TROISIEME CHAPITRE – Kurenai [X]
Mars 1987
Yume arriva au studio de répétition, comme toujours avec de l'avance. Et comme toujours, quand elle arriva, elle trouva Yoshiki, déjà présent. Le jeune blond était en train de ranger des documents dans un énorme classeur, dans la pièce annexe, tentant visiblement de faire du tri là-dedans. La jeune femme, déposa sa guitare à sa place habituelle, retira son manteau, qu'elle laissa trainer dans un coin et s'approcha lentement de son leader qui ne l'avait visiblement pas entendu arriver, étant donné qu'il n'avait même pas relevé la tête. Yoshiki avait la capacité de se plonger dans son monde, de se mettre dans une bulle ou plus rien autour n'existait.
« Salut, lâcha-t-elle quand elle fut assez près de lui. »
Yoshiki sursauta brutalement et manqua d'échapper les feuilles qu'il tenait dans la main.
« Oh bon sang, Yume-chan, tu m'as fait peur. Je me croyais seul.
- Je vois ça. Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle, en s'approchant, s'appuyant contre la table, en jetant un distrait coup d'œil aux documents.
- Je tri des partitions. Je regarde les morceaux qui peuvent être intéressant à jouer pour un prochain concert.
- Un concert ?
- Des concerts en fait. Il y a un festivale en plus le mois prochain, sur Tôkyô et ce serait pas mal qu'on en soit. Il faut que le groupe recommence à jouer, sinon on est fini. »
Yume écarquilla les yeux en se redressant lentement. Un peu tendue d'entendre une chose pareille. Elle n'était pas tout à fait sûre d'être prête pour un quelconque concert, ou représentation en public. Elle avait l'impression d'être en plein apprentissage de la plupart des morceaux et n'avait de toute façon aucune expérience de la scène. En tout cas, aucune expérience du type de scène dont il était question ici. Elle n'aurait pas pensé qu'aussi vite, Yoshiki la jetterai dans la gueule du loup. Elle pensait avoir plusieurs mois avant de devoir s'adonner à ce genre d'exercice. Presque instantanément, elle se sentie stressée. Paniquée à l'idée de devoir monter sur une scène devant de sombres inconnus.
« En fait, Yume-chan, pour être tout à fait honnête avec toi, je prévoyais de recommencer à sérieusement enchaîner les concert et festival assez vite, reprit le leader finalement avec assurance. Ça fait plusieurs mois qu'on a pas joué, et dans ce milieu tu es très vite oublié si tu ne te produit pas régulièrement. Et on a besoin de renflouer les caisses, accessoirement, alors…
- Mais, je ne suis pas prête. »
Yoshiki cessa son tri et sa recherche approfondit pour se redresser un peu et poser ses yeux sur elle, pour voir si elle parlait sérieusement ou si elle disait cela seulement pour l'embêter. Yume ne parlait pas énormément, et restait le plus souvent dans son coin à observer. Mais de temps en temps, on la voyait y aller de sa petite réplique cinglante et bien placée, toujours avec une pointe d'humour. Alors forcément, il se demandait si aujourd'hui, il devait le prendre sur le même ton.
Cependant, cette fois, il put constater qu'elle était sérieuse. Son regard inquiet, la tension dans ses bras, la façon qu'elle avait de s'accrocher à la table tout à coup, était criante de vérité. Yume pensait sérieusement ne pas être prête pour cela. Mais le batteur n'était absolument pas d'accord avec cette idée. Certes, elle était encore en train de se mettre au point, ayant un sérieux retard à rattraper par rapports aux autres membres qui avaient plusieurs mois, voir années d'avances, pour autant, l'apprentissage se passait bien.
« Bien sûr que tu l'es. Tu crois vraiment que j'aurais l'idée de me lancer dans un concert ou un festival si je ne pensais pas qu'on est prêt ?
- Tu es un peu précipité, si tu veux mon avis, parce que tu as peur que le groupe tombe dans les oubliettes. Comme tu l'as dit, si un groupe ne joue pas souvent, dans le milieu indépendant, on est vite oublié.
- C'est vrai. Mais je ne prendrais certainement pas le risque de nous produire sur scène, si on était pas prêt et au point. Je préfère encore prendre le risque d'être oublié que d'exploser en plein vol. »
Yume inspira profondément. Ça, elle avait un peu de mal à le croire. Yoshiki était du genre à foncer tête baissée dans les murs et pourvu que ça passe.
Elle se retourna pour attraper une des partitions que Yoshiki avait mise de côté -presque jetée sur un coin de la table à dire vraie-, pour la lire d'un air distrait, avant de reprendre.
« Ça, j'en suis pas sûre. Je pense que tu préfère exploser en plein vol de façon tonitruante, plutôt que de tomber dans l'oubli ennuyeux. »
Il la regarda lire cette partition qu'il voulait jeter aux oubliettes, en fronçant les sourcils. Yume l'avait bien cerné sur ce point. Il aurait préféré mourir plutôt que d'accepter de tomber dans l'ennuie et les oubliettes. Mais pour Yoshiki, se planter sur scène n'était pas envisageable, acceptable, ni tolérable. Et il ne se serait jamais mis en tête de faire un concert s'il ne jugeait pas que c'était possible. Pour lui, Yume ne pouvait pas se planter, c'était impossible.
« Tu es au point sur les morceaux que je t'ai donné, et il ne t'a fallu que quelques jours à peine. Si on fait un concert le mois prochain, je suis certain que tu seras parfaite.
- Yoshi-kun, tu n'écoute pas… soupira-t-elle, toujours concentrée sur la partition.
- Bien sûr que j'écoute : tu crois que c'est trop tôt, mais je dis que ce n'est pas le cas. »
Là, ce fut elle qui n'écouta plus, trop absorbait qu'elle était par la chanson qu'elle avait sous les yeux, chantonnant l'air, en tapant du pied pour garder la bonne rythmique, secouant légèrement la tête de droite à gauche. Les paroles étaient en anglais, aussi ne comprenait-elle pas tout ce qui était écrit, cependant l'air, la mélodie…
« Kurenai, pourquoi ça ne me dit rien ? Demanda-t-elle, changeant complètement de sujet.
- Parce qu'on ne la joue plus depuis un bout de temps. J'aime pas cette chanson, elle part aux oubliettes, avec toutes les autres bouses que j'ai un jour pu écrire, répliqua Yoshiki en attrapant vivement les quelques feuilles que Yume avait dans les mains pour les jeter sur la table avec agacement.
- Hé attends ! Moi j'aime bien ! Répliqua la jeune femme, en se saisissant à nouveau des feuilles maltraitées.
- Tu déconnes ? Je pensais que t'avais meilleur gout que ça, Yume-chan !
- Non, mais attends, il est pas parfait, certes, il y a du boulot, mais il y a un truc à faire ! »
Encore une fois, il la fixa surpris, alors qu'elle se plongeait dans cette partition qu'il détestait et dont il n'avait jamais réussi à être pleinement satisfait. La mélodie était plaisante, certes, pour autant l'arrangement de cette chanson lui donnait envie de s'arracher ses longs cheveux blonds ondulés, au point qu'il en était venu à détester cette musique.
« Il y a rien à tirer de ça, marmonna le leader, entre ses dents.
- Je t'assures que si. »
Et Yoshiki le vit. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à cela. Les engrenages du cerveau de Yume qui s'activaient à plein régime. Appliquant déjà tout un tas de modification dans sa tête, comme si c'était une évidence. Et puis, elle en arriva au solo de guitare, et encore une fois son sang se glaça et elle grimaça. Isao était définitivement très doué techniquement, mais n'avait aucune musicalité pour les solos.
« Pour en revenir à notre sujet, reprit Yoshiki, après un temps à observer la jeune femme. J'insiste sur le fait que t'es prête. De toute façon, il va bien falloir que t'accepte de te jeter à l'eau et le plus tôt sera le mieux. Et on a besoin de te présenter à notre public.
- Tu oublies que je n'ai aucune expérience de la scène. Ça demande de la préparation psychologique tout ça.
- Bien sûr que t'as une expérience de la scène, marmonna Yoshiki, absorbé par ses documents. »
Elle l'assassinat du regard. Nul doute que si ses yeux avaient été munis de poignard, le leader serait déjà mort à l'heure qu'il était. Elle savait très bien à quoi il faisait référence et ça ne lui plut pas. Agacée, elle jeta les partitions de Kurenai sur la table pour montrer sa désapprobation et s'éloigna pour retourner près de son instrument, afin d'être bien certaine de ne pas lui sauter à la gorge, faisant claquer sa langue contre son palais. Yoshiki comprit alors qu'il avait dit une connerie, au vu de la réaction qu'elle avait. Touchée, cette fille avait donc un point sensible finalement, contrairement à ce qu'elle avait semblé laisser paraître jusqu'à présent. Alors qu'elle paraissait toujours être loin de tout, détachée. Il ne l'aurait pas cru. Il laissa là son classeur et se tourna vers elle.
« Yume-chan…
- Ta gueule ! Répliqua-t-elle en ramassant sa veste qu'elle avait laissé trainer dans un coin.
- Yume-chan, attends, s'il te plaît, soupira le jeune homme.
- Non, j'ai plus envie d'écouter ce que t'as à dire. J'ai très bien compris ce que tu penses de moi !
- C'est pas…
- Salut vous deux ! »
Toshi venait de se pointer, lui et son éternel bonne humeur, véritable sourire enchanteur qu'avait là ce garçon. Toshi ne sut jamais que ce jour-là, il sauva probablement le groupe d'un départ tonitruant de la part de Yume, qui était à deux doigts de ranger ses affaires et de s'en aller sans plus de cérémonie. Il n'aurait fallu à Yoshiki qu'à prononcer un mot de trop, et il n'en aurait pas fallu plus. Ce qui réussis à la retenir finalement, ce fut la bienveillance que Toshi dégagea à son arrivé.
La jeune femme se décida alors à sortir son instrument et à la brancher sur son ampli habituel. S'asseyant par terre en tailleur et prenant le temps de s'accorder. Toshi lui se dirigea vers son meilleur ami, bien conscient de la tension qui régnait dans le studio. C'était toujours ainsi. Dès que le batteur faisait preuve d'agitation, Toshi volait jusqu'à lui à la vitesse de la lumière. Prêt à discuter de ce qui n'allait pas et à le calmer comme personne ne savait le faire. Au fond de la pièce, près de la table, Yume vit les deux jeunes hommes discuter. Chuchoter, serait en fait plus exact. Le chanteur prenant tranquillement la température, pour essayer de calmer la situation. Elle les observait à bonne distance, se demandant toujours ce qui pouvait bien se dire lors de ces échanges discrets, qui réussissaient toujours à ramener le batteur sur le droit chemin. L'effet que le chanteur avait sur lui, avec ces conversations, tenait parfois du miracle.
Yume avait appris par son frère et par sa courte expérience dans le groupe, que Yoshiki avait un caractère plus que difficile. Capable de coup de sang aussi soudain que violent. Comme s'il n'était pas capable de contrôler ses dires et ses gestes. Et elle détestait ça. Pour l'heure, elle se contentait de laisser passer. La colère de Yoshiki ne s'étant encore jamais abattue sur elle. Elle se contentait simplement d'examiner silencieusement dans son coin avec prudence. Mais aujourd'hui, Yoshiki était allé trop loin, en évoquant ses montés sur scène nocturne à demi-nue. C'était peut-être vrai, pour autant, ça n'en était pas moins blessant.
Taiji et Isao finirent par se présenter à leur tour, alors qu'elle continuait à s'adonner à quelques gammes pour s'échauffer les doigts. Comme à son habitude, Taiji vint brancher sa basse à côté d'elle. En voyant que Toshi et Yoshiki étaient toujours en pleine conversation en sourdine qui ne leur valu même pas un bonjour, le bassiste se disait que si quelqu'un était au courant de quoi que ce soit, ça ne pouvait être que la petite blonde, qui arrivait toujours assez tôt, et qui avait bien dû assister à quelque chose. Alors, sa basse posée sur ses cuisses, positions accroupis tel un yakuza, et s'allumant une cigarette dans la foulée, il lui murmura :
« Qu'est-ce qu'il se passe encore ?
- Sa Majesté est une petite conne, répliqua-t-elle en jetant un regard en direction de leur leader, la voix sèche.
- Oh wow, serait-ce ton premier pétage de plomb qui se profile ? Va falloir fêter ça ! »
Yume se demandait toujours quoi penser de Taiji. Pour être tout à fait honnête, c'était un peu de sa faute. Elle conservait d'elle-même une certaine distance avec les membres du groupe. Hide lui avait dit que ce serait pour elle une occasion de faire des rencontres et de discuter avec des adultes, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne parvenait pas à se fondre dans une masse aussi facilement que son frère. Hide avait cette capacité impressionnante d'être apprécié de tous, à coup de quelques sourires, de grimace et de réplique bien placées. Mais elle n'était pas capable de se montrer aussi extravertie. Elle était aussi grande gueule que son frère, cependant, beaucoup moins à son aise en société.
« De quoi tu parles ?
- Ton premier coup de gueule, j'attends de voir ça avec impatience !
- Pourquoi ça t'intéresse à ce point ?
- Je trouve qu'on connait mieux les gens après les avoir vu s'énerver une fois. On sait toujours mieux à quoi s'en tenir. Et tu m'as l'air d'être capable d'une colère explosive, toi.
- Ça, t'en sais rien, répondit-elle en grimaçant.
- En tout cas, j'ai parié que tu ne mettrais pas deux mois avant ta première crise de nerf ! Tu as beau jouer les gentilles filles calmes, tu as le sang chaud. »
Elle pouffa d'agacement. Elle avait beau ne pas savoir quoi penser du jeune bassiste, il était évident qu'il n'avait pas sa langue dans sa poche celui-là. Elle l'avait bien vu. Le plus souvent, la colère de Yoshiki se reportait sur Taiji, et le bassiste ne se privait jamais pour lui répondre en lui disant ses quatre vérités.
« Fais-moi signe quand tu auras prévu d'égorger Yoshi-kun, je tiens à être au première loge. Et après, je t'offrirais un verre. »
Alors celle-là, elle était pas mal tiens. Une telle assurance aurait pu être déconcertante, mais pour Yume cette assurance et cette force de caractère dont faisait preuve Taiji avait quelque chose de rassurant. Peut-être était-ce parce que ça avait le don de lui rappeler son frère.
Taiji se redressa en tirant sur sa cigarette. Finalement, Yoshiki et Toshi vinrent à eux, après une discussion qui avait paru durer une éternité à la jeune femme. Voyant que le batteur alla s'installer derrière sa batterie et que Toshi se saisit de son micro. Elle se releva difficilement.
« Bon vous êtes prêt ? On commence par I'll Kill You, aujourd'hui. »
La chanson se termina dans une dernière vocalise, un dernier accord, une dernière note, un dernier bruissement de cymbale. Yume jeta presque immédiatement un œil sur sa montre, avant de débrancher presque aussitôt sa guitare de l'ampli.
« Bon, pardon, mais je dois y aller, décida-t-elle, se rendant compte qu'encore une fois, elle allait être en retard.
- Mais qu'est-ce que tu fais comme boulot pour bosser à des heures pareilles ? Marmonna Isao, étonné de toujours la voir partir précipitamment. »
La guitariste s'abstint de répondre à cette question, et se hâta de ranger son médiator et de retirer la sangle de sa guitare pour la ranger presque aussitôt dans sa housse.
« On avait fini de toute façon, répliqua Yoshiki qui attrapa une serviette pour s'essuyer le front trempé de sueur d'avoir joué de la batterie. »
Les quatre autres membres commencèrent alors à ranger se débranchant à leur tour et à ranger tranquillement leurs affaires, alors que la jeune femme en était déjà à finir de mettre sa veste. Elle jeta sa housse de guitare sur son épaule et vérifia une dernière fois qu'elle n'oubliait rien d'important en tâtant ses poches.
« Bon, je file, à mardi tout le monde, déclara-t-elle avec un vague signe de main à la petite assemblée, alors qu'elle passa aussitôt la porte d'un pas précipité. »
Dans le studio, Toshi se tourna vers son meilleur ami de batteur pour lui jeter un regard lassé. Yoshiki leva les yeux au ciel, avant de sortir de derrière sa batterie. Il retourna à son classeur près de la table pour récupérer quelques feuilles et tout en enfilant sa veste qu'il attrapa au vol, il se dépêcha de rejoindre l'extérieur. La jeune femme avait déjà fait plusieurs dizaines de mètre quand il sorti. Alors il s'élança à sa poursuite, précipitamment.
« Yume-chan, attends, s'il te plaît. »
L'entendant l'appeler, et pensant qu'elle avait finalement peut-être oublié quelque chose, elle se retourna pour l'observer s'approcher d'elle en trottinant.
« Pour tout à l'heure… Je suis désolé. J'ai bien senti que je t'avais vexé. Et c'était pas le but. Je voulais juste exposer que… Bref, je m'y suis mal prit, comme toujours.
- Yoshi-kun, j'ai pas le temps pour tes conneries. Je suis déjà en retard.
- Attends. Ce que je pense de toi, c'est à des années lumières de ce que tu imagines. »
Yoshiki hésitant, c'était une grande première pour Yume. Il se tripotait les cheveux, donnait des coups de pied dans des petits cailloux imaginaires, et paraissait ne pas savoir où se mettre. Et comme ce qu'il disait ne lui valut aucune réponse de la part de la jeune femme qui le toisait de haut en bas, surprise, il reprit :
« J'ai merdé. Je suis désolé. Je voulais juste mettre en avant que… que t'avais déjà eu le courage de monter sur une scène, peu importe laquelle… Je ne voulais pas sous-entendre quoi que ce soit… »
Elle resta obstinément silencieuse.
« Ecoute… Je voulais te dire… Kurenai, dit-il en tendant les papiers qu'il avait dans la main, à la jeune femme. Si tu arrives à en faire quelque chose, on pourrait peut-être… la rejouer. Je sais que tu en es capable. »
Encore une fois, il croyait en elle. Yoshiki ne laissait que peu de personne toucher à ses chansons, alors le voir lui tendre cette partition et lui dire qu'il la laissait faire, qu'elle était capable de le faire… Ça n'eut pas de prix pour elle. Si bien qu'elle en manqua une respiration ou deux. Légèrement tremblante, et pas de froid, elle tendit la main. Mais avant de se saisir des partitions, elle se ravisa un instant :
« J'ai carte blanche ?
- Tu as carte blanche. Fais ce que tu veux, assura-t-il. »
Elle attrapa le papier lentement, et posa une dernière fois ses yeux noirs sur le batteur, avant de se détourner, s'éloignant, disparaissant à la faveur de l'obscurité de ces rues mal éclairées.
