..

Edward rentra si tard le soir suivant que Bella était sur le point d'envoyer l'un des Déchus à sa recherche. Il n'était jamais en retard. Ils n'avaient pas de téléphone, il ne pouvait donc pas l'appeler. Elle avait peur. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Il ne pouvait pas être tué mais s'il avait été capturé ? Ou s'il avait été gravement blessé dans un accident sur les quais ?

Lorsqu'elle entendit enfin ses clés tinter devant la porte, elle courut jusqu'à elle, tout comme Dave. Bella ouvrit la porte et vit Edward debout, toujours en train d'agiter l'air vide avec une clé. Il cligna des yeux, surpris par la disparition de la porte puis les leva. Il lui adressa un grand sourire. "Bella !" Il commença à franchir la porte mais ses pieds s'emmêlèrent et il serait tombé si Bella n'avait pas sauté pour le rattraper. Il se blottit contre elle, embrassa le lobe de son oreille et l'aspira dans sa bouche. "Humm. Tes cheveux sentent bon."

"Edward, tu es ivre !" s'exclama Bella, sentant l'alcool et les cigarettes éventées dans ses cheveux.

"Oui, je crois que je le suis," répondit-il en lui faisant un grand sourire niais. "Devine quoi, Bella ? Je crois que j'ai trouvé un capitaine de bateau !"

"Tu l'as rencontré au bar ?" demanda Bella.

"Non, c'est là qu'il m'a emmené pour en discuter. J'ai bu une bière, un whisky, une tequila et un truc transparent dont je ne me souviens plus du nom. Tu ne bois pas, donc tes souvenirs ne sont d'aucune aide."

Les Déchus regardaient cela avec des expressions allant de l'envie (Emmett) à la désapprobation (Carlisle). Elle le conduisit jusqu'au canapé où il s'effondra avec un soupir de contentement. "Il y avait des femmes nues qui dansaient," rapporta Edward. "Mais ne te fâche pas parce que je n'ai pas regardé." Il se couvrit les yeux avec les paumes de ses mains.

"Edward, qui est ce type et pourquoi t'a-t-il emmené dans un club de strip-tease ?"

"Il s'appelle Jenks. Il a un vieux déc- ... déco... décola-"

"Déclassé ?"

Edward essaya de claquer des doigts. "C'est ça ! Brise glace Dé-cla-ssé des gardes- côte." Il se laissa tomber de côté sur le canapé et regarda Bella avec adoration : "Je t'aime. Tu es si intelligente."

"Combien veut-il ?" demanda Bella.

"Cinq mille."

Le cœur de Bella se serra. Il faudra trouver un emploi, une tâche ardue dans un pays où elle ne parlait pas la langue et où elle n'avait ni papiers d'identité ni documents d'immigration."Je suis désolé de t'avoir inquiétée," dit Edward. "Peut-être devrions-nous t'acheter un autre téléphone pour que je puisse t'appeler si Jenks veut encore aller chez les femmes nues."

"Quand sera-t-il prêt ?"

"Il a dit une semaine, peut-être deux."

"Il n'a pas été plus précis ?"

Edward bailla. "Non. Il dit qu'il doit vendre des armes ou quelque chose comme ça."

"C'est un trafiquant d'armes ?" Bella fut consternée.

"C'est un problème ?"

Ce n'est pas comme s'ils avaient beaucoup de criminels dignes de confiance à leur disposition. "Est-il fiable ?"

Edward bailla à nouveau et se tortilla sur le canapé jusqu'à ce qu'il puisse poser sa tête sur ses genoux. "Tu es si jolie," soupira-t-il.

"Edward, est-ce que Jenks est fiable ?"

"C'est ce que tout le monde dit. Il n'a jamais renoncé à un marché."

"D'accord. Nous le ferons."

"C'est génial !" Il se leva d'un bond et l'attrapa, la transportant dans la chambre si vite qu'elle en eut la tête qui tournait. "Edward ! Qu'est-ce que tu fais ?"

"Tu as dit que tu voulais le faire. Eh bien, je suis prêt." Il jeta un coup d'œil à son jean. "Pas encore mais je le serai dans une minute."

"Ce n'est pas ce que je voulais dire," dit Bella, amusée.

"Oh. Eh bien ... tu veux le faire ?" demanda-t-il avec espoir.

"Je ne suis pas sûre que tu puisses pour le moment."

"Bien sûr que si. Je suis..." Il vacilla sur ses pieds et perdit l'équilibre. Il tenta d'attraper le pied du lit pour se stabiliser, le manqua complètement et s'écrasa sur le sol. "Oh !"

Bella s'accroupit pour l'aider à se relever. "Tu vas bien ?"

"Je crois que je me suis foulé l'aile," se plaignit-il. "Regarde-la. Les plumes sont toutes pliées."

Elle les lissa. "Ça va mieux ?

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule puis la regarda en souriant. "Tu l'as réparée !"

"Viens, on va te mettre au lit," dit-elle. Elle lui tendit la main pour l'aider à se lever. Il la prit mais s'en servit pour l'attirer contre lui et l'entourer de ses ailes. "Je n'ai pas sommeil," murmura-t-il. Il s'allongea contre le sol et l'attira sur lui, toujours enveloppée de son doux bouclier blanc, qui faisait disparaître le monde entier.

"Je t'aime, Edward," dit-elle.

Il ne répondit pas. Perplexe, elle leva les yeux vers son visage et vit qu'il dormait profondément. Ou il était évanoui. L'un ou l'autre. Elle gloussa et reposa sa tête sur son torse. Elle envisagea brièvement de le pousser à se lever pour se mettre sur le lit mais décida qu'elle était parfaitement à l'aise là où elle était.


Le lendemain matin, c'était samedi, ce qui était une bonne chose pour le pauvre Edward, qui était sous l'emprise impitoyable de sa première gueule de bois. Elle avait tout de suite su qu'il allait être malheureux lorsqu'il était sorti de la chambre en portant ses grosses lunettes de soleil. "Pourquoi la lumière est-elle si forte ici ? Tu as changé les ampoules ?"

"Non, c'est la même lumière," dit-elle. "Tu as faim ?"

"Argh non," frémit-il. "Mon estomac est bizarre."

"Tu as la nausée," diagnostiqua Bella. "C'est normal après avoir bu. Je vais te chercher quelque chose pour ton mal de tête." Elle se dirigea vers l'armoire à pharmacie de la salle de bain et versa deux aspirines dans sa main. Elle en prit deux pour elle car son doigt coupé lançait. Elle enleva le pansement et vit qu'il était rouge et boursouflé. Elle aurait aimé avoir de l'eau oxygénée à verser dessus mais il n'était pas question d'envoyer Edward dehors dans son état.

Elle retourna dans la cuisine et prépara une bonne tasse de thé à Edward, en y ajoutant beaucoup de sucre pour qu'il finisse de le boire puis un filet d'eau froide pour qu'il ne s'ébouillante pas. Il avait la tête enfouie dans ses bras sur la table.

"Prends ça," dit-elle en lui mettant l'aspirine dans la main.

Il s'exécuta, leva la tête de quelques centimètres et but une gorgée de thé. "Je me sens très mal."

"Je le vois bien," dit-elle. Elle mit ses deux aspirines dans sa bouche et les avala en buvant une gorgée d'eau. "Et quelle leçon avons-nous tirée de cette histoire ?"

"Ne pas mélanger la bière et l'alcool ?" suggéra Emmett dans l'embrasure de la porte.

"Je n'ai pas mélangé," insista Edward. "Ça aurait un goût horrible."

"Pas les mélanger ensemble. On ne les boit pas en même temps."

"Est-ce que ça marche ?" demanda Edward à Bella.

Elle haussa les épaules. "Comment le saurais-je ? Je ne bois pas."

"Pourquoi ?" demanda Emmett.

Bella prit une boîte de céréales et sortit le lait du réfrigérateur. "J'ai toujours eu peur de révéler quelque chose devant tout le monde ou de divulguer mes secrets."

"Tu as peur de perdre le contrôle," dit Edward.

"Voici Lord Gueule de Bois qui se montre philosophe." Et peut-être qu'elle le taquinait pour détourner l'attention de tout le monde de ce qu'il venait de dire. Parce que c'était très proche de la vérité.

"Dave danse près de la porte," leur dit Emmett.

"Oh, zut, j'ai oublié de le sortir," grogna Edward.

"C'est bon. Je vais le faire," dit Emmett.

Lorsque Dave revint à l'intérieur, il secoua des gouttes d'eau de sa fourrure. Bella le sécha avec une serviette. Dave trotta jusqu'à Edward et se mit sur ses pattes arrière, appuyant ses pattes avant sur la cuisse d'Edward. Il frappa le bras d'Edward avec sa patte jusqu'à ce qu il le regarde. Edward pencha la tête et écouta. "Merci, Dave, mais non, je ne pense pas que manger de l'herbe m'aidera à me sentir mieux."


Le dimanche, Edward s'étant rétabli, Bella décida de poursuivre ses plans initiaux pour ce week-end et d'emmener tout le monde au stand de tir pour s'entraîner. Elle avait l'intention d'acheter une arme pour chacun des anges.

Les Déchus pouvaient paraître aussi solides que les vivants pendant de courtes périodes de temps et ne perdaient qu'occasionnellement leur emprise sur un objet. Ils s'agglutinaient autour de Bella lorsqu'ils quittaient la maison, empêchant de la voir. Edward s'amusait à faire des signes aux taxis et ils se tenaient tous en retrait sur le trottoir pendant qu'il sifflait et faisait des signes de la main.

Ils se serrèrent tous dans un seul taxi, Rose assise à l'avant avec le chauffeur admiratif et Emmett, Carlisle et Edward serrés sur la banquette arrière, Bella sur les genoux d'Edward. Ne perdant jamais une occasion, il embrassa le cou, la mâchoire et l'oreille de Bella puis prit ses lèvres jusqu'à ce que Carlisle lui lance : "Tu ne peux pas garder tes mains pour toi pendant cinq minutes ?"

Edward se figea et jeta un regard meurtri à Carlisle. "Ai-je fait quelque chose de mal ?"

Carlisle soupira. "Non. Je suis juste... envieux, je suppose. Tu as Bella et Emmett a Rose..."

"Emmett et Rose ?" Bella et Edward reprirent en chœur. Rose garda les yeux rivés sur le pare-brise et ne dit rien.

Emmett se tortilla "Euh, nous... euh... Oui."

"Eh bien," dit Edward dans le silence béant. "Félicitations ?"

"Nous ne pouvons pas toucher les vivants mais nous pouvons nous toucher l'un l'autre," dit Emmett, un peu gêné. Bella se demanda quelle était la part d'affection sincère et quelle était la part de simple faim de contact avec un autre être. Quoi qu'il en soit, cela semblait avoir amélioré les perspectives d'Emmett et de Rose et Bella espérait que cela les aiderait à ne pas sombrer dans le désespoir.

Le chauffeur s'arrêta devant le champ de tir et ils descendirent tous sur le trottoir, entourant à nouveau Bella. Edward, le seul à posséder une pièce d'identité (achetée à un autre personnage louche qu'il avait rencontré sur les quais) s'inscrivit et acheta une autre boîte de munitions pour leur arme de poing à un prix qui indigna Bella, mais le revenu supplémentaire permit au propriétaire du stand de regarder ailleurs pendant qu'ils utilisaient tous le même couloir de tir.

Lorsqu'ils commencèrent à s'entraîner, il ne fallut pas longtemps pour découvrir qu'Edward ne savait pas tirer. Il visait très mal et atteignait rarement la cible, sans parler du centre. Bella pensa d'abord qu'il s'agissait simplement d'un dégoût naturel d'un ange pour une arme mortelle mais aucun des autres anges n'y voyait d'inconvénient. Après avoir vidé une boîte de munitions très chères, Bella dut s'avouer vaincue. Edward devrait simplement être armé d'autre chose et compter sur sa rapidité.

Rose était naturelle. Au début, Bella pensa qu'elle devait aussi rater la cible mais elle se rendit compte que Rose tirait tous ses coups directement à travers un seul trou au centre. Emmett et Carlisle la regardèrent avec stupéfaction. Rose essaya d'aider Edward en lui donnant quelques conseils et même en l'aidant à aligner son viseur correctement mais il n'y arrivait pas. Bella voyait bien qu'il se sentait mal à l'aise et elle essaya de lui faire comprendre que ce n'était pas grave.

Bella elle-même ne pouvait pas tirer parce que sa main lui faisait très mal. C'était la chose la plus étrange. Elle avait eu des milliers de coupures dans sa vie et elles commençaient généralement à s'améliorer au bout de quelques jours, pas à empirer. Elle reprit de l'aspirine lorsqu'ils rentrèrent à l'appartement et commencèrent à préparer le dîner.

Dave, qui s'était désaltéré en allant chercher la balle que Carlisle faisait rouler, trotta dans la cuisine, ses griffes claquant sur le linoléum. Il but une bonne gorgée d'eau dans son bol puis alla vers Bella pour se faire gratter derrière les oreilles. Il la renifla et laissa échapper un doux gémissement avant de se rendre auprès d'Edward, qui était en train de défaire un long morceau de ficelle sur le manche de l'aspirateur. (C'était la faute d'Emmett, qui avait attrapé le rabat inférieur de la garniture du canapé et avait arraché une long fil de la bordure).

"Qu'est-ce que tu veux dire, Bella a une drôle d'odeur ?" demanda Edward à Dave. "Elle sent très bon pour moi."

"C'est peut-être la nouvelle lessive," dit Bella. Edward ne prenait jamais deux fois la même marque, aimant les différents parfums sur ses vêtements.

Emmett, qui avait pris place sur le tapis devant la télévision, appela : "Les gars, je pense que vous devriez voir ça."

"Bon sang, c'est Jasper !" gémit Bella en voyant l'image à l'écran. Sa propre photo était affichée dans le coin, pour rappeler aux téléspectateurs de continuer à la chercher. Jasper était assis sur une chaise devant un mur beige, vêtu d'une blouse beige familière. "Bella, si tu vois ça, je te demande de te rendre," dit Jasper d'un air absent. Ses yeux étaient éteints et son visage étrangement bouffi. Au coin de sa lèvre, elle pouvait voir une ecchymose que le maquillage ne couvrait pas entièrement.

"Eteins ça," dit Edward alors que Bella se retournait pour se cacher dans ses bras.

"Ils lui font du mal, Edward !" s'écria Bella, la voix angoissée.

Edward ne le nia pas. Il l'entoura de ses ailes et posa sa joue sur sa tête.

"Il savait que cela allait arriver," dit Bella, la voix étranglée par les larmes. "D'une manière ou d'une autre, il savait. Rappelle-toi, il m'a dit de rester en sécurité, peu importe ce que je voyais. Son talent n'est généralement pas aussi détaillé mais d'une manière ou d'une autre, il devait savoir."

"Bella, prends cela comme un signe positif," lui dit Carlisle, sa voix étouffée par les ailes qui l'entouraient. "Il est toujours en vie, ce qui signifie que nous avons une chance de le récupérer."

"Ce mur était de la même couleur que la peinture utilisée dans l'établissement," dit Edward. Il prit son visage dans ses mains et utilisa ses pouces pour essuyer doucement ses larmes. "Je pense que c'est là qu'ils le gardent. Quand nous aurons sauvé les résidents, nous pourrons peut-être sauver Jasper aussi."

Bella ferma les yeux. Maintenant, Jasper allait devoir fuir lui aussi, sa carrière qu'il aimait tant ruinée. Elle ressentit une vague de haine envers Jacob Black, si intense qu'elle en trembla. Elle pensa à Charlotte, sa secrétaire, qui aimait Jasper comme le fils qu'elle n'avait jamais eu. Elle espérait que Charlotte verrait la vidéo et saurait que Jasper était toujours en vie, même s'il était en "garde à vue" pour avoir soi-disant aidé sa sœur dans ses complots terroristes.

"Jacob Black est un homme mort," jura Bella.


Lundi soir, Edward rentra du travail et annonça à Bella que Jenks souhaitait la rencontrer.

"Pourquoi ?"

"Par curiosité, principalement." Edward haussa les épaules. "Peut-être qu'il veut s'assurer que tu n'es vraiment pas une terroriste."

"Oh, seigneur," gémit Bella. "Quand ?"

"Ce soir."

"Au club de strip-tease ?" demande Bella avec méfiance.

Edward acquiesça. "Je crois qu'il y passe beaucoup de temps." Un comportement qu'Edward jugeait étrange.

Il faisait froid ce soir-là, alors Bella s'emmitoufla dans sa parka et enroula une écharpe autour de son cou, l'utilisant pour cacher le bas de son visage, comme un bandit dans un western. Edward lui mit sur la tête le bonnet en tricot qu'il portait sur les quais, en le rabattant autour de ses oreilles. "Est-ce que ça m'aide à cacher mon visage ?" demanda-t-elle.

"Non, je ne voulais pas que tes oreilles soient froides."

Le club était accessible à pied mais sortir dans la rue la nuit avec Bella rendait Edward très nerveux. Il avait mis l'un des pistolets dans la poche de Bella et il tournait autour d'elle avec anxiété, jetant des regards à tous ceux qui osaient les croiser sur le trottoir, y compris la petite vieille avec son déambulateur.

La musique était si forte que Bella pouvait l'entendre à l'extérieur du club. Il n'y avait pas de videur, pas de queue à la porte. L'endroit ressemblait à un taudis, la peinture de la façade en bois était craquelée et écaillée, la fenêtre sombre était couverte de saleté. Edward ouvrit la porte et la chaleur et le bruit se déversèrent à l'extérieur. La seule lumière à l'intérieur semblait provenir des scènes, où des femmes se tortillaient dans différents niveaux de déshabillement, et du bar lui-même. Comme il l'avait dit à Bella, Edward ne jeta même pas un coup d'œil vers les femmes, la guidant à travers la foule vers le bar.

"A quoi ressemble Jenks ?" cria Bella pour se faire entendre par-dessus la musique.

"A ça," cria Edward et il transforma en un homme blond et trapu, vêtu d'une chemise hawaïenne.

"Edward, ne change pas d'apparence devant les gens !" siffla Bella, essayant de le soustraire à la vue de la foule qui les entourait.

"Ils ne peuvent pas voir," lui dit Edward. "Ne t'inquiète pas."

L'homme qu'il lui avait montré était assis sur un tabouret à l'autre bout du bar, regardant l'action sur les scènes avec un intérêt avide tout en sirotant un petit verre de liquide brun. Du whisky, devina-t-elle.

"Hé, Edward !" dit-il en voyant l'ange de Bella. Il parlait en anglais avec un accent américain. "Ce doit être la petite dame."

"C'est ma Bella," dit Edward avec fierté.

"Superbe déguisement," dit Jenks en regardant les cheveux roux de Bella. "Alors c'est toi qui veux faire un tour en bateau ?"

Bella enleva son manteau et l'accrocha au dossier de sa chaise, s'éventant. "Oui, moi et quelques-uns de mes amis."

"Combien de tes amis se joindront à nous ?"

Bella n'avait jamais fait le compte de tous les résidents de l'établissement. "Une vingtaine," supposa-t-elle.

Jenks but une nouvelle gorgée de son verre. "Qu'est-ce que vous buvez tous les deux ?"

"Du coca," dit Bella.

Edward frémit, se souvenant de sa gueule de bois. "Du coca pour moi aussi, s'il vous plaît."

Jenks fit signe au barman de s'approcher et commanda leurs sodas. Bella détourna le visage et leva une main comme si elle se grattait le sourcil pour cacher ses traits. Elle n'avait pas besoin de s'en préoccuper. Le barman leur jeta à peine un coup d'œil. Il grimaça comme s'ils avaient commandé quelque chose de peu ragoûtant et posa les verres sur le comptoir après les avoir remplis à l'aide d'un tuyau flexible. Jenks lui donna quelques pesos et il partit à la recherche de clients plus intéressants.

"Heureusement que vous m'avez attrapé cette semaine," dit Jenks. "Après cette tournée, je pars en Asie du Sud-Est pour six mois. J'ai un travail en vue là-bas."

"Je veux acheter des armes et des munitions," lui dit Bella. "Deux armes de poing et quatre fusils."

"Vous avez une préférence pour un calibre ?"

Elle n'en avait aucune idée. "Tout ce qui fonctionne bien et qui n'est pas cher."

Jenks ricana. "Semi ou full auto ?"

"Semi," dit Bella. Elle s'était souvenue, en regardant des films de guerre, qu'il était facile de manquer de munitions avec une arme automatique.

"J'ai quelques AK," propose Jenks.

Bella ne connaissait pas suffisamment les armes à feu pour savoir ce que c'était, à part de vagues souvenirs de films. "Est-ce que c'est bon ?"

"Pour quoi faire ? Pour chasser les canards ? Il faut que tu me parles de ton scénario ou je ne pourrais pas te dire ce qu'il te faut."

"Hypothétiquement, si nous voulions, disons, faire un raid sur une installation gouvernementale gardée par de nombreux soldats ?"

"Eh bien, putain, tu es un terroriste," dit Jenks avec une légère surprise. "Chérie, si tu t'attaques à Guantánamo, ne compte pas sur moi."

"Ce n'est pas Guantánamo," rétorqua Bella. "C'est un centre gouvernemental caché pour les personnes dotées de pouvoirs paranormaux."

Il arqua un sourcil. "C'est le mieux que tu puisses trouver, hein ?"

Bella soupira. "Crois ce que tu veux. Dis-moi juste quel genre d'armes acheter."

"Des AK, ça devrait aller," dit Jenks. "Je te fournirai aussi quelques armes de poing de gros calibre. Si tu fais ce que je pense que tu fais, tu auras besoin de plus d'une arme de poing par personne."

"Combien ?"

Jenks sourit et bu une gorgée de son verre. "Je te les offre, vu le prix que je demande pour ma petite croisière de plaisance. Mais garde à l'esprit que je ne suis pas un combattant, ni aucun membre de mon équipage. Si tu n'es pas au point de rendez-vous à l'heure convenue, nous partirons sans toi."

"Je comprends," dit Bella.

"Je donnerai les armes à Edward demain pour que tu puisses t'entraîner un peu avec avant de partir."

"As-tu fixé une date ?" demanda Bella.

"Pas avant mardi prochain," lui dit Jenks. "Je ne serai pas de retour en ville avant cette date."

Bella soupira. Elle commençait à s'impatienter. Plus ils attendaient, plus le pauvre Jasper serait à leur merci. Cette pensée tourmentait Bella.

"Nous avons beaucoup de choses à planifier, Bella," dit Edward. "Nous avons besoin de temps pour mettre au point notre stratégie."

"D'accord. Nous allons donc fixer provisoirement la date à mercredi prochain." Elle but un verre de son coca.

"D'accord." Jenks brandit son verre en guise de salut et en vida le contenu. "Tu restes boire un verre avec moi, Edward ?"

Edward secoua la tête. "Je veux rentrer chez moi. Je n'ai pas fait l'amour depuis deux jours."

Bella recracha une gorgée de son soda et Jenks éclata de rire. "J'adore ce type."