Bonjour ! Tout le a monde à son thé ? Son café ? Alors c'est parti.

Retour au présent. Je prends bien mon temps pour que vous vous rendiez compte à quel point Katakuri est mignon et le best grand-frère. King il est ronchon, normal. Les choses avancent très lentement mais c'est pour le mieux.


La pudeur habituelle de Katakuri fit qu'il se trouva extrêmement mal à l'aise face à la détresse de King.

C'était embarrassant de voir un ennemi s'écrouler au sol comme un enfant qui a besoin de réconfort. Mais il n'avait pas le temps de le ménager. Il devait tenir son rôle, pas compatir face à quelqu'un qui aurait pu l'éventrer lors d'une crise de rage. Sa beauté l'avait assommé quelques secondes mais il n'était plus question de flancher. Il était plus fort que ça. Il devait être plus fort que ça.

— J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé à Wano, dit-il. Ma sœur Smoothie nous a dit que Mama t'avait envoyé sur leur navire après t'avoir vaincu.

King sortit de sa torpeur enflammée pour jeter un regard plein de mépris à Katakuri. Après quoi il se mit à ricaner, dévoilant un sourire moqueur qui n'était pas moins déstabilisant que le reste.

— Je n'ai jamais affronté Big Mom. Je me suis contenté de balancer son navire dans l'océan avant que mon capitaine décide de conclure une alliance avec elle. Je pensais que c'était pour ça que vous ne m'avez pas jeté dans une de vos geôles. Alors comme ça, tu n'étais pas au courant ?

Katakuri ne céda pas à la provocation, il avait passé l'âge de se vexer par arrogance. La presse avait mentionné cette possible alliance mais Mama elle-même ne leur avait rien dit. Sur Totto Land, ils étaient peu nombreux à y avoir cru et l'équipage du Queen's Mama Chanter avait démenti cette possibilité.

Il était surpris par cette déclaration. Kaido et Big Mom se détestaient depuis des années, personne dans la famille n'avait jamais cru que leur entente soit un jour possible. Il leur était arrivé de traiter ensemble, voir de se rencontrer — par escargophone ou par émissaires seulement — et ça c'était toujours très mal fini. Qu'est-ce qui avait bien pu les pousser à conclure une trêve ? Tous les deux avaient une énorme ambition, ils avaient tous les deux intérêt à ce que l'autre disparaisse, c'était un miracle qu'ils ne se soient pas entre-tués sur cette île. Katakuri se demanda si King avait désapprouvé cette union, en tant que bras droit et probable conseiller de l'empereur. Lui, l'aurait déconseillée à sa mère s'il en avait eu l'occasion. Mais elle ne l'écoutait jamais.

— Ça n'avait rien d'officiel jusqu'à ce que tu me le confirmes, se désola-t-il. Dans ce cas, à qui dois-tu ta défaite si ce n'est pas à Mama ?

King perdit aussitôt son sourire insolent.

— Un membre de l'équipage de Chapeau de Paille. Eux et leurs alliés ont pris d'assaut la forteresse de mon capitaine et... J'ai été orgueilleux. C'est pour cette raison que j'ai perdu.

Cette déclaration semblait lui arracher la langue mais Katakuri était bien placé pour savoir qu'il n'y avait pas la moindre honte à perdre contre de tels adversaires — et voilà qui expliquait l'alliance, Kaido et Mama avaient trouvé un point d'entente : lutter contre cet équipage.

Cette confidence de King, qui avait avalé les mêmes couleuvres que lui, ne faisait qu'accroître le respect qu'il pouvait lui porter et il s'en méfiait. Ce n'était pas bon de lui accorder trop de mérite.

— Je ne sais pas ce qui s'est passé après ma défaite, continua-t-il. Mon capitaine et Big Mom étaient encore au combat quand je suis tombé. Malheureusement, un grand nombre de nos hommes nous ont subitement trahis et ont rejoint l'ennemi, je n'ai pas la moindre idée de l'issue du combat. Je ne peux pas croire qu'ils ont été vaincus.

Son ton trahissait le contraire. Katakuri n'avait pas le temps de se soucier de ses états d'âme. Il revint au sujet qui l'intéressait.

— Mes frères et sœurs n'étaient pas avec vous sur le champ de bataille ?

— Un seulement. Je ne me souviens pas de son nom. Un grand type maigre avec un nez pointu et une langue proéminente, comme ça, dit-il en sortant sa propre langue pour peaufiner sa description avec une imitation.

Sûrement Perospero.

Katakuri était inquiet, si King n'avait pas la moindre idée de l'issue de la bataille, qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Et si ses adelphes avaient péri dans les flammes d'Onigashima ? Si Mama... était tombée ? Il préférait ne pas y penser. Mais il ne pouvait pas empêcher son pouls de s'accélérer à cette perspective. L'avenir de Totto Land tout entier serait en jeu. Que deviendraient-ils, sans Mama ?

Il repensa à la promesse faite par Chapeau de Paille et la chassa aussitôt de son esprit. Il n'avait pas le droit de penser à des choses pareilles.

King perçut son désarroi.

— Tu ne vas pas avoir grand chose d'intéressant à répéter à ta famille, hein ? Tu m'en vois navré.

Katakuri souffla. Il avait espéré un peu plus d'informations de la part du lunaria. Tout ce qu'il savait maintenant était que sa présence ici n'était pas la volonté de Mama mais un malheureux hasard. Sera-t-elle furieuse de le trouver ici à son retour ? Probablement pas, elle rêvait de le récupérer depuis des années. Mais alliance ou non, il allait devoir le surveiller. King devait être plus enragé qu'il ne le laissait paraître et il allait certainement vouloir retourner auprès de son capitaine. Il ne pouvait pas le laisser faire. Mama était peut-être seule, sur un champ de ruines et rien ne lui disait que Kaido n'allait pas en profiter pour retourner sa veste contre elle au dernier moment. Les deux empereurs jouaient leurs peaux. Alors, s'il pouvait priver Kaido de son atout le plus précieux pour permettre à ses proches de tenir bon, il le ferait.

— Suis-moi, dit Katakuri en pivotant sur ses talons. Je vais te donner une nouvelle chambre.

King consentit à lui emboîter le pas en traînant la patte. Ses nouveaux vêtements avaient l'air de le gêner dans ses mouvements.

— Qu'est-ce que tu comptes faire de moi ?

— Pour le moment, rien. Tant que Mama ne sera pas de retour je ne pourrais pas te donner plus d'informations sur ton sort.

— Tu sais que je ne vais pas attendre bien sagement qu'elle rentre ?

— Je sais. Mais tu dois aussi te douter que tes menottes ne sont pas qu'en granit marin. Tente de t'échapper par la mer et elles exploseront. Tu peux aller et venir sur cette île comme bon te semble, profiter de ce que tu veux, mais le moindre écart de ta part et je te le ferai regretter.

Il détourna le regard avant que les yeux rougeoyant de King ne lui fassent perdre son assurance. Il l'entendit prendre une profonde inspiration dans son dos, et marmonner :

— Me voilà devenu Yamato.

/

King avait enfin pu prendre une douche et passer la nuit dans une autre chambre, plus petite — il avait fait brûler la plus somptueuse, selon les dires de Katakuri — et plus calme. Sans objets enchantés pour lui piailler dans les oreilles. Une délicate attention de la part de son hôte. Qui avait tout de même insisté pour mettre des serviteurs à sa disposition : il les avait aussi refusés. Il voulait conserver le peu d'intimité et d'honneur qu'il lui restait. Finalement, il aurait préféré être enfermé dans une geôle, suspendu à un mur par des chaînes, comme un prisonnier lambda, plutôt que de subir cette mascarade. Il n'aimait pas du tout cette fausse liberté protocolaire, telle une épée de damoclès au-dessus de sa tête.

En apparence il pouvait faire ce qu'il voulait et se dégourdir les jambes sur l'île, mais il ne pouvait pas se soustraire à la curiosité des habitants et leurs regards inquisiteurs. Ni à l'omniprésence des résidus d'âme que Big Mom avait dispersé dans tout son royaume pour "embellir" le quotidien. Il avait consenti à leur adresser la parole parce qu'il n'avait pas d'autre choix que de passer par eux pour TOUT. Notamment pour se vêtir. Les vêtements de Katakuri, même s'ils étaient à son goût, étaient trop peu pratiques et laissaient voir trop de peau. Il avait besoin de chemises et de vestes pensées pour laisser passer ses ailes. On lui avait envoyé des tailleurs — en vérité, des meubles parlants — pour prendre ses mesures et lui confectionner une nouvelle garde robe. Ca avait été un cauchemar.

Il avait dû supporter leurs commentaires quand ils l'avaient examiné. Il les avait prévenu qu'il les ferait brûler à la moindre occasion alors les homies avaient surcompensé en le couvrant de louanges.

— Quelles ailes magnifiques, messire !

— Et quel plumage !

— Et quelle chevelure !

— Pas la peine de jouer les lèche-pompes, était-il obligé de grogner pour les faire taire.

Lui qui détestait qu'on le scrute, il se sentait comme une bête de foire. Son masque lui manquait terriblement.

Il en venait presque à regretter Queen, ses insultes et son boucan constant. Mais il n'avait pas d'autre choix que de subir. Ses ailes étaient trop amochées pour qu'il puisse s'en servir et le granit marin explosif qu'il avait aux poignets le dissuadait de tenter quoi que ce soit pour le moment. Il brûlait d'envie de quitter ce pays mais n'en avait pas les moyens. Et rester sans la moindre information quant à la situation d'Onigashima était encore plus douloureux. Il se sentait inutile et honteux. Il était là, à se laisser pomponner par des enchantements alors qu'on avait probablement besoin de lui. Etre sans nouvelles était pire que s'imaginer perdant de la bataille. Il lui paraissait impossible que Kaido soit vaincu mais dans ce cas, pourquoi les journaux restaient muets ? Pourquoi Big Mom non plus ne répondait plus à l'appel ?

Ces questions le torturaient. Et plus elles tournaient dans sa tête, moins il était capable de réfléchir à un plan pour retourner auprès de son capitaine. Quand enfin il se retrouva seul avec ses pensées, il prit le temps de faire ce qu'il aurait dû faire dès le départ : repérer les lieux.

D'après ce qu'il avait compris, il était sur une des îles de l'archipel Totto Land et plus spécifiquement celle dont Katakuri avait la charge. Il ne connaissait pas bien le fonctionnement de l'empire de Big Mom mais plus il en apprendrait, mieux ce serait. Pour l'instant, il n'avait pas vu grand chose en dehors du palais, et celui-ci était vaste, mais il voulait en voir plus. Faire le tour du périmètre, observer le fonctionnement des sentinelles, les systèmes de défense, leurs effectifs etc. Il incarnait une armée à lui tout seul mais il devait savoir ce qu'il avait en face de lui avant d'ouvrir les hostilités.

Il sortit du palace par la grande porte et descendit les marches jusqu'à la ville alentour, sans prêter attention aux regards qui convergeaient vers lui. Heureusement, les habitants de la cité n'étaient pas aussi stupides que les homies. Ils restaient loin et semblaient éprouver de la crainte à le voir se balader aussi librement. Est-ce que leur ministre leur avait dit qui il était ? Si oui, c'était surprenant de sa part mais intéressant : il se préoccupait de ses citoyens.

Il devait bien avouer qu'il préférait les voir fuir à son approche plutôt que d'avoir à encaisser leur curiosité malsaine. Il commença par faire le tour du bâtiment ; même sans prendre son envol, il était facile de deviner qu'il se trouvait au centre de l'île. L'édifice était si haut que même lui, avec sa taille de demi-géant, n'était pas capable d'en voir le sommet — une telle démesure lui sembla étrange de la part de son hôte, dont il avait deviné la nature introvertie en quelques secondes. Il pensa que c'était une conséquence de son statut de chef, il fallait certainement que son pouvoir soit visible et que les bâtiments reflètent son statut pour asseoir son autorité sur la population.

Il en était moins sûr pour le donut géant sur le toit, qui dominait tout le paysage telle l'ampoule d'un énorme phare.

Il s'éloigna du palais pour entrer dans la ville de Flour Town, la capitale de l'île. Les maisons et les boutiques n'étaient pas si grandes à côté de lui mais elles semblaient avoir été conçues pour permettre à Katakuri de s'y faufiler s'il l'envie lui prenait. King se demanda si le ministre visitait vraiment les échoppes de son secteur pour y faire ses courses, comme un citoyen ordinaire. Si c'était bien le cas, c'était vraiment très étrange de la part d'un personnage censé être le plus terrifiant de l'équipage. Ca renforça sa curiosité à son égard.

Katakuri avait certainement l'apparence et l'autorité d'un lieutenant d'empereur mais son comportement était singulier. Il avait encore du mal à déterminer en quoi.

Il aurait pu interroger les habitants pour connaître leurs opinions sur leur chef mais il ne se sentait pas d'humeur à socialiser.

Il sentait bien que les gens le regardaient avec méfiance mais qu'ils faisaient de leur mieux pour ignorer sa présence. Là encore, il en fut surpris. Ils auraient dû — à défaut de le regarder comme une attraction sensationnelle — le surveiller tel l'ennemi qu'il était et lui manifester un minimum de xénophobie, comme les ennemis qu'ils étaient. Mais non, personne ne semblait s'offenser de le voir dans les rues, en train d'examiner leurs maisons sans la moindre gêne. Il était là, ils faisaient avec. Ou alors, ils avaient confiance en Katakuri pour les défendre en cas de problème. Était-il ce genre d'homme ? Celui qui intervenait pour les sauver d'un danger ? Là encore, sa curiosité s'intensifia.

Mais pour l'instant, ce qui l'intéressait, c'était de comprendre le fonctionnement de ces gens.

Leur société toute entière semblait reposer sur la nourriture. Les bâtiments, les décorations, les véhicules, même la faune et la flore étaient liées aux sucreries. La mer alentour était composée de sirop, les fontaines servaient du jus de fruit, tout était sucré, parfumé, brillant, collant. King en avait la nausée. Il n'avait pratiquement rien mangé depuis son réveil, en dehors de quelques biscuits — vivants eux aussi, pour son plus grand déplaisir — et avait bu au robinet il y a quelques heures. Il était presque impossible de trouver quoi que ce soit qui ne ressemblait pas au goûter d'anniversaire d'un enfant de cinq ans. Il pensa aux crocs de Katakuri et se demanda si son régime alimentaire correspondait à sa dentition et si il accepterait de partager ses vivres avec lui. Ainsi, il pouvait peut-être espérer trouver quelque chose qui puisse le rassasier sur cette île.

Porté par ses grandes jambes, il quitta rapidement les alentours de la ville et gagna le rivage. Il fut étonné de ne trouver aucun bateau dans la baie, ni même de poste de surveillance. Mais comme Big Mom avait des enfants hommes poissons et sirènes, il était possible que tout ceci soit directement sous l'océan et que ses enfants et petits-enfants se chargeaient de veiller au grain, à l'abri des regards. Son regard se perdit à l'horizon ; les autres îles de Totto Land étaient visibles depuis l'endroit où il se trouvait. Un coup d'œil suffisait à se rendre compte de l'étendue du territoire. Il s'avança sur la plage — dont les grains de sable étaient en réalité des grains de sucre vanillé — et tendit le cou pour observer les côtes. Il y avait une falaise à l'ouest et une grande forêt colorée à l'est. L'île n'avait pas l'air très vaste et même s'il n'en voyait qu'une partie, il se demandait quel pouvait bien être la charge de Katakuri. A quoi cet endroit était-il dédié ?

Il fit encore un pas et le mécanisme de ses menottes se resserra sur ses mains : au moins, il avait le droit à un avertissement avant que celles-ci n'explosent.

Contrairement à ce qu'il avait espéré, son petit tour du périmètre ne lui avait pas appris grand chose. Si ce n'est qu'il n'y avait pas de bateaux laissés à sa portée pour lui permettre de s'échapper sans avoir à recourir à ses ailes. Mais il n'y avait pas tellement d'armée non plus. Le seul réel obstacle à sa fuite était Katakuri. Quelque part, c'était réconfortant. Tout ce qu'il avait à faire pour rejoindre son capitaine, c'était l'écraser. Ce n'était pas simple, encore moins avec des blessures fraîches, mais c'était faisable. Il lui fallait juste un peu de temps pour récupérer.

Son estomac grogna d'inconfort. Il ne pouvait pas se laisser mourir de faim plus longtemps, peut-être allait-il prolonger sa visite en recherchant un restaurant capable de lui fournir autre chose que des bonbons ou des pâtisseries.

/

Katakuri entra dans la salle de jeu et croisa le regard courroucé de Mondée. Elle n'était pas contente de le voir. Plus personne ne l'était depuis qu'il avait découvert son visage, tous grimaçaient de dégoût devant ses dents.

Elle avait fait fait appel à lui parce qu'elle n'avait sûrement pas eu d'autre choix d'après les pleurs et les hurlements qui retentirent immédiatement dans ses oreilles. Avec le départ du Queen's Mama Chanter, beaucoup des neveux et nièces de Katakuri s'étaient retrouvés à la nurserie, sous bonne garde. En revanche, peu d'entre eux supportaient d'être séparés de leurs parents depuis si longtemps.

Discrètement, il se confectionna des bouchons d'oreilles en mochi et rejoignit sa sœur, aux prises avec un bambin très agité qui essayait de fuir ses bras en pleurant. Elle le dévisagea encore, une moue désapprobatrice sur le visage, puis avoua son échec dans un souffle.

— Il n'y avait personne d'autre de disponible, grommela-t-elle. Je dois m'absenter et quelqu'un doit les surveiller, alors...

— Je vais m'en occuper, accepta Katakuri.

Il tandis la main pour inviter sa sœur à lui remettre le petit garçon en pleurs. Elle hésita. Ses yeux se fixèrent d'abord sur sa bouche.

— Tu pourrais cacher ça quand tu es devant eux...

Des picotements parcoururent sa gorge, il hésitait entre exploser de rage et fondre en larmes. Comme toujours, il resta de marbre et s'abstint de répondre. Ca ne servait à rien de discuter. Heureusement, l'enfant mis fin à tout conflit en se jetant lui-même dans la paume de son oncle. Contrairement à ce que Mondée pensait, les tout petits n'avaient jamais eu peur de Katakuri. Ils étaient encore trop jeunes pour comprendre ce qu'il avait fait et ce que sa bouche représentait. Ils étaient loin de le craindre, au contraire. Sa haute taille et son apparente sérénité les rassuraient.

Le petit s'accrocha au pouce de Katakuri comme à une peluche, sans cesser de pleurer. Il connaissait le truc depuis le temps, sa sœur prétendait qu'elle n'avait trouvé personne d'autre mais en vérité il était doué avec les enfants et tout le monde le savait. Lui aussi préférait leur compagnie. Il leva son autre main et utilisa son pouvoir pour créer de petites extensions de mochi au bout de ses doigts. Il fit de son mieux pour leur donner une petite forme vaguement animale et suffisamment amusante pour que leur présence rassure son neveu. Il leva ses marionnettes devant ses yeux et les fit danser. L'enfant cessa de sangloter, soudainement obnubilé par les mouvements des pantins qui gigotaient devant lui.

— Tu peux y aller, déclara Katakuri à Mondée, avec une pointe de mesquinerie dans la voix pour lui faire comprendre qu'il gérait parfaitement la situation.

Elle souffla du nez et s'éclipsa sans demander son reste, ni sans aucun égard pour les autres enfants. Elle avait l'air pressé et ça ne présageait rien de bon mais Katakuri préférait se concentrer sur l'instant. Si son programme du jour était de passer l'après-midi dans la nurserie, c'était avec grand plaisir. Il jeta un petit coup d'œil aux peluches géantes, aux coussins parlants et au fauteuil de Mama, toujours disposé de la même façon, au fond de la pièce. Rien n'avait changé depuis son plus jeune âge, si ce n'est que Mama ne leur racontait plus d'histoire depuis longtemps. Elle n'en avait plus le temps. Cette pièce n'était plus dédiée aux rituels familiaux et Katakuri se sentait nostalgique. Malgré ses mauvais souvenirs, et même s'il s'en était toujours senti exclu, les moments de partage de ce genre lui manquaient.

Il conduisit son minuscule neveu jusqu'au coin sieste et l'invita à descendre de sa main pour rejoindre la montagne de coussins colorés. Il le fit et accepta gentiment la peluche d'éléphant que Katakuri lui tendit pour le consoler. Lui-même était trop grand pour les câliner en personne, mais il était excellent en choix de doudou. S'il pouvait troquer son rôle de grand frère exemplaire et de meilleur élément de l'équipage pour devenir "expert peluche", il n'hésiterait pas une seule seconde.

Une petite fille tira sur son pantalon, il dut s'accroupir pour se mettre à peu près à son niveau. C'était la plus jeune de la fratrie, Anana. Elle ne le connaissait pas très bien et, intimidé par son regard, elle baissa les yeux. Renonçant à lui poser une question.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Demanda-t-il pour l'encourager.

Elle se tortilla sur elle-même. Sans rien dire. Il devina sa question.

"Où est mama ?"

Il comprenait son angoisse. Vu son âge, Anana avait encore le droit d'être dans les jupons de leur mère et recevait probablement l'affection qu'elle réservait uniquement aux très jeunes enfants. Son absence prolongée n'était pas normale pour elle.

Il ne savait pas quoi lui répondre. Il pouvait lui promettre son retour prochain mais quelque chose en lui s'était brisé et il ne voulait pas mentir à sa toute petite sœur. Il n'en savait rien. Il n'était même pas sûr de souhaiter son retour, sans oser se l'avouer.

Il improvisa autre chose.

— Tu fais quoi d'habitude avec Mama ?

Un petit sourire amusé passa sur son visage.

— Mama elle joue avec nous.

L'invitation était plus que claire. Ces gosses avaient surtout besoin d'être distraits. A force d'être enfermés dans la nurserie, sans voir leurs parents et entourés d'adultes nerveux, ils finissaient par pleurer.

Katakuri avait besoin de détente au moins autant qu'eux. En même pas deux minutes, il se retrouva obligé de compter pendant que toute une marmaille partait se cacher en gloussant. Il enviait leur naïveté et leur insouciance. Ils étaient encore trop petits pour vraiment souffrir de la pression familiale. Bientôt, comme leurs aînés, ils devraient faire bonne figure, s'entraîner au combat, défendre les intérêts de Mama et désespérer de ne jamais être assez biens pour elle.

Il se remémora Pudding qui, a seulement seize ans, n'avait que trop souffert de ces exigences. Dans la tête de Katakuri, hier encore elle était comme ces enfants, à cavaler dans la nurserie à faire des batailles d'oreillers. Maintenant elle avait disparu et personne n'en avait quoi que ce soit à faire.

Un immense sentiment de solitude submergea Katakuri avant qu'il ne refoule tout cela en cessant de compter.

— J'arrive !


Tout va très bien dans cette famille (non). Ce sera encore plus flagrant dans le prochain chapitre. Avec une réunion de famille. On va bien se marrer.

Bon, sinon. Concernant la disparition de Pudding, je re-précise que je ne suis pas du tout la timeline du canon avec cette histoire. Je ne me suis pas basée sur les couvertures des derniers chapitres donc ne les prenez pas en compte pour deviner la suite x) j'ai pas fait exprès.

Pour l'instant, je continue de poser le cadre, histoire que vous compreniez bien dans quoi King a mis les pieds. (J'adore le torturer avec des objets enchantés, le pauvre.)

Allez, à dans deux semaines encore une fois :)