En passant : Erf, selon les jours, c'est vraiment compliqué, le site... Hier, la recherche ne fonctionnait pas chez moi, et vu que cette fic est M, impossible de me retrouver moi-même XD
Contente que ça te plaise toujours, en tout cas :D
77Hildegard : Et oui, Drago se plaint du manque d'obéissance des autres, mais il ne fait pas mieux XD
Pour le combat ultime, il va falloir attendre 7 tomes, comme dans la sage originale X)
Carrow semblait effectivement réagir tout aussi bien à la voix de Ginny Weasley que de Drago. La rouquine lui avait jeté un regard assassin quand il était revenu s'occuper de lui après avoir réinstallé Monsieur Temrah et Madame Johnson dans leurs fauteuils respectifs.
« La prochaine fois que tu me demandes de baby-sitter un Mangemort, Malfoy, tu n'en retrouveras pas grand-chose ! » l'avait-elle prévenu.
Puis elle avait pris son balai et été partie faire un tour.
Fleur Delacour avait pincé les lèvres en considérant Drago, comme si elle était déçue de son comportement, mais n'avait rien dit, et s'était occupée de rassurer les enfants.
Drago était resté aux côtés de Carrow jusqu'à l'extinction du Cridurut, puis l'avait ramené sous la tonnelle où il lui avait ordonné de s'asseoir par terre en attendant de plus amples instructions : L'infirmerie ne lui semblait pas une zone sûre tant qu'il ignorait le nombre et l'identité des blessés qu'on y trouverait.
Mullan l'avait surveillé un moment, puis avait disparu on ne savait où. Elle était pourtant revenue dès que Drago avait coulé un regard vers la délégation du Maléfistinat, où la discussion était vive mais inaudible.
Il avait repris tranquillement son travail.
Quand Potter réapparut, deux bonnes heures plus tard, Drago crût qu'il irait discuter avec Kenaran, mais il vint directement le voir, invoqua le même genre de petite chaise métallique sur laquelle Drago était assis, et s'installa face à lui. Granger et Weasley le suivaient évidemment, comme s'ils étaient les têtes superflues d'une hydre difforme. Granger était presque aussi décoiffée que le Survivant, et Weasley avait de vilaines traces de suie sur le visage.
Drago leva les yeux quelques secondes pour vérifier l'état général de Potter – Pas de blessure visibles, vêtements froissés mais non abimés – puis les rabaissa vers le courrier qu'il était occupé à rédiger à destination du Département des Transports Magiques.
Potter attendit quelques secondes avant d'ordonner laconiquement :
« Malfoy. Explications, s'il te plait. »
Drago eut un rictus en entendant Potter l'appeler par son patronyme.
« Je suppose que tu sais déjà l'essentiel, Potter, soupira-t-il en trempant sa plume dans l'encre. J'ai profité de ton absence pour aller discuter avec ton invité.
– En enfreignant ainsi délibérément mes ordres.
– En enfreignant ainsi délibérément tes ordres, admit-il poliment en reprenant sa rédaction.
– On en avait pourtant parlé, et j'avais été très clair.
– On en avait pourtant parlé, et je t'avais informé de ma volonté à ne pas rester sans rien faire.
– Est-ce que tu ne penses pas que j'ai suffisamment de conneries à gérer sans avoir à m'occuper des tiennes, Malfoy ? »
Potter se mit à tapoter des doigts sur le petit bureau de travail de Drago. Celui-ci haussa les épaules :
« Je ne doute pas une seconde du nombre conséquent de conneries que tu as à gérer.
– Merlin ! s'exclama Weasley. Il est vraiment temps que tu te calmes, Malfoy ! Je te jure que je suis beaucoup moins patient que Harry !
– J'ai déjà promis à ton ami d'être patient pour deux, Weasley. Je tâcherai de l'être pour trois.
– Accio. » La plume à Papote s'envola des doigts de Drago pour rejoindre immédiatement ceux de Potter, qui la reposa sur la table.
Drago soupira, se redressa, se cala contre le dossier de sa chaise, croisa les bras, et riva ses yeux dans ceux de Potter qui lui adressa son fameux sourire narquois :
« Est-ce que tu vas recommencer, Malfoy ?
– Probablement, Potter.
– Bon Sang, remets-le en cage », maugréa Weasley, mais il fut royalement ignoré.
« Si tu me promets de te calmer, cette histoire s'arrêtera là », proposa Potter.
Drago commença à répondre, mais Weasley lui coupa la parole :
« Une promesse de Mangemort. Formidable. Je suppose que tu hésitais moins quand il s'agissait d'obéir à Voldemort ? Il devait être un peu moins coulant avec toi. »
Drago frissonna malgré lui en entendant le Nom-que-l'on-ne-prononçait-pas, et sa réaction ne passa pas inaperçue, puisque Weasley émit un reniflement moqueur et se fendit d'un « Ben tien » lapidaire.
Il n'avait pas cessé de fixer les prunelles vertes de Potter. Il gagnait toujours à ce jeu-là. Il respira calmement, puis répondit :
« Les ordres du Seigneur des Ténèbres n'étaient pas beaucoup plus faciles à suivre, mais je m'y pliais, en effet.
– Pas beaucoup plus faciles à suivre ? ricana Weasley, qu'est-ce qu'il faut pas entendre ! »
Potter poussa un soupir amusé, puis annonça :
« C'est bon, Ron. Je commence à connaître l'animal, je vais me débrouiller. »
Drago plissa les yeux.
« Malfoy… On sait tous les deux que ce n'est pas à Voldemort que tu obéissais, hum ? Ta seule loyauté va à ton père, pas vrai ? »
Drago haussa les épaules, méfiant de là où Potter voulait l'amener.
« Voilà ce qui va se passer, Malfoy. Si tu recommences à me désobéir comme ça, je vais renvoyer ce brave Carrow avec les Lestrange, et on verra bien à qui il s'attaque… »
Drago sentit sa bouche s'assécher. Potter n'oserait pas…
« Et s'il ne s'attaque pas à la personne à laquelle j'aurais voulu qu'il s'attaque, je le déplace dans la cellule de Goyle. Il est du même genre que son fils, non ? Crétin et prévisible ? »
Drago abandonna le concours de regards et ferma les yeux. Évidemment que Potter oserait. Dans la salle au puits, il avait été facile de se convaincre qu'il était cruel en vue de le protéger. Mais s'agissant de Lucius Malfoy, sa magnanimité allait bien moins loin.
« Tu m'avais dit qu'il ne risquerait rien », rappela Drago avec une voix qu'il avait espéré douce, mais qui lui sembla affreusement geignarde.
« De qui parles-tu ? De Carrow ? Non, il ne risque rien tant que tu t'en occupes comme il faut. Mais si je ne peux pas te faire confiance, alors je préfère le remettre à sa place. Avec les siens. »
Potter laissa de longues secondes à Drago pour digérer la menace et prendre sa décision.
Quand le prisonnier ouvrit de nouveau les yeux, il hocha la tête, puis affirma :
« Je ne chercherai plus à entrer en contact avec Kenaran d'aucune manière que ce soit.
– Bien. Et ? »
Drago réfléchit quelques secondes, puis précisa :
« J'obéirai à tous tes ordres, Potter.
– Parfait ! s'exclama Potter en se relevant. Je te fais confiance ! Runcorn va avoir besoin de toi pour rédiger les comptes-rendus de l'émeute, tout à l'heure. Prévois de l'encre en rab, on a beaucoup de blessés. »
Puis il s'éloigna en direction de Kenaran, toujours suivi de ses fidèles acolytes, et Drago entendit Weasley et Granger se plaindre, le premier du laxisme, la seconde de la cruauté, de leur ami. Il décroisa les bras et se rendit compte que ses mains tremblaient, puis il récupéra sa plume, son courrier en cours d'écriture, et tâcha de revenir à son travail.
Tout de même… Il ne pouvait empêcher une part de lui de penser que la fouine, la cage et l'animal, ça faisait beaucoup… Ça valait probablement mieux que d'être traité de pute ou de salope à tout bout de champs, mais à choisir, l'insulte qui passait le mieux était celle du Mangemort. Ce n'était pas vraiment une insulte, au demeurant : Plutôt un constat.
« Et bien moi », hurla une voix stridente à son oreille, le faisant sursauter, « plus je le vois, et plus je le trouve formidable, ce Monsieur Potter ! De mon temps, on ne s'embarrassait pas de ménager ainsi tout le monde ! Le moindre Mangemort que l'on dégotait avait droit à son Baiser, et puis voilà ! »
Drago ne put s'empêcher de sourire en entendant la litanie de Madame Johnson. Il fut en revanche surpris de la réponse de Monsieur Temrah :
« Oh, les Baisers n'empêchaient pas les criminels de sévir. Au contraire, même ! Sachant qu'ils n'avaient rien à perdre, ils ne se repentaient jamais, ils refusaient de se laisser attraper vivants. Moi aussi, j'admire le travail de Monsieur Potter. La seule chose que l'on puisse lui reprocher, c'est cette inattention qu'il porte à ses ainés ! »
Il était rare que le vieil homme parle du présent, ou qu'il prononce plus de deux phrases d'affilée.
« Mais c'est bien là tout le problème de la jeunesse d'aujourd'hui ! reprit Madame Johnson. Je peux vous assurer que mon Julius, lui… »
Drago savait d'expérience qu'elle pouvait ainsi tenir pendant des heures. Il tâcha de l'ignorer, et se remit à la rédaction des demandes exceptionnelles d'ouvertures du Réseau de Cheminette.
Après tout, Weasley avait raison : Drago était un Mangemort, et chez les Mangemorts, on savait se tenir, on savait obéir, ou savait se taire. Et quand on savait que le chef avait tort, et bien on gardait ses réflexions pour soit.
Le parchemin qui s'était trouvé dans sa poche avait disparu. Peut-être que la Garde du Corps de Kenaran avait réussi à le lui subtiliser pendant l'intervention de Mullan. Ou peut-être que le papier s'était envolé sur la plage et avait fini dans la mer. Si tel était le cas, tant mieux. Drago n'aurait plus à s'en soucier.
Quand Potter le rejoignit dans son lit ce soir-là, il avait complètement digéré et oublié la confrontation. Ils se bécotèrent en se moquant des vieux et en affirmant qu'eux au moins ne deviendraient jamais comme ça.
·
Au milieu de la nuit, Drago fut réveillé en sursaut par une lumière vive.
Un Patronus messager flotta quelques secondes au milieu de la pièce avant d'annoncer avec la voix de Nguyen :
« Monsieur Malfoy, pouvez-vous me rejoindre à l'infirmerie aussi rapidement que possible ? »
Drago avait recommencé à dormir dans sa robe de prisonnier depuis qu'ils s'étaient installés au Village de la Patinoire. Il ne prit pas le temps d'enfiler des sous-vêtements, et se contenta de glisser rapidement ses pieds dans ses bottines, avant de sortir en silence et en vitesse.
Le château était complètement noir, et il hésita à prononcer un Lumos, sa baguette se trouvant toujours harnachée dans la petite manchette de cuir qui surplombait son bandage. C'était la première fois qu'il envisageait l'idée de lancer à nouveau un sortilège.
Il refusa cependant de céder à cette impulsion et parvint tant bien que mal à accéder à l'infirmerie en ne trébuchant que deux ou trois fois, et sans se cogner dans aucun mur.
Le long dortoir aux rideaux verts abritait les dix-sept prisonniers blessés graves de l'émeute, mais pas les deux loups-garous et six femmes qui avaient droits à leurs cellules aménagées. Les soixante-huit blessés légers avaient été contraints de rester à leurs places individuelles. Aucun blessé dans le corridor 3. Drago avait frissonné en entendant les rapports des Surveillants Brigadiers.
Drago trouva Nguyen dans le carré de soin de Carrow. La veille au soir, l'infirmier avait isolé auditivement les rideaux dans les deux sens, afin qu'aucune voix d'aucun autre prisonnier que Drago ne puisse être entendue par le malade, mais l'effet ne lui avait pas réussi : Carrow émettait un son grave et continu, obsédant, et en oubliait presque de respirer.
Il fallut de longues minutes de « Inspire… Expire… Inspire… Expire… » pour qu'il se taise enfin et reprenne le réflexe de s'oxygéner seul.
Drago considéra alors l'infirmier et se demanda, une nouvelle fois, ce qui avait pu pousser cet étranger à accepter un poste aussi modeste, aussi éreintant, aussi éloigné de chez lui, pour un salaire à peine supérieur à celui qu'il était supposé touché en temps que secrétaire particulier de Potter. Il n'eut pas le temps de poser une question que l'homme lui affirma tranquillement :
« Je ne dors jamais dans les jours qui suivent une émeute. Mon stock d'Élixir de Baruffio me permettra de faire face à six nuits environ. Si personne d'autre n'en nécessite. »
Drago avala nerveusement sa salive avant de lui répondre :
« Je crains que nouvelle émeute n'éclate très vite. Probablement lundi. Ils savent qu'il quitte l'île pour Londres chaque lundi.
– Oui, c'est ce que pense également Monsieur Johnson. Mais Monsieur Potter ne quitte plus Azkaban chaque lundi. Ils vont vite s'en rendre compte, et leurs mouvements prochains seront plus difficiles à anticiper. »
L'infirmier observa Drago avec insistance, et celui-ci ne put que répondre, gêné et en regardant ailleurs :
« Je ne peux pas deviner chaque mouvement de mon père, Monsieur Nguyen. Et le pourrais-je, que je ne le trahirai pas. »
Il venait pourtant de le faire deux fois : la première en confirmant les prémonitions de Johnson, et la seconde en citant spécifiquement Lucius Malfoy.
Finalement, Drago proposa de ramener Carrow, fermement menotté dans le dos, à la Patinoire pour la nuit. Il lui ordonnerait de s'asseoir dans un coin de sa chambre, et de calquer son rythme de respiration sur le sien. Il reviendrait à l'infirmerie quand les lieux seraient un peu plus vides.
Nguyen lui prêta un petit bougeoir pour le chemin du retour.
Ils n'étaient qu'à un couloir d'arriver à la Patinoire quand Drago fut ébloui par un Lumos puissant. Il eut à peine le temps de cligner des yeux qu'il entendit la voix de Potter l'apostropher violemment :
« Putain, Malfoy, qu'est-ce que tu fous ?! »
Le nom de famille, une nouvelle fois.
Deux poings le saisirent, lui firent lâcher sa bougie, et il fut plaqué contre un mur. Il tenta d'apercevoir le visage de Potter dans l'ombre, mais en fut incapable. Il désigna tout de même Carrow qui n'avait pas réagi :
« Il a fait une crise. Nguyen a eu besoin de mon aide.
– Je t'ai dit que ça m'inquiétait de ne pas savoir où tu étais ! J'ai été clair, pourtant ! »
Il ne pouvait pas voir son visage, mais il le devinait facilement. La voix glaciale, venimeuse, impliquait les yeux plissés et la mâchoire serrée.
Il répondit aussi doucement qu'il en était capable :
« Je suis désolé, Potter. Ça avait l'air urgent, et je ne voulais pas te réveiller. Mais je ferais autrement, la prochaine fois. Je te laisserai une note, ou bien je demanderais à Nguyen de t'envoyer un Patronus à toi aussi, ou dans tous les cas, je m'arrangerais pour que tu n'aies pas besoin de t'inquiéter… »
Potter grogna et enfouit son visage dans son cou. La poigne agressive de ses mains devint désespérée. Drago l'enlaça à son tour, réprima le nouveau tremblement de son corps pour lui embrasser tendrement le front et lui murmura :
« Je suis désolé, Potter. Je te promets de ne plus te donner d'occasion de t'inquiéter pour moi. »
Un nouveau grognement lui répondit, puis :
« Garde toujours la clochette sur toi.
– Bien sûr. »
La clochette n'avait jamais quitté sa poche, et ça avait été loin de suffire à rassurer le Survivant, mais Drago jugea inutile de souligner ce fait à voix haute.
