JOYEUX NOËL LES GENS !
J'espère que les fêtes se passent bien pour vous. C'est chouette la magie de Noël mais c'est toujours un peu stressant. Alors voilà mon cadeau pour soulager de potentielles retrouvailles familiales tendues (Katakuri en sait quelque chose) : le dernier chapitre de l'année ! Et en avance parce que demain j'aurais pas le temps x)
Je boucle le premier arc de cette fic avec une rencontre plus chill entre les deux protagonistes. Ils sont faits pour s'entendre.
Bonne lecture et bon dimanche !
Katakuri s'était levé tôt. Il avait passé une nuit épouvantable.
A la fois tourmenté par son châtiment et par des crampes à l'estomac. Après avoir admis qu'il ne parviendrait pas à fermer l'œil, il s'était levé et avait choisi de faire ce qu'il faisait le mieux : travailler.
La fatigue n'avait pas atténué sa détermination, il avait toujours l'intention de retrouver Pudding et le plus tôt serait le mieux. Il s'était enfermé dans son bureau et avait passé toute une partie de la nuit à visionner les images enregistrées du mariage raté, encore et encore. Il avait l'intuition que quelque chose s'était joué à ce moment là. Il culpabilisait un peu de demander à l'escargophone de lui repasser la vidéo en boucle mais il n'avait pas le choix s'il voulait saisir tous les détails du drame. Il ne possédait pas d'autre enregistrement.
Sur l'instant, il avait prédit que Pudding s'effondrerait sur l'autel mais il avait beau voir et revoir la scène, il ne comprenait pas ce qui avait déclenché cette réaction. Vinsmoke n'avait rien fait ; il avait relevé son voile, comme prévu, puis elle s'était effondrée en larmes. Si seulement il avait pu la voir de plus près. Sa petite sœur avait toujours été un roc et une véritable teigne, il en fallait beaucoup pour la faire flancher. Qu'est-ce que ce gamin avait bien pu lui dire pour qu'elle n'accomplisse pas sa mission et se mette à pleurer comme une petite fille ?
Était-ce par peur du châtiment qu'elle s'était enfuie ? Ca n'avait pas de sens. En dehors de ce bref moment de faiblesse, elle s'était montrée exemplaire. Ils avaient tous failli ce jour là, elle moins que les autres.
Puis il repensa à sa propre sanction, à Chiffon, à Praline, à la façon complètement désinvolte dont Compote avait abordé le sujet... Peut-être qu'elle avait raison de se cacher. Mais il devait la retrouver. Il lui ferait comprendre qu'elle n'avait pas à avoir peur. Même s'il n'était pas sûr de sa réaction si jamais il en venait à s'approcher d'elle. Elle ne serait sûrement pas plus enthousiaste que les autres vis à vis de sa difformité.
Il appuya sur le bouton de la coquille de l'escargophone, encore une fois, dans l'espoir de percevoir un nouveau détail. Mais rien, seulement Pudding, sous le choc et en pleurs. Cette impasse commençait à l'agacer.
La porte d'entrée, qui s'était poliment tue jusqu'ici, l'interpella d'une voix timide.
— Euh, seigneur Katakuri ? Pardon de vous importuner.
— Qu'y a-t-il ?
— Un visiteur pour vous.
Il devina à sa voix tremblante que ce visiteur était King.
Depuis que le lunaria avait carbonisé un couloir, tous les objets enchantés du palais avaient peur de lui. Cette pauvre porte ne faisait pas exception. Katakuri hésita. Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Sa venue contrariait ses plans, il n'avait pas envie de le voir et de perdre sa concentration une nouvelle fois, il devait mettre toute son énergie au service de Pudding. Mais il ne pouvait pas le laisser poireauter non plus.
— Laisse le passer, dit-il à la porte.
Il caressa la coquille de l'escargophone pour l'autoriser à prendre une pause et tâcha de se montrer frais et dispo pour accueillir King. Il pourrait peut-être en profiter pour lui demander ce qui l'avait poussé à rester ici. La porte accueillit la consigne avec désespoir et sanglota un "oh, misère" avant de s'ouvrir pour le laisser entrer. Elle grinça sur ses gonds et King s'engouffra aussitôt par l'ouverture.
Celui-ci n'avait pas l'air moins fatigué que Katakuri, il avait les traits tirés et n'avait certainement pas beaucoup dormi non plus. Malgré tout, il était mille fois plus resplendissant que lui et sans grand effort. Il avait changé de tenue depuis hier et opté pour une chemise légère, ouverte sur les épaules, pensée pour ne pas encombrer les mouvements de ses ailes. Katakuri aurait pu faire abstraction de cette belle image si King n'avait pas noué ses cheveux en une longue tresse qui descendait sur ses clavicules exposées.
"Ce n'est pas possible d'être aussi beau à une heure pareille." Pensa Katakuri avec agacement. De quel droit le forçait-il à se sentir aussi ridicule et déstabilisé à chacune de ses apparitions ? Il ne songea même pas à lire l'avenir et ne fut pas en mesure d'esquiver la petite pique de King.
— Tu as une sale mine, dit-il, avant même de dire bonjour.
— Toi aussi, lui renvoya Katakuri, sans en penser un traître mot. J'ai passé une mauvaise nuit. Qu'est-ce que tu fais encore ici ?
— Où veux-tu que j'aille ? Demanda-t-il en haussant un sourcil sincèrement surpris. C'est toi qui m'as passé les menottes.
— Je veux dire : ici, chez moi. Je pensais que tu déménagerais pour rejoindre les rangs de mon frère.
Il pouffa de rire et Katakuri dut baisser les yeux pour ne pas rougir. Manque de chance, il y avait peu d'endroits où il pouvait les poser sans devenir écarlate. Heureusement pour lui, King n'avait l'air de se rendre compte de rien.
— Je ne m'abaisse pas à obéir aux gens à qui j'ai botté le cul.
— C'était pourtant l'occasion idéale de tenter une évasion.
— Pour ça, il faudrait déjà que mon aile se rétablisse.
Il y avait une pointe d'amertume dans sa façon de parler. Katakuri se souvint de l'état dans lequel il était arrivé, ils avaient fait de leur mieux pour l'opérer et lui rattacher le bout d'aile qui avait été tranché dans la bataille mais rien ne garantissait que tout c'était bien passé. Aucun de leur médecin n'avait la moindre connaissance en anatomie lunaria.
Et à voir la lueur triste au fond de ses yeux rouge, il y avait peu de chances que ça s'arrange. Katakuri, gêné, préféra changer de sujet. King n'était sûrement pas venu le voir pour lui faire part de son mal-être mais une visite aussi matinale cachait quelque chose.
— Je t'offre quelque chose à boire ? Proposa Katakuri en l'invitant à s'asseoir dans le fauteuil en face de son bureau.
— Hein ? Euh, oui, bafouilla King dont l'expression indifférente se changea brièvement en stupéfaction. Pourquoi pas.
— Un problème ?
— Non, ce n'est rien. Je n'ai pas l'habitude qu'on soit aimable avec moi, c'est tout.
Il tira le fauteuil à lui et s'y installa avec précaution — ses ailes semblaient lui rendre la tâche difficile. Katakuri fit signe au service à thé sur les étagères. La théière, les tasses, le sucrier et tout le service bondirent sur le bureau, quasiment au garde à vous, parés au travail.
— Plutôt thé ou café ?
— Café, répondit King sans quitter la vaisselle des yeux. Même ça, c'est enchanté ?
— On s'y fait à la longue. Dis lui si tu veux du sucre, ajouta Katakuri en désignant le sucrier du pouce.
— Non, ça ira — il s'arrêta en voyant que la tasse dans laquelle il s'apprêtait à boire le fixait droit les yeux. Est-ce qu'il y a quoi que ce soit ici qui ne soit pas vivant ?
Katakuri esquissa un petit sourire, pour une fois ce n'était pas lui le plus perdu des deux.
— Quasiment tout, en effet. Même la nourriture parfois. Seule ta chambre est totalement dépourvue d'homies, j'ai cru comprendre que tu n'étais pas très à l'aise en leur présence.
— J'ai apprécié le geste. Je déteste avoir des yeux rivés sur moi.
Katakuri comprenait pourquoi. Il pouvait confirmer qu'il était très difficile de détacher son regard de sa silhouette. Aussi, il fit de son mieux pour ne pas le dévisager. Il se servit une tasse de thé, par principe, mais il n'y toucha pas. Il avait renoncé à son écharpe mais il n'était pas encore prêt à se servir de sa bouche devant qui que ce soit.
Le parfum du café chaud envahit rapidement la pièce et détendit l'atmosphère. Toutefois, Katakuri n'avait toujours aucune idée de ce que King faisait là. Il aurait aimé que ce soit pour le plaisir de lui tenir compagnie mais il n'était plus aussi candide qu'à dix ans.
— Tu avais quelque chose à me demander ? À cinq heure du matin ?
— Pas spécialement, je m'ennuyais et tu as promis de me mettre au boulot alors je veux savoir ce qui m'attend. C'est tout.
Il n'avait pas prévu ça et ne savait pas quoi lui répondre. Il avait eu du mal à croire Brûlée quand celle-ci lui avait expliqué qu'il avait décliné l'offre de Cracker pour revenir ici, il avait encore plus de mal à croire qu'il était toujours d'accord pour l'assister alors qu'il avait été témoin de son humiliation publique. Il soupira.
— Tu as vu ce qu'il s'est passé hier, je n'ai plus le droit de mettre le nez dans les affaires urgentes du pays. Je n'ai plus aucune mission à te confier.
— Alors c'est vrai ? Ils peuvent vraiment te congédier comme ça, sur demande ? Sans même prendre la peine de te défier ?
Il avait l'air profondément outré mais Katakuri n'était pas surpris. Kaido valorisait la force et la violence par-dessus tout, ce qui permettait à ses membres d'équipage de prendre du galo c'était de vaincre des adversaires de plus en plus puissants. Dans la tête de King, Katakuri était sans doute le plus puissant du secteur, il était donc inconcevable qu'on se permette de lui dicter sa loi sans le battre en duel.
C'était incroyablement flatteur.
— C'est comme ça que notre famille fonctionne. J'ai échoué, il faut que j'assume mes erreurs. De toute façon ça m'arrange, mentit Katakuri.
King le fixa d'un regard pénétrant : il n'en croyait pas un mot. Cet homme était beau mais il était aussi incroyablement expressif.
—.J'en avais assez de perdre mon temps dans des réunions interminables et inutiles, précisa-t-il. J'ai toujours cette île à gérer et je peux me consacrer à mes projets en retard à présent.
— Donc, commença King en posant ses pieds sur le bureau. Tu es bien en train de bosser sur quelque chose.
— Ça t'intéresse vraiment ?
Katakuri avait dit ça sur le ton de la plaisanterie mais il devina la suite et se retrouva démuni.
— Ouais. C'est soit ça, soit me tourner les pouces jusqu'à ce que je perde la boule. Et il vaut mieux que je m'occupe si tu ne veux pas que je réduise ton personnel en cendres.
— Tu ne tenais pas le même discours il y a deux jours.
— Profites en avant que je change d'avis.
Il avait probablement une idée derrière la tête pour offrir ses services de son plein gré. Katakuri considéra la question une minute : étant temporairement ostracisé par la famille, il n'avait que lui même pour reprendre les recherches. Ca n'allait pas être simple, les habitants des autres îles de l'archipel risquaient de lui fermer leurs portes. Et puis, peut-être qu'un regard neuf sur la question pourrait lui être utile. A force de se remémorer le mariage, il ne voyait plus rien. Mais était-ce bien sage de confier, à ce point, les secrets de sa famille, de sa très jeune sœur, à un "allié" tel que lui ? King était un guerrier, l'homme de main de Kaido, son appui était précieux mais il lui fallait faire preuve de logique. Il n'avait pas à mettre le nez dans une histoire aussi privée.
Même si, au fond de lui et de façon totalement déraisonnable, Katakuri avait très envie d'accepter le coup de main.
— Malheureusement, je ne pense pas que l'affaire sur laquelle je travaille soit dans tes cordes. Je ne doute pas de ta valeur, se rattrapa-t-il de peur de l'offenser. Tu as largement montré de quoi tu étais capable mais c'est un cas complexe que quelqu'un d'extérieur à notre famille ne pourrait pas comprendre.
Le sourire de King se fit plus malicieux. Il arqua un de ses sourcils sur un air de défi.
— Fais moi un topo, c'est à moi de dire ce qui est dans mes cordes ou non.
Katakuri plissa les yeux, afin de capter un éventuel point faible à travers cette expression insolente mais il n'y avait rien à trouver. Il était déterminé. Il n'y avait probablement aucun danger à lui en parler, il allait se dégonfler. Il voyait mal un lieutenant de Kaido s'intéresser à la disparition d'une adolescente. Il croisa les bras sur sa poitrine pour lui montrer son dédain et lui fit part de son objectif, comme promis.
— Je dois retrouver une de mes petites sœurs. Elle est portée disparue depuis la Tea Party saccagée par Chapeau de Paille. Tout ce que je sais, c'est qu'elle n'a pas quitté le pays mais personne ne sait où elle est.
Au lieu de se décourager immédiatement, King lui adressa un sourire encore plus ravi et Katakuri sentit ses oreilles chauffer. Il pria pour qu'il arrête. Il n'arrivait même plus à voir dans le futur. Il avait travaillé dur pour devenir l'homme le plus compétent la famille mais il y avait une chose qu'il n'avait jamais affrontée et à laquelle il était vulnérable : le charme d'un homme qu'il trouvait extrêmement séduisant.
— Tu pouvais pas mieux tomber, seigneur Katakuri.
— Vraiment ?
— Vous n'avez pas le monopole de la famille compliquée. Finalement, ajouta-t-il après un court instant.
— Tu es en train de me dire que tu te juges réellement compétent pour...
— Retrouver une personne disparue ? Oui.
/
Katakuri n'était pas né de la dernière pluie.
Il avait parfaitement compris que King avait autre chose en tête et qu'il ne lui proposait pas son aide par simple charité. Cependant, il ne rejeta pas son offre et King s'étonna un peu de le voir opiner du chef après lui avoir affirmé qu'il était tout ce qui lui fallait pour mener à bien sa mission. A son humble avis, ils étaient tous les deux curieux de voir ce que valait l'autre. Ou alors, Katakuri était extraordinairement respectueux de leur alliance et tenait très fort à ce que son ennemi se sente respecté.
Il devait y avoir un peu des deux. Et il ne fallait pas se réjouir trop vite, rester à proximité de Katakuri était pratique mais le convaincre de le libérer de ses menottes n'allait pas être une partie de plaisir non plus. Encore moins après s'être fait rabrouer devant tout le monde. Mais il n'avait pas beaucoup de choix. Et de toute façon, c'était accepter de bosser avec lui ou croupir dans sa chambre de princesse pendant des semaines. Il préférait s'occuper. Et ça n'avait rien de si terrible. Katakuri était bien plus facile à supporter que Queen ou les Tobi Roppo.
— Bon, enchaîna-t-il. Par quoi tu veux commencer ?
— Je suppose que je vais devoir te mettre dans la confidence, répondit Katakuri. Et je n'aime pas ça.
— Tu n'es pas obligé de me raconter toute votre vie, contente toi de me dire où et quand vous l'avez vue pour la dernière fois.
Il avala une gorgée de café et la tasse vibra dans sa main. Il s'en détacha et la fixa avec un regard mauvais.
— Pardon, gémit la tasse, j'ai éternué.
King leva les yeux au ciel.
— Je déteste ces trucs.
— Je suis sûr que dans ton équipage on vous encourage à boire dans des crânes humains mais ici, ce n'est pas le genre de la maison.
— J'ai l'air d'un barbare à ce point là ?
Comme à chaque fois qu'il essayait de détendre l'atmosphère, King se heurta à un mur. Katakuri lui adressa ce même regard indéchiffrable qu'il lui avait déjà jeté plusieurs fois. Et au lieu de sauter sur l'occasion pour s'émerveiller et complimenter son apparence pour le flatter, ce que faisaient tous ceux qui restaient bouche bée devant son visage, il se contenta de marmonner.
— Non. Pas vraiment, annonça-t-il, lui-même surpris par cet état de fait.
— Et quand bien même, quand on boit dans le crâne d'un ennemi c'est qu'il est mort. Et qu'il la ferme.
Katakuri laissa échapper un petit rire qu'il sembla aussitôt regretter, puisqu'il le déguisa en quinte de toux. Cet homme avait-il le droit de se détendre de temps à autres pour avoir aussi peur de sourire à un allié ? Il s'abstint de lui poser la question et le laissa exposer ce qu'il savait de la disparition de sa sœur cadette.
— La dernière fois qu'elle a été vue, c'était à Chocolate Town, sur l'île Cacao — King s'abstint de tout commentaire au sujet des noms mais il n'en pensait pas moins. Le surlendemain de l'attaque de l'équipage du Chapeau de Paille, il devait se tenir une cérémonie en son honneur mais elle ne s'est jamais présentée. Ça va faire deux semaines que je la cherche.
— Une cérémonie ? Pourquoi ?
Katakuri s'étira dans son fauteuil et passa ses bras derrière sa tête, donnant l'occasion à King d'observer ses muscles, ses tatouages et les bandages qu'il portait au ventre. L'une de ses blessures paraissait plus profonde que les autres, il se demanda s'il en était responsable tout en essayant de ne pas trop s'attarder dessus. Katakuri cachait bien son jeu, à la façon dont il bougeait, sa plaie devait lui faire un mal de chien, d'autant plus si elle était fraîche, mais il ne grimaçait même pas. Il exposait les choses avec un calme olympien.
— Pudding a sauvé le pays d'une situation de crise grâce à sa cuisine, elle devait être récompensée pour ça. C'est vraiment très étonnant qu'elle ne se soit pas montrée. Il y a beaucoup de mes frères et sœurs qui auraient tué pour être à sa place.
— Et comment tu peux être sûr qu'elle n'a pas quitté votre territoire ?
— On l'aurait vu. Les contrôles de sortie se sont renforcés. On fait l'inventaire de nos navires et de nos marchandises chaque jour, les docks sont filmés et gardés par les légions de Cracker, l'océan est plein de monstres marins dressés à attaquer les bateaux non autorisés. Plus personne ne peut entrer ou sortir du pays sans l'aval d'un Général ou de Mama en personne, et encore. Le fiasco de la Tea Party nous a mis en état d'alerte maximal. Une puce ne pourrait pas quitter Totto Land sans qu'on le sache.
King avait le sentiment qu'il profitait de l'occasion pour lui rappeler qu'il ferait mieux de ne pas songer à s'enfuir. Mais il n'était pas une petite sœur facile à intimider. Le jour où il quitterait cet enfer, car c'était bien sa seule intention, il ne le ferait pas sans verser le sang de ceux qui seraient assez bêtes pour essayer de l'en empêcher.
De crainte que les flammes de son dos ne trahissent sa pensée, il poursuivit son interrogatoire.
— Et tu n'as aucun indice ?
— Non, admit Katakuri. Je sais juste que...
Il hésita un instant. Ses yeux se posèrent sur son escargophone assoupi. King scruta son expression pour y déceler une quelconque faiblesse mais il n'y avait absolument rien à trouver. Katakuri maîtrisait à la perfection chacun des muscles de son visage, il était extrêmement difficile à déchiffrer.
— Que quelque chose s'est passé le jour de la Tea Party. Mais je n'arrive pas à savoir quoi.
Les ailes de King commençaient à lui faire mal. Il répondit un simple "bon !" avant de se relever. Katakuri le fixa sans comprendre.
— On y va ?
— Maintenant ? Mais... Il est cinq heure du matin, s'étonna Katakuri.
— Et alors ? Le couvre feu ne s'applique pas pour toi, si ?
— Non, mais...
Il hésita un instant avant de poursuivre et se plongea dans ses pensées. King reconnut là la longue réflexion de l'homme raisonnable, en proie à un dilemme éthique épineux. Il était passé par là de nombreuses fois. Il ne connaissait pas assez Katakuri pour se faire une idée de son choix à ses expressions faciales, il espérait seulement le voir se rebeller un peu.
— Tu as raison, dit-il finalement. Allons-y.
/
Katakuri avait hésité. Risquer de déranger ses frères et sœurs aussi tôt le matin alors qu'il venait tout juste d'être châtié n'allait sûrement pas améliorer sa situation. Mais d'un autre côté, il était déjà au plus bas. Un peu plus, un peu moins n'allait pas faire une grande différence. Il culpabilisait tout de même de réveiller Brulée qui, elle, ne méritait pas qu'on la tire du lit à une heure pareille.
Il attendait devant le miroir de son hall, en compagnie de King, dans le plus grand calme. Même les homies dormaient. Leurs ronflements résonnaient partout dans le palais, comme pour lui rappeler que sa conduite était déplacée. Malgré son envie de retrouver sa cadette au plus vite, il ne pouvait pas ignorer les plans de King. Il n'était pas idiot, il savait qu'il voulait visiter le pays et trouver une faille quelque part plus qu'il ne voulait lui donner un coup de main dans ses recherches.
Il devait l'avoir à l'œil, la moindre imprudence, le moindre relâchement et il se retrouvait carbonisé sur place. Si seulement sa concentration n'était pas aussi perturbée par sa proximité physique, il pourrait compter sur ses facultés d'anticipation mais elles lui faisaient défaut ces temps-ci.
Encore une fois, il se sentait atrocement gêné de le sentir aussi proche de lui, sa chaleur était si palpable qu'il avait l'impression de le toucher. Il était d'autant plus embarrassé qu'il voyait que King l'observait du coin de l'œil. A chaque fois qu'il posait ses yeux sur lui, il le surprenait à orienter son regard dans une autre direction. Au bout de la troisième fois, il perdit patience.
— Quoi ?
— Rien.
Les flammes sur les épaules de King vacillèrent une seconde. Katakuri les ignora et le rappela à l'ordre.
— Tu me dévisages. Arrête.
King pouffa de rire en réponse. Surpris, Katakuri fit volte face.
— C'est bien la première fois qu'on me le demande, s'amusa-t-il. D'habitude c'est l'inverse, c'est moi qui voudrait qu'on arrête de me regarder.
— Alors tu devrais comprendre que ça me gêne. Encore faudrait-il que nos cas soient comparables, ajouta-t-il dans un murmure.
Le miroir en face d'eux vibra. Katakuri fit un pas en avant et invita King à le suivre.
Heureusement pour eux, ils n'auraient pas à interagir avec d'autres intermédiaires que Brûlée aujourd'hui. Lorsqu'il la vit dans la pénombre, il comprit qu'elle venait de se lever et s'en voulut immédiatement de l'avoir réveillée. Il lui adressa un regard désolé mais ne dit pas un mot, il ne voulait pas que qui que ce soit devine la loyauté de sa sœur envers lui en lui adressant la parole.
Elle lui répondit par un sourire réconfortant. Lorsque King vint à sa suite, elle se montra un peu surprise.
— Qu'est-ce qu'il fait là, chuchota-t-elle entre ses dents.
— Il vient pour m'aider, siffla-t-il, tout aussi rapidement.
Elle lui jeta un petit regard entendu, mi-réprobateur, mi-amusé. Ensuite, elle joua son rôle et fit mine de l'ignorer. Les homies qui l'accompagnaient ne devaient pas se rendre compte de leur complicité. Elle les conduisit au miroir de la grande place de Chocolate Town. Il franchirent le passage et Katakuri adressa un dernier regard complice à sa sœur avant de quitter sa dimension. Le ciel était nuageux et l'air frais de la ville ne sentait pas encore les arômes du chocolat, les habitants étaient endormis. L'absence de passants et d'activité rassura Katakuri. Il n'aimait pas l'idée de subir son impopularité devant King et il aimait encore moins se sentir aussi puéril à ce sujet. Heureusement, celui-ci avait l'air concentré et déterminé à se montrer professionnel.
— Cette ville n'a pas l'air si grande, dit-il en observant le paysage. Elle n'a pas pu aller bien loin.
— C'est plus compliqué que ça.
— Si tu le dis, par quoi tu veux commencer ?
Katakuri prit un peu de temps pour répondre.
— J'ai déjà inspecté la zone où elle a disparu et je n'ai rien trouvé de probant. J'aurais pu interroger les habitants mais maintenant personne ne me répondra.
— A moi on me répondra, affirma King, de façon tout à fait présomptueuse. Elle habite où ta sœur ?
— Pourquoi ?
— Parce que commencer par chercher chez elle c'est la base, non ?
— Si tu y tiens, grogna Katakuri. Mais ça ne va pas nous apporter grand chose.
Il prit les devants et se dirigea vers le Café Caramel. L'établissement était fermé depuis la disparition de Pudding et Katakuri n'avait pas trouvé quoi que ce soit d'utile sur place. A part qu'elle avait emporté quelques affaires et son homie favori. Néanmoins, il fallait que King ait tous les éléments en tête pour l'aider et il voulait le voir procéder. Était-il aussi malin qu'il le prétendait ? Ils se déplacèrent dans les rues sans grand mal, il étaient tous les deux bien plus grands que la plupart des bâtiments de la ville.
— Quel âge elle a exactement ? Demanda King en enjambant une terrasse de café.
— Seize ans.
Il s'arrêta brusquement, forçant Katakuri à se retourner. Il avait les mains sur les hanches et le dévisageait avec une tête de hibou courroucé.
— Tu aurais dû commencer par là.
— Qu'est-ce que son âge vient faire là-dedans ?
— J'espère que tu plaisantes.
Il revint se mettre à son niveau et le toisa de toute sa hauteur. Katakuri était partagé entre son envie de montrer les crocs et la tentation de baisser les yeux pour profiter d'un autre angle de vue.
— Ta sœur n'est pas une guerrière aguerrie ou une pièce maîtresse de votre équipage enlevée par des chasseurs de prime : c'est une gamine en fugue. Ca change tout.
Katakuri serra le poing et opta pour le grondement vindicatif.
— Ce n'est pas une gamine ordinaire.
— Bien sûr que si. Vous lui avez préparé une cérémonie à laquelle elle ne s'est pas pointée ? Je peux te dire pourquoi moi : pour vous faire chier. Mais c'est une bonne nouvelle parce que je sais exactement comment gérer ce genre d'histoire. Je ne doute pas une seconde de tes capacités de frère aîné mais tu as l'air d'être extraordinairement tolérant avec les caprices de ta fratrie. Pas moi. Je vais te la ramener par la peau du cul ta sœur, ça va me prendre cinq minutes.
Il dépassa Katakuri sans demander sans reste. Il n'avait pas les mots pour lui répondre mais il se dit que l'équipage de Kaido était probablement loin de ressembler à l'idée qu'il s'en faisait.
Et les voilà partis pour bosser ensemble. Ça promet ! J'ai hâte d'écrire leurs prochaines interactions. Ils ont tellement de choses à se dire…
Pour la suite, je ne peux pas encore vous donner de date. Je vais avoir une fin d'année et un mois de Janvier un peu chargé mais cette fic va devenir ma priorité pour la nouvelle année. La suite est garantie, pas d'inquiétude.
Merci à tous de me suivre et de me laisser des gentils commentaires !Merci pour votre enthousiasme et j'espère que j'ai réussi à vous faire aimer ce ship. Parce que là, c'est vraiment le TOUT DÉBUT.
A la prochaine ! Je reviens le plus vite possible.
