C'est la repriiiise ! Comme j'ai dit, c'est un peu compliqué en ce moment donc je garantis pas mon rythme de publication mais je vais essayer de reprendre toutes les deux semaines !

Ils m'avaient manqué ces deux-là. En plus, on va commencer à s'amuser parce que ça y est. C'est la partie où ils passent du temps ensemble. C'est long à démarrer mais ça arrive !

Bonne lecture !


— Tu parles comme si tu faisais ça tous les jours, s'étonna Katakuri.

— Peut-être pas tous les jours mais j'ai l'habitude, oui.

Encore quelques pas, et ils se retrouvèrent tous les deux devant le Café Caramel. Comme toutes les autres boutiques à cette heure de la journée, il était fermé. Mais le panneau placardé sur la porte d'entrée précisait que le jour de la réouverture était incertain. Pudding n'avait plus préparé de chocolat depuis un bon moment maintenant. Katakuri observa la petite maison avec un soupir. Sa jeune soeur avait déjà énormément de poids sur ses épaules. Ce restaurant était la seule chose qui lui permettait de souffler un peu et dont elle était — il le soupçonnait — vraiment fière. Savoir qu'elle l'avait abandonné comme ça n'était pas très rassurant.

King en fit le tour — elle ressemblait à une cabane de jardin d'enfant devant lui — et se plongea dans sa réflexion.

— Elle a déjà son propre business à seize ans, c'est une bosseuse ?

— Comme nous tous.

— Et elle aime faire ça ?

— Oui. Je crois.

Katakuri serra les dents. Il ne connaissait pas Pudding aussi bien qu'il l'aurait voulu. Elle était la nouvelle favorite de Mama depuis quelques années et passait trop de temps à ses côtés pour que lui ou d'autres osent vraiment l'approcher ou se lier avec elle. Lui même n'avait jamais vraiment servi de bras droit à sa mère mais il en avait vu d'autres tenir ce rôle : c'était épuisant. Répondre aux exigences de Mama, servir ses plans et rester sous sa coupe en permanence était épuisant. Seules Lola et Chiffo avaient été très proche de leur petite soeur et ça n'avait pas duré. La pauvre Pudding avait dû se sentir bien seule pendant tout ce temps.

Katakuri regardait King fureter autour du café et prit peur qu'il n'arrache le toit pour regarder dedans. Ça ne lui aurait pas demandé beaucoup d'efforts. Mais pour l'instant il se contentait d'admirer l'architecture. Il avait l'air sur de lui.

— Qu'est-ce que tu espères trouver que je n'aurais pas déjà vu au juste ?

— Je sais pas, un truc. Son journal ou une connerie du genre, répondit King sans le regarder. Parce que je sais pas pourquoi, j'ai l'impression que tu es du genre à trouver que lire les pensées intimes de quelqu'un, c'est déplacé. Tu aurais pu passer à côté alors que moi : je m'en fous.

Katakuri haussa un sourcil, un peu vexé. Il le prenait pour qui au juste ? Il n'était pas aussi mou qu'il semblait le penser.

— Tu me prends pour un idiot ? Évidement que j'ai regardé.

— Et donc ?

— Et donc, elle ne tenait pas de journal. Elle… N'en a pas vraiment besoin.

King plongea ses mains dans ses poches et l'invita à s'expliquer d'un regard.

— Elle a un pouvoir. Le fruit de la mémoire, elle peut manipuler les souvenirs des gens et les siens. Elle peut les effacer ou les revoir en boucle si elle le souhaite.

L'expression arrogante de King s'envola soudainement.

— Ah, dit-il. C'est chiant ça.

— Peut-être que tu vas arrêter de faire comme si c'était une promenade de santé maintenant. Les premiers trucs qui te viennent à l'esprit, j'y ai pensé aussi.

Ils se lancèrent quelques éclairs par regard interposés avant que King n'admette avoir eu tort de penser que tout était si simple.

— Ça va, j'ai compris. Elle a un avantage de taille pour se planquer. Mais ça ne change pas mon avis, elle est juste en train de bouder quelque part. Le tout c'est de trouver "pourquoi". Et si ça ne t'ennuie pas, j'aimerai quand même jeter un oeil dans cette boîte.

— Tu vas arracher le toit, c'est ça ?

Après des années à deviner l'avenir de quelques secondes, Katakuri ne fut pas surpris de voir King poser ses mains de chaque côté de la toiture et tirer d'un coup sec, confirmant alors ses craintes de tantôt. Un horrible craquement retentit dans tout le quartier. Il avait ouvert le café comme une maison de poupée et passé la tête par dessus le mur pour observer son contenu.

Sentant le regard blasé de Katakuri sur lui, King le lui rendit avec désinvolture.

— Quoi ? Les matériaux de construction c'est pas ce qui manque chez vous.

— Tu viens de réveiller tout le voisinage.

— Tant mieux, je veux leur poser des questions.

Katakuri voulut préciser qu'il l'avait déjà fait mais devina que c'était inutile d'insister. Le lunaria avait déjà tout prévu.

— Je serai le méchant flic.

— Ne tue personne, diplomatiquement ce n'est pas une bonne idée.

Il ignora sa remarque et s'accouda aux fondations — désormais fragiles — du café. Katakuri espéra finalement que Pudding n'était pas trop attachée à cette maison. Si King avait raison et qu'elle était effectivement cachée par contrariété, la détruire n'était certainement pas un bon moyen de la faire revenir.

Les homies qui faisaient vivre la maison se mirent à paniquer et détalèrent dans tous les sens, donnant à King la sensation d' avoir une caisse remplie de cafards sous son nez. Il grimaça une seconde et plongea son immense main dans la salle à manger pour fouiller. Il se dirigea immédiatement vers le comptoir où Pudding devait garder l'argent des clients et d'autres objets importants liés à ses affaires. Il devait se demander si elle avait prit de l'argent mais avec son pouvoir, elle n'en avait pas besoin.

— Je ne comprends toujours pas ce que tu espères trouver, se désola Katakuri en contemplant les gravats qui tombaient à l'intérieur de la salle à manger.

— Rien de particulier je t'ai dit, je veux juste voir si elle est du genre à laisser traîner des indices ou si elle est maline, pas comme certains.

Katakuri voulut insister une nouvelle fois sur l'irréprochabilité de sa soeur puis il remarqua la façon dont King avait insisté sur le mot "certains." Sa curiosité l'emporta sur tout le reste. Il était bien plus motivé par l'idée d'en apprendre plus sur King que sur sa mission. Il ignora la petite voix qui lui sifflaient des reproches à l'oreille et se pressa de satisfaire ses interrogations.

— A qui est-ce que tu fais allusion ?

King releva les yeux et réalisa qu'il avait fait une bourde : il avait lâché une info sur lui. Son visage si expressif ne laissait pas de place au doute : il ne l'avait pas fait sciemment. C'était peut-être aussi une des raisons pour lesquelles il portait un masque au quotidien, sans lui il était un peu trop facile à déchiffrer. Il regrettait de s'être laissé aller à dire quelque chose devant un ennemi.

Katakuri éprouva un élan de sympathie soudain que lui n'eut aucun mal à dissimuler. King soupira de sa propre bêtise.

— Perdu pour perdu, grommela-t-il avant de répondre de la façon la plus floue possible. Sur Onigashima, j'ai passé beaucoup de temps à cavaler après un ado. Un ado extrêmement crétin, ajouta-t-il après quelques secondes.

— Ah ! Donc je peux ajouter "babysitter" à ton curriculum ? S'amusa Katakuri en esquissant pour la première fois un léger sourire.

King resta de marbre mais le sonda de ses yeux rouge au point de lui donner la sensation de voir son âme. Puis à son tour, il se mit à sourire.

— Tu te fous de ma gueule là, non ?

— Oui.

Katakuri se sentit presque félicité d'avoir eu le sens de l'humour et une vieille, très vieille, sensation de contentement infantile ressurgit quelque part dans son ventre. King aurait pu lui tapoter gentiment la tête, il aurait ressentit la même chose. Il préférait mourir que de le laisser s'en apercevoir et se précipita pour changer de sujet.

— Bon, euh, hum. Tu trouves quelque chose ?

King s'empara d'une caisse en métal verrouillée. Celle qui contenait les recettes du café, assurément. Elle était si minuscule qu'il aurait pu l'exploser entre deux doigts sans le vouloir mais il la manipulait avec précaution. Ses gestes ne traduisaient aucune maladresse. Il la montra à Katakuri.

— Tu n'aurais pas la clé par hasard ?

— Non. Et je crois qu'aucun de nous deux n'est capable de manipuler correctement une clé de cette taille.

— Pour une fois, j'espérais en trouver une qui saurait se débrouiller toute seule.

— Elle a dû ficher le camp quand tu as ouvert le toit.

— Génial.

Katakuri sentit un frisson lui parcourir la nuque. Il se détourna de King pour observer les alentours. C'était l'heure.

La ville s'éveillait enfin : les boutiques voisines s'ouvraient et les habitants sortaient dans les rues pour travailler, accompagnés des homies qui se réveillaient en fanfare. Les horloges sonnaient, les panneaux indicatifs saluaient les passants, tout prenait vie petit à petit. Le bruit soudain qui retentit dans la ville fit grimacer King mais Katakuri s'inquiétait d'autre chose. C'était le moment pour lui d'être véritablement confronté à son châtiment et il ne savait pas à quoi s'attendre. Les gens étaient censés l'ignorer et ne pas lui obéir mais il ne pouvait pas s'empêcher de les imaginer le pointer du doigt d'une seconde à l'autre pour l'insulter. Il savait d'où lui venait cette peur et elle était irréaliste mais il ne pouvait contrôler l'anxiété qui le gagnait à l'idée de subir une humiliation publique. Il était très tenté de partir sur le champ et de laisser tomber les recherches pour revenir plus tard, quand les rues seraient plus calmes. Heureusement, la présence de King lui permettait de rester professionnel.

Lui, n'en avait rien à faire de la foule. Ou alors, il était trop habitué à avoir des yeux braqués sur lui comme des projecteurs pour se sentir concerné. Son visage était plus soucieux depuis que des voix s'élevaient dans tous les sens mais il était toujours concentré sur la caisse du café. Katakuri suivit son exemple et se focalisa sur sa mission.

— Tu penses qu'elle a emporté de l'argent ?

— On a toujours besoin d'argent quand on veut se tirer. Si elle veut quitter le pays et esquiver la surveillance, elle va en avoir besoin.

Katakuri n'était pas convaincu.

— Son pouvoir est plus efficace que la corruption, et l'argent laisse des traces. Je t'ai dit que tout était contrôlé.

— Tu penses qu'elle aurait assez confiance en elle pour ne compter que sur son pouvoir ?

C'était une très bonne question à laquelle il n'avait pas de réponse. Comme ça, sans réfléchir, il avait envie de dire oui. Pudding était la nouvelle pièce maîtresse de l'échiquier de Mama. Un poste si prestigieux qu'elle ne s'était jamais privé de rappeler qu'elle ne l'avait pas démérité. Elle était impitoyable et exécutait les ordres de leur mère avec un plaisir presque ostentatoire. Son pouvoir n'avait jamais failli juqu'ici, elle n'avait aucune raison de douter de lui mais Katakuri se rappela qu'ils étaient nombreux à être passé par cette phase et que, contrairement aux apparences, cette confiance que Mama plaçait en ses chouchous avaient l'effet inverse. Il en résultait une pression et une volonté de perfection si intense — et vouée à l'échec — qu'elles conduisaient à la tristesse et au sentiment de ne jamais être assez bien.

Ill y avait beaucoup pensé depuis la catastrophe de la dernière Tea Party. Mama avait planté des graines empoisonnées dans la tête de chacun de ses enfants et il était impossible que Pudding ait été épargnée par ce même venin. Heureusement que personne ne pouvait lire dans ses pensées, sa remise en question des choses aurait aggravé son cas. Et il n'était toujours pas prêt à l'admettre à voix haute. Mais King avait raison, la jeunesse de Pudding était la clé de cette histoire.

— Probablement pas, répondit-il enfin.

— Est-ce qu'ils vont nous fixer comme ça toute la journée ? Grommela King sans l'écouter.

Deux commerçants voisins discutaient entre eux et le sujet de leurs messes basses n'était pas difficile à deviner dans la mesure où ils ne faisaient preuve d'aucune discrétion. Comme le redoutait Katakuri, ils braquaient leurs index accusateurs sur lui.

— Il y a des chances, tout le monde a reçu le mémo me concernant. Ignore les.

Cette consigne avait l'air difficile à tenir pour King. Il l'avait dit toute à l'heure : il détestait qu'on le dévisage et là il s'embrasait d'énervement sous les regards. Katakuri dut se décaler d'un pas pour ne pas être brûlé. Il l'enviait un peu d'avoir cet atout sur le dos pour le protéger.

— Ces gens, reprit King, ils ont l'habitude de côtoyer ta soeur ?

— En tant que voisins de boutique je suppose, mais elle est comme une princesse pour eux.

— Tu leur as parlé ?

— Pas depuis le jour de la disparition de Pudding. Mais ils ne me diront plus rien de toute façon, se résigna Katakuri sans voir que l'intérêt de King grandissait.

Il plissa les yeux, ses ailes tressaillirent un instant, et après une seconde de réflexion, il trancha :

— Je vais leur dire deux mots.

Il se dirigea vers eux d'un pas décidé. Katakuri se précipita à sa suite, soudain inquiet de ce qu'il allait leur faire. Il avait déjà bousillé une maison pour rien, qui sait ce quel autre genre de chaos il pouvait provoquer parce que deux crétins l'avaient regardé de travers.

— Eh, j'ai dit ne tue personne.

— Si je tuais pour des raisons aussi futiles je n'occuperai pas le poste de bras droit.

Katakuri le laissa s'éloigner mais n'était pas rassuré pour autant. Il ne voulait pas faire trop de vagues. Il était sur la sellette, si un accident parvenait aux oreilles de Compote ou de quelqu'un d'autre, il n'était pas sûr de ce qui pourrait lui arriver. Mais King avait tendance à faire taire sa prudence pour laisser place à la curiosité.

Les bavards paniquèrent légèrement en voyant le lunaria s'approcher d'eux à toute vitesse, porté par ses longues jambes. Ils étaient habitués aux carrures gigantesque mais il y avait de quoi prendre peur face à un homme enflammé qui n'avait pas l'air amical. Toutefois, ils ne s'échappèrent pas. Ils se contentèrent de reprendre leurs activités comme des écoliers qui auraient été surpris en plein bavardage par un professeur particulièrement intimidant.

Arrivé à leur niveau, King s'accroupit pour les voir de plus près. De cette façon, il ne faisait plus que deux ou trois têtes de plus qu'eux. Soit largement assez pour les terroriser. Ils bafouillèrent de vagues salutations polies, que King ignora.

— Dites les pipelettes, vous auriez une minute à m'accorder ?

Il n'attendit pas la réponse et coinça le manteau d'un des deux hommes entre deux de ses doigts. Katakuri vérifia les environs encore une fois, il n'avait aucune envie qu'un membre de sa fratrie assiste à ça et les yeux médusés des quelques passants ne lui plaisaient pas non plus. Si quelqu'un avait l'idée de se plaindre des frasques de King, il était vraiment foutu.

Le malheureux qu'il avait choisi n'appréciait pas beaucoup de se retrouver tout à coup aussi loin du sol : il avait changé de couleur et semblait sur le point de s'évanouir. Mais il gardait son calme, des années à vivre à Totto Land lui avait appris à ne pas paniquer face à un pirate mécontent.

— Dis moi toi, tu ne saurais pas quelque chose sur la gamine qui a disparu par hasard ?

Il se tourna vers Katakuri.

— Comment elle s'appelle déjà ?

— Pudding.

— C'est ça, Pudding. Parce que je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tu sais un truc.

King avait une façon de parler à la fois tranquille et menaçante. Sa voix doucereuse pouvait tout aussi bien bercer quelqu'un que le condamner à mort. Dans le cas présent, la seconde option paraissait plus appropriée.

— N... Non ! Bafouilla l'homme en brandissant les mains devant lui. Je ne sais pas où est mademoiselle Pudding je…

Katakuri ne voyait pas l'intérêt de cet interrogatoire. Il ne comptait tout de même pas interroger toute la ville comme ça !

— Tu es sûr que tu n'as rien à me dire ?

L'homme jeta un regard suppliant à Katakuri qui n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit.

— Bon, dit King.

Juste avant de se mettre à secouer son prisonnier dans tous les sens, comme un chiffon plein de poussière. Katakuri écarquilla de grands yeux surpris.

— Mais qu'est-ce que tu fabriques ?

— Une seconde.

Il continua de secouer sa victime comme un prunier et s'arrêta d'un coup, pour lui laisser le temps de respirer.

— Et maintenant ? Demanda-t-il.

— Je ne… comprends pas, s'excusa l'homme, sur le point de rendre son petit déjeuner.

— Ok, tu l'auras voulu. C'est reparti pour un tour.

— Non !

Katakuri était extrêmement embarrassé par la scène mais il avait aussi très envie de rire. Son incapacité à entrevoir l'avenir en présence de King le rendait vulnérable à tout ce qu'il faisait et il n'aurait jamais pu imaginer qu'il utiliserait une technique pareille pour faire parler quelqu'un. Rien que d'imaginer la façon dont l'information allait circuler le faisait sourire. Néanmoins, il tapota l'épaule de King pour le faire s'arrêter. Il ne fallait pas que l'homme succombe à son tournis.

King cessa aussitôt et tendit son autre main devant l'homme, devenu complètement livide.

— La clé, ordonna-t-il. Ou je recommence.

Vaincu par la force centrifuge, le pauvre voisin puisa dans les dernières forces qui lui restaient pour fouiller sa poche et en sortir une toute petite clé tremblante. Elle était enchantée mais les secousses de King l'avait visiblement paralysée. Il était au moins trente fois trop grand pour la manipuler mais il susurra un "merci" à l'instant où l'on déposa l'objet dans sa paume. Satisfait, il le libéra et l'encouragea à avancer d'un petit coup de pied.

— Allez zou, fous moi le camp.

Le voisin, soutenu par son acolyte de tantôt, tituba le plus loin possible de King. Katakuri resta immobile un moment, à fixer la clé brillante. Quand il croisa de nouveau le regard de King, il reprit ses esprits.

— J'ai besoin de connaître ton raisonnement sur le champ.

— J'étais sûr de rien. Mais j'ai l'habitude des gens qui matent et d'instinct, je sais quand ils manigancent un truc.

Katakuri était un peu frustré de ne pas avoir trouvé cette clé lui-même mais il avait mieux à faire que de s'apitoyer sur son sort. Il fallait ouvrir la caisse. Il ne croyait pas y trouver grand chose mais au moins il avait la sensation d'avancer. Le problème, c'est qu'ils avaient besoin d'aider pour ouvrir cette fichue boite.

/

King voyait bien qu'il avait mis Katakuri mal à l'aise. Encore une fois. Ce n'était pas son but initial et dans d'autres circonstances il aurait été satisfait de prouver sa supériorité mais là, il ne tirait aucune gloire de son geste. D'une part parce qu'il ne voyait rien de positif dans les enseignements qu'il avait tiré de la traque aux lunarias et de la fascination qu'il pouvait susciter, d'autre part parce que le peu de temps qu'il avait passé dans ce pays lui avait appris que Katakuri était constamment moqué et mal considéré. Ça lui était trop familier pour qu'il se réjouisse de son désarroi.

Il chassa ce silence pesant le plus vite possible.

— Bon, si tu ordonnais à une bestiole d'ouvrir ce truc pour nous ? J'ose même plus bouger de peur de la perdre.

— Je ne peux pas, on ne m'obéira pas.

— Qu'est-ce que t'en sais ? T'as même pas essayé. Ils oseront pas protester, alors vas-y.

L'expression de stupeur qu'il observa dans ses yeux pour toute réponse était franchement inquiétante. Et ça commençait à l'agacer. Qu'est-ce que ça devait être quand Big Mom était là. Il était obéissant au point de ne même pas imaginer qu'il pouvait juste… Faire comme il voulait ? Au pire quoi ? Ils lui colleraient un nouvel avertissement ? King prit presque personnellement le fait que Katakuri se laisse marcher dessus de cette façon.

— Je ne dois pas essayer, dit celui-ci d'un ton plus ferme. Ce qui s'applique aux autres s'applique à moi aussi.

— Je suis là depuis une semaine et je sais déjà que t'es le seul de ta famille à respecter les règles.

King interpella une jeune femme qui passait dans la rue et lui ordonna de les aider, en utilisant bien le nom de Katakuri comme argument d'autorité. Il voulait lui prouver que malgré les consignes, jamais elle n'oserait lui désobéir. Évidement, elle s'exécuta gentiment. Sans protestation ou supplication. Elle se dépêcha simplement de faire ce qui lui était demandé et de déguerpir au plus vite.

— Tu vois, c'était pas la mer à boire, râla King.

— Elle n'avait pas envie de se faire secouer elle non plus, c'est tout. Rien à voir avec moi.

— Elle t'aurait obéit je te dis, s'énerva-t-il. Tu es Général ou pas ? Le respect ça se force, merde. Les laisse pas oublier aussi facilement que c'est toi qui commande !

Le visage impassible de Katakuri se fit plus dur. Il consentait à subir une punition mais n'était certainement pas soumis au point de laisser King lui feuler dessus.

— En quoi ma façon de gérer ma sentence te concerne ? Regarde plutôt le contenu de cette boîte.

King prit le mur du café comme appuie et fit de son mieux pour vider le contenu de la caisse dans sa main. Elle était assez grande pour ne rien laisser échapper. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant, comme on pouvait s'y attendre. Quelques billets, de la petite monnaie, des relevés de compte écrit à la main, des bons de réductions et autres accessoires qu'il était parfaitement normal de trouver dans la caisse d'un restaurant. Katakuri soupira alors que King s'embêtait à défroisser une feuille de papier complètement chiffonnée.

— T'es conclusions, monsieur l'expert ? Il n'y a rien là-dedans, grogna Katakuri que King soupçonnait de retenir très fort un "je te l'avais dit".

— Je t'ai vexé ?

— Non, je suis contrarié parce que tu as détruit le café pour rien.

Une fois vaguement parvenu à aplatir le papier froissé King plissa les yeux pour déchiffrer ce qu'il y avait dessus. Heureusement pour lui, il avait de bons yeux. C'était un avis de recherche. Il ne reconnut pas le visage tout de suite mais le nom lui était familier. Les informations se bousculèrent dans sa tête, il prit le temps de raccrocher les wagons un à un et, comprenant de quoi il était question, il eut soudainement envie de toute laisser tomber.

— Bien sûr, soupira-t-il, complètement affligé. Dis moi, est-ce que tu peux me dire pourquoi vous avez eu des problèmes avec l'équipage de Chapeau de Paille ?

Katakuri, réalisant qu'il allait devoir lui refaire des confidences, soupira.

— Ils sont venu chercher un membre de leur équipage.

— Le fils de cette raclure de Judge Vinsmoke, si j'ai bien compris. J'ai croisé le fer avec lui.

King serra le poing. Évoquer le nom de l'ex MADS lui donnait des envies de violence mais Katakuri n'avait pas besoin de le savoir.

— Et qu'est-ce qu'il foutait chez vous exactement ?

Katakuri et lui se fixèrent droit dans les yeux pendant quelques secondes. Jusqu'à ce Katakuri comprenne que oui, il allait vraiment devoir cracher le morceau.

— Mama voulait s'approprier le royaume de Germa et leur science. Pour les attirer ici, elle devait marier Pudding à un des fils de Judge. L'objectif était de tous les tuer pendant la cérémonie de la Tea Party et garder leurs vaisseaux pour nous mais Chapeau de Paille a débarqué.

Les fameux mariages arrangés de Big Mom. Évidement. King n'était pas étranger à cette stratégie. Elle lui avait déjà proposé la main de certaines de ses filles, à lui. Comme des pions à sacrifier pour récupérer le seul lunaria encore en vie et le mettre sous sa coupe. Il avait toujours refusé et vu l'aveu que Katakuri venait de lui faire, il avait bien fait.

— Et c'est pendant la cérémonie qu'un truc à foiré mais tu sais pas quoi et depuis ce jour là vous l'avez pas revue la petite, j'ai raison ?

— Oui, pourquoi qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il, fébrile à l'idée que le mystère s'éclaircisse.

— J'avais raison : elle fait son cirque depuis le début c'est tout, dit-il. A mon avis, c'est elle la plus déçue de ne pas avoir pu se marier dans l'histoire.

Katakuri cilla, surpris, puis secoua la tête.

— Non, tu n'as pas compris. C'est elle devait le tuer et elle a raté son coup. Au début je pensais que c'était pour ça qu'elle se cachait, de peur d'être punie mais personne ne lui en veut pour ça, au contraire c'est grâce à elle que…

King l'interrompit d'un geste.

— C'est toi qui a mal compris. Je suis en train de te dire : je pense qu'elle avait pas du tout, mais alors pas du tout, envie de le tuer et qu'elle ne veut pas que vous le sachiez.

— … Quoi ? Bafouilla Katakuri.

King pinca tout doucement l'avis de recherche de Sanji Vinsmoke, qui avait été roulé en boule et planqué dans le petit coffre comme un secret honteux, puis le mit sous le nez de Katakuri.

— Ça, c'est un souvenir dont elle était incapable de se débarrasser.

Le visage de Katakuri était toujours impassible mais ses yeux étaient suffisamment perçants et interrogateurs pour que King se fasse le plaisir d'expliquer. Il était un peu fier d'avoir trouvé en deux secondes la petite planque de Pudding là où son propre grand frère avait échoué.

— Elle a craqué pour son ex-fiancé, c'est tout. Si elle était censé le tuer, et vu comment ça se passe chez vous, elle doit crever de trouille dans un coin de se faire renier si jamais quelqu'un s'en aperçoit. Mais comme c'est une gamine de seize ans elle n'a quand même pas pu jeter ce truc. Elle l'a juste mis ailleurs que dans un journal ou un oreiller en se disant "personne fouillera là". Raté cocotte.

A l'instant où il avait prononcé les mots "elle a craqué" Katakuri avait changé de couleur. Son visage stoïque c'était transformé. Le sort qui attendait Pudding pour un tel pêché était-il pire que celui que subissait Katakuri en ce moment ? King n'en avait pas grand chose à faire du sort de cette inconnue mais il ne pouvait pas s'empêcher de prendre cette famille en pitié. Ce qu'il voyait là n'était que la partie immergée de l'iceberg, il en était conscient, mais rien que ça lui coupait l'envie de la balancer.

— Tomber amoureux du mec à qui on veut vous marier chez vous c'est passible de sanction ?

Katakuri ne répondit pas. Il semblait réfléchir à toute vitesse sur la suite des évènements. Il ne s'attendait certainement pas à ça, mais King était un peu étonné qu'il ne cherche pas à nier encore une fois. "Non ma soeur n'aurait jamais eu la bêtise d'avoir un faible pour ce minable !" bla, bla, bla. Mais non, il resta silencieux. Quoiqu'il se passait dans sa tête en ce moment, c'était très important. Quand enfin il se rappela de la présence de King, il lui lança un regard agressif — très semblable à celui de sa mère — mais aussi un peu paniqué.

— Ne dis rien à personne, ordonna-t-il.

— Ok, se contenta de dire King en haussant les épaules. C'est vos histoires.

— Je suis sérieux, personne ne doit le savoir, dit-il avec un grondement animal dont la menace était accentuée par ses crocs luisants.

King manqua de lui lancer une nouvelle pique sur leurs règles absurdes qui ne servaient à rien puis pris conscience d'un détail : Katakuri était finalement en train de dissimuler des infos à sa famille. Le très obéissant fils aîné de la fratrie était prêt à se laisser piétiner comme un vaurien pour se racheter auprès des autres mais il refusait de jeter sa petite soeur en pâture. Ce qui s'appliquait à lui ne s'appliquait pas toujours aux autres finalement.


Juste une petite précision sur ce que dit King au sujet de Judge, pour l'instant on en sait rien dans le canon mais comme il a été torturé par des scientifiques, il y a des chances pour que les MADS soient responsables. (Dont Queen, même si j'ai dit qu'il avait jamais vu King sans masque quelques chapitres avant ça, my bad) Alors je vais le faire mépriser tout ce qui se rapproche d'un mec en blouse blanche qui fait des expériences.

J'espère que ça vous a plu. J'ai hâte d'en arriver aux scènes où ils ont des vraies conversations parce que pour l'instant ils se disent juste "haha on dirait moi" mais ils ont pas fini de s'apprécier.

Je préfère ne pas donner de date au cas où je n'arriverai pas à sortir de chapitre dans deux semaines, mais ça continue, pas d'inquiétude !

A la prochaine !