Surprise ! Je ne croyais pas y arriver (et je suis à la bourre rapport à mon heure habituelle) mais c'est bon ! Le chapitre est prêt. Je vais pouvoir reprendre mon rythme de publication habituel, youpi.

Alors que diriez-vous d'un peu de KataKing pour la journée ? Surtout que c'est le premier chapitre où ils discutent chill. Et King il a besoin de parler, ça se voit. Maintenant il va juste leur falloir des plombes à comprendre qu'ils doivent se faire des bisous. Mais c'est ça qu'on aime.

Bonne lecture !


King et Katakuri n'étaient pas équipés pour passer inaperçus. Aucun bâtiment de Chocolate Town ne pouvait les cacher aux yeux des autres et, King l'avait répété jusqu'à en avoir la nausée, il détestait être regardé. Après avoir passé trois heures à fureter à la recherche d'informations, sans trop de résultat, ils étaient retourné à Flour Town pour déjeuner. Comprenant que son prisonnier était un peu irrité par les curieux, Katakuri l'avait entraîné dans un quartier calme — son préféré, à vrai dire. Il y avait un parc suffisamment énorme pour leur permettre de s'y perdre. Tout était fait de sucre et sentait la confiture et la framboise. Quelques homies s'y promenaient dans le calme et nourrissaient les quelques animaux qui s'y trouvaient. C'était Brûlée qui avait aménagé le secteur, en cadeau pour son frère. Il reconnaissait sa patte à chaque fois qu'il venait ; elle avait essayé de reproduire le coin où il aimait s'isoler dans la forêt, pour le mettre à l'aise.

King n'avait pas fait le moindre commentaire, pour lui tout se ressemblait, mais il avait bien accueilli l'absence de foule. Tous les deux s'étaient assis entre deux arbres géants, dont les branches étaient garnis de desserts tout prêts à être cueillis et consommés.

Katakuri n'était pas fâché d'être revenu. Il se sentait plus à l'aise chez lui. Il était moins tendu en sachant que ses frères et sœurs ne risquaient plus de lui tomber dessus. King lui, avait toujours ce même air fâché, où qu'il soit. Il n'avait pas bronché à l'idée de rebrousser chemin parce que son estomac avait réclamé de quoi manger et Katakuri avait sauté sur l'occasion pour fuir à toute vitesse, avant que Oven ou quelqu'un d'autre débarque pour voir qui avait maltraité les habitants et n'en profite pour le sermonner. A présent, il tenait compagnie à King pendant qu'il grignotait des pâtisseries couvertes de glaçage et de caramel en guise de petit déjeuner. Lui aussi avait faim mais il n'avait pas envie de s'isoler. Pas tout de suite. Il avait trop de choses dans la tête et trop de questions à poser.

Il essayait de ne pas avoir l'air trop tenté par le gâteau que King tenait dans la main. Si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait gobé tout rond.

— Tu comptes toujours me mordre ? Demanda-t-il la bouche pleine, après avoir senti le regard de Katakuri sur lui.

Il parlait de sa menace de tantôt. Sous le coup de la peur, il avait montré les crocs pour le dissuader de parler de sa découverte du ... Béguin de Pudding. Il le regrettait un peu. Il lui avait donné beaucoup plus d'informations en suréagissant comme il l'avait fait que s'il c'était contenté de lever les yeux aux ciel et de lui faire croire à un bête caprice d'adolescente. Étonnamment, King n'avait pas eu l'air intimidé le moins du monde par sa bouche et n'avait pas cherché à lui faire du chantage. Mais il s'en voulait d'avoir perdu son sang froid et de lui avoir montré cette part de lui qui le répugnait tant.

— Non, tant que tu tiens ta langue tu ne risques rien. Mais j'aimerai bien savoir comment tu as deviné ce qu'elle avait dans la tête, avoua Katakuri, un peu embarrassé.

— Ce n'est pas une compétence dont je suis fier.

Il avala sa dernière portion de gâteau et se lécha les doigts. En se tournant pour regarder Katakuri — toujours au bord du supplice face à une image pareille — il s'étonna de le voir jeûner.

— Tu ne manges pas ?

— Pas maintenant, esquiva-t-il. Alors ?

— Alors quoi ?

— Alors comment tu as su que Pudding avait...

Il laissa sa phrase s'éteindre toute seule. Il avait l'impression que s'il le verbalisait, il la condamnerait une bonne fois pour toute. King haussa un sourcil. Ce qui était catastrophique pour la famille Charlotte lui passait totalement au-dessus et il s'en cachait pas.

— J'ai pas vraiment deviné, j'ai juste fait le calcul. J'ai pensé : ado, chiante, mariage arrangé, fugue, rébellion, et ça m'a paru évident. J'y ai droit tous les jours à ce genre de conneries, je suis presque un expert.

Katakuri se demandait s'il devait rire ou appeler quelqu'un pour confirmer l'identité du bras droit de Kaido sur le champ. Ce n'était vraiment pas l'idée qu'il se faisait de l'équipage aux Cent Bêtes. King pouffa de rire devant son expression ahurie.

— Ça surprend, je sais.

— Ce n'est pas que c'est surprenant, c'est que ça me semble carrément hors sujet, le devança Katakuri. L'équipage de Kaido, de ce que je sais, est plutôt friand de carnage. Les ... problème d'adolescents je ne croyais pas que ça vous concernait.

— Ha ! Alors là...

Il tendit la main devant lui et abaissa un doigt à chacune des anecdotes qui lui venait à l'esprit.

— Entre la pseudo rockstar hasbeen qui couche avec ses groupies, la matrone qui adore dominer les hommes faibles, les gifters qui se découvrent des nouveaux attributs fonctionnels — et crois-moi tu ne veux pas le détail — les éternelles fiestas avec des partenaires commerciaux qui ont le feu au cul et les jeunes vraiment trop cons pour ce monde... Je suis exposé à beaucoup, beaucoup trop, de drames passionnels. Je reconnais les signes malgré moi maintenant. J'ai beau faire tout mon possible pour m'en tenir éloigné, je suis toujours entraîné dedans. Soit parce que je suis le seul à pouvoir régler les problèmes que ça créé, soit parce qu'ils viennent me raconter leur vie. T'as ajouté baby-sitter à ma liste de compétence ? Tu peux ajouter psychologue.

Katakuri n'avait même pas besoin de poser de questions, il déversait un flot de parole comme s'il se contenait depuis des années.

— Moi je m'en fous, c'est pas mon boulot de gérer leurs conneries normalement mais ils ne peuvent pas s'empêcher de me mêler à leurs histoires. Quand je ne surprend pas des choses sans faire exprès, évidemment. J'ai commis l'erreur impardonnable d'être discret alors ça arrive qu'ils oublient ma présence et fassent leurs saloperies devant moi sans avoir remarqué que j'étais là. Je préférerai fusionner avec le décor et qu'on m'oublie ou qu'on me laisse bosser mais rien n'y fait.

— Je vois, compatis Katakuri.

— C'est pas un équipage, c'est un baisodrome.

Katakuri aurait aimé trouver quelque chose à répondre mais il en était bien incapable. Il n'avait jamais été dans ce genre d'ambiance — ses frères lui avaient fait des confidences qui aurait scandalisé Mama mais il s'était juré de jamais les accompagner dans leurs croisades — et imaginer King dans un milieu pareil ne lui faisait pas franchement plaisir. A l'entendre, il ne cautionnait pas les histoires dont il parlait et n'avait pas l'air d'y prendre part mais Katakuri n'était pas très sûr d'avoir envie d'en entendre plus. Et si King, contrairement à ce qu'il prétendait, était coupable de certaines des errances amoureuses de bien des pirates d'Onigashima ? Avec un physique pareil, il avait dû briser un cœur ou deux. S'il se mettait à lui raconter sa vie privée dans les détails, Katakuri savait qu'il allait se sentir mal et il ne l'assumait pas du tout. Heureusement, deux secondes de concentration et un petit coup d'œil à l'avenir le soulagèrent. Aussi, il se risqua à pêcher des informations.

— Et toi ? Tu... As déjà été à l'origine de ce genre de problème ou ... ?

— Moi ? Tu crois que j'ai le temps pour ça ?

— Apparemment tu as le temps d'écouter les ragots.

— Ah non, j'ai pas le temps. Mais on me demande rarement mon avis, se désola-t-il.

— Tu me dis de me faire respecter mais toi-même tu n'as pas l'air très doué.

Katakuri pensait faire de l'humour mais la flamme vive qui se mit à grandir dans le dos de King exprimait plutôt l'agacement. Il ne dit plus rien pendant de longues secondes. Assez longues pour donner envie à Katakuri de s'excuser. Il ne le fit pas, il avait une réputation à tenir, mais il regretta d'avoir été un peu trop loin.

— Ok, touché, admit King au bout d'un moment.

— Ce qui m'étonne le plus, c'est que tu sois capable de déchiffrer une fille de seize ans, se précipita Katakuri pour revenir au sujet. Les "errements" des autres lieutenants de Kaido n'ont rien à voir avec ce genre d'histoire. J'espère en tout cas.

King sourit.

— Non, c'est sûr. Mais nos gosses à nous ont déjà essayé de cacher des trucs à Kaido aussi. Et puisque je suis le seul à savoir faire fonctionner mes neurones, je suis aussi le seul qui parviens à déjouer leurs plans. Les fugues, les rébellions, les promesses d'amour éternel qui se finissent en drame, les désirs d'émancipation... Je connais.

Il se tut une seconde et observa Katakuri de la tête aux pieds. Il n'y avait pas besoin de voir l'avenir pour comprendre ce qu'il pensait. Selon lui, ce genre de mésaventure devait être monnaie courante sur Totto Land, l'île paradisiaque où chacun est censé pouvoir vivre un conte de fée. Il ne connaissait pas Mama : c'était son conte de fée, ses enfants n'en étaient que les figurants.

— Pourquoi c'est si dangereux que les gens apprennent que... C'est quoi nom ?

— Pudding.

— Que Pudding soit transie d'amour dans un coin ? Au mieux ça lui passera, au pire une bonne engueulade et c'est réglé.

Se fut au tour de Katakuri de ricaner.

— C'est plus compliqué que ça.

— Oui j'ai compris, ma question c'est "pourquoi".

— C'est pas l'amour le problème, c'est la désobéissance. Si elle ne lui a pas tiré dessus le jour du mariage — alors que c'était sa seule mission — pour cette raison, alors c'est de la trahison.

Il n'alla pas plus loin. Confier à King les règles de sa famille dans les moindres détails n'était toujours pas une bonne idée et la façon dont il le regardait le confortait dans sa décision. Il avait l'air légèrement perdu tout en donnant l'impression d'avoir tout compris.

— Et tu ne vas pas la dénoncer, affirma-t-il.

— Non, confirma Katakuri.

— Intéressant.

Katakuri ne savait pas s'il était vraiment captivé par ce qu'il racontait où s'il se payait sa tête.

/

King avait de plus en plus de mal à cerner Katakuri.

Il était totalement dévoué à son équipage, au point de subir une sanction stupide de la part de gens qui, en temps normal, devaient lui obéir sans broncher. Mais dans le même temps, il couvrait une soeur qui avait commis quelque chose de bien plus grave selon leurs règles et tant pis pour les répercussions. C'était encore plus absurde : il respectait les règles avec un zèle et une exemplarité de moine mais cachait les conneries d'une famille qui n'en avait rien à foutre de lui. De ce qu'il savait, son frère Cracker s'était précipité pour lui mettre la fuite de Chapeau de Paille sur le dos afin de s'en sortir blanc comme neige. Katakuri n'était pas un idiot mais ses choix l'étaient.

Il lui suffisait de parler et son honneur serait lavé : la fautive serait enfin punie et tout rentrerait dans l'ordre. S'il avait été à sa place, King n'aurait pas hésité une seule seconde à balancer ses pairs dans les griffes de Kaido. Il aurait même savouré le spectacle. Mais Queen et Jack n'étaient pas des adolescentes romantiques et Kaido ne punissait pas les coucheries stupides mêmes quand elles conduisaient à des accidents diplomatiques. De toute façon, l'alcool le faisait oublier.

Le fait que l'équipage de Big Mom soit une famille expliquait ces contradictions. La fratrie Charlotte était partagée entre loyauté, rivalité et affection. Katakuri était un bon garçon parce qu'il était attaché à ses proches et non pas pour le plaisir d'avoir un paquet de médailles attachées à sa veste. Et King n'avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait faire ; de vouloir protéger quelqu'un d'autre que son capitaine. Il n'avait pas assez d'estime pour qui que ce soit en dehors de celui qui lui avait rendu sa vie.

— Tu vas arrêter de la chercher ? Demanda-t-il alors, prêt à entendre qu'il allait devoir retourner glander dans sa chambre jusqu'à ce que Big Mom réapparaisse et l'ajoute à sa collection.

— Non, je suis toujours inquiet pour elle. Et quand je l'aurais retrouvée je pourrais lui en parler. Il faut à tout prix que je lui mette la main dessus avant les autres.

Il parlait presque tout seul et son front plissé amusait King. C'était un miracle que cet homme n'ait pas encore le moindre cheveux blanc avec tous les soucis qu'il avait.

— Je peux te demander quelque chose ? Demanda King.

— Quoi ?

— Comment tu es devenu Général ?

Diverses émotions défilèrent dans les yeux de Katakuri et il reconnut la méfiance. King s'étonnait toujours de le voir être surpris par ses questions, visiblement son don ne fonctionnait pas de façon permanente. Ses crocs grincèrent une seconde avant qu'il n'accepte de répondre.

— Tu veux savoir si je mérite ma place.

King ne chercha pas à nier. Il était infoutu de mentir de toute façon. Katakuri aurait pu s'offenser mais, évidemment, il était d'un calme olympien.

— Je n'aime pas l'idée de me justifier auprès de toi. Alors tu t'en passeras. Si tu veux qu'on s'affronte pour tester ma force, allons-y. Mais je suis en meilleure condition physique que toi, ce ne serait pas juste.

Il était toujours stoïque mais capable d'humour quand on le chatouillait un peu. Sa provocation n'avait pas pour but d'énerver King — où si c'était le cas, ça ne marchait pas — mais de jouer avec lui. Et il goûtait volontiers à ce jeu.

— T'es sur de ça ? Sourit King en pointant son index sur le pansement qui recouvrait une partie de l'abdomen de Katakuri. Visiblement, je t'ai un peu amoché aussi.

— Tu fais erreur, répondit-il avec un sourire satisfait. Cette blessure n'a rien à voir avec toi.

— Chapeau de Paille ?

— Non plus. Je me suis fait ça tout seul.

Cette déclaration cloua le bec de King. Il s'était attendu à tout sauf à ça.

— Ah.

Face à son petit air triomphant, King se servit de ce qu'il avait compris du personnage. Depuis le début de la conversation, Katakuri était incapable de prononcer les mots "amour" ou "amoureuse" et avait eu l'air très gêné par ce qu'il avait raconté sur son équipage. La pudeur était son point faible. Alors, il se montra sournois.

— Masochisme ?

— Qu... Non !

Comme prévu, il piqua un fard.

King laissa échapper un petit rire satisfait mais n'étant pas aussi sadique, il ne le laissa pas souffrir longtemps et lui tendit la perche pour fuir.

— Je veux bien l'histoire alors.

Il fallut quelques secondes à Katakuri pour retrouver un semblant de confiance.

— Il n'y a rien d'extraordinaire à raconter non plus...

— J'espère pour toi que ce n'est pas de la maladresse, sinon je vais être déçu.

— Non en fait c'est idiot, oublie.

— Jamais de la vie. T'as sous-entendu qu'il fallait y aller pour réussir à te blesser alors je veux savoir ce qui t'as poussé à te faire ça.

Il soupira, toujours gêné de s'être mis dans la mouise tout seul.

— C'était pendant mon combat contre Chapeau de Paille. Quelqu'un a interrompu notre duel et l'a blessé de façon affreusement déloyale. Je me suis fait ça pour égaliser le score. Je n'aime pas tricher. D'où le fait que je ne veuille pas me battre contre toi maintenant.

King ne savait pas s'il devait être affligé ou admiratif.

— Du coup tu as perdu. C'était stupide.

Katakuri plongea son regard dans le sien. La sévérité de ses yeux devait être terrifiante pour le commun des mortels. Il n'avait pas besoin de dire un seul mot pour faire comprendre le message.

— A vaincre sans péril on triomphe sans gloire, dit-il en croisant les bras sur sa poitrine.

— Tout ce que je vois c'est que tu n'as pas vaincu. A ta place, j'aurais utilisé tout ce que j'avais à ma disposition pour écraser ce gosse. Je me fous de la gloire.

— Vraiment ?

Si les yeux de Katakuri étaient faciles à lire, son sourire était plus compliqué à déchiffrer. Son visage dur, sa bouche aux crocs seyants et ses cicatrices accentuaient la moindre de ces mimiques mais elles ne les rendaient pas moins complexes. Il ne souriait pas souvent et chaque fois qu'il le faisait, il avait un air si différent qu'il semblait être une autre personne. Il n'y avait ni joie, ni cruauté, ni humour dans sa façon de rire ou de s'amuser de quelque chose. Ça lui donnait plutôt la tête d'un gamin à qui on donne la permission de manger une friandise interdite. Jouer à taquiner King avait tout l'air d'être une expérience inédite pour lui.

— Si c'était vrai, poursuivit Katakuri avec ce même air espiègle rendu légèrement inquiétant par ses dents proéminentes. Tu aurais suivi Cracker quand il te l'a demandé. Mais tu m'as dit que tu ne "t'abaissais pas" à obéir aux gens à qui tu as botté le cul. Tu ne dois pas t'en foutre tant que ça.

Une multitude de souvenirs défila dans la tête de King. Une part de lui voulait répliquer et rire au nez de Katakuri, une autre savait qu'il était dans le vrai Il y avait longtemps qu'il avait mis toutes ses notions d'honneur, de fierté et de justice à la poubelle. Travailler pour Kaido pendant toutes ses années l'y avait bien préparé : ce qui comptait c'était la force et les résultats obtenus grâce à elle. S'encombrer de principes, c'était se mettre des poids aux chevilles soi-même. Pourtant, une toute petite part de lui se souvenait de ce à quoi il croyait avant que son destin ne bascule. Peut-être que Katakuri avait raison, il avait des restes.

Mais des restes trop maigres pour qu'il reconnaisse leur existence.

— Si la droiture te tient à cœur à ce point là, tu devrais commencer par te demander pourquoi tu es seul à y tenir, conclut King.

Leur discussion s'arrêta là. Ils savourèrent le silence et le calme de la ville sans plus dire un mot.

Mais étrangement, King n'avait pas eu une conversation aussi stimulante depuis très longtemps. Katakuri avait appuyé sur des boutons qui aurait dû le mettre hors de lui et pourtant il ne ressentait ni frustration, ni agacement. Au contraire, il était parfaitement détendu. Tellement détendu qu'il ne se préoccupait même plus de la douleur de son aile estropiée.

/

Katakuri avait regagné sa chambre plus tôt que prévu. Sa mauvaise nuit l'avait épuisé, il avait mis de côté ses responsabilités habituelles — après les avoir déléguées à des lieutenants fiables — dans l'intention de dormir dès que possible. Il avait beaucoup de choses à penser et s'il voulait reprendre ses recherches avec l'esprit clair, il devait être en forme. Du moins, c'est ce qu'il se répétait pour se donner bonne conscience.

En vérité, il avait besoin d'isolement. D'habitude, il profitait de ses meriendas pour décompresser mais depuis qu'il ne cachait plus sa mâchoire, celles-ci avaient perdu leur sens. Il sentait toujours le besoin de vivre avec ce rituel mais il culpabilisait de faire travailler des cuisiniers pour son confort personnel alors que ça n'avait plus de raison d'être. Pourtant, il continuait de se sentir submergé par le stress et il n'y avait que le calme absolu de la solitude qui pouvait le soulager. Les révélations sur Pudding l'avaient ébranlé et à présent, il se sentait parfaitement stupide.

Il avait passé toute une partie de la nuit précédente à regarder la vidéo du mariage et le fait que Pudding puisse avoir un faible pour son fiancé ne lui avait même pas traversé l'esprit une seconde. C'était pourtant évident, il aurait dû être le premier à comprendre ! Quarante huit ans dans cette famille et il s'étonnait encore d'apprendre qu'il y avait des cœurs d'artichauts parmi ses jeunes frères et sœurs. Il n'aurait pas parié sur Pudding comme première candidate à cette catégorie, elle était plutôt du genre garçon manqué méprisant toute forme de romantisme, mais... S'il avait été à sa place, personne n'aurait parié sur lui non plus et ça aurait été une erreur. Il n'y avait pas plus fleur bleue que lui. Ils grandissaient tous dans l'espoir de vivre le conte de fée promis par leur mère et finissaient tous déçus. Lui n'avait été que le premier.

Il se sentait triste pour sa sœur. Les romances ratées étaient légion ici, elle n'était pas la première à s'enticher de quelqu'un et à voir ses espoirs réduits à néant par la pression familiale. Seulement, sa situation était bien pire. Si quelqu'un d'autre apprenait qu'elle avait quelque chose à voir avec la fuite de Chapeau de Paille, le sort qui l'attendait était pire que tout. Il pensa à Lola. Son refus d'épouser le prince géant avait été la pire catastrophe que la famille ait jamais connue. Peut-être Pudding espérait imiter sa grande sœur et quitter Totto Land avant que quelqu'un apprenne ce qu'elle avait fait ?

Il laissa tomber la réflexion pour le moment, ça ne valait pas le coup de se torturer l'esprit. Après tout, il était là pour se reposer. Il se laissa tomber sur l'énorme pile d'oreillers qui lui servait de lit et poussa un long soupir de soulagement, comme à chaque fois qu'il terminait sa journée.

Il ressentit la satisfaction habituelle qui le gagnait quand il pouvait enfin reposer son dos — qui n'était pas censé toucher le sol — mais s'il était honnête avec lui-même : il se sentait bien moins tendu que d'ordinaire. Ses muscles n'étaient ni noués, ni crispés, ni endoloris d'aucune sorte. En réalité, il était fatigué mais se sentait... serein. C'était rare. Et inattendu. Sa première journée en dehors de chez lui depuis la sanction aurait dû être affreuse. Il aurait dû se sentir misérable et ne pas ressentir l'envie de faire la moindre pause ! Il était censé redoubler d'efforts et travailler d'arrache-pied pour rattraper sa faute. Au lieu de ça, il se vautrait sur les coussins et se félicitait d'avoir oser prendre du temps pour lui. Il n'avait pas besoin de chercher très loin pour comprendre d'où lui venait cette sérénité.

Au lieu de passer la journée seul à se sentir coupable sous les regards dégoûtés des citoyens de Chocolate Town, il était resté en compagnie de King. La présence du lunaria a ses côtés avait agi comme un bouclier, personne n'avait tenté de le tourmenter et, passé quelques heures, il avait cessé de se préoccuper des regards sur lui. Et de toute façon, King attirait bien plus l'attention que lui ou sa bouche. Sa beauté surprenante avait totalement occulté le reste, Katakuri aurait pu porter un costume de clown que personne ne l'aurait vu. C'était très rafraîchissant de ne pas sentir peser le poids de la surveillance sur ses épaules — même si ça avait dû être pénible pour King.

Ce qui était encore mieux, c'est qu'il avait apprécié sa compagnie. Ce n'était évidemment pas bon pour son professionnalisme ; il s'était juré de ne pas oublier que tout son temps libre était pour sa famille, mais il n'était pas en pierre et il avait déjà beaucoup de mal à rester imperturbable face à King. Le voir casser une maison et malmener des gens l'avait amusé. Et sans lui, il n'aurait jamais admis que Pudding puisse avoir des faiblesses. Tout comme il n'aurait jamais cru que King puisse lui parler de son équipage comme d'un ramassis de crétins qui mettaient ses nerfs à rude épreuve. Il n'avait pas donné de détails mais Katakuri avait déjà une bonne idée de l'énervement constant qu'il devait ressentir face à leurs bourdes. Il avait l'air de se sentir très seul, lui aussi.

Il se demandait s'il l'avait trouvé ennuyeux ou s'il avait passé une journée plutôt agréable avec lui. Il n'était pas très doué pour l'amusement mais King l'avait taquiné à plusieurs reprises, était-ce bon signe ?

Il n'en revenait pas de se poser la question. Il avait envie que King l'apprécie. C'était totalement irresponsable de sa part mais pour une fois qu'il rentrait chez lui sans savoir serré les dents toute la journée, il avait envie de prolonger l'expérience. C'était beaucoup trop rare pour ne pas chercher à recommencer. Il se réjouissait en sachant qu'il y avait des chances pour qu'ils poursuivent l'enquête à deux. Tout ça était nouveau pour Katakuri : travailler en binôme et découvrir que l'autre avait une façon de faire drastiquement différente sans que ça ne se mette en travers de ses habitudes. Il n'avait jamais été exposé à ce genre de dynamique, même avec ses frères jumeaux. C'était d'autant plus troublant qu'il savait que King partageait plus de similitudes avec lui qu'avec n'importe qui d'autre.

Être le bras armé d'un empereur était loin d'être un statut répandu. Ils étaient les deux seuls dans ce pays capables de comprendre ce que ça pouvait bien faire d'être à la place de l'autre.

Cette pensée lui réchauffa le cœur, c'était incroyable de s'imaginer compris par quelqu'un. Il avait l'impression d'avoir tissé un lien avec King sans avoir fait quoi que ce soit pour. Il essayait de se résonner, de redescendre sur terre : il s'emballait pour rien et de toute façon ce n'était pas sa place. Il avait perdu le droit de fantasmer depuis longtemps. On l'avait à l'œil, et que dirait Mama si elle le voyait maintenant ? En train de paresser dans une pile d'oreillers, le sourire aux lèvres, tout content d'avoir succombé aux charmes de l'ennemi ? Il se prendrait une volée.

Mais Mama n'était pas là. Il était tranquille.

Il pouvait rester comme ça encore un moment. Le cœur léger, heureux d'avoir son petit secret et le privilège de pouvoir approcher King.


Il est trop mignon je ne m'en lasse pas.

Maintenant j'ai hâte d'écrire les très nombreuses conversations qu'ils doivent avoir. Ils ont tellement de sujet à aborder. Là, ça me faisait surtout beaucoup rire. Avec un.e pote on s'est dit que ça devait être la foire aux dramas l'équipage de Kaido (qui est allié avec Doflamingo, rappelons le.) Pauvre King.

Maintenant, on se retrouve le 26 Février pour le prochain chapitre !

(Et aux gens qui ne regardent que l'animé et se sont spoiler le visage de King avec cette fic, l'épisode de son face reveal approche. Ca va être grandiose.)