PARDON, PARDON, PARDON ! Me revoici !
Je suis vraiment désolée du retard et du temps que ça a pris pour que ce chapitre arrive. Mais il était indispensable que je me repose et que je reprenne du poil de la bête. Il vaut mieux prendre son temps et sortir quelque chose de convenable plutôt que de forcer et poster un demi chapitre tout raté.
Et encore, je dis ça alors que je ne suis pas entièrement satisfaite de celui-là. Je pensais enchaîner sur la Tea Party complète aujourd'hui mais ça aurait donné un chapitre bien trop long (il y a plein, plein de choses que je dois écrire, je vais encore me retrouver avec un chapitre de 10 000 mots la prochaine fois.) alors on part sur chapitre de reprise soft avec beaucoup de dialogues. J'espère qu'il vous plaira quand même et qu'il n'y aura plus de retard.
Katakuri n'avait pas une seconde à lui.
Il était content que Oven ait choisi de s'occuper de l'organisation de la Tea Party tout seul, il avait déjà bien assez à faire de son côté — même si son jumeau persistait à lui demander son avis sur des choses futiles du genre "est-ce que je fais une soirée à thème ?". Rien que ce matin, il n'avait pas cessé de courir dans tous les sens. Il avait d'abord rejoint Cracker au port, à sa demande, pour le saluer avant son départ. Il y avait beaucoup de monde qui était venu le voir sur l'embarcadère et le pauvre avait la pression.
Il devait partir avec une escadre réduite, chargée de retrouver le Chanter, mais il était très inquiet à l'idée de ne pas venir au bout de sa mission. Katakuri avait été surpris qu'il tienne à lui parler en privé avant de partir pour lui faire part de ses appréhensions, car elles étaient nombreuses. Il était véritablement terrorisé à l'idée d'échouer. Et si Mama était vraiment morte ? Et si Smoothie avait été battue elle aussi ? Alors il n'aurait aucune chance ! Personne ne lui pardonnerait d'être incapable de les ramener !
Katakuri avait passé une demie heure à le rassurer sur ses compétences avant qu'il ne reprenne enfin confiance et accepte de monter à bord de son navire pour redevenir un Général. Il aurait pu le laisser se débrouiller avec ses doutes mais à ce moment là, il n'avait vu en lui que son petit frère craintif, suppliant pour du réconfort. Il n'avait pas pu faire autrement que de lui accorder un peu d'attention et de bienveillance. Après tout, Cracker avait subi une défaite cuisante lui aussi et il l'avait atrocement mal vécue. Katakuri avait pris sur lui la responsabilité de la victoire totale du Chapeau de Paille mais il n'était pas le seul à en porter la faute et il le savait très bien. Il ne l'avait pas formulé de cette façon mais Cracker savait que Katakuri était seul à pouvoir le comprendre. Sans doute savait-il aussi qu'il serait bien incapable de se montrer cruel envers lui malgré tout ce qui c'était passé entre eux par la suite.
Il aurait pu. Mais ça n'aurait servi à rien. Il était temps de se serrer les coudes au lieu de se complaire dans des rivalités fraternelles puériles. D'ailleurs, Cracker était loin d'être le seul à lui avoir montré un côté vulnérable ces derniers temps. En l'absence de Mama, plusieurs de ses adelphes semblaient s'être rappelé qu'il était toujours le grand frère sur qui ils avaient toujours pu compter et à qui ils pouvaient se confier sans peur. Katakuri, lui, constatait que sans leur mère pour les terroriser, leurs relations étaient bien meilleures. Au lieu de sombrer, le pays se relevait. Lentement mais sûrement. Il était incapable de s'en attribuer le mérite mais il n'en pensait pas moins.
D'autant plus maintenant, alors qu'il essayait de s'organiser dans la paperasse qui s'accumulait sur son bureau et que la très secrète Pudding faisait les cent pas devant lui, à deux doigts de se retrouver à l'état liquide tant elle était stressée.
— Je ne peux pas, je ne peux vraiment pas, c'est impossible !
— Pudding, soupira Katakuri avec indulgence, sans lever le nez de son livre de compte.
— C'est une énorme erreur de me confier cette tâche, je ne vais pas y arriver !
— Calme toi voyons.
Oven lui avait demandé de s'occuper du banquet de la Tea Party. Une tâche pour laquelle elle était plus que qualifiée mais qui semblait la terrifier. Katakuri se demandait si elle avait toujours été aussi nerveuse où si, comme les autres, c'était l'absence de leur mère qui l'autorisait à lui montrer ses faiblesses.
Dans tous les cas, il trouvait qu'elle en faisait un petit peu trop.
— Dis à Oven que je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces, le supplia-t-elle.
— Ne dis pas n'importe quoi, tout va très bien se passer. Et depuis quand est-ce que tu as peur de Oven ? Se moqua-t-il.
Elle leva les yeux au ciel et reprit sa marche nerveuse. Elle se rongeait l'ongle du pouce et son troisième œil ne cessait de cligner dans sa direction. Il voyait bien qu'elle attendait quelque chose de lui.
— Ecoute, je comprends que tu sois stressée mais Oven n'a pas fait une erreur en te demandant de t'en occuper. Et puis ce n'est pas si terrible. Tu aimes faire à manger, non ? Tu as déjà ton propre restaurant et il a toujours eu beaucoup de succès.
— Bien sûr ! Mais…
Elle se tortillait nerveusement, comme une enfant prise en faute.
— Ce n'est pas pareil. C'est une grande occasion. Et…
— Et tu t'en sortiras très bien. Inutile de te mettre la pression comme tu le fais, tout le monde te fait confiance.
— Je ne la mérite pas cette confiance ! S'emporta-t-elle soudain, forçant Katakuri à lever les yeux de son travail.
Elle regretta immédiatement de s'être emportée en croisant son regard. Elle se fit toute petite et baissa les yeux. Lui s'efforça d'avoir l'air moins sévère. Il avait du mal à comprendre ce qui la mettait dans cet état. Ce n'était pas la première fois qu'on lui confiait une mission banale de ce genre, qu'y avait-il de si différent cette fois ? Il lui fit signe de s'approcher, qu'elle se montre moins soucieuse. Lorsqu'elle fut assez près pour qu'il puisse lui parler sur le ton de la confidence, il fit de son mieux pour la rassurer.
— Je ne sais pas ce qui te fait croire que tu n'es pas assez bien pour t'occuper d'un banquet mais Pudding, écoute moi…
Il prit la minuscule main de sa sœur dans la sienne.
— Tu vas y arriver. Ce n'est pas ta première fois et la seule chose de différente par rapport à d'habitude sera le nombre de convives. Tu ne seras pas toute seule, si tu as besoin de plus de monde pour t'épauler, tu n'as qu'à demander.
Elle osa lui adresser un petit sourire.
— Et je te rappelle que toi et Chiffon avez réussi à calmer une crise spectaculaire de Mama en cuisinant un gâteau qui n'existait que dans son imagination. Alors, un banquet, c'est largement à ta portée.
Au lieu de lui apporter le réconfort qu'il espérait, sa déclaration jeta un froid et Pudding lui lâcha la main. Il se souvint alors qu'elle avait eu une réaction similaire la dernière fois qu'il avait abordé le sujet.
— Oui et bien justement. Il y a une chose que je ne t'ai pas dit.
Le rouge lui monta violemment aux joues. Katakuri ne savait pas s'il devait être inquiet ou non mais il continuait de penser que, quelque soit la vérité qui la troublait tant, elle n'avait aucune raison d'être aussi gênée.
— Ce merveilleux gâteau au chocolat… Pour lequel on m'a félicitée et célébrée…
Elle fit une longue pause avant de murmurer son secret.
— Ce n'est pas moi qui l'ai préparé.
Katakuri ne répondit rien. Il était surpris mais il ne voulait surtout pas avoir l'air de la juger sévèrement. Elle poursuivit.
— Je n'y suis pour rien. J'ai participé, oui, mais ce n'est absolument pas grâce à moi que la crise de Mama s'est calmée. C'est Sanji qui a tout fait.
— Je vois.
Voilà qui expliquait tout. Son absence à la cérémonie en son honneur, sa fugue et son manque soudain de confiance en elle. Tous les deux avaient encore plus en commun qu'il ne l'avait imaginé et il était égoïstement réconforté de savoir qu'il n'était plus le seul traître de la famille. Il n'avait pas besoin de connaître les détails de l'histoire, l'expression déconfite de Pudding était plus qu'explicite.
— Je ne mérite pas qu'on me confie quoi que ce soit, murmura-t-elle.
— C'est donc ça qui te perturbe à ce point ?
— Je n'ai jamais été aussi douée que ce que tout le monde croit. Pourtant c'est ce qu'on attend de moi, que je fasse quelque chose d'aussi grandiose que ce gâteau, encore une fois. Et je ne pourrais jamais…
Une larme perla au coin de son œil et Katakuri intervint avant qu'elle ne fonde en larmes.
— Tu te mets beaucoup trop la pression.
— Ca te surprend ?!
— Pas du tout, dit-il en souriant. Mais crois en mon expérience, peu importe ce que tu auras préparé pour l'occasion, ta réputation fera le travail pour toi. Tout le monde va trouver ça délicieux quoi que tu fasses. Même si tout est trop cuit ; on va t'applaudir. Alors détends toi.
Elle leva les yeux au ciel.
— Comme si ça pouvait être aussi simple.
— Ça l'est, l'enjeu n'est pas aussi important que tu le crois. Ce n'est qu'une réception. Et Mama ne sera pas là. Tu n'as pas besoin d'être parfaite.
Cette dernière remarque fut plus efficace que des louanges sur ses talents culinaires.
— J'imagine que non, lui concéda-t-elle. Mais je crois quand même qu'on me prête un talent que je n'ai pas.
— C'est pareil pour chacun d'entre nous, la rassura Katakuri en pensant au temps qu'il avait passé avec Cracker le matin même. Ce n'est pas parce que tu ne peux pas atteindre le niveau absurde que Mama exigeait de toi que ton talent n'existe pas.
Elle s'éloigna brusquement. Elle n'était pas encore capable de remettre en question le jugement de leur mère et la manière désinvolte avec laquelle Katakuri le faisait la mettait très mal à l'aise.
— D'ailleurs, en ce qui me concerne, poursuivit-il. Ce talent mériterait que tu montes en grade, tu sais ce que j'en pense.
— Oh laissez moi tranquille avec ça, je ne veux pas.
— Est-ce vraiment pour Lola que tu refuses le poste ?
Pudding était pressentie pour reprendre le titre de Ministre de l'île Cacao mais elle s'obstinait à le refuser. Elle prétendait ne pas vouloir s'attribuer le rôle autrefois alloué à sa sœur favorite mais après l'avoir entendue exprimer ses doutes, Katakuri se demandait si elle ne freinait pas ses ambitions par crainte de faire des erreurs.
Elle accueillit la question avec un regard sévère.
— Si je prends la place de Lola, alors ce sera vraiment comme si elle n'avait jamais existé. La famille l'oubliera et il ne restera plus rien d'elle. Ou de Chiffon.
— Tu penses qu'elle serait triste de savoir que sa plus fervente défenseuse pourrait prendre sa suite ? Est-ce que ce ne sera pas plutôt la meilleure façon de la respecter ? Accepter que tu transportes sa volonté à toi seule ?
Elle réfléchit une minute. Elle n'avait sans doute jamais vu les choses sous cet angle et Katakuri savait qu'il avait fait mouche. Au bout du compte, elle soupira et posa un troisième œil méfiant sur son aîné.
— Je n'arrive pas à savoir si c'est pire de te parler à toi, ou de parler à Mama… Que tu sois capable de prédire le cours d'une conversation est très agaçant.
— Je t'assure ne pas m'en servir à dessein. Je respecterai ton choix mais s'il te plaît, réfléchis-y.
Elle grommela et tourna les talons pour sortir du bureau. Elle ne lui avait rien lâché mais il trouva qu'elle avait le pas beaucoup plus léger qu'à son arrivée.
/
Quand vint l'heure de midi, Katakuri se précipita hors de son bureau à la vitesse de l'éclair. Il attendait ce moment avec impatience car depuis un moment maintenant, il partageait ses déjeuners avec King.
Jusqu'à présent, il avait toujours mangé seul et ne s'était jamais rendu compte à quel point la solitude le pesait avant de trouver quelqu'un avec qui partager ses rares moments de plaisir. La matinée avait été tellement agitée, il avait à peine eu le temps de penser à son nouvel ami. Il était d'autant plus impatient de le rejoindre.
Car c'était bien ce qu'il était, non ? Un ami. Il se trouvait ridicule de ne pas être capable de savoir si c'était là la définition appropriée. En dehors de ses frères et sœurs, il n'avait jamais eu l'occasion de se lier avec qui que ce soit. Mama n'avait pas laissé ses enfants sortir de son champ d'influence. Quand des amitiés se nouaient, c'était parce qu'elle l'avait souhaité. Il ne pouvait pas concevoir meilleure rébellion que de devenir proche d'un lieutenant de son ennemi de toujours et ça lui procurait une satisfaction espiègle. Il n'était pas décidément pas pressé qu'elle revienne.
Il n'était pas sûr que King le considère de la même façon. Même s'il se montrait de plus en plus sympathique à son égard, c'était en parti parce qu'il n'avait guère le choix. Qui sait comment il se comporterait s'il n'avait pas des menottes en granit marin attachées à ses poignets. Mais Katakuri s'en contentait, il n'avait que peu de temps à lui consacrer et ne voulait pas en perdre une minute.
Il était même un peu trop empressé. Il avait rejoint son jardin si vite qu'il avait devancé King de dix minutes. Un bel exploit de sa part puisqu'il était le moins rapide des deux. Il serait donc obligé d'attendre, quoi qu'il fasse. Mais il n'était pas mécontent d'être le premier sur place, il avait de quoi patienter avec la lecture du journal du jour. Ces derniers jours, il scrutait les informations avec zèle, à l'affût de la moindre information sur sa mère — ou sur Kaido.
Malheureusement pour lui et pour King, les deux empereurs "déchus" et leurs héritages n'étaient que peu mentionnés. L'actualité était trop tumultueuse pour que les journalistes se concentrent sur l'état de deux empires sur le déclin. En un sens, ce n'était pas plus mal. Puisque le gouvernement les laissait tranquilles, ils avaient tout le temps du monde pour renforcé les défenses de Totto Land. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne subissent un assaut d'envergure — et d'après ce qu'il lisait entre les lignes, la Marine disposait de nouvelles armes préoccupantes — mais au moins, ils seraient plus que prêts lorsque cela arriverait.
Tous les yeux étaient tournés vers les conséquences de la Rêverie depuis des semaines. Tout ce qui c'était passé était trop grave — et trop juteux — pour que les journalistes consacrent leur plume à autre chose. Katakuri lui même se trouvait captivé par ces nouvelles, bien plus qu'il ne l'était pas le sort de sa mère finalement. Les actions des révolutionnaires étaient stupéfiantes ; parvenir à affamer Marie Geoise, à assassiner un souverain au nez et à la barbe des dragons célestes puis de s'enfuir sans subir de perte majeure était un exploit. Sabo sacré héros du peuple par le peuple était un problème bien plus grave à gérer que les projets des rejetons de l'impératrice Big Mom. Et l'impossibilité d'accoster simplement à Wano limitait les nouvelles de ce qu'il pouvait bien advenir de Kaido.
Sans compter que la Marine préférait concentrer ses forces sur les corsaires, redevenus des pirates comme les autres, sans parvenir à en éliminer un seul.
D'ailleurs, c'était là le sujet de la Une du jour : Mihawk et Crocodile rejoignant les forces de Baggy le Clown — sacré nouvel empereur avec Chapeau de Paille — pour créer la "Cross Guild." Katakuri ne savait pas quoi en penser, il ne savait pas grand chose de Baggy. Mama n'avait jamais envisagé de travailler avec lui. Mais maintenant qu'ils avaient besoin de créer de nouvelles alliances, celle-ci était envisageable. Il devait y réfléchir et surveiller cette organisation de près.
/
King ne fut pas surpris de trouver Katakuri assis au pied d'un arbre, lisant patiemment le journal avant son arrivée. Il se demandait s'il lisait vraiment où si il faisait semblant d'avoir l'air occupé pour cacher son impatience à manger. Il n'avait touché à aucun de ses snacks, préférant l'attendre avant de commencer.
Il adorait se moquer de sa politesse excessive mais il était toujours aussi touché par toutes les petites attentions qu'il avait envers lui. Personne d'autre que lui ne s'en était jamais donné la peine. Katakuri était bien le seul par qui il aimait être remarqué.
— Tu es là depuis longtemps ?
Katakuri leva le nez de son article et lui adressa un sourire amical.
— Cinq minutes, pas plus.
— T'es pas obligé de m'attendre pour commencer.
King s'installa en face de lui et se laissa tomber au sol.
Les chats et les autres animaux qui avaient l'habitude de tenir compagnie à Katakuri pendant ses repas s'étaient enfin habitués à sa présence et rôdaient autour de lui sans peur.
Il se cala contre un arbre et détendit son aile convalescente avec un grognement.
— Comment est la douleur ? Demanda Katakuri en repliant soigneusement son journal sur ses genoux.
— Supportable. Je pense que je vais devoir m'habituer à ce qu'elle me fasse souffrir. Mais au moins, elle bouge !
Katakuri lui tendit sa part de nourriture et se hâta de prendre la sienne pour la dévorer. Il était de moins en moins gêné de manger devant lui mais King voyait bien qu'il faisait un effort pour se tenir. Il n'y avait pas de quoi se tenir proprement face à lui, qui mangeait comme un glouton, mais c'était attendrissant. Des deux, il était celui qui aurait dû se sentir embarrassé par ses mauvaises manières. Katakuri disait de lui-même qu'il était repoussant mais il se comportait avec la grâce d'un aristocrate tout en ayant effectivement le look d'un des pires pirates de sa génération. Le contraste ne cessait de faire rire King.
— Au fait, j'ai une question à te poser, dit-il entre deux donuts engloutis.
— Mh ? répondit King, la bouche pleine.
Katakuri récupéra le journal qu'il avait mit de côté et lui présenta une page entière qui ressemblait à une publicité criarde. King n'y aurait jamais prêté attention s'il n'avait pas reconnu les visages de Crocodile et de Mihawk, présentés comme des vedettes de comédie musicale.
— C'est quoi cette horreur ? Dit-il avant même que Katakuri ne puisse poser sa question.
— Un visuel de la "Cross Guild", apparemment. C'est la nouvelle organisation de Baggy le Clown. Et c'est là ma question : est-ce que Kaido a déjà travaillé avec ce gars là ?
King lui prit le journal des mains pour regarder l'affiche de plus près, au cas où il aurait été affligé d'une soudaine myopie qui aurait pu lui faire passer des inconnus pour des corsaires. Mais non, il ne rêvait pas. Un sourire se dessina sur son visage en imaginant les problèmes que l'association de Mihawk et de Crocodile pouvait causer au gouvernement. Néanmoins, il était surpris de voir un malfrat comme Crocodile afficher ses intentions au grand jour et de façon aussi ostentatoire. D'après ce qu'il savait, ce n'était pas le genre du bonhomme.
— Je ne connais pas bien Baggy, avoua-t-il à Katakuri. Pourquoi ?
— C'est un des "nouveaux empereurs". Avec Chapeau de Paille.
— C'est une blague ?
Il tourna rageusement les pages et parcourut l'article à la Une pour vérifier les dires de Katakuri. Il savait que le vainqueur d'un duel remportait le titre de son adversaire mais il était incapable de l'accepter pour le moment. Pourtant, c'était bien vrai. Big Mom et Kaido avaient été effacés et aussitôt remplacés. L'envie de brûler cet ignoble papier était tentante mais il se retint pour mieux reprendre la conversation. La présence de Katakuri à ses côtés suffisait à apaiser ses ambitions destructrices. Pour le moment.
— L'ascension de ces deux gars est spectaculaire, dit-il en grinçant des dents.
— Je suis d'accord, répondit Katakuri. C'est pour ça que je me pose la question, peut-être que ce Baggy pourrait faire un allié avantageux.
Il ne faisait même pas semblant de cacher ses intentions. King lui adressa un sourire narquois.
— C'est pour ça que tu veux savoir si on bossait avec ? Pour nous le piquer ? Je ne vais pas te révéler mes petits secrets professionnels comme ça.
Plusieurs semaines auparavant, Katakuri aurait bredouillé des excuses. Maintenant, il se contentait de hausser les épaules avec une moue satisfaite.
— Je pouvais toujours essayer. Je suis du genre prudent. Je ne vais pas travailler avec quelqu'un sans avoir eu quelques retours avant. Mais je me disais qu'on aurait peut-être dû l'inviter à la Tea Party.
— Mh, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, l'arrêta King. Je ne sais rien de Baggy mais j'ai une petite idée du genre d'homme qu'est Crocodile. Et crois moi, il ne faut pas qu'il s'approche de vous tant que vous êtes au plus mal. C'est une bactérie ce mec, il va profiter de votre faiblesse pour s'infiltrer et tout bousiller de l'intérieur avant que ne vous n'ayez le temps de réagir.
Katakuri afficha une expression moqueuse à son tour.
— Tu es de bons conseils pour quelqu'un qui ne veut pas partager ses petits secrets.
— Profites en, avant que je change d'avis.
Il lui rendit le journal. Les scoops présentés le déprimait plus qu'il ne l'aurait voulu. Il savait qu'il n'y trouverait aucune nouvelle de son capitaine et trop de louanges envers ceux qui avaient détruit toute sa vie. Il n'avait pas envie que son humeur soit gâchée. Heureusement pour lui, Katakuri était d'humeur bavarde.
— Tu as déjà eu à faire à Crocodile alors ?
— Personnellement non, mais travailler avec Joker nous a permis d'avoir pas mal d'infos sur la concurrence.
Katakuri le fixa avec intensité tout en se servant nonchalamment une tasse de thé. A chaque fois qu'il observait ses mimiques, King ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qu'il avait vu de Big Mom juste avant que l'alliance avec elle ne soit conclue. Son fils avait exactement le même regard pétrifiant tout en étant incroyablement différent d'elle. Il aurait tant préféré l'avoir en face de lui à la place de sa mère ce jour-là. Est-ce qu'ils auraient perdu la bataille s'il avait été de la partie au lieu de son frère aîné ? Il était certain que non.
— Tu peux dire Doflamingo tu sais, reprit Katakuri. Je connais son pseudonyme.
— C'est vrai que son identité à été rendue publique.
— Je la connaissais déjà avant, avoua-t-il.
Tiens ?
King se redressa et le fixa à son tour, intrigué par toutes les intrigues politiques ce que sous-entendais cet aveu. Cette fois, Katakuri se tortilla un peu et sembla regretter sa sincérité. King ne fit absolument rien pour le rassurer, il aimait beaucoup le voir galoper pour rattraper ses erreurs. C'était toujours très plaisant à regarder.
— Nous avons de très bons espions, se justifia-t-il de peur d'avoir irrité King.
— Je vois ça. Mais je sais pas pourquoi, j'ai le sentiment qu'il y a une anecdote intéressante derrière ce que tu viens de me dire.
— Pas tant que ça.
Il taquina son genou avec le sien pour l'encourager à poursuivre.
— Allez. Crache le morceau.
Katakuri avait rosit légèrement et il avait le regard fuyant. King était maintenant capable de deviner quand il utilisait ses capacités pour voir l'avenir ; une lueur passait brièvement dans ses yeux et atténuait parfois sa nervosité. Le pauvre faisait ça si souvent.
C'était rare de trouver quelqu'un capable d'une telle prouesse et King était sûr que Katakuri avait développé ce talent grâce à son stress.
— Je ne suis pas sûr que tu apprécies ce que je vais te raconter, dit-il même après avoir consulté le futur pour s'assurer que King resterait calme.
— Tu as peur d'un estropié avec des menottes ? Arrête de tergiverser et balance.
Katakuri but une gorgée de sa boisson pour se donner du courage et accepta de se livrer.
— Et bien, tu parlais de "piquer" vos recrues toute à l'heure… Je te confirme que Mama à bel et bien essayé de se mettre Doflamingo dans la poche.
Il n'osait pas regarder King dans les yeux et ne voyait donc pas que son sourire amusé s'élargissait de plus en plus. Sans être capable de lire l'avenir, il était tout de même en mesure de deviner la suite de l'histoire.
— Je peux bien le dire maintenant qu'il est tombé, admit-il. Elle savait parfaitement que Doflamingo travaillait pour Kaido et le fournissait en fruits du démon artificiels, par l'intermédiaire de César — qui est sur notre liste d'ennemis aussi d'ailleurs — et je te passe les détails mais elle aurait bien aimé…
— Nous couper l'herbe sous le pied.
— Voilà. Sauf que la seule fois où elle l'a invité ici pour discuter d'un éventuel arrangement, la rencontre s'est très mal passée. On a frôlé l'incident diplomatique, bref. Ça ne s'est pas fait.
King se retenait à grand peine d'exploser de rire. Imaginer Doflamingo à une réception de Big Mom était hilarant. King aurait certainement compati si ça n'avait pas été aussi drôle.
— Pourquoi est-ce que tu souris comme ça ? Demanda Katakuri qui suspectait une entourloupe.
King fit exprès de garder le silence assez longtemps pour l'empêcher de deviner sa réponse à l'avance.
— Quoi ? Insista-t-il. Qu'est-ce que ça a de si drôle ?
— Ce ne serait pas ça "la dernière fois" que ton frère a organisé une Tea Party ?
Katakuri fronça les sourcils.
— Si.
— Ok, j'ai compris. Pas besoin de me raconter je sais exactement ce qui a mal tourné et pourquoi.
Il tint à peine deux secondes avant de reprendre la parole. Tout était trop savoureux.
— Laisse moi deviner : il est venu à l'occasion d'un mariage arrangé.
— …Oui. Et il y a eu… des soucis entre lui et la mariée.
King connaissait la pudeur de Katakuri, il se sentait tout de même mal pour lui. Il avait dû gérer ce qui devait être une des histoires les plus embarrassantes de son répertoire. Mais il ne pouvait pas se retenir de se moquer de la tentative ratée d'un équipage ennemi d'avoir voulu mettre la main sur leur allié.
— Je visualise tout à fait le désastre. Comment a réagi Big Mom ?
— Mal.
Il pouffa de rire. Ca n'empêcha pas Katakuri de poursuivre.
— Dès le début je me doutais que ça allait mal se passer. On a réussi à limiter la casse mais les conséquences diplomatiques auraient pu être catastrophiques. Après ça, on n'a plus jamais parlé de traiter avec Joker.
— Sage décision.
— Enfin, si. Certains de mes frères et sœurs ont beaucoup trop insisté pour une nouvelle tentative de négociation mais ça n'a jamais abouti et personnellement je trouve que ce n'est pas plus mal. Je n'aurais jamais pu faire confiance à quelqu'un comme lui, je ne sais pas comment vous avez fait.
King était incapable de dissimuler son envie d'éclater de rire et Katakuri n'était pas dupe. Il bouda une seconde, maintenant certain que King se payait sa tête.
— Bon, quoi ? Qu'est-ce que tu détiens comme information qui m'a échappé pour que ça te fasse rire à ce point ?
— C'est pire que ça, ricana King. Je crois que ce que je peux te révéler risque de faire fondre ton cerveau et j'hésite à utiliser ce pouvoir. Ce serait cruel.
Puisqu'il gardait son air déterminé, King n'avait pas d'autre choix que de lui faire part de ce qu'il soupçonnait. Il se redressa et prit un air faussement grave. Il savait quelle réaction il allait provoquer et il s'en délectait. Taquiner Katakuri était devenu un de ses passe-temps favoris.
— Je pense que Doflamingo s'est tapé plusieurs de tes frères et sœurs. Et qu'il est reparti avec plein d'infos sur vos affaires au passage.
Il eut un temps de réaction encore plus court que ce qu'il avait prévu et, encore une fois, sa figure vira au rouge vif pour le plus grand bonheur de King.
— Ca va pas de me dire des choses pareilles ?!
King leva les mains en l'air en signe de reddition, après tout, il ne faisait qu'énoncer une vérité probable et ne cherchait pas à combattre.
— Navré de te l'apprendre mais je suis sûr qu'il y en a qui sont passés à la casserole, ajouta-t-il d'un ton espiègle qui entraîna le mutisme prolongé de Katakuri.
Le malheureux tenta par trois fois de trouver quelque chose de pertinent à répondre mais chaque fois, ses yeux se perdirent un peu plus dans le vague en comprenant que l'hypothèse de King était peut-être un peu trop proche d'une vérité qu'il ne voulait pas connaître.
— Ok, on va en rester là avec cette conversation, déclara-t-il simplement, trop gêné pour continuer.
— Tu peux quand même pas être aussi choqué. C'est la base de la réputation de Doflamingo ça !
— Chut.
— Toi chut, répliqua King qui n'avait aucune envie d'arrêter. Si tu l'as rencontré, il t'as forcément fait du rentre dedans à toi aussi, ne sois pas surpris.
— Mais pas du tout enfin !
Il avait l'air en colère mais pas assez pour convaincre King d'arrêter de le faire tourner en bourrique.
— Il se passe quoi dans ton équipage pour que tu imagines des choses pareilles ? Grogna-t-il en feignant de reporter son attention sur un éventuel dessert.
— Je t'assure que c'est arrivé, tu n'as pas dû t'en rendre compte, c'est tout.
— Et moi je t'assure que non ! Je ne dois pas être son type.
— RAH ! S'emporta King. Je sais que tu es persuadé d'être trop laid pour être exposé au désir des autres mais ce mec là baiserait une pastèque si elle pouvait lui faire un clin d'œil !
Katakuri le dévisagea, d'abord stupéfait, puis il réprima un rire derrière une fausse toux. King entendit l'écho de sa phrase dans sa tête et cessa de faire le malin.
— Ça sonnait un peu plus comme un compliment dans dans ma tête, s'excusa-t-il maladroitement. T'as raison, on va parler d'autre chose.
Il se moquait de la facilité avec laquelle Katakuri rougissait mais il n'était pas plus doué que lui dans ce domaine. Il avait simplement la chance que son embarras soit moins flagrant. Il se jura de tourner sa langue trois fois dans sa bouche avant de l'ouvrir, la prochaine fois. Heureusement, Katakuri n'avait pas l'air fâché ou offensé. Mais il espérait ne pas se montrer un peu trop familier ces derniers temps. Le taquiner était drôle jusqu'au jour où Katakuri déciderait de lui faire payer son insolence.
Depuis qu'il l'avait soigné, il se comportait avec lui comme avec personne d'autre auparavant. Il ne plaisantait pas souvent et encore moins en compagnie de quelqu'un. Les rares fois où il exerçait son humour, c'était sur Queen et c'était toujours dans le but de faire le plus de mal possible. C'était sûrement la raison pour laquelle il avait toute les peines du monde à ne pas se montrer inutilement cruel avec Katakuri. Le blesser ne lui procurait aucune satisfaction, bien au contraire. Il éprouvait pour lui un respect grandissant semblable à celui qu'il réservait à Kaido.
Comme le silence perdurait, et qu'il craignait d'avoir fait un faux pas, il fut le premier à relancer la conversation.
— La Tea Party est pour bientôt ?
Katakuri n'avait pas l'air contrarié le moins du monde, ce qui rassura King.
— Elle aura lieu dans quelques jours je pense. J'ai passé ma matinée à entendre parler des préparatifs. Je pense que Oven prévoit une fête un peu trop grandiose, mais bon. On verra bien.
— Ne me dis pas que je vais devoir faire un effort pour m'habiller, supplia King qui se voyait déjà décoré comme une bête de concours pour une foire aux bestiaux.
Il n'était pas sûr d'avoir eu raison d'accepter d'y aller. Sur le moment, ça l'avait amusé. Mais à présent, il appréhendait le jour de la fête. Il savait que tous les yeux seraient rivés sur lui et qu'il serait leur attraction. Ca n'allait pas lui rappeler de bons souvenirs. Il allait en détester chaque seconde et la présence de Katakuri ne suffirait sans doute pas à chasser sa nervosité.
Néanmoins, il balaya ses craintes d'un revers de la main.
— Surtout pas. Tu t'en fiches, c'est déjà aimable à toi de faire acte de présence. Et tu pourrais porter n'importe quoi, le résultat sera forcément impeccable, ajouta-t-il dans un souffle précipité que King fit mine de ne pas avoir entendu.
— Je t'avoue que je commence à regretter d'avoir dit oui à ton frère. J'espère qu'il ne s'attend pas à ce que je fasse des démonstrations de mes pouvoirs ou quoi que ce soit d'autre pour épater la galerie.
— Tu es nerveux ?
— Non, mentit-il d'abord. Si. Tout dépend de qui sera présent.
Il doutait que des agents gouvernement soient invités mais on ne pouvait être sûr de rien. Il passait encore qu'il soit forcé de marcher à visage découvert sur un archipel fermé et gardé comme un sanctuaire, mais savoir qu'il allait devoir s'exposer au reste du monde, dont d'éventuels chasseurs de prime célèbres et autres collectionneurs avides de curiosités vivantes, pour la première fois depuis des décennies… Ca le terrifiait. Il n'était même pas en pleine possession de ses moyens et Kaido n'était pas là pour le protéger.
— Tu n'es pas le seul, lui confia Katakuri.
King n'osa pas lui dire que leurs cas étaient trop différents pour faire la comparaison. Mais il suffisait de les observer pour comprendre qu'aucun d'eux n'était fait pour apprécier les fêtes ou tout autre type de mondanité. Ils étaient là, tous les deux isolés en pleine forêt, à l'abri des regards, pour profiter d'un repas et oublier une seconde que le monde existait autour d'eux. C'était suffisant.
— Mais ne t'inquiète pas, reprit Katakuri. Tu n'auras qu'à te montrer une demie heure et ce sera suffisant. Tu pourras t'éclipser facilement pour rejoindre ta chambre quand tu en auras marre puisque la fête aura lieu sur cette île.
— Ah ? Ça m'étonne.
— Sweet City est encore trop abîmée. Par la faute de ton arrivée spectaculaire parmi nous d'ailleurs...
— Navré.
— Et comme je me présente comme le "régent" en l'absence de ma mère, ça me paraissait approprié de proposer de faire ça sur mon territoire.
— c'est vrai, reconnut King. Mais ton château pourra accueillir tout ce monde ?
— Jamais de la vie je laisse faire ça dans le château ! Chez moi, c'est chez moi.
King esquissa un sourire. Effectivement, un introverti pareil ne permettrait pas qu'on mette un pied dans son intimité.
— Ce sera dans les beaux quartiers. Et il faut encore installer toutes les décorations, les animations… J'ai hâte d'en avoir fini avec ça.
Et moi donc, pensa King sans le révéler. Même s'il était soulagé de savoir qu'il aurait une porte de sortie si jamais les choses tournaient mal. Katakuri allait-il un jour cesser de savoir s'y prendre avec lui ?
/
Le jour de la Tea Party était enfin arrivé.
Katakuri n'en pouvait plus d'attendre. Il était pressé de se débarrasser de cette corvée. Comme à chaque fois qu'une réception de ce genre devait avoir lieu, il se rappelait à quel point il avait horreur de ça. Il savait déjà comment les choses allaient se passer.
Il allait devoir saluer leurs invités en faisant le beau et en soignant sa présentation — même si avec sa bouche découverte, l'effet risquait d'être moins saisissant. Puis il allait devoir faire semblant de s'intéresser aux conversations et se retenir d'avaler la moindre nourriture quand bien même on allait lui laisser des plats délicieux sous le nez toute la soirée. Il se consolait en se disant que Oven et ses sœurs feraient le plus gros du travail. Tous étaient d'accord sur le fait que, meneur ou pas, Katakuri n'était pas le plus indiqué pour mener des négociations et n'avait pas le bagou nécessaire aux échanges commerciaux. Son charisme ne faisait pas tout, aussi il devrait faire comme d'habitude : se contenter de jouer les vigiles et surveiller consciencieusement le déroulé des festivités.
Il était déjà épuisé avant même d'avoir franchi la porte de sa chambre. La nuit allait être longue. Il n'était même pas égayé à l'idée de passer la soirée avec de King à ses côtés, il avait trop peur que les choses se passent très mal pour lui. Il ne savait pas quel effet un lunaria vivant allait produire sur une horde d'invités cupides. Il s'en voudrait terriblement qu'il soit malmené de quelconque façon. Il lui avait promis qu'il pourrait s'échapper mais qui sait ce qu'il allait devoir affronter avant de pouvoir le faire ?
Il avait bien vu à quel point la Tea Party l'angoissait. Il n'avait pas osé poser de questions de crainte de dire quelque chose de déplacé alors il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire pour le réconforter. Puisqu'il le considérait comme son ami — même s'il ne lui en avait rien dit — il voulait lui épargner le moindre malaise.
Et il n'y avait pas que ça. C'était aussi la première fois qu'il allait exposer son visage aux yeux de gens extérieurs à l'archipel. Il n'avait aucune idée de la façon dont cette nouvelle apparence allait être reçue. En un sens, il était encore plus effrayant qu'avant et ça pouvait être un avantage, d'un autre côté…
Il n'avait pas oublié la façon dont on l'avait traité depuis son plus jeune âge quand il se permettait d'être lui-même et être perçu comme un monstre n'avait rien d'agréable. Même à son âge il avait encore peur des moqueries. Personne n'aurait l'audace de lui rire au nez en pleine Tea Party mais les murmures, les regards, les messes basses… Aurait-il la force de les supporter ? Il envisagea une seconde de récupérer son écharpe mais la promesse qu'il avait faite à Brûlée le retint. Il irait jusqu'au bout.
King devait le rejoindre et ils avaient prévu de se rendre ensemble à la réception. Comme ils se l'étaient promis, ils se soutiendraient mutuellement dans cette épreuve. L'absence de Mama rendait les choses plus faciles, il pouvait prendre son temps et par conséquent, King aussi. A cette heure-ci, les festivités avaient déjà commencé et les premiers invités avaient rejoint le site. Katakuri avait fait en sorte que le port de l'île soit vide pour accueillir les navires et depuis sa fenêtre, il pouvait voir que les quais étaient déjà remplis. C'était une bonne chose de voir du monde mais il n'en tirait aucune joie. Plus de monde signifiait plus de paires d'yeux rivés sur lui.
Il comprenait maintenant pourquoi Pudding s'angoissait autant.
— Monsieur ! Un visiteur pour vous ! L'appela sa porte.
Il inspira un bon coup pour se débarrasser de sa nervosité et quitta le confort de sa chambre. Il se retrouva nez à nez avec King qui n'avait pas l'air moins tendu que lui. Katakuri lui avait dit qu'il n'avait pas besoin de réfléchir à sa tenue mais il était évident qu'il l'avait fait. Il avait opté pour un t-shirt simple à manche longues, à peine ouvert au niveau des ailes et couvrant beaucoup plus sa peau que d'habitude. Il n'avait pas envie qu'on le reluque de trop près, lui non plus. Ils se fixèrent une seconde et ils n'eurent pas besoin de prononcer un seul mot pour soupirer à l'unisson. Ni l'un, ni l'autre n'était d'humeur à faire la fête.
— Prêt ? Demanda Katakuri, pour la forme.
— J'espère.
— Alors allons-y.
Ils s'en allèrent ensemble, Katakuri guidant la marche.
— Pourquoi j'ai l'impression que tu m'emmènes à l'échafaud, ricana King avec une pointe de rancœur dans la voix.
— C'est presque pareil, en un sens.
— Cela dit, je suis curieux de voir à quoi ressemble une fête selon vos critères. Je suis habitué à une ambiance particulière et j'ai envie de voir les différences.
— Je sais déjà que tu sauras t'en moquer, sourit Katakuri, lui aussi quelque peu impatient de savoir ce que la présence de King allait changer à ses habitudes.
Marcher avec lui lui donnait la force de se rendre à la fête. Il n'aurait probablement pas beaucoup de temps à lui accorder mais il l'avait dit lui-même : il était son plus un. Ca rendait les choses moins éprouvantes que d'habitudes.
Ils gagnèrent rapidement les rues. Il y avait vraiment beaucoup de monde ; le couvre feu avait été décalé de plusieurs heures pour permettre à la population d'assister à la fête et il y avait des familles qui se promenaient dans les rues, en route pour les beaux quartiers. La présence de King et Katakuri dans la rue ne passait pas inaperçue. Ils étaient deux géants parmi les passants qui s'écartaient pour les laisser passer en les saluant poliment. Tous semblaient s'être habitués à King et ne lui accordaient pas plus d'attention que d'habitude. Il avait sûrement besoin de ça pour se sentir mieux. Depuis qu'ils avaient mis le nez dehors, les flammes de son dos crépitaient avec intensité et Katakuri pouvait en ressentir la chaleur, même à bonne distance.
— On va passer par les coulisses, on évitera la foule à l'entrée, le rassura Katakuri.
King marmonna en réponse et se contenta de le suivre sans broncher.
— J'espère qu'il y a de l'alcool à vos soirées, dit-il enfin. Je crois que je vais en avoir besoin.
— Ne t'inquiète pas, nous savons recevoir.
Katakuri repéra un groupe d'homies qui couraient, les bras chargés de victuailles et se dirigea vers eux. Ils les suivraient pour rejoindre l'entrée des serviteurs. Paradoxalement, c'est là que les choses seraient les plus calmes.
La musique de la fête parvenait enfin à leurs oreilles alors qu'ils se faufilaient derrières les bâtiments les plus grands de l'île. Ils n'étaient pas adaptés aux gens de leur gabarit, c'étaient des appartements luxueux destinés aux visiteurs ou aux membres de la famille en visite. Il n'y avait que peu de résidents permanents à y vivre. Katakuri se sentait soulagé de se savoir peu entouré mais ce n'était pas le cas de King, plus ils s'approchaient et plus il paraissait nerveux.
Une voix familière se fit entendre. Les homies obéissaient à des ordres criés un peu plus loin et se hâtaient pour pousser des chariots remplis de nourriture. L'odeur alléchante des hors d'œuvre et des divers plats qui s'y trouvaient fit saliver Katakuri. Quel supplice ça allait être de se retenir d'y toucher.
Il reconnut Pudding à la tête des domestiques. Elle avait enfilé sa tenue de chef et donnait des ordres avec assurance. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Katakuri croisa son regard et lui adressa un sourire entendu qui signifiait "tu vois que tu peux le faire". Elle l'ignora et continua à travailler d'arrache pied.
Ils empruntèrent le même passage qu'elle et débouchèrent enfin sur une place immense et dégagée sur laquelle étaient installées des tables de banquet garnies de plats en argent, rutilants et animés par les homies les plus insolites, des étals de nourriture, des pièces montées cuisinées par Streusen en personne et diverses statues décoratives en chocolat à l'image de certains membres de la famille, probablement sculptées par Pudding elle-même. Tout était illuminé par des guirlandes chatoyantes et orné de bouquets de fleurs somptueux, aussi larges que les épaules de Katakuri. Il y avait aussi une grande estrade sur laquelle jouaient un orchestre et des ateliers que Katakuri ne prit pas le temps d'observer.
King restait caché dans son ombre, occupé à repérer les lieux avant de vraiment se montrer. Il y avait déjà beaucoup de monde et Oven se chargeait de saluer les invités de marque, secondé par Compote. Il reconnut certains d'entre eux, ils n'avaient pas fait affaire avec ces gens depuis longtemps et c'était un bon choix que de les avoir fait venir. Mama les avait délaissés et il était temps de renouer.
Katakuri jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. King avait l'air plus farouche que jamais. Peut-être avait-il reconnut quelqu'un ?
— Tout va bien ?
— Oui, ça va, marmonna-t-il. C'est plus calme que ce que j'imaginais.
— Et c'est bien ou mal ?
— Pour l'instant ni l'un, ni l'autre. Je me demande juste où est ma place dans ce tableau.
— C'est la question que je me pose depuis trente ans, chuchota Katakuri à son attention avant que Oven ne les rejoigne gaiement et que la fête commence vraiment pour eux.
— Vous voilà ! T'as vu ça un peu, dit-il à Katakuri. Il y a déjà du monde, et du beau monde !
— Ne t'emballes pas, on a encore rien conclu.
— Oh par pitié, pour une fois dans ta vie : détends toi. Ça ne va pas te tuer d'être là.
Katakuri aurait aimé lui faire plaisir et être capable de se montrer enthousiaste mais il avait toujours détesté les Tea Partys et ce n'était pas maintenant que ça allait changer.
Je m'arrête là histoire de bien frustrer tout le monde.
Mais du coup, la prochaine fois, ce sera la Tea Party à 100%. Ils sont tout ronchons là ? Ca va pas durer. C'est le chapitre que j'ai le plus envie d'écrire alors on va s'amuser. Je sais déjà qu'il sera LONG.
Encore désolée d'avoir pris du retard ! Le prochain sera pour le 05/11 en espérant que je n'enchaîne pas les nuits d'insomnies d'ici là et que tout se passe bien. Bon Dimanche tout le monde !
Edit : Alors cette fois ce n'est pas l'insomnie le problème mais la tempête Ciaran, qui a frappé près de chez moi et qui m'a coupé internet et l'électricité pendant deux jours. Forcément, je n'ai pas pu travailler autant que je l'aurais voulu sur le chapitre (même si il est bien entamé) et je suis désolée de le dire mais : il sera encore en retard, ne vous attendez à rien Dimanche. Je vais faire de mon mieux pour le finir le plus vite possible mais fatalement, c'est un peu compliqué de me concentrer dessus pour le moment. J'espère que ça ne gâche pas trop votre lecture 3 en plus j'ai hâte de le partager le prochain, je pense que ça va être un de mes préférés ! Je me dépêche de le terminer.
