En passant : C'est vrai qu'IRL, la mort semble être une fin plus que possible... Heureusement, on est en fiction ;u;

cattleyahana : Aaaah, ça fait plaisir de te voir arriver au bout ! Je suis contente que ça n'ait pas été trop galère avec les bug, et soulagée que ça "se fasse" malgré le nombre de chapitres XD Quand j'ai commencé, je savais que ce serait long, mais j'imaginais pas à quel point... J'aurais pensé moins de 100 en tout cas
Malheureusement, le Professeur et le Détraqueur sont les derniers des soucis de Drago dans ce chapitre ;u; Le pauvre a tellement de problèmes de tous les côtés... (en même temps, il les affronte jamais XD) Mais il a des soutiens aussi, maintenant èvé !
En espérant que le changement de rythme de lecture ne soit pas trop frustrant, du coup !


Il y avait eu des signes, mais Drago ne les avait pas remarqués.

La voix, il la reconnaissait habituellement. Avant même la première syllabe, dès que l'inspiration préalable était prise. Il savait comment y réagir.

Il sursauta pourtant en entendant les mots crachés avec froideur, et repoussa Carrow pour voir apparaître Harry Potter, les bras croisés, le regard dur, qui observait leur étreinte.

Il y avait eu des signes, mais Drago ne les avait pas remarqués.

Les yeux plissés, suspicieux, agressifs, les dents grinçantes, serrées à en rendre visibles les muscles de la mâchoire, Drago savait, d'habitude, à quoi s'attendre quand ils apparaissaient…

Mais dans sa joie ridicule à apprécier les progrès de Carrow, il n'avait rien vu de tout ça. Tout à son plaisir, il oublia d'observer le Survivant, et sourit bêtement au brancard occupé :

« Harry. J'y crois pas, c'est fou, il… Il veut s'occuper de Jugson. Il l'a reconnu. On va prendre soin de lui : On va le laver, changer ses vêtements, ses draps, et… On va lui parler, on va… »

Il s'interrompit, parce qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire qui soit à portée de Carrow, mais il se fit la réflexion que peut-être, un jour, l'homme serait également capable de brancher l'intraveineuse, et peut-être d'autres soins dont Drago n'avait pas idée : Des onguents, des potions, des injections… Il suffisait de demander à Nguyen ce qu'il était possible de faire !

Il rit doucement et brièvement, heureux…

« Le ramener dans ta chambre ? » proposa la voix froide de Harry Potter, et alors Drago entendit enfin les nuances menaçantes et se tourna lentement vers lui, frissonnant. « Le ramener dans ton lit, pourquoi pas ? Un de plus, un de moins, on n'est plus à ça prés…

– Qu'est-ce que tu racontes ? marmonna Drago, remarquant enfin tous les signes.

– Rien. Je suis juste surpris de te voir serrer un autre dans tes bras… Mais j'imagine qu'il est plus docile que moi ? Je suis un peu frustrant, pas vrai ? Ça fait un moment que t'es en manque et que je te donne pas ce que tu réclames, hum ? Il bande sur commande, aussi ? Ça doit être un véritable sex-toy, ce mec. Du genre à ne pas arrêter tant que tu lui as pas ordonné ? Pratique. »

C'était forcément l'Épouvantard, de nouveau. Drago chercha nerveusement autour de lui d'où la créature avait pu surgir : Une armoire, une malle, un recoin sombre…

Pendant ce temps, la voix ne se taisait pas :

« Excuse-moi de pas t'avoir sauté contre un mur, hein. Je trouvais ça bizarre, que tu réclames autant pour un gars qui prétend avoir été violé. »

Drago gémit, recula. Il entama le geste de se boucher les oreilles, mais se souvint que Carrow était là, et que s'il le laissait aux griffes de la créature, cette dernière pourrait lui ordonner n'importe quoi, ou… Ou pire, qui savait ce qu'il pouvait faire de ce pantin géant ?

Et Drago avait sa baguette. Il ne l'avait pas lâchée. Sa main tremblait, mais il leva tout de même le bras, ferma les yeux, imagina… Quoi ? Potter en sous-vêtements ? Potter avec un chapeau ridicule ? Potter avec son corps d'enfant de onze ans, tel qu'il était à leur première rencontre, avec les lunettes maintenues en place par un morceau de scotch, empâté, perdu et bredouillant, noyé dans ses vêtements trop larges…

« Riddikulus. »

Aucun bruit.

Il aurait dû y avoir un bruit de claquement de fouet lors du changement d'apparence de l'Épouvantard, ou bien il aurait dû poursuivre sa litanie. Le silence n'était pas normal.

Drago réouvrit les yeux avec crainte.

Harry se tenait devant lui, avec une expression éberluée.

« Drago, articula-t-il enfin d'une voix douce. C'est moi. »

Drago secoua la tête pour remettre de l'ordre dans ses idées : L'Épouvantard s'était tenu là, et puis…

« C'est moi. Tout va bien. Baisse ta baguette. »

Il réitéra son mouvement, mais plus brusquement cette fois, pour nier. Il remarqua que son bras tremblait. La baguette vibrait comme la corde d'un violon. Ses doigts étaient moites et glissants.

« Drago… » Potter approcha

« NON ! » s'exclama Drago en reculant. Il se concentra de nouveau, raffermit sa prise, et répéta « RIDDIKULUS ! » d'un ton plus convaincu. Potter ne ralentit pas, cependant, alors Drago perdit immédiatement ses moyens et hurla : « NON ! RECULE ! DÉGAGE ! NE ME TOUCHE PAS ! À L'AIDE ! »

C'était trop tard : L'Épouvantard se tenait contre lui, il lui avait saisit le poignet, il lui touchait le visage, il parlait de nouveau, il murmurait des choses, et Drago ne voulait pas les entendre. Il savait qu'il lui fallait faire du bruit : Les rideaux n'avaient pas été tirés. Il hurla. Nguyen allait entendre et intervenir et…

« Lâchez-le ! Immédiatement ! » L'infirmier était là, la baguette brandie, les sourcils froncés.

Harry obéit, recula, les mains en l'air pour montrer son innocence, sans cesser de fixer Drago : « Drago, tout va bien. C'est moi. C'est moi. Regarde-moi : Tu ne cours aucun danger. Je suis là. »

Il fallut quelques secondes à Drago pour admettre l'improbable, puis l'absurdité et la dangerosité de la scène lui sautèrent au visage.

« Il n'a rien fait ! s'exclama-t-il à l'intention de l'infirmier. Il… C'est parce que j'ai cru voir un… Baissez votre baguette !

– Monsieur Potter, grinça Nguyen. Sortez de mon infirmerie, s'il vous plait.

– NON ! hurla cette fois Drago. Vous vous méprenez complètement ! C'est moi ! J'ai cru voir un… Un… bégaya-t-il sans parvenir à finir sa phrase.

– Tout va bien, Drago, reprit Potter d'une voix douce en revenant vers lui. On va…

– Ne me touche pas ! »

Drago eut à peine conscience de prononcer les mots. La main de Potter s'immobilisa à quelques centimètres de sa joue.

« Monsieur Malfoy, reprit l'infirmier, nous allons…

– Non ! Partez ! Ça ne vous regarde pas ! Je vais très bien ! J'ai… J'ai cru voir un Épouvantard, mais c'était… C'était une ombre. Je vais bien. Je suis désolé de vous avoir inquiété, je… Carrow ! Suis-moi. »

Drago lissa ses cheveux et sa robe avec des mains tremblantes, et se rendit compte que sa baguette lui était tombée des doigts. Il la chercha des yeux, mais ce fut Potter qui la vit le premier, la ramassa et la lui tendit. Sa main était extraordinairement malhabile quand elle s'empara à nouveau de l'artefact, mais il parvint à remettre le bout de bois à sa place dans la manchette en cuir tout en s'éloignant. Il entendit la démarche de Carrow dans son dos et en fut rassuré.

Il monta un escalier au hasard, emprunta un couloir au hasard. Il ne savait pas trop où il voulait aller. Pas sur la plage, en tout cas. Pas à la vue de tous. Il aurait des ennuis : La note qu'il avait laissée sur son petit bureau d'appoint indiquait l'infirmerie. Harry allait s'inquiéter. Il ralentit et s'arrêta.

« Drago… »

Sauf que Harry était là. Il l'avait suivi. Il s'approcha, et Drago recula à nouveau.

« Ne me touche pas, prévient-il misérablement.

– Drago, je suis vraiment désolé, j'ai…

– ARRÊTE ! ARRÊTE DE T'EXCUSER TOUT LE TEMPS COMME SI ÇA CHANGEAIT QUELQUE CHOSE ! » Sa respiration s'affolait à nouveau. « Laisse-moi tranquille, gémit-il. Je veux être seul…

– Je peux pas te laisser seul, Drago, reprit Potter en approchant de nouveau. Pas quand tu es dans cet état. On va…

– JE VEUX ÊTRE SEUL ! » cria-t-il en reculant encore. Il sentit son dos heurter un mur, et il eut peur à nouveau, une crainte irrationnelle : Combien d'issues se présentaient à lui si jamais il attaquait ? Il ne pouvait plus reculer, l'ennemi était face à lui, et… Mais ce n'était pas l'ennemi, et il gémit encore, fermant les yeux, se frottant le visage, pour tenter, absurdement, d'y voir plus clair.

« Je vais appeler Fleur, annonça Potter. Elle va venir te tenir compagnie, et…

– Je ne veux pas voir Fleur ! s'exclama Drago alors que sa voix se brisait. Je ne veux voir personne. Quand est-ce que tu comprendras que… »

Drago s'aperçut que ses doigts étaient humides. Il ouvrit les yeux en pensant voir du sang, mais il s'agissait de larmes.

Quand Potter comprendrait-il que c'était pour cette raison précise qu'il était impossible pour lui de songer réellement à l'aimer ? Qu'il savait pertinemment qu'il serait trahi à nouveau, blessé à nouveau, qu'il n'était pas assez fort pour supporter tout ça…

« Drago, je vais retourner à Londres. Je vais reprendre mes séances, je vais me calmer. Ça ne se reproduira plus. Je te promets que… »

Drago eut un rire sans joie :

« S'il te plait, Potter. Va-t'en. Laisse-moi.

– Je…

– Tu as dit que tu me laisserais tranquille si je ne voulais plus te voir ! Si j'en avais besoin ! Si j'étais mieux comme ça. S'il te plait, va-t'en.

– Est-ce que… Est-ce que tu veux rompre ? »

Drago renifla sans aucune élégance et s'essuya le visage dans ses manches.

« Je veux… commença-t-il. Je veux faire une pause. »

Sortir avec… Rompre… Faire une pause… Drago n'aurait jamais cru, un jour, utiliser de nouveau ce vocabulaire de collégien.

« Non, répliqua Harry d'une voix peu assurée.

– Tu as dit que…

– Je sais, mais non ! Faire une pause ? Ça ne marche jamais avec personne, c'est juste… Tu veux rompre. Tu veux vraiment rompre. »

Drago renversa sa tête contre le mur et l'observa à travers ses cils humides.

Potter semblait perdu, apeuré, paniqué. Sa bouche restait entrouverte, ses yeux s'agitaient de droite à gauche comme s'il espérait trouver, punaisé sur le mur de pierres froides, une petite note expliquant le comportement à adopter dans ce genre de situation. Son regard se figea, ses sourcils se froncèrent, et il déclara soudain :

« Non, tu sais quoi ? C'est une bonne idée. C'est parfait, on fait faire ça. Juste une pause. Comme ça… Comme ça, ça te laisse le temps de réfléchir, et moi… Ça me laisse le temps de me calmer. De revoir Kathleen, et de… Mais ça serait juste une pause. Rien de définitif. Pour l'instant. On réfléchit, et on… »

Drago renifla de nouveau, presque écœuré. Il sentait sa poitrine exploser, encore et encore.

« D'accord, marmonna Potter, on fait comme ça. Mais… » Il s'approcha, leva la main, et le dos de Drago heurta une nouvelle fois le mur. Il s'immobilisa, et reprit d'une voix douce et plaintive : « Mais n'oublie pas que je t'aime, et que…

– Tais-toi, Potter ! Tu n'as…

– Non, s'il te plait, laisse-moi finir, reprit-il rapidement. Je dis pas ça pour te mettre la pression ou… Juste… Juste pour te rappeler que si t'as besoin de quoi que ce soit, tu n'hésites pas une seconde, d'accord ? N'importe quoi. Si quelqu'un te fait du mal, ou te menace, ou si tu as besoin d'aide pour… Je sais pas, pour n'importe quoi. Tu viens me voir, d'accord ? Tu sais que je suis là pour toi… »

Drago prit une longue respiration pour maîtriser sa voix, mais son ton n'avait rien d'assuré quand il répondit :

« Tu n'as pas le droit de dire ça, Potter. Tu ne peux pas me dire que tu m'aimes, et ensuite… ça. Qu'est-ce que tu crois, exactement ? Que j'ai oublié ? Tu crois que je n'y pense pas à chaque fois que tu t'énerves ou que… Tu crois que je n'ai pas conscience que ma vie ne tient qu'à ton bon vouloir ?

– Non. J'ai été con, je…

– Je n'ai pas rêvé, Potter ! Tout ce que tu m'as fait, je ne l'ai pas imaginé ! Je ne l'ai pas fantasmé ! C'était réel !

– Je sais… gémit Potter en baissant les yeux, j'ai… »

A nouveau, la voix de Granger les interrompit :

« Harry, ça va ?! On vous a entendu de… »

A nouveau, ils tournèrent la tête vers l'intruse qui, à nouveau, était accompagnée de Weasley.

Drago était presque sûr qu'il était parvenu à reprendre un rythme de respiration régulier. Ses yeux étaient peut-être un peu gonflés, mais son visage était propre. Il pouvait certainement passer pour maître de lui-même. Il prit une dernière inspiration, en entrouvrant légèrement les lèvres pour éviter que son nez peut-être encore trop encombré ne le trahisse, puis déclara :

« Si ce que tu as à dire ne concerne pas mon travail, alors évite de venir me voir, Potter. »

Puis il retourna sur ses pas, sans oublier de saisir la main amorphe de Carrow pour le traîner après lui.

Le Survivant avait ses amis, et ils sauraient prendre soin de lui.

Lui n'avait pas besoin de ça. Lui n'avait besoin que d'une chose : De rester tranquille pour pouvoir mettre de l'ordre dans ses pensées. Il se dirigea vers la patinoire pour préparer du thé. Il avait abandonné Monsieur Temrah et Madame Johnson trop longtemps, et s'il n'avait pas une offrande dans les mains en réapparaissant, il risquait de se faire disputer.