Bonjour, bonsoir mes petits chats ^^ !
Hé, j'suis en avance. D'une journée, d'accord, mais c'est suffisamment rare pour que je considère que ça reste de l'avance (ma fanfic, mes règles, hein, finalement XD).
Bon j'ai eu un petit coup de pouce, j'ai choppé le covid et ai donc été arrêtée une semaine, ce qui aide quand la seule chose qu'on peut faire, c'est comater en toussant sur le canapé avec un ordi (merci l'ordi portable, je chante pas assez tes louanges). Cela dit, au milieu de mon congé maladie, y'a eu les élections européennes, et le bordel, et… Comment dire… Je me détends en faisant des montages de meme politiques sur fond de musique classique, parce qu'à ce stade, y'a que ça pour me sauver de cette actualité XD.
J'en profite pour vous recommander TRÈS CHAUDEMENT d'aller voter aux élections qui arrivent, s'il vous plaît !
(C'était la partie chiante de l'intro, mais nécessaire ^^ )
Sur ce chapitre : il est UN PEU DENSE, je reconnais, mais à ce stade de l'histoire, je suis un peu dos au mur. D'ailleurs, pour être full transparente, il est probable que les prochains chapitres soient un chouille plus courts, mais tout aussi dense et riche en… en rebondissement. On va dire ça XD.
Aussi fou que ça puisse paraître à mes yeux, après deux ans, je vois le bout de cette fic et c'est un pur plaisir de commencer sa conclusion. J'espère qu'en dépit du format et du côté un brin lourd, ce chapitre vous plaira !
Merci, encore et toujours, de lire et de laisser des reviews, je n'en reviens encore pas après tout ce temps, et vu le sujet très niche de cette fanfic ! Merci infiniment !
Et bonne lecture, mes petits chats ^^ !
Chapitre 19 : « … Tu es un génie. »
« Une visite du bâtiment ? » reformula Izuku, cherchant machinalement de quoi noter et en surprenant son geste, Eij déverrouilla son propre portable qu'il lui tendit, l'application de note déjà ouverte. Ignorant au passage le sourire reconnaissant qu'il lui adressa, tout en écoutant Aïzawa-senseï expliciter sa proposition :
« Oui, une visite du bâtiment. Les équipes de sécurité appelées sur place te feront un briefing plus exhaustif, mais on pense que la cible du loup était l'agence de renseignement elle-même, et ils souhaiteraient avoir ton opinion sur cette hypothèse. »
« Je comprends pas, ils ont eu une alerte intrusion, mais ils ne sont pas certains que la cible ait été leur agence ? C'est… ça n'a pas de sens, si ? »
« Il n'y a pas eu intrusion à proprement parler. Ils ont juste aperçu un loup de taille « prodigieusement monstrueuse », selon leurs mots, dans le quartier. »
« Et… ça a suffi pour enclencher leur procédure anti-intrusion ? » relança Izuku, l'inquiétude lui mordant la voix d'un tremblement qu'il réussit à faire passer pour un bâillement, en forçant un peu.
Normalement, on attendait qu'il y ait effectivement intrusion avant de foutre le bâtiment en quarantaine, et il avait compté sur une mise en alerte classique de l'agence de renseignement, voir une simple procédure de recherche de proximité par acquit de conscience. Certainement pas une réaction aussi viscéralement agressive, avec des protocoles de sécurité spécifiques et enclenchés dès qu'un chat passait dans la rue adjacente. Ça n'allait pas leur simplifier la vie, ça.
« De ce que j'ai compris, l'alerte intrusion est déclenchée presque automatiquement à la moindre anomalie, aussi minuscule soit-elle. Apparemment, deux à trois de leurs alertes mensuelles sont déclenchés par des agents travaillant sur place, qui ne sortent pas assez vite leur badge sécurisé. »
« Deux à trois ? Pour un badge ? Un peu excessif, non ? »
« À ce stade, je ne discute plus. » soupira leur ancien professeur, et Izuku l'imaginait d'ici avec sa mine dépitée habituelle. « En tout cas, l'alerte a été levée deux heures après, même pas. Et ils ont attendu ce matin pour lancer des procédures de recherche, dans l'espoir de trouver si la bête aperçue était réellement en train de viser l'agence. »
Kam lui lança un regard d'avertissement, en le voyant prendre une inspiration. Avec une prudence démesurée, Izuku essaya de louvoyer entre déduction plausible et flou artistique, pour manifester son intéressement envers la proposition sans trop dévoiler son jeu – un exercice compliqué, de si bon matin. Et avec si peu de sommeil :
« Tout dépend de la distance à laquelle le loup était… Et la direction dans laquelle il se dirigeait. Ça pourrait être une coïncidence ? »
« Très franchement, Izuku, je n'ai aucune info à te transmettre – l'administration m'a simplement demandé le nom du pro-héro le plus avancé sur le sujet, suite à l'alerte nationale et je me suis chargé de te retransmettre l'info. Est-ce que ça t'intéresse, donc, de leur rendre visite en tant que consultant ? »
« Bien sûr ! Plutôt deux fois qu'une ! »
« Alors présente-toi à l'accueil avec ton badge d'État et ton accréditation, quelqu'un viendra te chercher pour te briefer. »
« Merci beaucoup ! Je me prépare en vitesse et je m'y rends immédiatement. »
« Oh, Izuku ? Je recommanderais la prudence, dans ton… approche. Les renseignements intérieurs sont d'ordinaire très… vindicatifs. »
« Le genre « on lance un mandat d'arrêt avant de réfléchir » ? »
« À peu près. »
« Je ferais attention, promis. »
Le pincement de lèvres dubitatif d'Aïzawa s'entendait dans le silence qu'il conserva une seconde, celui qui voulait dire qu'il le ne croyait guère capable de faire preuve d'une quelconque prudence, avant de le saluer brièvement. En coupant soigneusement l'appel et le micro, plutôt deux fois qu'une même, Izuku soupira et attendit que la première remarque tombe. D'Eijirô, bien évidemment, avec un ton décidé :
« Bon. On fait quoi ? »
« Avec… avec la nuit, on a pas tellement eu le temps d'en discuter… Est-ce que vous voulez continuer ? On garde notre plan ? »
« À moins qu'on en ait trouvé un autre par magie... »
« Sois pas désagréable mon cœur, Midobro souligne juste qu'on a le choix de continuer ou pas ! »
« Je suis pas désagréable. » gronda Kacchan, et comme par magie, Eijirô se souvient subitement que la clope entre ses doigts n'était pas la sienne. Sans s'occuper des échanges de nicotines en train de lisser l'humeur de son meilleur ami, les yeux dans le vague en suivant mentalement l'échange qu'il venait d'avoir avec leur professeur, Izuku déduisit à voix haute, pensif :
« À première vue, ils ont pas l'air d'avoir trouvé des traces de la bagarre, donc pas de matériel génétique pour vous identifier. Et ils parlent toujours d'un seul loup. »
« Oui, mais lequel ? Ça foutrait la merde si on se fout en danger inutilement, alors que ni Katsuki ni Eij n'a été aperçu, non ? » tenta Kam, la pointe de son couteau tournant entre ses doigts fins dans un geste machinal. Aussi rationnelle sa remarque soit-elle, Izuku dû secouer la tête, dépité :
« En fait, pas plus que ça… On pourrait même dire que la présence de ce loup inconnu ne change rien à nos plans, parce que de base, on cherche quand même à voler des documents classés confidentiels – enfin, s'ils existent, bien sûr – pour trouver de quoi vous guérir tous les deux. Limite, qu'il y ait un loup en plus, on s'en fout. »
« Moi et ma jambe, on trouve pas qu'il faudrait s'en foutre. » remarqua Kacchan, pince-sans-rire, mais son esquisse de plaisanterie bien trop acide éclaboussa le silence tendu sans que personne ose y toucher, ou relancer. Jusqu'à Eij qui se contenta de souligner, avec une grimace compatissante pour son meilleur ami :
« Mais puisqu'il s'en prend à nous, c'est forcément un problème ? »
« Ça, on en sait rien. Je veux dire, en y réfléchissant un peu plus que dix minutes, et surtout quand je n'étais pas en train de recoudre la jambe de Kacchan, je ne trouve pas assez d'indice pour déterminer exactement les raisons pour lesquelles il vous a attaqué. »
« Nous faire la peau ? » suggéra Eijirô, là où Kam leva un doigt pour appuyer – ou pour indiquer qu'il avait une remarque, qu'Izuku ignora le temps de développer son concept.
« Mais il ne vous a pas achevé ! Pire, il s'est enfui presque tout de suite, parce qu'il met plus de prix sur la furtivité que sur le fait de vous mettre au sol. Attends, laisse-moi finir : Oui, il est visiblement plus expérimenté, plus agile et bien plus doué que nous, ce qui sous-entend un loup-garou « ancien » qui a survécu pendant un paquet d'année en se fondant parfaitement dans la société. »
« Et il sent rien. » souligna Eijirô, ce qui était manifestement l'information la plus déroutante pour lui et en voyant Kacchan opiner, Izuku se demanda s'ils réalisaient à quel point ils se reposaient désormais sur leur odorat. Comme si le développement de ce sens avait occulté peu à peu les habitudes des autres.
« Et il sent rien. Ce qui peut très bien être interprétable comme une personne qui nous en veut personnellement et cherche à nous nuire. Ou, comme quelqu'un qui sait survivre de manière anonyme et n'a pas envie que des bébés loup-garous viennent foutre la merde. »
« C'est vrai qu'on fout la merde. » concéda Kam après un silence dubitatif de quelques secondes. « Enfin, une seule apparition d'Eij et c'est l'ensemble des pro-héros de la ville qui est alerté. C'est pas rien, si on essaie de passer sous les radars. »
« Exactement ! »
« Du coup, si je te suis bien, en fait notre question à nous, c'est de savoir si on continue le plan tout en sachant qu'à tout moment, on peut se retrouver avec un loup-garou sur le dos ? »
« Ou de considérer que ce loup-garou inconnu est notre priorité. On enquête sur lui, on tente de savoir ce qu'il nous veut et si il est une menace avant de faire quoi que ce soit d'autres. »
« Vu qu'on n'a même pas une bribe d'odeur ou une description visuelle pour ce loup, la question ne se pose pas. »
« Cela dit, y'a une troisième option aussi : on peut toujours tout stopper, par mesure de sécurité. »
« Mmmm... Rappelle-moi les autres pistes que nous avons pour nous débarrasser du « problème de pilosité » ? » glissa Kacchan, avec assez de sarcasme pour que celui-ci dégouline sur son petit-déjeuner inachevé. Izuku tapota du bout du doigt la table, cherchant une manière de formuler poliment le juron en train de lui traverser l'esprit et qui finit par le faire choisir quelque chose de bien plus concis – et bien plus vrai :
« Aucune. »
« Donc la question ne se pose pas. » répéta Kam. « De toute façon et d'une manière ou d'une autre, la distraction d'hier soir a marché, avec ou sans troisième loup-garou. Autant en profiter pour suivre notre plan de base. Et puis, on est quand même en supériorité numérique, on est quatre pro-héro, dont deux qui peuvent sortir l'arme ultime de devenir des putains de loups-garous, on devrait arriver à s'en sortir face à un loup-garou solitaire. Non ? »
« Disons que vu son expérience, j'espère qu'il est effectivement solitaire. Deux ou trois comme ça, on se ferait laminer. » analysa Kacchan, d'autant plus pertinent que les bleus se voyaient encore, sous sa peau. Et l'odeur de sang collait à ses mouvements, en filigrane, perceptible même pour l'odorat d'humain d'Izuku.
« Oui, mais là, on improvisera. C'est pas comme si on passait pas notre temps à improviser, avec vos loups ! »
La plaisanterie de Kam détendit assez l'atmosphère pour qu'Izuku sourit, amusé d'entendre Kacchan bougonner que ce n'était pas vrai. Laissant Kam lui faire son meilleur haussement de sourcil doublé d'une moue qui voulait dire « cause toujours », le parfait combo pour relancer l'humeur de chien du blond, il échangea un regard avec Eijirô. Et comme toujours, son fiancé le connaissait assez par cœur pour savoir exactement à quoi il songeait :
« Je devrais tenir. J'avoue que je compte beaucoup sur l'adrénaline du moment pour saturer mon système hormonal, et garder le loup sous contrôle. Bon, on le paierait après, avec le contrecoup, mais je pense que ça devrait aller ce soir. »
Kacchan fit une grimace, si visiblement perdu qu'il ne vit même pas Prince Carnage venir lui couiner dans les pieds, à la recherche d'une caresse. Il fallut qu'Izuku se penche de son côté pour que le nuage cotonneux qu'était ce chien vienne se frotter à ses doigts, alors que le blond lançait à Eij, décontenancé :
« De quoi tu parles ? »
« De ses chaleurs. » asséna Kam, déjà mort de rire et incapable de résister au coup d'épaule magistral qu'il se murgea, Eijirô le catapultant presque hors de sa chaise dans le mouvement. « Je te taquine, j'ai bien le droit vu la nuit qu'on a passée ! »
« Matinée. Si on avait passé une nuit ensemble, Kam, t'aurais pas tenu sur ta chaise. »
« Rectification, Boule de Poil, si on avait passé toute une nuit ensemble, c'est nos amoureux qui n'auraient pas tenu sur leurs chaises ! » souligna Kam, un sourire de renard sur le visage et Izuku leva les yeux aux ciels devant toute cette esbroufe. « Nuit ou matinée, on s'en fout, l'essentiel, c'est que ça ait marché et que ça ait calmé un peu tes sautes d'hormones. »
« Je croyais que l'essentiel, c'était d'être arrivés à faire accepter ton plan à quatre ! » protesta Kacchan, étonnamment, presque boudeur que cette partie-là passe à la trappe.
Kam lui retourna un clin d'œil canaille, prêt à continuer sa connerie en brandissant son couteau, sans s'occuper du minuscule bout de beurre qui s'en envola. Un truc que Prince Carnage ne perdit pas de vue, lui.
« Katsuki, mon cœur, enfin ! C'est toute l'intelligence de mon plan : d'abord je mets en avant l'aspect pratique et essentiel des plans à quatre, uniquement pour la sécurité d'Eijirô, bien entendu, et après, une fois que c'est devenu une habitude, paf ! Ils pourront plus s'en passer et on les aura piégés à vie ! »
« Aaah. Subtil. »
« Oui, subtil, presque autant que la blague de cul que tu vas sortir à ma cérémonie de mariage ! » persifla Izuku à l'attention de Kam, pas étonné de recevoir en réponse un tirage de langue. « Adjugé, vendu, du coup ? Tout le monde est d'accord pour qu'on essaie de cambrioler l'agence de renseignement ce soir ? »
Il ne leur serait jamais assez reconnaissant du soin qu'ils mirent tous les trois à évaluer réellement sa proposition. Aussi, quand ils donnèrent leur accord, d'un hochement de tête plus ou moins enthousiasme, la certitude qu'ils avaient fait leur choix de la manière la plus éclairée possible dénoua un fil de stress. Un seul, mais c'était mieux que rien pour sa gestion de l'angoisse
« On s'en tient au plan, donc. On y va ce matin, on fait un tour en touchant absolument tout et on rentre se préparer pour ce soir. » résuma Izuku en froissant entre ses doigts une miette de pain, l'esprit déjà recentré sur le plan qu'il connaissait pourtant par cœur.
Machinalement, il se pencha encore sur les réponses à apporter aux éventuelles questions des équipes de sécurité, sur la nécessité de maintenir une certaine marge de manœuvre dans leur comédie pour éviter toute rigidité. Un mensonge était un texte récité quasi au mot près, à l'inverse d'un souvenir ou d'un résumé qui devenait quelque chose de bien plus cafouillis, comme ils l'avaient appris en cours. Et il allait bien falloir penser à respecter leur duo pré-définis dès la visite de ce matin pour effectuer une dépose logique de leurs ADN partout, selon la répartition établie. Izuku avec Eij et Kacchan avec Kam, pour un équilibre d'alter et de ratio humain-loup-garou qui allait assurer une plus grande flexibilité en cas d'imprévu. Après tout, Kam et lui-même pouvaient aisément réaliser des attaques à distances, mais Eij et Kacchan étaient bien plus à l'aise au corps à corps, mais la discrétion, ça n'était pas ça, tout comme son propre alter – on avait pas idée, de faire des étincelles vertes aussi voyantes, et..
« Izuku ? »
« Mmm ? » émergea celui-ci et réalisa en voyant les expressions amusées et presque compatissantes de son trio adoré, qu'il venait encore une fois de marmonner. « Pardon. »
« Tu sais que c'est presque rassurant, de te voir faire ça ? »
« Ha ? »
« Ça veut dire que t'es déjà à fond et qu'on risque pas grand-chose. » conclut Eijirô, lui adressant un sourire qui contenait tout l'amour du monde, assez pour faire grimacer Kacchan à côté de tant de sucrerie et Kam frappa dans ses mains, une fois :
« Allez, fini les mots doux, on a du pain sur la planche ! Moi, je vais promener Prince Carnage, et Midobro potasse son plan ! » annonça le platine, presque joyeux sous le grognement agacé de son mec. « Toi, Eij, tu vas être chargé de surveiller Katsuki pour éviter qu'il oublie qu'il a la jambe en vrac ! »
« Je sens que je vais adorer. » grommela Eijirô en lui empruntant le pas vers la chambre, ignorant royalement l'argumentation en thèse, antithèse et synthèse et au moins autant de mauvaise foi de Kacchan sur sa capacité à marcher.
« J'vais lui refaire la face en partant. »
« Katsuki. » le reprit Kam à mi-voix, sans effet sur l'envie d'en découdre de son mec, ni sur le boitillement désormais bien installé dans sa démarche en dépit de sa rapidité de guérison. Dans le silence écrasant de l'agence nationale, ledit boitement résonnait salement, aggravé davantage par le sentiment tenace qu'ils n'étaient pas les bienvenus. Arriver jusqu'à l'agence avait été une horreur, obligés qu'ils étaient d'utiliser la voiture pour consolider leur alibi. Passer le seuil de celle-ci ? Une purge intersidérale.
Les discussions âpres pour les laisser entrer avaient duré un bon quart d'heure avec les deux sentinelles à l'entrée, en dépit de leur recommandation et d'un appel supplémentaire à Aïzawa-senseï pour faire confirmer leurs dires. Une fois dedans, ils avaient dû subir une fouille de sécurité si poussée qu'Izuku avait craint de voir les morsures des loups décelées sur sa peau rien qu'au toucher, tant celui-ci avait été appuyé. Un vrai problème pour la jambe blessée de Kacchan, à deux doigts d'arracher les mains de la garde chargée de le palper en la sentant s'attarder deux minutes entières sur les contours de son pansement sous son jean. La seule satisfaction de cette fouille, c'est qu'en dépit des portiques, des détecteurs et autre, aucun bip n'avait émané de la bague fournie par Sero, passée comme une lettre à la poste sans que les services de sécurités osent demander à Izuku de l'ôter. Heureusement pour leurs nerfs, Kam en avait eu assez, et le commentaire sarcastique glissé par ses soins avait arrêté nette la fouille, les libérant dans l'immensité de l'agence sans autre forme de procès qu'un froncement de sourcils méprisant.
Le hall de l'agence de renseignement nationale était gigantesque de blancheur, une horreur à la hauteur de cette vague d'art moderne qui avait saigné sur l'architecture, durant la décennie précédente. Un pseudo-synonyme de « à la pointe », qui était censé renvoyer une impression de « dynamisme » et « confiance », pour l'heure aussi froid que le sourire cousu à la main sur le visage du chef de sécurité les accueillants.
« Pro-héro Deku, je suppose. »
« Moi-même! À qui ai-je l'honneur ? »
« Je suis M. Kanshi, chef de la sécurité du bâtiment. Et vous avez amené Charge-bolt, Red Riot et Dynamight, alors que vous étiez censé venir seul. »
Ça commençait bien. Izuku lui fit son sourire le plus désarmant, prêt à expliquer les circonstances quand Kaminari intervient, l'air positivement ravi d'avoir un nouveau cobaye à qui rebrousser le poil à contre-sens :
« Vous n'avez pas regardé les infos ? »
« Je ne regarde jamais les infos. »
« Bizarre, pour qui est censé travailler aux services de renseignements. » taquina Kam, presque aussi corrosif qu'un acide tant sa plaisanterie tachait les doigts. « On est rentré ensemble après l'intervention d'hier, et vu qu'il n'a pas sa voiture, le conduire ici était le minimum que je puisse faire. »
« Et vos compagnons ? »
« Toujours pas de voiture. » se fendit Kacchan, plus aboiement que réelle réponse, mais à sa décharge, il n'avait guère apprécié devoir être porté par son homme pour franchir le minuscule escalier de l'entrée. Izuku se retint in extremis de lui écraser le bout du pied – avec sa chance, ça aurait été la mauvaise jambe – et il essaya de détendre un tant soit peu l'homme à la suspicion verrouillée au corps :
« Nous n'avons qu'une voiture par foyer, nous essayons d'être écologique, voyez-vous ? Et puis dans Tokyo, c'est bien plus simple de se déplacer en transport en commun. Vous… vous souhaitiez me parler de l'intrusion que vous avez subit la nuit passée, si j'en crois Aïzawa-senseï ? »
Il crut très sincèrement que sa demande ne marcherait jamais, pas avec le sourire de petit con de Kam et le froncement de sourcils de Kacchan, sans parler de la haute silhouette menaçante d'Eijirô derrière lui. Tout dans l'attitude du roux hurlait à la colère qu'on ose s'adresser ainsi à son fiancé et si Izuku trouvait ça gentil, sur le principe, ça allait forcément finir par déraper en grondement tout sauf humain. Discrétion zéro.
L'univers soit loué, M. Kanshi le toisa encore une poignée de seconde avant de leur faire signe de le suivre le long d'un couloir adjacent qui dissimulait, dans une niche et derrière une double-vitre teintée de l'exacte couleur blanche des murs, le poste de contrôle. Une simple pièce étirée, trois portes – le hall, le reste du bâtiment et l'entrée de service du personnel, rien d'autre. Avec vue imprenable sur le hall d'entrée et des écrans de vidéos alignés soigneusement sous la ligne de la fenêtre, au-dessus d'une table aussi longue que la pièce. Les circuits vidéos fermés ne souffraient, à première vue, d'aucune coupure ou grésillement, et si Izuku en croyait l'absence de leurs silhouettes sur la caméra du hall, d'aucun retard de transmission. Pas de son, en revanche, ni de qualité suffisante pour suivre une conversation sur les lèvres, comme toutes les caméras de surveillance actuelles. Un bon point.
« Messieurs, le poste de contrôle des systèmes de sécurité de l'agence. Pardonnez-moi de ne pas vous recevoir dans mon bureau, mais je suis plus à l'aise ici – et le sujet s'y prête mieux, de toute manière. »
M. Kanshi salua les trois gardes postés là et récupéra un document à l'en-tête caractéristique des comptes-rendus administratifs. Il l'ouvrit négligemment pour parcourir la première page du regard, cherchant sans doute par où attaquer, sans réaliser une seconde que les quatre pro-héros silencieux à ses côtés scannaient la pièce avec soin – et avec un objectif chacun.
Eijirô, à coup de reniflement discret, déduisait actuellement le nombre de garde passant d'ordinaire dans la pièce et si les équipes tournaient réellement, rien qu'aux traces olfactives. Les réflexes des personnes habituées au même poste de travail s'émoussaient naturellement, avec l'habitude, et ils tablaient sur cet aspect pour réussir à neutraliser l'équipe en place avant même que l'alerte soit donnée. À ce stade, Izuku croisait les doigts que les radios à la ceinture des gardes ne soient pas constamment allumées, ce qui aurait été un souci pour réaliser une neutralisation complète et discrète, mais ça, c'était Kam et sa perception de l'électricité qui trancherait. Si cette dernière n'était pas trop entravée par le matériel informatique alentour. Quant à vérifier l'insonorisation de la pièce, c'était pour Kacchan, négligemment adossé contre la table avec un sourire de petit con pour dissimuler que sa main nue se posait comme par hasard contre le mur.
Et pour distraire M. Kanshi de l'examen de ses pignoufs adorés, il y avait lui, Izuku Midoriya premier du nom, et son arme secrète personnelle :
« Aïzawa-senseï m'a dit que vous souhaitiez mon opinion sur la présence du loup à proximité de vos locaux, mais je dois hélas vous avertir que je ne suis pas aussi avancé que je le souhaiterais dans mes recherches ! Il y a très peu d'articles accessibles au public sur cet alter transmissible et même en fouillant dans les archives des QG pro-héros, c'est une vraie plaie de trouver une info valable !
Je peux cependant vous affirmer que ce n'est pas la première fois qu'un alter pareil fait son apparition dans l'espace public, d'ailleurs, la première fois c'était en 1978, si mes déductions sont exactes – et je me permets de souligner qu'il ne s'agit que d'une supposition, parce qu'à l'époque, le témoignage d'un témoin était une preuve suffisante. Rien de comparable avec aujourd'hui, ce qui rend les déductions un peu… Hasardeuses, mais ça, j'en suis certain, c'était la première vraie apparition dûment enregistrée dans nos archives.
J'ai eu un peu plus de succès en fouillant du côté des avancées des études génétiques, où une équipe de Nouvelle-Zélande travaille actuellement à isoler le gène responsable de la transmission des alters au niveau génétique, entre géniteurs et enfants. C'est encore balbutiant, parce qu'il semblerait qu'il y ait différentes « familles » de gêne, plus ou moins compatibles les unes avec les autres – ce qui expliquerait pourquoi certaines « combinaisons » d'alter se transmettent mieux aux enfants. L'équipe n'a pas encore exclu la possibilité qu'il y ait bien plus de famille de gêne existante et surtout, la possibilité de mutation sur ce gène-là particulièrement. Si on prend ce prisme, ça pourrait faire une très bonne piste pour cet alter de loup-géant, même si ça impliquerait l'idée qu'un fluide corporel précis arrive à faire muter le code génétique d'un organisme, s'il entre en contact avec ce dernier. Ce qui serait une nouveauté mondiale. Vos équipes ont pu prélever quelque chose, peut-être, pour nous aiguiller ? » acheva-t-il en voyant Kacchan échanger un regard avec Kam et Eijirô, puis signer discrètement un « C'est bon. » dans le dos de M. Kanshi.
Lequel le dévisageait à présent avec une expression proche de celle que devait avoir un civil venant de croiser un vilain particulièrement effrayant, comme les trois gardes tournés vers lui et son débit de parole à toutes épreuves. La belle assurance de M. Kanshi s'était fissurée à peu près au moment où il avait commencé à évoquer le travail de l'équipe nouvelle-zélandaise, lui ouvrant la bouche d'un millimètre de stupéfaction médusée. Incapable de répondre autre chose qu'un très impoli :
« Heu… »
« On sait, c'est impressionnant, mais vous vous y ferez. Par contre, vous devriez commencer à lui donner les infos tout de suite, ou il va recommencer. » glissa Eijirô, dissimulant son ordre sous un ton joyeux et un sourire amusé, l'image même de l'innocence.
« Et vous avez déjà l'air suffisamment noyé comme ça. » tacla Kam au passage, enchanté de voir M. Kanshi fermer les yeux une seconde pour résister à son envie de le tuer sur place. Une réaction aussi viscérale aussi rapidement, c'était un record.
« Bon, venez. Messieurs-dames, on vous laisse travailler. » se résigna-t-il, et les trois agents de sécurité se remirent immédiatement à scruter leurs écrans d'un air faussement concentré. M. Kanshi les fit entrer dans les locaux à proprement parler, de l'autre côté du centre de contrôle, en leur précisant que pour la sécurité du bâtiment, il s'agissait de la seule entrée possible entre l'extérieur et les bureaux intérieurs. Une information qu'Izuku possédait déjà, merci Sero et son PDF de plan inexistant, bien entendu.
« Alors, avant de répondre à votre question, je vais commencer par vous brosser un rapide résumé de notre… interaction, si l'on peut dire, avec le loup. Hier soir, aux alentours de 22h50, un de nos vigiles posté sur le toit à donner l'alerte. Présence dans une des rues adjacentes à l'agence d'une silhouette reconnue formellement comme celle d'un loup de taille… Plus que respectable. »
« Formellement ? Par reconnaissance informatique ? »
« Non, visuelle uniquement. Marge d'erreur de 30 % environ, compte-tenu de l'expérience du vigile, la distance à laquelle se trouvait la bête et la très brève visibilité de celle-ci. »
« Brève comment ? » s'enquit Izuku en notant furieusement sur son cahier, recouvrant de grattement de papier le son discret des déambulations de ses amis dans son dos.
Ainsi que leur très soudaine manie de toucher absolument tout, comme des enfants, le long du couloir tout à fait banal que leur fit enquiller M. Kanshi. Poignées de portes, murs, abattant de fenêtre, tout y passa, et il s'efforça pour sa part de passer sa main dans ses boucles en attendant la réponse de M. Kanshi, histoire de rependre un peu plus de matériel génétique sur le sol. Leur hôte les fit traverser une porte sécurisée d'un badge – un obstacle qui n'en serait pas un, pour eux – avant de s'arrêter dans un espace d'attente minuscule, au pied de l'escalier principal du bâtiment, pour y détailler :
« On parle de deux secondes, maximum. La bête a ensuite disparu dans les ruelles, sans s'approcher davantage de l'agence, de toute façon sous alerte intrusion. »
« Ha oui, votre fameuse alerte intrusion sans intrusion. » ironisa Kam, avachi sur le seul banc de l'espace sous le regard fort fier de son mec. M. Kanshi réprima, pour ce qui semblait être la millième fois, un soupir d'agacement que seul Kam avait visiblement le don de lui tirer et récita son petit discours avec une patience qu'il ne possédait plus :
« Compte-tenu du haut degré de sensibilité des informations retenues à l'agence de renseignement, le protocole veut qu'on enclenche l'alerte intrusion au moindre doute d'une potentielle intrusion. »
« Ça devrait pas s'appeler « alerte pré-intrusion », dans ce cas ? »
« Mieux ! Alerte « peut-être y'aura intrusion » ! » renchéri Kam sur la connerie de Kacchan, avec un fou rire que M. Kanshi ignora.
« L'agence est restée bouclée deux heures avant la levée de l'alerte et l'examen complet de l'ensemble des points d'entrées et de sorties possibles du bâtiment. Aucune… réelle intrusion n'ayant été décelée, nous avons tout de même suivi le protocole et conservé un haut niveau d'alerte six heures supplémentaires, puis nous avons envoyé une équipe de reconnaissance, selon... »
« Selon le protocole. » compléta Izuku avant que Kam puisse le faire et crisper davantage l'agent déjà tendu comme un balai.
Usant de signes discrets, Kacchan signifia à son cher et tendre de bouger son cul, selon son ses termes, pour dégager assez de place à côté de lui pour se poser et étaler sa jambe douloureuse devant lui. En le voyant ébouriffer avec tendresse les mèches platines, un sourire faillit échapper à Izuku, l'obligeant à se rattraper in-extremis :
« Et l'équipe de reconnaissance a relevé quoi que ce soit ? »
« Oui… Et non. On a effectivement relevé des traces là où le loup a été vu, mais c'était des traces de bataille. La tôle d'une des poubelles de la rue a été froissée, comme sous un impact et il y avait des griffures sur le béton, un peu partout. Et quelques traces de sang. »
« Du sang ? Analysable ? » s'enquit Izuku, alors qu'il ravalait un « Merde » qu'il aurait volontiers hurlé.
Orienté son babillage sur la génétique avait été soigneusement pensé pour qu'aborder ce sujet soit tout à faire normal, voir attendu, mais il avait espéré une autre réponse. Ni la pluie, ni la furtivité de l'action n'avaient suffi à effacer totalement les litres de sang des loups, ce qui était décevant à défaut d'être étonnant. Si les équipes de nettoyage avaient récolté de quoi réaliser une analyse, il allait falloir trouver un moyen de récupérer les échantillons avant qu'un lien soit fait avec les dossiers médicaux d'Eijirô ou Kacchan. Mais M. Kanshi secoua négativement la tête, sans réaliser le soulagement du pro-héro en face de lui :
« Impossible. Le peu d'élément que nous avons pu récolter, enfin, ce qui n'avait pas été trop emporté par la pluie, était contaminé. »
« Contaminé ? » releva Izuku. Dans le coin de son regard, Eijirô se retourna vers M. Kanshi avec une attitude pas tout à fait humaine, trop vif dans son mouvement, comme l'intensité avec laquelle Kacchan observait l'agent de surveillance. Heureusement que Kam conservait un silence médusé pour compléter le tableau, évitant d'en rajouter une couche sur leurs comportements étranges.
« Contaminé à l'aide d'une enzyme qui décompose les brins liants d'ADN. Avec ça, impossible de réaliser une analyse ADN complète et fiable. C'est malheureusement assez courant, sur le marché noir et la seule chose que ces prélèvements de sang peuvent nous apprendre, c'est que la personne qui a répandu cette enzyme l'a fait avec une minutie extrême. Et qu'elle dispose de moyens financiers importants, vu le prix qu'un seul litre de ce produit coûte. Je suis navré, mais votre piste sur la mutation génétique ne pourra pas être vérifiée, en tout cas pas avec le matériel dont nous disposons. »
« Je vois… C'était les seuls indices organiques sur place ? »
« Étrangement, oui. On aurait pu croire qu'une bête de cette taille lâche des touffes de poils, même en ne faisant que se déplacer, mais rien. »
Rien n'avait été retrouvé, plutôt. Des touffes de poils, il y avait dû en avoir un paquet vu les plaies profondes qu'Eij et Kacchan avaient ramenés. Impossible qu'ils n'aient pas perdu des poignées entières de poils avec des blessures pareilles, mais si le troisième loup-garou s'était fait chier à revenir sur les lieux pour détruire les traces de sang, pourquoi pas les poils, dans la foulée ? Bizarrement, ça rassurait plus Izuku qu'autre chose, ce soin apporté à maintenir l'anonymat. Il aurait été bien plus facile de les laisser être arrêtés, ce loup semblait donc bel et bien déterminé à les décourager d'attirer toute attention, tout en s'assurant qu'ils ne se feraient pas chopper. Mais pourquoi être aussi violent dans sa prise de contact ?
M. Kanshi l'arracha à ses réflexions en tapotant le dossier dans ses mains, un peu gêné de relancer :
« Vous souhaitez avoir le dossier de l'incident, peut-être ? »
« C'est possible ? Alors oui, avec plaisir ! Je vous l'emprunterais pas longtemps, le temps de le parcourir et tout noter et… »
« Vous en faites pas, nous allons vous fournir un exemplaire photocopié complet. On sait jamais, vous en aurez peut-être besoin pour vos recherches futures. Alors, rien qu'avec ces éléments, est-ce que vous pensez que l'agence était la cible ? »
« Hé bien… Je ne peux pas vous donner une réponse sûre à cent pour cent, mais… Je ne vois pas pourquoi l'agence aurait été le but du loup. Enfin, s'il voulait s'y infiltrer, il aurait dû rester discret tout le long – quelque chose dont il est capable, vu que vos agents ne l'ont aperçu que pendant deux secondes, pas plus. S'il n'était pas capable d'être discret, vous l'auriez vu approcher tout du long.
Après, c'est le sang qui pose soucis… S'il y a eu des traces de sang – même décomposées et rendues inutilisables – ça veut forcément dire qu'il a été blessé, et de manière importante. Est-ce que c'était une blessure « ancienne », en tout cas antérieure à son déplacement dans ce quartier ? Ou est-ce qu'il aurait pu tomber sur un ennemi dans la rue ? Si c'est une blessure ancienne, ça pourrait vouloir dire qu'il passait « simplement » par là, en dépit du fait que ça soit étrange. Mais si on prend le postulat d'un affrontement dans cette rue particulièrement, ça aurait très bien pu être une confrontation entamée exprès pour détourner le loup de son but initial.
Et… On n'arrivera sans doute jamais à déterminer pourquoi le loup était initialement là. Ça se trouve, il se dégourdissait juste les pattes en profitant de la relative discrétion de la nuit. En tout cas, qu'il ne se soit pas approché de l'agence de renseignement, à aucun moment, me fait davantage penser qu'il a simplement « joué de malchance » en se faisant voir par votre agent de sécurité. »
Si ça, ça n'était pas « noyer le poisson », il ne s'appelait plus Izuku Midoriya. M. Kanshi prit une seconde pour assimiler son flot de parole et ses propositions, soigneusement, préférant être certain d'avoir bien analysé la chose :
« Est-ce que vous pensez qu'on risque une nouvelle intrusion ? »
« Franchement, non. Les probabilités penchent plus du côté d'un malheureux accident, qui nous aura au moins permis d'en apprendre un peu plus sur le loup et d'avoir quelques éléments supplémentaires, qu'une vraie attaque contre l'agence. »
Pour amuser Eij derrière lui, de la manière la plus discrète et brève possible, il croisa les doigts dans son dos en répondant avec son ton le plus assuré. L'infime gloussement de Kam ne fut heureusement pas entendu par M. Kanshi, fermement concentré sur la conversation :
« Et la stratégie de contamination des traces ? »
« Aucune idée… Ça pourrait être énormément de chose. Le loup peut-être revenu sur ses pas pour faire un peu de ménage… Ou un complice, un ennemi qui a de bonne raison d'empêcher les services gouvernementaux de faire des avancées sur la traque du loup, un vilain après sa proie et particulièrement maniaque, tout est envisageable… C'est une porte ouverte à plein de possibilité. »
Dont celle d'un autre loup particulièrement attentif à la préservation de l'anonymat, mais celle-ci, Izuku la garda pour lui en laissant M. Kanshi noter quelques mots sur son portable. De manière assez surprenante, la morgue de l'agent de sécurité s'était effacée au fur et à mesure de la discussion, sans doute trop pris dans son travail et l'excitation de discuter d'une situation peu commune. Une évolution qui l'arrangeait, car il lui fut bien plus facile de ressortir le ton innocent et plein d'entrain pour demander, avec juste la dose d'espoir nécessaire pour faire plier le chef de la sécurité :
« Vous permettez qu'on visite rapidement vos locaux ? Rien que les couloirs et salles accessibles sans pass sécurité, bien entendu, on sait que vous exigez des documents et des enquêtes fouillées pour donner ce dernier. Je doute que quelque chose vous ait échappé, mais je trouverais intéressant de voir la disposition des lieux et tenter de faire un lien avec la position du loup, voir s'il visait un endroit en particulier dans le quartier. »
« Si vous souhaitez, mais ça va vous prendre du temps. »
« On peut se séparer, peut-être ? Ainsi on vous dérangera moins longtemps ? » proposa Izuku, sortant son sourire le plus innocent, celui qu'il avait travaillé des heures durant pour faire plisser ses taches de rousseur et pétiller son regard, tout exprès pour plier Kacchan à ses moindres caprices durant leurs années fac. Et redoutablement efficace sur Eij, également. M. Kanshi n'y résista pas davantage, en capitulant dans la seconde :
« Si vous souhaitez. »
« Parfait ! Je prends l'étage, ne vous en déplaise ! » s'écria Kam, incroyable de naturel dans sa montée enthousiaste de l'escalier, comme s'il venait de trouver la meilleure manière d'échapper à une réunion assommante – et non comme s'il suivait à la lettre leur tactique. Leur tactique et son rôle de désigné volontaire pour effectuer les transferts de fichiers informatiques, bien entendu, vu sa débrouillardise sur le sujet.
« Il n'y a rien, là-haut, que des bureaux et des locaux de maintenance informatique. » s'agaça le chef de la sécurité, et Kam renchérit sans s'arrêter :
« Parfait, moins de travail ! »
M. Kanshi se tourna vers Izuku avec l'expression d'un professeur incapable d'accepter que le parent en face de lui laisse son enfant faire la connerie en cours, un mélange de reproche et stupéfaction profonde. Compréhensible, mais hilarant et le vert peina à dissimuler son sourire alors que Kacchan se redressait sous un grognement de douleur.
« Je vais le suivre. Où est votre ascenseur ? »
« Il est en panne. Vous allez devoir prendre l'escalier, navré. » fit mine de compatir M. Kanshi, heureusement tourné vers Kacchan, ce qui lui fit manquer le blêmissement d'Izuku.
Kacchan était supposé faire équipe avec Kam. Mais il ne pourrait jamais enquiller les volées de marches jusqu'à l'étage supérieur, lui qui n'avait pas pu monter dix marches à l'entrée du bâtiment vu l'état de sa jambe. D'ici ce soir, ce serait sans doute suffisamment guéri, grâce à son organisme de loup-garou, pour ne pas poser trop de problème, mais en attendant, ils n'avaient aucune bonne raison pour le forcer à prendre les escaliers avec une jambe en vrac. Surtout vu qu'il n'y avait « rien que des locaux de maintenance informatique » à l'étage et Izuku ouvrit la bouche pour tenter de rattraper l'irrattrapable, quand Eijirô le prit heureusement de vitesse :
« C'est bon, je l'accompagne. » s'avança le roux, tapotant au passage l'épaule de M. Kanshi dans le but d'effacer son air un brin inquiet. « Vous en faites pas, je vais le surveiller. »
La dernière phrase n'était destinée qu'à Izuku et Kacchan, admirablement dissimulée sous la taquinerie, et la subtilité du message se prolongea dans la discussion à bâtons rompus qu'Eij et Kam entamèrent en achevant de monter les marches. De manière parfaitement naturelle, analysa Izuku avec un brin de soulagement, bien plus naturel que l'aboiement que Kacchan lui jeta, agacé au-delà du raisonnable :
« Bon, ben j'te suis, mais t'as pas intérêt de marmonner tout du long ! »
« Oui, Kacchan. »
« Qu'est-ce que vous vous êtes fait, à la jambe ? »
« Un clebs m'a mordu alors que je promenais mon chien. Et votre putain de fouille corporelle a aggravé le truc. »
« Vous avez un chien ? » s'illumina M. Kanshi et avec stupéfaction, Izuku vit cette montagne de froideur et de réserve se dégeler en une seconde quand Kacchan acquiesça.
En un claquement de doigts, le blond fut littéralement entraîné dans une discussion effrénée sur leurs boules de poils respectives, avec sortie de téléphone en prime pour faire admirer les meilleurs portraits des chiens. Il allait sans dire que Prince Carnage, avec sa bouille ébouriffée, battait haut la patte les deux cockers de M. Kanshi, mais Kacchan eut la courtoisie infinie de complimenter le chef de la sécurité sur ses chiens et Izuku fut forcé d'interrompre net les compliments en voyant ceux-ci déraper sur l'alimentation.
« Désolée de t'interrompre, mais on est là pour analyser le bâtiment, pas parler chiens... » s'excusa-t-il en chuchotant, entraînant Kacchan le long du couloir après avoir salué d'un geste du menton M. Kanshi. Son meilleur ami émit un reniflement méprisant :
« Tu dis ça, mais en attendant, t'es fier comme tout quand tu promènes Prince Carnage et qu'on t'arrête pour te complimenter dessus ! »
« Kacchan, je suis toujours très fier de promener la 8eme merveille du monde, mais là, on doit tenter de survivre à cette journée, d'accord ? »
En réponse à sa réprimande codée, Kacchan retint de justesse une remarque acide, qu'Izuku lui aurait pardonné volontiers vu sa blessure et la situation. Pour son côté loup, le stress d'être séparé de Kam et de devoir lâcher prise et confier sa protection à Eijirô pour l'ensemble de leur tentative d'effraction devait être un calvaire à gérer. Un vrai miracle qu'il n'ait pas tout envoyé valser pour monter les marches quatre à quatre en foutant du sang partout. Lui-même aurait été malade d'angoisse devant cet imprévu, si son esprit n'avait pas rationalisé le problème en concluant que le plus important était la répartition d'un loup-garou par duo. Les combinaisons d'alter, c'était gérable.
En attendant de pouvoir débriefer à quatre, ils clopinèrent au rythme de Kacchan à ce niveau du bâtiment, en prenant soin de tenir de longues conversations sur les probabilités de placement du loup dans les rues. De l'invention pure, qui fini par détendre assez Kacchan pour qu'il glisse même une plaisanterie ou deux, au passage. Et bien entendus, ils touchèrent absolument tout ce qui était attrapable et manipulable, dans l'espoir de répandre leur matériel génétique de manière naturelle.
Izuku ne s'attendait pas à trouver grand-chose à cet étage, et ne fut pas déçu. Il s'agissait principalement de l'armurerie, accessible avec un badge bien évidemment, des vestiaires des agents et des sanitaires, groupés sur la gauche du rez-de-chaussé. De l'autre côté, des bureaux et archives, utilisés par un personnel aux horaires très réglementés et définis. L'un des problèmes qu'ils relevèrent, cependant, concernait les fenêtres. Elles étaient reliées à un circuit d'alerte, si Izuku avait bien reconnu le petit éclat de circuit informatique en haut à droite de chaque encadrure. Une seule ouverture non-autorisée et une alerte s'afficherait automatiquement sur l'un des écrans d'affichage, au poste de contrôle.
« Personne passerait pas là. » remarqua Kacchan, lui aussi le nez en l'air pour vérifier les systèmes de sécurité du couloir, et Izuku acquiesça en notant mentalement l'information :
« Non. Et c'est logique comme système d'alarme, ça permet d'avoir une surveillance automatisée des fenêtres au lieu de faire des rondes systématiques… Ça recoupe plutôt bien nos observations, finalement. »
« Izuku... »
« Mmm ? »
« Y'avait des caméras, ici ? »
« Y'a des caméras partout Kacchan, c'est un bâtiment des renseignements intérieurs, évide... » répondit Izuku avec un brin d'agacement, coupé net par les doigts de Kacchan agrippant son menton pour lui tourner de force la tête vers le plafond.
Il lui fallut une poignée de seconde pour comprendre le but de la manœuvre, qu'il aurait loupé si la personne qui avait ôté la caméra prévue à l'angle n'avait pas fait un travail de sagouin, laissant le socle de la caméra encore fixé au platre. Noir du fond blanc, d'une discrétion à toute épreuve.
« Qu'est-ce que... »
« Coupe budgétaire. J'te parie ma paie qu'ils ont gardé que les caméras à côté des entrées. »
« Ce serait trop beau. »
Et pourtant. Ils firent un tour prudent de l'étage, en faisant mine d'observer par les fenêtres la position de l'agence par rapport à là où Kacchan avait été vu sous forme de loup, comparant, notant, analysant à voix haute, jusqu'à revenir lentement mais sûrement au point de départ. Les caméras de surveillance réapparurent à proximité de l'entrée du poste de contrôle, quadrillant seulement deux couloirs. Comme si l'intersection seule en valait la peine, et il entendit nettement le rictus de Kacchan, à demi-dissimulé derrière lui :
« Les bâtards. Avec ça, on a pas le choix. »
Ils allaient devoir passer par l'entrée de service. Celle qui donnait directement sur le poste de commandement et de contrôle, depuis la rue. Ils allaient devoir, en une poignée de seconde, neutraliser les trois gardes – enfin, si Eijirô confirmait qu'ils n'étaient toujours que trois – et les immobiliser sans qu'aucune alarme ne se déclenche. Leur plan initial de s'infiltrer par une fenêtre à un étage, en toute discrétion, et d'utiliser les oreillettes fournies par Sero pour aveugler les caméras était désormais inenvisageable en raison du système d'alarme desdites fenêtres, qu'ils ne sauraient tout bonnement pas désactiver depuis l'extérieur.
« Une vraie partie de plaisir. Faut laisser nos empreintes sur la porte de service, donc. »
« Devant les trois gardes ? Là, je vois pas comment faire ça sans attirer de soupçons. »
« Je m'en charge. » siffla Kacchan en le poussant du bout des doigts au creux des reins comme pour le faire avancer.
En réalité, il y signait à même son t-shirt un « Attends un peu avant de me rejoindre. » d'une rapidité que seule son expérience rendait possible. Avec une discrétion à toute épreuve, le blond coupa ses appareils auditifs en faisant mine de les réajuster, et lança un sonore « Il reste plus qu'à vérifier ta salle et on peut y aller ! » par-dessus son épaule en dépassant Izuku, alors qu'il entrait dans le couloir menant au hall d'entrée. À l'oreille, Izuku suivit son entrée claudicante dans le poste de contrôle, où il salua à nouveau les gardes bien trop fort, avant d'annoncer qu'il vérifiait juste la porte sur la droite. Bien évidemment, Kacchan étant Kacchan, il n'attendit pas la réponse du garde pour se diriger droit vers la porte de service. Enfin droit, en boitillant et en zig-zag, ignorant le « Monsieur, c'est la porte de service ! » que lui lança le garde, à peine prit-il le temps de s'écrier, presque confus :
« Hein ? »
« C'est la porte de service, vous ne pouvez pas passer par là ! » répéta un ton plus haut le garde, à deux doigts de crier en retour, et Izuku se faufila à son tour dans la pièce, faussement confus :
« Pardon ! Il est malentendant, il y a sans doute un problème avec ses appareils ! Kacchan, tes appareils ! » lança-t-il à l'attention de son meilleur ami.
Il le savait capable de lire sur ses lèvres même lorsqu'il murmurait, et lors d'une mission, ils avaient dû communiquer en silence dans le noir, entravés, où Kacchan avait réussi l'exploit de le comprendre rien qu'en sentant ses lèvres sur son poignet. Alors le voir écarquiller les yeux comme s'il ne comprenait pas, avec son plus beau numéro d'incompréhension stupide, était particulièrement savoureux :
« Quoi ?! » gueula plus fort encore le blond, toujours la main sur la poignée et Izuku saisit l'occasion pour se précipiter et la lui ôter de là. Tout en déposant au passage assez de ses propres empreintes sur le panneau de fer pour assurer leurs arrières. Signant avec un peu trop d'ampleur, histoire d'accentuer les gestes pour les gardes, il expliqua à voix haute en réfrénant comme il pouvait un fou rire – pure nervosité, bien entendu :
« C'est la porte de service, tu ne peux pas l'ouvrir sans badge de sécurité ! Tes appareils doivent être éteints, je pense... »
« Putain ! » conclut Kacchan, ôtant ses appareils pour y réaliser une vérification aussi minutieuse que factice.
Le bordel qu'il avait provoqué, aussi maîtrisé soit-il, fit apparaître presque comme par magie M. Kanshi, surgit de l'intérieur du bâtiment avec un froncement de sourcils dubitatif devant la scène. Obligé de jouer le jeu jusqu'au bout et puisque Kacchan s'occupait de ses appareils soi-disant en panne, Izuku se porta à sa rencontre avec un sourire serein et un rythme cardiaque affolé :
« Ha, M. Kanshi ! J'ai beau avoir fait le tour du rez-de-chaussée, aucun indice supplémentaire ! Il me manquait juste cette salle à examiner, par acquit de conscience, mais vos agents nous ont informé que c'était juste la porte de service ! »
« En effet. »
« J'imagine que vous la surveillez aussi de l'extérieur ? »
« Bien sûr, l'écran de monitoring est ici. Il y a deux caméras, pointées à chaque extrémité de la rue. Vous pensez que le loup peut tenter de s'infiltrer par ici ? »
« C'était une de mes hypothèses, mais je n'avais pas bien en tête la disposition du bâtiment et maintenant que j'en ai fait le tour, ça semble improbable. Pas du tout la bonne direction. Et bien trop surveillée. »
« C'est vrai. Après le tour de l'agence, vous avez des nouvelles idées ? »
« Aucune. Je reste sur mon hypothèse d'un malheureux accident, mais qui a donné l'occasion à vos équipes de l'apercevoir. Je vais sans doute passer les jours suivants à arpenter le quartier, en cercles concentriques à partir de l'endroit où votre agent l'a vu pour tenter de ratisser la zone. Vous risquez de me voir passer une paire de fois. »
« De nous voir passer, parce que t'es pas foutu de faire ça tout seul. » rectifia Kacchan, renfonçant avec rage un de ses appareils dans son oreille, tirant une esquisse de sourire à M. Kanshi.
« Si vous avez besoin d'une pause, durant vos rondes, n'hésitez pas à passer. Notre café n'est pas terrible, mais il y en a souvent, et en quantité. Tenez, votre dossier de l'incident, j'ai pris la liberté d'y inclure le témoignage de notre agent de sécurité et, avec son accord, son numéro de téléphone, si vous souhaitez le contacter pour l'interroger plus amplement. »
« Oh merci ! C'est vraiment généreux de votre part ! J'essaierais de ne pas abuser de sa gentillesse, promis. Et je vous remercie encore une fois d'avoir accepté que je fasse le tour du propriétaire. On récupère nos hommes et on vous laisse travailler, promis. »
« Ils ne devraient pas tarder. » s'amusa M. Kanshi, si sûr de lui qu'Izuku jeta coup d'œil vers les écrans de surveillance, certain d'y retrouver les silhouettes de son homme et son meilleur ami. Bien qu'il ne soit pas un expert, il aurait pu jurer qu'aucun des deux n'y était, et il se retourna vers M. Kanshi avec un froncement de sourcil interrogatif :
« Pas besoin, on les entend déjà. »
Le chef de la sécurité n'avait pas achevé sa phrase qu'un éclair passa dans le couloir de l'agence dans son dos, suivit d'un clignotement dans les règles de l'art des plafonniers et abats-jours dans la pièce. Avec stupéfaction, Izuku vit apparaître dans l'encadrure de porte son fiancé, aux mèches ébouriffées par l'électricité statique en un spectacle étonnant vu leurs longueurs, qui ramena par le col un Kaminari excédé. Lequel était encore plus ébouriffé qu'Eij, à un stade qui transformait ses cheveux en un halo duveteux où son éclair sombre s'estompait en raison de la finesse des mèches chargées d'électricité et agitées par son énervement :
« J'en ai ras la casquette de vos installations gouvernementales aux fraises ! Vous êtes pas foutu d'installer une prise de terre correcte ! »
« Kam a eu quelques… soucis, dans la salle des serveurs. » informa bien inutilement Eijirô, alors que Kaminari se dégageait en se tortillant, répandant une salve d'étincelle dans la pièce pour la plus grande consternation des gardes.
« J'ai pas eu « quelques soucis », j'ai simplement ramassé toute l'électricité qui traînait parce que vos électriciens savent pas faire de circuits fermés correctement ! Je produirais des éclairs spontanément, si j'y restais plus de dix minutes, dans votre putain de salle. »
« Toutes nos excuses… On… On en informera nos techniciens. » tenta M. Kanshi, et si Kacchan avait réussi l'impossible en le dégelant avec Prince Carnage, la gueule de Kam réalisa un miracle en obligeant le pauvre homme à retenir un fou rire. Guère aidé par l'air mauvais que ça amena sur le visage du platine. S'excusant platement, Izuku prit congés pour eux, laissant Eijirô escorter Kam à l'extérieur en essayant de ne pas trop le toucher, Kacchan sur les talons et il clôtura la marche en emportant soigneusement le dossier remit par la sécurité sous son bras.
Le hall lui parut encore plus large et plus froid que lors de son précédent passage, habillé de ses doutes et angoisses pour leur soirée à venir. Mentalement, il calcula la distance qui séparait l'entrée du poste de contrôle du sas de sécurité, situé à l'extérieur du bâtiment, essaya vainement de déduire le niveau sonore qu'il leur faudrait maintenir pour éviter de se faire entendre et se rabroua de lui-même. Le moins de bruit possible, bien entendu. Qu'importe qu'ils se fassent entendre ou non, plus ils seraient silencieux, plus Eijirô serait à même de capter une éventuelle menace en approche. Bien que faire en sorte d'appuyer Kacchan contre le mur permettrait peut-être de compenser, avec sa sensibilité tactile ?
Tout à ses projections, il faillit rentrer dans ledit Kacchan, immobile en haut des marches et louvoya juste à temps pour éviter la catastrophe. Heureusement, Eijirô rétablit son équilibre avec douceur en le rattrapant délicatement par le poignet, dans un contact dont il savoura la douceur trop brève à son goût. Kam fit un volte-face, au bas des marches, qui souligna le côté effervescent de sa coiffure en pique dans le mouvement alors qu'il demandait à Kacchan :
« Tu veux que je t'aide ? »
« Pour que mes cheveux ressemblent à ta crinière, non merci ! Eij, un coup de main. » ordonna Kacchan, manquant l'indignité formelle dans le regard de son homme.
Sans broncher, Eijirô dédia un clin d'œil à Kam et le vengea dans la foulée, en saisissant le blond sous les genoux malgré son hurlement de rage de se voir transporter en mariée. Pour faire bonne mesure, il ne le reposa pas immédiatement par terre une fois les quelques marches descendues, continuant jusqu'au parking adjacent et réservé à l'agence, en supportant stoïquement les injures particulièrement bien choisies dont l'agonie son meilleur ami.
« Je devrais faire en sorte qu'il se blesse plus souvent, si ça me vaut un truc pareil ! » s'amusa Kam, si amusé qu'Izuku lui fila un coup d'épaule pour le taquiner et se prit une châtaigne à peine son t-shirt avait-il touché celui de Kam. Pas bien méchante, mais assez forte pour que ses yeux s'humectent sous la douleur et la surprise.
« Oh pardon ! J'aurais dû te prévenir, excuse-moi ! Ça va ? »
« Disons que j'ai connu plus agréable. » grimaça Izuku en se frottant le bras pour faire partir la sensation d'engourdissement. Il aurait dû le voir venir, mais le rictus de Kam était bien trop ravi pour qu'il ait le cœur de protester, quand celui-ci pouffa :
« Oui, ça me dit quelque chose, ça… Un truc à voir avec un gémissement, et toi entre mes cuisses, non ? »
Il résista de peu à l'envie de lui renvoyer un coup d'épaule, principalement dans le but de cacher le rougissement en train de lui monter aux joues et fut plus que ravi d'atteindre enfin la voiture, sous le gloussement de rire de son meilleur ami. Vu l'expression énervée de Kacchan, on aurait pu croire qu'il venait de se faire jeter à travers les airs au lieu d'être déposé délicatement comme Eijirô l'avait fait, ce dont le roux ne s'offusquait pas le moins du monde. Avec un sacré relent de loup, dans la façon dont il tendit un peu le cou vers Izuku sans même contrôler l'inspiration qu'il prenait, le roux désigna le fou rire de Kam d'un haussement de sourcils :
« Mmm ? »
« Rien qu'un commentaire inopportun de Kam, t'inquiète. »
« À propos de truc inopportun, qu'est-ce que vous foutiez au poste de contrôle, on était pas censés se retrouver au pied des escaliers ? »
« Si, mais il a fallu qu'on check la porte de service. Et d'ailleurs, on peut tous remercier Kacchan pour son talent d'acteur ! » ajouta-t-il en se portant automatiquement vers la portière arrière, qu'il s'apprêtait à ouvrir avant de se rappeler que le véhicule était toujours verrouillé – et Kam, pas prêt à sortir la clé vu l'exclamation qu'il lâcha :
« La porte de service ? »
Rien qu'à son ton alarmé, il était clair qu'il avait fait le lien entre leur idée initiale de passer par la fenêtre et un subit changement de plan, qu'il tenta de vérifier en jetant un coup d'œil à Izuku.
« Tu poses trop de question pour quelqu'un qui met autant de temps à sortir une simple clé ! Grouille ! » lui jappa Eijirô par-dessus le toit, sa place d'ores et déjà sur le siège avant.
Une manière fort subtile de rappeler qu'en dehors de l'espace insonorisée de la voiture, oser poser autre chose qu'une question large était un risque inutile au possible. Déverrouillant d'un simple bip, Kam se glissa derrière le volant en dissuadant Kacchan de faire la moindre demande de conduite d'un simple regard noir. Il attendit qu'Eijirô ait ôté toutes les batteries de leurs portables, pour garantir qu'aucun micro ne les entendrait, et que chacun ait soigneusement refermé sa portière, ce qui prit quelques secondes supplémentaires pour Kacchan vu sa jambe, avant de soupirer :
« J'ai les nerfs en compote ! Plus jamais je fais ça, Midobro, tu m'entends ? La prochaine fois que ces deux-là ont le moindre truc, on deal avec jusqu'à la fin de nos jours et advienne que pourra ! »
« Même si on se retrouve avec deux têtes ? » tenta Kacchan, amusé malgré lui.
Il glissa ses mains sur les épaules de son homme par-dessus son siège, sans s'offusquer que ses mèches s'ébouriffent au fur et à mesure que l'électricité statique de Kam se transmettait à sa peau, devenant une vraie explosion capillaire. La douceur dans son expression, lorsqu'il sentit une partie de la tension de son homme s'évanouir sous ses doigts, fit sourire Eijirô qui les observait à la dérobée dans le rétro. Et apaisa assez Kam pour que son acidité redevienne taquine, lorsqu'il démarra :
« Bon je ferais peut-être une exception si c'est deux têtes, je supporterais pas une double ration de ta grande gueule. »
« Hey ! »
« Ça, c'était pour avoir refusé que je te porte ! »
« Kam, tu es en train de le charger en électricité, arrête. »
« Les taquineries, ou mon alter ? »
« Les deux. » clôtura Eijirô d'un simple claquement de mâchoire, plus étirement que reproche. « Ça me hérisse le poil aussi, et ça donne au loup la sensation d'un danger permanent, alors qu'on a réussi parfaitement ! »
« Vous avez pu faire tout le tour et repérer les lieux ? »
« Oui chef ! D'ailleurs, bonne nouvelle, il n'y a pas de caméra à l'étage ! Ils ont seulement dû en laisser en bas, à proximité des entrées, et la mauvaise nouvelle pour aller avec ça, c'est que... »
« Y'a un système d'alarme sur les fenêtres, on sait. » coupa Kacchan, ses doigts se faufilant sur la nuque de Kam qui s'enfonça un peu plus dans son siège, sous la sensation de chaleur dans la paume de son homme. « Pourquoi tu crois qu'on a dû se rabattre sur la porte de service ? »
« Pas l'idéal... » songea Eijirô à voix haute. Dans l'instant de silence qui suivit, Kam se mit à pianoter sur le volant, aussi perdu dans ses pensées que Kacchan et lui-même, jusqu'à ce qu'Eij relance, d'une simple remarque qui se voulait rassurante :
« Au moins, on peut se rassurer : je n'ai senti que cinq odeurs corporelles différentes, dans le poste de contrôle, dont celle de M. Kanshi. On peut logiquement en déduire qu'il y a maximum quatre gardes présents au même moment, ça reste une équipe restreinte. Kat, tu confirmes ? »
« Yep. Par contre, c'est pas super insonorisé, je ressentais le pas des agents administratifs juste au-dessus, dans le mur. Faudra pas faire trop de bruit, mais vu qu'on fait ça la nuit, à part les agents de sécurité, y'aura personne dans l'agence. Juste… Ne pas alerter le portique de sécurité à l'extérieur. »
« On fera avec ! » glissa Kam, un peu trop vif – l'effet du feu rouge particulièrement long qu'ils se tapaient, sans doute. « Et on a de la chance : leurs radios ne sont pas allumées en permanence. Il doit y avoir trop de monde pour que ça soit envisageable, et à moins qu'un des agents signale expressément quelque chose, on devrait pas avoir de problème. Normalement. »
« Normalement, aucun problème pour l'infraction dans les règles de l'art qui nous enverrait en cours martial. Un vrai jeu d'enfant. » ironisa Izuku, l'envie irrationnelle de se nicher dans les bras d'Eijirô pour y inspirer son odeur de framboise lui bloquant la respiration un instant.
À dire vrai, l'envie s'étendait davantage, jusqu'à englober le désir désespéré que tout ça ne leur soit jamais arrivé, mais il se contenta de se pencher chez l'avant, d'appuyer son front contre le dossier d'Eij pour juguler l'angoisse. Ravi de sentir son homme se contorsionner pour arriver à glisser sa main dans ses boucles, y enrouler ses doigts dans un geste machinal. Amusé, il nota au passage que lui et Kacchan avaient eu ce même réflexe de se rapprocher de leurs hommes, et réalisa dans la foulée qu'ils avaient plus ou moins le même type de mec, des personnes capables de rassurer même dans les pires situations.
Ça, ou un goût prononcé pour les coiffures improbables.
« C'est réellement la salle des serveurs qui t'a fait cet effet-là ? » glissa Izuku à l'attention de Kam, sans décoller la tête du siège d'Eij et dans une position parfaite pour contempler le champ d'électricité statique qu'était devenues les mèches de Kam. Un vrai pissenlit. « Mais… ça va aller, pour ce soir ? »
« Midobro, tu vas finir par me vexer un jour, je te jure ! »
« Mais quoi ? »
« Rien, Kam est un génie, c'est tout. » répondit Eijirô, plus sibyllin encore que le platine à qui il dédia un sourire admirateur et sur les sièges arrières, Izuku échangea un regard perdu avec Kacchan. Lequel se dévoua pour demander « Ça, on sait, mais encore ? », à l'instant où l'esprit d'Izuku lui présentait naturellement la conclusion logique – et brillante, irrémédiablement brillante :
« C'était du chiqué ! »
« Gagné. J'ai joué les piles électriques défaillantes exprès. Pour des gens censés s'occuper d'installations électriques dernier cris, ils s'y connaissent remarquablement peu. Et tu sais ce que ça m'a apporté ? »
« La satisfaction de voir la gueule ébouriffée de Boule de Poil ? » proposa Kacchan, mort de rire, à qui Eij adressa un grondement amusé, aussi faussement agacé que la comédie que Kam joua en haussant les épaules, fataliste :
« Pas aussi bien, hélas, mais j'ai réussi à leur bousiller l'alarme. »
« Impossible. C'est doté d'un système de sécurité qui alerte dès qu'il y a un dysfonctionnement, si jamais tu avais réussi à désactiver l'alarme, on aurait eu un avertissement en direct au niveau du centre de contrôle. » analysa Izuku, perplexe de voir le sourire s'agrandir un peu plus dans le rétro central au fur et à mesure de son explication, pourtant véridique de bout en bout.
« Izuku, mieux : j'ai déréglé le capteur sensoriel de leur alarme. Ce truc est fixé au niveau de la porte et conçu pour enregistrer chaque ouverture de la porte, avec la pression. Je pense que ça doit être relié au registre de l'ordinateur central, et qu'à chaque fois que quelqu'un entre, ça l'indique. Comme ça, ça permet de faire le lien avec les vidéos de surveillance. Enfin, dans la théorie, parce qu'avec la décharge que je lui ai balancée, au capteur, il ne captera plus jamais rien. En fait, il faudrait qu'un éléphant lui tombe pile dessus pour qu'il arrive à enregistrer une variation de poids. Et comme le technicien présent m'a confirmé qu'aucune maintenance n'était prévue avant la semaine prochaine, pas de vérification du capteur. Ils verront même pas qu'on sera rentré sur leur registre à la con. » conclut Kam, se délectant de sa démonstration avec un sourire qui rendait un peu de luminosité au ciel gris, rien que par sa présence.
Il y eut un silence absurde d'admiration, entre Kacchan toujours occupé à détendre les épaules de son homme, Eijirô qui s'enorgueillit visiblement d'avoir participé à ce plan génial et Izuku proprement soufflé de l'improbable culot dudit plan, sans parler de sa réalisation parfaite. Et Kam rayonnant, littéralement, en s'engageant sur une artère un peu plus large, où il parcourut trente bons mètres avant qu'Izuku chuchote, estomaqué :
« … Tu es un génie. »
« N'est-ce pas ? »
C'est parti ^^ !
(MERCIII !)
Omiya : Coucouu ^^ ! OUAIS j'avoue, la HONTE que je vous ai fait attendre deux jours de plus (POUR DU CUL EN PLUS), déshonneur sur moi pour dix générations XD. Vous me faites toujours rire avec Tanuki à vous prévenir mutuellement, c'est si chou XD.
Rhoo, comment t'as pu lire tranquille, le plaid, le chat, le canapé, j'espère que tu avais un thé et genre une petite pâtisserie pour compléter XD ! « Ok ils vont niquer, mais on en est ou ? » j'ai hurlé de rire comment ça résume bien l'affaire XD.
OH MERCI ! J'avais TELLEMENT peur de ce plan à 4, tellement peur, c'est un vrai soulagement que ça soit réussi ! Merciii ^^ ! Ouais, le Izuku/Kat… ba comme toujours, ça se sent que c'est un peu mon couple préféré, voila XD. Je suis tout sauf objective XD. Je suis refaite que t'ai autant apprécié, ça fait tellement plaisir ^^ ! Alors le plan à 4 en lingerie, franc, j'ai calé ça comme une blague et c'est une fois que j'ai posté que mon cerveau était là « Mais attends… C'est une idée de génie, ça... » donc, bah peut-être qu'un jour j'en ferais un bonus XD. (ma liste de truc à écrire n'est pas assez grande, faut croire T-T). Le sac à puce était TRES fun à écrire, je reconnais XD.
Deux ans aussi que j'attendais ce plan à 4, merde T-T. C'est ça que de vouloir mettre du contexte, on se retrouve avec une fic longue comme la tour Eiffel, juste pour du cul monsterfucker à la base T-T. Dépitée je suis. Non, sérieusement, merci de continuer à me lire après tout ce temps, c'est un honneur ^^.
Bien cheffe, de la lecture de qualité cheffe XD ! J'ai déjà commencé à plancher sur le Kinktober, j'pense qu'il sera fun ^^. En tout cas je croise les doigts XD. Merci à toi, merci merci ! J'espère que ce chapitre te plaira aussi ^^ !
Akane29 : Hey ^^ ! Merci beaucouuup ! C'est adorable de ta part ^^ ! Je trouve ça bien normal de vous répondre, c'est déjà gentil de prendre du temps pour me laisser un message, le minimum c'est que je réponde ! Et puis c'est la partie la plus fun ^^ !
Merci encore, j'espère que ce chapitre t'aura plus aussi ^^ !
Boa marron : Hola ^^ ! Comment tu m'as RÉ-GA-LÉ en me claquant trois reviews comme ça O_o ! MERCI INFINIMENT ! Je vais répondre à toutes (en utilisant les nombres de chap fanfic, pour s'y retrouver), parce que c'est tellement adorable et gentil d'avoir fait ça, vraiment ! Merci !
Chap 18 : Franc, t'excuses pas de pas avoir fait de review, je trouve ça toujours incroyable qu'on prenne du temps pour m'en laisser alors je le prends jamais comme un acquis, y'a pas à s'excuser ^^. Héhéhé je suis heureuse que leur synergie et leur dynamique plaise ^^ !
Je m'étais tellement éclatée à écrire cette scène d'action et ce vilain en PLS du manque de respect d'Izuku XD. Respecte mon autorité XDDD ! J'ai hurlé de rire, c'était exactement ça XD. J'avais super envie de montrer une mission et de creuser un peu tout l'aspect de surveillance d'activité et d'écoute gouvernementale, donc ça été un pur plaisir et je suis RAVIE que ça t'ai plu aussi ^^ ! Le respect pour le méchant a été piétiné de long, en large et en travers XD. Rien que ça XD. Kam est chou par essence, on est d'accord XD.
EVIDEMMENT je veux connaître tes théories, je VEUX SAVOIR ! Et c'est d'autant plus le moment qu'on approche de la fin, DONC JE VEUX SAVOIR XD !
Chap 19 : EL FAMOSO plan à 4 XD ! On l'aura attendu putain ! (Deux ans… Deux. Ans….)
Haaa j'aime beaucoup tes théories et questions sur ce fameux loup XD ! J'ai hâte de lire tout ça ^^ ! Je dirais rien pour les alters et la maîtrise, dans un sens comme dans l'autre, pour éviter tout spoil ^^.
AHAHAHAHA tes vannes, mais tes vannes sur leur alter et le plan à 4, j'ai hurlé de rire, c'est si parfait ! On pourrait en faire des stickers XD. Izuku est numéro un XDD.
Chap 20 : OUF, le plan à 4 était correct ! T'imagines pas le stress que ça a été, donc savoir que c'est qualifié de « pièce montée », ça me fait m'effondrer de soulagement ! Merci infiniment !
… C'est vrai que j'aurais pu justifier ainsi, en explicitant qu'ils avaient bien mieux à faire avec leur bouche que de parler XD. J'y ai pas pensé (une honte). J'ai essayé de pas perdre de vue lesdits objectifs du chapitre, je trouve que c'est peut-être un peu trop light encore, mais bon, je ferais mieux à l'avenir ! Ooooh merci pour le côté sourd, j'ai toujours peu que ça saoule les gens donc ça fait plaisir que ça soit apprécié ^^ !
Merci INFINIMENT pour tes reviews, merci merci merci ! Au plaisir de te relire et en espérant que ce chapitre ait été aussi à ton goût, en dépité de sa densité ! (Et je veux tes théories, par pitié!)
Milie : Oh que ça me fait plaisir de te relire ! J'avais peur que ça n'aille pas trop de ton côté, donc je suis bien heureuse de te retrouver ici ^^ !
Et ravie que la fanfic continue de te plaire ! Ouiii, ça fait plaisir que leur côté choupichou et tout doux entre eux t'ait plu ^^ ! J'aime les écrire aussi doux les un envers les autres, donc c'est cool si c'est partagé ^^ ! Et surtout, que leur dynamique marche, c'est pas le plus simple à écrire avec quatre personnages (faut qu'ils s'entendent bien à 4 mais aussi deux par deux et en trio et QC'EST UNE HORREUR à coordonner XD) donc OUF que ça marche ^^ !
Aaaw t'es chou pour le kinktober, merci ! J'ai déjà commencé à plancher dessus, j'ai bon espoir que ça rende bien XD ! Au moins aussi fun que l'année passée XD ! Merci beaucoup pour ta review ! Je croise les doigts que ce chapitre-ci t'ai plu (et que toi et ton petit allez bien, aussi ^^ ) et au plaisir de te relire ^^ !
