Je suis dans les temps cette semaine, ça fait plaisir. J'ai même pas cavalé pour rattraper mon retard alors que mon cerveau est complètement obnubilé par Baldur's Gate et que c'était mon anniversaire cette semaine.

Il faut dire que je tenais beaucoup à écrire ce chapitre. Je suis enfin arrivé à un moment que j'avais très envie d'écrire.

J'en dis pas plus, je vous laisse découvrir.


Le visage de Perospero avait été gravement mutilé. Il était dans un état lamentable.

Katakuri devait lutter pour ne pas détourner le regard. Il n'était pas difficile de deviner que son corps tout entier portait les traces de la vengeance des Minks.

La première chose qu'il avait fait après le retour de ses frères et sœurs avait été de conduire le corps de leur aîné dans l'ancien laboratoire de César. L'environnement pouvait faire office de morgue de fortune ; il disposait de matériel stérile et d'une pièce réfrigérée capable d'empêcher que le corps se décompose davantage. Mais le processus avait déjà commencé depuis un moment et il avait du mal à ne pas rendre le contenu de son estomac face à cette vision.

D'autres membres de la famille avaient demandé à venir le voir avant les obsèques mais il leur avait refusé l'accès pour le moment. Il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée que d'autres que lui le voit comme ça. Perospero lui-même n'aurait pas apprécié. Pour le moment, il était seul face au corps de son grand frère, avant qu'il ne soit mis dans un cercueil. Daifuku l'avait prévenu que ce serait difficile à supporter, mais il n'avait pas imaginé à quel point.

Il le contemplait en silence, rongé par la culpabilité. S'il ne s'était pas blessé au cours du combat contre Chapeau de Paille, il les aurait accompagnés jusqu'à Wano. Et peut-être que l'issue de cette guerre aurait différente. Il n'était pas responsable de sa mort mais il avait le sentiment qu'elle aurait pu être évitée par sa présence à ses côtés. Et cette perte, en plus de la douleur qu'elle lui infligeait, le mettait devant ce nouveau fait : il était bel et bien le fils aîné désormais. Il n'avait plus de grand frère.

Des images de leurs enfances respectives défilèrent devant ses yeux. Lui et Perospero avaient toujours été rivaux. Il n'aurait jamais imaginé qu'il finirait par avoir le dernier mot. Et encore moins de cette façon.

— Kata ? L'appela Daifuku, de l'autre côté de la porte.

Katakuri reprit ses esprits. Il se focalisa sur le positif pour chasser la mélancolie. Au moins, son jumeau était revenu vivant. Il n'aurait pas supporté de le perdre. Il jeta un dernier regard au corps de Perospero, serra les dents, et se fit la promesse de lui offrir une cérémonie digne de ce nom. Il le laissa aux soins des homies et rejoignit Daifuku. Il n'avait pas beaucoup dormi mais il n'avait pas le droit de fatiguer. Il y avait encore beaucoup à faire et s'il voulait permettre aux autres de faire leur deuil, il fallait que lui tienne le coup. Maintenant que ses yeux avaient quitté le corps de Perospero, il s'en sentait largement capable.

Car si la mort de son grand frère lui pesait, il ne pouvait pas en dire autant pour sa mère.

Pour elle, il ne ressentait rien. Il n'aurait donc aucun mal à se faire à sa mort.

— Smoothie et Cracker t'attendent, lui annonça Daifuku en le voyant franchir la porte.

— Très bien.

Katakuri avait insisté pour qu'ils se réunissent au plus vite tous les trois. Il leur avait laissé du temps pour se reposer mais il voulait comprendre tout ce qui s'était passé à Wano. Il voulait être sûr.

— Tu devrais venir toi aussi, dit-il à Daifuku. Au cas où l'un d'entre eux craqueraient.

— Comme tu veux.

Il était épuisé et cela se voyait sur son visage. Katakuri se sentit immédiatement coupable. Son frère n'était pas moins atteint par la perte de leur mère et de leur aîné que Smoothie ou Cracker.

— Si tu préfères rentrer chez toi, commença-t-il, compréhensif.

— Bien sûr que non ! Je préfère t'accompagner que de rester là, à me tourner les pouces.

Son orgueil le reboosta instantanément et il s'en alla le premier, prêt à affronter leur réunion.

Katakuri aurait pouffé de rire devant son attitude s'il n'avait pas été aussi inquiet d'éveiller ses soupçons quant à ce qu'il était censé ressentir après la mort de Mama. Il aurait préféré réagir comme les autres ; afficher un visage affligé, s'enfermer des heures dans sa chambre pour pleurer, mais il n'en était rien. Il avait eu du mal à y croire, comme tout le monde, mais une fois le choc passé : il s'était fait à l'idée. Leur mère était morte. Elle ne reviendrait plus jamais.

C'était la détresse de ses frères et sœurs qui l'avait forcé à réagir. Il avait aussitôt fait tout ce qui était en son pouvoir pour les réconforter et leur permettre de se remettre d'une telle catastrophe. Il avait appris la nouvelle aux plus jeunes et calmé leurs pleurs, permis à Brûlée de sangloter dans ses bras, offert son épaule à Oven... Puis il avait tout organisé pour que le pays soit à l'arrêt pendant au moins une journée. Totto Land était en deuil, si il devait y avoir le moindre problème, il s'en chargerait seul. Les autres n'étaient pas état.

Brûlée l'avait mit en garde contre sa tendance à l'excès, encore une fois, mais il savait qu'il ne craignait rien. Il se portait étrangement bien. Pour lui, c'était un jour comme les autres. Cependant, il savait que ce n'était pas normal ! Tout le monde était sens dessus dessous pendant qu'il se comportait comme il l'avait toujours fait, sans être affecté.

Il s'en voulait terriblement d'être aussi hermétique à la nouvelle. Il priait pour que personne ne s'en aperçoive. Ce qui ne risquait pas d'arriver, puisqu'il avait toujours tout pris sur ses épaules quand plus personne n'était en mesure d'agir. Il ne faisait que jouer son rôle : on comptait sur lui pour gérer cette crise, alors on ne posait pas de questions. Tant mieux pour lui, en un sens, mais il aurait pourtant dû ressentir quelque chose, non ? De la peine, de la colère, du déni, n'importe quoi ! Mais non. Il avait déjà accepté l'idée. Pire que ça, il avait l'impression d'être... soulagé.

Il ne s'était jamais autant senti comme un traître : d'abord il avait laissé Chapeau de Paille s'enfuir, maintenant ça. Mais c'était bien pour ça qu'il l'avait laissé partir, dans l'espoir qu'il mette bel et bien fin à la tyrannie de Big Mom. Alors maintenant que c'était terminé, il était satisfait. Mais il ne pouvait en parler à personne, il avait honte. Le pays tout entier fonctionnait grâce au pouvoir de Mama, leur économie était basée sur ses besoins et ses désirs et leurs habitants vivaient ici parce qu'ils cherchaient sa protection. Et Katakuri, au lieu d'être complètement paniqué, sentait un poids s'envoler de ses épaules.

Il avait tellement honte de penser une chose pareille mais... Sans elle, ils allaient pouvoir respirer ! Ils n'allaient plus dépenser des fortunes dans des caprices ponctuels de leur mère, ni risquer de perdre la vie en la contrariant, ils n'auraient plus besoin de calquer leurs vies entières sur ses ambitions. Le pays leur appartenait, ils pouvaient tout recommencer. Et ce ne serait sûrement pas difficile puisqu'ils étaient toujours une des familles les plus puissantes du monde. Pour Katakuri, ce n'était pas un monde qui s'effondrait avec la mort de sa mère, mais un nouveau champ des possibles !

Pourtant, il était dévoré par la culpabilité. Il n'avait pas le droit de penser ça alors que tout le monde la pleurait et que leur frère avait perdu la vie lui aussi. Il ne pouvait le dire à personne. Mais il pouvait profiter de cet avantage pour empêcher leur monde d'exploser.

Il était toujours celui qui était assez fort pour supporter tout ça, aujourd'hui plus que jamais.

/

La salle de réunion n'avait jamais été aussi calme.

Katakuri avait l'habitude du monde, des disputes, des cris et du mobilier brisé suite à un désaccord. Voir ses trois adelphes aussi immobiles et épuisés lui serrait le cœur.

Cracker avait le teint blafard et les mains croisées sur la table, le regard dans le vide en attendant que quelqu'un se décide à prendre la parole. A sa gauche, Smoothie, qui n'était pas dans un meilleur état. Sa posture droite et son air sérieux ne dissimulaient pas ses yeux rouges et gonflés. Et Daifuku, assis un peu en retrait, se rongeait l'ongle du pouce, perdu dans ses pensées.

Eux qui se précipitaient toujours pour avoir la parole, voilà qu'ils étaient réduits au silence. Katakuri, en meilleur état qu'eux, prit les devants.

— Racontez moi tout.

Il s'efforça de garder une voix apaisée, pour les rassurer, comme il l'aurait fait avec les enfants. Cracker se détendit un peu mais Smoothie avait toujours l'air hostile. Il voyait à son langage corporel qu'elle ne se mettrait plus en colère mais elle gardait une posture défensive, comme s'il risquait de la punir à tout moment.

— Avant ça, j'aimerai que tu me dises pourquoi tu laisses le lunaria se balader où bon lui semble, dit-elle, la voix blanche.

Son insistance l'agaça mais il lui répondit. Il ne pouvait pas lui reprocher de faire passer leur intérêt avant celui de King. Elle avait été absente très longtemps, elle ne pouvait pas se douter qu'il n'avait rien d'une menace. Il aurait été facile de le défendre en mentionnant ce qu'il avait fait pour Pudding mais il avait promis le secret. Et face à eux, il valait mieux qu'il ne soit pas trop explicite à propos de ses sentiments pour King, en tout cas pas pour le moment. Il devait se contenter d'être factuel.

— Quand vous nous l'avez envoyé, il s'est réveillé tout de suite après son arrivée et n'a pas très bien pris sa captivité. J'ai dû l'affronter immédiatement et ça n'a pas été une partie de plaisir.

Smoothie baissa les yeux et Daifuku sembla mal à l'aise aussi. Mais Katakuri n'était pas là pour leur jeter la pierre, il poursuivit.

— Je l'ai neutralisé mais il porte bien son nom, il peut provoquer des incendies en dépit des menottes en granit marin. On ne pouvait pas l'enfermer comme n'importe quel prisonnier. Surtout pas en l'absence de Mont D'Or. Et de notre côté, pour ce que nous savions, Kaido était notre allié. Alors j'ai pris la décision de le garder sous ma responsabilité et de le traiter comme un invité. Je ne pouvais pas risquer un incident diplomatique.

Smoothie opina du chef, satisfaite par cette explication. Katakuri devina qu'elle se sentait responsable d'avoir peut-être sauvé la vie de celui qui les avait séparés de Mama à Wano. Elle avait besoin de rationaliser ce qu'elle croyait être son échec.

— Je comprends, dit-elle, la voix hésitante. Mais maintenant que cette alliance est morte et enterrée, il doit payer pour ce qu'il a fait. Exécutons-le.

— Non.

Il n'avait pas réfléchi et répondu un peu sèchement. Tous les trois le fixèrent avec étonnement. Il savait que son refus était un peu trop catégorique pour la situation mais il savait aussi comment calmer sa sœur.

— Smoothie, ce qui est arrivé n'est pas ta faute. Tu n'as aucune erreur à rattraper.

Elle le regardait droit dans les yeux, le visage impassible, mais Katakuri la connaissait assez pour comprendre qu'il venait de lui ôter le poids immense qui pesait sur sa conscience. Elle cligna des yeux un peu plus rapidement, visiblement touchée.

— Le Chanter était sous mon commandement en l'absence de Mama, j'aurais dû mieux gérer, avoua-t-elle. Je n'aurais pas dû laisser Perospero partir...

— Tu sais parfaitement que tu n'aurais jamais pu l'empêcher de n'en faire qu'à sa tête. Ceux qui sont restés sous ton commandement sont tous revenus en un seul morceau. En ce qui me concerne, tu n'as pas échoué.

Elle le fixa de nouveau avec une profonde reconnaissance, teintée d'une légère surprise. Daifuku aussi avait l'air étonné.

— Tu es bien magnanime, dit-il, intrigué.

— Ça t'étonne ?

— Ce qui m'étonne c'est que tu donnes l'air d'avoir fait ça toute ta vie.

Katakuri esquissa un sourire. Cracker n'avait sûrement pas pris la peine de leur raconter le détail de sa grève.

— Il s'est passé plein de choses en votre absence. Je vais vous expliquer mais s'il vous plaît, dites moi ce qui s'est passé. Pourquoi ne pas nous avoir contacté pendant tout ce temps ?

Cracker se mit volontairement en retrait pour laisser les autres prendre la parole. Smoothie échangea un regard avec Daifuku, il la laissa commencer.

Maintenant que Katakuri avait chassé sa culpabilité, elle retrouvait son assurance de Général. Elle était prête à faire son rapport.

— Après avoir été séparés de Mama — et que King se soit écrasé sur le pont du navire — on a cherché un autre moyen d'atteindre Wano. On savait qu'il y en avait un mais on ne savait pas où il se trouvait. Ça nous a pris plusieurs jours avant de trouver une entrée, Perospero était parti en éclaireur de son côté mais il était injoignable. Puis les journaux nous sont parvenus et... Nous avons appris la nouvelle.

Elle fit une pause.

— Nous étions pressés. Nous n'avons pas pris le temps de vous tenir au courant parce qu'on ne voulait pas — je ne voulais pas — admettre l'échec de cette expédition alors que j'étais aux commandes.

Personne ne le lui reprochait, Wano était réputé imprenable. Kaido ne s'était pas établi là pour rien. Mais il comprenait son choix de n'avoir rien dit.

— Évidemment, personne parmi nous ne pouvait croire à la défaite de Mama. Nous avions déjà du mal à croire en l'alliance... Il fallait qu'on le voit par nous même. Alors nous avons débarqué sur l'île.

— Vous n'avez rencontré aucune résistance ?

— Pas au début. De ce que nous avons compris, le pays se remettait tout juste de la grande bataille menée contre Kaido et leurs défenses étaient encore balbutiantes.

Katakuri trouva soudain curieux que personne n'ait profité de l'occasion de tout ravager par vengeance mais l'explication suivit.

— On a envisagé un assaut mais l'équipage des Cent Bêtes n'avait pas complètement disparu. Ce sont eux qui nous ont repoussés.

— Vraiment ?

Il pensa à King et éprouva un immense soulagement pour lui. Il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître. Il aurait peut-être une bonne nouvelle à lui annoncer finalement. Il ne l'avait pas revu depuis ce qui s'était passé sur le quai et il se faisait un sang d'encre pour lui. Mais il ne pouvait pas le faire passer avant le reste de sa famille, pas pour le moment. Il priait pour qu'il tienne le coup. Dès qu'il aurait une minute pour lui, il irait le voir.

Smoothie afficha une moue méprisante avant de poursuivre son récit.

— Il restait encore une poignée soldats minables pour nous tenir tête. On a essayé de leur faire cracher ce qu'ils savaient sur cette histoire d'alliance mais... On a vite compris qu'ils avaient retourné leur veste contre se ranger du côté des samouraïs.

Daifuku prit la parole à son tour.

— Pour la faire courte, l'équipage des Cent Bêtes existe encore mais il a changé de maître. Un maître qui a décidé de "protéger Wano".

Katakuri avait du mal à imaginer qu'on puisse changer d'allégeance aussi facilement. Et qu'une poignée de soldats puisse tenir Smoothie et Daifuku en échec.

— Quel maître ?

— Le fils de Kaido, qui n'a pas eu de scrupules à trahir son père apparemment. Et il était assez balèze pour nous repousser.

Katakuri cligna des yeux bêtement, abasourdi par ce qu'il venait d'entendre.

— Pardon ?

— J'ai eu la même réaction, confirma Cracker.

— Kaido a eu... un enfant ?!

De toutes les nouvelles qu'ils auraient pu lui annoncer au cours de cette réunion, celle-ci était la plus extraordinaire. Il était stupéfait d'apprendre un tel scoop seulement maintenant. Comment une information aussi importante avait elle pu leur échapper pendant toutes ces années ? Ils n'étaient pas les seuls a avoir grandi avec un empereur pirate pour parent. Katakuri avait d'autant plus envie de le rencontrer que ce fils était un traître, lui aussi. Toutefois, il garda cette réflexion pour lui.

Smoothie avait déjà reprit son récit mais il avait du mal à se concentrer sur ce qu'elle disait. Il était toujours bloqué sur le fils de Kaido. Il se demandait à quoi il pouvait bien ressembler, quel genre d'homme est-ce qu'il était. Avait-il souffert du contrôle de son père comme eux avaient subi celui de leur mère ? Il se rappela soudain ce que King avait laissé échappé, du bout des lèvres, sans jamais rentrer dans les détails. Il avait mentionné à plusieurs reprises qu'il avait eu à s'occuper d'un adolescent à problèmes, ou d'un bébé. Tout était plus clair à présent : il avait en parti élevé le fils de son capitaine. Il n'y avait rien de surprenant à ce qu'il soit aussi calme face à Pudding.

Après un rapide calcul basé sur ce que King lui avait dit, Katakuri comprit que le fils de Kaido devait avoir la trentaine aujourd'hui. Il était véritablement épaté que Kaido ait réussi à préserver un tel secret pendant si longtemps. Un empereur qui se reproduit normalement ça fait parler la presse. Il n'était pas difficile de s'expliquer la trahison du fils ; les relations avec son père devaient être encore plus catastrophiques que celle des enfants Charlotte avec leur mère. Sinon, il ne l'aurait jamais caché. Katakuri avait le sentiment qu'ils avaient beaucoup de choses à se dire tous les deux. Il se promit d'interroger King à ce sujet dès qu'il le pourrait.

— ... Nous avons seulement eu le temps d'approcher le cratère dans lequel Mama est tombé. Mais c'était... Impossible d'y aller.

Katakuri se concentra de nouveau sur Smoothie. Ce n'était toujours pas le moment de penser à King.

— On a essayé, on voulait faire le maximum mais il n'y avait plus rien à faire.

Smoothie laissa sa voix s'éteindre. Elle avait eu des semaines pour se faire à tout ça mais elle était toujours à fleur de peau. De même pour ses frères.

— Ils étaient toujours sur l'île quand je suis arrivé dans la région, reprit Cracker. Je n'ai pas compris tout de suite où ils se trouvaient. J'ai passé un moment dans le secteur, sans accoster, parce que je pensais que s'ils avaient coulé j'aurais trouvé les traces d'une bataille quelque part. J'ai évité les communications parce que la Marine rôdait dans les environs. Et j'ai reconnu le pavillon du gouvernement mondial au large des côtes. J'ai préféré ne pas me faire remarquer.

— Ils venaient probablement pour enquêter sur ce qu'il s'est passé.

— La suite, tu la connais, le Chanter est apparu devant moi et... Ils m'ont raconté ce qu'il s'est passé.

— Et Perospero ?

— Le fils de Kaido a accepté de nous laisser récupérer son corps, expliqua Daifuku. C'est pour ça qu'on s'en est sortis sans trop de casse.

Il n'avait pas besoin d'en savoir plus. Tout ce qui importait vraiment pour lui, c'était de les savoir en un seul morceau. Et ils avaient fait tout ce qu'ils pouvaient, personne ne pouvait les blâmer de ne pas avoir sorti le corps de leur mère d'un volcan sous-marin.

Après ça, ce fut à son tour de leur raconter tout ce qui s'était passé en leur absence. Et il avait beaucoup a dire. Cracker leur avait bien parlé de sa grève mais le chagrin l'avait empêché d'entrer dans les détails. Il était soulagé de voir que sa rébellion ne les choquait pas plus que ça. Peut-être parce qu'ils avaient le temps de se faire à l'idée ou parce qu'ils étaient en petit comité. Daifuku fronçait les sourcils en l'écoutant raconter les évènements, comme s'il attendait la chute d'une blague particulièrement compliquée.

— Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Demanda-t-il, inquiet. Tu veux prendre la suite de Mama ?

— C'est un peu tôt pour parler de ça, bafouilla Katakuri, un peu gêné. Je veux bien continuer de tenir la barque pour le moment, le temps que... Tout le monde se remette de tout ça. Mais à terme, je ne sais pas.

— Il va bien falloir qu'on en parle pourtant, reprit Smoothie. Sans Mama à sa tête, Totto Land risque de s'effondrer. Et Chapeau de Paille court toujours.

— Totto Land tiendra, grogna Katakuri. On s'est très bien débrouillés sans Mama. On va continuer sur notre lancée. Et maintenant que vous êtes tous rentrés, si la Marine veut nous assiéger, je leur souhaite bien du plaisir. Wano n'est pas le seul pays imprenable au monde et je compte bien le prouver.

Tous acquiescèrent avec enthousiasme. Il ne pensait pas obtenir leur approbation à tous aussi facilement mais ces derniers jours les avaient épuisés, voir Katakuri capable — ou prétendre être capable — de prendre les rênes les arrangeaient. Ils plaçaient toute leur confiance en lui, sans poser de question.

Il était fâché d'avoir à jouer celui qui était autant dévasté par le chagrin que les autres. Car constater que tout le monde plaçait des espoirs en lui le remplissait de fierté. Il revenait de loin. On l'avait déjà conspué, traité comme une gêne, un monstre, un traître — et ce pour de mauvaises raisons — mais pour la première fois, il avait vraiment la sensation qu'il était le roc sur lequel la famille pouvait se reposer sans crainte. Il ne le faisait pas par peur du rejet, par envie de plaire à Mama ou pour réparer une faute. Il le faisait parce qu'il se savait à la hauteur de la tâche.

Maintenant que leur mère n'était plus là, il n'avait plus rien à craindre.

Mais il devait se montrer prudent. La moindre précipitation, le moindre signe de réjouissance de sa part et tout serait fini. Heureusement pour lui, il était expert dans l'art de dissimuler ses sentiments. Il n'y avait que King qui était capable d'affaiblir ses défenses.

/

La réunion s'était terminée dans le calme. Smoothie et Cracker avait légèrement élevé la voix après que Katakuri ait refusé de reprendre la traque du Chapeau de Paille — et de Kid et Law. Pour lui, c'était une perte de temps. Maintenant qu'ils étaient tous rentrés, et que Mama n'était plus là pour leur tenir la bride, ils n'avaient aucune obligation de la venger. Il ne l'avait pas formulé comme ça, il était encore trop tôt pour qu'il exprime aussi franchement son opinion vis à vis des décisions de leur mère, mais il leur avait clairement fait comprendre qu'il considérait ça comme du gâchis de ressources.

Daifuku était resté étrangement silencieux pendant toute la discussion puis il avait déguerpi sans demander son reste. Katakuri le soupçonnait d'être allé voir Oven pour discuter de son cas. Il avait certainement remarqué le changement en lui. Il aurait le temps de discuter de ça avec ses frères jumeaux plus tard. Maintenant qu'il était sorti de la salle de réunion et que les affaires les plus urgentes étaient réglées, il n'avait plus qu'une idée en tête : retrouver King. Il l'avait fait attendre trop longtemps et il ne pouvait qu'imaginer ce que la nouvelle lui avait fait.

Il savait ce que Kaido représentait pour lui. Le coup de poing de Smoothie n'était qu'une caresse en comparaison de la douleur qui devait être la sienne en ce moment. Mais très égoïstement, il reprenait espoir au sujet de leur relation, tout en se sentant misérable d'y songer à un moment pareil. Il fallait qu'il se comporte en ami avant de penser à quoi que ce soit d'autre, il lui devait bien ça.

Le point positif, c'est que ce n'était pas sa longue absence qui avait tué Kaido. Il était mort le jour même de son arrivée sur Totto Land. Il n'avait pas à culpabiliser de quoi que ce soit. Il allait certainement le faire, comme toute personne loyale et dévouée, mais Katakuri pourrait le rassurer sur ce point. En dehors de ça, il était perdu. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui dire pour le réconforter ? Il ne pouvait pas le considérer comme ses frères et sœurs endeuillés, sa peine n'avait rien à voir avec la leur. Il ne pouvait pas non plus lui servir des platitudes pour honorer la mémoire de son capitaine, rien de tout ça ne lui ferait le moindre bien. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui proposer d'alléger son fardeau, s'il le lui permettait. Mais peut-être que King allait très mal réagir. La première fois qu'il avait entendu la nouvelle, il avait fait exploser un bâtiment. Sa réaction serait peut-être plus violente cette fois-ci. Peut-être qu'il se jetterait sur lui, pour se défouler sur quelqu'un. Mais Katakuri n'avait pas peur.

Il voulait lui montrer qu'il avait toujours son estime. Encore plus maintenant qu'ils n'avaient plus aucune raison d'être rivaux. Ils étaient dans le même bateau, ils l'avaient toujours été.

Il ne le trouva nulle part dans le palais. Les draps de son lit n'avait pas été défaits, il n'était donc pas retourné dans sa chambre depuis ce qui s'était passé sur les quais. Le connaissant, Katakuri savait qu'il avait certainement cherché à s'isoler. Mais avec un peu de chance, quelqu'un lui avait peut-être parlé avant qu'il ne disparaisse. Et ce quelqu'un était Pudding. Elle avait passé beaucoup de temps avec lui ces derniers jours et même si King le niait, ils partageaient une certaine complicité. Elle était la mieux placée pour lui dire où le trouver.

A sa grande surprise, il la trouva dans la cuisine. Elle était aux fourneaux, comme d'habitude. La dernière fois qu'il lui avait parlé, elle était inconsolable et tenait à peine debout, à présent elle paraissait en pleine forme. Elle était couverte de farine, des pieds à la tête, et était si concentrée par sa préparation qu'elle ne remarqua pas Katakuri tout de suite.

Il esquissa un petit sourire en la regardant travailler. Peut-être qu'elle chassait ses pensées négatives en s'occupant les mains, exactement comme lui, mais il avait le sentiment qu'elle était déjà passé à autre chose. Contrairement à ses aînés, elle n'avait jamais totalement accepté la suprématie de leur mère sur sa vie. Elle était encore jeune et ces derniers mois lui avaient fait remettre beaucoup de choses en question. Elle avait été bouleversée quelques temps mais maintenant elle avait fini de pleurer.

Katakuri était fier d'elle. Elle était dotée d'une remarquable force de caractère.

Elle leva les yeux de sa préparation et croisa le regard de Katakuri. Il perçut une brève manifestation d'embarras sur son visage. Il la prenait en flagrant délit ; au lieu d'être effondrée, comme tout le monde, elle faisait quelque chose de son temps. Elle tenta de se justifier maladroitement.

— Je... Je voulais me rendre utile. Préparer quelque chose qui pourrait donner un peu de baume au cœur aux autres.

— Tu n'as pas à t'expliquer, tu fais ce que tu veux, la rassura Katakuri.

Sans dire un mot de plus, elle comprit qu'il savait qu'elle n'avait pas l'intention de pleurer plus longtemps. Un deuil trop long était un dernier moyen pour leur mère d'avoir le contrôle sur eux. Elle comprit aussi que lui n'avait pas la moindre peine mais qu'il se contentait de faire semblant. Ils échangèrent un sourire complice et Katakuri revint à ce qui le préoccupait le plus.

— Est-ce que tu sais où est King ?

Elle secoua la tête, un peu embêtée.

— Non, je ne l'ai pas vu depuis un moment.

— Très bien, si tu le vois, dis le moi.

Il pivota sur ses talons, prêt à reprendre ses recherches.

— Katakuri ? L'arrêta Pudding avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision.

— Oui ?

— Est-ce que tu es sûr que Mama est partie ?

De la part de n'importe quel autre membre de la famille, il aurait prit le temps d'annoncer les choses avec tact, pour dissiper tous les doutes. Mais avec Pudding, il savait que ce n'était pas la peine.

— Ne t'inquiète pas, se contenta-t-il de répondre, heureux de la voir se détendre.

/

Il n'y avait qu'un seul endroit où il avait pu aller.

King fuyait les regards comme la peste. Vulnérable comme il devait l'être en ce moment, il avait sûrement cherché à se tenir le plus loin possible de la civilisation. Et le meilleur endroit pour ça était la forêt où Katakuri avait l'habitude de prendre ses repas. Ils n'avaient jamais été aussi tranquilles tous les deux qu'à cet endroit.

Il n'était pas vraiment sûr de l'y trouver, il était trop fier pour l'y attendre et espérer son aide. Toutefois, Katakuri y jeta un coup d'œil. Comme prévu, l'endroit était désert. Quasiment laissé à l'abandon depuis des jours, il y avait déjà des mauvaises herbes qui poussaient là où il avait l'habitude de s'allonger. Les animaux avaient disparus, eux aussi, depuis que plus personne ne venait les nourrir.

C'était d'une tristesse absolue. Le petit havre de paix de Katakuri avait bâti se trouvait maintenant dépouillé de son sens et de sa magie. Il était profondément déçu que King ne s'y trouve pas. S'il ne se sentait pas en sécurité ici, Katakuri avait failli à sa tâche.

Une autre idée lui traversa soudain l'esprit.

Il courut à travers la forêt, droit vers la côte, et le trouva enfin.

Il était assis au bord de la falaise, à l'endroit exact où Pudding avait tenté de se suicider.

Une appréhension s'empara de lui. Mais son instinct — et un rapide coup d'œil à l'avenir — le rassura sur ses intentions. Il se contentait de contempler l'horizon, sans bouger. Peut-être qu'il caressait l'idée de faire un pas en avant mais il ne le ferait pas. Il était figé comme une statue.

Katakuri laissa échapper un soupir rassuré et s'approcha tout doucement, comme il aurait approché un animal particulièrement farouche qui risquait de déguerpir au moindre geste brusque. Mais King ne fit pas le moindre mouvement. Il l'avait certainement entendu arriver, c'était simplement qu'il ne lui accordait aucune attention. Katakuri le rejoignit tout de même.

Il ne savait toujours pas quoi lui dire, alors il l'observa.

Il n'avait pas l'air si différent de d'habitude. Il avait les traits tirés mais son visage n'exprimait rien et son regard était éteint. C'était comme s'il attendait que quelque chose se passe. Katakuri aurait dû se sentir rassuré qu'il ne soit pas en train de hurler mais ce n'était pas le cas. Cette étrange absence de réaction en disait beaucoup plus que des cris. Il ne pouvait pas lire dans ses pensées mais il avait une vague idée du chaos qui devait régner dans son esprit.

Pendant une seconde, il se demanda s'il était à sa place. Si son intrusion dans son intimité était vraiment nécessaire et s'il n'aurait pas mieux fait de le laisser seul pour le retrouver quand il serait en état de parler. Mais s'il envisageait cette option, c'était parce qu'il savait que King n'avait jamais eu la possibilité d'être traité autrement.

Après tout, s'il l'avait laissé seul et n'avait pas soigné son aile, il l'aurait sans doute perdue aujourd'hui.

Il se rapprocha encore et s'assit juste à côté de lui. Il le sentit tressaillir à son contact mais en dehors de ça, il resta de marbre. Il ne lui accorda même pas un regard.

— Je t'ai cherché partout, dit Katakuri pour briser la glace.

— J'étais là, répondit-il, la voix lointaine, toujours sans le regarder.

Katakuri lui laissa un peu de temps avant de dire quoi que ce soit d'autre. King avait mit toute son énergie dans cette réponse. Et elle suffisait amplement pour que Katakuri comprenne son état. Il était vide.

C'était pire que tout ce qu'il avait imaginé. Il n'était pas seulement peiné, il était anéanti. La mort de Kaido l'avait détruit. Il était plus malheureux que n'importe qui d'autre sur cette île. Plus malheureux que Totto Land tout entier. Et il n'existait rien sur terre, ni au ciel, qui soit en mesure de le consoler. Aucun mot de Katakuri ne pourrait jamais le réconforter.

La souffrance qui était la sienne était inimaginable, inconcevable. Elle émanait de tout son être même s'il usait de ses dernières forces pour le cacher. Il n'y avait pas que la perte de son bien aimé capitaine dans la balance, il y avait tout le reste. Dont Katakuri ne savait rien en dehors de quelques suppositions. Il avait honte d'avoir imaginé une seule seconde que leurs cas étaient similaires et qu'il serait capable de l'épauler. King était plus seul que jamais avec sa douleur. Comment était-il censé être l'ami dont il avait besoin en ce moment ?

Il scruta le visage fermé de King dans l'espoir d'y trouver un indice sur la marche à suivre. Mais il n'y découvrit rien d'autre que son masque d'indifférence muette. Il continuait de regarder droit devant lui, sans chasser les mèches de cheveux que le vent faisait danser sur son nez. Même les flammes de son dos étaient calmes, presque invisibles. C'était comme s'il n'habitait plus son corps. Il était là, sans être là.

Seuls ses yeux trahissaient sa présence.

Katakuri se concentra sur les pupilles rosâtres et habituellement lumineuses de King. Il y décela une horreur qui refusait de sortir mais qui ne demandait qu'à éclater. Il clignait à peine des yeux. Et chaque fois qu'il le faisait, son clignement s'accompagnait d'un soupir profond et maîtrisé qui trahissait la lutte que King menait contre son propre corps. Il comprit.

Il détacha son regard de lui pour contempler l'horizon à son tour. Il remarqua que le soleil brillait dans le ciel, pour la première fois depuis des semaines. Il avait eu tellement de choses à faire qu'il ne s'en était pas rendu compte. Et c'était lui que King fixait sans relâche, peut-être pour se concentrer, peut-être pour d'autres raisons.

Il se risqua à regarder l'avenir, juste quelques secondes à l'avance, pour être sûr de ne pas prendre la mauvaise décision.

Les images défilèrent, il comprit encore et sentit ses yeux le picoter, sa gorge se serrer. Il savait ce qu'il devait faire. Il tendit sa main à King, la déposant sur son genou, et attendit patiemment qu'il la prenne. Katakuri savait qu'il ne devait pas bouger, ni l'observer. Pour une fois, c'était à lui de respecter sa pudeur.

King baissa la tête et jugea son offre sans dire un mot. Quelques secondes passèrent, puis il reporta son attention sur l'horizon avant de lui saisir la main et de la serrer de toutes ses forces.

Katakuri resserra sa poigne en retour. S'il n'avait pas été assez fort pour résister, King lui aurait broyé la main. Ses doigts disaient ce que son visage refusait d'exprimer : il n'avait jamais été autant en détresse de toute sa vie. Ou peut-être que si, mais cette fois il suppliait pour de l'aide. A sa façon. Il avait trop mal pour le dire, trop de chagrin pour l'avouer. Ce contact devait le soulager un peu. Il s'accrochait à Katakuri comme à un dernier espoir de survie, grâce à lui, il gardait la tête hors de l'eau. Katakuri ne disait rien, les mots n'avaient aucun intérêt. Tout ce qu'il avait à faire, c'était être présent.

Le souffle jusque là parfaitement contrôlé de King devenait irrégulier. De temps à autre, ses soupirs se faisaient plus erratiques. Katakuri connaissait la suite mais il ne voulait rien brusquer. Il lui jeta un petit coup d'œil inquiet ; King ne contemplait plus le soleil ou l'horizon, il avait la tête basse et semblait concentrer toutes les forces qu'il lui restaient pour endiguer ce qui allait inévitablement finir par le submerger. Sa bouche remuait, trahissant les morsures qu'il infligeait à ses joues pour ne pas craquer. Quand un sanglot étranglé lui échappa, Katakuri lui lâcha la main et passa ses bras autour de lui pour l'étreindre.

King s'effondra aussitôt contre sa poitrine, sans résister. Il exprima enfin un gémissement plaintif, et les pleurs suivirent. Katakuri le serra un peu plus fort, démuni face à la tristesse abyssale qui se manifestait sous ses yeux. Il aurait voulu chasser tout ce qui lui faisait du mal en claquant des doigts, il rêvait de ressusciter Kaido lui-même pour apaiser son cœur brisé.

King s'agrippait à lui avec violence, comme s'il avait peur de tomber. Ses doigts s'enfonçaient dans la chair de son bras mais cette douleur n'était rien à côté de la sienne. Il le laissait faire sans broncher. Le pauvre ne disait toujours rien mais ses épaules étaient agitées de soubresauts et de temps en temps, une sanglot retentissait alors qu'il s'écroulait sur les genoux de Katakuri.

De toutes les fois où l'avait eu quelqu'un à consoler, celle-ci était la plus difficile. Il se sentait terriblement impuissant. Et voir sombrer l'homme qu'il avait appris à aimer si fort depuis son arrivée ici était insupportable. Lui aussi devait faire de gros efforts pour ne pas fondre en larmes. Il tenta de calmer ses pleurs en le berçant doucement et en lui murmurant des mots plein de douceur.

— Je suis désolé. Tellement désolé.

King pleurait de plus belle, sans pouvoir s'arrêter, et toujours en silence. Il se blottissait contre lui et lui serrait la taille assez fort pour lui briser la colonne vertébrale. Parfois, sa poigne se refermait sur un vêtement, puis sur son avant-bras, n'importe où tant qu'il y avait quelque chose à tenir. Ses gestes maladroits et apeurés étaient familiers. Katakuri avait le sentiment qu'il n'avait pas été cajolé depuis très, très longtemps.

Quand enfin King trouva une position confortable, il se lova contre lui et versa tout ce qu'il lui restait de larmes, sans bouger ni parler. Katakuri posa son menton sur son épaule et reprit sa contemplation de l'océan, en lui caressant le dos. Le soleil se couchait à présent. Il ne savait pas depuis combien de temps ils étaient là, il s'en fichait. Il se jura simplement de ne pas le laisser dormir dehors ce soir.

Son flanc était trempé par larmes de King, il avait froid. Mais il ne bougerait pas tant que celui-ci ne manifesterait pas d'envie de se lever. Pour l'instant, il cachait son visage et donnait l'impression d'avoir fini de pleurer mais Katakuri le sentait toujours tendu. Distraitement, il se risqua à lui embrasser les cheveux.

Les jours suivants allaient être pénibles pour lui. Mais il ne serait pas seul pour les affronter. Et s'il lui permettait de rester à ses côtés, il ne le serait plus jamais.


...

J'avais tellement envie d'écrire ce passage.

J'espère qu'il vous a plu. Moi oui. J'adore mettre les mecs qui joue les durs dans des situations où ils sont atrocement vulnérables. Et ici, Katakuri a raison, il met le doigt sur un détail important : King il n'a sûrement jamais été touché avec tendresse. C'est la première fois qu'on le traite comme ça. (Et j'ai encore PLEIN de trucs à écrire sur ça.)

Maintenant le chapitre précédent sur son passé prend tout son sens. Il a enfin le droit de pleurer. (Je ne suis pas du genre subtile comme autrice...)

Encore une étape de franchie ! Et ça va continuer.

On se retrouve le 18/02, si tout va bien !