Hey, les gens ! J'avais oublié, mais je suis en déplacement ce week end, donc il n'y aura probablement pas de chapitre publié demain !
(En fait, ça dépend en parti de si j'y pense, mais aussi très fortement du réseau et de mon téléphone, d'où le gros doute)

Oznela : C'est clair que Harry et Drago abusent tous les deux en ce qui concerne l'aspect "prisonnier" de Drago XD Mine de rien, ils ont du bol d'être appréciés, parce que vla le traitement de faveur !
C'est drôle que tu trouves déjà Carrow attachant à ce stade XD


Drago n'avait pas levé le nez de ses papiers, avait consciencieusement évité les messes basses à son sujet, et n'avait eu besoin de parler à personne. Il s'était tamponné la joue avec son vieux bandage sali et avait constaté, en tâtant régulièrement son visage, que toutes les dents extérieures de son visage, de son menton à sa pommette, et même sur sa tempe, étaient tombées.

« Mon petit Malfoy, s'exclama Madame Johnson d'une voix à la fois stridente et plaintive, il est bien tard. Si je ne rentre pas rapidement au château, mes pauvres vieux os vont me torturer pendant des jours !

– Je m'en occupe tout de suite, Madame Johnson. »

C'était la deuxième fois que la vieille réclamait à ce qu'ils rentrent. Elle était réglée comme du papier à musique, et avait besoin de sa soupe à 19h précises, de sa tisane à 20h, et de sa bouillotte à 20h20. Drago ignorait l'heure exacte qu'il était, mais le ciel était en effet plus sombre que l'heure habituelle à laquelle il s'occupait de réchauffer son repas.

Il était presque sûr qu'il avait le droit de se lever de sa chaise.

Presque.

Pas tout à fait, cependant.

Pas au point de risquer de désobéir à Potter, surtout après la scène qu'ils venaient de vivre…

Combien de temps avait passé ? Il examina le tas de courrier qu'il avait rédigé, et calcula : Au rythme de… disons huit minutes par lettre ? En supposant qu'il avait perdu un peu de temps à se remettre dans le bain… Une heure et demi ?

Suffisamment longtemps, en tout cas, pour que l'attention portée sur lui se soit dissipée.

Il leva les yeux par à-coups craintifs et discrets, pour s'assurer que la voie était libre, puis poussa un soupir rassuré : Personne ne le regardait. Il tourna lentement la tête, examinant les Sorciers présents aux alentours jusqu'à repérer deux Surveillants qui fumaient une cigarette dans les rochers : Welbert et l'un des nouveaux. Bonne pioche. Welbert était serviable, bien qu'il soit devenu morose depuis le désastre de son Patronus Chimérique.

Sur le dossier de sa chaise, le forçant à travailler courbé, s'était perchée Lady Rowena, qui claquait méchamment du bec envers quiconque s'approchait. Après négociation – il fallut lui promettre assez de friandises pour qu'elle puisse en être écœurée et vanter la joliesse de ses plumes – elle accepta de s'emparer de la missive qu'il lui tendait, et d'aller la porter, en se dandinant lentement et en lui jetant des coups d'œil éloquents, au Surveillant qui ne se trouvait qu'à une quinzaine de mètres.

Welbert s'étonna de la visite de l'albatros, s'étonna de la lecture de la note de Drago, puis s'étonna encore de sa requête, quand il lui demanda poliment s'il pouvait accepter d'emmener Monsieur Temrah et Madame Johnson à l'intérieur. Il éteignit sa cigarette sur la semelle de sa chaussure, puis s'éloigna avec les deux ancêtres, une nouvelle fois surpris quand la vieille commença et lui hurler dans les oreilles ce qu'elle pensait des jeunes garçons qui fumaient des cochonneries moldues.

Drago également subirait quelques remontrances quand la soupe ne serait pas servie à son horaire habituel… Il pouvait cependant renvoyer Lady Rowena, cette fois à Johnson, et…

Il entendit, par-dessus les braillements de la vieille, Welbert prononcer un « Monsieur le Directeur » de salutation.

Drago frissonna et se mordilla les lèvres.

Il était presque sûr que Potter ne lui en voulait pas réellement, qu'il avait simplement agi sur le coup de l'impulsivité et qu'il regrettait son geste, ses paroles, et viendrait s'excuser avec son sourire penaud habituel.

Presque.

« Drago… »

Drago ferma les yeux, infiniment soulagé. La voix. La voix douce et craintive, celle qui n'insultait pas. Il souleva les paupières et vit les iris verts suppliants. C'était comme si on venait de le libérer d'un corset qui avait empêché ses poumons de se remplir d'air jusque-là.

Potter s'affala dans le fauteuil que Monsieur Temrah venait de quitter et lui saisit les mains.

« Drago, je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé. Je sais pas ce qui m'a pris, je…

– Tout va bien, Potter. »

Drago sourit en admirant son beau visage bouleversé : Les lèvres tremblaient légèrement, et il aurait aimé qu'ils soient seuls sur la plage afin de pouvoir les embrasser. Cependant Potter n'était pas en colère, Potter regrettait, Potter était venu, et c'était tout ce qui comptait. Il fallait se satisfaire des petites victoires.

« Je te jure, reprit Potter avec une voix suppliante, j'ai pété un plomb, j'étais inquiet, on aurait dit que tu t'étais arrêté au milieu d'un paragraphe, et j'ai…

– Je t'assure que tout va bien, Potter. Tu m'en devais une, en plus. Tu te rappelles ? »

Potter émit un petit rire sans joie. Ensuite, il leva la main et posa les doigts sur la joue blessée de Drago qui frissonna à ce contact léger mais douloureux.

« Merde, marmonna Potter. Putain, je suis vraiment désolé, je…

– Ne le sois pas. Celles-ci ne me manqueront pas, plaisanta Drago.

– Je sais vraiment pas ce qui m'a pris », répéta encore une fois Potter, misérable.

Drago savait : La pression constante, l'envie de bien faire qui ne résolvait rien, la sensation de ne pas être à la hauteur sans avoir le droit d'échouer…

« Tu m'en veux vraiment pas ? demanda Potter sans avoir l'air d'y croire.

– Non, vraiment pas, confirma Drago avec douceur.

– Putain, t'es trop bon pour moi, pouffa Potter en baissant les yeux.

– Ça, c'est évident. »

Potter ricana de nouveau tristement mais hocha la tête avec entrain.

« Donc… reprit Drago. J'ai le droit de quitter cette chaise ?

– Putain. J'ai vraiment dit ça, pas vrai ? Je suis vraiment trop con, parfois… Oui, bien sûr, tu peux aller où tu veux. » Potter se passa la main qui ne tenait pas celles de Drago sur son visage en soupirant, puis poursuivit en le regardant sérieusement : « Juste… Garde la clochette, okay ? Et… Et ça me rassure vraiment, quand tu laisses des mots.

– C'est ma faute, confirma Drago. J'ai paniqué. En fait, la Selkie est revenue… »

Les sourcils de Potter se froncèrent immédiatement, et son air fatigué et perdu fut aussitôt remplacé par celui qu'il prenait quand un nouvel ennemi apparaissait. Drago reprit précipitamment :

« Tu n'as pas à t'en soucier, elle… Elle est rassasiée et n'attaquera personne. Elle était juste… D'après ce que j'ai compris, elle sent la peur, elle la renifle littéralement, et puisque… Puisque je ne suis pas vraiment tout à fait du genre Gryffondor sans peur et sans reproche, elle me trouve…Je ne sais pas... Divertissant ?

– Divertissant ? »

Drago détourna le regard, humilié de la confidence, et Potter éclata enfin d'un rire sincère.

« Putain, oui, tu l'es, y-a pas à dire ! »

Potter rit encore en observant la plage. Enfin, ses yeux avaient repris une partie de leur éclat habituel. Drago pouvait largement supporter la honte d'être considéré par la Selkie comme une petite poupée pour jeune hibou qui couine quand on la presse. Pour cet éclat-là, il pouvait supporter n'importe quoi. Potter répétait « divertissant » comme si c'était la meilleure blague de l'univers.

Son regard se voila légèrement en tombant sur Carrow :

« Merde. Elle risque de vouloir le bouffer, lui. Je vais…

– Inutile de t'en soucier, répéta Drago rapidement. Vraiment. Ni pour lui, ni pour les petits enfants. Ni pour ceux qui ont des baguettes, évidemment. J'ai pensé aux gobelins et aux elfes du carrosse, mais ils ne sortent jamais, alors ça ne devrait pas poser de problème non plus.

– Et Ventdebout ?

– Ventdebout ? répéta-t-il sans comprendre.

– Buck.

– Pardon ?

– Buck, l'hippogriffe », précisa Potter en désignant la langue de terre où l'horrible créature semblait avoir été accueillie sans difficulté dans la colonie d'albatros.

Malgré la distance, l'animal entendit peut-être son nom, parce qu'il redressa la tête dans leur direction. Ses yeux orange reflétaient la lumière du château, et Drago sentit sur lui son regard fou et agressif.

« Buck, répéta encore une fois Drago en espérant que sa mémoire lui jouait des tours.

– Me dis pas que tu l'avais pas reconnu ? »

Habituellement, Drago tentait de conserver une attitude respectueuse devant Potter quand ils n'étaient pas seuls. Cette fois-ci, il osa lever le ton.

Buck ?! L'animal précis qui l'avait attaqué à Poudlard ?! C'était impossible ! Il avait été exécuté ! C'était même Macnair qui s'était chargé de la besogne ! Cette bête incontrôlable devait impérativement quitter les lieux, ou au moins être enchaînée ! Drago refusait qu'elle reste en liberté à proximité des enfants, ou de Monsieur Temrah et Madame Johnson, ou de…

Potter s'esclaffait à s'en faire mal aux côtes.

Quand Granger et Weasley débarquèrent, ils les trouvèrent là, et affichèrent des mines ahuries et grotesques.

Drago se leva d'un bond, lança une dernière imprécation vers Potter, supplia Morgan de permettre à la Selkie de débarrasser le monde de ce stupide piaf, et embarqua Carrow vers la table du soir dont il fallait s'occuper.

Plus tard, tandis qu'il nourrissait Carrow à la petite cuillère, il se rappela que Potter avait lui aussi passé une sale journée et s'en voulut de son comportement. Quand le Sorcier le rejoignit dans son lit, à la nuit tombée, il lui demanda encore pardon, faisant glousser Potter qui suggéra qu'on s'arrête là pour les excuses du jour.

D'habitude, c'était Drago qui parlait à voix basse et Potter qui se laissait bercer par ses anecdotes inintéressantes mais reposantes concernant les albatros, les vieux, et les jeux des gamins… Ce soir-là, ce fut Potter qui lui raconta une nouvelle histoire abracadabrante à propos de Retourneur de Temps, d'hippogriffe, de Loup-Garou et d'Animagus… Drago secouait la tête en lui caressant les cheveux. C'était difficile à croire. Impossible toutefois de l'interrompre : Au début, quand ils avaient commencé à prendre leurs repas ensemble, c'était Potter qui parlait sans cesse, et en l'écoutant à nouveau, Drago réalisait à quel point il aimait ça. Ce n'était pas l'histoire qui comptait, mais la façon dont il la racontait, les intonations, les hésitations, les émotions suscitées… Drago doutait que, quand lui-même racontait ses inepties, sa voix puisse avoir tant de nuances et d'intérêt.

Quand la voix de Potter s'éteignit, signe qu'il avait fini son récit, Drago se rendit compte qu'il n'avait pas envie de le laisser rejoindre son propre logement. Peu importait que ses amis sachent, peu importait que les Aurors sachent : il voulait garder le Survivant avec lui, dans ses bras, à l'écart du monde extérieur…

Au bout d'un moment de silence et d'immobilité, Potter demanda, goguenard :

« Est-ce que je t'ennuie avec mes histoires ? Est-ce que tu t'es endormi ? »

Drago gloussa et le serra davantage contre lui.

« Reste dormir ici cette nuit » dit-il simplement.

Potter ne s'écarta que pour pouvoir ôter ses vêtements.

·

Quand Drago se réveilla à son heure habituelle, le lendemain matin, il réalisa son erreur : Comme toujours quand ils dormaient ensemble, ils s'étaient accrochés l'un à l'autre, et il était impossible de sortir du lit sans réveiller le Survivant. Il réalisa son erreur, mais fut égoïstement incapable de s'en repentir. Ce poids sur son corps et cette chaleur aussi lui avaient manqué.

Il fit tout de même de son mieux pour s'extraire discrètement du cocon de tissu. Peine perdue : Potter grogna et le retint.

« Tu peux te reposer encore une bonne heure, lui chuchota Drago en lui baisant le front. Moi, je dois m'occuper du linge et de…

– On s'en fout du linge. Personne ne va mourir si tu t'arrêtes de travailler. »

Drago grimaça. Certes, il ne pouvait pas nier que son travail était mille fois moins utile et important que celui de Harry Potter, mais tout de même… Il avait plaisir à s'en acquitter aussi parfaitement que possible. Il se rappelait parfois de leurs vieux elfes de Maison : Leur servitude et leur obséquiosité l'avaient toujours un peu écœuré. Il ne savait jamais trop s'ils étaient sincères ou s'ils cachaient leur haine et leur mépris derrière une façade de politesse moqueuse.

Aujourd'hui… – Que Merlin le protège à l'avenir d'avoir ce genre de pensées – il se sentait proche de ces créatures : Il trouvait son orgueil dans la certitude d'avoir parfaitement réalisé sa tâche : Il avait apprécié de servir d'homme de ménage à Potter, et il appréciait désormais servir de laquais à Monsieur Temrah et Madame Johnson, ou d'auxiliaire de vie à Carrow. Voir Foley reprendre le travail avait été une satisfaction étrange. Il avait été heureux de faire quelque chose d'utile, de positif, qui laissait le monde dans un meilleur état après son intervention. L'humiliation n'était pas dans le geste en lui-même mais dans le regard que l'on portait dessus.

« C'est vrai, mais je pense que tout le monde préfère mourir dans du linge propre. »

Potter eut un rire endormi, et Drago parvint finalement à le repousser doucement sur le côté.

Le Sorcier l'observa à travers ses paupières alourdies pendant que Drago passait ses sous-vêtements, puis aidait Carrow à se relever avant de vérifier s'il ne s'était pas trop ankylosé pendant la nuit. Il avait fini par demander à Runcorn de lui fournir une paire de menottes à enfiler au détenu chaque nuit, avec un jeu de clefs assorti. Au début, il lui avait lié les mains dans le dos. Désormais, il les laissais par devant. Il avait longtemps pesé les pour et les contre. Au final, il avait cru voir une espèce de tristesse dans ses yeux inexpressifs, et s'il fallait être honnête, c'était peut-être cette illusion qui l'avait décidé plus que tout le reste.

Il avait noué son vieux bandage crasseux autour du cou du détenu, en espérant que l'odeur de sang soit ainsi plus puissante qu'une marque fraiche sur son front qui pouvait s'effacer ou qu'il risquait d'oublier.

« Est-ce que tu me trouves désobligeant, Drago ?

– Un peu, oui. Nous n'avons pas tous la chance d'être indispensables à la Guerre Éternelle du Bien contre le Mal.

– C'est pas de la chance, c'est de la merde. »

Ce fut au tour de Drago de ricaner. Il abandonna Carrow quelques instants pour venir se pencher sur le lit pour poser un baiser sur les lèvres de Potter.

« Je ne me souviens pas que tu aies jamais été si grincheux au réveil. Est-ce une façon de me reprocher mon invitation ?

– T'as gagné, je m'excuse, ton job est super et j'adore quand mes slips sentent le propre. »

Ils se sourirent doucement, puis Drago reprit la parole :

« Potter… Il va falloir que tu reprennes tes rendez-vous avec Madame Kathleen. »

Les sourcils bruns se froncèrent immédiatement.

« Moi non plus je n'ai pas envie que tu t'éloignes, reprit précipitamment Drago. Mais tu as besoin de te vider la tête et…

– Et quoi ?! Tu penses que ça va m'aider à trouver une solution ?! Tu crois que je n'y ai pas déjà pensé ?! »

Drago se releva doucement.

« Désolé, se reprit-il. Je me mêle de ce qui ne me regarde…

– Oh, ou alors tu as prévu de me faire une nouvelle crasse dès que j'aurais le dos tourné ?! » cracha Potter en se redressant également. Il avait de nouveau sa voix agressive et venimeuse, celle à propos de laquelle Drago avait toujours un peu de mal à se convaincre qu'elle ne lui était plus vraiment destinée. « Laisse-moi deviner ? T'as hâte d'aller écouter les plans de Vissarion ? Bien sûr, lui au moins, il propose des trucs ! Lui au moins, on peut lui faire confiance, pas vrai ?

– Oublie ce que j'ai dit, Potter. Repose-toi, je dois y aller.

– J'ai pas fini ! » Potter attrapa brutalement le poignet de Drago qui sentit de nouveau son rythme cardiaque s'affoler. « Qu'est-ce que tu crois ?! Je sais bien que tu joues la comédie avec moi ! T'es tout mignon et affectueux en apparence, mais oublie pas que j'ai vu à quoi ressemble ton Épouvantard ! Je sais qu'au fond de toi, tu me considères toujours comme un connard ! »

La respiration de Drago s'emballa de plus belle, et il entendit, dans son dos, celle de Carrow faire de même. Une nouvelle fois, il avait oublié de prévenir le détenu qu'il pouvait cesser de l'imiter. Il ferma les yeux et tenta de se maîtriser un peu mieux.

« Je dois… » Il chercha une excuse, puis se décida sur un mensonge. Il désigna le détenu de sa main libre, et marmonna : « Il faut que je l'amène aux toilettes. Sinon, il risque de… »

Il ne savait pas trop comment finir sa phrase, et l'emprise sur son poignet ne faiblit pas.

Il murmura : « S'il te plait… »

Enfin, Potter le relâcha.

Drago ne demanda pas son reste, n'osa même pas affronter de nouveau les yeux verts de Potter, trop effrayé de ce qu'il pourrait y découvrir. Il ordonna à voix basse au prisonnier de le suivre et s'enfuit aussitôt vers les sanitaires.