Note de l'auteur : Hop ! Mon chapitre du printemps (dit-elle juste avant le solstice d'été…) J'espère que vous allez tous bien et que vous vivez votre meilleure vie (malgré tout ce qui pourrait nous empêcher de le faire). Encore une fois merci de me lire et pour vos adorables commentaires et votre soutien ! J'espère que ce chapitre vous fera passer un bon moment (surtout ceux qui attendaient peut être du Charlie/Harry… ;) ) !
AVERTISSEMENT : Ca commence à devenir violent ici ! Combats, hémoglobine et morts sont au programme des 3 chapitres à venir. Vous voilà prévenus !
NOTE MUSICALE : Oui, j'ai intégré une chanson à ce chapitre, je n'ai pas pu m'en empêcher. J'écris beaucoup sous fond sonore, et des fois, trouver LE fond sonore peut suffire à me faire avancer comme une folle sur une histoire.
Suil a ruin ( la version de Araëlle que j'aime beaucoup car elle est entrainante plutôt que lente comme c'est souvent le cas – et en plus il s'agit de 2 adorables françaises de mon côté de la France alors je fais la pub ! Même si je ne sais pas si vous arriverez à l'écouter sur internet ^^' ) me semblait juste parfaite pour ce départ au combat.
-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE (LONGWING)-
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -
Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: -Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade) –Second de la 4eme Escadrile-
-River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze) -4eme escadrille-
-Cyan (dragon bronze) -4eme escadrille
-James O'Connel (dragon bronze Regileth) – Capitaine de la 1ere escadrille-
-Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
-Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)- 1ere Escadrille-
-Damian (dragon brun Emlith) – 4eme Escadrille-
-Reyn Li (dragon brun Gendrath) -4eme Escadrille-
-Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
-Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -
Candidats : Dennis Crivey
-CHATEAU DE NURMENGARD-
Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-
-ORDRE DU PHENIX-
Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley
-CHATEAU DE POUDLARD-
George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley
-GARDE DES VERTS GALLOIS-
Capitaine: Austen (autrefois chevalier du dragon bleu Victorius décédé, tué par la Reine Talath)
Sous Capitaine : John Sewell (dragon bleu Romanus)
Sergent : Elizabeth Austen (dragon vert Athena)
-AUTRES RESERVES-
Chef de la Réserve du Canyon Perdu –Roumanie (Cornelongue) : Cezar
Chef de la Réserve de la Matra - Hongrie (Magyar à pointes) : Aron (décédé)
Chapitre 47 : Siúil a Rúin
(Va Mon Amour)
Le ciel avait était clair toute la journée et maintenant que le soleil se couchait, il se teignait d'une teinte corail et écarlate, inspirant à Harry une pensée sur un présage d'avant-guerre. Il rejeta cependant l'image pour se concentrer sur la foule de chevaliers et d'invités présents devant lui.
Il repensa au temps passé, au temps qui file pourtant trop vite. Il pensait avoir le temps, et pourtant le solstice n'était que dans trois jours.
Le temps pour ses amis de Poudlard de réviser leurs examens, le temps pour Rebecca de terminer d'aiguiser le tranchant de l'arme qu'Harry s'apprêtait à offrir à sa sœur d'Eclosion, le temps pour Rogue et Sirius de rester étrangement silencieux, le temps pour Voldemort d'affiner ses plans.
Mais ce soir, il ne devrait penser qu'à Valentine après tous les préparatifs qu'il avait fait pour elle.
Il y avait moins de monde que lors de la cérémonie d'investiture de Edmund, Ronan et Damian, mais Harry aimait à penser que la qualité des invités était bien meilleure sans le Ministre Fudge et Ombrage. Il n'y avait pratiquement aucun représentant sorcier en dehors du Ministre de la magie roumain qui avait sombre mine (mais Harry pensait qu'il était au moins à un quart vampire donc cela pourrait être naturel) et, ils n'avaient pu déroger à la tradition, les Lassauge, que Damian était allé chercher en France ce matin.
Le père de Valentine avait le visage fermé et sa femme se comportait comme si elle était dérangée par une affection gastrique. Seule leur fille, Ophélie, dont Harry avait pourtant gardé un horrible souvenir, avait l'air de comprendre l'importance du moment.
Peut-être qu'avoir gagné un an ne lui avait pas fait de mal, pensa t'il face à la jeune sorcière, avant de légèrement rouler des yeux en remarquant les petits coups d'œil qu'elle jetait régulièrement à Damian qui se tenait fièrement en tenue officielle près de la famille.
Bon peut être qu'elle n'avait pas AUTANT muri que ça…
De toute façon, ce n'était pas eux qui importaient, mais les habitants de la Réserve de la Montagne Blanche et pour lesquels Harry, Valentine, Damian, Edmund et même cet idiot de Ronan allaient se battre.
Certains se détachaient désormais bien de la foule anonyme d'hommes et de femmes qu'il avait autrefois regardé avec admiration en tant que Candidat. Charlie, courtes mèches rousses comme le feu et yeux des profondeurs insondables de l'océan. River, son élégant visage métissé et son jeune lézard de feu bronze. Mortimer, douceur dans un habillage de courage. Reyn, moue renfrognée bien en place. O'Connell colosse plein de bonne volonté. Dennis, jeune adolescent fait détermination et espoir…
Comme la dernière fois tous les dragons étaient présents, observant depuis les hauteurs, laissant à Dinth, revêtue pour la première fois de son armure complète être mise en avant.
La dragonne était très fière en cet instant et bombait du torse alors que chacun y allait de son commentaire appréciateur sur sa forme ou sa couleur. Au fil des ans, la dragonette avait obtenu un cuir qui s'était éclairci sur un vert citron avec les extrémités plus claires, un peu comme les balzanes d'un cheval.
Harry ne put s'empêcher de faire la comparaison en portant son regard sur Talath, d'un doré lumineux avec ici et là des marques plus foncées qui formaient des arabesques artistiques qu'il aimait comparer aux décorations des vifs d'or.
/Je suis bien plus belle que cette naine./ Approuva Talath avant de continuer avec une sorte de gentillesse taquine : / Mais laissons-lui son heure de gloire./
Et comme s'il l'avait entendu, Desclare se porta en avant de l'estrade installée à l'extérieur :
-Aujourd'hui est un jour important !
Harry pouvait silencieusement dire les mots à sa place, les sentant ancré en lui depuis la précédente investiture.
-Aujourd'hui une de nos sœurs rejoint notre assemblée !
Puis comme la dernière fois, il sentit le sol trembler et les pulsations raisonner jusque dans son cœur alors que les dragons frappaient la cadence de leurs pattes et murmuraient leurs chants.
-Elle a amené sa dragonne jusqu'à l'âge adulte ! Continua avec éloquence Desclare. Les dragons l'ont jugés digne, ainsi que nous, ses pairs, de recevoir le titre de chevalier. Maitresse des Aspirants ! Fais avancer ton élue !
Harry observa Amber Stevens conduire Valentine avec un sentiment bien plus apaisé et heureux qu'il ne l'avait été pour leurs frères d'Eclosion. Un an s'était à peine écoulé entre les deux évènements, pourtant tellement de choses s'étaient passées et il avait changé d'une façon qu'il ne l'aurait jamais cru possible alors.
Il avait appris à la dure son rôle et l'avait accepté comme sien. Il ne serait jamais à la place de ses frères et de sa sœur d'Eclosion, mais il en serait à une où il pourrait faire des choses que personne d'autre ne pouvait faire.
Il n'y avait plus de ressentiment et de jalousie en lui.
Il pensa alors distraitement que dans à peine plus d'un mois, il aura 16 ans.
-Je vous présente Valentine Lassauge, maitresse de la verte Dinth, annonça la Maitresse des Aspirants avec un sourire ravi.
La jeune femme blonde vint aussitôt se placer devant Harry et mit un pied à terre en lui présentant sa nuque.
Elle était belle, et forte, et radieuse, et incroyable, tout ce qu'elle avait toujours été aux yeux d'Harry depuis qu'il l'avait rencontrée mais tellement plus maintenant. Son uniforme d'apparat lui seyait parfaitement et loin de lui faire perdre sa féminité, semblait la mettre en valeur par contraste. Sa longue chevelure blonde tombait librement sur ses épaules à l'exception de parties tressées, retenues avec des perles d'or et des attaches en argent, pour laquelle il avait lui-même été mis à contribution.
Il s'arracha avec peine de sa vision alors que Rebecca montait à son tour sur l'Estrade dans sa robe blanche officielle, les mains pleines d'une arme qui auraient de quoi faire pâlir les plus courageux.
C'était une hache à long manche. Le manche était décoré d'un lierre doré qui venait s'agripper à la lame d'où semblait émaner une lumière phosphorescente.
Elle la présenta à la foule.
-La Droiture. Un cœur fidèle qui ne pardonne pas et fait sa force. Voici le Fendoir Flavescent.
Dans un geste élégant Rebecca s'agenouilla à son tour devant Harry pour lui tendre l'arme et il s'en empara avec révérence. Elle était plus lourde qu'il ne s'y attendait et il faudrait de bons muscles pour la brandir.
Avec précaution, il inclina la lame contre le creux de l'épaule découverte de Valentine et fit pleurer une larme de sang.
-Lève les yeux Chevalier Valentine et prend ton arme.
Leurs yeux se croisèrent alors et il y avait une petite étincelle de malice réservée à Harry qui avait essayé de lui arracher le secret de son type d'arme durant tout le mois passé. Elle reprit vite cependant son sérieux en prenant pour la première fois entre ses mains sa hache :
-Je jure de servir la Réserve jusqu'à mon dernier souffle ou celui de mon dragon. Je jure d'obéir à mon Chef, je jure d'honorer et de respecter mon Seigneur ou ma Dame.
Elle recula en arrière puis fit un salut que tous autour d'elle imitèrent dans un moment de communion accompagné par la rythmique des dragons.
I wish I were on yonder hill
J'aurais aimé être en haut de ces collines
'Tis there I'd sit and cry my fill
C'est là que je m'asseyerais et pleurerais tout mon saoul
Till every tear would turn a mill
Jusqu'à ce que chaque larme puisse faire tourner un moulin
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
Elisabeth sentit les pulsations dans la roche et le chant martial des dragons depuis la chambre où elle était enfermée et chercha le lien avec son propre dragon, parqué dans une grotte.
*Athéna, que se passe t'il ?*
/C'est une cérémonie./ Répondit Athéna. / Une sorte de passage à l'âge adulte. Je ne suis pas certaine, nous ne faisons pas cela. /
*Harry ?* Ne put-elle s'empêcher de demander, se détestant de le faire.
/Non. Ce n'est pas pour la Reine Talath. Ce serait différent… CE serait… Non. Une verte./
Elisabeth se meurtrit douloureusement les doigts en enfonçant ses ongles dans la roche d'une des parois, ayant compris pendant un instant ce que signifierait le passage à l'âge adulte pour la reine dorée des Longwings, et surtout pour Harry. Quelque chose qui n'était pas différent de ce que son propre père l'avait préparé pour le jour où Athéna n'aurait pas d'autre choix que de se reproduire.
-… Dégoutant… Cracha-t-elle dans un murmure.
Elle était toujours en colère pour ce qu'il s'était produit, mais durant ces longues journées à tourner en rond, à rager, à pleurer le pauvre dragon de son père et à ressasser tout ce qu'il s'était passé, elle en était arrivé à la conclusion que l'autre jeune anglais, celui qui signifiait tellement pour son peuple, n'avait pu qu'être manipulé et trompé par les autres habitants des Réserves.
13 ans, c'était un âge terriblement influençable et il était connu que les reines dragons étaient particulièrement fourbes et possessives. Talath ferait tout ce qui serait dans ses capacités pour garder Harry à la Réserve et en faire le maitre qu'elle voulait.
Ce soit disant massacre de la Matra, c'était peut-être aussi autre chose inventé et déguisé contre eux. Et si c'était le cas, ils devraient aller investiguer. Mais avant tout, ils devaient s'échapper, sauver Harry de lui-même et alerter les gouvernements sur la trahison de la Montagne Blanche.
*Je compte sur toi ma chérie pour nous prévenir quand ils auront baissé leurs gardes.*
/Oui, Elisabeth. Vous savez que vous pourrez toujours compter sur moi./
Le moment serait bientôt venu.
I'll sell my rock, I'll sell my reel
Je vendrai mon rocher, je vendrai ma bobine
I'll sell my only spinning wheel
Je vendrai mon unique rouet
And buy my love a sword of steel
Et j'achèterai une épée d'acier à mon amour
La célébration se porta au Hall des Repas tandis que les derniers rayons du soleil mourraient derrière les crêtes du volcan. Valentine était au centre de toutes les attentions que ce soit à table ou sur la piste de danse, ce qui était loin d'être mauvais puisque ceux qui auraient dû la féliciter, son père et sa belle-mère, se tenaient à l'écart comme s'ils auraient pu attraper une mauvaise maladie en s'approchant un peu trop près des chevaliers dragons.
Harry ne pouvait s'empêcher de leur jeter des regards méprisant de là où il se tenait, adossé à la table d'honneur et tapant gentiment des mains en rythme avec sa sœur d'éclosion qui tournoyait sur la piste de danse tout en buvant un énorme broc de bière sous les encouragements de tout un groupe de dames vertes.
La demi sœur de Valentine avait quant à elle réussi à attirer l'attention de Damian qui lui racontait des histoires avec de grands gestes des mains. A première vue, Ophélie semblait avoir appris à rire quand il le fallait pour satisfaire un homme.
-Il ne reste plus que toi, lâcha Mortimer en lui tendant un verre de vin que Harry prit avec un sourire volontairement arrogant.
-Moi ? Ça fait un moment que je ne suis plus aspirant que de titre !
Le chevalier vert éclata de rire librement et lui ébouriffa les cheveux tandis qu'Harry buvait :
-Dit le seul puceau de la pièce.
Harry faillit s'étouffer mais réussit à terminer son verre sans dégât.
-Ce n'est pas vrai, répliqua t'il en laissant son regard errer.
-Les Candidats et Ophélie Lassauge ne comptent pas… Quoique la petite sorcière semble avoir son chemin sur Damian…
-Il ne le fera pas. Elle est trop jeune et c'est une invitée, affirma Harry même s'il se sentait légèrement alarmé à l'idée que Damian puisse dans les faits oublier ces détails.
*Et puis c'est la méchante sœur de Valentine…* Continua t'il intérieurement en songeant à quel point il serait mauvais que la cadette obtienne ce que l'ainée ne pouvait pas avoir.
-Les sorcières de Beaubâtons sont vraiment moins coincées que celles de Poudlard, commenta de même une autre voix sur sa droite.
C'était Charlie qui lui adressa un sourire plein de feu en se prenant à son tour un verre pour le remplir avec une des bouteilles de la table d'honneur. Sans demander, il s'empara aussi de son verre pour en faire de même et le lui présenter d'un air innocent.
-Merci…
Harry trempa à nouveau ses lèvres. C'était une cuvée de la Réserve et elle était bien meilleure que le vin de table que leur avait envoyé la Réserve du Canyon Perdu, même s'il leur était toujours reconnaissant pour leur aide.
-Mais ce n'est pas comme si aucun d'entre vous connaissiez suffisamment les apprentis sorciers de Poudlard et de Beaubâtons pour juger !
-Ah, mais Harry, j'ai le plus grand respect pour ma future belle-sœur, s'indigna avec un regard joueur le Weasley en mettant une main sur son cœur. Combien de BUSES la chère Hermione convoite-t-elle déjà ?
-Trop à mon avis.
-Cela ne vous inquiète pas d'avoir vos amis et ta famille Charlie pris entre deux feux ? Demanda plus sérieusement Mortimer en faisant un signe distrait à Rebecca qui vint les rejoindre.
Harry et Charlie se regardèrent un instant.
-Mes amis sont à Poudlard, fit Harry. Et malgré tout ce que je pourrais dire contre lui, Dumbledore est là pour les protéger. Mais en ce qui concerne les Weasley… Le problème sera probablement Perçy…
Le grand roux émit un son dégouté, montrant tout ce qu'il pensait de son petit frère ces derniers temps.
-Mon frère est un crétin de béni-oui-oui qui va jusqu'à renier sa propre famille et ses valeurs pour obtenir une mascarade de respect de la part des Familles au pouvoir. Quelle honte ! Savez-vous que le Ministre de la Magie ne sait toujours pas dire son nom correctement alors qu'il n'a aucun mal à dire le mien ?
-Mais c'est le même ! Remarqua Harry en plissant le nez devant l'incongruité.
-Exactement !
Il rit avec l'autre garçon, se laissant aller dans cette ambiance étrangement cordiale et but le contenu de son verre pour ne pas réfléchir et penser qu'il était en train de plaisanter normalement avec Charlie. Il ne rata pas le regard entendu de Mortimer à son côté, mais ne remarqua pas le sourire faussement innocent de Charlie alors qu'il remplissait à nouveau son verre après avoir servi Rebecca.
-Je pensais que les sorciers ne trahissaient jamais leurs familles, commenta Rebecca. Enfin, à part quand il s'agit de nous envoyer certains de leurs enfants, mais ça, ça nous arrange.
-Ils le font de moins en moins, fit remarquer Charlie en s'appuyant un peu plus contre la table et la façon dont il s'y accrochait faisait ressortir les muscles sous le tissu de son uniforme d'apparat et assécha un peu la gorge d'Harry. Quand toute cette affaire avec le Ministère Britannique sera réglée, nous devrions relancer une Quête.
-Tu dis cela parce que Derianth est un dragon de Quête, soupira Mortimer.
La Quête était le terme employé pour la recherche de futur Candidats. Certains dragons, comme Derianth, avaient un don pour savoir quel humain avait le meilleur potentiel pour donner l'empreinte à un dragonnet.
-Eh bien, Derianth a bien trouvé Harry.
/Oui, je l'ai fais./ Fit Derianth avec force et une certaine fierté.
-Nous n'avons pas besoin exactement de Candidats pour l'instant cependant, intervint Harry en songeant aux réserves de fournitures.
-Mais nous en aurons probablement besoin dans un futur proche, répliqua Rebecca. Une partie des Candidats actuels commencent à être trop âgés et ils le savent. J'en ai entendu tout un groupe en parler. Ils savent qu'ils doivent se réorienter et le Maitre Forgeron a déjà commencé à débaucher les plus costauds.
-Oui, il faudra du sang neuf pour les œufs de Talath, songea Mortimer.
Ah, le sujet commençait à sombrer dans des lieux où Harry n'avait pas envie de se rendre, particulièrement avec Charlie à côté de lui et dont la présence semblait brûler ses flancs. A moins que l'incendie vienne de lui-même ? Harry commençait à se sentir assez chaud.
Il essaya de s'éventer discrètement et se demanda à quel moment son verre avait été à nouveau rempli. Il ne savait plus du tout à combien il en était. C'était la faute de ce vin trop doux qui se buvait sans fin !
-Avez-vous une idée de quelle escadrille héritera de Val ? Lâcha-t-il alors en cherchant le premier sujet de discussion à l'abri qu'il pouvait trouver et ses yeux tombèrent naturellement sur la Dame Verte.
-Aucune idée… Peut-être la mienne vu que je suis pour ainsi dire un Vert invisible ? Proposa Mortimer. Je passe plus de temps à apprendre la guérison qu'à faire mon travail de chevalier…
Le sujet ne sembla pas passionner Charlie car tout d'un coup il attrapa sa main d'une poigne chaude, un grand sourire éclairant son visage :
-Viens danser avec moi Harry !
Ce fut probablement à cause de l'alcool que Harry éclata de rire à cette demande. Sa main n'avait cependant pas quitté la sienne quand il se reprit et il les fixa, un peu déstabilisé par le fait que malgré les années sa propre paume paraissait toujours petite dans celle de l'autre homme.
-Je ne sais pas danser, reprit-il un peu bougon, mais une impulsion de la part du rouquin le força à quitter son bord de table et déséquilibré par le mouvement inattendu, ainsi que par sa tête qui tournait un peu, il atterrit en grande partie sur l'autre homme, sa joue venant frapper sa poitrine solide.
-Je ne veux pas entendre ça de l'homme à qui j'ai moi-même appris à danser ! Le contredit Charlie en le redressant et le tirant derrière lui sous la bénédiction de ses faux jetons d'amis.
Il décida alors de tourner la tête pour leur jeter un regard incendiaire, mais tout ce qu'il obtint fut de grands sourires innocents et des levées de verres dans leur direction.
Puis il revint sur son problème, grand, fort, roux, et étrangement décidé à le faire danser.
-Tu ne m'as appris qu'à valser, marmonna-t-il avec bouderie sachant pertinemment qu'il ne serait pas entendu entre la musique et le brouhaha des discussions.
Arrivé dans une zone libre de la piste, Charlie le lâcha et se retourna face à lui avec un air très content de lui-même. Il était très beau quand il était heureux, songea Harry avec un soupir en ne pouvant s'empêcher de remarquer ses yeux se plissant en deux éclats bleus, ses taches de rousseurs et la petite cicatrice qui rehaussaient son nez. Sa mâchoire que Mortimer avait naguère décrite comme sexy était ombragée d'un chaume qui le vieillissait un peu plus et, là encore il blâmait sa boisson, il avait l'étrange envie de le toucher là pour voir comment ça se sentait sous une caresse.
Heureusement, avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit d'irréparable, Charlie avait repris une de ses mains et posa l'autre à plat dans le creux de ses reins. Devant son expression probablement paniquée, il approcha son visage et posa presque ses lèvres sur son oreille pour susurrer :
-Tu dois me laisser te guider.
Suil, suil, suil a ruin
Va, va, va Ô mon amour
Un frisson traversa Harry et il sentit ses joues s'empourprer légèrement avec un sentiment de révolte.
Suil go socair agus siuil go ciuin
Va doucement et va tranquillement
Mais avant qu'il n'ait pu condenser son esprit combatif une nouvelle chanson entrainante commença, les tambours battant la cadence et Charlie l'entraina avec lui dans une série de pas et Harry n'eut pas d'autres choix que de le suivre, à court de souffle alors qu'ils se déplaçaient avec les autres groupes et couples de danseurs, dans des allers retours et des tours.
Suil go doras agus ealaigh liom
Va vers la porte et échappe toi avec moi
Très rapidement, il réalisa qu'il ne pouvait que se prendre au jeu, y prenant du plaisir à la fois grâce à son cavalier qui avait une aisance étonnante pour le conduire et par l'enthousiasme qui l'entourait. Il oublia un instant qu'il se sentait troublé d'être beaucoup trop facilement dirigé par un autre homme, tourné, repositionné, enlacé, écarté et même soulevé, les mains de Charlie, grande et stable prenant possession de chaque partie de lui.
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
Les chansons s'enchainaient et il se disait à chaque fois que c'était la dernière, mais se laissait toujours tenter par plus, tenter par la légèreté et par les rires qui sortaient de sa gorge dans les moments les plus fous.
Il s'amusait, et c'était quelque chose qu'il avait eu beaucoup de mal à avoir ces derniers temps, et il n'oubliait pas que tout pourrait bientôt s'arrêter. Qu'il s'apprêtait à les entrainer tous dans un combat qui pourrait très mal tourner.
Alors il s'autorisa à profiter et à bondir et tournoyer contre Charlie. Il se permit d'absorber ses regards brulants qui ne le quittaient pas et qui parlaient d'amour et de désir. Le propre bonheur de l'autre homme était un véritable cadeau et l'affection que lui portait Harry pouvait pardonner tout le reste.
Cependant, il dut tout de même le stopper en se repliant sur lui, se sentant un peu étourdi à force de tourbillonner.
-J'ai besoin d'un peu d'air frais, j'ai la tête qui tourne, lui dit-il et Charlie hocha la tête et l'entraina doucement hors de la piste de danse, puis vers une partie des coursives.
Harry apprécia de quitter la chaleur étouffante du Hall des Repas pour laisser l'air frais de la soirée éclaircir ses pensées. La peau de son visage était moite et chaude quand il passa une main dessus.
-Je pense que j'ai trop bu, plaisanta t'il en s'appuyant contre la paroi de pierre.
Quand il rouvrit les yeux, il trouva Charlie penché à quelques centimètres de lui, l'odeur de sa transpiration se mêlant à celle d'une eau de Cologne. Les doigts de l'homme se posèrent sur sa joue brûlante en une douce caresse.
-Et si ce jour était le dernier ? Demanda Charlie alors qu'il anticipait son retrait et prenait en coupe sa mâchoire. Ou demain ? Ou bien le jour suivant ?
Il y avait quelque chose de sauvage qui brulait dans ses iris et Harry se demanda si malgré tout il craignait de ne pas revenir du combat.
-Non, lança t'il.
Et peut-être qu'il aurait pu dire qu'il ne comptait pas se laisser tuer, ou qu'il refusait de risquer la mort de Talath et qu'il savait qu'il avait encore beaucoup de choses à faire, mais il ne put pas aller plus loin, en partie parce que réfléchir devenait compliqué, mais aussi surtout parce que la main sur sa mâchoire glissa jusqu'à sa nuque et inclina son visage contre celui de Charlie.
Il sentit ses lèvres se poser sur les siennes, chaudes et accueillantes, ainsi qu'avide alors qu'elles s'éloignaient légèrement avant de se poser à nouveau dans un autre angle. Le poids masculin de l'autre chevalier l'écrasa contre la roche froide du mur et Harry resta d'abord bras ballant alors qu'il enregistrait les sensations.
La barbe de quelques jours rappa ses propres joues rasées et Harry sentit sa lèvre inferieur être capturée délicatement et une humidité suivre là où le bout de la langue de l'autre homme le gouta.
L'embarras et une sorte d'excitation sombre éclata finalement dans sa poitrine et le fit repousser Charlie à bout de bras… Tenter de repousser. Le souci c'était qu'il avait l'impression de devoir pousser un mur et que l'homme n'avait soit pas conscience de ses efforts, soit pas envie de le satisfaire.
La main dans sa nuque le contrariait aussi pour échapper à ses baisers qui lui coupaient la parole.
-Cha… Ey… Att...
La main sur sa nuque s'affermit et Charlie ouvrit lui-même la bouche. Le contact inattendu de leurs deux langues fut comme un électrochoc, pas du tout comme il s'y était attendu, chaud, doux, humide, sans réel gout. Cela le laissait à court de souffle et presque sans pensées…
S'il avait été un autre... Mais Harry avait une volonté à toute épreuve.
Excédé, il profita d'une respiration et mordit vicieusement dans sa lèvre.
Cela sembla rappeler l'autre chevalier à l'ordre et Charlie s'écarta, une main venant toucher sa bouche qui saignait avec une incrédulité amusée.
-Eh bien, définitivement sauvage…
-Vous vous oubliez sir Charles, grogna Harry avec un regard noir en retenant lui-même sa main de monter à sa lèvre et essayant d'ignorer le gout ferreux du sang sur ses papilles.
Tout le bas de son visage semblait lui picoter comme si le contact de l'autre homme perdurait. L'intérieur de sa bouche ne semblait plus autant lui appartenir qu'avant, sa salive étrangère.
Charlie lui répondit avec un sourire triomphalement impénitent dans la lumière des torches. Et il fit un mouvement en avant, juste pour venir cogner leurs front ensemble avant de se retirer avant toute pensée d'une autre attaque :
-J'emporterais au moins ça si je tombe au combat !
Harry espérait qu'il trébucherait de Derianth et se casserait les deux jambes pour avoir l'air si suffisant de lui avoir arraché un baiser. Tout ça parce qu'il n'était pas assez vif et clair d'esprit pour avoir pu l'éviter cette fois-ci…
-Charlie… Soupira-t-il en se décoiffant d'une main nerveuse.
-Harry, le coupa l'autre homme en se plantant devant lui avec un air de nouveau très sérieux : il m'est venu à l'esprit ces derniers temps que je n'étais apparemment pas assez évident et que je devais clarifier mes intentions. Ainsi, moi, Sir Charles Weasley, chevalier du bronze Derianth ait l'intention de participer aux Vols de Talath et de les gagner, de devenir Chef de la Réserve de la Montagne Blanche et de t'avoir comme compagnon de mes jours et de mes nuits.
Harry resta bouche bée à cela. Que pouvait-il dire ? Il ne savait même pas comment réagir.
-Je… Je ne peux pas penser au Vol actuellement, répliqua t'il alors.
Par l'Œuf, comme si c'était le moment pour ça !
Charlie hocha la tête d'un air entendu :
-Je le vois bien, mais pour moi, il ne pourra pas venir assez tôt. Néanmoins, tu as raison, il y a une bataille sur laquelle se concentrer avant ça. Mais… Harry, n'oublie pas. Ça peut arriver à tout moment maintenant. Et tu me trouveras à tes côtés, alors tu n'auras pas le droit d'en avoir l'air étonné.
Il le fixa avec défi et Harry se contenta de lui rendre un regard sombre.
-Je vais rentrer dormir maintenant, décida t'il finalement car rien ne semblait pouvoir tourner mieux cette nuit. Merci pour la danse, pas merci pour le reste.
Il tourna les talons sous les gloussements de Charlie et prit la direction de ses appartements, une part de lui espérant avoir assez bu pour pouvoir tout oublier au petit matin.
I'll dye my petticoats, I'll dye them red,
Je teindrai mes jupons, je les teindrai en rouge,
And 'round the world I'll beg my bread,
Et 'autour du monde je mendierai mon pain,
Until my parents shall wish me dead,
Jusqu'à ce que mes parents préfèreraient me savoir morte,
L'herbe verte et grasse des pâturages se teinta de sang alors qu'une cinquantaine de dragon faisaient leur chemin dans le troupeau, arrachant de leurs crocs ou de leurs serres les bêtes au sol, avant de les abattre violemment au sol.
Harry fixa avec fascination les longwings planter leur crocs blancs dans le cou des animaux et se gorger de leur sang, leur gorge ondulant dans un mouvement de déglutition féroce. Etrangement il lui sembla que ça rendait leur couleur plus vibrante, plus profonde et il pouvait sentir par son lien avec eux une sensation d'énergie et de férocité.
Desclare avait autorisé un abatage massif avant le combat.
-Pourquoi ne mangent-ils pas ? S'étonna-t-il à Desclare et à Stevens qui observaient avec lui les préparatifs depuis l'un des points de vue des crêtes.
-La viande les alourdirait, expliqua la Maitresse des Aspirants. Tandis que le sang, au contraire, les excite et les met dans les bonnes conditions pour une attaque.
Harry lécha machinalement ses lèvres comme s'il pouvait sentir encore le gout du sang de Charlie dans sa bouche. Il avait beau savoir ce qu'ils se préparaient à faire, une part de lui restait encore innocente et naïve comme si c'était pour de faux. Comme s'il n'y allait pas y avoir de mort. Comme si le sang n'allait pas jaillir. Comme s'il ne s'apprêtait pas à partir affronter Voldemort en personne.
Il n'arrivait pas à le rationaliser dans son esprit, mais la soif de sang qui montait à nouveau chez les dragons l'aidait un peu, comme elle devait sans doute aider chacun de leur chevalier à brandir leur arme contre l'ennemi.
-Devrais-je dire à Talath de se joindre à eux ? Demanda-t-il alors sans arrière-pensée, obtenant la réponse la plus incompréhensible quand Desclare et Stevens se tournèrent brusquement vers lui d'un air horrifié en lui criant un « NON ! » synchronisé.
Il les fixa silencieusement en se sentant grondé.
Finalement Stevens se reprit en rejetant sa chevelure rousse en arrière :
-Harry, le sang excite les dragons. Nous ne voulons pas que Talath entre en chaleur le jour d'une bataille.
Cela en effet lui fit profondément regretter sa demande.
/Ca va, en plus ces idiots ont complétement éparpillé le troupeau et la nourriture a mauvais gout quand elle a trop paniquée./ Commenta Talath avec hauteur et il pouvait presque imaginer son froncement de narine de dégout. /Et si nous leur demandions plutôt de m'installer mon armure ?/
Harry s'illumina à cela. C'était sa plus grande réussite des derniers mois de réussir à faire en sorte que l'on arrange une vraie armure à la taille de sa dragonne. Ce n'était pas à la hauteur de ce qu'il souhaiterait pour elle : pour cela il faudrait plus que deux mois de fabrication de la part de la Forge (et beaucoup d'acier), mais cela lui fournirait un début de protection.
Il avait aussi désormais sa propre côte de maille. Tout ce qui lui manquait à présent pour être à l'égal des autres chevaliers, c'était une arme personnelle. En attendant il porterait une rapière et la baguette d'aubépine dans l'étui de sa manche.
-Je vais nous préparer alors, grogna t'il avec raideur à ses deux supérieurs hiérarchiques à qui il enviait leur calme.
Il se sentait comme le jour d'un examen de potion non révisé. C'était totalement différent de la fois où ils étaient tous partit à l'assaut de la Matra, car Harry était alors encore sous l'effet de l'émotion et de l'adrénaline. Il avait eu ici plusieurs mois pour réfléchir, y penser et perdre le sommeil en imaginant les milles et une façon dont cela pouvait tourner. Plus la date fatidique s'était approchée, plus sa nervosité avait augmenté.
I wish, I wish, I wish in vain
Je souhaite, je souhaite, je souhaite en vain
I wish I had my heart again
J'aimerais avoir mon cœur à nouveau
And vainly think I'd not complain
Et penser vainement que je ne me plaindrais pas
Il pouvait remercier le vin pour l'avoir fait dormir.
Chaque chevalier semblait avoir sa propre façon de gérer la venue d'un jour de bataille. Harry ne se sentait pas particulièrement honteux de la sienne car d'autres chevaliers l'avait aidé à faire un trou dans la Cave, certains plus friands d'eau de vie ou d'alcool forts que du vin doux qu'il affectionnait pour sa part.
D'autres s'étaient réfugiés dans le sexe et les relations amoureuses. Mortimer lui avait relayé avec beaucoup de plaisirs qui avait été trouvé sortant des appartements de qui, et qui avaient été découvert en flagrant délit dans des zones publiques. Damian et Ronan revenaient assez souvent dans ces histoires, semblant tous les deux faire le tour des partenaires féminins disponibles.
Apparemment, Ronan s'était déjà fait une horrible réputation auprès des chevaliers mâles verts.
Il y avait aussi eu une montée de violence qu'Harry avait dû gérer, des combats qui se déclenchaient pour un mot ou un regard de travers. Valentine avait fait partie de ce groupe là et avait fait trois jours en isolement après avoir donné un coup de poing dans le menton d'un chevalier et mordu ( ?) le mollet d'un autre. Elle s'en était juste sortie avec un cocard à l'œil droit et l'expression satisfaite. Harry n'avait jamais appris le pourquoi du comment.
Pour finir, les autres avaient tendance à se noyer sous le travail ou les entrainements. Comme Desclare ou Edmund.
Aujourd'hui, cependant, ils étaient tous dans l'obligation de se contrôler et de se préparer.
/Je ne suis pas inquiète, vous ne devriez pas l'être./ Fit Talath qui l'avait rejoint et qui faisait des tours autour de sa position alors qu'il descendait et longeait les coursives jusqu'à la caverne jouxtant la forge, là où se trouvaient les poulies et les grues qui aidaient à poser les armures sur le dos des dragons.
Les dragons, eux, n'étaient pas anxieux. Ils ne se projetaient pas vraiment dans l'avenir, ce qui leur évitait le stress ou l'angoisse de performance. L'idée de leur propre mort ne leur faisait pas vraiment peur, seule celle de leur reine et de leur compagnon humain était capable de leur faire ressentir des sentiments extrêmes.
Les autres dragons firent place large à Talath quand elle atterrit devant la caverne et y pénétra aux côtés d'Harry qui se retrouva obligé de courir à côté d'elle pour rester à sa hauteur.
Il s'était déjà rendu ici à l'occasion, pour un cours sur les protections apportées aux dragons par les humains ou juste pour observer avec envie les autres couples dragons-chevaliers à qui ont permettaient de se battre. Il y avait là six zones de préparation, ce qui, lui avait-on dit, était plus que dans la plupart des Réserves, où s'activaient ce qu'on appelait l'équipage de chaque dragon.
Un dragon avait son chevalier, mais à ce couple était au minimum affecté un compagnon forgeron, qui avait le devoir de prendre soin de son armure, un bourrelier qui avait pour tâche de remplacer les pièces abimés du harnais, un compagnon éleveur qui suivait son alimentation et un candidat qui servait à aider tout le monde, et avait aussi le rôle de porte-drapeau.
Les dragons bruns de grande taille et les bronzes avaient aussi un ou deux canonniers affectés.
Ces derniers étaient recrutés parmi les sorciers formés à l'usage des armes de longue distance utiles aux batailles de dragons, souvent d'anciens candidats, vivant et s'entrainant dans la partie extérieure du flanc du volcan.
Un tunnel était ce qui les reliait et officiellement ils étaient aussi considérés comme faisant partie des Cavernes Inferieures. Cependant, bien qu'ils étaient destinés à combattre ensemble, ils ne mangeaient pas avec eux dans le Hall des Repas, participaient assez peu souvent à leurs festivités et ne frayaient pas avec les chevaliers.
Harry soupçonnait que cette distance était probablement due aux chevaliers dragons, plus qu'aux canonniers, de la même façon qu'il existait toujours une distance avec tous ceux dont l'esprit n'était pas lié à un dragon. Mais si les artisans et les candidats acceptaient le sentiment de « supériorité » des chevaliers, c'était probablement moins aisé pour des soldats dont une bonne partie avait caressé le rêve de donner eux aussi l'Empreinte et s'étaient retrouvés plusieurs fois bredouilles sur les sables d'Eclosion.
Mais Harry n'avait pas vraiment à s'en préoccuper pour lui-même car son équipage, recruté récemment, ne comportait qu'un homme à l'air perpétuellement enjoué à la peau basanée nommé Guerar, appartenant aux forgerons, une femme aux cheveux noirs coiffés en tresse et portant avec elle l'air d'être toujours en retard, Elza, compagnonne à la tannerie, ainsi qu'une autre femme, Sally, qui jetait un sourire affectueux à tout ce qu'elle voyait, comme si Harry ou même Talath étaient deux de ses adorables petits agneaux qui tenaient à peine sur leurs jambes et dont elle s'occupait chez les éleveurs.
Et bien évidemment, il y avait Dennis.
Ce dernier attendait dans un coin à côté de Sally, et il s'illumina en les voyant entrer, leur montrant qu'il avait réuni les pièces de l'armure du côté de l'une des zones de préparation les plus vastes.
Guerar semblait vérifier une dernière fois le tout tandis que le dragon déjà en place finissait d'être harnaché.
Elza terminait de même d'aider un autre de ses équipages sur la droite, car il n'était pas rare que les compagnons fassent partis de plusieurs équipes.
Elle cherchait cependant un remplaçant, car Talath avait déclaré qu'elle n'exigeait pas moins que l'exclusivité.
Il lui était déjà assez difficile d'attendre au beau milieu de la caverne que la place se libère !
Harry se retrouva à l'aider dans cette attente en lui grattant le contour des yeux, essayant de se distraire de sa propre nervosité.
Le bronze devant eux finit par bouger, transportant avec lui ses plaques d'armures criblées de piques qui transformaient les formes habituellement lisses et douces de leur race en désagréables surprises pour tous ceux qui se hasarderaient à leur croquer un morceau.
Même si… Si tout se passait bien, il n'y aurait aucune raison pour que des dragons poids lourds viennent les attaquer…
-Seigneur Harry, ce n'est pas le moment de rêvasser ! L'appela Elza alors que Talath se positionnait avec précaution sous les poulies comme elle avait vu les autres dragons le faire.
Harry les rejoignit en courant, prêt à aider à attacher les courroies, mais en premier lieu, Guerar, à la manœuvre des grues, positionna la côte de maille au-dessus de la reine dorée et la fit descendre doucement, accompagnée par le cliquetis des maillons. Sous la maille elle-même se trouvait accroché une couche fine de tissus, afin que le métal ne vienne pas blesser sa peau et Talath accepta le poids supplémentaire, même si l'équipement lui-même avait été fabriqué pour un bronze et se révélait mal ajusté à certains endroits.
Harry les nota intérieurement comme des zones à protéger prioritairement au combat.
Ensuite venaient les pièces de métal qu'il fallait sangler autour de ses membres en faisant bien attention que rien ne vienne la gêner dans ses mouvements. Harry lui fit ouvrir les ailes plusieurs fois, les refermer, lever les pattes les unes après les autres, jusqu'à ce qu'ils aient réglés le moindre problème de frottement.
/C'est quand même bizarre…/ Commenta avec un certain chagrin Talath. / Les autres ont l'habitude parce qu'ils ont eu des sessions d'entrainements en armure… Nous en avons toujours été empêchés par le gérant !/
-Les choses changent maintenant, lui répondit-il.
Lui-même savait qu'il allait devoir s'adapter car il n'avait jamais manœuvré sur une armure. C'était censé être plus stable : la partie selle était aménagée, et sur certaines plaques d'armures, il y avait des échelons en acier en plus des anneaux à mousquetons.
-Cela vous change beaucoup Reine Talath, s'exclama Sally avec admiration alors qu'elle s'extirpait de la zone de préparation et se pavanait un peu.
-Oui, vous avez l'air tellement plus dangereuse comme ça ! Approuva Dennis qui la fixait comme un petit garçon qui venait d'assembler lui-même son premier jouet robot.
Il jeta ensuite un regard de chiot plaintif et suppliant à Harry qui grinça des dents :
-Non Dennis, je ne peux toujours pas te laisser venir. Tu dois rester avec les autres candidats.
En réponse l'adolescent poussa un profond soupir bruyant qui le fit un peu sourire même si une part de lui pensait qu'il ne se rendait pas encore compte de ce qui se passait. D'un autre côté, Harry pouvait le comprendre. Dennis était arrivé à la Réserve à l'âge de 11 ans – encore un enfant. Cela faisait pratiquement 2 ans et il avait presque 13 ans comme Harry lorsqu'il avait donné l'empreinte à Talath.
Il ébouriffa sa tignasse jaune paille qui avait tendance à être toute aussi ébouriffée que la sienne, sauf qu'il était du genre à se laisser faire, un peu tout à fait comme un jeune chien content.
-Ton tour viendra Dennis.
Il sentit son regard envieux alors qu'il pressait le pas derrière Talath pour laisser la place aux autres.
Dans toute la cuvette se plaçait à nouveau les dragons et leurs chevaliers en faisant les derniers réglages : pour ceux qui partaient avec des canonniers, il fallait charger les armes et les munitions. Les chefs d'escadrilles et leurs seconds faisaient le tour de leurs chevaliers et donnaient les dernières modifications des consignes.
Harry, lui, allait voler sous le commandement de la 1ere escadrille, il laissa donc Talath prendre place au milieu des dragons de O'Connell et fila s'équiper lui-même. Et cette fois-ci, il n'avait pas Valentine pour l'aider puisque la toute nouvelle dame dragon serait elle-même du combat.
Il se demanda avec excitation s'il y avait un moyen pour qu'elle le rejoigne lors de sa descente dans le Ministère.
Talath ne pourrait pas être physiquement avec lui dans les entrailles du Département des Mystères. Seuls les plus petits dragons, comme les Verts Gallois pouvaient se déplacer dans ces lieux à taille humaine.
A cette pensée il attacha fermement sa fine épée, et se rajouta un poignard qu'il glissa dans un fourreau à sa cuisse, intégré dans son baudrier. Il termina en rangeant soigneusement la baguette de Malefoy dans sa manche.
Moineau émit une stridulation menaçante en venant s'agripper au blouson qu'il enfila au-dessus de sa tunique le désignant comme appartenant à la Montagne Blanche.
Ses lunettes de vol autour de son cou, Il était prêt.
Suil, suil, suil a ruin
Va, va, va Ô mon amour
Suil go socair agus siuil go ciuin
Va doucement et va tranquillement
Suil go doras agus ealaigh liom
Va vers la porte et échappe toi avec moi
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
Les rangs s'étaient formés dans la cuvette du volcan, des dragons bronzes, brun, bleu et vert dans des habits d'acier qui reflétaient la lumière.
Edmund sur le dos de Arenth s'obligea à expirer lentement et fit une petite prière silencieuse à sa divinité protectrice.
Damian s'installa sur la selle de Emlith avec un sourire rayonnant adressé tout autour de lui, une main serrée sur sa ligne de vie, l'autre sur son arme boomerang.
Ronan posa son front contre celui de Kyreth et murmura des mots pour eux seuls, sa main caressant sous l'orbite vide de son œil avant de grimper à son tour, ignorant avec hauteur la dragonne couleur du soleil qui se trouvait non loin.
Valentine vérifia une dernière fois leurs sangles, ignorant la façon dont la pressait Dinth qui manquait de la poignarder avec la corne frontale de son heaume à chaque coup de tête exaspéré. Elle finit par grimper souplement et retira un instant son arme du fourreau attaché à la selle pour tenir la hache fermement dans ses mains comme pour en puiser la force.
Reyn était à deux doigts de monter sur Gendrath quand Mortimer apparut d'entre les rangs, l'agrippa par le bras pour lui assener un baiser violent et lui coller un pot de baume soignant dans les mains avant de s'éclipser à nouveau, le laissant complétement hagard sous les rires de Cyan et de River.
Charlie eut un bref instant un sourire distrait aux frasques de ses chevaliers, avant de retrouver une expression d'acier alors que son « capitaine » passait devant lui et Derianth qui était plus musclé, plus haut, d'envergure plus grande, que son propre dragon bronze et faisait comme s'ils n'existaient pas alors même que tout un chacun savait qui suivre réellement dans leur escadrille.
Harry escalada les reliefs des plaques d'armures, s'élevant au-dessus de la marée de dragons de toutes les couleurs pour trouver sa place entre les épaules de Talath. Il leva le menton alors qu'il était conscient des regards de tous les autres chevaliers sur eux.
Moineau le rejoignit d'un coup d'aile avec un petit feulement fier et s'agrippa à son épaulette rembourrée en sifflant nerveusement.
-1ere escadrille ! Tonna alors O'Connell depuis le cou de Regileth et les chevaliers autour de lui répondirent en claquant leur poing sur leur cote de maille avec un cri rauque. Nous n'avons qu'une mission aujourd'hui : protéger notre Reine tandis qu'elle dépose notre Seigneur au Ministère de la Magie de Londres, puis le récupère et le ramène à la Réserve. C'est notre unique but et je ne veux voir aucun dispersement d'aucune sorte, quand bien même la voie semblerait libre ! Nous ne savons jamais à quoi nous attendre !
Un nouvel ensemble de cri rauque affirmatif lui répondit alors qu'Harry observait tout cela un peu comme un spectateur.
-N'oubliez pas que nous allons plonger directement dans le centre-ville d'une capitale. Vos dragons et vous-même devez tous être sous Nox avant même notre sortie de transplanage. Si j'entends que le moindre moldu a vu la moindre petite écaille de vos dragons, vous pourrez dire au revoir à l'escadrille et dire bonjour aux tours de gardes extérieures ! Plus important que nous, plus important que les dragons, il y a le Secret ! Le Secret est tout ce qui permet à nos dragons de pouvoir survivre à notre époque !
Ce discours semblait être une chose familière car tous acquiescèrent sans une hésitation.
Aussitôt il put sentir tout autour de lui la magie gonfler, celle des dragons et des humains et le voile d'invisibilité se poser sur chacun d'entre eux. Harry se força lui-même à cesser de ressentir et s'émerveiller de tout ce qu'il se passait autour de lui et se concentra sur leur propre pouvoir.
-NOX !
/NOX !/ Rugit de même Talath et ils sentirent la protection les entourer comme une bulle de savon.
/Décollage !/ Ordonna Regileth alors que tout autour d'eux les autres escadrilles s'élevaient. / Préparez-vous à transplaner. Récupérez bien les coordonnés des dragons référents./
/ A-t-il besoin de nous materner comme cela ?/ Soupira Talath en récupérant sans beaucoup de subtilité les coordonnées de leur apparition dans la tête d'un pauvre dragon brun.
-Il passe ses commandes à tous les dragons, lui rappela Harry. Ca ne t'est pas destiné. Il sait que tu n'as pas besoin de tout ça.
/Talath doit se concentrer aussi./ Le contredit Derianth de nulle part.
Charlie était encore en train de l'espionner…
/Il s'agit d'une légitime préoccupation à votre égard./ Le contredit le bronze. /Nous ne serons malheureusement pas à vos côtés durant cette bataille. Le Gérant s'en est assuré./
*Dis à Charlie de rester en vie. C'est tout ce que je veux savoir de lui* Se contenta de répondre Harry.
/Et arrêtes de parler à MON chevalier !/ Ajouta Talath avec un grondement mécontent.
/Je le ferais si vous vous concentrez./ Fit Derianth qui n'était jamais très impressionné par les manifestation de colère de la dorée./ Et Charlie dit « Toi aussi »./
Harry se concentra plutôt lui-même sur le paysage d'une ville vue du ciel, avec Big Ben au loin, la Tamise et de grands immeubles de la City plus proche.
Il était une nouvelle fois placé en formation de carapace au grand dam de sa dragonne, mais celle-ci était beaucoup trop satisfaite de participer pour s'en plaindre alors qu'ils se coordonnaient pour partir en même temps et réapparaitre de façon simultanée à Londres.
Les dragons devant eux disparaissaient les uns après les autres au rythme d'un battement de cœur et celui de Harry se mit à battre très fort alors que leur tour arrivait.
Il ne pensait pas qu'il retournerait dans son pays natal de cette façon.
/Ne vous en faites pas. Je suis là, avec vous./
Il eut à peine le temps d'entendre le mot doux de Talath qu'il se sentit aspiré et affronta le vide, l'obscurité et le froid dans d'autres secondes qui lui semblèrent à la fois interminable, et à la fois pas assez longue.
Une part de lui aurait aimé resté cacher dans l'Entre Deux.
Puis ils surgirent dans l'air humide et pollué de Londres et il n'y eut qu'un cri d'avertissement pour les prévenir avant que quelque chose d'énorme leur fonce dessus et que des mâchoires énormes se referment sur le cou du Longwing devant eux avec un craquement atroce. Deux moitiés tombèrent de chaque côté des mâchoires sous les yeux écarquillés d'horreur d'Harry.
La douleur, la panique, la rage et la tristesse éclatèrent dans la tête de Harry en une fraction de seconde et lui firent perdre la tête.
/ C'EST UNE EMBUSCADE !/ Clama un dragon.
Et il n'arrivait pas à comprendre lequel dans tous les cris mélangés.
Suil, suil, suil a ruin
Va, va, va Ô mon amour
Suil go socair agus siuil go ciuin
Va doucement et va tranquillement
Suil go doras agus ealaigh liom
Va vers la porte et échappe toi avec moi
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
-Ahlaa, quels chanceux, soupira un des chevaliers de garde en charge des geôles de la Garde des Verts Gallois alors qu'il fixait les dragons s'envoler et disparaitre. Et dire que nous on est coincé ici…
-Je ne te le fais pas dire, soupira son partenaire en reprenant lentement son chemin. J'ai l'impression que c'est toujours les bruns en surplus qui restent derrière. Si seulement Herleth avait pu être un bleu, on aurait beaucoup plus de sensations fortes !
-Un bleu ? Tu l'écraserais sous ton poids ! Se moqua l'autre en donnant un léger coup dans le gras de son ventre.
-C'est pas fini de dire que je suis gros ! C'est juste du rembourrage naturel !
-Le capitaine lui-même t'a dit de te remettre plus sérieusement à l'entrainement, tu…
Les deux chevaliers se turent alors qu'un boucan inhabituel résonnait depuis l'intérieur de la grotte où étaient retenues les dames dragons de la Garde. Celui au léger embonpoint jura en sortant son trousseau de clef et en cherchant la bonne.
Quand il ouvrit finalement la porte de la cellule, ce fut pour découvrir le groupe de jeune femme massée autour d'un corps qui convulsait.
-Oh Mère de Tous les Dragons ! Qu'est-ce qu'il se passe ici ?!
Il éloigna deux des femmes pour se rapprocher de la malade dont les yeux étaient révulsés, de la mousse s'écoulant de sa bouche comme si elle avait avalé un savon entier.
-Pourquoi vous restez planté comme un botruc ! Cria l'une des femmes qu'il avait repoussée. Faites quelque chose !
Le chevalier lui jeta un regard noir avant de demander à son dragon d'aller chercher quelqu'un de l'atelier des Guérisseurs. Il fallait cependant bien cinq minutes pour que Hellth, prévenue, aille chercher Mortimer Cadwell et l'amène, temps qu'il suffit à la jeune femme pour tourner de l'œil et s'immobiliser inerte.
Ses compagnes les insultaient de tous les noms quand le chevalier blond préféré de la Réserve arriva et se décomposa en découvrant qui était la malade.
-Par l'Oeuf ! Lizzie ! S'exclama-t-il en se précipitant à ses côtés, prenant aussitôt son pouls et ouvrant ses paupières.
Il sortit sa baguette et se mit à lancer des sorts de diagnostiques, avant de sortir des fioles de produits qu'il passa sous le nez de la jeune femme, obtenant une réaction de reflex, mais pas de réveil.
-C'est étrange… C'est comme si elle avait été maudite…
/Sa dragonne est dans tous ses états…/ Ajouta Hellth. /Elle essaie de mettre le feu aux barreaux. Dois-je la calmer ? /
*Tout dépend de ce que tu appelles calmer !*
/Oh, très bien !/ S'indigna Hellth car oui, un bon coup de pattes était ce qu'elle aurait pu prévoir pour calmer l'autre verte qui courrait dans tous les sens comme un poulet décapité. / Puisque je suis privée de toute excitation, je vais chasser alors ! Quand je pense que même Talath a le droit de partir à la bataille !/
Mortimer ignora ses grognements jusqu'à ce qu'elle ait transplané et que cela ne soit plus que des murmures au fond de son esprit. Il était plus préoccupé par l'état d'Elisabeth et la hissa dans ses bras.
-Je vais l'amener à l'infirmerie pour pourvoir faire des examens plus approfondis, annonça t'il en se redressant.
-Mais… C'est une prisonnière! Clama l'un des chevaliers de garde et même si Mortimer comprenait leur dilemme, il ne pouvait pas l'entendre en ce moment et son regard se fit noir.
-C'est avant tout quelqu'un qui a besoin de soin !
Que l'on ne dise pas que Mortimer, parce qu'il était doux, parce qu'il évitait la violence et les combats, n'était pas un chevalier. Il savait se battre aussi fort que n'importe lequel d'entre eux, seulement par sur le même type de champ de bataille. Il se frayerait un chemin en enfer pour aller sauver un blessé s'il le fallait. Parce que c'était ce qu'il était.
Qu'Elisabeth ne soit pas une inconnue pour lui ne faisait que raffermir sa volonté à la mettre en sécurité. Il ne pouvait pas être insensible à quelqu'un avec qui il avait passé du temps, avec qui il avait discuté et plaisanté.
Alors il la porta hors de sa prison sous les regards gênés de ses collègues et trotta aussi vite qu'il put vers l'infirmerie.
Si concentré sur son but qu'il ne remarqua même pas la main qui attrapa sa baguette et la posa sur son torse.
-Somnus Veris.
Mortimer put juste jeter un regard interloqué vers le visage de Elisabeth qui le fixait avec gravité, avant que son corps ne devienne lourd et que l'obscurité se referme sur lui.
-Vous êtes beaucoup trop gentil Sir Cadwell.
Suil, suil, suil a ruin
Va, va, va Ô mon amour
Suil go socair agus siuil go ciuin
Va doucement et va tranquillement
Suil go doras agus ealaigh liom
Va vers la porte et échappe toi avec moi
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
Elisabeth se prépara au choc alors que Mortimer s'effondrait avec elle dans les couloirs. Elle se redressa rapidement en ignorant les douleurs, notamment celle que lui avait produite le maléfice qu'elle s'était auto infligée tout à l'heure.
C'était la faiblesse des Réserves de négliger l'entrainement à la sorcellerie. Elisabeth avait suivi ses cours avec assiduité et était capable de réaliser plusieurs sortilèges utiles sans baguette. Mais maintenant qu'elle avait mis la main sur l'une d'elle, par pur hasard, car elle ne s'attendait pas à tomber sur un chevalier en possédant une, elle comptait bien l'utiliser.
Elle lança un regard divisé sur le chevalier étendu par terre, puis poussant un soupir pour elle-même, s'agenouilla pour vérifier qu'il ne s'était pas gravement blessé et le tira jusqu'au mur pour l'y appuyer. En dehors d'un énorme bleu sur le front, il était juste sous l'effet du Charme du Sommeil qu'elle lui avait jeté.
Raffermissant sa volonté, elle se redressa et en s'enveloppant d'autant de sort assurant sa discrétion qu'elle le pouvait, elle partit en direction de l'extérieur du volcan. Au cas où, son père avait préparé un plan, quelque chose à utiliser qu'en cas où la Garde serait neutralisée.
Quelque chose qu'elle avait espéré du plus profond de son âme de ne pas avoir à mettre en œuvre.
Mais elle ne pouvait pas /plus/ se permettre de faire du sentiment, parce que les chevaliers dragons étaient avant tout des armes destinées à protéger les sorciers.
Même contre ceux qui avaient oublié qu'ils en étaient.
Trouvant la cache dans un renfoncement rocheux, elle en retira un sac et s'assura de son contenu. Plusieurs petits baluchons d'allure trompeusement innocence s'y trouvaient, remplie d'une poudre dont l'odeur lui piqua le nez et l'obligea à renouer le cordon autour de l'ouverture.
/Vous n'êtes pas obligé de le faire…/ Intervint doucement Athéna./Vous pouvez peut être libérer tout le monde sans cela et partir./
-C'est le plan, rétorqua Elisabeth en accrochant le sac à son dos. Et il y a peu de chance que l'on réussisse sans cela.
/Mais… Il y a beaucoup de mondes dans cette réserve… Des sorciers qui ne sont pas des chevaliers./
Elisabeth le savait. Depuis qu'elle était arrivé dans la Réserve de la Montagne Blanche, elle avait observé le ballet incessant de tous ceux qui vivaient avec et pour les chevaliers dragons. Au début, cela lui avait paru vraiment ostentatoire, puis… Maintenant elle ne savait plus.
C'était ce qui la mettait le plus en colère : avant d'arriver ici, elle avait des convictions, des certitudes, mais maintenant tout était incertain. Parce qu'un garçon aux yeux verts, qui était une légende pour elle, l'avait regardé, l'avait jugé et l'avait obligé à réviser ce qu'elle pensait savoir.
Parce qu'elle était tombé amoureuse.
Parce qu'il était charmant, provocateur, indiscipliné et sauvage et qu'elle n'avait pas été prête à cela, pas elle qui avait voué sa vie à être la dame dragon parfaite, à montrer à quel point les Vert Gallois étaient incroyables et à obéir à son père qui faisait de son mieux depuis la mort de sa mère.
C'est pourquoi elle allait redevenir ce chevalier là et arrêter de remettre en question les choses. Elle allait faire ce que son père et toute la Garde attendaient d'elle. Ce que le monde sorcier attendait d'elle.
Elle sentit la tristesse d'Athéna alors qu'elle revenait à l'intérieur du volcan, évitant quelques chevaliers et civils, avant de se diriger toujours sous couvert de ses sorts vers la façade faisant face à leurs anciennes grottes et jeta l'une des bourses de poudre dans le premier grand brasero qu'elle croisa. Celui-ci s'embrasa avec une caractéristique flamme rose avant qu'une fumée épicée et piquante ne commence à s'en élever.
Après cela, il n'y avait plus de retour en arrière et elle partit vers la prochaine source de flamme.
Il faudrait au moins une dizaine de minutes pour que les effets commencent à être visibles.
Et cela se manifesta tout d'abord par un grondement tonitruant alors qu'elle se cachait recroquevillée dans une anfractuosité à l'intérieur d'une des galeries.
Puis ce fut un moment agité d'incompréhension, puis enfin, un cri de compréhension et d'horreur :
-DE LA POUDRE DE FOL-FURIE !
Et puis ce fut un capharnaüm de cris et de rugissements pour lequel Elisabeth se permit un instant de lâcheté en se couvrant les oreilles, puis elle se força à sortir de sa cachette et relança ses sorts par sécurité avant de sortir de l'abri de sa caverne.
Les chinois, précurseurs en matière de dragons, s'étaient révélés être des spécialistes pour les contrôler à l'aide d'encens, de plantes et de liqueurs. Si la majorité des inventions se tournaient dans l'art d'apaiser les dragons, avant que le lien entre sorciers et dragons commencent à être démocratisés par la toute première Dame Dragon, d'autres inventions avaient un but bien moins louables. Ainsi fut créée la poudre de Fol-Furie, un mélange tenu secret contenant entre autre de la jusquiame noire et de la poudre d'os d'inferis, qui provoqua les pires catastrophes et les pires peurs dans le cœur des chevaliers dragons.
Elisabeth se pencha de justesse alors que des serres de dragons passaient juste au-dessus de sa tête, la manquant de peu, mais heureusement, elle n'était pas la cible du Longwing brun qui fondit sur un dragon bleu et tenta de lui arracher un morceau de cou tandis que celui-ci cracha une de ses flammes qui illumina tout le bassin. Il y avait des corps sur la plaine, et des chevaliers qui couraient dans tous les sens en essayant d'arrêter le massacre. Quatre dragons se battaient plus loin pour une partie du troupeau qui s'était massée, effrayée, dans un creux de la paroi rocheuse, tandis que d'autres rampaient le long de la paroi du volcan, sondant les trous des galeries à la recherche de chair humaine.
C'était ce que faisait la poudre de Fol-Furie. Elle retirait toute forme de réflexion aux dragons et en faisait des monstres habités par la rage et l'avidité.
Même la structure sociale naturelle de la horde ne s'appliquait plus, comme le prouvait un brun qui s'abattit sur une verte cherchant des proies dans l'une des galeries ouvertes, l'arrachant à la paroi et la jetant pratiquement devant Elisabeth avant de lui fondre dessus terminer le travail. Le sang jaillit avec une odeur chaude qui prenait aux tripes et des gouttes giflèrent une partie de son visage et de ses cheveux blonds alors qu'elle se révélait pétrifiée sur place. Elle repéra soudain un deuxième dragon qui fonçait sur eux, semblant vouloir profiter de l'aubaine, et terrorisée, la jeune fille fit de son mieux pour courir le plus vite possible et contourner le lieu de la rixe où il était beaucoup trop dangereux de se trouver.
C'était encore pire que ce qu'elle avait imaginé.
Arrivée de l'autre côté de la caldeira, là où se trouvaient la prison des membres de la Garde, elle ne put s'empêcher de se pencher à la paroi et de céder à un haut le cœur, vomissant surtout de la bile, avant de se forcer à se reprendre car ce n'était pas terminé.
Il n'y avait plus aucun chevalier pour garder ses compagnons, tous étaient en proie avec leurs dragons devenus fous, peut-être même déjà mort, peut-être même dévoré par ces derniers.
Elisabeth tremblait alors qu'elle déverrouillait la porte de la cellule de ses compagnes. Elle fut incapable d'apprécier la joie avec laquelle elle fut accueillie, pas plus lorsqu'elle arriva devant la prison où étaient retenus les hommes et que son père la serra dans ses bras avec fierté.
Elle ne pensait qu'au fait qu'il soit chanceux que la poudre de Fol-Furie soit si difficile à se procurer et à comment Dolores Ombrage avait fait pour en obtenir autant.
-Maintenant, nous devons agir avec minutie, fit son père, l'expression sombre.
Il envoya une partie d'entre eux libérer les Verts Gallois et les sortir discrètement « grâce à cette taille dont on s'est tant moqué » tandis qu'il entraina Elisabeth et d'autres de ses hommes vers l'Enfer.
Elle aurait voulu dire non, n'aspirant qu'à retrouver Athéna et fuir avec elle à tire-d'aile, mais elle avait décidé d'obéir à son père. Elle ne pouvait pas arrêter maintenant. Pas après ce qu'elle avait fait.
Cependant, elle s'immobilisa alors que descendant les galeries, ils tombèrent sur l'endroit où Elisabeth avait laissé Mortimer.
Celui-ci dormait toujours, inconscient des horreurs qui se produisaient à quelques pas de là, inconscient même du danger qu'il courrait en ce moment. Endormi ainsi, avec son corps fin et ses longues jambes, il n'en faisait que plus chevalier vert, angélique et doux et la jeune femme perçut vivement l'hostilité des hommes l'accompagnant.
Une hostilité qu'elle avait elle-même ressentie au début, un dégout programmé en apprenant son alliance avec un dragon vert et là où allaient ses penchants amoureux et charnel. Mais cet homme avait soigné Athéna et avait été gentil avec elle. Le dégout avait été repoussé derrière la reconnaissance.
Et aujourd'hui aussi, alors qu'il aurait pu laisser Elisabeth mourir dans sa prison comme l'auraient fait les chevaliers de garde, il l'avait sorti pour la sauver.
-Regardez ça, il en reste un ici, se moqua son père en dégainant son épée.
Les tremblements d'Elisabeth devinrent beaucoup plus forts. Elle devait obéir à son père. C'était la bonne chose à faire.
La chose suivante qu'elle sut c'est qu'elle s'était interposée entre le chevalier endormi et son père.
-Pas lui. Il ne peut pas faire de mal, il est sous un sortilège. Je vais m'en occuper.
Elle affronta le regard de son père qui était très mécontent de son opposition, mais elle ne pouvait pas faire autrement. Même si son père représentait ce qui était la bonne chose à faire et si Mortimer était une de ces choses qui ne s'intégraient pas dans ses anciennes certitudes, elle ne pouvait pas le laisser être tué alors qu'il avait agi humainement.
Même s'il préfèrerait sans doute être mort quand il se réveillerait car Merlin seul savait ce qu'était en train de faire sa dragonne en ce moment ou si elle était encore en vie.
Elisabeth se mit aussitôt à le hisser sur son dos et le traina jusqu'à son ancienne cellule non loin où elle l'enferma.
-Ne perdons plus de temps maintenant ! Fit son père et elle baissa la tête piteusement en se résignant à le suivre sans plus commettre d'autres impairs.
Elle fixa résolument son dos tout le long, se répétant en boucle qu'ils avaient raison, qu'ils protégeaient les sorciers, qu'elle n'avait rien à ressentir pour les gens de la Montagne Blanche ou leurs dragons.
Leur groupe réussit à rentrer dans les cavernes inferieurs de façon étonnement facile puisque tout le monde était occupé à se cacher, à sauver quelqu'un d'autre ou à empêcher les dragons de s'entre tuer sans se faire dévorer au passage.
Il n'y eut personne pour les empêcher d'arriver aux cellules de cette zone. Là où tout au fond les attendait Dolores Ombrage dont les lèvres s'ourlèrent d'un grand sourire aux petites dents quand ils déverrouillèrent la porte de sa prison, ainsi que les fers qui la maintenait aux murs.
-Je n'en attendais pas mieux de vous mes chéris, susurra t'elle en se massant les poignets avec une lueur terrible au fond des yeux. Maintenant, mettons-nous au travail !
But now my love has gone to France,
Mais maintenant mon amour est parti en France,
To try his fortune to advance;
Tenter sa fortune pour avancer ;
If he e'er come back, 'tis but a chance,
S'il revient un jour, ce n'est qu'une chance,
Devant Harry et Talath, le dragon lâcha sa proie morte qui alla tomber dans la Tamise en provoquant un raz de marée qui firent crier d'étonnement les promeneurs des rives, et tourna sa tête reptilienne aux écailles rousses brillantes vers eux.
Un poids lourd.
Un Regal Copper.
Is go dte tu mo mhuirnin slan
Et puisses-tu aller sans danger mon chéri
A suivre…
EEETTTT ainsi commence (recommence) la bataille du Département des Mystères ! Mon objectif est que ce soit épique ! J'espère en tout cas que vous trouverez ça épique ! Tous mes principaux chevaliers sont sur le champ de bataille. (Sauf mon petit Mortimer adoré qui a failli y passer) Qui va mourir ? Qui va survivre ? Quels seront les compagnons de bataille de Harry ? Que va faire Ombrage ? Qu'est-ce que ces put*** de dragons poids lourd font à Londres ? Voldemort se montrera t'il ? Hermione réussira t'elle toutes ses buses avec un Optimal ? (non, ça vous vous en fichez)
Arriverais-je à écrire tout ça et à le faire tenir pour clôturer cette partie au chapitre 50 comme je veux le faire ? Que de questions ! Quoiqu'il en soit, ça m'a pris du temps, mais la trame du déroulement du combat est définitivement fixé (avec les décisions difficile à prendre… humhum je sens que vous allez me détester…) En attendant je vous dis à la prochaine !
