Maître des âmes

Chapitre 14 :

Transformation

Le lendemain de la soirée passée chez les Quileute, Alexander et Bella, annoncèrent à Charlie qu'ils partaient ensemble en vacances. Si le shérif fut surpris, il en fut aussi ravi, heureux de voir sa fille accepter d'aller se changer les idées, heureux aussi de les voir passer du temps ensemble comme il aimerait qu'ils le fassent. Si cela arrivait un peu abruptement, il approuva sans problème et les pria d'en profiter et de s'amuser. Ils firent donc leurs bagages et prirent la voiture, Alexander refusant fermement l'argent que Charlie voulut leur donner pour participer. Le shérif les regarda partir avec le sourire en le priant de donner des nouvelles, Alexander promettant de le faire. Ils s'éloignèrent, un silence plus tendu tombant ensuite dans la voiture.

- Alors, où on va maintenant ? demanda Bella aussi anxieuse qu'excitée.

- Pas loin, dit-il en la surprenant. Quand j'ai retrouvé la mémoire, j'ai acheté une maison dans le coin. Au cas où Charlie me demande de partir. À l'époque, je ne pensais pas qu'il voudrait que je reste sur le long terme.

- Tu as une maison et pourtant tu restes avec nous ? s'étonna-t-elle.

- Oui. Il y a une immense différence entre posséder une maison et avoir la chance d'avoir un véritable foyer, sourit-il doucement. Et un foyer avec des personnes chéries, c'est ce qu'il y a de mieux. La maison en elle même importe peu. C'est pour ça que je reste.

- Je vois. Je sais que ça ne me regarde pas mais, comment tu as fait pour l'acheter ? Entre ça, ta voiture, tes affaires et le fait que tu n'as pas de travail.

- Tu as raison, ça ne te regarde pas, répondit-il calmement. Mais si tu me prouves que je peux te faire confiance, peut-être que tu sauras un jour.

Elle grimaça mais ne protesta pas et regarda le paysage autour d'elle. Il fallut un petit moment pour arriver, Bella très surprise par la grande demeure qu'elle découvrit en sortant de la voiture.

- Je ne savais pas qu'il y avait ce genre de maison ici, posa-t-elle.

- C'est une impasse ce chemin et comme c'est une route de forêt, il n'y a pas grand monde qui passe par ici. C'est tranquille.

- C'est une très belle maison.

- Merci. Viens. Il vaut mieux qu'on ne perde pas de temps. Au plus de temps nous gagnerons pour que tu puisses t'y faire, au mieux cela sera.

Elle approuva et le suivit. Pour l'occasion, Alexander avait camouflé de quelques charmes tout ce qui était magique. Elle pourrait le voir une fois transformé mais pas avant. Directement, il la fit monter à l'étage et à la chambre prévue pour elle. C'était une très belle pièce, grande, avec tout le confort et sa propre salle de bain.

- Ouah, fit-elle admirative. Je ne comprend vraiment pas pourquoi tu préfères vivre chez Charlie alors que tu as ça.

- Tu ne comprend pas parce que toi, tu as toujours eu une famille qui t'aime. Cela n'a pas été mon cas. Crois moi, tout le confort matériel du monde n'est rien face à ça même s'il est clair que ce genre de chose aide à être heureux ou du moins, à ne pas se soucier de l'argent et d'avoir ce qu'il faut. Ce que Charlie m'offre dépassera toujours la plus luxueuse des maisons.

- Si tu le dis, répondit-elle.

- Cette chambre est pour toi le temps que tu es ici, dit-il sans argumenter davantage. Il y a tout ce qu'il faut.

Il s'assit avec elle, refaisant une dernière fois le point sur ce qu'impliquait son choix, les règles qu'elle devrait respecter vis à vis de Charlie et des Quileute ensuite.

- Je t'aiderai à passer la transformation, à contrôler mais tu devras m'écouter et me faire confiance. Je sais qu'on ne s'entend pas toujours très bien, mais là, on ne rigole pas. Je ne veux que ton bien et je ferai de mon mieux pour t'aider.

- Comment tu peux être en mesure de faire ça ? De connaître les vampires ainsi et d'obtenir du venin ? Il y a un genre de marché noir pour ça ?

- On peut dire ça, s'amusa-t-il. Mais cela fait partie du secret des vampires. Je pourrai t'expliquer quand tu auras été transformé, pas avant. Pour le moment, je veux être sûr, une dernière fois, que tu es bien décidé et que tu accepte toutes les conditions. Il n'y aura plus de retour en arrière et un débordement pourrait signifier ta mort.

- Je suis sûr, affirma-t-elle alors qu'il sentait qu'elle était bien sérieuse. Je crois que je n'ai jamais été aussi certaine de quelque chose.

- Bien. Est-ce que tu as encore des questions ?

- Pourquoi tu fais ça pour moi ? Malgré notre relation ? Je veux dire, j'imagine que ce n'est pas sans problème pour toi et j'imagine aussi que les Quileute n'en sont pas heureux et pourraient t'en vouloir. Tu es ami avec eux.

- C'est vrai mais comme je te l'ai expliqué, j'estime que chacun est libre de choisir ce qu'il fait de sa vie. C'est une règle presque sacrée pour moi, quoi qu'en pense les autres. J'ai une très grande affection pour les Quileute. Ils sont mes amis et même de ma famille à mes yeux. Mais cela ne m'empêchera jamais d'avoir mes idées et de les défendre. Ils savent depuis toujours que mon point de vu sur les vampires diverge du leur. Je respecte leur croyance et ils respectent mon point de vu, il n'y a pas de discussion là dessus en temps normal. Être proche d'une personne ou d'un groupe de personnes ne veut pas dire que l'on est obligé d'avoir la même mentalité et les mêmes points de vus. Personnellement, j'ai mon esprit et je le défendrai. Si cela doit me causer des problèmes, c'est une bonne raison d'en avoir. Aimer quelqu'un, être ami avec quelqu'un, ce n'est pas dire amen à tout ce qu'il dit, à tout ce qu'il croit. Il faut toujours garder son propre esprit et sa liberté, son identité. C'est important.

- Je peux dire amen à ça, sourit-elle en l'amusant.

- Tant mieux alors. Prête ?

- Oui.

- Dans ce cas, je vais préparer l'injection, dit-il en sortant l'étui contenant le venin qu'il lui avait déjà montré. Tu as ma parole que c'est du venin de vampire et qu'il y en a bien assez pour transformer trois personnes.

- La quantité change quelque chose ? questionna-t-elle.

- Oui et non. Dans une certaine mesure, avoir plus de venin peu accélérer la transformation. Tu sais déjà que tu vas avoir mal, atrocement, posa-t-il gravement en la faisant approuver. La durée de cette douleur dépend de la durée de la transformation. Deux à cinq jours. Autant que nous fassions notre possible pour l'accélérer et raccourcir ça.

- Merci.

- Je peux faire ça alors il n'y a pas à discuter. C'est ta décision alors comme nous l'avons dit, tu vas faire l'injection toi même. Tu vas avoir mal de toute façon et dans ce cas, aucun risque de faire du dégât avec une mauvaise injection. Tu guériras quoi qu'il arrive. Ce qui détermine le temps que dure la transformation, c'est surtout l'endroit où le venin entre dans ton corps. Il entre et se répand dans tout ton organisme. Seulement, au plus vite il atteint le cœur, au plus vite la transformation s'achève. Mon conseil est donc de faire l'injection au plus près du cœur voir dans le cœur si tu as le cran. Si tu l'as, ça accélérera considérablement les choses. Une injection au cœur, c'est deux jours de transformation. Sinon, vise une veine.

Il lui montra plusieurs endroits de son corps où elle pouvait viser, partant des points les plus proches du cœur.

- À toi de voir comment tu préfères faire. Je te dirai bien de te mettre à l'aise mais très franchement, une fois le venin dans ton corps, ça ne fera aucune différence. Tu n'auras plus vraiment conscience des choses. Une fois l'aiguille plantée, appuis rapidement et sans hésiter sur le piston. Si tu ne le fais pas, tu risquerais de ne pas injecter tout le venin avant de la lâcher et ça ralentirait les choses. La quantité de venin ne change pas la douleur de toute manière. De mon côté, je veillerai sur toi jusqu'à ton réveil. La suite, nous verrons au fur et à mesure. Une chose à la fois.

- Ok, approuva-t-elle en retirant tout de même sa veste et son pull.

- C'est quand tu veux, sourit-il en lui tendant la seringue prête à l'emploi, et tu peux encore reculer.

- Merci Alex, sourit-elle l'air embarrassée. On a beau avoir du mal, tu es le seul qui ait réellement respecté ce que je voulais jusqu'ici, remarqua-t-elle.

- Je te l'ai dit : règle sacrée, sourit-il. Très franchement, j'ignore pourquoi on a autant de problèmes. On est très différents c'est sûr mais j'avoue que je ne comprend pas pourquoi on ne s'entend pas mieux.

- Je n'ai peut-être pas facilité les choses, avoua-t-elle. Je crois que j'étais… jalouse. Mon père t'aime beaucoup, comme un fils et tu es plus proche de lui que je ne l'ai jamais été. Les Quileute t'adorent et tu t'entend mieux avec les Cullen que moi. Sauf Edward, s'amusa-t-elle. Je t'envie.

- Je t'enviais aussi, répondit-il en la surprenant. Et j'avais peur de toi.

- Pourquoi ?

- Parce que tu es la fille de sang de Charlie et que j'avais peur qu'il ne veuille plus de moi lorsque tu serais là, que ma relation avec lui ne serait plus la même. Tu es l'amie d'enfance de Jacob et là encore, j'avais peur qu'il ne veuille plus de moi . Quand aux Cullen, je savais les problèmes que cela poserait si tu te rapprochais d'Edward et que tu apprenais la vérité alors ça m'a pas mal crispé aussi.

- On n'est pas mieux l'un que l'autre alors.

- J'estime avoir fait plus d'efforts, s'amusa-t-il en la faisant rire un peu. Et j'ai été moins insultant aussi.

- C'est vrai. Je ferai des efforts à l'avenir. Je te le promet, assura-t-elle.

Il lui sourit, sentant qu'elle voulait vraiment le faire. Finalement, ce qu'il avait imaginé se confirmait : ils avaient tout les deux eu peur de l'autre d'une certaine manière.

- La vérité, c'est que Charlie peut nous aimer tout les deux de la même manière, que Jacob peut avoir une flopée d'amis et que la question des Cullen ne se pose plus, remarqua-t-il.

- Et Jacob ne voudra plus me parler, précisa-t-elle.

- Il n'est pas exclu que les Quileute changent d'idée un jour sur les vampires qui font les efforts que les Cullen font et que tu t'apprêtes à faire. Tu connais leurs légendes maintenant. Ils seront toujours méfiants et leurs terres vous seront probablement toujours interdites par sécurité. Mais je ne pense pas qu'il soit impossible que les relations s'apaisent et que les amitiés soient possibles. Ce n'est pas la nature qui compte, c'est le cœur. Alors prouve leur simplement que ton cœur reste le même.

- On verra bien, posa-t-elle en prenant la seringue. Le cœur, c'est là n'est-ce pas ? demanda-t-elle en pointant l'endroit sur sa poitrine.

Il prit doucement sa main pour que son doigt pointe le plein centre de l'organe. Fébrile, elle plaça la pointe de l'aiguille à cet endroit précis et releva un regard un peu apeuré vers lui. Il lui sourit, apaisant et réconfortant .

- Je reste avec toi, assura-t-il. Tu vas déguster mais ensuite, tu auras ta nouvelle vie pleine de problèmes et de truc extraordinaires aussi.

- Merci, dit-elle.

Elle enfonça ensuite l'aiguille d'un coup sec en plein cœur, prouvant sa détermination alors qu'elle retenait un cri et appuyait sur le piston d'un coup. Presque immédiatement, elle tomba en arrière avec un hurlement, s'écroulant sur le matelas en se contorsionnant de douleur. Alexander réagit sur le champ, serrant un peu les dents en sachant à quel point c'était douloureux. Cela avait le mérite de prouver sa volonté à faire cela. Il fallait vraiment du cran et ça montrait qu'elle était courageuse. Habilement, il attrapa la seringue toujours fichée dans son corps, la retirant de là. Puis il sortit sa baguette pour user de sa magie et la replacer au centre du lit. Le meuble était largement renforcé pour résister à sa force mais il en rajouta une couche, préférant ne pas avoir à tout réparer ensuite. Cela fait, il plaça quelques sorts pour qu'elle ne tombe pas du lit, puis un charme de surveillance qui le tiendrait informé de l'avancée de la transformation.

Cela fait, il n'y avait plus qu'à attendre. Il prit donc place dans un fauteuil pour patienter alors que Bella criait de souffrance sur le lit, agrippant les draps de ses mains. Il sortit son téléphone pour informer les Quileute que la chose était en cour. Il donna l'adresse de sa maison comme promis pour que la meute puisse venir voir si elle le voulait, ouvrant ses protections pour eux. De toute façon, il voulait déjà leur parler de sa maison depuis qu'il savait pour son lien avec Jacob. Sam lui assura qu'ils viendraient mais qu'il y avait aussi autre chose à gérer. Cela faisait quelques jours que Quil avait commencé à avoir de la fièvre et ils étaient désormais certains qu'il était en train de muter lui aussi. La meute aurait donc une nouvelle transformation à gérer rapidement, non pas que cela leur fasse peur désormais. Sam avait également dit que Victoria avait de nouveau été repérée dans les parages, qu'ils avaient senti son odeur et Alexander lui assura qu'elle ne pourrait trouver sa maison avec sa magie.

Après un moment à veiller Bella, il se leva et sortit, bouclant totalement la chambre pour l'isoler et empêcher la vampire naissante d'en sortir. Il gagna le bureau pour écrite une commande express à un certain magasin, l'envoyant par portoloin postal. Le tout devrait être là le jour même si le commerce était aussi réactif qu'à son habitude. Il leva ensuite ses charmes cachant les aspects magiques de la maison, la chose désormais inutile. Cela fait, il s'attela à préparer le nécessaire pour la suite, prévenant le MACUSA de l'issue de la situation. Il avait commencé à tout prévoir quand il avait fait cette proposition à Bella, voulant être près lorsqu'elle le demanderait et c'était le cas. Il n'était donc pas inquiet. Bien entendu, et s'il rendait visite aux Cullen de temps en temps, il ne leur avait pas du tout parlé de cela. Premièrement, il savait qu'ils s'en voudraient si Bella prenait cette décision mais cela ne changeait pas le fait que c'était son choix. Ensuite, ils s'étaient retirés de cette affaire volontairement et enfin, il ne voulait pas qu'ils s'interposent pour forcer le choix de Bella et potentiellement aggraver la situation en l'empêchant à nouveau d'intervenir en revenant auprès d'elle. Il les préviendrait assurément c'était certain, mais quand la transformation serait achevée.

Très vite, Jacob avait décrété qu'il venait, ne voulant visiblement pas le laisser seul avec la vampire en transformation. Il annonça donc qu'il arrivait avec Paul. Embry et Jared restant avec Sam pour surveiller Quil et la Réserve. Lorsqu'il sentit qu'ils passaient les barrières, il gagna l'entrée et sortit de la maison pour les accueillir. Il regarda les deux loups arriver et reprendre forme humaine, admirant la maison en s'avançant vers lui.

- Cette maison est à toi ? demanda Paul.

- Oui.

- J'ignorai qu'il y avait une telle propriété ici, fit Jacob.

- C'était en ruine quand je l'ai acheté. J'ai tout rénové et surtout, le domaine est protégé par des barrières magiques qui le cachent et dissuadent tout le monde de poser un pied sur ces terres. Personne n'arrive ici sans que je le permette. C'est pour ça que vous n'avez pas pu vous rendre compte que cet endroit avait changé. Je vous fait visiter ?

Ils approuvèrent et entrèrent avec lui, admirant l'endroit. Ils passèrent par le hall et allèrent voir le salon, la cuisine, la salle à manger ainsi que le garage, le jardin d'hiver et la terrasse, Alexander gardant le reste pour lui pour l'instant.

- Cette maison est magnifique, sourit Jacob, et très douillette. C'est toi la déco ?

- J'ai tout fait, sourit-il heureux que ça lui plaise. Vous êtes les bienvenus ici quand vous voulez. Installez vous, pria-t-il alors qu'ils étaient au salon, je vais nous chercher à boire et à grignoter.

Ils approuvèrent et quelques minutes plus tard, ils étaient installés au salon.

- Où est Bella ? demanda finalement Paul tendu.

- Dans une chambre. La transformation est en cour. Elle devrait être terminée après demain je pense. Jusque là, il n'y a rien à faire d'autre qu'attendre et elle ne quittera certainement pas le lit où elle est. La transformation est pénible.

Ils grimacèrent, serrant les dents.

- Est-ce que vous m'en voulez ? demanda-t-il anxieux.

- Ce n'est pas qu'on t'en veut, fit Paul, c'est qu'on a du mal à comprendre. De toute manière comme tu l'as dit, c'est Bella qui choisi.

- Jacob ? interrogea-t-il avec angoisse.

Son loup soupira et se leva, venant se rasseoir près de lui et enrouler un bras autour de ses épaules, le détendant.

- Je ne t'en veux pas. Je comprend pourquoi tu as fait ça. Tu as raison. On aimerait tous avoir le choix dans ce cas. C'est la décision de Bella que je ne comprend pas. Comment peux-t-on vouloir ça ?

- Elle l'a bien expliqué hier, répondit-il doucement. Je sais ce que vous pensez des vampires mais c'est une espèce comme une autre sur cette terre. Pas plus mauvaise, pas meilleure. Son régime alimentaire ne vous plaît peut-être pas mais c'est la nature. Ce n'est pas de la cruauté ou du sadisme ou quoi que ce soit d'autre de ce genre. C'est la nature. Il y a énormément de prédateurs, même dans le monde non magique, qui attaquent l'homme s'ils en ont l'occasion. Je comprend votre inimité vis à vis des vampires avec ce que la tribu a subi et le fait qu'il n'y a jamais eu de bonnes relations ou d'échanges réels entre vos peuples. Mais ce qu'il s'est passé dans votre histoire et semblable à tellement d'autres histoires anciennes ou récentes. Ce n'est pas différent de terrorisme ou d'autres conflits. Que vous vous méfiez des vampires parce qu'ils sont des prédateurs est une chose. Mais haïr et rejeter tout un peuple pour sa nature, son régime naturel et un conflit qui n'a impliqué que deux représentants de leur espèce, c'est de la discrimination pure et simple. Ce n'est pas juste et ça ne le sera jamais. Pour moi en tout cas. Excusez moi mais des mentalités comme celle là peuvent être à l'origine de drames, de persécutions, de guerre, d'énormément de souffrance et de haine. Je ne peux pas cautionner ça.

Ils soupirèrent, ne pouvant décemment pas démentir. Alexander sentit l'étreinte de Jacob se resserrer autour de lui et il se logea un peu plus contre sa chaleur réconfortante, soulagé de sentir qu'il n'était pas vraiment en colère contre lui, juste vraiment contrarié par le choix de la jeune fille. Quelque part, sa réaction était certainement adoucit par leur lien. Si Jacob avait toujours été attiré par Bella comme avant, sa réaction aurait certainement était plus violente et dure.

- Bella est déterminée à ne pas boire de sang humain et à ne pas tuer, comme les Cullen, reprit-il. Si elle y parvient, elle ne sera pas très différente que quelqu'un mangeant beaucoup de viande. Alors en quoi serait-il juste de la haïr ou de vouloir la tuer ? Comme les Cullen bien sûr. L'humain est une créature violente et meurtrière. Ce que les vampires « végétariens » font, en luttant ainsi contre une soif et des instincts très puissants, prouve mille fois qu'ils sont bien plus respectueux de la vie humaine que beaucoup de gens.

- Ouais, soupira Jacob. Peut-être, concéda-t-il. Je veux rester avec toi tant qu'on ne sera pas sûr que Bella contrôle.

- Si tu veux. La maison est bien assez grande, sourit-il.

Toute la journée durant, les deux loups restèrent avec lui, discutant ou jouant à la console que Alexander avait installé ici avec la télé. En théorie, la maison n'était pas raccordé à l'électricité et la croyance voulait qu'une maison magique ne pouvait avoir ce genre d'installation sans que tout disjoncte. C'était ce qu'il avait appris au Royaume Unis mais c'était faux. Si on veillait à poser une barrière isolante autour de l'installation électrique et des appareils, ça fonctionnait très bien. Quand à la fourniture en énergie, il disposait d'un générateur très ingénieux. Il avait été inventé par des sorciers japonais. Si le japon non magique était réputé pour sa technologie, c'était aussi vrai du côté magiques, quelques né moldu et sangs-mêlés s'étant penché là dessus. Une entreprise novatrice, née japonaise, s'était étendue et était venue s'installer aux États-Unis récemment . Il l'avait découverte grâce aux gobelins et avait d'ailleurs investi dedans, trouvant que cela pouvait faire avancer positivement les choses. Elle travaillait sur l'association de la technologie et de la magie pour créer de nouvelles choses.

Son générateur venait de là. Il reposait sur un principe de générateur auto alimenté. La magie ne pouvait pas produire d'électricité exploitable pour une maison mais elle pouvait entraîner un générateur qui lui pouvait le faire. Comme la roue à eau entraînant le moulin, on usait de la magie pour entraîner ce qui faisait office de roue, induisant le mouvement producteur d'énergie dans un générateur cette fois-ci non magique bien protégé et conçu pour que la magie ne le court-circuite pas. C'était très ingénieux, efficace, non polluant et ça ne demandait qu'une quantité infime de magie, pas plus que n'importe quel charme domestique présent dans une maison sorcière. Et c'était largement suffisant pour alimenter quelques appareils technologiques dans une maison. On ne demandait pas à ce genre de système de fournir beaucoup puisque dans ce genre de lieu, le chauffage, l'eau chaude, l'éclairage… Tout ce qui était le plus dévoreur d'électricité dans une maison non magique, était assuré par la magie. Il n'y avait donc pas besoin de beaucoup. Chez Alexander, c'était pour la télé, les consoles de jeux, les films, la musique, son ordinateur… ce genre de choses.

Il avait investi dans cette entreprise et se tenait au courant de ses activités. C'était très intéressant et ça pouvait faire sortir un peu le monde magique de son époque stagnante et ancienne. En tant qu'actionnaire, gros actionnaire, il avait accès à tout et il pouvait faire des propositions. Aussi, il avait soumis l'hypothèse d'inventer un genre de voiture électrique sur le même principe. L'entreprise n'y avait pas pensé, le besoin de voiture restant une niche dans le monde magique mais ils avaient aimé l'idée et y travaillaient. Si cela se faisait, ça resterait un produit de luxe au début mais Alexander était prêt à acheter. Il aimait sa voiture, beaucoup moins la dépendance à l'énergie fossile et aux conséquences que ça engendrait. Quand aux voitures électriques non magiques, elles restaient très polluantes à produire, la production d'électricité était parfois polluante que ce soit directement ou par la construction des installations nécessaires. Ce générateur magique lui, était beaucoup plus simple et beaucoup moins polluant, surtout que la production de matières premières dans le monde magique était là encore, quasiment complètement propre.

Si Paul s'en alla peut avant l'heure du dîner une fois certain que pour l'instant, Bella ne représentait aucun danger, Jacob resta avec son imprégné. Lorsque Alexander s'attela à préparer leur dîner, le loup se fit une joie de s'asseoir dans la cuisine avec lui, salivant déjà en sachant à quel point il cuisinait bien. Ils mangèrent dans la bonne humeur avant de s'installer à nouveau au salon, assis l'un contre l'autre devant la télé, le bras du loup enroulé autour du sorcier. Celui-ci avait replié ses jambes dans le canapé et s'était blotti contre lui, parfaitement heureux comme ça. Lui et Jacob se rapprochaient doucement et il adorait ça. Les choses se faisaient naturellement et ils ne se posaient pas de questions, faisant ce qu'ils avaient envie de faire.

- Tu ne m'en veux vraiment pas ? demanda Alexander après un moment.

- Non, assura Jacob. Je ne sais même pas si je suis capable de t'en vouloir, s'amusa-t-il. Et objectivement, lui laisser le choix était la chose à faire. Je n'aurai probablement pas fait ce choix à sa place mais j'aurai voulu avoir la possibilité de le faire. J'espère juste que ça ira, qu'elle se contrôlera et qu'il n'y aura pas de catastrophe, qu'elle ne rendra pas son père et son entourage malheureux.

- On fera tout pour ça.

- Tu as dit qu'il y avait beaucoup d'autres êtres différents dans le monde magique, remarqua-t-il ensuite. Tu en a rencontré d'autres ? questionna-t-il avec curiosité.

- Oui. Voyons voir. Le premier était un demi-géant puis il y a eu des gobelins, des fantômes, un demi-gobelin, un centaure, des trolls, des elfes de maisons, métamorphes et vampires bien entendu, un loup garou, des veela, des demi veela, des sirènes, des géants…

- Attend, attend, ça existe vraiment tout ces trucs ? demanda-t-il ébahis.

- Oui, s'amusa-t-il. Si tu savais tout ce qu'il y a. Et cela, ce ne sont que les peuples que j'ai rencontré moi même. Il y en a beaucoup d'autres.

Pendant un moment, Jacob lui posa tout un tas de questions sur ceux qu'il avait cité, curieux. Il fut intéressé par le loup garou, se demandant quelle était la différence avec eux et il la comprit fort bien avec son explication. Finalement, ils restèrent simplement à regarder leur film, Alexander, se mettant à somnoler rapidement.

- Tu devrais aller dormir, poussa doucement Jacob toujours soucieux de son bien être. Tu as eu une dure journée hier et aujourd'hui n'était pas vraiment moins tendue.

- Hum. On monte ? Je vais te montrer ta chambre. Sauf si tu veux dormir avec moi ? proposa-t-il avec embarras.

- Je peux ?

- Tu peux, sourit-il en sentant son enthousiasme.

- Alors je dors avec toi.

- Allons-y.

Ils se levèrent et éteignirent la télé avant de monter. Avec l'imprégnation et son acceptation par Jacob, celui-ci était beaucoup plus à l'aise que lui et enclin à avancer dans leur relation, pétillant toujours lorsqu'il était avec lui. Mais il faisait toujours attention à lui laisser le temps de reculer, à ne pas lui sauter dessus. Il savait, par l'expérience des autres, de Sam, que si eux étaient totalement dévoué à leur âme sœur au premier regard, sans ambiguïté une fois en paix avec eux même pour cela, ce n'était pas forcément le cas de l'imprégné. Et même si Alexander lui avait dit qu'il ressentait des sensations très semblables aux siennes, il faisait toujours attention. Le sorcier en était très touché et il ne manquait pas de lui ouvrir des portes à son tour pour lui signifier qu'il pouvait y aller. Cela fonctionnait très bien entre eux pour l'instant et il espérait que ça continuerait.

Jacob se fit une joie de l'accompagner, souriant en venant prendre sa main pour aller avec lui. Ils montèrent et Alexander lui montra sa suite avec les immenses baie vitrée donnant sur le jardin et la forêt. Jacob découvrit encore quelque chose lorsqu'il sortit sa baguette devant lui pour la première fois, métamorphosant ses propres vêtements présents ici pour lui faire un short pyjama confortable. Il lui montra la salle de bain, le laissant aller se changer et se rafraîchir s'il le voulait. Pendant ce temps, il alla voir Bella. Elle était inerte sur son lit et ne hurlait plus mais il savait qu'elle souffrait toujours, déconnectée. De ses sorts, il vérifia que la transformation suivait son cour normal et c'était le cas. Il vérifia donc sa surveillance et s'en alla.

Jacob sortait de la salle de bain lorsqu'il revint et il prit sa place pour se changer, se décidant pour un simple pantalon lui aussi. Il faisait bon dans la maison et avec Jacob, il ne risquait pas d'avoir froid. Cela et il était peut-être temps d'équilibrer les choses sur ce que le loups pouvait voir de lui même si Jacob ne se montrait pas vraiment pour le plaisir. Les loups le faisaient pour ne pas avoir trop chaud et pour ne pas démolir leurs vêtements. Il se dit d'ailleurs qu'il pourrait peut-être leur proposer de rajouter une magie rafraîchissante dans leur bracelet pour leur permettre de s'habiller sans inconfort, le problème de préservation des habits déjà réglé. Seulement, ici, il ne pensa pas à mettre de charme pour cacher ses cicatrices, les oubliant, à l'aise chez lui avec Jacob. Aussi, il ne comprit pas immédiatement le regard horrifié que le loup eut lorsqu'il revint.

- Alex ?! C'est quoi ces marques ? demanda-t-il en le rejoignant à grands pas pour le scruter sous toutes les coutures.

- Je… ce n'est rien, assura-t-il en se laissant inspecté.

- Rien ? Et moi je suis un vampire, ironisa-t-il. Pourquoi je ne les ai jamais vu avant ? À la plage et… ? bredouilla-t-il une profonde inquiétude dans la voix.

- Je… les cachais avec ma magie, soupira-t-il doucement. Pour éviter les questions.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? On dirait que tu… que tu as été…, hésita-t-il.

- Fouetté, termina-t-il pour lui avec une grimace. Je t'avais déjà expliqué que j'ai grandi chez ma tante et mon oncle, rappela-t-il. Et qu'ils me prenaient pour un monstre, qu'ils voulaient… tenter de supprimer ce que j'étais. Cela impliquait ce genre de chose, dit-il tout bas.

Jacob gronda de fureur avant de venir enrouler ses bras autour de lui et de le serrer contre sa poitrine, infiniment protecteur.

- Je ne laisserai plus personne te toucher, assura-t-il férocement.

Alexander sourit et lui rendit l'étreinte, se blottissant contre lui. Il doutait que Jacob puisse le protéger vu ce qui pouvait le menacer mais c'était incroyablement réconfortant de sentir qu'il avait la volonté de le faire de toutes ses forces. Ils restèrent ainsi un moment puis le loup déposa un baiser sur sa tête avant de reculer et de l'entraîner vers le lit. Ils s'y installèrent, d'abord un peu gênés, ils finirent par se détendre, Jacob l'attirant contre lui. Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils s'endorment une fois la lumière éteinte. La nuit fut divine de confort et de bien-être pour eux. Lorsque Alexander se réveilla le lendemain, ce fut en sentant de divines caresses dans ses cheveux. Il ouvrit les yeux pour se rendre compte qu'il était à moitié allongé sur Jacob, la tête posée sur la poitrine solide. Le loup avait un bras autour de lui, ses doigts perdus dans ses mèches. Il était bien là, tellement bien.

- Bonjour, salua-t-il en baillant. Bien dormi ?

- Très bien, répondit le Quileute. Bonjour. Et toi bien dormi ?

- Comme rarement. Tu fais un doudou incroyable, s'amusa-t-il en le faisant rire.

- Toi aussi.

- Petit déjeuner ? proposa-t-il.

- On peut rester là encore un peu d'abord, proposa-t-il en l'étreignant un peu plus. Ce lit est tellement confortable que je pourrai rester là toute la journée.

- On reste encore un peu alors, approuva-t-il en se laissant câliner avec joie.

Finalement, ils paressèrent au lit encore une bonne heure avant de se lever et d'aller petit déjeuner. Puis ils allèrent s'habiller et Alexander alla vérifier Bella pour qui les choses suivaient leur cour normal. Ce jour là, ce fut la meute au complet qui vint leur rendre visite et Alexander leur montra les pièces de vie avant de s'installer avec eux au salon. Ils discutèrent, Alexander expliquant que la transformation de Bella serait probablement terminée le lendemain dans la matinée. Sam, assura qu'il serait là, voulant voir comment ça se passerait quand elle reprendrait ses esprits. Il serait là avec Jacob et les autres se chargeraient de garder la Réserve et de garder un œil sur Quil. D'après Sam devenu bon pour ça, il se transformerait probablement dans deux jours, au lendemain de Bella donc.

La meute resta un peu avant de s'en aller, les laissant à deux. Ce jour là, Alexander et Jacob virent Hedwige les rejoindre et ils passèrent la journée ensemble, simplement, discutant, regardant un film ou restant en silence, collés l'un contre l'autre. Jacob semblait avoir aimé le câliner ce matin parce qu'il continua une bonne part de la journée et le sorcier se laissa faire, appréciant. Ils parlèrent encore un peu magie, le loup le questionnant sur sa baguette vu la veille, sur la manière de lancer des sorts. Alexander fit de son mieux pour lui expliquer simplement comment cela fonctionnait, lui parlant aussi des baguettes et de leur compositions, de ce que cela signifiait. Il lui expliqua que la grande majorité des sorciers ne pouvaient pas se passer de baguette pour faire de la magie et que le faire sans était très difficile et rare, limité en action. Il en profita pour lui dire que si un jour, il était attaqué par un sorcier, il fallait essayer de le priver de sa baguette. Si cela n'était pas toujours suffisant, dans bien des cas, cela pourrait rendre un assaillant inoffensif.

La journée fut tranquille et ils allèrent se coucher tôt, le lendemain s'annonçant plus chargé. Comme la veille, ils dormirent ensemble pour leur plus grand plaisir, Alexander se collant volontiers contre Jacob. Ils se levèrent tôt le lendemain, s'habillèrent et allèrent prendre le petit déjeuner. Cela fait, Alexander entraîna Jacob vers l'une de ses réserves, attrapant un plateau où il déposa deux gros gobelets. Attrapant des bouteilles de verre, il se mit à les remplir, Jacob grimaçant en sentant l'odeur et en comprenant ce que c'était.

- Du sang ?

- Du sang animal oui, approuva-t-il en les refermant d'un couvercle pour y ajouter une paille. Bella en aura besoin en se réveillant. Ce sera bien plus simple pour elle si elle a assez de sang à disposition.

- Comment tu t'es procuré ça ?

- On peut avoir facilement ce genre de chose dans les réseaux magiques. Les vampires ne sont pas les seul à boire du sang et le sang à beaucoup d'usage en magie. C'est presque commun de pouvoir en acheter en grande quantité.

- Qu'est-ce que vous faîte avec du sang ?

- Un tas de choses et ça dépend aussi de l'être auquel le sang appartient. Le sang a une immense valeur en magie.

Il prépara les gobelets, sentant que Sam arrivait.

- Sam est là, sourit-il.

- Comment tu le sais ?

- Je t'ai expliqué quelles barrières il y avait autour de ce domaine ? C'est comme un système de surveillance magique qui m'est relié. Lorsque quelqu'un entre, je le sais tout de suite.

- Pratique.

- N'est-ce pas ? s'amusa-t-il.

Il ajouta une fiole de potion sur le plateau avant de le soulever et de quitter la pièce. Il repassa par le hall avec Jacob au moment où Sam toquait à la porte. Il l'ouvrit d'un geste du doigt, souriant d'amusement en voyant les deux loups regarder la porte s'ouvrir toute seule avec stupéfaction. Sam entra et ils se saluèrent.

- Elle ne devrait plus tarder à reprendre conscience maintenant, informa-t-il.

- Alors allons-y, fit le loup grave.

Ils montèrent et rejoignirent la chambre où la demoiselle était installé, les loups la voyant pour la première fois depuis qu'elle était ici. Elle était toujours au milieu du lit, détendue et inerte maintenant. Et définitivement, elle avait désormais tout d'un vampire. Elle n'avait pas tellement changée dans son apparence mais les quelques petites modifications apportée par la transformation avaient gommé le moindre défaut pour l'embellir. Ses cheveux étaient plus abondants, plus beaux, plus brillants. Elle était désormais aussi pâle que n'importe quel vampire et ne respirait plus. Physiquement, il ne serait pas très difficile de masquer les changements. Sa silhouette n'avait pas trop changée même si elle avait repris du poids et du muscle. En choisissant bien ses vêtements, ça ne se verrait pas. Les cheveux, c'était la même histoire. Avec la bonne coiffure, personne ne remarquerait rien. Bella avait déjà été pâle alors un peu de maquillage ferait l'affaire et en le gommant progressivement, tous s'y habitueraient sans problème. Voir un teint s'éclaircir dans cette région n'était pas vraiment surprenant. Cela plus des lentilles pour ses yeux et un peu de travail sur sa posture et ça passerait tout seul. Il n'était pas inquiet pour cet aspect.

Bien sûr, elle avait cessé de respirer et son cœur avait arrêté de battre. Une chose qui fit grimacer Jacob et Sam quand ils la regardèrent. Ils froncèrent le nez et il s'en amusa, sachant que l'odeur des vampires ne leur plaisait guère.

- Y a pas d'erreur s'en est un maintenant, grommela Jacob.

- C'était le but, remarqua Alexander en venant déposer on plateau sur la table de chevet.

Cela fait, il alla s'asseoir dans le petit canapé présent contre le mur un peu plus loin et Jacob vint s'asseoir avec lui. Sam prit un fauteuil et ils commencèrent à patienter, focalisés sur la vampire. Ce fut en milieu de matinée qu'elle commença à ouvrir les yeux et à remuer. Alexander se leva pour s'approcher, faisant signe aux deux loups tendus de rester à leur place. Le sorcier se tint debout dans le champ de vision de la demoiselle, lui souriant doucement. Après quelques secondes à laisser ses yeux rouge sang errer autour d'elle, elle se réveilla vraiment, se focalisant sur lui. Elle se redressa facilement pour s'asseoir et il prit place sur le matelas près d'elle sans aucune peur malgré la tension des loups.

- Alors ? Comment c'est ? demanda-t-il légèrement.

- Étrange, sourit-elle de sa voix parfaite désormais.

- Tu vas vite t'habituer à tes nouvelles perceptions, assura-t-il. Ça va venir tout seul.

Il pointa les gobelets posés sur la table de chevet près d'elle et elle tendit une main pour une prendre un, sentant l'odeur remontant à travers la paille.

- C'est du sang animal alors tu peux y aller sans risque, précisa Alexander.

Elle commença à boire, un gémissement de plaisir lui échappant après la première gorgée. Alexander capta le dégoût total des loups plus loin, s'en amusant intérieurement.

- Te nourrir régulièrement t'aidera à te faire à la sensation de soif et à la contrôler. Mieux vaut ne pas se priver dans un premier temps. J'ai assez de sang animal en stock pour un bon moment alors on est large de ce côté là.

- Comment tu as fait ?

- J'ai mes sources, sourit-il énigmatiquement. Bois déjà ça, poussa-t-il alors qu'elle s'exécutait. En tant que nouveau né, il ne vaut mieux pas attendre que la soif monte trop. Tu la sens ?

- Oui. C'est comme Edward l'avait dit avec cette brûlure dans la gorge, dit-elle entre deux gorgées.

- Cela va rester un moment. Ce sera plus fort durant les premiers mois. Les nouveaux nés ont une soif plus puissante d'autant plus qu'il faut apprendre à s'y faire et à la contrôler.

Elle approuva et but avidement le sang qui était là en regardant un peu autour d'elle. Elle trouva alors Sam et Jacob, un peu surprise de les voir là.

- Ils voulaient voir comment ça se passe, comment tu gères et accessoirement que tu ne me tues pas, s'amusa-t-il.

- C'est normal, concéda-t-elle. Et toi ? Tu n'as pas peur que je te blesse ?

- Premièrement, tu as la volonté de ne pas le faire, c'est un bon début. Ensuite, tu savais déjà à quoi t'attendre avant la transformation alors ton esprit a pu se préparer un tant soit peu à gérer. C'est inconscient mais tu n'es certainement pas aussi perturbé qu'un nouveau né qui ignorait jusqu'à l'existence des vampires avant d'être mordus. Troisièmement, j'ai prévu assez de sang pour que tu ne deviennes pas folle et enfin, as-tu senti mon odeur ?

- Quoi ton odeur ?

- Respire, incita-t-il. Tu ne respires plus naturellement, il faudra apprendre à le faire pour donner le change.

Curieuse, elle respira et secoua la tête l'air perturbée quand les odeurs lui parvinrent.

- Essaye de te concentrer pour voir quelle odeur vient d'où, conseilla-t-il. Tes sens sont beaucoup plus forts qu'avant alors il va falloir un temps pour décrypter tout ce qu'ils te donnent comme informations.

Elle respira doucement, se concentrant pour analyser.

- Ça sent le chien très fort, fit-elle avec une grimace.

- Eh ! s'offusqua Jacob. On n'est pas des chiens !

- Désolé mais tu sens vraiment le chien, s'amusa-t-elle en le faisant grommeler de mécontentement. Et toi…, fit-elle en se tournant vers Alexander. C'est bizarre. Je n'ai jamais senti d'odeur comme la tienne.

- Et qu'est-ce que tu en penses ? questionna-t-il. Envie de me manger ?

- Non. Au contraire. C'est acide, comme si c'était toxique ou pourri, fit-elle.

- Pourrit ? s'offusqua une nouvelle fois Jacob. Alexander ne sent pas le pourri ! Il a une odeur boisée, une odeur d'air pur de haute altitude avec du café et des herbes fraîches.

Sam eut un petit ricanement amusé à cette preuve que son camarade était totalement gaga de son imprégné, Alexander lui souriant avec affection quand Bella le regardait étrangement.

- Il ne sent certainement pas le pourri, appuya-t-il comme un enfant vexé.

- Pour moi si, fit simplement Bella. Je ne sens rien de ce que tu dis.

- Ça, c'est à cause de tes instincts de vampires, expliqua Alexander. Nos esprits n'analysent pas ce que nous percevons de la même manière d'une espèce à l'autre. Et bien souvent, ce qui est dangereux pour nous nous rebute. C'est pour ça que beaucoup de monde à peur des bestioles venimeuses de toutes sortes. Parce qu'instinctivement, on sait que le venin est dangereux pour nous.

- Et alors ? fit-elle.

- Mon sang est toxique pour les vampires, renseigna-t-il. C'est pour ça que je sens mauvais pour toi. C'est ton instinct qui te dit qu'il ne faut pas me manger si tu veux rester en vie. Donc, tu devrais pouvoir te contrôler avec moi.

- C'est possible ça ? Avoir un sang toxique pour les vampires ? s'étonna-t-elle.

- Preuve en est, sourit-il alors qu'elle terminait le sang. Bois aussi la fiole.

Curieuse, elle prit la très belle fiole de cristal posée sur le plateau avec le reste. Elle contenait un liquide d'un rouge vif et presque lumineux.

- Qu'est-ce que c'est ? Du sang ? questionna-t-elle en retirant le bouchon pour renifler la chose. Ça me donne l'impression d'une sucrerie alléchante.

- C'est un peu ça. Bois, je te promet que ça ne te fera pas de mal au contraire.

Elle le fit, souriant avant d'avoir l'air stupéfiée.

- Ça a endormi la soif ? bredouilla-t-elle en surprenant les loups qui se levèrent pour venir plus près avec curiosité. Qu'est-ce que c'est ?

- Une potion.

- Une potion ? relevèrent-ils tout les trois en le faisant rire.

- Une potion, approuva-t-il. Un breuvage magique fait pour les vampires. Il permet d'endormir la soif pour un temps à condition que le vampire soit bien nourrit.

- Magique ? répéta-t-elle en regardant la fiole vide.

- Magique. Ne me dit pas que tu ne crois pas à la magie alors que tu connais les vampires et les loups.

- Si mais… il y en a d'autres ? questionna-t-elle.

- Bien sûr. Il y a beaucoup plus. Moi même, je ne suis pas un humain ordinaire. Je suis ce qu'on appelle un sorcier, une personne capable de faire de la magie.

- Genre Merlin, balai volant, potion magique, chaudron et tout le reste ? fit-elle perplexe.

- Exactement.

Rapidement, il lui expliqua ce qu'il était comme on le ferait pour n'importe quel être de son genre. Il put ainsi lui parler des lois du Secret Magique, de comment il savait pour les vampires et les loups, de pourquoi il n'avait rien pu dire et devait être prudent… Ce ne fut que très général mais cela permettait de comprendre. Au début, elle ne sembla pas le croire mais elle finit par le faire devant son sérieux et celui des loups.

- Bien sûr, tu te dois de garder ça pour toi. Ce ne sera plus la même histoire si ce secret là est rompus. C'est pour ça que les Cullen n'ont rien dit, que nous n'avons rien dit sur moi pour ne pas que tu poses de questions. Si ce secret là est rompu, les sorciers qui surveillent que la loi est respectée, le sauront sur le champ et viendront te punir et effacer la mémoire de ceux à qui tu l'as dit. Sur le champs.

- C'est eux qui devaient me faire oublier ?

- Oui. Cela ne s'est pas fait tout de suite parce que dans un premier temps et tant que seul le secret vampirique était en jeu, c'était aux vampires de régler ça. Mais parce qu'ils ne l'ont pas fait et qu'ils se sont éloignés, les sorciers seraient venus régler le problème. C'est ce que Edward espérait, il le savait.

- Alors pourquoi tu m'as proposé la transformation ?

- Pour les raisons que je t'ai donné et qu'étant donné ton implication déjà importante avec les vampires, j'étais autorisé à te laisser le choix.

- Merci. Je t'en suis très reconnaissante, sourit-elle.

- De rien. J'aurai aussi voulu qu'on me laisse le choix à ta place. Et en conséquence, je suis responsable de ton éducation de base et de tes débuts comme vampire. Alors je vais m'atteler à t'aider à apprendre à gérer tout ça dans les jours qui viennent.

- Ok. Qu'est-ce que je dois faire ? questionna-t-elle.

- Je mettrai la réserve de sang à ta disposition. Il n'y a que du sang animal je te le jure. Si tu ne touches jamais au sang humain, ce sera plus facile d'y résister avec le temps. Tu dois boire régulièrement. Normalement, les vampires ne boivent pas si souvent mais les nouveaux nés ont besoin de plus et abuser un peu pendant cette période ne pourra que t'aider à contrôler ta soif. On va éviter trop de potion suppresseur de soif parce qu'il faut que tu t'habitues à la sensation et que tu apprennes à contrôler. Surtout que les vampires n'ont pas accès libre à ces breuvages. Il ne faut pas abuser. Parce que si on supprime trop la soif, lorsqu'elle reviendra, elle sera vraiment incontrôlable. Alors je ne t'en donnerai que si tu perds vraiment le contrôle. Sinon, tu vas devoir te maîtriser.

- D'accord.

- Ici, il n'y a pas de proie potentielle alors il n'y aura pas d'odeur pour te tenter. Grâce à la magie, je peux isoler la maison des odeurs extérieures alors ça ne viendra pas t'embêter. Par sécurité, j'ai aussi fait en sorte que tu ne puisses pas sortir de la maison. Jusqu'à ce que nous soyons sûr que tu peux gérer.

- Je préféré aussi, sourit-elle.

- Tu vas d'abord t'accoutumer à la soif sans ces stimulus extérieurs. Puis je laisserai entrer les odeurs extérieures et je te ferai sentir des odeurs bien plus alléchantes pour toi pour que tu puisses te faire à ça et voir comment tu réagis, où sont tes limites. Dans le même temps, tu vas devoir travailler à tempérer ta vitesse et ta force, à gérer tes sens, à faire semblant d'être humaine avec la respiration et le reste, apprendre à camoufler les trucs bizarres des vampires… Je t'aiderai.

- Merci.

- Bien, pour commencer, et si tu te sens de sortir du lit, je peux te montrer la maison.

Elle approuva et il lui conseilla de se lever avec prudence, de forcer la lenteur parce qu'elle n'avait pas encore conscience de ses nouvelles capacités. Elle le fit et ils partirent visiter les pièces qu'il acceptait de montrer, lui signifiant qu'il voulait garder le reste privé. Jacob et Sam les suivirent, scrutant Bella pour voir comment elle agissait. Dans la cuisine, il lui montra le placard où il avait déposé le sang, lui conseillant de le réchauffer un peu pour le boire et de se servir quand elle voulait. Cela fait, il lui proposa d'aller prendre une douche et de se changer après ces deux jours pénibles, assurant qu'elle pouvait profiter d'un bain si elle le voulait. Elle approuva et s'en alla, le laissant au salon avec les deux loups.

- Vous voyez, ça se passe bien pour l'instant, sourit-il.

- Pour l'instant, posa Sam méfiant.

- Et ça continuera à bien se passer si on fait les choses correctement, rassura-t-il. On va prendre le temps et faire ça bien. J'ai les moyens de l'aider à passer cette période et à apprendre à maîtriser ses instincts. Vous pourrez surveiller si vous voulez, je suis certain qu'elle comprendra.

- Je reste là de toute façon, affirma Jacob en enroulant un bras autour de lui.

- Elle peut nous entendre là ? demanda Sam.

- Elle le pourrait si chaque pièce de cette maison n'était pas enchantée pour garantir l'intimité de ceux qui s'y trouvent. Elle ne peut ni entendre, ni sentir, ni percevoir ce qu'il se passe en dehors de la pièce où elle se trouve.

- J'adore cette maison, fit Jacob.

- C'est vrai que c'est pratique, approuva Sam. Je pense que Quil ne va pas tarder à se métamorphoser, informa-t-il. Il est dans le dur de la fièvre maintenant. Ce sera sans doute pour demain. On lui expliquera tout bien sûr.

- Je reste ici, posa Jacob sans aucune discussion possible.

Sam sourit et Alexander savait ce qu'il pensait. Jacob était le seul à ne pas se soumettre à lui même s'il faisait partie de la meute. Il ne se soumettait pas et faisait ce qu'il voulait. Sam le laissait faire parce qu'il comptait encore lui proposer de prendre la place d'Alpha d'ici peu et donc, il devait trouver son caractère et son autorité. Si Jacob refusait et le reconnaissait comme son Alpha, les choses changeraient mais pour l'instant, il le laissait se trouver en tant que loup. S'il avait voulu lui proposer tout de suite et naturellement lorsqu'il s'était transformé, sentant que ça devait être, il avait suivis le conseil d'Alexander et lui laissait d'abord un peu de temps pour se faire à cette vie et l'appréhender pour qu'il puisse réellement prendre une décision éclairée.

- Hum, approuva-t-il. On s'occupe de Quil et on viendra probablement vous rendre visite avec la meute après.

- Quand vous voulez, sourit le sorcier. Et on est juste à côté en plus. Je serai vous, je m'attendrai aussi à d'autres transformations. Cela était déjà bien engagé dernièrement mais avec la transformation de Bella juste à côté de la Réserve, ça pourrait en déclencher d'autres.

- On va surveiller, assura Sam. Jacob, s'il y a le moindre problème avec Bella, tu nous appelles, pria-t-il.

- Sans faute, assura-t-il

Rassuré, Sam s'en alla alors et le couple rejoignit la cuisine. Il était presque l'heure de déjeuner et Alexander entreprit de leur faire à manger. Après un moment, Bella les rejoignit, s'asseyant à distance de Jacob en amusant le sorcier, l'un comme l'autre indisposé par l'odeur du second. Le sorcier continua sans dire un mot, laissant le duo s'observer avec tension.

- Tu vas m'en vouloir longtemps ? demanda finalement Bella en regardant son ami.

- Je sais pas. Un bon moment probablement, avoua-t-il sincèrement. Tu as fait ton choix d'accord. Je ne suis pas obligé de comprendre ou d'acquiescer.

- Ouais, concéda-t-elle.

- Fais en sorte que ça se passe au mieux possible, pour ton père aussi, pria-t-il.

- Je vais le faire, assura-t-elle.

- Et ne dit plus que Alexander pu, il ne put pas, assura-t-il en faisant rire les deux autres.