Bon Dimanche tout le monde !
Un chapitre que j'ai eu beaucoup de mal à écrire. C'est une conversation importante qui s'y tient et j'espère avoir réussi à la rendre tangible. (toujours petit cw : suicide au cas ou, puisqu'on suit directement ce qui s'est passé la dernière fois, mais rien de méchant)
On se retrouve à la fin du chapitre pour parler du véritable évènement de la journée...
Bonne lecture !
Ça faisait cinq minutes qu'il avait la main sur la poignée mais il n'osait toujours pas entrer. Pourtant il avait l'habitude, il avait toujours été doué pour parler aux plus jeunes. Il n'aurait jamais pensé se retrouver aussi démuni. Mais Pudding n'était plus une petite fille depuis longtemps, il ne suffisait pas de la réconforter avec des belles paroles et des promesses d'avenir meilleur pour qu'elle se sente mieux. Un geste aussi grave que le sien nécessitait une attention toute particulière et des compétences qu'il n'était plus si sûr d'avoir.
En revanche, ce dont il était certain, c'était qu'il n'arrangerait rien en la laissant seule avec ses pensées encore longtemps. Elle avait besoin d'honnêteté, de compassion et de compréhension et ça il pouvait le lui fournir.
Même si en tant que maître des lieux rien ne l'obligeait à patienter, il toqua et attendit que la porte l'autorise à pénétrer dans la chambre. Elle s'ouvrit en lui chuchotant : "Ménagez la hein !"
Il entra et referma doucement derrière lui. Pudding était recroquevillée sur le lit, ses genoux ramenés contre elle. Ses deux homies l'avaient rejoint et l'entouraient pour la protéger. Ils n'osèrent rien dire à Katakuri mais se serrèrent davantage contre leur maîtresse, par peur ou par envie de lui servir de bouclier, il n'aurait pas su le dire.
La pièce et le lit étaient à la taille de Pudding et Katakuri ne savait pas où se placer dans la pièce pour avoir l'air le moins menaçant possible. Il était immense à côté d'elle. Il opta pour la position la moins intimidante de son répertoire, il s'assit en tailleur devant le lit. Comme il l'aurait fait face aux plus jeunes de la fratrie. Ainsi, il espérait se diminuer et se rendre moins tout puissant au-dessus d'elle. Elle avait probablement compris qu'il était de son côté mais elle avait besoin de preuve.
— Pudding, ouvrit-il pour guetter ses réactions.
Elle tressaillit mais ne releva pas la tête. Il la sentait tendue et honteuse. Il devait la mettre en confiance.
— Je peux te parler ?
Elle sortit son visage de ses genoux mais évita tout contact visuel et garda la bouche close. Cette mise à l'épreuve était terrible. Il n'avait jamais autant regretté de n'avoir jamais cherché à la connaître plus que ça.
— Ça fait un petit moment que je te cherche, ajouta-t-il en souriant pour cacher sa propre angoisse.
Les grands yeux bruns de Pudding se posèrent enfin sur lui. Il voyait dans son regard un mélange de rancœur, de culpabilité mais aussi de crainte familière qu'il se jura de chasser de son visage à tout jamais avant la fin de la journée.
— Comment tu as su pour la maison de Chiffon et Lola ? Demanda-t-elle d'une voix éteinte, pas vraiment intéressée par la réponse.
— Je savais que vous étiez proches toutes les trois, répondit-il aussitôt, heureux qu'elle accepte le dialogue.
— Tu es le seul à y avoir pensé.
— A ta place, c'est aussi le genre d'endroit que j'aurais choisi pour être tranquille. Et je tenais vraiment à te retrouver.
Il ne se sentait pas de lui dire qu'il était aussi le seul à s'être autant préoccupé de sa disparition.
— Oui, ricana-t-elle. Pour me récompenser d'avoir fait le gâteau idéal qui a calmé la crise de Mama.
Son ton pince sans rire trahissait sa pensée. Elle trouvait cette idée de cérémonie en son honneur parfaitement ridicule. En d'autres circonstances, Katakuri aurait été surpris que la favorite de Mama ne saute pas sur une occasion de renforcer son prestige et de rester à ce poste le plus longtemps possible. Mais avec ce qu'il savait, il comprenait. Elle était moins sûre d'elle qu'elle le laissait paraître et ne s'estimait pas digne de la récompense. En ça, il se reconnaissait.
— Pas uniquement pour ça. Mais c'est vrai que sans toi, la situation aurait été encore pire que ce qu'elle est aujourd'hui.
— Ha ! S'exclama-t-elle, visiblement en désaccord.
Elle se recula, renifla et chassa maladroitement les larmes qui lui montaient aux yeux. Katakuri attendit une explication mais rien ne vint. Elle ne voulait pas se confier.
S'il ne parvenait pas à trouver les mots justes, elle ne sortirait jamais de sa coquille. C'était trop tôt pour mentionner son rôle dans la famille. Il repensa à ce que King lui avait dit. Peut-être devait-il tenter... D'aborder un autre sujet.
— J'ai une question à te poser, qu'est-ce que Vinsmoke t'a dit ? Quand vous étiez sur l'autel ?
Elle se redressa brusquement et piqua un fard.
Il avait tapé dans le mille. Son air renfrogné avait cédé la place à la panique. De toutes les questions qu'elle avait imaginé qu'il lui poserait après l'incident, elle n'avait pas envisagé celle-ci.
— R... Rien, mentit-elle sans être convaincante une seule seconde.
— Pudding...
— Mais ça ne te regarde pas ! C'est quoi cette question ?!
Elle ne pouvait pas être plus explicite que ça. Il se retint de rire : pour la première fois, il avait l'impression d'avoir une interaction normale avec elle et de n'être rien de plus qu'un grand frère gênant. C'était comme ça qu'il allait s'y prendre.
— Je suis curieux, c'est tout.
— Et bin garde ta curiosité pour toi ! J'ai déjà assez honte comme ça, pas la peine d'en rajouter...
— Honte de quoi ?
Les Charlotte étaient coutumiers de la honte. Il connaissait déjà les pensées qui la tourmentaient et qui la faisaient se lever avec la boule ventre chaque matin depuis sa naissance. Elle avait échoué lors de la Tea Party mais ce n'était pas son échec qui la faisait rougir et pester comme une adolescente parfaitement normale et il le savait.
Elle sembla se rendre compte que la situation avait changé. Elle maintenait toujours une distance de sécurité entre elle et lui mais sa posture était moins crispée.
— C'est rien, c'est bête.
— Même si je garde le secret ?
Son troisième le considéra d'un air dédaigneux qui prêtait à rire. Il savait qu'elle était partagée entre la prudence — il cherchait peut-être à la piéger ! — et l'envie irrésistible de parler de ce qui la travaillait. Finalement, elle estima qu'il n'y avait pas de danger à lui en parler. Elle était rouge comme une pivoine. Katakuri eut une pensée pour King qui avait deviné tout ça sans l'avoir jamais côtoyée.
— Comment je peux être sûre que tu ne diras rien ?
Il hésita. Ça aurait effectivement était plus juste d'avoir quelque chose à lui donner en échange. Seulement, quarante huit ans dans la famille Charlotte l'avait rendu méfiant et il connaissait les risques. Mais il voulait établir une nouvelle relation solide avec elle et il en avait les moyens.
— Tu n'es pas la seule à avoir manqué à ton devoir ce jour là.
Il se retint de regarder l'avenir. Il ne voulait pas tricher et contrôler ses réactions. Pour le moment, elle le regardait avec intérêt. Elle semblait surprise qu'il trouve quelque chose à lui donner.
— J'ai laissé partir Chapeau de Paille. Sciemment, annonça-t-il de but en blanc, en espérant faire le bon choix.
Un silence extrêmement pesant plana entre eux. Les deux homies restèrent bouche bée mais Pudding n'eut aucune réaction. Il aurait aimé qu'elle exprime quelque chose mais elle ne faisait que le regarder. Ses trois yeux le sondaient et il s'autorisa à avoir l'air coupable. Il savait qu'elle était capable de voir s'il était sincère ou non mais elle était abasourdie.
— Tu plaisantes ?
— Ce serait une très mauvaise blague.
Elle s'avança vers lui, les yeux écarquillés de surprise.
— Tu l'as vraiment laissé fuir ?
Il hocha la tête. Il espérait avoir fait le bon choix. A la façon dont le visage de Pudding reprenait des couleurs, il était plutôt optimiste.
— Mais Mama te tuerait si elle l'apprenait !
— Je sais.
— Pourquoi tu as fait une chose pareille ? Tu connaissais les risques !
C'était une réponse compliquée à donner. Il préféra taire la promesse qu'il lui avait faite de revenir battre leur mère. Il choisit d'insister sur sa réputation de guerrier juste et digne.
— Je ne voulais pas gagner comme ça, après ce que Flampée avait fait dans mon dos. C'était trop humiliant.
— Tu crois que je vais avaler ça ?
Pudding était douée pour le mensonge mais elle était aussi douée pour les détecter. Heureusement, son aveu avait eu l'effet escompté. Maintenant, il avait l'air encore plus sur la sellette qu'elle ne pouvait bien l'être elle-même. Et elle avait l'air étrangement soulagé.
— C'est un sacré secret, admit-elle.
— Maintenant, quoi que tu me dises, tu as de quoi te défendre si je ne tiens pas parole. Alors je te repose la question : qu'est-ce qui s'est vraiment passé sur l'autel ?
Elle évita de nouveau son regard. Son troisième œil clignait nerveusement, sans trouver de point où se fixer.
— Il m'a prise au dépourvu...
Sa voix était tremblotante et toujours honteuse. Il avait du mal à imaginer comment Vinsmoke avait bien pu réussir à la déstabiliser.
— Il-a-dit-que-mon-œil-était-beau, dit elle d'un seul souffle.
Après ça, elle poussa un gros soupir. Elle devait être épuisée de garder ça pour elle.
Il fallut quelques secondes de silence de plus à Katakuri pour comprendre ce qu'elle venait de lui dire.
— Tout s'explique, se contenta-t-il de répondre.
Comprenant ce qu'il en était, il sentit son cœur s'alourdir. Les larmes lui seraient montées s'il ne s'était pas retenu. Pauvre Pudding, comment avait-il fait pour ne jamais comprendre ça ? Il était le mieux placé pour savoir ce qu'elle pouvait ressentir et jamais il ne la jugerait pour avoir flanché sur l'autel. Jamais.
Il avait entendu Mama fustiger son troisième œil — pourtant convoité ! — il l'avait vue ordonner à Pudding d'arranger sa frange pour le cacher depuis son plus jeune âge. Il avait su que des gamins s'en était pris à elle pour s'en moquer. Il n'était jamais intervenu de peur que l'incident de Brûlée se reproduise mais à quel prix ? La seule Trois Yeux de la famille, comme elle avait dû se sentir seule.
Pudding avait grandi en se cachant, jouant un rôle sur mesure pour satisfaire les ambitions grandioses de Mama. Elle avait perdu ses sœurs chéries, celles qui avaient toujours été là pour la rassurer, et avait affronté cette différence toute seule. Elle se qualifiait elle même de monstre, parfois avec fierté, mais au fond d'elle, elle devait se répugner. Elle n'avait pas d'autre choix que de se réapproprier l'insulte, c'était plus simple.
Il connaissait tout ça mieux que personne d'autre dans la fratrie. Il comprenait tout ce que Pudding pouvait refouler, les brimades qu'elle avait affrontées et le choc qu'elle avait certainement ressenti devant un compliment. Il s'en voulait terriblement. Il n'avait pas réalisé, ou plutôt, il avait préféré ne rien voir et l'avait laissée se débrouiller alors qu'il aurait pu lui tendre la main.
A présent, Pudding avait enfoui son visage dans ses mains, pour cacher le ridicule qu'elle ressentait face au silence de Katakuri. Il ne s'en voudrait jamais assez de l'avoir abandonnée à son sort alors qu'il aurait dû le savoir.
— Je suis désolé Pudding.
Sa voix se cassa, attirant de nouveau l'attention de sa sœur. Elle l'interrogea du regard.
— Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé croire que ton œil était un problème. On devrait tous être désolés.
Sa fureur retentit et se traduisit par un grognement qui lui fit montrer les dents sans qu'il ne puisse se contrôler.
— Tu n'as rien fait de mal. Tout ça c'est la faute de Mama et de ses attentes irréalisables. Elle nous répète depuis toujours qu'elle vaut créer le plus beau pays du monde, où toutes les races se côtoieraient dans l'harmonie et sans discrimination aucune, tu parles. Elle n'a jamais pu respecter ses propres enf...
— KATAKURI !
Pudding se jeta sur lui et lui plaqua ses deux mains sur la bouche sans évidemment parvenir à la couvrir complètement. Elle était profondément choquée. Il accepta de se taire.
— Comment tu peux dire ça — elle chuchota soudainement — aussi facilement ? Et si on t'entendait ?
Il sourit et écarta doucement ses mains.
— Je ne le remarque que maintenant mais... Tu n'as pas bronché.
— De quoi tu parles ?
— Ma bouche. Tu ne l'avais jamais vue pourtant.
Son expression passa du choc à l'embarras. Elle se recula, les poings serrés sur les genoux. Katakuri avait l'impression de rencontrer une autre personne. Elle n'avait décidément jamais eu l'air aussi gênée qu'aujourd'hui.
— Je l'ai vue sur les tracts placardés un peu partout. Alors j'ai eu le temps de m'y faire.
— Et ça ne te pose pas de problème ?
La réponse lui faisait plus peur qu'il ne voulait bien le montrer.
— Non, dit-elle. Mais pourquoi l'avoir cachée à tout le monde ?
C'était la première, parmi ceux qui ne l'avaient jamais vu sans écharpe, à se donner la peine de lui poser la question. Il ne savait pas si il était prêt à se livrer mais il savait que Pudding avait besoin de l'entendre.
Il prit une grande inspiration et se lança, lui aussi soulagé de se libérer de ce poids.
— Je ne l'ai pas toujours cachée. Et pourtant, qu'est-ce qu'on m'a encouragé à le faire ! Mama la première. J'avais dix ans quand j'ai commencé à porter une écharpe. Avant ça, je me fichais bien de ce que les autres pouvaient en penser. Et je ne me rendais pas compte de toutes les petites piques qu'on me lançait. Je croyais que Mama plaisantait quand elle me disait que j'avais une gueule de murène et que je faisais peur. Je pensais que c'était un compliment puisqu'elle nous poussait à être des petites brutes menaçantes, moi, Oven et Daifuku. Je n'avais jamais remarqué que ces moqueries m'étaient réservées, à moi seul. Je me sentais même parfait à cette époque. J'en avais rien à faire d'être repoussant.
Un petit rire sans joie lui échappa. Il avait oublié qu'il s'était déjà senti comme ça. Ca lui semblait bien loin aujourd'hui. Pudding l'écoutait attentivement, sans l'interrompre.
— Mais un jour, il y a eu un problème. J'avais pour habitude de punir ceux qui me regardaient de travers ou se moquaient de mes dents. A dix ans je faisais déjà presque deux mètres, c'était facile. Mais je ne faisais attention à rien, je me sentais invincible. Je tabassais n'importe qui. J'aurais pu me contenter de leur faire peur mais comme Mama appréciait ma puissance, je ne m'en privais pas. Je voulais qu'elle soit fière de moi. J'aurais dû me douter que certains chercheraient à se venger. Mais j'étais petit et ma mère était une pirate de renom, je pensais que personne n'oserait.
Il n'avait jamais cessé de culpabiliser suite à cet évènement. Brûlée ne lui en avait jamais voulu mais encore aujourd'hui, il avait du mal à admettre à voix haute ce qu'il s'était passé.
— Ils se sont vengés sur Brûlée, avoua-t-il. Elle avait cinq ans, elle était trop petite pour se défendre et Mama n'était pas là. C'était une cible facile. Ça aurait dû être à moi de la protéger mais je n'ai rien vu venir. Elle a failli y rester. Depuis, elle garde la cicatrice.
— C'est donc comme ça qu'elle l'a eue, commenta Pudding.
— Cet accident a été la pire erreur de toute ma vie, poursuivit Katakuri. Et je m'en voulais déjà terriblement mais on me l'a fait payer au centuple. Tout le monde m'avait prévenu et m'avait dit de me faire discret avec ma bouche, que ma laideur allait attirer l'attention et endommager le prestige de Mama, que c'était dégoûtant et anormal. Je n'avais pas écouté et maintenant j'avais la preuve que j'aurais dû le faire. Je me suis fait insulter pendant des semaines et Mama m'a presque jeté par dessus bord de rage. J'ai cru qu'elle allait me tuer mais elle a choisi une autre technique. Plus personne ne devait m'adresser la parole.
Pudding se recroquevilla, elle connaissait cette méthode.
— Je suis resté seul, pendant des mois, sans prononcer le moindre mot. C'est à peine si j'osais manger de peur que la vision de mes dents ne rallonge ma sentence. Finalement, quand Mama m'a pardonné, du jour au lendemain, j'avais pris la décision de me cacher tout seul et elle m'avait déjà approuvé silencieusement. J'avais tellement peur que ça recommence, je m'en voulais tant de ce qui était arrivé à Brûlée, j'ai fait comme si ma difformité n'existait pas. J'ai dû trouver des stratagèmes pour justifier de manger seul et cacher mon abomination pour que les plus jeunes, comme toi, n'y soient plus exposés et ne soient jamais victimes de ce qui est arrivé à Brûlée.
Il fit une pause pour observer Pudding. Elle le regardait droit dans les yeux à présent. Il avait du mal à soutenir son regard mais il ne flancha pas. Elle avait l'air... désolée. Il n'y avait que de la compassion et de la compréhension sur son visage. Peut-être du choc aussi. L'un comme l'autre n'avait jamais réalisé qu'ils avaient avalé les mêmes couleuvres.
— J'ai eu tort de faire ça. Au bout du compte, reprit-il. Tout ce que j'ai fait, c'est permettre à Mama de faire la même chose avec toi. J'étais tellement obsédé par son approbation et par le soi-disant risque de me présenter sous ma véritable apparence que je n'ai même pas vu que tu subissais la même chose. Tu n'as jamais été monstrueuse, pas plus que moi.
Pudding recommença à pleurer.
— Je m'en voudrais toute ma vie pour ce qui est arrivé à Brûlée mais me pousser à cacher mon visage n'avait rien à voir avec son accident. C'était pratique, c'est tout. J'étais une tête brûlée, je suis devenu celui qui ne questionne jamais rien et qui exécute tout ce qu'on lui demande pour éviter de souffrir. Je ne souhaitais pas que ce soit la même chose pour toi.
Elle s'essuya les yeux de sa manche. Il ne savait pas si son laïus lui avait fait du bien ou non.
— Tu sais, dit-elle. J'ai toujours trouvé que tu étais très agaçant.
— Ah ?
— Oui. Pour moi tu étais un peu comme un idéal à atteindre et tu mettais la barre tellement haut... Ça paraissait impossible d'être aussi parfaite que toi ! Mama m'en demandait toujours plus et tu étais son exemple favori pour me motiver. A ses yeux je n'étais jamais assez bien et j'en suis presque venue à te détester d'être cette perfection incarnée. Et là, tu m'avoues tout ça.
Ce fut au tour de Katakuri de pousser un petit "Ha !"
— Mama m'utilise comme exemple ?
— Oui. Pas que toi, il y aussi Cracker, Smoothie, Perospero... Mais toi tu étais celui qui pouvait tout accomplir, alors...
Il sentait la colère monter en lui, il allait avoir beaucoup de mal à ne pas la laisser exploser.
— Elle n'a plus jamais remercié ou complimenté mes efforts après l'accident de Brûlée. J'en ai toujours fait plus pour la contenter et ce n'était jamais assez ! Elle m'a toujours traité comme un raté et elle s'est servi de moi pour te faire obéir ?
Il serra les poings. Il ne croyait pas Mama morte mais à présent il souhaitait qu'elle le soit. Cette simple pensée constituait le pire des blasphèmes sur Totto Land mais c'en c'était trop. Lola et Chiffon étaient traitées en pestiférées mais elles étaient les seules à avoir eu le courage de se dresser contre l'autorité de leur mère et d'avoir choisi de vivre selon leurs propres règles. C'était leur exemple qu'il fallait suivre et il savait que Pudding le ferait, il n'était pas encore trop tard pour qu'elle se remette.
— Ne deviens jamais comme moi, Pudding, dit-il. Jamais. Ne passe pas 40 ans de ta vie à cacher ce que tu es pour contenter notre mère, elle ne te rendra jamais ce que tu lui donnes. C'est un peu tard pour moi mais tu as encore le temps. Je sais que ton admiration pour Lola ne vient pas de nulle part. Si tu décides de suivre son exemple et de partir, je t'approuverai.
Elle sourit tout en continuant de pleurer. Elle avait l'air d'avoir attendu cette approbation toute sa vie.
— D'accord, dit-elle simplement.
Finalement, ils se tombèrent dans les bras. Pudding l'enlaça avec soulagement et il posa son menton sur sa minuscule épaule. Il fut incapable de réprimer quelques larmes mais il ne laissa pas Pudding les voir. Les vieilles habitudes de perfection ne disparaissent pas immédiatement après un beau discours.
— Je n'avais pas prévu de sauter, avoua-t-elle dans un souffle. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait, j'ai vu la mer et tout d'un coup je me suis dit "à quoi bon ?", c'est la seule solution qui m'a parut possible pour me sentir mieux sur le moment.
Katakuri réalisa qu'il lui était arrivé la même chose. Plusieurs fois. Mais son dévouement à sa famille était si fort que ça l'avait toujours empêché d'aller plus loin. Il se sentait si malheureux que Pudding soit restée seule sans jamais pouvoir confier ses peines à qui que ce soit.
— Je comprends, dit-il. Tu n'auras plus jamais à en arriver là. Il va y avoir du changement dans ce pays.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je sais pas encore, il faut que j'y réfléchisse.
Ils se détachèrent et Pudding avait les yeux rouge mais elle avait meilleure mine. Il faudrait encore du temps pour qu'elle aille vraiment mieux mais le futur devait lui sembler moins noir à présent.
— Je ne me sens pas de revoir tout le monde pour le moment, dit-elle. Je peux rester ici encore quelques temps ?
— Autant que tu veux. Tu es chez toi. Promets moi seulement de me parler si tu te sens mal. À moi ou à Brûlée, tu peux lui faire confiance.
— C'est promis. Mais ça ira maintenant. Je n'ai pas vraiment envie de mourir, il y a... Quelque chose que je dois faire.
Katakuri n'était pas sûr que ce soit le moment de lui parler de ça mais il tenta le coup.
— Ce "quelque chose" n'aurait pas un rapport avec ton ex-fiancé par hasard ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles, grogna-t-elle en rougissant.
Elle ne lui avait pas livré toute la vérité et il ne la forcerait pas à le faire. Mais elle devait savoir que ça aussi, elle pouvait en parler.
— Tu n'es pas la seule à être une romantique dans le fond, t'inquiète pas pour ça, la taquina-t-il.
Il se releva et après s'être assuré qu'elle allait suffisamment bien pour rester seule, il se dirigea vers la porte. Il s'apprêtait à sortir mais elle le retint.
— Eh ! Attends, j'ai une question.
— Oui ?
— Qui c'est l'homme qui m'a rattrapé ? Je l'avais jamais vu.
Mince. Katakuri était tellement pris dans leur conversation qu'il l'avait complètement oublié. Il bafouilla maladroitement en réponse.
— Ah, euh. C'est une longue histoire.
Elle haussa un sourcil et lui lança un regard perçant qui signifiait "j'ai tout mon temps".
— C'est King l'Incendie.
— Ce nom me dit quelque chose...
— Je ne sais pas si tu as suivi l'actualité du pays mais il y a quelques semaines, Mama s'est alliée à l'équipage de Kaido et...
— SON LIEUTENANT ! S'exclama Pudding. Qu'est-ce qu'il fait ici ?!
— Il n'était pas censé être là mais nos frères et sœurs l'ont récupéré en mer comme trophée pour Mama.
Il essaya très fort de ne pas avoir l'air plus heureux que ça. Il avait le pressentiment que le troisième œil de Pudding pouvait en voir plus que ce qu'il voulait bien déclarer.
—Non je voulais dire, qu'est-ce qu'il fait ici ? Pourquoi il n'est pas dans la bibliothèque de Sweet City ?
— Il peut la faire flamber en un clin d'œil sans que ce soit lié à un fruit du démon. Et j'avoue que je suis bien content qu'il ait été là pour te rattraper.
Et pour plein d'autres raison mais elle n'avait pas besoin de le savoir. Comme elle le dévisageait, il trouva une parade.
— D'ailleurs, euh, il m'a aidé à te chercher et il se pourrait que ton café soit légèrement abîmé à cause de lui.
— Il manquait déjà un mur de toute façon.
Elle réalisa soudainement ce qu'il venait de lui avouer.
— Vous avez fouiller dedans ? S'inquiéta-t-elle, sûrement horrifiée que son petit secret intime soit découvert.
— Oui, désolé.
Ils se fixèrent tous les deux et passèrent un accord silencieux pour ne pas se questionner davantage sur ce qui relevait implicitement de leur vie privée.
Katakuri la laissa dans sa chambre avec une promesse de lui préparer le meilleur déjeuner possible. Il était rassuré sur son état. Elle était encore fragile mais elle n'était plus seule, livrée à elle-même. Il était encore loin de bien la connaître mais il espérait avoir établi un lien suffisamment fort pour qu'elle vienne le trouver en cas de besoin.
Maintenant qu'il était seul, sa colère revint le submerger. Il était fatigué de tout ce que Mama exigeait d'eux. Elle les avait rendus dociles et inaptes à envisager la vie sans elle. Ils naissaient, vivaient pour la contenter et souffraient en silence de vivre sous le poids de ses ambitions. Là encore, elle était partie à la poursuite de Chapeau de Paille en les laissant sans instructions dans une situation critique et personne n'arrivait à s'entendre sur la tournure des évènements. Totto Land était à l'arrêt et en proie aux futurs assauts de ceux qui pourraient vouloir s'emparer des territoires de l'impératrice.
Elle n'était peut-être pas vraiment morte mais Katakuri s'en fichait. Il fallait reprendre les rênes et vite. Puisqu'il était l'exemple, c'était à lui de le faire. Et il savait parfaitement par où commencer. Il devait parler à Brûlée.
/
King n'avait pas rejoint le palais depuis l'incident.
Il commençait à faire nuit mais le calme de la côte lui faisait du bien. Il était assis dans l'herbe, les yeux perdus dans sa contemplation de l'océan coloré de Komugi. N'importe qui à sa place aurait fui le vent et le froid mais il y était insensible. Et il appréciait de sentir ses cheveux voler et l'air lui fouetter le visage, il avait l'impression de planer dans le ciel à visage découvert. Il n'était même pas sûr d'avoir déjà connu cette sensation.
La dernière fois qu'il s'était trouvé libre de montrer son visage, il était probablement encore trop jeune pour voler correctement. Et il n'aimait pas fouiller dans ses souvenirs là. Pourtant, c'était moins gênant que de repenser à ce qui c'était passé avec la sœur de Katakuri. Il n'avait même pas réfléchi avant de la repêcher et une partie de lui était un peu frustrée d'avoir joué les sauveteurs. Est-ce que c'était ça sa vie ? Empêcher les gens de s'autodétruire ? Il ne se souvenait pas avoir signé pour ça. Il était l'homme lige de Kaido et aurait dû incarner la menace que représentait l'équipage des cent bêtes à lui tout seul. Il était censé mépriser la faiblesse.
A la place, il avait plongé. Il pouvait prétexter avoir saisi l'occasion d'exercer ses ailes mais qui allait croire ça. De toute façon, la reconnaissance de Katakuri lui avait ôté toute volonté de nier.
Il sentait encore la chaleur de sa main là où il l'avait touché.
Ce contact lui avait fait perdre tout ses moyens. Sur le coup, il ne s'en était même pas rendu compte ! Normalement, n'importe qui aurait pris son poing dans la figure pour avoir oser le toucher, par réflexe. Mais cette fois, ça ne l'avait pas dérangé. Peut-être parce qu'il n'y avait pas eu la moindre trace de malveillance ou d'avidité dans le geste de Katakuri. Il n'en savait rien.
Tout ce qu'il savait c'est qu'il était affreusement gêné. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui dise merci, il n'avait aucune idée de ce qu'il était censé faire maintenant. Katakuri lui avait dit qu'avant qu'elle ne disparaisse, sa sœur devait assister à une fête en son honneur pour service rendu au pays, et si il lui faisait le même coup ? Rien que d'y penser, il avait des sueurs froides. Heureusement, il y avait peu de chance que ça se produise — leurs équipages étaient alliés mais il ne fallait pas déconner non plus.
Ne pas avoir la moindre idée de comment ce qui s'était passé allait affecter leurs rapports l'angoissait tellement qu'il n'osait même pas quitter la falaise. Il avait l'impression d'être un ado lui aussi, il avait quel âge pour avoir peur d'affronter le regard de quelqu'un ? Il avait fier allure, le lieutenant de Kaido, à craindre de ne pas savoir adapter son comportement face a quelqu'un qui l'avait simplement remercié !
Comme toujours mais aujourd'hui particulièrement, il regrettait de n'avoir jamais eu l'occasion de socialiser sans masque au cours de sa vie. Ça lui aurait épargné pas mal de stress.
/
Il avait passé la nuit au bord de la falaise et sa première pensée à son réveil fut pour la douche. Il ne s'était jamais senti aussi sale et se maudit d'avoir été lâche au point de dormir par terre.
Son stress s'était évanoui dans la nature. Maintenant il avait faim, soif et mourrait d'envie de se plonger dans de l'eau chaude. Il reprit la route de Flour Town sans se soucier de quoi que ce soit d'autre que de satisfaire des besoins primaires. Même s'il avait encore la sensation de la poigne de Katakuri qui refusait de quitter son bras.
Il regagna la ville plus vite qu'à l'aller, utilisant parfois ses ailes, de nouveau fonctionnelles, pour accélérer son voyage. Il pensait regagner le palais dans le calme en comptant sur la discrétion des habitants de l'île mais il remarqua le changement d'ambiance dès son arrivée.
D'habitude, les citoyens étaient trop concentrés sur leur travail pour lui prêter attention. Mais ce matin là, ils étaient éparpillés partout et semblaient avoir quelque chose à fêter. Jusque là, King n'avait même pas remarqué qu'ils étaient aussi nombreux. Cette ville n'était pas une capitale pour rien. Les jeunes travailleurs, d'ordinaire occupés à transporter les cargaisons de matériaux dans le port, étaient occupés à discuter et à rire en groupe, d'autres étaient installés à des terrasses de bar, les enfants jouaient dans les rues avec les homies habituellement réservés à certaines fonctions nécessaires au travail et des vieux et des vieilles se baladaient ça et là, offrant des brioches fait maison aux plus jeunes.
King pensa que c'était une célébration quelconque mais s'étonna de ne voir aucune décoration. Tout avait l'air improvisé. Il y avait bien des habitants qui préparaient de la nourriture sur la place publique et d'autres qui sortaient les instruments de musique pour improviser un petit concert, mais tout cela était un peu trop chaotique pour ce à quoi il avait été habitué. Il s'approchait de plus en plus du palais et s'étonna encore davantage en voyant les gardes, homies comme humains, se prélasser au soleil, allongés sur les marches de l'entrée.
Cela ne le regardait pas mais il se demandait tout à coup ce qui était arrivé à l'autorité de Katakuri. Que l'on puisse célébrer le retour de sa sœur, il pouvait le concevoir, que des gardes en service se permettent de glander sur les marches de son palais en plein jour, c'était plus surprenant. C'était plus fort que lui, il fallait qu'il demande.
— Qu'est-ce que vous foutez ? Demanda-t-il à un groupe de gardes qu'il avait déjà vu auparavant.
Il s'attendait à un sursaut apeuré de malheureux pris en faute, mais non. L'un des gardes haussa les épaules.
— On fait ce que le ministre nous a dit.
— Ouais, ajouta un second. On fait grève.
King ne trouva rien à répondre mais regretta immédiatement d'avoir raté tout ce qui avait pu se passer la veille au soir.
C'est bon, Katakuri a eu sa dose. Le prochain chapitre : ça va chier. King il est encore en train de process ce qui lui est arrivé. Finalement c'est lui le plus retourné dans cette histoire. (Enfin, à part Pudding bien sûr, que j'avais hâte d'amener ici. Je pense que je vais bien m'amuser avec elle, elle a pas encore tout dit et son expérience à elle va tout autant servir à Katakuri !)
Le prochain chapitre sera le dernier de ce deuxième arc. Ensuite, on va pouvoir commencer à VRAIMENT rigoler. Parce qu'à un moment il va bien falloir se pécho messieurs. Je vous promets, je prends mon temps, mais c'est pour la bonne cause. Je m'en vais te les jeter dans une marmite d'amour ces deux là. Seul bémol, la pause va être un petit peu plus longue que d'habitude parce que je serai en vacances et que je veux en profiter. On se retrouve donc le 4 Juin pour la suite.
ET SINON. L'évènement du jour. Le seul, l'unique : ça y est. On a eu le face reveal de King dans l'animé. J'avais dit qu'il était beau. Ils ont pas adapté ma case préférée mais fiou, sa backstory elle est incroyable. Pauvre King. Dont on connaît maintenant le vrai nom pour celleux qui ne suivraient que l'animé.
Bref ! A La prochaine même si ça va être un peu long.
