Guest : J'aime bien aussi, ça me change, c'est rafraichissant ! Je peux m'autoriser plus d'action, et ça fait du bien...
Mais j'avais pas prévu ce chapitre harry pov ^^ J'en voulais que 3 ou 4 à la base, mais ca va monter à 5, je crois...
« Alors… Relève doucement le bras… Stop. Voilà. Regarde l'intérieur de la cuillère. Ça a l'air bon, n'est-ce-pas ? Maintenant, tu vas porter tout doucement la cuillère vers ta bouche, en ramenant ton bras vers toi, et… Non, ce n'est pas grave. On va recommencer. »
Drago ramassa la cuillère tombée au sol, passa un rapide coup de serviette sur la nouvelle trace de soupe sur la glace, et se nota mentalement qu'il faudrait passer la serpillère rapidement. Avant que tout le monde ne débarque et ne piétine partout. Il essuya l'ustensile et le reposa sur la table devant Carrow, comme toujours un peu honteux de ne pas prendre le temps d'aller lui chercher un couvert propre.
Il recommença ses consignes :
« Bien… Reprends la cuillère, délicatement, juste les doigts, pas la paume, et… C'est bien… »
Madame Johnson le regardait faire en commentant chacun des échecs et en rappelant à qui voulait l'entendre qu'elle avait élevé son fils toute seule, et qu'imiter le petit balai qui rentrait au hangar était la technique la plus efficace pour faire finir son repas à un enfant récalcitrant. Monsieur Temrah sirotait sa tisane du soir en hochant de temps en temps la tête, ou en ponctuant le discours de la vieille de « C'est tout à fait vrai » ou de « Bien sûr, bien sûr » machinaux. Fleur Delacour se rongeait l'ongle du pouce en fixant la porte de la patinoire, attendant le retour des troupes. Et puis, il y avait les Surveillants Wihelma Welbert, Shesh et Avidan qui s'amusaient des maigres progrès de Carrow et pariaient sur la quantité de soupe qui finirait à l'intérieur de la bouche du détenu, sur le sol, ou sur son large torse.
Drago tentait tant bien que mal d'ignorer tout ce petit monde.
Fleur poussa une exclamation soulagée et se leva bien avant que Drago n'entende les premiers éclats de voix dans le couloir. Quand toute la bande de Sorciers pénétra les lieux, Drago repéra aussitôt le Survivant au milieu de la mêlée, avec le sourire hypocrite signifiant un nouvel échec des opérations mais aucune perte à déplorer. Il lui adressa un bref regard aimable, mais reprit immédiatement ses exercices avec Carrow, laissant trainer une oreille vers l'attroupement.
Il n'aurait pas le temps de nettoyer le sol avant le repas.
Il y avait du réconfort dans cette idée : Si le plus grave de ses tracas reposait sur la blancheur de la glace sous la table à manger, alors c'est qu'il n'avait vraiment pas à se plaindre de la situation.
·
La vie semblait infiniment douce à Drago.
De nouveau, Harry semblait être dans une phase de refus de relations sexuelles, mais son besoin de contact et de tendresse était une compensation largement suffisante pour que Drago ne se sente pas rejeté.
Il avait cette nouvelle lubie concernant le Patronus de Drago. Sa petite fierté de Héro était mise à mal par l'idée que Madame Johnson puisse réussir là où lui-même avait échoué. Peu de chance que ça arrive : On perdait forcément toute concentration quand sa voix stridente s'élevait soudain pour assener un conseil… Ce n'était pas plus mal pour les élèves plus avancés : Travailler sous ses hurlements provoquait un état de tension, et il fallait réagir rapidement si on ne voulait pas subir son regard désapprobateur de petite vieille n'ayant jamais été aussi déçue.
Drago était en outre satisfait du fait que sa présence ramenait l'attention davantage sur Johnson fils que sur lui-même. La plupart du temps, il pouvait travailler seul, et s'il entendait le pas rapide de cette Professeure venir vers lui, il lui suffisait soudain d'aller voir Monsieur Temrah pour lui demander s'il avait besoin de quoi que ce soit ou bien de faire mine de s'intéresser à l'état d'usure des fournitures du Hangar.
Il n'espérait pas sincèrement faire de progrès avec elle.
S'il fallait être honnête, il n'espérait pas vraiment non plus en faire avec Harry.
Si ses cours particuliers pouvaient durer encore quelques mois, il y trouverait largement son compte.
Harry se lovait dans son dos, frottait son nez contre son cou, et adoptait cette voix grave et douce dans laquelle Drago se lovait à son tour, comme un bienheureux.
Il ne savait pas trop si le Survivant était sérieux quand il évoquait cette vie dégoulinante de clichés, si sucrée qu'il avait l'impression de prendre un kilo à chaque séance, rien qu'à l'écouter. Lui-même en rajoutait des caisses, dans le but de dissimuler ce qui le touchait réellement, allant jusqu'à décrire les maniques parfaites dont il rêvait.
Et chaque soir, ils se retrouvaient dans son lit, se serraient l'un l'autre dans leurs bras, et s'endormaient le sourire aux lèvres.
Quand une nouvelle émeute éclata, Johnson avait su prédire le coup, et seuls cinq détenus rejoignirent l'infirmerie pour des soins importants. Toujours personne dans le corridor 3, où les prisonniers avaient été sages comme des images. L'information ne réjouit pas vraiment Drago, et le regard que lui adressa Johnson à l'heure du bilan le rassura : Lui non-plus n'était pas dupe.
Un si faible nombre de blessés rendait possible le retour de Carrow à l'infirmerie pour la nuit, mais quand il se décida à aller voir Nguyen, ce dernier voulut encore une fois se mêler de ce qui ne le regardait pas en le questionnant sur sa relation avec Harry, et Drago repoussa l'idée.
Hors de question de subir ce genre d'interrogatoire matin et soir !
Et puis c'était gratifiant de constater les progrès du malade.
Drago commençait à se dire qu'une carrière de Médicomage pourrait lui plaire.
S'il sortait d'Azkaban dans deux ans, il serait encore suffisamment jeune pour intégrer le programme de formation de Sainte Mangouste. Ça serait difficile, il passerait une nouvelle fois pour un phénomène de foire, mais c'était possible. Et s'il était refusé là-bas, il pouvait toujours trouver un apothicaire pas trop regardant qui accepterait de prendre sous son aile un ancien Mangemort.
Drago se figea dans la tâche qu'il était en train d'effectuer mécaniquement, à savoir un récurage méthodique des siphons de chaque cabine de douche.
Il fixa un instant d'un air dégouté la chose qu'il venait d'extraire de la canalisation, puis la jeta dans son seau, ôta le gant de caoutchouc de sa main droite, et souleva sa manche gauche pour observer l'avant-bras en dessous.
La Marque des Ténèbres était toujours présente.
Bien sur qu'elle était toujours présente.
Un ancien Mangemort ? Est-ce qu'il venait sérieusement d'avoir cette pensée ?!
On ne cessait pas d'être Mangemort comme on choisissait de partir à la retraite ou de demander un divorce. C'était une chose gravée dans sa chair. Il était un Mangemort, fin de l'histoire.
Il n'y avait pas de fierté, mais il n'y avait pas non plus de honte à avoir.
« Encore une fois, Drago : Pourquoi tu n'utilises pas ta baguette ? »
Il se retourna vivement en entendant la voix, et se rassura aussitôt en voyant Harry qui l'observait, l'épaule adossé au chambranle de la petite salle de bain, avec le sympathique sourire moqueur.
« Je te l'ai déjà dit, marmonna-t-il en se détournant pour remettre la bonde du siphon en place et nettoyer l'ensemble d'un jet de douche. Je n'aime pas trop l'idée d'utiliser de nouveau ma magie pour des futilités pareilles.
– Existe-t-il un sort dont la difficulté serait à mi-chemin du Recurvite et du Patronus ? Quelque chose d'un niveau moyen ? Excuse-moi, la question est peut-être idiote. Comme tu le sais, je suis un tel génie… Tous les sortilèges sont faciles pour moi.
– Je sais, oui, répondit Drago en se levant et en ôtant son second gant. Et pour répondre à ta question : Le Recurvite n'a rien d'un sortilège facile. Si tu le penses, c'est parce que tu es incapable de l'effectuer de manière minutieuse et parfaite. Un Recurvite réussi est aussi difficile à maîtriser qu'un Patronus. Tu demanderas à Molly, si tu ne me crois pas. »
Drago se lava sommairement les mains avant de rassembler son matériel de nettoyage, puis se retourna vers Harry, secrètement satisfait d'avoir retrouvé le prénom de la matriarche des Weasley dans la longue liste des porteurs du patronyme.
Celui-ci n'avait pas changé de position, mais son sourire insolent s'était élargi.
« Es-tu capable d'invoquer un Recurvite parfait, Drago ?
– Ça me semble évident, Harry.
– Es-tu capable d'invoquer un Patronus, alors ?
– Bien sûr. Mais je fais semblant de ne pas y arriver. Pour pouvoir profiter de tes cours particuliers. Je les adore.
– Je le savais. »
Harry bloquait la sortie de la pièce. Drago espérait qu'il entre et ferme la porte derrière lui, mais lui ne semblait pas de cet avis-là. Il attendait, indolent, en laissant son regard approbateur glisser sur le corps de Drago qui se décida enfin, au bout d'une minute de silence, à se déplacer.
Il s'immobilisa à quelques centimètres de lui, quand il commença à sentir sur sa peau la chaleur improbable qui se dégageait de son être. Lui devait exhaler une désagréable odeur de désinfectant, mais ça ne semblait pas incommoder son visiteur, dont les yeux remontèrent immédiatement accrocher les siens.
Drago avança le visage à un pouce de celui de Harry, et murmura d'un ton sensuel, presque lèvres contre lèvres :
« Veux-tu que je t'apprenne à lancer un Recurvite parfait, Harry Potter ? »
Les pupilles noires s'étaient agrandies d'excitation en anticipant un baiser. Elles se contractèrent à nouveau en entendant la proposition tout sauf érotique, puis se dilatèrent encore une fois, parce que Drago n'avait pas bougé.
« Si l'objectif est de me laver la bouche, je préfèrerais que tu fasses ça sans magie. »
Drago se sentait d'humeur taquine. Il laissa sa main effleurer le cou et le sternum de Harry, se colla franchement à lui… avant de se glisser par le mince interstice séparant son corps de la porte.
« Hey, on peut savoir où tu crois aller comme ça, espèce de petit aguicheur ? éclata Harry en le rattrapant par un pan de sa robe.
– Et bien chercher ta brosse à dents et ton dentifrice. Je vais te montrer comment on… »
Il ne parvint évidemment pas à finir sa phrase : Harry le fit pivoter vers lui, et Drago, trop heureux de se laisser faire, avait déjà levé les bras pour croiser ses mains derrière la nuque de l'homme qui l'attira à lui pour un baiser. Une main se plaqua contre ses reins, une seconde se posa sur sa fesse, remontant la robe de quelques centimètres, et Drago se demanda combien de temps il faudrait pour que celle-ci se fasse plus autoritaire, ne malaxe la chair, ne soulève franchement le tissu jusqu'à ce qu'il se retrouve totalement nu et que…
Il y eut un gros clac d'objet tombant au sol, puis une voix :
« Aie ! Ron, qu'est-ce que tu… ?! »
Drago et Harry tournèrent immédiatement la tête vers la provenance du bruit.
Ron Weasley et Hermione Granger. Lui les fixait d'un air d'épouvante, son ridicule visage tordu sur le côté, la bouche grande ouverte, ses yeux si écarquillés que l'iris était entièrement cerclé de blanc. Par terre, le balai qu'il avait lâché sous le choc. Derrière lui, Granger sur les pieds de qui il venait de marcher, qui se décalait en maugréant pour enfin assister à la scène qui avait tétanisé son époux, et qui leva aussitôt les mains à sa bouche, en poussant un petit cri d'effroi, là aussi, les yeux exorbités.
