développer sa réponse :

« Non. Je ne communique avec aucun détenu à l'exception de Carrow. C'est mon père. Lucius Malfoy, corridor 3. »

Drago plissa les yeux et étouffa un haut le cœur. Dénoncer son père devant cet inconnu était un supplice, même si l'homme s'en fichait probablement royalement.

« Comment se nomme votre mère ? »

Si Drago avait su que le Veritaserum leur aurait fait perdre autant de temps, il aurait refusé d'en boire. Sa bouche répondit tout de même, malgré lui :

« Narcissa Black Malfoy n'est plus ma mère. Nous l'avons reniée. Mes parents ont divorcé.

– Qu'espérez-vous de cette discussion avec moi ? »

La réponse était insultante :

« Je veux que vous ayez toutes les cartes en mains pour pouvoir expulser le Détraqueur ou que vous abandonniez l'idée. Je veux que vous quittiez l'île. Je veux que les choses redeviennent comme avant.

– Qu'avez-vous vu quand vous avez utilisé votre légimancie contre le Détraqueur ? »

Drago ferma les yeux. Enfin, se murmura-t-il intérieurement tandis que ses lèvres articulaient tout autre chose :

« Tout était noir, tout était silencieux. Le vide. Et puis il y a eu cinq flashes lumineux et sonores. Rapprochés d'abord, puis de plus en plus espacés. Sur ce rythme : » Il glissa ses doigts contre le bois du tabouret et tapa cinq fois : Deux coups accolés, une pause, un coup, une seconde pause, un coup, puis le dernier, trois ou quatre secondes après le précédant. « Puis l'absence, de nouveau. Longtemps. La faim. »

Il entendit une autre voix demander, avec un accent italien rauque :

« Les flashes correspondraient au nombre de fois où il aurait soulevé sa capuche ? Leur peau serait photosensible ? »

Il répondit malgré lui « Je ne sais pas », en même temps qu'une autre voix, plus féminine, plus sèche déclarait :

« Je pencherais plutôt vers des réactions suites aux âmes qu'il a arrachées. Comme des orgasmes visuelo-auditifs. Mais cinq ? Dans tous les cas, ça me semble peu. Ils vivent des siècles et je pense que… »

A nouveau, les lèvres de Drago agirent malgré lui. Aucune question n'avait pourtant été posée. Il répéta « Des siècles ». Sa bouche était engourdie, sa langue pâteuse, son esprit confus. Il se redressa en réalisant qu'il s'était avachi et ouvrit les yeux en se rappelant que lui était censé être capable de voir.

« Savez-vous où il se trouve à cet instant précis ? reprit Kenaran.

– Non. Je suppose qu'il est sous la mer.

– Êtes-vous… Spero Patronum, s'interrompit-il avant de reprendre : Êtes-vous capable de le retrouver ?

– Non. Pas dans l'état où je suis.

– De quel état parlez-vous ? »

Drago eut un nouveau haut-le-cœur. Il répondit une première fois, mais le Veritaserum, ainsi que le reste du contenu de son estomac, lui remonta dans la gorge, et il se vomit dessus, rendant ses paroles incompréhensibles. Il tenta le coup une seconde fois, mais ce fut cette fois la toux qui l'empêcha d'articuler correctement.

« MALFOY ! » La voix de Mullan le fit gémir. Il avait espéré avoir plus de temps, mais il reconnut, rien qu'à l'oreille, la démarche brutale de la Major dans les cailloux.

Il leva des yeux aux larmes contenues vers le Maléfistinien et se força à répondre enfin d'une voix hachée et tremblante :

« Je vais bien. Quand je vais bien, je perds le contact avec lui. Mais il suffirait de… »

La poigne solide de Mullan se referma sur son épaule, et il fut relevé et tiré en arrière. Le tabouret sur lequel il avait été assis se renversa. Il adressa à Kenaran un regard désespéré.

Le Sorcier se redressa également, et demanda :

« Que n'avez-vous pas eu le temps de me dire ?

– Ma poche », bredouilla Drago tandis que l'une des Jumelles de Kenaran venait s'opposer à son départ. « Je peux vous prouver que… » Mullan sortit sa baguette, et la Sorcière étrangère recula, se positionnant devant son Maître pour le protéger de son plastron rutilant.

« Sachez que Monsieur Potter est d'ores et déjà au courant de cette nouvelle provocation, Professore ! » cracha la Major avant d'emmener Drago en le trainant par la manche.