Bonjour, bonjour ! Ca faisait longtemps.
J'avais stoppé le dernier chapitre sur une grève (et j'ai adoré vos réactions) maintenant : la suite.
Katakuri n'est pas content et c'est l'heure d'aller gueuler.
— Tu es sûre ?
— Oui ! Ça fait cinq fois que je te le dis !
— Je sais, mais je veux m'assurer que tu sais dans quoi tu t'embarques.
— Oui, cher frère, j'ai compris, persista Brûlée, lassée d'avoir à rassurer Katakuri sur ses décisions. Arrête de t'en faire pour moi, je ne suis pas en sucre ! Pour une fois que tu te rebiffes, je ne vais sûrement pas rater le coche.
— Merci Brûlée.
Il raccrocha en regrettant que sa sœur ne puisse pas voir son sourire reconnaissant. Maintenant qu'il la savait de son côté, il était prêt à affronter sa famille toute entière. Il aurait même été capable de tenir tête à Mama en personne. Mais il devait garder la tête froide et se montrer patient. Il fallait que la situation se détériore juste assez pour qu'on le convoque, se précipiter n'était pas dans son intérêt.
Il avait été surpris par l'enthousiasme de ses citoyens à cesser le travail. Il n'avait pas douté qu'ils le suivraient sans broncher en leur présentant ses explications mais leur approbation immédiate et pleine d'entrain l'avait touché. Pourtant, ce n'était pas une décision facile à prendre. Tout le pays allait réagir et si Katakuri avait tort, ils allaient être en état de siège et ne pourraient pas tenir très longtemps sur leurs réserves. Le sort de Komugi dépendait aussi des autres îles. Mais il était confiant. Il avait eu la preuve qu'en l'absence de leur mère, les frères et sœurs Charlotte étaient tous d'horribles gestionnaires, incapables de s'entendre et de s'organiser. Puisqu'il était le plus patient et le plus sage d'entre eux, il serait le dernier à craquer.
Maintenant que l'ordre était donné de figer l'activité de Komugi, tout le monde se détendait et attendait la suite. Katakuri se trouva fier de son territoire. Il n'avait pas remarqué que les gens d'ici lui ressemblaient, dans le fond. Les voir tous profiter d'un moment de calme pour se vautrer avec plaisir et profiter d'un repas lui était familier. Cette pensée lui rappela qu'il n'avait pas mangé depuis longtemps et son estomac gronda furieusement. Il se jura qu'en cas de victoire, il mangerait le meilleur goûter qu'il n'eut jamais mangé de toute sa vie.
Son flot de pensées s'interrompit de lui-même. Il n'avait qu'une seule chose à faire : savourer l'attente. Il s'installa nonchalamment dans les marches du hall, prêt à sauter dans le miroir au moindre appel. Il savait que ça ne prendrait pas longtemps.
La seule chose au monde capable de le détourner de son but franchit alors la grande porte. King, qu'il revoyait pour la première fois depuis qu'il avait sauvé Pudding d'une chute mortelle, apparut dans l'encadrement. Il esquiva maladroitement une cohorte de homies déchaînés, contaminés par la liesse général. Il avait l'air complètement perdu et Katakuri ne pouvait pas le lui reprocher. Lui même n'aurait pas su réagir à une grève si elle n'avait pas été de son fait.
Le voir fit naître en lui un flot d'émotions fortes, toujours aussi difficiles à contenir. Il lui avait à peine exprimé sa gratitude avant de ramener Pudding en lieu sûr et il n'était pas sûr de ne pas l'avoir offensé.
Mais il avait l'air d'avoir d'autres soucis pour le moment, son apparence était encore plus misérable que la dernière fois — même si dans son cas, "misérable" restait synonyme de "exagérément beau".
— Tu as dormi dehors ? Devina Katakuri en remarquant les branchages et autres brins d'herbe qu'il avait dans les cheveux.
King ignora la question, il jetait des coups d'œil confus tout autour de lui.
— Qu'est-ce qui se passe exactement ?
— Je suis en grève, annonça Katakuri avec un sourire satisfait. Toute l'île fait grève jusqu'à ce que ma famille me réintègre dans la gestion de Totto Land.
King le fixa sans ciller.
Katakuri attendait son commentaire désapprobateur de lieutenant plus compétent qui "n'aurait pas fait comme ça" mais il lui offrit le contraire, une moue admirative et un "mh" appréciateur. Il le soupçonnait d'y voir une opportunité pour lui de se garantir un meilleur accès aux informations sur son capitaine mais il ne pouvait pas le lui reprocher.
— Est-ce que ça a des chances de marcher ?
— Oh, on va le savoir très vite. Moins ils mettront de temps à m'appeler, plus ça...
Son escargophone sonna. Ils avaient mis encore moins de temps à le contacter que ce qu'il avait prévu. Il jubilait et ne se privait pas de le montrer à King. Il décrocha, en s'efforçant d'avoir l'air indifférent.
— Oui, c'est à quel sujet ?
— Kata qu'est-ce que tu fous, bordel !
— Oven.
— On attend la livraison depuis trois heures, tu t'es pas levé ou quoi ? C'est pas sérieux !
King fronça les sourcils — il écoutait toute la conversation — et se permit un petit commentaire à voix basse.
— Ah. Il y avait une blague à faire là mais il l'a même pas fait.
Il faisait référence à la précédente bourde de Katakuri, la dernière fois qu'il avait eu Oven au bout du fil. Il préférait ne pas y repenser. Il devait se concentrer.
— C'est normal, répondit-il à Oven. C'est moi qui ai demandé à ce que le départ soit annulé.
— T'aurais pu prévenir ! C'est quoi le problème ?
— Le problème c'est que j'en ai ras le bol.
King s'installa dans ses marches et profita du spectacle. On pouvait voir sur son visage qu'il ne voulait pas en perdre une miette. Il avait dit à Katakuri qu'il détestait être mêlé aux engueulades pourtant cette fois, il avait l'air d'apprécier.
Oven se tut un instant.
— Ras le bol ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Je ne livrerai plus, terminé. Débrouillez vous.
— Attends tu me fais quoi là ? Arrête tes conneries, tu sais très bien comment...
Katakuri lui raccrocha au nez. Oven n'était certainement pas celui à qui il en voulait le plus et il culpabilisait de le traiter de cette façon mais après tout, il avait appelé le premier. Il n'avait plus qu'à faire passer le mot. La convocation suivrait.
— Et maintenant ? Demanda King, apparemment très intéressé par la situation.
— Maintenant je vais attendre qu'on me demande de venir m'expliquer et je vais me faire un plaisir de m'exécuter.
— Il y a un moyen d'assister au spectacle ?
— Pas pour toi, déclara Katakuri à contrecœur. J'ai besoin de...
Il chercha un moyen évasif de formuler : "J'ai besoin que mes pensées restent fixées sur un seul objectif à la fois et ce ne sera pas réalisable si tu es dans la pièce."
— ...De crédibilité. Je ne veux pas avoir l'air d'amener une arme avec moi pour donner du poids à mes arguments.
— Je comprends, admit King.
L'un comme l'autre avait l'air déçu mais King passa à autre chose en un quart de seconde, comme si la conversation n'avait jamais existé.
— De toute façon j'ai une douche à prendre.
— Tu pourras toujours demander à Brûlée de te donner accès à un miroir si tu y tiens, mais je doute que tu apprennes quoi que ce soit sur ton capitaine.
— La moindre nouvelle est bonne à prendre, dit-il avant de tourner les talons et de remonter les marches vers sa chambre.
C'était bizarre de le voir se balader comme si il était chez lui, Katakuri commençait à s'en rendre compte. King était devenu un élément familier du paysage plus vite qu'il ne l'aurait cru. Il se demanda alors ce qu'il adviendrait de lui si Mama ne revenait pas. Il avait une idée en tête mais sachant qu'elle ne plairait sans doute pas à King, il n'y songea pas plus longtemps.
/
King regardait l'eau couler sur le sol, les feuilles mortes et les brindilles s'évacuaient par centaines alors qu'il frottait ses cheveux. Il avait un peu honte, il était vraiment temps qu'il prenne une douche. Ce n'était pas la première fois qu'il dormait dans la nature mais d'habitude, il le faisait en tant que ptéranodon, pour éviter de ramener toute la nature avec lui. Dire que c'était lui qui engueulait Yamato quand il osait revenir au château couvert de boue...
Malgré sa fatigue et le contact de l'eau rajouté aux effets du granit marin, son cerveau tournait à plein régime. Il essayait de concentrer toutes ses pensées sur Kaido. La mutinerie de Katakuri allait lui servir, il en était certain. D'autant que le Général avait une dette envers lui à présent : il ne pourrait pas refuser de lui donner ce qu'il avait atrocement besoin de savoir. Est-ce que son capitaine était en vie ? C'était tout ce qu'il voulait. Il se raccrochait à l'espoir que Katakuri lui avait donné pour ne pas s'effondrer. Mais tant qu'il n'aurait rien de concret ou d'officiel, il serait coincé, en état de choc.
Heureusement, l'eau chaude faisait peu à peu retomber la pression. Il sentait ses muscles se dénouer et son souffle se faisait plus posé. Il avait besoin de se sentir mieux, il devait tenir bon. Depuis combien de temps était-il sur cette île ? Un mois ? Plus ? Moins ? Est-ce qu'il avait vraiment tout tenté pour s'échapper ? Est-ce que Kaido était mort pendant qu'il faisait du tourisme au milieu des maisons en pain d'épices ?
Il releva la tête pour que le jet d'eau lui rince le visage et chasse ses pensées intrusives en même temps. Il devait se calmer. De toute façon, il n'allait pas trouver les réponses à ses questions en prenant sa douche. Il se rinça une dernière fois avant de couper l'eau et d'attraper une serviette. Il devait se dépêcher. Il ne voulait pas perdre une miette de ce que Katakuri allait faire pour la suite. Il était intéressé par les informations qu'il pouvait récupérer mais il y avait aussi beaucoup de curiosité de sa part quand à la façon dont il allait gérer les choses. Et un peu d'excitation aussi.
Il faisait de son mieux pour convaincre qu'il avait horreur de ça, mais c'était un fait : il avait un don pour les commérages.
Il s'essuya rapidement les cheveux, plus pour les remettre en ordre que pour les sécher — il ne restait jamais mouillé très longtemps — il referait sa tresse plus tard, pour le moment il se contenterait de les attacher grossièrement et de raser un début de barbe.
Il s'empara des vêtements propres qu'il avait mis de côté. Il était satisfait de leur qualité ; les premières chemises qu'on lui avait confectionné ici avaient flambé trop vite. Il avait pris l'habitude de porter des vêtements ignifuges, capable de résister à ses sautes d'humeur fréquentes, alors il avait eu des mauvaises surprises dès le début de son séjour.
Il repensa alors à la tête de Katakuri, qui l'avait vu consumer tout le tissu qui lui couvrait le dos, un jour où un homie avait eu la mauvaise idée de l'agacer un peu trop. Il avait détourné le regard avec pudeur et promis qu'il finirait par lui trouver les matériaux adéquats pour ses vêtements. Ça l'avait amusé. Katakuri était toujours très digne, dans tout ce qu'il faisait, et même quand ça ne le concernait pas. Il ne faisait jamais aucun commentaire déplacé ni ne posait la moindre question sur ses capacités "légendaires" de lunaria. Il avait juste l'air profondément désintéressé. Comme Kaido, le jour où il l'a rencontré.
Ca lui plaisait plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Et si sa curiosité pour la suite des évènements était motivée par l'envie de rejoindre Onigashima, il y avait aussi une certaine fascination pour la façon dont Katakuri allait taper du poing sur la table.
Il quitta sa chambre sans même fermer derrière lui — il n'avait rien à cacher — pour retrouver Brûlée au plus vite. Problème, il n'avait aucune idée de comment l'appeler. Mais il ne serait pas étonné que la solution soit de prononcer son nom trois fois devant un miroir. Il en trouva un petit accroché à l'intersection d'un couloir, en bas des escaliers qui menaient au bureau de Katakuri. Il se plaça devant et s'assura d'être seul avant d'avoir l'air d'un idiot en train de parler à son reflet.
Reflet qu'il trouvait toujours aussi terne et effacé. Il n'avait plus de feuilles dans les cheveux mais il avait l'air épuisé. Il n'avait plus l'habitude de voir son propre visage sans masque. La dernière fois qu'il s'était vu d'aussi près, c'était en fixant la surface métallique du spot de lumière placé au-dessus de sa tête quand il était encore prisonnier du laboratoire de Punk Hazard. Il avait vieilli. Ses traits étaient tirés, ses yeux éteints et sa mâchoire crispée. Seul son tatouage restait net et inchangé. Est-ce qu'il avait toujours eu cette tête d'enterrement ou était-ce seulement la fatigue ?
Il ne s'attarda pas trop sur la question, de crainte qu'on l'observe de l'autre côté.
— Je ne sais pas si je passe pour un con qui parle tout seul où si je peux joindre Brûlée avec ce truc ? Demanda-t-il au miroir, en serrant les poings pour chasser les frissons désagréables provoqués par l'embarras qu'il ressentait à se regarder droit dans les yeux.
Le verre poli brilla et son reflet s'effaça pour laisser apparaître le visage balafré de Brûlée. Elle lui lança un regard courroucé, apparemment il la dérangeait.
— Pourquoi tu m'appelles toi ?
Il n'arrivait pas à savoir si elle ne l'aimait pas où si elle se méfiait parce qu'elle savait parfaitement que c'était lui le responsable de l'explosion de leur salle de réunion, en dépit des mensonges de son frère. De ce King avait compris, tous les deux étaient proches. Plus proches que leurs autres frères et sœurs. Elle lui reprochait sans doute la situation dans laquelle était Katakuri.
— Il paraît que tu peux me permettre d'assister au règlement de compte à venir ?
— Peut-être que je peux, dit-elle simplement, les yeux perçants.
Elle n'avait pas envie de lui rendre service pour autant. King comprit qu'il ne l'impressionnait pas du tout et elle lui parut tout à coup beaucoup plus sympathique.
— Parfait, comment ça fonctionne ? Demanda-t-il aussitôt.
— La politesse c'est en option chez toi on dirait.
— Je t'ai pas envoyée chier. Où est le problème ?
— ENCORE HEUREUX ! Non mais il se prend pour qui lui ?
Une autre tête apparut dans le cadre du miroir. King reconnut immédiatement Pudding. Elle avait l'air en meilleure forme que la dernière fois qu'ils s'étaient croisés.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Il se passe que ce monsieur espère que je l'aide à assister à la réunion de toute à l'heure alors que c'est un goujat de première.
Le troisième œil de l'adolescente fixa King à travers le verre. Son visage était étrangement inexpressif, elle ne montrait rien de ce qu'elle pouvait ressentir à son égard mais son œil, lui, il avait du mal à soutenir son regard.
King avait un mauvais pressentiment et n'avait pas envie de risquer une conversation gênante sur ce qui s'était passé la veille. Il laissait ça à Katakuri.
— Bon, je peux la voir cette réunion ou pas ?
— T'es pressé ? Parce que t'as autre chose à faire, certainement, se moqua Brûlée, consciente d'être la patronne et d'avoir l'avantage sur lui.
— Attends, laisse le venir, demanda Pudding, la voix un peu basse.
Brûlée lui jeta un regard surpris et se pencha pour qu'elle lui chuchote des messes basses à l'oreille. King n'aimait pas ça. Pas du tout.
Brûlée n'avait pas l'air convaincue parce que Pudding lui avait dit mais elle soupira, marmonna un "bon" et consentit à laisser King passer.
— Avance dans le miroir, lui ordonna-t-elle en touchant le verre poli.
— C'est un peu petit pour moi là.
— Fais le, réfléchis pas.
King obéit et passa sa tête à travers le miroir. A sa grande surprise, son immense corps le suivit entièrement par la petite lucarne et il se retrouva dans une nouvelle chambre de princesse qui devait être celle de Pudding. Ce pouvoir défiant les lois de la physique lui donna le vertige, il battit des ailes pour chasser son malaise. Brulée était un atout incroyable pour l'équipage de Big Mom. Ce n'était pas étonnant que son empire soit aussi vaste avec une fille capable de téléporter des troupes toutes entières.
King échangea un regard furtif avec Pudding. Elle n'avait plus la même attitude défiante et ne dégageait pas la moindre agressivité pourtant il se sentait mal à l'aise en sa présence sans savoir pourquoi. Il fut soulagé qu'elle ne le remercie pas de l'avoir sauvée. C'était mieux comme ça. Il reporta son attention sur Brûlée. Il n'avait pas remarqué qu'elle était aussi grande.
Elle s'adressa à lui en même temps qu'à Pudding.
— Il ne faut pas qu'on dise un seul mot, d'accord ? Katakuri ne veut pas qu'on s'en mêle, il veut faire ça tout seul.
— Mais il a besoin de ton soutien non ? Demanda Pudding.
— Oui, mais c'est mieux de le laisser faire. Quant à toi, grinça-t-elle en posant les yeux sur King, ne t'avise pas de faire exploser quoi que ce soit sinon...
— Sinon quoi ? la provoqua King, plus par curiosité que par réelle envie de la confronter. Je ne pense pas que tu sois en mesure de m'empêcher d'intervenir si j'en ai envie. Mais ne t'inquiète pas, je ne ferai rien.
Brûlée soupira. De soulagement ou de dépit, il n'était pas sûr.
— Je ne vois pas ce qu'il te trouve. Enfin, je vois, mais...
Pudding réprima un rire. Brûlée ne termina pas sa phrase et leur tourna le dos pour créer un miroir de ses propres mains. King se serait bien arrêté quelques secondes sur ce qu'elle venait de dire mais elle ne lui en laissa pas le temps.
— Ah, ça va commencer ! On dirait bien que tout le monde est là...
Pudding se précipita à ses côtés.
— Ah oui, constata-t-elle à son tour. Tu crois que ça va aller pour lui ?
— Je lui fais confiance, affirma Brûlée. Mais c'est vrai que je suis bien contente de ne pas y aller.
King, qui se sentait parfaitement ridicule, s'approcha dans leur dos et s'accroupit pour avoir un aperçu de ce qui pouvait se trouver dans ce miroir. Pudding s'écarta légèrement pour lui permettre de voir. Même si elle ne le gênait pas tellement, elle était minuscule à côté de lui.
— Ce n'est pas possible d'avoir un miroir plus grand ? Grommela-t-il à l'intention de Brûlée.
— Si c'était plus grand, ils s'apercevraient de notre présence.
King approcha son visage le plus possible, il avait l'impression d'être myope. Mais après quelques secondes à fixer le miroir, l'image lui sembla plus nette. Il ne savait pas où se tenait la réunion, probablement une autre grande salle de Sweet City. Quand Brûlée disait "tout le monde" elle n'exagérait pas : King avait l'impression d'assister à un procès. Au moins cinquante personnes — tous des membres de la famille Charlotte, devina-t-il — étaient installés sur une estrade, prêts à juger un coupable en la personne de Katakuri. Qui se tenait seul face à eux, assis sur un siège modeste.
Même extérieur à tout ça, King pouvait facilement imaginer à quel point cela pouvait être intimidant d'être toisé de la sorte par toute sa famille. Leur installation donnait l'impression qu'ils allaient le conspuer. Mais comme toujours, Katakuri était calme, stoïque. Il avait croisé ses longues jambes et attendait patiemment que les hostilités soient lancées. King se demanda si son apparente nonchalance était de la poudre aux yeux pour impressionner ses adelphes ou s'il était vraiment aussi confiant qu'il en avait l'air.
Juste devant lui, au premier rang, se trouvait un pupitre auquel étaient accoudés Compote, la fille aînée de Big Mom, Oven, le jumeau de Katakuri, le Général Cracker, et une autre sœur au long cou dont King ne connaissait pas le nom. A côté d'eux, les autres semblaient n'être là qu'en soutien mais la désapprobation se lisait sur leurs visages. Oven était nerveux, les coups d'œil qu'il lançait à son frère ressemblaient à des appels à la raison mais Katakuri ne le regardait pas. Il avait presque l'air de s'ennuyer.
— Nous pouvons commencer, déclara Compote, comme pour réclamer un silence déjà extraordinairement pesant. Je me permets de faire un petit rappel sur ta situation, Katakuri.
Il ne répondit pas mais l'invita à s'exécuter d'un geste de la main. Oven écarquilla les yeux, choqué par son manque de sérieux. Du moins c'est ce que King supposa.
— Tu as échoué à stopper Chapeau de Paille, ce pourquoi tu as été relevé de tes fonctions de Général. Tu n'as plus ni flotte, ni voix au chapitre quant aux décisions politiques. Et alors que ta situation est des plus précaires, tu as aussi, rappelons le : trahi la confiance de tout le monde en bâtissant une légende autour de toi pour protéger un mensonge ridicule...
King ne savait pas comment Katakuri pouvait rester calme. A sa place, il aurait déjà fait brûler la pièce.
— ... Que tu étais censé faire profil bas, te concentrer sur tes obligations, retrouver Pudding, tu as délibérément moqué Oven et admis que tu ne voulais plus tenir tes engagements envers nous ? Envers Mama ?
Oven se pencha en avant pour attirer l'attention de Compote.
— Alors, il a pas exactement dit ça, il a juste dit qu'il en avait "ras le bol".
— Te fatigue pas Oven, je confirme ce dont on m'accuse, déclara Katakuri, la voix blanche.
Oven tapa du poing sur la table.
— Bordel ! Tu m'aides pas à te défendre là !
— Je ne veux pas qu'on me défende. Si je suis là, c'est parce que je le veux bien, trancha-t-il, catégorique. Et que j'ai un message à transmettre.
Pour la première fois, un frisson d'inquiétude sembla parcourir leur petite assemblée. Ils n'avaient pas prévu ça. Katakuri était censé se contorsionner de honte et se repentir, à la place, il leur tenait tête et avait tout l'air d'être celui qui était là pour gueuler.
— Premièrement, j'ai retrouvé Pudding. Elle va bien, commença-t-il avant qu'on ne puisse l'interrompre. Du moins, aussi bien que possible pour quelqu'un qui avait si peur de subir le même sort que moi qu'elle a préféré se cacher pendant tout ce temps.
Cracker ricana. Visiblement il n'y croyait pas.
— Pourquoi est-ce qu'elle aurait...
— J'ai pas fini.
Un silence de mort tomba sur la famille Charlotte. Ça commençait à échanger des messes basses sur l'estrade, la tension grimpait. Pudding et Brûlée retenaient leur souffle. King souriait malgré lui.
— Elle va rester chez moi quelques temps, pour se reposer. Personne ne pourra la voir à moins qu'elle en fasse la demande.
— Ce n'est pas à toi de prendre cette décision, gronda Compote.
— Si.
— Mais dis nous au moins ce qu'elle a ! S'énerva Cracker, suivit par d'autres dans l'assemblée.
Katakuri ne bougea pas d'un pouce. Il attendit que tous se calment pour reprendre la parole.
— Elle a peur, voilà ce qu'elle a. Et ça n'a rien d'étonnant quand on voit comment est cette famille.
Il profita du choc de sa déclaration pour poursuivre son laïus. Brûlée étouffa une exclamation et Pudding grinça des dents. King n'avait qu'à les observer pour comprendre à quel point le ton de Katakuri était malvenu.
— Deuxièmement, je n'approuve pas la façon dont vous gérez les choses depuis le départ de Mama. Ni la façon dont vous m'avez écarté alors que la situation est aussi critique. Je sais que vous n'avez aucune information et même si je ne crois pas à sa mort non plus, que croyez vous qu'il va se passer maintenant que la nouvelle s'est répandue dans le monde entier ? Des flottes entières vont se pointer pour nous assiéger et on est pas prêts à contrer ça, pas du tout.
— Ça ne te concerne plus jusqu'à nouvel ordre, assura Compote, toujours plus calme que le reste de la bande. Alors, qu'est-ce que tu essayes de nous dire exactement ?
— Oh c'est simple. Vous me laissez prendre les rênes ou je fais grève.
Un nouveau silence plomba l'atmosphère mais il fut bientôt suivi par des rires et grimaces de désapprobation. Cracker avait l'air ravi, voir Katakuri se passer tout seul la corde au cou signifiait plus de prestige pour lui.
Pudding se tourna vers Brûlée. Elle était mortifiée.
— Il est vraiment sûr de ce qu'il fait là ?
Brûlée lui fit signe de rester silencieuse.
— Pardon ? S'indigna Compote, pas du tout amusée. Tu veux faire quoi ?
— Attends, tu veux dire que c'est pour ça qu'on a pas reçu ta livraison ? Ajouta Oven.
— Fais grève si ça te fait plaisir, après tout ce que tu viens de dire, il est hors de question de te réintégrer et encore moins de te laisser diriger Totto Land.
— Vous êtes sûrs ?
Katakuri se pencha en avant, rendant sa posture plus intimidante.
— Vous ne voyez pas ce que ça signifie de devoir faire sans moi ?
On sentait la colère monter dans sa voix.
— On fait déjà sans toi et ça se passe très bien, dit Cracker en haussant les épaules.
— Ha ! Se moqua Katakuri. Non, pas du tout.
Il se racla la gorge avant d'annoncer sa sentence — King devina qu'il y prenait du plaisir même s'il restait impassible.
— Là, isolé ou pas, j'ai pas arrêté de bosser. Mais mettons que je le fasse pour de bon, vous devrez faire une croix sur la production quotidienne de Komugi. Au cas où vous l'auriez oublié, je suis toujours ministre de la farine.
Pour la première fois depuis le début, les visages des autres membres de la famille Charlotte blêmirent.
— Comment vous allez faire pour mener la reconstruction de Whole Cake Island et du château à bien sans la farine nécessaire ? Mh ? Et les nouveaux aménagements pour la protection du territoire ? Les travaux n'avançaient déjà pas des masses mais alors sans matériaux, bon courage.
King pouffa de rire.
— Et tant que j'y suis : ma flotte, je la récupère. J'ai aucun doute sur le fait que mes hommes m'obéiront d'abord à moi — désolé Cracker — malgré ma mise à pied. Vous vous démerderez sans. On verra comment ça se passera le jour où on subira notre premier raid. Avec Smoothie au large, il ne vous restera plus qu'une flotte et demi pour défendre tout le pays avec Cracker pour la mener. Je n'ai pas besoin de regarder le futur, je le connais déjà : les pertes vont être catastrophiques.
— Oh, il va trop loin là, gémit Brûlée.
— Ah, un dernier détail : je garde Brûlée avec moi, ajouta Katakuri, qui avait certainement utilisé sa clairvoyance pour savoir ce qui allait mettre le feu aux poudres.
— Ça suffit maintenant !
En effet, ce fut la goutte de trop pour le reste de la famille. Compote, Oven et Cracker se levèrent de leurs sièges pour hurler mais la voix de l'aînée se perdit parmi les autres cris d'indignations. King de distinguait pas grand chose dans ce brouhaha mais comme il l'avait justement déduit : Brûlée était trop précieuse pour qu'ils acceptent de ne pas avoir le contrôle sur elle. Si de se voir traiter comme un objet par toute sa famille la dérangeait, elle n'en montrait rien.
— Comment oses-tu ! S'emporta Compote. C'est inadmissible !
— Tu viens de dire j'étais trop faible pour nous défendre par rapport à toi ?! Surenchérit Cracker.
— Kata, sérieusement tu fais quoi là ? C'est une mutinerie ? Paniqua Oven, aussi outré que les autres.
Les autres s'époumonaient tout autant et une cacophonie assourdissante envahissait leur salle. Pudding et Brûlée étaient tendues, elles se jetaient des regards inquiets. King ne lâchait pas Katakuri des yeux. Il sentait venir l'explosion.
Il ne se trompa pas.
Katakuri, une expression de profonde fureur sur le visage, se leva spontanément de son siège.
— VOUS LA FERMEZ MAINTENANT ! Rugit-il en montrant les dents, si fort que tout Totto Land pouvait l'entendre.
L'image reflétée sur le miroir avait maintenant l'air d'être une photo tant les protagonistes étaient figés de stupeur. La vision de leur frère, grondant comme une bête, les avaient terrifiés.
— ASSIS ! Hurla encore Katakuri, hors de lui.
Tous obéirent comme un seul homme et du point de vue de King, la scène était extrêmement drôle. Et impressionnante. Pourtant, il n'était pas un homme facile à surprendre. Il n'avait jamais douté de la puissance de Katakuri mais son apparente docilité l'avait toujours empêché de se faire une idée précise de son potentiel. En une seconde, il venait d'en mesurer l'étendue. Il lui avait suffit d'élever la voix pour rappeler ce dont il était capable et les faire tous se tenir à carreau alors même qu'ils étaient là pour le châtier. Et famille ou pas, n'importe qui aurait craint pour sa vie face à des crocs capables de mettre en charpie la peau d'un lunaria. A présent, il avait très envie d'en voir plus.
— Il est grandiose quand il est en colère.
Pudding et Brûlée se retournèrent toutes les deux pour le dévisager. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait parlé dans sa langue maternelle.
— Non, rien, dit-il pour qu'elles se focalisent sur leur frère et non sur lui.
Elle échangèrent un regard intrigué avant de reporter toute leur attention sur Katakuri. Il s'était approché de l'estrade où se tenaient ses juges. Et maintenant qu'il avait les deux mains à plats sur le pupitre devant lequel ses aînés étaient assis, c'était définitivement lui qui menait la danse.
— Voilà comment ça va se passer, déclara-t-il alors que son ton était redevenu celui qu'on lui connaissait. Je vais faire grève, que ça vous plaise ou non. Pendant au moins une semaine, vous allez vous débrouillez sans moi. Sans ma flotte, sans mes ressources, sans mon soutien, sans Brûlée, sans rien. Vous croyez que je ne sers à rien et que vous pouvez me snober ? C'est ce qu'on va voir. Maintenant que Mama est loin d'ici, présumée morte, on va avoir un tas d'ennemis sur le dos, des alliés vont nous lâcher, ou nous espionner pour mieux retourner leur veste plus tard, et nous n'aurons pas de nouveaux homies pour combler les pertes. Cracker, tes soldats biscuits vont avoir du boulot.
Son cadet déglutit et baissa les yeux.
— Je vous laisse gérer ça à votre sauce pendant une semaine. Après ça, j'espère que vous serez revenus à la raison et que vous accepterez de me laisser m'occuper du territoire.
— Ce que tu es en train de faire, reprit Compote. C'est une mutinerie, ni plus, ni moins. Tu veux prendre le pouvoir à la place de Mama ?!
— Pas du tout, je veux que ce pays tienne jusqu'à son retour. A vous de me prouver que j'ai tort de penser que je suis le plus qualifié pour le poste de vice capitaine.
— Comment peux-tu qu'on te fasse confiance ? Tu n'es même pas fichu de tenir un seul prisonnier.
King se demandait si sa personne allait venir sur le tapis, voilà qui était fait.
— Ce prisonnier aurait rasé Sweet City à lui tout seul si on ne m'avait pas appelé à la rescousse le jour de son arrivée, répliqua-t-il dans la seconde.
Il pivota sur ses talons et se dirigea vers le miroir à travers lequel ses sœurs l'observaient. Il toucha le cadre du miroir avant de se tourner une dernière fois vers le reste de la famille.
— On se revoit la semaine prochaine.
Brûlée comprit le message et lui tendit le bras pour le ramener chez lui.
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Katakuri avait la main tremblante de rage mais il se détendit au contact de Brûlée. Il était fier de lui bien que terriblement en colère. Il aurait voulu ne pas en arriver là, il aurait préféré que tous lui fassent confiance et reconnaissent en lui autre chose qu'un guerrier incapable de réflexion. Mais très bien, s'ils avaient besoin d'un délai de réflexion, c'était leur choix. Il savait qu'il leur faudrait seulement deux jours pour revenir en rampant mais il tiendrait son délai.
Il posa le pied sur le tapis molletonné de la chambre de Pudding et poussa un énorme soupir de soulagement pendant que Brûlée scellait l'entrée du miroir. Il lui serait à jamais reconnaissant de s'être rangée de son côté. Il avait intérêt à lui rendre la pareille le plus vite possible, sans son soutien il n'aurait peut-être pas réussi à leur faire réaliser à quel point ils étaient dans la mouise.
Katakuri se laissa tomber par terre et souffla, la tête entre ses genoux, le temps de se remettre de ses émotions.
— Tu n'y es pas allé de main morte ! Bravo, le félicita Brûlée. Je suis fière de toi.
— Merci, j'aurais préféré qu'il en soit autrement mais c'était trop optimiste à ce qu'il semble.
— On est vraiment aussi mal que ça ? Demanda Pudding, à qui la situation avait un peu échappé ces derniers temps. Mama va revenir non ? Est-ce qu'on risque autant que tu le dis ?
— S'il vous plaît, laissez moi me remettre avant de répondre.
Il releva la tête, toujours fébrile, et s'aperçut enfin de la présence de King. Il était assis juste en face de lui et avait bien meilleure mine que la dernière fois qu'ils s'étaient vus. L'état dans lequel il était ne lui permit pas d'empêcher son visage de virer au rouge.
— Qu'est-ce que tu fais là ?!
King avait assisté à toute la scène ? Cette idée le fit se sentir à la fois honteux et un peu fier.
— Tu m'as dit de demander Brûlée si je voulais y assister, c'est ce que j'ai fait.
— Ouais, et il pas été aimable, confirma Brûlée.
— J'avais oublié, s'excusa Katakuri. T'auras rien appris de très utile, je suis désolé.
Les ailes de King frissonnèrent, il avait l'air amusé. Katakuri eut du mal à soutenir son regard et regretta la présence de ses sœurs dans la pièce. Il n'avait pas envie qu'elles remarquent qu'il était un peu trop sensible à son charme — même s'il soupçonnait Brûlée d'avoir déjà compris depuis longtemps. Il suffisait que King lui adresse un seul sourire pour qu'il sente les papillons se tortiller dans son ventre.
— Au contraire, lui dit-il, ses yeux rieurs fixés sur lui. C'était très intéressant de te voir donner un coup de pied dans la fourmilière. Tu devrais montrer les dents plus souvent.
C'était la plus belle chose qu'on lui ai jamais dite. Il n'avait aucune idée de la réaction qu'il était supposé avoir alors il lui adressa un petit sourire en coin, maintenant profondément satisfait de sa décision.
— Qu'est-ce qui va se passer à présent ? Demanda Brûlée.
— Et bien, j'imagine que nous sommes en vacances pour une semaine, répondit Katakuri en se relevant. On a tous besoin de repos ici.
Il avait dit cela en étant parfaitement conscient de ne pas avoir la moindre idée de ce qu'il allait pouvoir faire de sa semaine si il ne travaillait pas. Et à voir leurs têtes, il comprit que Pudding et Brûlée aussi avaient du mal à imaginer leur vie sans un emploi du temps surchargé.
Mais cette pause leur était nécessaire, à tous. Ses sœurs et lui avaient besoin de prendre du recul. Se couper de la famille pendant quelques temps était toujours difficile mais cette fois, personne ne serait seul. La culpabilité ne s'installerait pas, Katakuri ne le permettrait plus jamais. Ses yeux s'attardèrent brièvement sur King, qui se relevait et réajustait sa chemise. Tous les deux quittèrent la chambre de Pudding et Katakuri attendit qu'ils parcourent encore quelques mètres avant de l'arrêter.
— Au fait, je ne t'ai pas remercier comme il se doit pour ce que tu as fait. Mais tu as sauvé ma sœur, merci. Maintenant j'ai une dette envers toi.
Il s'attendait à ce qu'il se vante ou lui lance une pique moqueuse mais il se renfrogna. Katakuri le sentait gêné. La façon qu'il avait de jouer avec les manches de sa chemise témoignait de sa nervosité. Il commençait à reconnaître ses petites manies.
— Tu n'as pas besoin de me remercier, dit-il en fixant un point quelque part derrière lui. Si je l'avais laissée plonger, j'aurais déclenché un accident diplomatique.
— Justement, tu as rendu service à notre pays en lui venant en aide. Je ne l'oublierai pas.
— Par pitié : pas de cérémonie de remerciement, s'empressa-t-il d'ajouter.
— Pas de danger, ricana Katakuri, un peu attendri. J'ai bien compris que tu n'étais pas très sociable.
Il haussa les épaules.
— Je me donne pas beaucoup de mal pour le cacher.
— C'est tout à ton honneur.
Un ange passa alors qu'ils restaient tous les deux dans le couloir, sans savoir comment poursuivre la conversation. Katakuri aurait eu honte d'être incapable de parler s'il n'avait pas senti que King était encore plus mal à l'aise que lui. D'une certaine façon, le voir aussi farouche lui donnait envie de lui tendre une main amicale pour lui prouver qu'il n'avait rien à craindre de lui. King lui donnait l'impression d'avoir envie de s'enfuir très loin. C'était sûrement vrai, le pauvre n'avait toujours aucune idée de la situation de son propre équipage.
— Si ma grève donne quelque chose, tu pourras enfin avoir des nouvelles de ton capitaine.
— Merci, dit-il en le regardant à nouveau dans les yeux. Ça me paraît évident que tu va obtenir ce que tu veux. Pourquoi tu n'as jamais essayé de faire ça avant ?
— Je ne sais pas.
C'était vrai, il n'en savait rien. C'était sa discussion avec Pudding lui avait fait réaliser que sa tendance à ne jamais rien dire ne servait personne et que la coupe était pleine. En complément de l'espoir que lui avait fait miroiter Chapeau de Paille au sujet de sa mère. Il n'avait jamais été aussi assoiffé de liberté que maintenant. Si les circonstances avaient été différentes, il n'aurait jamais osé s'opposer à sa famille. Et tout n'était pas réglé, il était fier de ce qu'il avait accompli mais il n'était pas sûr de lui. C'était très difficile d'aller contre des années de loyauté sans se sentir mal.
— Je pense que c'est un peu grâce à toi, ajouta Katakuri.
— Pardon ?
— Oui. Tu as dit que je devais être le seul parmi mes frères et sœurs à respecter les règles puis tu m'as traité de carpette. Je pense que ça a eu une influence sur ma vision des choses.
King retrouva son air insolent habituel. Il ne souriait pas mais comme toujours, ses yeux trahissaient son amusement.
— J'ai peut-être un peu exagéré. J'ai l'habitude de bosser avec un incompétent et de m'arracher les cheveux quand il fait des conneries, lui confia-t-il en levant les yeux au ciel. Ça m'a énervé de voir que tu ne te vengeais pas alors que tu le pouvais. Moi, je ne m'en prive jamais.
— On ne peut pas tous savoir faire preuve de self control.
Ils rirent tous les deux et King parut plus à l'aise. Il semblait encaisser les piques et les provocations avec bien plus de nonchalance que la sincérité et la reconnaissance. Derrière ses grands airs, il n'avait sans doute pas l'habitude de discuter sans que la conversation ne tourne à l'affrontement. C'était un peu triste. Lui non plus n'y était pas habitué, en un sens, mais il avait Brûlée à qui il pouvait tout dire. King avait-il cette chance ? Il avait le sentiment que non.
Et il ne pensait pas avoir le droit de lui poser la question. Tout ce qu'il pouvait faire pour lui rendre la pareille, c'était se renseigner sur Kaido et chasser cet air inquiet de son visage. Rien ne l'y obligeait mais quitte à s'occuper pendant une semaine de grève, il avait envie de faire ça pour lui. Après tout, il avait une dette à honorer.
Et une envie irrésistible de se rapprocher de lui.
J'aime quand Katakuri se met en colère. Il était temps qu'il s'énerve un bon coup, histoire de donner des frissons à King.
C'était important pour moi d'écrire un passage ou Katakuri s'oppose directement à ses frères et sœurs (et à l'influence de sa mère par extension). Il fallait qu'il montre tout ce qui repose sur ses épaules et qu'il est bien gentil d'accepter les remontrances sans broncher.
Maintenant, c'est la fin du deuxième arc de cette fic. Dans deux semaines on attaque le troisième et le plus fun je pense. Parce qu'ils ne vont rien avoir de mieux à faire que de se tenir compagnie. Et ils ne réalisent pas encore à quel point ils sont semblables et ont des choses à se raconter. Il est temps de les faires s'amuser ensemble et ne pas comprendre qu'ils se plaisent parce que j'aime souffrir.
J'espère que ce chapitre vous aura plu, vu que je traverse une phase de gros doute sur tout ce que j'écris, surtout n'hésitez pas à me faire savoir si cette histoire vous plait et à laisser un petit mot, c'est vraiment précieux pour garder la motivation 3
Ah et j'ai dessiné une nouvelle couverture pour la fic. Vu qu'on attaque la troisième partie, au tour de King d'être perturbé. Il est moins prompt au coup de foudre que Katakuri donc il est pas encore complètement sous le charme mais ça commence à lui tomber dessus. C'est juste qu'il s'en rend pas compte. Il est pas habitué, faut lui donner un peu de temps pour comprendre...
A la prochaine, le 18/06 !
