[Note de la traductrice: Hello !
Oui, je suis toujours en vie. Oui, cela m'a pris un temps scandaleusement long pour traduire ce nouveau chapitre... Oui, j'ai toujours l'intention de finir cette traduction. Non, je ne peux pas dire à quelle fréquence je posterai la suite, je préfère être honnête et ne pas donner de faux-espoirs... Toutes mes excuses pour cette attente interminable, et un immense merci pour vos feedbacks positifs. A ce sujet, sachez que l'autrice Julie Soto (aka Lovesbitca8) est maintenant une autrice publiée! Son premier roman 'Forget me not' a fait un carton dans le monde anglo-saxon et son deuxième livre est attendu pour cet été. Pas de traduction française en vue pour l'heure...
Bonne lecture.]
Chapitre 28
Hermione regrettait d'avoir défait Le Mur.
Elle avait enfin pris le temps, juste avant Noël, de faire disparaître tous les mots griffonnés, donc sa chambre était à nouveau une toile vierge.
Mais en cet instant, elle donnerait beaucoup pour récupérer sa frise chronologique.
Draco était venu chez Cornerstone avec le portfolio du projet loups-garous le premier week-end de décembre, mais avant cela, ils ne s'étaient pas parlé depuis près de deux semaines - depuis l'incident avec Marcus Flint.
Hermione fronça les sourcils devant son mur vide. Quelque chose avait dû changer à ce moment-là. Quelque chose avait dû mal tourner pour qu'il sacrifie sa fierté et revienne vers elle. Il avait librement admis qu'il était venu à Cornerstone pour lui demander une faveur.
Elle ne voyait pas d'inconvénient à lui rendre service. Mais être utilisée à des fins de publicités manipulatrices, c'était une autre histoire.
Quelque chose la titillait…. Il avait dû se passer quelque chose avec Noelle et son père. Et quoi que ce fût, cela s'était produit avant que Draco ne demande à Hermione d'écrire à Quentin Margolis et avant qu'il n'ait commencé à utiliser son nom pour attirer des employés et des clients.
Hermione se mordit l'intérieur de la joue. Draco avait été on-ne-peut-plus-clair sur le fait qu'elle ne devait pas contacter Noelle….
Alors, trente minutes plus tard, une lettre pour Noelle en partance par hibou, elle s'assit sur le bord de son lit, ôta ses talons d'un coup de pied et retira sa veste. Hermione fouilla dans son sac pour examiner le dossier que Walter lui avait remis ce jour-là.
Hermione avait découvert avec plaisir que Walter était délicieusement intuitif. Il était venu toquer à sa porte cette après-midi là et, la trouvant assise à son bureau la tête entre ses mains, lui avait apporté tous les courriers de fans et lettres d'amour qu'elle avait reçu depuis le début de la semaine.
"Chaque fois que ma femme passe une mauvaise semaine, je rassemble les poèmes ridicules que je lui ai écrits à Poudlard et tous ses résultats aux A.S.P.I.C. ", dit-il en haussant les épaules.
Hermione rit. "Des poèmes ?"
"Oui, pendant les cours de professeur Binns."
"Tout s'explique."
Il avait aussi apporté le dossier sur les vivets dorés sur lequel il travaillait avant de s'excuser pour la laisser lire la pile de courrier.
De jeunes femmes d'affaires lui écrivaient pour lui demander conseil et la remercier d'avoir ouvert la voie. D'anciens combattants lui envoyaient des lettres d'encouragement et d'éloges. Et il y avait également une lettre d'une fille de treize ans à Ilvermorny. Elle voulait les conseils d'Hermione sur un Niffleur qu'elle avait trouvé dans la salle des trophées et qu'elle voulait garder comme animal de compagnie. Elle avait également terminé sa lettre en demandant l'avis d'Hermione sur la façon de réagir aux taquineries de ses camarades de classe.
En rentant chez elle à la fin de la journée, Hermione était plus au clair sur ses sentiments et sur sa situation.
Elle n'allait pas démissionner. Non seulement ce serait un suicide professionnel à ce stade mais en plus elle aimait son travail chez M.C.G. Les possibilités données par son poste la grisaient. Mais elle allait faire savoir à Draco qu'elle savait ce qui se passait, et qu'elle n'appréciait pas.
Et elle le ferait calmement.
Du moins, elle l'espérait.
/
À dix heures le jeudi matin, elle était préparée à parler à Draco. Elle serait directe, concise et honnête.
Elle marcha jusqu'à son bureau et trouva porte close. Elle était rarement fermée, il devait donc être en réunion. Alors qu'elle s'approchait pour demander à son assistante quand elle pensait qu'il serait libre, la porte s'ouvrit.
Pansy sortit du bureau. Hermione cligna des yeux, confuse. Pansy lui sourit.
"Hermione, ma chérie !" Elle l'observa de la tête aux pieds, jaugeant sa tenue du jour. "Merveilleux, j'allais justement venir te voir."
Hermione sourit et répondit poliment, tout en étant distraite par le fait que Draco avait une réunion à huis clos avec Pansy. Draco apparut à la porte, enfilant sa veste.
Il croisa son regard. L'espace d'un instant, elle avait de nouveau quinze ans, surprenant Draco et Pansy disparaître derrière une tapisserie alors qu'elle revenait de la bibliothèque.
Elle secoua la tête pour chasser cette image clairement injustifiée. Pansy était impeccable, pas une mèche de cheveux de travers et son rouge à lèvres parfaitement en place. Ce n'est pas parce que Draco remettait sa veste qu'ils venaient de…
"Est-ce que tu avais besoin de moi ?" lui demanda Draco, son regard transperçant. Elle faillit éclater de rire devant le double sens involontaire.
"Je, euh – Non, pas si tu es sur le point de partir."
"C'est le cas." Il vérifia l'heure à sa montre. "J'ai une réunion suivie d'une autre réunion. Euh, d'ailleurs si tu es disponible pour déjeuner, mon client aimerait te rencontrer." Il poussa une mèche blonde de son visage et attrapa un dossier que lui tendait son assistant. "Un des vendeurs d'Honeydukes les poursuit en justice et il fait partie de tes fans." Il commença à feuilleter le dossier dans ses mains.
Elle fronça les sourcils. Et bien, si ce n'était pas l'illustration parfaite du problème…
"Non. Je ne suis pas disponible." Sa voix était un peu ferme. Elle s'en rendit compte à la façon dont le sourcil de Pansy tressauta.
"D'accord." Il l'étudia en silence un instant avant de s'excuser et de se diriger vers les ascenseurs.
Pansy se tourna vers elle. "Il faut qu'on parle de Sorcière Hebdo ! Ils seront là lundi pour une séance photos et une interview." Pansy croisa son bras avec le sien, comme si elles étaient de vieilles amies.
"Oui, parlons-en. J'aimerais bien ne pas être en vert cette fois-ci." répondit Hermione en lui lançant un regard en coin.
Pansy haussa les sourcils. "Vraiment ?" Elle lui fit un sourire narquois. "En rouge Gryffondor alors ?"
"Pas de vert Serpentard, c'est tout ce que je demande." Hermione lui rendit son sourire en coin.
/
Le vendredi, elle fit une réunion avec Corban pour parler du projet loups-garous. Il y avait encore beaucoup à faire, même sans Quentin Margolis et la Meute de la Forêt du Nord, mais le fait de ne pas avoir leur appui avait quelque peu retardé les choses.
Corban l'aida à esquisser les aspects juridiques des mois suivants, et ils travaillèrent ensemble sur le discours d'ouverture pour le premier jour au Magenmagot en mars. Corban était en train de lui raconter une histoire sur l'audience la plus bizarre à laquelle il ait jamais assisté quand Draco vint toquer à sa porte.
Elle leva la tête vers lui, souriant encore de l'histoire de Corban. Le regard de Draco alternait entre lui et elle.
"Hartford." dit-il en faisant un signe de tête en direction de Corban.
"Bonjour, M. Malfoy." La voix de Corban était encore enjouée du récit qu'il venait de faire.
"Que donne ce discours ?"
"Il est presque prêt, je vous l'enverrai pour relecture."
"Parfait." Draco tourna son regard vers elle, la mâchoire serrée. "Granger, un certain M. Townsend est très intéressé par le projet de loi sur les loups-garous." Il baissa les yeux sur la lettre qu'il tenait. "Il veut dîner avec nous la semaine prochaine pour discuter d'un soutien financier."
Il s'avança jusqu'à son bureau et elle prit la lettre pour la lire à son tour. "Oh, c'est merveilleux."
"Mardi à dix-neuf heures" dit Malfoy. Il posa à nouveau son regard sur Corban puis sur elle, et partit.
Hermione était trop occupée à lire la lettre pour faire attention à ce qu'il disait. Ce n'est qu'une fois qu'elle eut absorbé ses paroles qu'elle réalisa. Madame Michele !
"Oh, je –" Mais il avait déjà quitté la pièce. "Excuse-moi un instant," dit-elle à Corban, avant de se lever précipitamment pour rattraper Draco.
"Malfoy." Elle s'arrêta devant la porte, la main posée sur le cadre. Il se retourna. "Je - je ne suis pas disponible mardi soir." Il la dévisagea et elle devint nerveuse. "J'ai … J'ai déjà quelque chose de prévu."
"Tu ne peux pas le reporter ?" Son regard était droit mais inquisiteur.
"Non, c'est impossible." Elle détourna les yeux en direction de la porte, cherchant une excuse valable. "Euh… c'est … j'ai un…"
Elle tourna la tête vers lui et il semblait qu'il avait suivi son regard quand elle l'avait détourné de lui. Le regard de Draco semblait transpercer le mur à côté d'elle en direction de Corban qui l'attendait patiemment, assis à son bureau, avant de revenir sur elle, l'air sombre.
Il avança vers elle. "Si tu reportes ce rendez-vous très important pour quelque chose de non essentiel, je vais remettre en question tes priorités Granger," murmura-t-il. Ils étaient à deux pas de Walter et de quelques autres employés. Il s'arrêta devant elle. "Je serais déçu d'apprendre qu'un simple rendez-vous galant passe avant ton projet de loi."
Elle cligna des yeux. Un rendez-vous galant ? Avec Corban ? Il était loin du compte…
"Ce n'est pas un rendez-vous galant," siffla-t-elle. "Et même si c'était le cas, si je dis que je ne suis pas disponible, c'est que je ne suis pas disponible, Malfoy." Elle plissa les yeux tandis que son regard était brûlant.
"Très bien." lâcha-t-il. "Je vais proposer une autre date." Il commença à faire demi-tour.
"Mercredi, c'est le mieux pour moi. Je ne suis pas disponible jeudi non plus." annonça-t-elle en croisant les bras…
"Je ne pourrai pas mercredi," commença Draco.
"Oh, Malfoy, je serais si déçue d'apprendre que tu fais passer un rendez-vous galant avant ta propre entreprise," rétorqua-t-elle. Elle leva les yeux au ciel et retourna à son bureau, ignorant le soupir poussé par Draco.
/
Elle avait réussi à énerver Draco à nouveau plus tard dans l'après-midi. C'était une bonne journée.
Bien qu'elle devait encore lui parler de la façon dont il utilisait son nom, elle ne put s'empêcher de sourire ironiquement et de battre des cils quand il serra les dents et la fusilla du regard.
Une très bonne journée.
Samedi matin, elle se chargea de mettre à jour les comptes de Cornerstone tout en parcourant un des nouveaux livres qui venaient de sortir. Corban lui avait indiqué que c'était un de ses auteurs préférés, mais pour l'instant elle avait du mal à rentrer dans l'histoire. À presque cent pages, ce n'était pas bon signe.
"Je croyais que tu avais démissionné d'ici."
Les yeux d'Hermione se levèrent brusquement pour se poser sur Draco qui se tenait à quelques mètres de la caisse. Son visage était froid et son sourcil levé vers elle. Elle n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir.
"Non. J'aurais dû ?" demanda-t-elle.
ll fronça les sourcils et s'appuya sur le comptoir. "Oui."
Hermione se plongea dans ses yeux gris et sentit le froid l'envahir. Elle était toute honteuse d'être prise en train de lire pendant son service, alors elle saisit plusieurs livres à ranger et se dirigea vers les rayonnages à gauche.
"Je ne voyais pas de raison logique de partir," dit-elle. "Tu me connais. Que des pensées 'logiques' là-haut." dit-elle en tapotant du doigt sa tempe, citant "ce qu'il préférait chez elle" avant de disparaître derrière une rangée. Sans surprise, elle l'entendit la suivre.
Elle plaça plusieurs livres sur un côté de l'étagère juste au-dessus de sa tête quand il apparut au coin de la rangée. Elle l'ignora. Il appuya son épaule contre l'étagère et croisa ses bras.
"Tu devras donner ta démission aujourd'hui", dit-il.
Hermione termina de remettre un livre à sa place et le regarda par-dessus son bras droit tendu. "Il va me falloir une meilleure raison que 'parce que j'en ai décidé ainsi', M. Malfoy," railla-t-elle.
"Tu as signé une clause de conflits d'intérêts."
Elle s'immobilisa. "Conflit d'intérêts ? Est-ce que tu peux bien me dire, par Merlin, en quoi travailler dans une librairie entre en conflit avec une entreprise à plusieurs millions de gallions comme Malfoy Consulting Group ?" Elle secoua la tête d'un air incrédule et fit quelques pas vers la gauche pour ranger un gros tome rouge sur la troisième étagère. Il la suivit, et se planta directement derrière elle, tandis qu'elle faisait face à la bibliothèque.
"Cornerstone est un établissement public," dit-il. Sa voix l'enveloppait par-dessus son épaule droite. C'était perturbant de ne pas le voir, mais de sentir sa présence et de l'entendre. "N'importe lequel de nos concurrents pourrait entrer, entamer une conversation faussement amicale et te poser des questions sur ton travail chez Malfoy Consulting. Ou pire, la presse."
Hermione pinça ses lèvres et inspira profondément par le nez.
"Et en plus," continua-t-il. "Tu as un contrat avec Pansy. Si la mauvaise personne voyait ce que tu portes dans cette librairie les week-ends, tu mettrais en danger sa carrière ainsi que ton image."
Cela la fit se retourner. "Et qu'est-ce qui ne va pas au juste, avec ce que je porte ?"
Il lui fit une moue condescendante. "Un jeans moldus et un bout de coton qui te couvre à peine ? On est loin de la parfaite 'Sorcière d'Affaires Moderne'."
La bouche d'Hermione s'ouvrit pour répliquer, mais la colère lui serrait la gorge. Elle se retint de vérifier sa tenue mais elle savait très bien que le t-shirt qu'elle portait n'était pas du tout indécent. Elle prit un moment pour faire le point et sentir que le tissu en coton était bien en contact avec le bas de ses reins et son estomac, preuve que le t-shirt n'était pas remonté. Elle ne put s'empêcher de serrer contre sa poitrine le dernier livre qu'elle tenait, comme un bouclier.
"C'est ce que je porte habituellement le week-end, Malfoy. Je ne vois pas pourquoi—"
"Il faudra que je dise à Pansy de te prévoir des tenues pour le week-end. Parce que ça," il la toisa de la tête aux pieds, "c'est infâme."
Hermione poussa un soupir méprisant. Ses narines se dilatèrent. "Il en est hors de question. Tu es mon responsable du lundi au vendredi, Malfoy. Les samedis et dimanches sont mes jours de repos et je suis libre d'en disposer comme bon me semble. Je continuerai de travailler ici aussi longtemps qu'il me plaira."
Il se pencha vers elle et posa sa main droite sur l'étagère, à côté de sa tête. Le visage d'Hermione était déjà bouillant et maintenant il bloquait le peu d'air frais qui arrivait jusqu'à elle.
"Je n'ai pas besoin que les gens racontent que je paye mal mes employés, Granger. Si le monde apprend qu'Hermione Granger, la Fille en Or," dit-il avec un large sourire et elle lui lança un regard noir, "et la consultante la plus réputée de M.C.G., travaille toujours à temps partiel, ils en déduiront que tu es sous-payée."
"Dans ce cas je ne manquerai pas d'éclaircir ce point dès que la horde de reporters prendra d'assaut Cornerstone !" Elle leva les yeux au ciel et s'écarta de lui. Il leva son bras gauche et s'appuya sur la troisième étagère, l'encerclant et frôlant ses côtes au passage. Il s'approcha et elle sentit les rangées d'étagère créer des indentations dans son dos.
"Tant que tu seras employée chez Malfoy Consulting, Granger, tu te comporteras et t'habilleras en conséquence. Si tu préfères retourner à ton poste de gratte-papier pour le Ministère, à remplir des rapports à longueur de journée sans pouvoir apporter le moindre changement durable pour tes précieuses créatures, c'est toi qui voit, Granger," dit-il, son souffle effleurant son visage.
Comment osait-il. Il commençait à ressembler à son père...
"Je suis seulement 'employée' le lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi, Malfoy. Je suis libre -"
"Oh, alors j'ai simplement dû rater ta démission le vendredi après-midi, suivie de ta candidature le lundi matin."
"Je suis seulement payée du lundi au vendredi. Par conséquent, tu ne peux contrôler mes faits et gestes que du lundi au vendredi."
"Et combien cela coûterait de contrôler tes samedis et dimanches dans ce cas, Granger ?" Il arqua un sourcil, inspirant une bouffée d'air avant de continuer. "Je suis certain de pouvoir couvrir plus que ce que tu gagnes ici."
Elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Son souffle était coupé. La chaleur de son corps l'étouffait et elle sentait sa peau vibrer et sa colonne vertébrale souffrir contre les étagères. Elle ricana d'une manière qu'elle espérait être condescendante.
"Je ne veux pas plus d'argent, Malfoy –"
"Qu'est-ce que tu veux, alors ?" Ses yeux étincelèrent et sa voix était chaude contre sa bouche. Une mèche blonde était tombée sur son front.
Les lèvres d'Hermione étaient sèches et ses yeux brûlaient dalterner entre les siens. Elle laissa échapper un souffle tremblant et inspira le peu d'air qu'elle put trouver. Le visage de Draco consumait son champ de vision et elle vit le coin de sa bouche se lever et ses yeux glisser vers ses lèvres.
"Hermione ? Tu es là ?" La voix d'Harry retentit de l'avant de la boutique.
Hermione ferma les yeux un instant et prit une inspiration. Quand elle les rouvrit, elle vit Draco se redresser et s'éloigner d'elle. Ses bras l'encerclaient toujours, alors elle passa rapidement sous son bras avant de tirer son t-shirt vers le bas et de quitter la rangée.
"Harry, salut," dit-elle. Il était devant le comptoir et tourna la tête. "J'étais en train de ranger des livres."
"Salut ! Je venais voir si tu voulais aller déjeuner avec Ginny et moi." Harry lui sourit, puis son regard glissa par-dessus l'épaule d'Hermione, signe que Draco avait révélé sa présence. Elle vit les yeux d'Harry alterner entre elle et blond, notant sans doute le visage rouge d'Hermione. Elle n'osa pas regarder en direction de Draco.
"Je ne sais pas, Harry," répondit Hermione. Elle s'avança en direction du comptoir et fit mine d'occuper ses mains. "Il faut d'abord que tu demandes à mon patron." Elle lança un regard appuyé en direction de Draco qui lui lança un regard noir en retour.
"Euh… oui. Malfoy, tu veux te joindre à nous ?
Hermione cassa d'un coup sec la plume qu'elle tenait dans sa main.
"Ah, mais non," dit-elle. "Malfoy est bien trop occupé. Il passe toute la journée à inspecter ses employés. Il n'a pas une minute à lui." Elle posa d'un coup sec un gros volume sur le comptoir.
"Je devrais avoir fini d'interrompre le tournoi d'échec de sorciers de Wentworth d'ici une heure," dit-il d'une voix traînante. Hermione serra les dents.
"Super." Harry avait l'air de vouloir s'enfuir de la librairie dès que possible. "Alors on se retrouve chez Fortarome à treize heures ?"
"Parfait," répondit Draco, dirigeant son attention vers Hermione. Elle bredouilla.
"Harry, quel est le code vestimentaire pour ce déjeuner ? Dois-je d'abord rentrer chez moi pour mettre quelque chose qui fasse plus Sang-Pur ?" Elle garda son regard fixé sur Harry, les yeux plissés avec un air sarcastique, comme si elle s'adressait directement à Draco.
"Euh… Non. Ce que tu portes là est bien. Si tu es à l'aise comme ça," dit Harry. Hermione lança un regard triomphant en direction de Draco. Harry continua, "Enfin, tu aurais un jean sans trous aux genoux ?"
La mâchoire d'Hermione se décrocha et elle entendit Draco ricaner. Elle se tourna vers lui et son visage était fendu d'un immense sourire.
"Merci, Potter. Merci pour tout. Je vous retrouve là-bas." Draco tendit la main pour attraper un de ces satanés bonbons à la menthe et partit en souriant.
/
Hermione se dirigea vers Fortarome en grognant. Elle réalisa en chemin qu'elle pourrait bien être photographiée aujourd'hui, et si c'était le cas, elle aurait préféré porter autre chose. Mais elle n'allait certainement pas l'admettre devant Draco.
Par chance, Harry et Ginny avaient choisi une table à l'abri des regards curieux. Draco arriva en même temps qu'elle et lui ouvrit le petit portail avec un sourire narquois ; elle lui lança un regard noir.
Une fois les banalités échangées, Harry et Draco se rendirent à l'intérieur pour passer commande au comptoir.
Ginny se tourna vers elle. "Par Merlin, qu'est-ce qui t'a mis d'humeur aussi exécrable aujourd'hui !"
Hermione soupira et secoua la tête. "Malfoy est passé à Cornerstone pour insulter mes vêtements."
Ginny poussa un cri outragé. "Les tenues de Pansy ?!"
"Non, non. Mes vêtements à moi. Ceux-là." Elle fit un geste vers elle-même. "Il est contrarié que je travaille toujours chez Cornerstone et il pense que je ne devrais pas être vue dans ce qu'il estime être des vêtements infâmes." Elle sirota son verre d'eau. "Puis il a proposé de me payer plus pour que je m'habille mieux le week-end."
"Il a vraiment utilisé le mot 'infâme' ?"
"Oui."
Ginny resta silencieuse. Hermione, qui jusqu'ici observait la rue, détourna son regard et vit Ginny masquer un sourire dans sa tasse de thé.
"Quoi ?" demanda Hermione.
"C'est juste que…" Ginny rit et se tourna vers elle. "Hermione. J'avais six ans quand j'ai vu une fille moldue pour la première fois. Elle portait le pantalon le plus serré que j'ai jamais vu et un t-shirt qui laissait voir ses épaules." Elle sourit. "J'ai demandé à ma mère si c'était une travailleuse du sexe."
Hermione rit. "D'accord… À six ans ?"
Ginny fit un geste impatient de la main. "Je n'ai eu que des grands-frères, alors j'ai inévitablement entendu des choses que je n'aurais pas dû… Ce que je veux dire c'est que… la mode moldue n'est pas facile à comprendre pour les Sangs-Purs. C'est un sacré changement pour quelqu'un qui n'a toujours connu que des robes longues et amples."
"Donc, pour lui, j'ai l'air d'une prostituée ?" Hermione haussa un sourcil.
"Non, non !" répondit Ginny en riant. "C'est juste que… tes jeans sont particulièrement moulants… pour un Sang-Pur" expliqua-t-elle avec un large sourire. "Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose" ajouta Ginny en lui faisant un clin d'oeil. Hermione fronça les sourcils.
Elle entendit le rire d'Harry et vit que les garçons revenaient. Hermione était si surprise chaque fois qu'Harry riait de quelque chose que Draco disait. C'était si étrange.
Draco plaça une tasse de café devant elle et Harry posa le petit chevalet de table qui indiquait leur numéro de commande.
Une fois que Ginny eut entamé une conversation avec Draco à propos de M.C.G., Hermione eut un moment pour les observer, frappée par l'aspect de ce "double rendez-vous". Elle était soudain très consciente de Draco assis à sa droite, Ginny en face d'elle et Harry à sa gauche. Un parfait petit tableau.
Elle avança sur sa chaise, pressant ses lèvres et tendit la main vers sa tasse de café, essayant de prendre la soucoupe avec, comme Madame Michele lui avait appris. Ginny et Harry racontaient à Draco une histoire qu'elle connaissait déjà, donc elle les ignora, reposant sa soucoupe. Elle leva les yeux vers Draco, et vit qu'il la regardait.
Elle détourna le regard et croisa les bras sur son t-shirt en coton fin.
/
Hermione reçut dimanche soir par hibou un message de Pansy, demandant que Tracey et Daphné la préparent pour sa séance photo au bureau le lendemain. La séance allait nécessiter plusieurs poses, différents décors et changements de tenues tout au long de la matinée, et il serait préférable de s'installer dans le bureau vacant à côté du sien, puisque son bureau devait servir de toile de fond pour la séance photo.
Hermione était déjà épuisée rien que de penser à la matinée qui l'attendait. Elle redoutait tout ce cirque médiatique, et elle espérait en avoir fini avec après cet article de Sorcière Hebdo.
Elle se rappela que cet article ne portait pas sur M.C.G., mais sur elle. Elle pourrait orienter l'interview sur la façon dont elle allait influencer le monde des sorciers à coup de grandes réformes. La publicité que cela générerait pour la nouvelle loi sur les Loups-Garous et ses projets à venir était parfaitement acceptable. La publicité pour Draco Malfoy et sa réputation entachée ne l'était pas.
Elle arriva à 7 heures le lundi matin et découvrit que Pansy était déjà installée dans le bureau à côté du sien. Elle avait conjuré une cabine d'essayage pour qu'Hermione puisse se changer, ainsi qu'un portant pour les vêtements qu'elle avait apporté.
La mâchoire d'Hermione se décrocha en voyant les tenues. Les tissus et les couleurs criaient haute couture. Et Hermione ne put s'empêcher de remarquer qu'il n'y avait pas une once de vert.
"Pansy..." Elle ne pouvait pas détacher les yeux du portant.
"Je sais," dit Pansy, en venant se tenir à côté d'elle. "Je suis douée, n'est-ce pas ?" Elle prit une robe sur le portant. "Essaye celle-ci. Je voudrais l'ajuster avant que les filles arrivent."
C'était une robe bleu pervenche ornée de dentelle argentée. Elle avait quelque chose de vaguement familier. Hermione la prit et l'observa.
"C'est inspiré de ta robe du bal de Noël."
Hermione leva les yeux et vit que Pansy avait un sourire en coin. "Vraiment ?"
"Eh bien, tu m'as dit pas de vert, alors j'étais coincée avec tant de couleurs que je déteste." Pansy leva les yeux au ciel et la poussa dans la cabine.
Hermione commença à ôter les vêtements simples mais professionnels qu'elle portait. Elle venait juste d'enfiler la robe bleu pervenche lorsque quelqu'un frappa à la porte.
"Tout va bien ici ?" La voix de Draco.
"Oui, mon chéri," répondit Pansy.
"Granger est là ?"
"Je suis là," dit-elle. Elle sortit de la cabine, et chercha Pansy du regard. Pansy poussa un cri et dansa jusqu'à elle, pour l'aider à boutonner l'arrière de la robe.
Hermione ramena ses cheveux sur son épaule et regarda Draco, soudain très consciente de ne pas porter de chaussures.
Il observait sa robe, la mâchoire serrée. Il la détestait. Elle plissa les yeux vers lui. Leurs regards se croisèrent et, après que Draco eut regardé sa robe une dernière fois, il cligna des yeux, et se détourna, comme s'il avait été pris sur le fait.
"Faites-moi savoir si vous avez besoin de quelque chose," dit-il. Il regardait le cadre de la porte, gardant son regard loin d'elle. "J'ai reporté la réunion du lundi matin à onze heures, pour te donner assez de temps avec Sorcière Hebdo."
Cela tombait bien. Elle devait retrouver Harry à midi pour déjeuner ensemble.
"D'accord, merci."
Il jeta un dernier coup d'œil furtif et partit. Ce n'est qu'à cet instant qu'Hermione réalisa que Pansy terminait les derniers boutons, et que Draco venait tout simplement de la regarder 'en train de s'habiller'. C'est sûrement pour ça qu'il avait détourné son regard.
Elle rougit et essaya de se concentrer sur ce que Pansy lui disait de faire.
"Oh, j'espère qu'ils choisiront celle-ci pour la couverture." Pansy tira sur le tissu avec ses mains et tint sa baguette entre ses dents d'une manière très peu féminine qu'Hermione trouva hilarante.
"Je l'adore. Je ne me suis même pas encore vue dedans et je l'adore."
Pansy conjura sans baguette un miroir en pied, avant de reprendre son travail sur la broderie. Impressionnant.
Même sans coiffure ni maquillage, Hermione ressemblait à une reine. Elle rit et Pansy lui sourit.
"Je l'adore," dit Hermione.
"Moi aussi."
"Malfoy n'a pas aimé." dit Hermione en riant.
"Tu plaisantes ? Il a adoré."
Hermione la regarda. Pansy était concentrée à viser les coutures avec sa baguette, mais elle semblait parler honnêtement.
Après avoir ajusté cette robe, Pansy lui en fit essayer d'autres qui faisaient plus "Sorcière d'Affaires Moderne" et moins "Princesse Féerique".
Elle venait juste d'enfiler des talons assortis à une robe rouge profond ornée d'un pan de tissu qui ne semblait exister qu'à des fins purement esthétiques, lorsque Blaise apparut à la porte, une tasse à la main.
"La Reine des Gryffondors est de retour." Il sourit. Hermione leva les yeux au ciel. "Beau travail, Pans."
"Merci, mon cher," répondit Pansy puis l'ignora.
"Avons-nous besoin d'aide avec des fermetures éclair, des boutons, ou quoi que ce soit ?" Il sourit et Hermione secoua la tête, cachant son sourire.
"Blaise, mon chéri," dit Pansy. "Dégage."
Hermione sourit. Blaise pinça ses lèvres, se retenant de sourire, et s'apprêta à répondre quand Tracey et Daphné apparurent.
Tracey marmonna un "excuse-moi" et passa devant lui, mais Daphné resta plantée devant lui, attendant manifestement qu'il se pousse pour la laisser passer.
Hermione vit le sourire de Blaise s'effacer. Sa mâchoire se contracta et il fit un pas de côté pour lui céder le passage, avant de quitter les lieux. Daphné fronça les sourcils en le regardant s'éloigner puis entra dans la pièce.
Avant qu'elle n'eut le temps de réfléchir à cette interaction, Pansy la déboutonna et conjura un peignoir pour qu'elle puisse s'asseoir pendant qu'elles la coiffaient et la maquillaient.
Pendant que Daphné la maquillait et que Tracey tressait ses cheveux, Hermione demanda que Walter pouvait lui apporte du travail. Elle était gênée d'être payée à ne rien faire pendant qu'elle était maquillée et coiffée.
Des gens passaient devant la porte laissée ouverte et, après avoir vu Draco pour la troisième fois, elle demanda enfin à Pansy de fermer la porte.
Pansy fit des aller-retour pendant toute l'heure. Hermione réalisa qu'elle était une personne active, qui ne pouvait pas rester assise à discuter tranquillement. Elle avait besoin d'être constamment en mouvement.
Elle était partie depuis une dizaine de minutes environ quand elle revint, le visage fermé.
"Changement de programme," dit Pansy, en faisant le tour de la chaise d'Hermione et en l'examinant. "Aujourd'hui, on laisse les cheveux d'Hermione détachés."
Tracey pouffa. "Tu plaisantes."
"Pas du tout." Pansy pinça les lèvres.
Tracey jeta l'épingle qu'elle était en train de placer dans les cheveux d'Hermione. Elle venait de passer trente minutes sur cette jolie coiffure élaborée et maintenant elle devait tout défaire... mais pourquoi ?
"Sorcière Hebdo est arrivé ?"
"Non, pas encore."
"Alors qui a demandé à ce qu'ils soient détachés ?"
Pansy lui fit les yeux doux. "Draco a suggéré -"
"Oh, non merci." Hermione ricana. "Tracey, continue s'il te plaît." Elle croisa les bras et la fixa du regard.
Pansy et Tracey se regardèrent tour à tour. Daphné sourit en baissant le nez dans sa palette de maquillage.
"Euh... Je pense que ce que Draco a voulu dire, c'est que tu devrais avoir l'air un peu plus comme l'Hermione Granger que nous connaissons tous pour cette séance photo. Je suis assez d'accord avec lui -"
"Mais c'était l'idée de Tracey pour cette première prise." Hermione leva un sourcil. "Et cette coiffure est magnifique."
Tracey cligna des yeux. Les lèvres de Pansy s'étirèrent en un sourire qu'elle réprima. "Eh bien, que diriez-vous qu'on fasse un compromis. Moitié attachés, moitié détachés ?"
Hermione se leva, lançant ses notes à travers la pièce. "Si vous avez tellement peur de tenir tête à ce gamin gâté, alors laissez-moi m'en occuper." Elle se dirigea vers la porte du bureau, l'ouvrit et sortit en marchant dans son peignoir, pieds nus, le visage à moitié maquillé.
Elle ignora les regards et les bouches ouvertes alors qu'elle se dirigeait vers le bureau à l'angle opposé du bâtiment. La porte de Draco était ouverte, elle entra sans frapper. Elle le trouva en train de lire quelque chose avec attention derrière son bureau.
"Voici la coiffure pour les premières prises." Elle gesticula des mains en montrant sa tête, et il leva les yeux vers elle. Il cligna des yeux et la regarda de la tête aux pieds. "Je ne savais pas que ça devait être validé par toi mais apparemment si, donc voilà."
"Tu viens vraiment de défiler à travers tout l'étage en peignoir ?" Il leva un sourcil.
"Oui. Oui, absolument." Elle posa ses mains sur ses hanches. "Et je pourrais bien le faire plus souvent parce que c'est sacrément confortable. Et la prochaine fois que tu as un avis sur ma coiffure ou mes vêtements, garde-le pour toi."
Elle se retourna pour sortir et il jeta sa lecture sur son bureau, se levant de sa chaise.
"Granger, qu'est-ce qui te prend ?"
"Qu'est-ce qui me prend ?" siffla-t-elle. "Absolument rien. J'essaie juste de faire ma séance photo tranquillement."
"Dans mon bureau, alors calme-toi !"
"La séance photo se déroule dans mon bureau -"
"Que j'ai payé !" Il cria.
Elle frappa du pied au sol et serra les lèvres, gardant pour elle toute remarque spirituelle sur le fait qu'en réalité, c'était elle qui payait ce bureau en sécurisant son héritage !
"Je ne comprends pas pourquoi tu es autorisé à avoir un avis sur ma coiffure pour ma séance photo !"
"C'était une suggestion -"
"Garde-les pour toi !"
Il s'avança de derrière son bureau. "Qu'est-ce qui te prend enfin ?"
"Rien du tout -"
"Tu agis comme une garce depuis des jours !"
Elle haleta. "Peut-être que je viens juste de réaliser que tu agis comme un connard depuis des mois !"
Il la fusilla du regard et elle sentit sa respiration être de plus en plus saccadée.
"Salut, bonjour," une voix hésitante dit, et Hermione se retourna pour voir Blaise se pencher dans l'embrasure de la porte, les yeux écarquillés. "Je vais juste fermer cette porte..." Il attrapa la poignée lentement. "Et lancer un sort de silence sur la pièce, d'accord ?" Il alterna son regard entre eux deux. "Ce que l'un de vous aurait déjà dû faire," dit-il, comme s'il s'adressait à des enfants.
"Ne t'embête pas," dit Hermione. "J'ai fini."
"Granger -", appela Draco.
Elle le congédia d'un geste et passa devant Blaise, ignorant les regards de tout l'étage alors qu'elle marcha vers le bureau où se trouvaient Pansy et les filles.
"Bien," dit-elle. "Tracey, tu peux continuer."
Tracey haussa les sourcils. Pansy se détourna, un sourire aux lèvres.
/
Hermione était épuisée à la fin de l'interview avec Sorcière Hebdo. Elle s'était efforcée autant que possible d'éviter les questions futiles habituelles du magazine, mais non sans difficulté. Elle avait réussi à promouvoir le projet Loups-Garous et à avancer quelques idées sur les droits des elfes de maison, mais elle avait surtout dû expliquer pourquoi le bleu était sa couleur favorite et quelle était sa matière préférée à l'école.
Le photographe avait pris de belles photos d'elle, devant sa bibliothèque et derrière son bureau. Les vêtements de Pansy avaient fait sensation, et tous étaient tombés sous le charme de la robe bleu pervenche. Hermione avait réussi à placer pendant l'interview à quel point elle appréciait la ligne Parkinson pour sa savante combinaison des mondes Moldu et Magique, et Pansy lui avait lancé un sourire complice.
Il était 11h05 lorsqu'ils eurent fini. Elle courut jusqu'à la salle de réunion, toujours dans sa robe bleu pervenche et ses talons, et s'excusa d'interrompre Draco, qui avait commencé la réunion. Elle fit tout le tour de la table pour prendre sa place habituelle, à sa gauche.
"Vous êtes ravissante, mademoiselle," dit Mockridge lorsqu'elle passa devant lui. Elle rougit.
"Oh, merci." Elle leva les yeux vers Draco. "Je vous en prie, continuez."
Draco baissa les yeux en direction de la table et déglutit.
Il reprit ses explications, exposant les objectifs de la semaine. Des entretiens pour le poste de Relations avec le Magenmagot étaient programmés et Draco espérait pourvoir le poste dès la semaine suivante. Wentworth les informa de son succès avec les entreprises du Chemin de Traverse. Il s'occuperait de la restructuration de plusieurs des succursales, et Hermione se demanda si George pourrait être intéressé par un service similaire. Elle lui en parlerait.
Lorsque ce fut son tour, elle les mit à jour sur le projet Loups-Garous, puis distribua une présentation sur le projet Vivets Dorés qui lui tenait très à cœur. Elle était la seule à avoir préparé des supports pour cette réunion, mais cela ne la dérangeait pas.
"Le Sanctuaire des Vivets dans le Somerset demande notre aide. Les taux de reproduction ont considérablement chuté cette saison, et les Vivets du sanctuaire ne survivent pas longtemps. Ils demandent à pouvoir relâcher des Vivets Dorés dans la nature et que leur braconnage ou leur utilisation dans des matchs de Quidditch non officiels soit passible d'une peine de prison pour crime aggravé."
Elle regarda autour de la table pendant qu'ils parcouraient sa présentation. La mâchoire de Draco cliquait.
"C'est un excellent projet. Je dirais qu'on peut commencer cela le trimestre prochain, une fois le projet Loups-Garous terminé."
Elle cligna des yeux. Il garda ses yeux rivés sur sa présentation.
"A vrai dire, j'aimerais lancer le projet au plus vite. L'espèce est déjà presque éteinte."
"Est-ce que ton client pourra payer des honoraires de consultation ou ce projet devra-t-il être financé par des dons?" Il leva les yeux vers elle, et son regard était indéchiffrable.
"Par des dons, je pense. Le Sanctuaire n'a pas indiqué qu'il serait en mesure de payer-"
"Dans ce cas, je veux m'assurer que le projet Loups-Garous est entièrement financé avant de commencer d'autres projets qui nécessitent également des levées de fonds."
Elle le fusilla du regard. "Je peux gérer plusieurs projets à la fois, Malfoy."
"Mais est-ce que cela serait vraiment bénéfique si ton attention est dispersée ?"
Son visage s'échauffa et elle sentit tous les regards de la pièce converger vers elle. Elle prit une inspiration pour lui répondre, mais il la coupa.
"Comme je l'ai dit, c'est un excellent projet pour avril. Nous pouvons vous envoyer, toi et Walter, dans le Somerset en mars pour commencer à collecter des données." Draco se leva et boutonna sa robe. "Merci à tous. Réunion terminée."
Son sang bouillonnait. Elle se leva et se fraya un chemin hors de la salle de conférence, en marmonnant : "Idiot stupide."
Hermione retourna en trombe à son bureau. Elle traversa les rangées de bureaux à moitié vides, observant les gens s'écarter sur son passage, tout en ignorant le bruit de chaussures en cuir de dragon à environ dix pas derrière elle.
Elle ouvrit la porte de son bureau et, une fois entrée, la poussa vers l'arrière pour la faire claquer. Elle entendit la porte heurter Draco et réprima un sourire.
"Granger -"
"Pourquoi tu m'as fait venir ici, Malfoy ?" Elle se retourna vers lui. Il ferma la porte de son bureau tout en gardant les yeux sur elle. Sa mâchoire était serrée. Elle continua, "Tu m'as dit que tu voulais 'faire la différence' et 'changer le monde'. Quelles foutaises."
Elle se détourna de lui et partit s'installer à son bureau.
"Comme je te l'ai dit, Granger, ce n'est pas dans le budget pour ce trimestre, mais à partir d'avril -"
"Foutaises !" Elle fit volte-face et revint vers lui jusqu'au centre de la pièce. Elle essayait de ne pas utiliser des expressions aussi moldues avec des Sang-Purs, car ils n'en comprenaient généralement pas la signification. Mais avec son sang qui battait à toute allure, sa bouche allait plus vite que son cerveau, comme si un barrage avait cédé. "En avril, l'espèce pourrait être déjà éteinte !"
"C'est une exagération." Il glissa ses mains dans ses poches de pantalon et se pencha en arrière sur ses talons. Il la regarda, l'image même de la nonchalance, mais sa mâchoire tendue le trahissait. "Vous pourrez accomplir tout autant de choses en deux mois avec un budget beaucoup plus important -."
"Est-ce une punition ?" Elle posa ses mains sur ses hanches et leva les sourcils vers lui. Elle prit note de remercier Pansy plus tard pour les chaussures à talons qui lui procuraient une hauteur et un aplomb bienvenues.
"Une punition ?"
"Oui, parce que je n'ai pas quitté Cornerstone ?"
Il la foudroya du regard.
"Ou peut-être parce que mes vêtements du week-end ne te conviennent pas ? Si je te permettais de 'contrôler' mes week-ends, comme tu l'as demandé, les Vivets auraient-ils une chance de survie ?" lâcha-t-elle en criant.
"Granger." Il s'avança vers elle, comme si elle était un chat sauvage qu'il essayait d'attraper.
"Qu'est-ce que je fais ici, Malfoy ?" Elle avait beau essayer, elle n'arrivait pas à baisser le volume de sa voix. Elle savait qu'elle avait l'air hystérique, avec ses cheveux défaits qui tombaient du magnifique chignon de Tracey. "Chez Malfoy Consulting ?"
"Je voulais les meilleurs -"
"Tu as dit que tout le monde méritait une seconde chance, mais je suppose que cela n'incluait pas les créatures magiques. Tu ne parlais que de la famille Malfoy et de sa réputation." Elle enfonça son doigt dans sa poitrine, d'un geste particulièrement enfantin, mais elle n'en avait plus rien à faire. Il restait parfaitement immobile et ne vacillait même pas sous la force de son doigt, ce qui l'irritait encore plus.
"Baisse d'un ton, Granger," il grogna, les narines frémissantes. Il sortit ses mains de ses poches et serra les poings le long de ses côtés.
Elle persista. "Je suis ravie d'avoir complété ton équipe de cadres, Malfoy. Mon dieu, et dire que sans moi, tu n'aurais pas atteint ton quota de Sang-de-Bourbe." Sa tête pencha légèrement sur le côté. "Comment aurais-tu pu changer l'opinion publique sur la famille Malfoy sans ça ? N'est-ce pas ?"
Il lui lança un regard noir et elle sut qu'elle marchait sur des œufs. Elle dépassait les bornes mais elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle se mit à faire les cent pas, pour le spectacle.
"Ou peut-être suis-je ici pour être la seule femme du Groupe. Impossible d'opérer sans au moins une d'elles, avec toutes ces fichues lois sur l'égalité que le Ministère a mises en place."
"Arrête," la prévint-il. Elle vit la tension parcourir ses avant-bras, remonter le long de ses omoplates. "Arrête-toi là, Granger."
"Non, merci," répliqua-t-elle. "Je n'ai pas encore fini." Elle cessa de faire ses allers retours et se planta à deux pas de lui. "Je suppose que la qualité la plus importante que j'apporte à cette équipe, puisque cela n'a clairement rien à voir avec ma relation avec la communauté des créatures magiques, c'est que je suis Hermione Granger, la fille en or," cracha-t-elle. "Tu espérais que je répande un peu de cette poussière dorée, Malfoy ? J'admets que cela donne d'excellentes séances photo avec ta copine Skeeter !"
Elle le poussa de ses mains sur la poitrine. Il était si raide qu'elle voulait le faire bouger d'une manière ou d'une autre. Le faire réagir. Bien sûr, il ne vacilla même pas, mais elle remarqua que sa respiration était maintenant irrégulière. Bien.
"C'est ça, Malfoy ?" continua-t-elle. " C'est agréable d'avoir la Fille en Or à exhiber, pour faire les gros titres de tes articles dans la Gazette du Sorcier ? Si ce n'est ni pour mon statut de sang ou mon genre, ça doit être pour ma célébrité." Elle le poussa à nouveau sur la poitrine, et encore une fois, il resta stoïc. Elle pouvait sentir tout bouillonner à l'intérieur de son corps, attendant qu'il l'arrête.
"Ou peut-être que je suis ici seulement pour jouer à la poupée avec Pansy ! C'est ça, Malfoy ? Offrir une poupée à ta putain de copine ?"
Sa main droite le poussa sur la poitrine aussi fort qu'elle le pouvait et elle se rendit compte que ses yeux devenaient flous. Avant qu'elle ne puisse retirer sa main, il la saisit par le poignet, le tenant si fort qu'il pourrait le briser.
Il baissa la tête vers elle, son regard brûlant, et siffla, "Ne. Me. Touche. Pas."
Elle le fixa du regard, leva sa main gauche et le frappa sur la poitrine avec.
La main libre de Draco se leva aussitôt, saisit l'arrière de sa tête et poussa son visage vers le sien. Et il l'embrassa.
Elle s'immobilisa. Les yeux ouverts. Un grognement s'échappa de la gorge de Draco et se perdit dans ses lèvres.
Hermione avait son poignet dans sa main, sa tête inclinée en arrière, et le souffle coupé. Il déposa des baisers ouverts sur ses lèvres, la couvrant de ses baisers, son souffle brûlant.
Il l'embrassait. Et elle ne faisait rien. Elle haleta en réalisant ce qui se passait, et Draco enfonça ses doigts dans ses cheveux emmêlés, inclinant sa tête pour qu'il puisse la goûter.
Elle ferma les yeux, se balançant contre lui tandis qu'il attaquait sa bouche, en manque d'air. Ses doigts restaient si serrés sur son poignet et sa main gauche était coincée entre eux sur sa poitrine. Elle serra ses doigts sur sa chemise et il haleta. Elle tenta de suivre sa bouche, laissant sa langue le goûter.
Il fit un pas vers elle, et elle dut reculer pour ne pas basculer. Sa main toujours prise dans sa chevelue emmêlée, il tira doucement sa tête en arrière, pour la faire reculer.
Sa bouche quitta la sienne brièvement et elle faillit ouvrir les yeux pour lui demander ce qui se passait, mais il prit une grande inspiration, sa gorge cliquetant autour de l'air, avant de se rattacher à elle. Il embrassa le côté de sa bouche, faisant glisser ses lèvres sur les siennes en petits mouvements. Elle brûlait d'impatience qu'il reprenne possession de son souffle. Elle fut forcée de reculer à nouveau.
Son dos heurta le bord du bureau et le corps de Draco se pressa contre le sien. Il était solide et chaud. Il attaqua à nouveau sa bouche et fit vibrer des sons délicieux en elle. Il prit la main posée sur sa poitrine puis posa les deux mains d'Hermione derrière elle sur le bureau. Elle se pencha en arrière, prenant appui, et les mains de Draco glissèrent sur les siennes, les plantant, les empêchant de bouger. Elle voulait les bouger. Elle voulait le toucher partout. Sentir sa poitrine, remonter le long de ses bras, et oh comme elle voulait glisser ses doigts dans ses cheveux. Mais ses mains forçaient les siennes à rester sur le bureau. Elle déversa sa frustration dans sa bouche, le léchant et utilisant ses dents légèrement. Il gémit et elle laissa ses genoux s'ouvrir. Draco glissa sa jambe entre les siennes et déplaça son genou gauche vers l'extérieur. Il s'avança.
Une de ses mains lâcha la sienne, après lui avoir donné une petite impulsion, lui indiquant de rester là. Il déposa alors sa main libre sur sa taille, délicatement. Elle gémit. Il la serra légèrement.
Sa langue lui faisait tant de belles choses que le souffle d'Hermione lui venait par petite impulsion, entre chaque bouchée de lui. Draco pressait son corps contre le sien et la poussait contre son bureau. Elle voulait le toucher. Elle retira sa paume droite du bureau et l'amena à sa mâchoire, ses petits doigts sur son cou et son pouce près de leurs bouches.
Au contact, il gémit et sa main gauche descendit pour attraper sa hanche, la tirant vers lui, les connectant, et son haut du corps commença à la pousser en arrière.
Un coup à la porte qu'elle entendit à peine et un "Hermione, tu es prête-?" furent les seuls avertissements qu'ils eurent avant que Harry ne pénètre dans la pièce.
Draco s'écarta brusquement d'elle, se détournant de la porte. Hermione se redressa et s'essuya la bouche.
Harry se tenait là, bouche ouverte en pleine phrase, la main encore sur la poignée de la porte. Ses yeux allaient et venaient entre eux deux.
"Est-ce que –" essaya-t-elle. Elle se racla la gorge. "Est-ce que c'est l'heure du déjeuner ?"
"Euh, oui," dit Harry. "Mais je peux repasser plus tard."
"Non !" dirent en même temps Hermione et Draco. Draco se tourna enfin vers Harry, resserra sa mâchoire, et dit "Potter," en sortant. L'atmosphère devint soudainement plus légère.
Harry la regarda simplement, les yeux écarquillés, un petit sourire naissant sur ses lèvres.
"Bon sang, Harry, arrête," dit Hermione, en se couvrant le visage avec les mains.
"Je n'allais rien dire !" Il rit.
