VORACITY I - New World
Arc 5 : Le Prince d'Or
Chapitre 2
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Ils étaient 18 en tout. Répartis en 4 groupes rassemblés sur le domaine du Comte Femel, un peu à l'écart de la propriété principale. C'était assez étrange d'ailleurs. Pourquoi de telles précautions ? Certes, si le Comte avait proposé ce contrat à des Stipendiés, c'est qu'il devait y avoir anguille sous roche, mais de là à être prudent jusque sur ses propres terres…
C'est en tout cas ce que se disait Hekkeran. Lui et son équipe, Clairvoyance, étaient arrivés en dernier. Ils n'étaient pourtant pas en retard. Ils n'étaient pas non plus en avance. Ils étaient là, c'est tout. Et ils étaient aussi prêts qu'il était possible pour eux.
Une fois la mission acceptée, il avait bien fallu que chacun des membres se prépare. L'heure n'était plus aux achats individuels, mais collectifs. C'est pour cela que lui et Roberdyck avaient entamé la cagnotte commune en allant au Marché Nord. Il était moins fourni que celui du centre. C'était normal après tout. Le marché principal de la capitale de l'Empire se devait d'être bien achalandé. Toutefois, celui qui se trouvait au Nord avait des prix plus intéressants… et il était aussi plus sûr.
Les étals qui étaient installés à cet endroit étaient tenus en majorité par des Stipendiés, voire quelques Aventuriers… aventureux. Ils revendaient des stocks dont ils n'avaient plus l'utilité ou des butins de chasse. La qualité n'était donc pas exceptionnelle, mais les tarifs étaient bien moins importants. Et comme commerçants et clients étaient tous des Guerriers, aucun Voleur ne se risquerait à venir s'amuser là.
Hekkeran avait estimé qu'ils avaient besoin de protection contre la maladie et le poison pour cette quête. Les tombeaux étaient souvent le lieu de prolifération de miasmes et il était aisé pour une plaie de s'infecter rapidement si elle n'était pas traitée à temps. C'est pour cela qu'ils avaient également été à la recherche de Baguettes de Soins. Ces objets magiques étaient plus rentables que les Parchemins parce qu'ils n'étaient pas à usage unique. Le Sort stocké dans la Baguette pouvait être utilisé plusieurs fois avant d'être épuisé. Et on pouvait en dénicher sur le Marché Nord qui avaient encore plus de la moitié de leur charge disponible.
Malheureusement, ils n'avaient pas eu de chance ce jour-là. Aucune de celles qu'ils avaient trouvées ne satisfaisait aux critères d'Hekkeran. Elles étaient soit trop cher, soit n'avaient plus suffisamment d'énergie. Or, il ne voulait pas en manquer une fois dans le Donjon puisqu'une Magie de Soin bien placé pouvait non seulement sauver une vie, mais également leur ménager une porte de sortie. La létalité de ce type de Sorts sur les Morts-Vivants n'était pas à négliger. C'est pour ça qu'il préférait des Baguettes à des Potions.
Peut-être parce qu'ils avaient fait chou blanc ou peut-être parce que Roberdyck, le bon et solide Roberdyck, avait remarqué l'humeur sombre de son chef, ils avaient à ce moment-là abordé la question de savoir ce qui allait leur arriver après cette mission.
Arche leur avait déjà annoncé qu'à leur retour, elle comptait quitter la maison de ses parents en emmenant ses sœurs afin de les élever elle-même. Elle n'en avait pas dit plus, mais pour ses compagnons, c'était clair. Si elle avait des petites filles à charge alors la jeune femme ne pourrait plus partir à l'aventure avec eux.
Il ne s'en faisait pas trop pour elle. Arche était un Mage de Rang 3. Un tel niveau d'expertise à un âge aussi précoce lui permettrait d'être rapidement engagé à peu près n'importe où. Délivrée du fardeau de rembourser les dettes de sa famille, elle gagnerait suffisamment pour vivre confortablement en élevant de jeunes enfants, quel que soit leur nombre.
Toutefois, le départ de la jeteuse de Sorts pourrait signifier la fin de Clairvoyance. Partir à 3 seulement était trop dangereux. En fait, si Arche ne les avait pas rejoints au tout début, l'équipe ne se serait jamais formée. Les Mages de Rang 3 prêts à devenir Stipendiés ne courraient pas les rues. Loin de là. Ils pouvaient aussi bien en choisir un d'un niveau moins élevé et l'entraîner, mais cela ne résoudrait pas tous les problèmes.
La cohésion d'une équipe venait principalement d'une harmonie (ou plutôt d'un manque de discorde) entre les caractères de ses membres. Les Stipendiés étaient loin de rassembler des gens seins d'esprit et donc ceux-ci étaient souvent disparates. Clairvoyance avait eu la chance d'associer des personnes intéressées seulement par l'argent donc il n'y avait pas eu de problème. Toutefois, trouver un nouveau mage avec ses dispositions d'esprit précises tiendrait plus du hasard que d'autre chose. Ils pouvaient tout aussi bien tomber sur un accro au combat ou à la violence que sur un amateur dangereux.
Mais bien entendu, ces problèmes ne concernaient que Hekkeran et les deux membres restants de leur équipe, Imina et Roberdyck. À aucun moment, le jeune homme n'aurait songé à demander à Arche de rester avec eux ou même de lui laisser voir les difficultés que son départ pourrait leur amener. Dans une certaine mesure, il tenait bien trop à elle. C'était cela quand on faisait partie d'une équipe. Même si les raisons qui les avaient rassemblés à l'origine étaient loin d'être nobles, la proximité et le travail commun faisaient qu'on se rapprochait sans s'en rendre vraiment compte… parfois plus que ce que l'on ne pourrait imaginer.
Hekkeran n'aurait jamais pensé que la relation qui avait fini par se nouer entre lui et Imina soit connue de leurs camarades. Après tout, ils étaient le plus discrets possible. Chacun avait encore sa propre chambre et ils faisaient attention à ne pas montrer de signes en publics. Toutefois, ce jour-là, au Marché Nord, Roberdyck lui avait bien fait comprendre qu'il savait. De tels liens pouvant mettre en danger une équipe, il aurait cru que le large Templier lui en aurait fait le reproche. Mais non. Au contraire même, il avait semblé… amusé par la situation. Amusé et un peu trop intéressé pour mettre Hekkeran à l'aise.
Alors que ses pensées se tournaient vers l'Elfe, le jeune Stipendié dirigea son attention vers elle et remarqua une fois de plus à quel point elle était belle. Beaucoup la décrivaient comme trop masculine à cause de son absence de formes, mais Hekkeran y trouvait un charme magnifique. Il aimait aussi sa force, sa volonté et même l'expression sombre et colérique qui ornaient sa figure en ce moment précis. Elle avait vu quelqu'un qu'elle n'appréciait pas vraiment parmi les Stipendiés présents et se retenait à grande peine de lui sauter dessus.
Comme mue par un instinct, Hekkeran tourna à ce moment-là la tête et ses yeux tombèrent sur ceux, compréhensifs et attendris de Roberdyck. Il rougit, pris en flagrant délit de regard énamouré. Heureusement que la situation ne se prêtait pas à des commentaires. Pas comme au Marché. Il avait toutefois eu de la chance alors d'avoir pu changer de sujet.
Momon le Noir se trouvait là avec sa coéquipière Nabe. Malgré le fait qu'ils habitent dans la même auberge, Hekkeran ne l'avait que rarement vu. En fait, la dernière fois était le jour où il l'avait croisé avant d'aller à la réunion avec ses compagnons, quand ils avaient découvert le secret d'Arche. Et il ne s'attendait pas du tout à le trouver là. Un Aventurier tel que lui devait se faire des fortunes. Il n'avait probablement pas besoin d'acheter de l'équipement ou des objets magiques au rabais. Mais encore une fois, cela ne semblait pas être ce qui l'intéressait le plus.
Près de 200 ans auparavant existait un Minotaure appelé le "Sage Fanfaron". Il habitait dans la Grande nation Minotaure, une vaste contrée à l'Est de l'Empire et avec laquelle il partageait un bout de frontière. Cet être était connu pour de nombreuses choses. C'était un Guerrier puissant qui pouvait, dit-on, déclencher une tempête d'un coup d'épée ou fendre le sol. C'était aussi un politicien habile qui était parvenu à modifier certaines lois de son pays, notamment celles relatives au traitement des Humains. Ainsi, alors qu'auparavant ils étaient à peine mieux considérés que du bétail, il les avait élevés au rang d'esclave ouvrier, leur offrant au moins une protection partielle.
Mais ce qui lui avait valu son épithète de "Sage Fanfaron" venait du fait qu'il avait imaginé un grand nombre d'objets du quotidien sans être jamais capable d'expliquer comment les fabriquer ou pourquoi ils étaient aussi utiles. Ses idées étaient restées pendant longtemps lettre morte jusqu'à ce que divers érudits de différentes nations, dont l'Empire, s'y intéressent. Depuis, certaines avaient pu être exploitées ce qui avait donné naissance à d'inventions comme des "ventilateurs" qui permettaient de rafraîchir une pièce en soufflant de l'air ou des "réfrigérateurs", des placards dont l'intérieur était froid et pouvait garder les aliments. Bien sûr, la magie pouvait faire cela tout aussi bien, mais tout le monde n'était pas Mage.
Hekkeran ne s'était jamais vraiment intéressé à ce genre de gadget. La plupart étaient assez encombrants et donc il était peu pratique de les emmener à l'aventure. Ce n'était cependant pas le cas de Momon le Noir qui avait semblé des plus captivé par cet attirail. Le sérieux que le puissant Guerrier manifestait à manipuler ces objets avait distrait Roberdyck qui, motivé, avait décidé de reprendre les recherches au plus grand soulagement de son chef.
« Je savais bien que vous alliez vous montrer, Hekkeran » dit alors un homme en venant dans leur direction.
Sa taille n'était pas très importante, court sur patte et large d'épaules. Si on ne le connaissait pas, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'un Nain, mais c'était en fait bien un Humain. Gringham, chef de l'équipe Broyeur, était également connu sous le surnom de "Scarabée". Celui-ci lui venait de l'apparence que lui donnait son armure de plates. Étrangement arrondie, avec des épaulières épaisses, elle était accompagnée d'un casque muni d'une corne. L'ensemble lui donnait effectivement l'air d'un gros insecte.
« Salut Gringham » répondit Hekkeran. « Que veux-tu ? La récompense avait l'air plutôt juteuse, tu ne crois pas ? »
Il fit un bref geste de la main en direction des autres membres de Broyeur qui avaient suivi leur chef. Une telle désinvolture aurait pu passer pour un manque de considération, mais ils se connaissaient trop pour se formaliser. Le monde des Stipendiés n'était pas si vaste que chacun n'ait jamais rencontré les autres équipes. Par ailleurs, Broyeur et Clairvoyance avaient été partenaire à peine 2 semaines auparavant, lors de la mission d'élimination de Morts-Vivants sur les Plaines de Katze. Ils étaient donc habitués à se côtoyer.
« Vous êtes seulement 6 ? » demanda Hekkeran après un rapide tour d'horizon. « Où sont les autres ? »
Broyeur comptait en tout 14 membres. En dehors de Gringham, Hekkeran ne voyait qu'un Guerrier, un Voleur, un Mage et un Clerc. C'était la base, mais cela restait tout de même peu. Enfin, bon, c'était sans doute mieux pour eux qu'ils soient en équipe réduite. Un grand nombre de Combattants avait ses avantages. Possibilité de s'attaquer à des adversaires plus puissants (et donc qui rapportent plus), de varier les tactiques pour s'adapter à la situation, ce genre de choses. Toutefois, cela avait aussi ses inconvénients. Plus de monde voulait dire généralement des parts moins importantes lors du partage. Sans compter les palabres pour la division du butin.
Mais malgré cela, l'équipe tenait. Ce qui démontrait certainement les capacités extraordinaires de gestion dont Gringham devait faire preuve.
« Ils se reposent » répondit celui-ci. « On s'en est pas tous sorti aussi bien que vous de la mission de Katze. On avait pas mal d'équipement à réparer. »
« Je te plains » dit Hekkeran. « Au fait, si tu veux éviter la rancœur de ceux qui n'ont pas pu venir, tu pourrais peut-être devenir notre renfort. »
« Bien essayé, gamin » ricana le petit homme. « En tant que chef, il est de mon devoir de dédommager équitablement mes gars. C'est pour ça que nous devrons fournir les meilleurs résultats. »
Hekkeran ricana à son tour, mais son rire resta coincé dans sa gorge quand il vit approcher un autre jeune homme dans sa direction. Assez grand, il était aisé de percevoir la musculature de son corps svelte sous son armure légère. Il ne portait rien d'autre que des épaulières, un plastron protégeant son cœur, une paire de tassettes et des bottes de métal, le tout passé par-dessus un gambison ouvert et un simple pantalon blanc. Il était clair que son style de combat était plus axé sur la vitesse.
« Clairvoyance, hein ? » demanda-t-il en dardant ses yeux noirs en amande sur lui. « C'est la première fois que nous nous rencontrons, n'est-ce pas ? J'ai pas mal entendu parler de vous. »
Il y avait une certaine arrogance dans son regard. Pas qu'il méprise Hekkeran ou quoi que ce soit, plus comme quelqu'un qui n'éprouvait pas la nécessité de se présenter aux hors parce que les gens qu'il croisait devaient forcément savoir qui il était… ce qui était le cas.
« Moi de même, Tenmu » répondit Hekkeran avec réticence en serrant la main que l'autre lui tendait sous l'œil furibond d'Imina.
Il avait entendu dire que "Tenmu" voulait dire "Force Céleste" dans une langue ancienne du Sud. C'était apparemment de là aussi dont était venu l'un des parents du jeune homme, tout comme son arme, un sabre recourbé avec une longue fusée recouverte de soie tressée et une garde ronde. Cela pouvait sembler grandiloquent, mais personne n'aurait dénié à Erya Uzruth d'avoir donné ce nom à son équipe. Après tout, il était l'un des Champions invaincus du Colisée.
« Je suis heureux de pouvoir travailler avec un escrimeur que l'on considère l'égale du Capitaine Gazef Stronoff, l'homme le plus fort du Royaume de Re-Estize » dit poliment Hekkeran.
« Merci. Néanmoins, il serait sans doute temps qu'on dise que c'est lui qui m'égale, et non l'inverse » dit Erya avec un ton des plus orgueilleux.
« Je vois… » répondit Hekkeran, légèrement déstabilisé par l'attitude de son collègue. « Tes talents à l'épée nous seront donc utiles dans ces ruines. »
« Bien entendu. J'espère seulement que nous tomberons sur quelques Monstres qui pourront nous offrir un peu de… challenge. »
« On a pas vraiment d'infos sur le genre de créatures se trouvent là-dedans. Pour ce qu'on en sait, il pourrait même y avoir un Dragon. »
« Ce serait sans doute problématique. Face à une bête aussi puissante, le combat risquerait d'être serré. Mais il ne fait aucun doute qu'à la fin, c'est moi qui l'emporterais. »
« Ah ? Bien. Parfait. Juste… parfait » Balbutia Hekkeran.
La mention du Dragon était une boutade, mais non seulement Erya l'avait pris au mot, mais il s'était montré encore plus arrogant et suffisant que précédemment, chose que le jeune homme n'avait pas cru être possible. Gagner contre un Dragon, franchement ? Du suicide, oui.
Hekkeran décida de se méfier de lui. Erya était du genre à foncer sur le danger sans se préoccuper des autres ou à les utiliser pour parvenir à ses fins. S'il voulait chercher les problèmes, tant mieux pour lui, mais il était hors de question qu'il tente de s'appuyer sur son équipe pour s'en sortir.
« Et donc, voici les membres de Clairvoyance » repris Erya. « Interessant. »
Il se mit à balayer le groupe du regard. Ses yeux restèrent quelques instants de plus que les autres sur Imina qui le fixait toujours comme si elle voulait le tuer sur place. Puis il se détourna avec un rictus qui mit la Demi-Elfe encore plus en rage.
Si l'un des parents d'Erya Uzruth venait bien d'une lointaine contrée du Sud, l'autre était originaire de la Théocratie de Slane. Leur politique spéciste mettait l'être humain au-dessus de toutes les races, intelligentes ou non. Les autres étaient considérées comme barbares et bonnes à être détruites… ou réduites en esclavage. C'était notamment le cas des Elfes avec lesquels la Théocratie était en guerre depuis plusieurs années. De là à penser qu'Erya caressait l'idée d'asservir Imina pour qu'elle rejoigne son équipe, il n'y avait qu'un pas.
En effet, Tenmu n'était composée que de 4 personnes. Erya Uzruth lui-même et 3 esclaves elfiques lui servant de soutien magique. En clair, il s'agissait d'une équipe de 1 seul membre véritablement actif avec des supports anonymes et, surtout, remplaçables. Toutefois, il aurait sans doute du mal à acquérir de nouveaux esclaves s'il abîmait ceux-là. L'Empereur Sanglant n'avait pas aboli l'esclavage, mais il leur avait tout de même donné certains droits. Ceux-ci n'étaient plus de simples objets dont leurs maîtres pouvaient disposer à loisir et les peines étaient sévères pour ceux qui abusaient des leurs. De nombreux Nobles l'avaient appris à leurs dépens en perdant leurs titres.
Toujours était-il qu'Imina ne portait pas Erya dans son cœur, car malgré les restrictions, il était dur avec ses esclaves, hautain, et surtout, violent. Mais comme il restait dans le cadre strict de la loi, personne ne pouvait rien dire.
« Évite de t'en prendre aux membres de mon équipe » dit Hekkeran d'un ton sombre en guise d'avertissement au bretteur.
« Je n'oserai jamais, voyons ! » Répondit celui-ci. « Nous sommes, après tout, des camarades dans cette quête. Je coopérerai sans problème avec… n'importe qui. »
« Je ne demande qu'à te croire. »
« Tu peux me faire confiance. En revanche, je préfèrerais ne pas avoir à assumer le commandement. Je suis prêt à accepter n'importe quel ordre tant qu'on me laisse les combats les plus durs. Bien sûr, si le besoin s'en fait sentir et que personne ne peut endosser cette charge, je le ferai. »
« Et bien, faisons comme ça » répondit Hekkeran entre ses dents, fatigué par l'arrogance de l'autre homme.
« Parfait. Je suis ravi d'avoir mis cela au point » dit Erya. « Sur ce, je retourne auprès de mon équipe. »
Hekkeran le suivit des yeux alors qu'il se dirigeait vers ce qu'il appelait son "équipe". Les 3 jeunes femmes Elfes étaient serrées les unes contre les autres. Il ne faisait pas si froid que cela en cette moitié de Saison des Vents, mais elles n'étaient vêtues que de grossières robes de toile gris sale et rapiécées. Une légère brise suffisait à provoquer des frissons chez elle et à faire flotter leur courte chevelure emmêlée. Nul doute que cette coupe n'était pas de leur fait, les Elfes n'étaient pas très connus pour leurs cheveux courts. En revanche, ils étaient réputés pour leur beauté, mais on aurait eu de la peine à le voir sur les traits hâves aux yeux vides cernés de noir des filles.
Un violent élan de colère se mit à tordre les entrailles d'Hekkeran à ce spectacle. Il imaginait Imina à la place de ces pauvres filles et cela le mettait en fureur. Pourtant il refoula ce sentiment et conserva un visage neutre. Il ne serait pas un bon chef s'il ne pouvait pas maîtriser ses émotions.
Il vit alors que quelqu'un d'autre suivait Erya des yeux. C'était un vieillard avec une calvitie avancée. Ce qui lui restait de cheveux était attaché en catogan et il porterait une barbe fine et longue ainsi que des moustaches, le tout d'un blanc de neige. Il était équipé d'une armure de cuir bouillie par-dessus un épais gambison bordé de fourrure.
Voyant qu'Hekkeran le regardait, il eut un rictus édenté et se mit à avancer dans sa direction, sa longue lance lui servant de canne. Mais le jeune homme ne s'y trompait pas, Il savait tout aussi bien l'utiliser pour pourfendre des adversaires plusieurs fois plus gros que lui. Il avait beau avoir plus de 80 ans, s'il était toujours en vie tout en restant dans le métier, c'est qu'il avait encore plus que la force de se battre.
« Bonjour, vénérable » le salua Hekkeran. « Heureux de vous voir en bonne santé. »
« Merci, gamin. Tu m'as l'air en bonne forme toi aussi. »
Malgré sa vigueur, les années de combat ainsi que l'âge avaient tout de même fait quelques dégâts. Le vieillard avait perdu une partie de ses dents, ce qui rendait sa prononciation quelque peu difficile à comprendre par moment. Toutefois, personne n'aurait osé se moquer de Parpatra Ogrion, le chef de l'équipe Chasse-Dragon dans le métier. Quiconque connaissait la "Feuille Verte" savait qu'il avait la rancune tenace et la dent dure (sans mauvais jeux de mots sur celles qui lui manquaient).
Son surnom venait de la couleur de son gambison et des deux massives épaulières de chaque côté de son cou. Celles-ci étaient faites avec les écailles d'un Dragon Vert qu'il avait chassé dans sa jeunesse et qui avait donné son nom à son équipe. Il s'était également servi de l'un des crocs les plus longs et les plus acérés de la bête pour faire la pointe de sa lance. Ainsi, son haut fait l'avait fait entré dans la légende et son âge avancé permettait aujourd'hui de la poursuivre.
« Le gosse est dangereux » dit simplement le vieillard en faisant un signe de tête en direction d'Erya.
« Je sais » lui répondit Hekkeran avec la même simplicité.
« On ne peut pas nier qu'il est fort » intervint Gringham. « Mais il est trop sûr de lui. Il pourrait nous mettre dans la mouise. »
Son ton sous-entendait qu'il voulait bien savoir ce qu'ils devaient bien faire de lui.
« Je ne vais plus trop au Colisée ces temps-ci. À quel niveau est sa force au juste ? » demanda Hekkeran avec une grimace.
« Moi je le sais. Et vous, Vénérable ? »
« Des rumeurs. Rien que je n'ai pu vérifier de visu. Peut-être que mes camarades en savent plus. »
« Il y a quelques années, j'ai été voir une fois un tournoi organisé par le Royaume où Stronoff combattait » dit Gringham. « La finale l'a confronté à ce gars, Brain Ungleus, un fameux bretteur. Il a fini par perdre, mais ça demeurait impressionnant. Tous les deux étaient d'un niveau hors norme et leurs coups étaient presque tous d'une classe prodigieuse. Je pense que Uzruth se situe un peu au-dessus du niveau d'Ungleus, presque à celui de Stronoff. »
« Donc, il est aussi fort que Stronoff il y a quelques années » résuma Hekkeran.
Stronoff devait aujourd'hui être plus puissant qu'il ne n'était à l'époque. Toutefois, approcher la force du Capitaine Guerrier demeurait un exploit.
« Je vois… » dit pensivement Parpatra. « Ungleus, hein ? Il faudrait que je réunisse un peu plus d'information sur le Royaume. D'ailleurs, en parlant de ça, vous êtes au courant de la naissance d'une 3e équipe de Rang Adamantite là-bas ? »
Bien sûr qu'il le savait. Pas depuis très longtemps, mais il le savait. C'était l'une des premières choses qui l'avait frappé chez Momon tes Ténèbres. Sa plaque Adamantite. Comme tout le monde, il connaissait les plus puissants Aventuriers de l'Empire, mais celui-là lui était étranger. C'est en faisant quelques recherches qu'il avait appris qu'il venait en fait du Royaume. Le reste des informations qu'il avait rassemblé lui avait semblé cependant assez absurde.
En effet, Momon et son équipière Nabe auraient détruit des milliers de Morts-Vivant, tué un Vampire d'un très haut niveau de menace, exterminé un Basilic Géant, une créature si puissante que même toute une équipe entière de Rang Adamantite aurait du mal à battre sans compter sa bataille contre un Démon au sein même de la Capitale. Cela ressemblait à un plan de la Guilde du Royaume pour créer un héros fantoche à qui on aurait crédité seul les exploits de plusieurs équipes afin de mettre en place une fumisterie pour effrayer les ennemis extérieurs.
Pourtant, cela n'expliquait pas l'impression de force écrasante qu'Hekkeran avait ressentie à chaque fois qu'il avait croisé le Chevalier Noir. Pouvait-il vraiment avoir accompli toutes les prouesses qu'on lui attribuait ?
Le bruit d'un coup assorti d'un cri aigu perça soudain le silence de la lande. Hekkeran, sur le qui-vive, posa instinctivement ses mains sur les gardes de ses lames et ses deux camarades se tendirent également. Ils se rendirent compte alors qu'ils n'étaient pas attaqués. L'une des "équipières" d'Erya se trouvait au sol, implorant avec servilité le pardon du jeune homme dont le visage était déformé de colère.
Gingham fronça les sourcils, Parpatra siffla entre ses dents et Hekkeran fit une grimace de dégoût. Puis ce dernier se retourna vers ses compagnons et notamment vers Imina. Celle-ci bouillait littéralement de rage. Ses mâchoires étaient serrées et les veines de son front ressortaient dangereusement. Hekkeran jeta un coup d'œil à Arche et Roberdyck. Ceux-ci hochèrent la tête. Si jamais elle tentait quoi que ce soit, ils la retiendraient.
Il ressentait la même chose qu'elle, mais il n'avait pas les moyens d'agir. Il en avait le pouvoir, mais s'il le faisait, il devrait en prendre la responsabilité. C'était le cas pour lui comme pour les autres. Heureusement, Imina le comprit. Elle se contenta de faire un doigt d'honneur en direction de l'esclavagiste et de cracher par terre avant de se détourner.
« Apparemment, s'il égale le Capitaine des Guerriers, ce n'est qu'en matière de prouesses au combat » remarqua Gringham avec un reniflement, le regard toujours tourné vers le jeune homme. « Il n'a manifestement pas son altruisme. »
Les deux autres n'ajoutèrent rien, mais il était visible qu'ils n'en pensaient pas moins.
« Bref » reprit le petit Stipendié en armure. « Nous avons assez discuté, il me semble. »
« En effet » approuva Parpatra de sa voix sifflante. « Maintenant qu'Hekkeran est là, nous pouvons aborder le sujet le plus important. »
« Erya a déjà refusé la position » ajouta celui-ci. « Lequel d'entre vous veut prendre le commandement ? »
Silence.
C'était souvent le problème quand plusieurs équipes de Stipendiés étaient rassemblées pour la même mission. Chacun des groupes était fortement indépendant. Cela signifiait que si une hiérarchie n'était pas rapidement décidée, des conflits pouvaient survenir. Le choix du chef de l'expédition était donc primordial. Il était chargé de conserver la cohésion de l'ensemble des membres. Mais en même temps, peu avaient envie de s'y coller. À la moindre erreur, les autres pouvaient l'accuser de favoritisme envers sa propre équipe ce qui créait des dissensions. Or, il n'y avait rien de plus dangereux qu'une expédition dont les membres ne s'entendaient pas. C'était la mort assurée.
« Vous croyez qu'on a vraiment besoin d'un commandant ? » Demanda Hekkeran au bout d'un moment.
« Tu ne fais que reporter le problème » lui fit remarquer Parpatra. « On risque de se faire bananer pendant les combats. »
« Et pourquoi pas un commandement par roulement ? » proposa Gringham. « Chacun dirige à tour de rôle selon l'ordre d'arrivée. »
« Mouais, ça peut se faire » grogna le vieillard, songeur.
« Au pire, on en rediscutera une fois aux ruines » conclut Hekkeran.
Il fut conclu que Gringham et son équipe, Broyeurs, prendraient le commandement en premier. Le petit homme était assez satisfait de cela, car pour le moment, ils étaient sur le territoire de l'Empire donc les chances de rencontrer des Monstres étaient minimes. Par la suite, Hekkeran et Parpatra lui succéderaient de l'autre côté de la frontière. Pour ce qui est d'Erya Uzruth, vu qu'il ne semblait pas motivé à vraiment assumer ce rôle, il fut décidé qu'il passerait son tour. Ce serait mieux pour tout le monde.
Comme ils finalisaient leurs arrangements, ils aperçurent un homme à l'allure guindée se diriger vers eux. Apparemment, il s'agissait du Majordome du Comte Femel. Celui-ci venait leur rappeler les paramètres de la mission. Une expédition de 3 jours dans le Royaume afin d'explorer des ruines nouvellement découvertes et qui ressemblaient selon toute vraisemblance à un tombeau. Le but était principalement la recherche d'information. Tout renseignement important sera payé rubis sur l'ongle et tous les trésors rapportés appartiendront de droit aux Stipendiés à l'exception des objets magiques.
Ça ne différait pas de l'ordre de mission original.
L'homme les conduisit ensuite à 2 grandes voitures auxquelles étaient attelés des Sleipnir, des chevaux à 8 pattes réputés pour leur célérité. Grâce à eux, le trajet durerait 10 fois moins qu'en temps normal. C'était des animaux de choix… et cher bien entendu. Très cher. Il y en avait 2 par voiture, 4 au total. À cause des dangers de l'expédition, il n'était pas sûr qu'ils reviennent. C'était donc que le client était plus préoccupé par l'obtention de ce qu'il désirait de ces ruines rapidement que de préserver son patrimoine… Ou bien qu'il était suffisamment riche pour se permettre de perdre ces Créatures. Riche, le Comte Femel l'était. Mais pas au point d'ignorer les conséquences que la mort de 4 Sleipnir pourrait avoir. Donc soit il était vraiment désespéré, soit il avait un soutient disposant de plus de pouvoir et d'argent. Probablement, celui qui détenait les informations sur la localisation des ruines au départ. Le Noble ne serait alors qu'un faire-valoir pour le véritable commanditaire.
Mais ça, Hekkeran comme les autres Stipendiés s'en fichait. Ils n'avaient pas à se mêler de politique.
Et ils ne pouvaient pas plus avoir tort que cela.
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Notes de Jidoja, membre des 100 de Nazarick
« 13/6/V
CROCNC - 95
Ce rapport portera sur 2 points principaux de notre exploration.
Tout d'abord, grâce à l'apport technologique des Synthétiques de la BITE, nous avons été capables d'envoyer un engin volant motorisé muni d'un appareil photographique à la limite de la troposphère. Nous avons ainsi pu récupérer des images satellites de l'intérieur de l'enceinte et de ses alentours. J'ai joint avec ce message plusieurs de nos clichés numérisés en haute définition par la BITE. Grâce au climat plutôt aride de la zone, il y avait peu de nuages.
Comme vous pouvez le voir au centre, l'espace contenu dans l'enceinte se détache de son environnement par la verdure de son sol. Mais j'y reviendrai plus tard.
Sur nos images, vous pouvez constater que la cité se dresse à l'extrémité Nord d'une grande bande désertique qui s'étire sur plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de kilomètres vers le Sud. Celle-ci sépare le front de mer, à l'Est d'une zone de forêt apparemment subtropicale, à l'ouest. On estime la distance entre le rivage et les arbres d'environ 250 km.
Toutefois, la plage où a accosté notre équipe pour la première fois est l'une des rares qui existent et la plus vaste. La raison vient du fait que la zone désertique se constitue de massifs rocheux sur une grande majorité de la côte, empêchant ainsi un accès aux terres.
Toute la partie Nord de la ville est composée d'une importante zone mi-marécageuse, mi-fertile provenant du delta d'un fleuve assez vaste qui parcourt la jungle. Il semble également former une sorte de barrière naturelle pour la ville.
Il s'agissait là du premier point. Le second est que l'opération de cartographie des contours de l'enceinte est à présent terminée. Le second dossier que vous avez reçu contient plusieurs images de la carte que nous avons créée.
Comme vous pouvez le voir, cette enceinte n'est pas seulement haute, elle est également d'une très grande épaisseur. Nous l'avons estimé à 300 m environ. Toutefois, certains des clichés nous montrent que celle-ci est creuse. Elle est parcourue de galeries et d'espaces plus vastes que nous soupçonnons être des installations militaires.
La numérisation des Synthétiques de la BITE ne pouvant pas transcrire l'interactivité de la Carte Magique que nous avons créée grâce aux Sextants, nous n'avons pu vous exposer que les points les plus saillants de leur système. Sachez toutefois qu'il y a plus d'une vingtaine de niveaux de hauteur variés, le plus élevé étant occupé par une galerie unique dont le trajet semble ininterrompu sur tout le pourtour de la muraille. Nous soupçonnons qu'il s'agit d'un chemin de ronde. C'est cette constatation qui nous a amenés à considérer les différents espaces en dessous comme des installations militaires.
Encore une fois, les analyses de la BITE ont confirmé que le seuil technologique de ces parties était très bas, voire inexistant. Toutefois, elles ont également mis au jour que la construction de l'édifice n'aurait pas pu être effectuée sans machinerie avancée. La dichotomie entre ces deux aspects viendrait à nouveau corroborer l'hypothèse d'un contrôle important sur la technologie.
De plus, la BITE a une nouvelle fois appuyé l'absence totale de trace d'ondes qui permettrait de supposer d'une surveillance électronique des alentours. Si celle-ci existe, elle doit être optique. Toutefois, l'observation de la surface externe du mur n'a démontré aucune ouverture. Elles semblent également ne pas être présentes sur la carte que nous avons faite. Il en existe, mais celles-ci sont dirigées vers l'intérieur plus que vers l'extérieur des fortifications. Les habitants de cette ville paraissent donc peu se soucier de ce qui se passe au-dehors. Ou bien, ils font des efforts pour l'ignorer.
Pour ce qui est justement des territoires intérieurs, nous avons déterminé que le niveau du sol y était d'une centaine de mètres inférieurs à celui de l'extérieur. Comme vous avez pu le voir sur les clichés aériens, il s'agit principalement de terres fertiles. Ce que des analyses ont confirmé. Il est fort à parier que la couche aride a été enlevée pour d'atteindre des couches plus humides et/ou des nappes phréatiques plus profondes afin d'irriguer la terre. Il est également possible que de la terre fertile et du limon soient importés depuis le delta à l'aide des vaisseaux qu'ils possèdent.
Les zones visibles sont principalement des champs. Aucune agglomération n'a pu être détectée. Toutefois, on remarque un réseau important de routes réunissant ce qui ressemble à de petites habitations ou bien à des fermes.
La prochaine étape est de tenter un survol plus proche de la ville. La BITE travaille déjà à l'amélioration de l'engin volant, que nous appellerons drone d'exploration, ou tout simplement drone, afin de le rendre plus discret. Nous pensons lancer l'opération dans deux jours.
Toutefois, tandis que nous nous concentrons sur la ville même, le reste du continent demeure inexploré. Le CDC ne préconise pas de faire appel à l'équipe d'exploration du Seigneur Martial Aquilus pour le moment à cause du trop grand facteur d'inconnu de la situation. Notre choix se porterait donc sur une approche plus discrète, probablement un seul individu. Parmi les serviteurs disponibles à l'Oasis, je pense que Venturi Jones, des 100, serait la plus indiquée pour la tâche. Si vous accédez à ma demande, Venturi Jones sera intégré au CDC et ses rapports seront joints aux miens.
CRT »
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Hekkeran regardait l'homme assis en face de lui dans la voiture. Bien sûr, il l'avait déjà croisé, mais c'était la première fois qu'il pouvait observer à loisir Momon des Ténèbres, l'Aventurier Adamantite du Royaume.
En plus des véhicules et de diverses commodités, le Majordome du Comte Femel leur avait annoncé qu'une troupe d'Aventuriers seraient chargés de surveiller ces derniers pendant leur expédition dans les ruines. Officieusement, ils serviraient surtout de couverture. Comme Hekkeran le supposait, si des Stipendiés comme lui et son équipe avaient été engagés, c'était parce que l'exploration de ce tombeau n'était pas très légale. Compte tenu de cela, la Guilde des Aventuriers ne pouvait envoyer personne là-bas. Néanmoins, rien ne lui interdisait d'accepter un contrat d'escorte, surtout avec des Aventuriers natifs du Royaume. C'était à cause de cette hypocrisie qu'Hekkeran avait quitté la Guilde.
Toutefois, comme tous les autres, il avait été impressionné par le fait que le Comte (si c'était bien lui) avait choisi Momon le Noir pour les accompagner. Engager un Aventurier de Rang Adamantite comme lui (ou même 2, puisque Nabe la Resplendissante, sa compagne, était également présente) devait revenir 10 fois plus cher que les récompenses cumulées de leurs 4 équipes. Encore une preuve que quelqu'un de très puissant et/ou riche se cachait derrière cette expédition.
Au départ, Hekkeran pensait que l'homme s'adresserait à eux avec arrogance (s'il s'adressait à eux). Après tout, ils n'étaient que des Stipendiés, des hors-la-loi, presque de vulgaires bandits. Pourtant, l'homme s'était montré affable à leur encontre. Il s'était également révélé curieux de la raison pour laquelle des personnes voudraient risquer leur vie dans un lieu inconnu. La réponse était simple et la même pour pratiquement chacun d'entre eux : l'argent. La récompense offerte était satisfaisante et compensait les dangers.
À la surprise générale, Momon le Noir s'était par la suite excusé d'avoir posé une telle question. Ce n'était pas le premier Aventurier qu'Hekkeran croisait, mais c'était le seul qui ne semblait pas les traiter comme quantité négligeable. Rien que les 4 autres, de Rang Or, qui les accompagnaient aussi n'avaient pas l'air disposés à les considérer comme des égaux. La Dame Nabe paraissait également dans ce cas, mais en ce qui la concernait, elle était agissait de cette façon avec tout le monde à l'exception de Momon donc Hekkeran ne se sentait pas (trop) offensé.
Toutefois, en retour de ses propres questions, Partatra avait interrogé les compétences de l'homme et avait proposé un duel d'entraînement pour les vérifier ce que le Guerrier avait accepté. Il avait cependant prévenu son adversaire de sa très grande force. Son ton avait semblé arrogant à Hekkeran et c'était la première fois qu'il lui trouvait un défaut. Néanmoins, la suite lui avait démontré qu'il n'avait pas fait montre d'une seule once d'arrogance.
Cela n'avait pas été un simple duel d'entraînement. Dès le départ, le vieux Stipendié s'était montré très sérieux, enchaînant les Arts Martiaux avec une fougue qui ne paraissait plus de son âge. Il était vif, assertif et portrait ses coups avec une fermeté assez incroyable. Pourtant, aucun d'eux ne portait. Avec une vivacité et des réflexes fulgurant malgré sa lourde armure, Momon avait esquivé chacune des attaques.
Parpatra avait donc décidé d'en rester là et d'accepter sa défaite. Il ne semblait pas heurté par cette défaite. En fait, il avait l'air assez fier de lui. Il avait eu la chance de combattre contre un être d'une puissance supérieure.
Un Rang Adamantite.
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Notes de Jidoja, membre des 100 de Nazarick
« 15/6/V
CROCNC - 11
Nous avons procédé aujourd'hui au survol de la cité à l'aide du drone. L'intégralité des fichiers vidéos vous a été envoyée. Nous avons toutefois pris le parti de vous joindre un montage qui donnera une impression complète de la situation.
CRT
PS : Je vous remercie pour l'envoi du Professeur Jones. Elle est partie hier de notre Centre des Opérations Principal (COP) afin de commencer son travail d'exploration. Nous recevons des nouvelles régulièrement, mais aucune donnée n'a pour le moment été transmise. »
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L'homme était âgé. Très âgé. Son visage plissé de profondes rides était mangé par une longue barbe blanche et sa chevelure, de la même couleur de neige, flottait dans son dos. Ses paupières étaient si gonflées et ses sourcils si touffus qu'on aurait été bien en peine de pouvoir dire la teinte de ses yeux. Une robe luxueuse d'un blanc éblouissant décoré de filigranes d'or recouvrait son corps, ne laissant apercevoir que deux mains griffues, noueuses comme des sarments de vigne et parées de bagues à chacun des doigts.
En face de lui, des hommes plus jeunes en bure clair étaient assis sur une banquette bien moins confortable que la sienne. À leur attitude, on voyait qu'ils éprouvaient un certain respect pour le vieillard. Leur soumission apparente était également la preuve de sa haute position.
Le carrosse dans lequel ils se trouvaient roulait à vive allure dans les rues d'Arwintar, la capitale de l'Empire. D'un blanc virginal décoré d'or, il était marqué d'un blason formé de 3 baguettes entrecroisées. Cela ainsi que le groupe de 6 Aventuriers dédiés à sa seule protection était suffisant pour indiquer à quiconque qui était l'auguste vieillard.
Fludfer Paradyne, le Triple Mage. Le jeteur de Sorts le plus puissant, mais également le plus ancien de l'Empire tout entier… et pour certains, du monde. Adepte de Magies Arcaniques, Divines et Spirituelles (d'où son surnom), son talent était tel qu'il lui permettait d'utiliser des Sorts jusqu'au Rang 6, considéré comme le plus haut niveau atteignable par un Humain. Son escorte, tous des Guerriers à la force équivalente à celle d'Aventurier de Rang Orichalque au minimum et ses deux disciples, tous les deux de Rang 4, semblaient bien dérisoires face au pouvoir de cet homme qui était parvenu à prolonger sa propre existence de plusieurs siècles.
C'était cet âge vénérable ainsi que cette puissance terrifiante qui en avait fait depuis des générations le conseiller des Empereurs. Jircniv Rune Farlord El-Nix ne faisait pas exception. C'était notamment à lui qu'il avait demandé de mener une enquête sur un "incident" assez récent survenu dans le Royaume de Re-Estize quelque temps auparavant. Fluder Paradyne, malgré ses nombreuses connaissances acquises au fil des décennies, n'avait jamais entendu parler du Démon Jaldabaoth. Mais il était certain qu'il était puissant.
Il s'agissait d'ailleurs d'un fait qui pouvait faire obstacle aux investigations du vieil homme malgré les ordres de son Souverain. Faire des recherches par Magie sur un être aussi puissant serait dangereux. Il lui faudrait procéder avec prudence, d'abord en consultant des documents anciens pour voir s'il n'y aurait pas trace de cet être dans l'histoire, et puis en invoquant des Démons mineurs afin qu'ils mènent l'enquête dans les Dimensions Infernales. Bien entendu, tout cela prendrait du temps, mais Fluder avait toujours obéi aux ordres de ses Maîtres. C'était sa fierté et il refusait de compromettre cela.
Finalement, le carrosse se dirigea vers une haute muraille à l'intérieur même de la ville et passa par la porte gardée par toute une escouade de Chevalier et pas moins de 4 Golems de plus de 2 m de haut. D'autres se trouvaient sur le chemin de ronde au-dessus et d'autres encore au sommet de tours de guets disposés à intervalle régulier le long du mur. Tous regardaient à vers l'extérieur, à l'affut de la moindre menace pour le lieu qu'ils protégeaient. Dans le ciel, la garde Impériale Aérienne veillait également, les Guerriers sur leurs montures mystiques pourvues d'ailes et les Mages, se déplaçant dans les airs grâce à leurs Sorts.
À l'intérieur de cette muraille si bien défendue se trouvait un important complexe de bâtiments imposants reliés par des coursives les uns avec les autres et qui semblaient bourdonner d'activité. Des chevaliers en armures opéraient des rondes et surveillaient les alentours alors que des novices en bure rugueuses couraient d'une construction à l'autre chargé de documents et de papiers, mais non sans s'arrêter quelques instants pour s'incliner devant leurs supérieurs quand ils les croisaient.
Le Ministère Impérial de la Magie.
C'était en quelque sorte l'autre cœur du pays. Une grande majorité du budget national revenait à ce Ministère en particulier, car ses attributions étaient nombreuses : fabrication des équipements pour l'armée, développement de nouveaux Sorts, amélioration de la qualité de vie, etc.
Le carrosse de Fluder Paradyne passa la porte sans même être arrêté pour inspection et se dirigea automatiquement vers l'un des plus vastes bâtiments du complexe, bien au milieu de l'enceinte. À nouveau, personne ne tenta de les retenir. Qui oserait empêcher le Triple Mage de circuler ici comme s'il était chez lui ? Certes, Fluder Paradyne n'était pas le Ministre de la Magie, mais tout le monde le considérait comme le propriétaire légitime des lieux.
Arrivé en bas d'un large escalier, le carrosse s'arrêta pour permettre à vieillard de descendre. Saluant certains de ses collègues d'un geste de bras, il grimpa rapidement les marches jusqu'à pénétrer dans le bâtiment. Aussitôt, une trentaine de Mages, travaillant sous les ordres de Fluder, s'attroupèrent auprès de lui.
« Du nouveau ? » demanda celui-ci.
« Rien du tout, Maître » répondit péniblement l'un des hommes qui semblaient parfaitement savoir de quoi il était question.
Et c'était normal puisque Fluder Paradyne posait cette question chaque jour et que chaque jour la réponse était la même.
« Je vois » soupira le vénérable. « Toujours aucune apparition naturelle, alors… »
Le hall du bâtiment ouvrait directement sur une cour. Le sol avait été retourné pour former des champs. Ceux qui en avaient la charge étaient occupés à remuer la terre, semer et entretenir les plantations sauf qu'il ne s'agissait pas d'Humains… mais de Squelettes. Ceux-ci s'adonnaient tranquillement à leurs travaux agricoles sans faire attention aux personnes qui s'affairaient autour d'eux et les observaient.
Il s'agissait de l'un des projets secrets de l'Empire : l'utilisation d'une main d'œuvre Morte-Vivante. Là, c'était pour les cultures, mais il était également possible de les employer pour la construction, voir même, avec de la pratique, la guerre.
C'était un plan ambitieux et novateur qui comportait énormément d'avantages. Les travailleurs Squelette étaient peu chers, ne se fatiguaient jamais et pouvaient effectuer des tâches qui seraient trop dangereuses à demander à des Humains.
Toutefois, il restait tout de même des problèmes. Le premier était l'approvisionnement. Les Squelettes, les Zombies et autres ne se trouvaient pas à tous les coins de rue. La Plaine de Katze entre l'Empire et le Royaume était un vivier de ces Créatures. Parmi les brumes qu'elle engendrait, les Morts-Vivants s'y multipliaient à foison. Capturer des Squelettes comme ceux qui étaient détenus là n'était pas bien difficile, mais ils n'étaient pas les seuls. Leur taux d'apparition était si élevé qu'on en avait vu émerger de biens plus effrayants. Comme par exemple, des Dragons d'Ossements qui sont immunisés contre la Magie.
Toutefois, les recherches menées ici afin de reproduire le phénomène de génération spontanée avaient misérablement échoué comme en attestait la réponse du disciple à la sempiternelle question de son maître.
« Nous n'avons pas pu observer la naissance de Squelette. Néanmoins, nous procédons actuellement à une expérience consistant à entreposer des cadavres près du sujet pour tenter la production de Zombies » dit-il tout de même.
« je vois, je vois… » répondit Fluder Paradyne.
Mais son manque d'enthousiasme était visible. Il doutait de la réussite de cette expérience. Tout comme les autres d'ailleurs. Mais ils avaient déjà tant essayé… Le mieux aurait été de mener ce projet sur une plus grande échelle, mais c'était impossible.
Cela faisait partie des autres obstacles auxquels celui-ci se heurtait ainsi que la raison pour laquelle il était secret : l'opinion populaire et la religion, les deux se mêlant allègrement.
Les gens étaient peu favorables aux Morts-Vivants. Ils étaient effrayants et dégoûtants à plusieurs niveaux. On croyait, en particulier les ecclésiastiques, que se trouvait à proximité de telles abominations abhorrant la vie finissait par souiller l'âme. Même l'utilisation de corps de criminel était considérée comme sacrilège. Après tout, la faute avait été expiée par l'exécution. La transformation du cadavre en Mort-Vivant allait contre toute idée de justice.
Fluder Paradyne pensait que si le pays se trouvait dans une situation plus précaire, par exemple en cas de disette, une telle idée aurait pu être plus facilement acceptée. Les convictions ne résistent pas longtemps à un ventre qui crie famine. Mais malheureusement, l'économie de l'Empire se portait plus que bien.
Toutefois, d'autres arguments, plus logiques et factuels, venaient en ligne de compte. La généralisation d'une force ouvrière gratuite et infatigable pouvait risquer de bouleverser le monde du travail. Il était à prévoir un certain nombre de licenciements (forcément abusifs) si la situation devait être laissée sans contrôle. De plus, rien n'indiquait que les Morts-Vivants continueraient toujours à obéir aux ordres. Leur surpopulation pouvait créer un déséquilibre, déstabilisant la magie utilisée pour les rendre dociles. Et on ne pouvait pas écarter l'hypothèse que face à ce nombre, des Morts-Vivants plus puissants ne fassent leur apparition.
C'était d'ailleurs à cause de ces derniers arguments que le centre existait, afin de répondre à ces questions et de produire des contre-mesures. Au-delà du projet de main-d'œuvre Squelette, si jamais l'Empire venait à finalement conquérir la Ville-Citadelle d'E-Rantel, il ne faudrait pas que les Morts-Vivants de la Plaine de Katze n'empêchent cette hégémonie.
Déçue de voir ses efforts réduits à néant, mais compréhensif et sensible à ceux de ses disciples, Fluder se contenta d'un soupir avant de traverser la cour jusqu'à une vaste porte que les Gardes en factions ouvrirent. Celle-ci débouchait sur une imposante salle voûtée emplie de lumière onirique aux reflets chatoyants. Pourtant, Fluder ne voyait rien de cela. Insensible à cette beauté qu'il avait maintes fois contemplée sans plus parvenir à en discerner le charme, il se dirigea vers une porte modeste sur un côté. Presque dissimulée derrière une tenture.
Derrière se trouvait un escalier en colimaçon qui disparaissait dans les profondeurs sous le Ministère. Des globes lumineux étaient suspendus au mur à intervalle régulier et pourtant, il semblait, à mesure de la descente, que leur éclat diminuait. De même, l'atmosphère autour des hommes devenait plus lourde, l'air plus vicié, plus que ce qu'il n'aurait dû être à cette profondeur. Il y avait quelque chose, là, en bas de ces escaliers qui exsudaient quelque chose de méphitique.
Fluder savait ce qui se cachait en dessous, bien évidemment. Ses disciples également. Leurs visages étaient crispés et leur corps entier était tendu.
« Ne baissez pas votre garde » dit finalement le vieux Mage.
Ils se trouvaient devant une porte massive au bas de la tour des marches. Celle-ci n'avait pas de serrure ou même de poignée. À la place, l'homme dut y infuser de l'énergie afin de l'ouvrir.
Les lourds battants de bois s'écartèrent en raclant le sol avec un bruit sépulcral. Fluder et ses disciples se lancèrent sur eux-mêmes les Sorts de protections les plus puissants qu'ils connaissaient. Physiques, bien sûr, magiques, également, mais aussi mentales. Il ne fallait pas que leur esprit soit corrodé par ce qui se trouvait là. Ce n'est qu'après cette préparation minutieuse que le groupe se décida enfin à passer la porte.
Derrière il ya avait une vaste salle souterraine recouverte par une coupole au sommet de laquelle brillait un cristal. Ce n'était pas une simple décoration, mais une arme destinée à détruire la chose qui était emprisonnée à l'intérieur si jamais elle venait à se libérer. Celle-ci se trouvait enchaînée à une colonne au fond d'une large fosse au centre de la pièce, pile sous le cristal. Immense, il pouvait à peine bouger à cause des fers qui le retenaient. Des derniers étaient encastrés dans le sol et renforcés par de puissants Sorts. Il ne fallait pas que ce monstre puisse s'enfuir. La sécurité de l'Empire en dépendait.
« Allons-y » dit finalement Fluder après avoir dégluti.
Même un Mage aussi notable que lui n'était pas à l'aise de se trouver là. Il se mit alors à avancer, mais la chose sembla se réveiller et commença à gigoter. Le cliquetis des maillons des chaînes qui le retenaient se mêlait aux grincements que produisaient les plaques de son armure rouillée en se frottant les unes aux autres. Puis sa mâchoire s'ouvrit et il poussa un rugissement à glacer les os. On pouvait sentir sa soif de sang et de carnage. Sans leurs protections mentales, il est clair que certains de disciples de Paradyne seraient devenus fous ou se seraient évanouis. Mais chacun tint bon à la plus grande fierté du Maître.
Cela ne les empêchait pas de fixer avec horreur la silhouette humanoïde de plus de 2 m de haut, décharnée et recouverte d'une armure noire garnie de pointes acérées du Mort-Vivant ultime. Du plus puissant des Monstres immortels qui n'ai jamais foulé cette terre. D'une Créature de cauchemar si rare que peu de personnes ne connaissaient même son nom.
Un Chevalier de la Mort.
Fluder s'avança, essayant de ne pas montrer la crainte qui lui inspirait les deux lueurs rougeoyantes qui brillaient dans les orbites vides du Zombie et qui semblaient le suivre. Derrière lui, il entendait ses disciples claquer des dents, trembler et prier.
« Soyez fort ! » leur intima-t-il alors. « Seule la mort attend les faibles ! »
Il s'avança encore malgré la peur jusqu'à ce qui soit juste devant le Chevalier. Il leva la main et la posa avec dégoût sur la chair putréfiée. Une lueur rougeâtre apparut à l'endroit du contact et Fluder concentra sa magie dans son corps avant de prononcer sa formule. Ce n'était pas un Sort officiel, plutôt une création originale basée sur celui d'Invocation de Mort-Vivant - Niveau 6. Mais au lieu de convoquer ledit Mort-Vivant, il pouvait prendre le contrôle de celui qu'il touchait.
Fluder Paradyne était excité. Parvenir à dompter cette bête était l'un de ses rêves les plus fous. Le combat qu'il avait mené contre cette Créature le laissait encore songeur. Au départ, c'était une troupe de Chevaliers Impériaux qui était tombée dessus dans la Plaine de Katze peu après la guerre annuelle contre le Royaume. Ignorant contre quoi ils allaient se battre, ils avaient tenté de l'exterminer avant de se rendre compte que tous leurs efforts étaient vains. Fluder et ses disciples avaient été appelés en renfort et avaient finalement pu, après un combat acharné, le maîtriser. Mais le vieux Mage n'avait pu se résoudre à l'achever. Il devait parvenir à mettre cette puissance sous son contrôle. C'était un besoin vital pour lui.
« Soumets-toi » murmura-t-il comme pour lui-même.
C'était plus une prière qu'un ordre. Mais c'était inutile. Déjà, il sentait la Magie se déliter alors que son Sort échouait lamentablement. Comme d'habitude depuis 5 ans.
« C'est regrettable » soupira-t-il.
Et en ce moment-là, il semblait encore plus vieux.
« Si je pouvais contrôler cette Créature alors je pourrais vraiment me considérer comme le Mage le plus puissant. Plus puissant… qu'elle. »
Rigrit Bers Caurau, la Manipulatrice des Morts. Tout comme lui, la Magie lui avait permis de dépasser de beaucoup le temps imparti aux vies humaines. Elle avait même été membre des 13 Héros.
L'un des souhaits de Fluder Paradyne était de surpasser cette femme. Toutefois, c'était moins par goût pour le pouvoir que par simple compétitivité. De plus, la force était pour lui un moyen, non une finalité. Un outil afin de lui permettre de contempler les abîmes de la Magie et d'être le premier à le faire.
Alors que ses disciples l'entouraient pour s'enquérir de sa santé, Fluder se tourna à nouveau vers le Mort-Vivant.
J'y parviendrai un jour, se jura-t-il intérieurement. J'y parviendrai. Il me l'a promis.
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Fichier vidéo nommé « Vue aérienne de la cité_15/6 /V_Montage »
« La caméra monte le long du mur d'enceinte de la cité côté Sud.
Elle émerge au-dessus de la muraille.
Vue panoramique de l'intérieur : Un cratère circulaire immense dont la majorité des sols semblent faits de terres fertiles. Au centre, une vaste tache de lumière. Probablement une étendue d'eau. Derrière se trouve une forme massive est élevée. Cela ne ressemble pas à une structure naturelle. Sans aucun doute une ville.
Progression au sol : cultures importantes découpées par des chemins de terre reliant des groupes de bâtiment ronds recouvertes de chaux et au toit de paille. En fonction de l'activité, ils sont assimilables à des fermes. Des individus répondant au signalement de l'espèce Puazi sont détectés. Présence également de lézards ou dragons humanoïdes.
Les chemins de terre relient les fermes entre elles et s'organisent autour d'agglomérations, plus vastes, disposées en carré. Les habitations sont en briques crues, plates à 1 ou 2 étages. Les terres alentour servent de pâturage à du bétail inconnu : des quadrupèdes plantigrades à 6 pattes assez grands et au pelage de diverses teintes de violets et d'orange, d'autres plus petits, avec un poil gris imposant et des volatiles terrestres de la moitié de la taille d'un individu et avec des pattes épaisses, entre autres.
Des routes pavées partent de ces agglomérations carrées et se rejoignent des plus vastes, avec des habitations plus importantes et soignées, elle-même menant à ce que l'on pourrait considérer comme des villages. Celles-ci, 8 au total, sont reliées au lac (d'une surface estimée à au moins 1000 km²), ou plutôt à la ville qui le borde. Celle-ci fait le double de la taille cumulée des autres villages et est composée de bâtiments en briques et en pierre. Un soin important est apporté à la voirie ainsi qu'à l'architecture, celui-ci allant grandissant à mesure de l'avancée vers le centre.
À cet endroit se trouve un bâtiment élevé et sombre, le même visible depuis les murailles. La matière qui le compose semble ne pas être de la pierre, toutefois, aucune analyse possible à cette distance.
Avancée vers la cible.
Alerte !
Détection d'ondes de surveillance électronique. Abandon de la mission.
Montage terminé. »
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Étrangement, le tombeau se trouvait bâti à l'intérieur d'une vaste cuvette. On aurait pu penser à un effondrement des sols, mais son pourtour était bien trop régulier et épousait bien trop l'architecture pour cela. Sans compter qu'au-delà de dégradations liées au temps, l'ensemble paraissait assez bien conservé. Donc soit il avait été construit au milieu d'un cratère déjà formé, soit le remblai avait été érigé de main d'homme pour une quelconque raison afin de créer une sorte de tumulus mortuaire à ciel ouvert.
Au centre se trouvait un vaste mausolée rectangulaire posé sur un soubassement à degrés. Un péristyle de colonnes à large fut supportait un socle de blocs massifs décoré de bas-relief coiffé d'un toit à double pente dont le fronton était également orné de figures de pierre. Le corps du bâtiment lui-même, plus étroit, était totalement aveugle à l'exception d'une porte monumentale close.
Ce tombeau principal était entouré de 3 enceintes en colonnades ouvertes côté Sud où se trouvait une voie sacrée reliant celui-ci à l'extérieur. La 3e enceinte était partiellement recouverte de terre et servait de limite à la cuvette. 4 mausolées plus petits et en forme de rotonde se dressaient aux points cardinaux Sud-Est, Sud-Ouest, Nord-Ouest et Nord-Est entre la 2de et la 3e enceinte. Le sol était parsemé d'herbe sèche et rase, bien plus famélique que celle de la plaine alentour. La terre avait sans doute été rendue toxique par les relents de mort qui régnait en ces lieux. Des dizaines de tombes anonymes, certaines brisées, étaient alignées dessus entre les différentes enceintes et des statues d'Ange et de Démons étaient disséminées par endroit, donnait à l'atmosphère quelque chose d'encore plus inquiétant.
C'était cela que voyait Hekkeran alors que lui et son équipe se tenaient pile sur le rebord du cratère. Ils étaient arrivés peu de temps auparavant et avaient juste pris quelques minutes pour se dégourdir les jambes avant de se décider à y aller.
L'exploration allait commencer.
À suivre…
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Bonjour à tous. Désolé du retard pour ce chapitre. J'ai un peu de mal à écrire en ce moment. Le cinéma où je bossais à fermer ses portes donc je suis au chômage. On pourrait croire que ça me donnerait plus de temps pour écrire… mais non. Du temps, j'en ai, mais la motivation tardait à venir. Heureusement, je m'y suis remis et j'en suis heureux. En tout cas, j'espère que ça vous plait toujours autant.
Que ce soit dans le livre ou l'anime, j'ai toujours été extrêmement amusé par Fluder Paradyne essayant de dompter le Chevalier de la Mort parce que pour lui ça a beau être le Mort-Vivant Ultime, pour Nazarick c'est… juste un Monstre de rang moyen, celui que Ainz invoque au début pour vérifier ses pouvoirs. Le décalage de force est toujours dingue.
Donc voilà, ce chapitre est terminé. Je pense que l'exploration elle-même devrait durer deux ou trois chapitres. Il faut dire que cet arc est assez croustillant. Mais je ne vous en dis pas plus. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires et je vous dis à la prochaine fois.