..

Dave voyait bien au langage corporel de la femme de l'homme-ailé qu'elle était contrariée et il avait essayé diverses tactiques pour la distraire. Peut-être était-ce parce qu'il y avait beaucoup de bruit dans cette maison étrange en mouvement. Il lui avait apporté sa balle mais elle avait marmonné et l'avait posée sur le siège à côté d'elle. Il avait eu un peu plus de succès avec son jouet en corde, qu'elle avait tiré avec sa patte, tandis qu'il s'y accrochait avec ses dents et appuyait ses jambes contre le siège. Dave l'avait laissé même gagner quelques fois, mais cela ne l'avait pas rendue heureuse. Il s'était finalement contenté de lui lécher les pattes (il adorait le goût de la peau, si délicieusement salée) et elle l'avait caressé, ce qui avait semblé l'apaiser un peu.

La jeune femelle fixait un morceau de papier, une de ces activités humaines étranges que Dave ne comprenait pas. De temps en temps, elle retournait le morceau de papier suivant et fixait l'autre côté. Ils faisaient cela pendant de longues périodes. L'homme-ailé avait dit à Dave que la jeune femelle était leur chiot, ce qui troubla Dave car il ne se souvenait pas que la femelle de l'homme-ailé portait des petits, mais Dave l'accepta comme faisant partie de leur meute. Il l'aimait bien. Elle lui donnait de la nourriture. Il aurait juste aimé qu'elle passe moins de temps à regarder du papier et plus de temps à jouer.

Le chien méchant à l'aura noire regardait toujours dans leur direction, fixait la femelle de l'homme ailé, pour être plus précis. Il ne savait pas quel genre de créature était ce chien méchant mais il savait instinctivement, qu'il représentait une menace pour la meute de Dave. Il faisait dresser les cheveux sur la nuque de Dave. Dave envisageait de lui grogner dessus mais il avait décidé de ne pas le faire. Il ne voulait pas que le chien méchant pense qu'il s'agissait d'un défi à la meute. Il pensait que l'homme-ailé était fort, mais il ne savait pas ce que le chien méchant ferait. Il pourrait blesser leurs femelles et leur premier devoir était de s'assurer qu'elles étaient protégées.

Dave sauta des genoux de la femelle vers l'homme-ailé, mais il ne voulait pas parler. Il ramassa Dave et le tendit à la jeune femelle, qui le caressa tout en fixant son morceau de papier. Dave laissa échapper un souffle et posa sa tête sur ses pattes. Il observa attentivement le chien méchant.


Ils atterrirent sur une piste privée dans le Tennessee, l'un des rares aéroports privés à l'est du Mississippi à disposer d'une piste suffisamment longue pour accueillir le jet d'Amun.

Les décollages et les atterrissages étaient les pires moments de l'aviation, selon Bella. Elle craignait chaque secousse et chaque tremblement. Le nez de l'avion toucha le sol et elle poussa un soupir de soulagement, avant de se crisper à nouveau en entendant le grondement sourd des freins.

Jenks utilisa l'interphone de l'avion pour que tout le monde puisse l'entendre. "Même si vous n'aviez pas prévu de descendre de ce côté-ci du pays, vous pouvez sortir et vous dégourdir les jambes. Mais n'allez pas trop loin. Nous redécollerons dans une heure environ."

"Allons nous promener," dit Bella à Edward. Elle avait envie de parler à Edward depuis son rêve effrayant, mais elle n'avait rien pu dire pendant tout le vol à cause des yeux d'Amun. Elle avait soigneusement évité de le voir mais elle sentait qu'il la regardait, comme si son regard avait un poids, comme si des milliers d'aiguilles minuscules lui piquaient la peau.

Ils attendirent que tout le monde ait quitté l'avion avant de se lever. Edward s'étira, cambra le dos et étendit ses ailes au maximum puis les fit battre pour lisser les plumes qui s'étaient froissées à force d'être pressées contre le dossier du siège pendant des heures. La bouche de Bella devint sèche lorsque son t-shirt se détacha de son jean et exposa son abdomen musclé. Edward lui sourit, heureux comme toujours qu'elle l'admire.

Edward et elle descendirent l'escalier qui menait en bas de l'avion. Mais ils n'échapperaient pas si facilement à Amun. Il attendait au pied de l'escalier. "Bonjour, Bella," ronronna-t-il. "Tu as bien dormi ?"

Bella ne répondit pas. Ils passèrent comme s'il n'existait pas. Bella entendit Amun glousser et cela lui fit dresser les cheveux sur la tête. Elle mit sa main dans celle d'Edward, qui traça du bout du doigt la forme d'un cœur au dos de sa main. Bella lui sourit. C'était étonnant de voir à quel point un si petit geste pouvait être réconfortant.

Jane avait déjà débarqué et les attendait sur le tarmac. "Je vais promener Dave," dit-elle en indiquant d'un signe de tête un coin d'herbe sur le côté de la piste d'atterrissage.

"D'accord," dit Bella. "Reste avec Alice ou Esmée quand tu as fini, d'accord ?"

Jane roula des yeux mais dit qu'elle le ferait. Bella donna une tape à Dave et suivit Edward.

A une centaine de mètres de là se trouvait un grand hangar à avions avec un toit en arc de cercle. Il y avait une énorme porte à l'avant, assez large pour accueillir les ailes d'un avion, et il était peint d'une couleur beige clair. Bella trouvait qu'il ressemblait à une miche de pain. Edward la conduisit à l'arrière, là où personne ne pouvait les voir. Il prit Bella dans ses bras et sauta, battant des ailes pour les faire décoller. Bella resta silencieuse et enfouit son visage dans son cou.

Il ne vola pas longtemps avant de choisir un endroit. Il s'inclina et se posa dans une petite clairière au-delà d'un bosquet d'arbres. L'endroit était assez beau pour être une scène de peinture. Une brise légère faisait onduler l'herbe longue et douce parsemée de fleurs sauvages. Bella s'assit sur un gros rocher près du petit ruisseau qui divisait la prairie en deux moitiés presque parfaitement égales.

"Que s'est-il passé dans l'avion ?" demanda-t-elle. "Tu m'as dit que tu n'avais pas pu entrer, qu'est-ce que tu voulais dire par là ?"

"C'était horrible," dit Edward. Il fit les cent pas et se passa plusieurs fois les mains dans les cheveux en signe d'agitation. "Dès que tu t'es endormie, ton esprit s'est coupé du mien. J'ai cru que tu me bloquais d'une manière ou d'une autre, parce que c'est ce que j'ai ressenti : un bouclier qui m'empêchait d'entrer."

Il arrêta de faire les cent pas et s'agenouilla devant elle. "Tu parles dans ton sommeil, tu sais. Au début, j'ai pensé que tu faisais un rêve agréable. Tu as dit mon nom et tu as souri puis tu as parlé d'olives. Je cherchais encore un moyen d'entrer, et quand tu as commencé à te retourner et à gémir de peur, tu as dit 'yeux noirs'..." Edward s'interrompit. Ses ailes s'affaissèrent et les plumes de leurs extrémités traînèrent sur le sol. "Je me suis jeté de tout mon pouvoir contre la barrière et elle s'est brisée."

"C'était toi," dit Bella. "Je veux dire, il te ressemblait. Je n'ai su que c'était Amun que lorsque ses yeux ont changé." Elle ne pouvait pas lui dire le reste. Elle ne pouvait pas lui dire comment Amun l'avait touchée. Elle en avait honte, comme si elle avait trompé Edward. "Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais même pas crier. Etait-ce seulement un rêve ? Est-ce que j'ai utilisé mes pouvoirs contre moi, contre toi ?"

"Je préférerais presque cela à l'alternative," dit-il d'un ton grave. "Mais j'ai été dans tes rêves toute ta vie, Bella, et je n'ai pas eu l'impression que c'était l'un des tiens."

"Je suis vraiment désolée," dit-elle.

"Pour quoi ?"

"Je ... l'ai laissé me toucher alors que je pensais qu'il était toi." Bella ne pouvait pas regarder Edward, elle ne pouvait pas supporter de voir dans ses yeux de la douleur, de la colère ou même de la condamnation. Elle ramassa un brin d'herbe et le passa entre ses doigts.

Il posa ses mains sur les siennes, calmant ses mouvements nerveux. "Bella, tu n'as rien fait de mal. Rien du tout. Même si ce n'était qu'un rêve ordinaire et même si tu avais été avec lui de ton plein gré, tu n'aurais rien fait de mal. Les rêves ne sont qu'une façon pour l'esprit d'explorer les possibilités et les impossibilités infinies de la vie. Te souviens-tu de ce rêve dans lequel tu as dévalisé une banque et fait du shopping à la librairie ? Est-ce que ce rêve signifie que tu veux vraiment braquer une banque ?"

"Non, je suppose que non. Oh, mon Dieu, Edward, qu'allons-nous faire ? Je ne le veux pas parmi nous."

"Malheureusement, je pense que nous pourrions avoir besoin de lui," dit Edward. "Il sait ce qu'il fait. Jenks lui fait confiance en ce qui concerne la mission et je fais confiance au jugement de Jenks. Et je pense que Jenks a raison de dire que Amun ne ferait rien pour te faire du mal, même si sa définition du 'mal' est peut-être un peu différente de la nôtre."

"Et toi ? Je ne le supporterais pas, s'il t'arrivait quelque chose."

"Je ne suis pas mortel, Bella," lui rappella Edward.

"Mais si les démons peuvent blesser ou même tuer les anges ? Nous ne savons pas de quoi ils sont capables."

"Et nous ne savons pas s'il est un démon", fit remarquer Edward. Il souleva Bella du rocher pour la prendre dans ses bras et l'enveloppa de ses ailes. Bella posa sa tête sur sa poitrine et des larmes silencieuses coulèrent de ses yeux.

"S'il te plaît, ne pleure pas," dit Edward. "S'il te plaît, Bella." Il déposa des baisers sur son visage entre les mots. Il prit sa main dans la sienne et la posa sur sa poitrine. "Tu sens ça ? Il bat pour toi, uniquement pour toi. Tu es ici, dans mon cœur, et rien ne t'en fera jamais sortir. Ici, Bella, tu es en sécurité. Rien, rien, ne m'empêchera jamais de t'aimer."

Ses baisers allaient de ses yeux humides à ses lèvres. Bella lui rendit son baiser avec ferveur et il la déposa délicatement sur l'herbe. Ses ailes formèrent une tente autour d'elle, l'abritant. Elle gémit doucement lorsqu'il déboutonna sa chemise, embrassant sa gorge jusqu'à la chair qu'il révélait petit à petit.

"Ooh, un fermoir sur le devant," dit-il lorsqu'il atteignit son soutien-gorge. Il le décrocha d'un coup de pouce et suça le mamelon. Bella enfila ses doigts dans ses cheveux et ne réalisa que faiblement que son corps s'agitait sous le sien. Elle respirait par à-coups. Elle sentit sa main défaire son jean et elle souleva ses hanches pour l'aider puis l'aida à baisser le sien. Il tira impatiemment sur leurs vêtements, les jetant de côté, comme s'il était affamé de sentir sa peau contre la sienne.

Elle le caressa et son souffle chaud haletant contre son oreille lui donna un doux frisson. Elle le positionna à son entrée mais il n'en avait pas encore fini avec elle. Sa bouche désignait de nouvelles zones érogènes sur son corps tandis qu'il embrassait et léchait son chemin vers le bas. Il souleva l'une de ses jambes par-dessus son épaule et elle poussa un cri étranglé lorsque sa langue traça ses doux plis.

Etait-ce l'amour qui rendait leur passion si douce ? Ou le fait qu'il puisse lire dans ses pensées et qu'il sache exactement ce dont elle a besoin pour la rendre folle de plaisir ? Peut-être était-ce les deux. Tout ce qu'elle savait, c'est que rien ne pourrait jamais être comparé à la joie pure de sa chair contre la sienne et à chaque fois que ce moment délicieux arrivait, lorsqu'il joignait son corps au sien, elle le regardait dans les yeux et se régalait de l'amour qu'elle y trouvait. Et lorsqu'ils s'étendaient l'un contre l'autre, dépouillés et épuisés, elle adressait toujours une prière silencieuse et inarticulée de remerciement.

Ils se levèrent à contrecœur de leur lit d'herbe écrasée et s'habillèrent, riant lorsqu'ils découvrirent qu'Edward avait jeté une de ses chaussures dans le ruisseau dans sa frénésie de se déshabiller. Elle passa ses bras autour de son cou et il la serra contre lui tandis qu'il les lançait vers le haut. Ils atterrirent derrière le hangar et retournèrent à l'avion main dans la main, riant de la façon dont sa chaussure giclait et coulait à chaque pas.

Leur groupe était rassemblé au pied de l'escalier. Certains se donnaient l'accolade, se disaient au revoir. Lorsque Bella s'approcha, elle fut prise d'assaut par ceux qui avaient l'intention de partir, remerciée à plusieurs reprises pour le sauvetage et serrée dans les bras à de multiples reprises. Alice, Esmée et Quil restèrent en retrait avec l'équipe et Jasper. Bella fut ravie de voir Jasper et Alice discuter et, sous ses yeux, Alice rougit et lui adressa un sourire coquet. Il y a peut-être encore de l'espoir pour ces deux-là, pensa Bella.

Amun était au pied de l'escalier, comme s'il n'avait pas bougé pendant toute la durée de leur absence. Il observa leurs vêtements en désordre, l'herbe dans les cheveux de Bella. "Ta chemise est mal boutonnée," commenta-t-il.

Bella rougit mais ne dit rien. Elle prit les escaliers deux par deux. Derrière elle, elle l'entendit dire à Edward "Je suis sûr que tu es reconnaissant maintenant que je l'ai mise dans tous ses états."

Le seul avertissement qu'il reçut fut un grognement doux de la part d'Edward avant que son poing n'atteigne la mâchoire d'Amun. Il y eut un halètement collectif et Esmée poussa un petit cri. Belle redescendit les escaliers en courant.

Amon recula en titubant, sa main enserrant sa mâchoire. Il sourit. "J'espérais que tu ferais ça." Il donna un coup de poing à Edward, qui le bloqua tout en envoyant un autre coup de poing qui atteignit Amun au plexus solaire. Amun se retourna avec un grognement, fonça vers Edward et lui asséna un coup d'épaule dans l'estomac. Tous deux s'écrasèrent sur le macadam, Amun au-dessus d'Edward.

Bella fit un pas en avant mais Jenks lui attrapa le bras. "Ne t'avise pas de le faire," dit-il. "C'est leur combat. Ne t'en mêle pas." Il éleva la voix pour se faire entendre de tous. "J'ai 10 000 dollars sur l'ange," dit Jenks. "Qui en veut une part ?"

"Je vais prendre ce risque," dit Collin. "Amon se bat salement."

Edward grogna et lança un coup de poing droit devant, qui se planta dans la bouche et le nez d'Amun avec un craquement audible. Il atterrit sur le dos et Edward bondit mais Amun était prêt. Il poussa ses jambes, attrapa Edward par l'estomac et l'envoya voler au-dessus de sa tête. Ce dernier atterrit sur le dos avec un bruit sourd. Une bouffée de plumes détachées fut projetée en l'air et retomba en spirale autour de lui.

La foule sursauta à nouveau et recula, formant sans s'en rendre compte un large demi-cercle autour des deux combattants. Bella poussa un cri, tirant sur la main de Jenks qui la retenait. Edward lui jeta un rapide coup d'œil pour s'assurer qu'elle était en sécurité.

Amun se remit debout avec une grâce étonnante et fonça sur Edward. Il envoya un coup de pied brutal en direction d'Edward, mais ce dernier roula rapidement et attrapa la jambe d'Amun. D'un coup sec, Amun se retrouva sur le pavé, face contre terre. Il pivota avec sa jambe libre et attrapa Edward sur le côté de la tête. Edward enfonça son coude dans le ventre d'Amun, lui coupant le souffle, puis Edward se retrouva sur lui, martelant le visage d'Amun de ses poings. Le sang coula.

Jenks lâcha Bella et s'avança à son tour. Il s'accroupit à côté d'Amun. "Edward."

Edward donna encore deux coups de poing. "Oui ?"

"Je crois que tu as gagné."

"Oui." Coup de poing. "Je crois que..." Coup de poing. "... je l'ai fait." Coup de poing.

"Tu vas t'arrêter avant qu'il ne soit mort ? " demanda Jenks avec désinvolture.

Edward s'assit, respirant difficilement. Il ramena son visage vers son épaule et s'essuya le visage sur sa manche puis ses mains sur les jambes de son jean, laissant des traces sanglantes. Il se tenait au-dessus de son adversaire vaincu, ange vengeur triomphant.

Le visage de Amun n'était plus qu'un amas de sang et de tuméfaction. Il poussa un gémissement et cracha une giclée de sang. Jenks le regarda et haussa les épaules. "Je t'avais dit de ne pas l'énerver."


Voilà qui répond à la question, pensa Bella alors qu'Amun entrait dans l'avion en titubant. Il n'était pas humain. Aucun humain ne pourrait se déplacer après une telle raclée. Amun boitait et se traînait le long de l'allée jusqu'à sa chambre située à l'arrière de l'avion. Il ne jeta même pas un coup d'œil en direction d'Edward et de Bella lorsqu'il passa devant eux.

Jane le regarda passer et lança un regard impressionné à Edward. "Tu lui as botté le cul," dit-elle d'un ton émerveillé.

"Jane ! Ton langage," lui reprocha Bella.

"Désolée... C'est juste que... C'est juste... Je veux dire, Edward, tu as toujours semblé si doux et gentil et tout ça. Je ne savais pas que tu pouvais te battre comme ça."

Bella avait enveloppé les articulations enflées d'Edward dans des serviettes fraîches et humides, bien qu'il ait insisté sur le fait qu'il irait mieux dans quelques heures. "Tu m'as fait perdre dix ans de ma vie," dit-elle.

"Il n'y avait pas de raison d'avoir peur," répondit Edward.

"Je t'ai dit que je ne voulais pas que tu sois blessé à cause de moi !" gronda Bella. "Et si c'était toi qui avais été ensanglanté et battu à la fin ?"

"Mais ce n'était pas le cas," dit Edward.

"Ça aurait pu l'être," rétorqua Bella.

Edward lui adressa un sourire ironique. "Merci pour le vote de confiance concernant mes aptitudes au combat."

Bella rougit. "Je ne voulais pas dire..."

Son sourire se transforma en tendresse. "Je sais, ma chérie. Je ne faisais que te taquiner. Mais au moins, nous avons appris à quel point il est fort."

"S'il avait été humain, il serait mort."

"S'il avait été humain, je ne l'aurais pas autant battu."

"Qu'est-ce qu'il est ?" demanda Jane.

Bella et Edward se figèrent. Ils avaient tous deux oublié qu'elle écoutait encore. L'équipage connaissait le secret d'Edward et certains des surdoués aussi, mais Bella ne savait pas si Jane en avait été informée. Sa phrase suivante répondit à cette question "Est-il un ange comme toi ?"

Edward pencha la tête. "Qui t'a dit ça ?

Jane haussa les épaules. "J'entends des choses par hasard. Tout le monde est au courant."

Edward se frotta le menton d'un air pensif. "Nous ne sommes pas sûrs de ce qu'il est, pour te dire la vérité."

Jane acquiesça. "Je resterai à l'écoute et vous ferai savoir si j'entends quoi que ce soit d'utile à son sujet."

La voix de Jenks retentit dans l'interphone. "Nous sommes prêts pour le décollage. Mettez vos ceintures. Si la cabine se dépressurise soudainement, les masques à oxygène tomberont. Mettez-en un, car l'oxygène vous permettra d'aller plus haut qu'un putain de cerf-volant, croyez-le ou non. Si vous volez avec un enfant... Jane est la seule enfant ici et si, à treize ans, elle n'est pas assez intelligente pour mettre son propre masque, nous dirons que c'est Darwin en action. En cas d'atterrissage dans l'eau, ce qui est vraiment improbable, votre partenaire de siège peut être utilisé comme dispositif de flottaison. S'il y a un autre type d'accident, placez prudemment votre tête entre vos genoux et dites adieu à vos fesses. Très bien, contrôle de mission, nous sommes prêts pour le décollage."

Bella entendit les moteurs se mettre en marche et l'avion commença à avancer. Elle n'aimait pas voler dans un avion, décida-t-elle. Elle cacha son visage contre l'épaule d'Edward. "Ne t'inquiète pas," lui dit Edward. "S'il y a un problème avec l'avion, j'ouvrirai simplement l'une des portes de sortie et nous nous mettrons à l'abri. Tu t'accroches à Jane. Jane, tu t'accroches à Dave. Et je m'accrocherai à toi, Bella."

Bella gloussa. "Je suis contente que tu aies tout prévu. Mais qu'en est-il de Jasper, Esmée, Alice et tous les autres ?"

"Ils n'ont plus qu'à espérer que leur partenaire de siège est une personne flottante."

Le nez de l'avion se souleva et la vibration des roues sur le tarmac s'arrêta. Bella gémit et ferma les yeux. "Tout ira bien," la rassura Edward. "Détends-toi, Bella."

Elle saisit son aile et l'enroula autour d'elle, se réfugiant dans son monde blanc et sûr. Elle ne voulait pas s'endormir. Elle ne pensait pas se détendre suffisamment pour que cela se produise, mais soudain, elle n'était plus dans l'avion.

C'était un belvédère, en forme d'octogone, avec un cadre en fer forgé et des parois en verre.

"Bonjour, Bella."

Elle se retourna et vit Amun assis sur un banc en fer forgé derrière elle. Il portait un costume et son visage était intact. Bella s'éloigna de lui en cherchant une porte. L'un de ces panneaux devait s'ouvrir mais elle ne voyait aucune trace de charnière ou de poignée.

"Je veux juste te parler une minute," dit Amun.

"Est-ce que tu me fais ça ?" demanda Bella. "Ce ne sont pas mes rêves. Tu les mets dans ma tête d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas ?"

Amun acquiesça. "Cela fait partie de mes nombreux talents. "

"Arrête," dit Bella. "Tu n'as pas le droit de t'introduire ainsi dans mon esprit." Elle pouvait voir Edward. Il était à l'extérieur du belvédère, le contournant, à la recherche d'une porte, d'une faille, d'un moyen de pénétrer à l'intérieur. Ses yeux étaient affolés. Bella lui fit signe mais elle ne pensait pas qu'il pouvait la voir.

"Ecoute-moi un instant, puis je te laisserai partir et je ne reviendrai plus te voir comme ça," dit Amun.

Comme si elle avait le choix. Elle se retourna pour lui faire face. "Quoi ? "

"Tu me plais bien, Bella," dit-il. "Je pense que tu le sais déjà mais cela mérite d'être dit. Tu es tout ce que j'ai toujours admiré chez une femme : intelligente, forte, loyale, et ironiquement, ce sont ces mêmes caractéristiques qui font que tu me résistes."

" Prends-en note," lui dit Bella.

Il sourit légèrement. "Je ne peux pas. Je ne peux pas m'éloigner de ça. Pas sans essayer. Je le regretterai pour le reste de mon existence."

Il n'a pas dit "vie". "Qu'est-ce que tu es ?"

Il sourit. "Un homme riche et de bon goût," dit-il.

Bella recula. "Désolée, je n'ai pas beaucoup de sympathie pour le diable."

"Je ne suis pas le diable." Il pencha la tête. "C'était une petite blague."

"Oui, ha ha. Tu as fini ?"

Il soupira. "Tu ne rends pas les choses faciles. "

"Tu es libre de partir quand tu veux."

"Le ferais-tu ?" demanda-t-il. "Si Edward était avec quelqu'un d'autre, est-ce que tu t'en irais ?"

Elle réfléchit et son honnêteté innée lui fait dire : "Non, probablement pas. Mais pour que cela soit clair Edward ne me plait pas, je l'aime."

Amun ricana. "Bien sûr. Et cela n'a rien à voir avec l'attachement naturel d'un humain à son ange gardien."

Voilà qui répondait à une autre question : il savait ce qu'était Edward. Elle se demanda depuis combien de temps cet enfoiré rôdait dans sa tête. Assez longtemps pour trouver ses points faibles, ses doutes et ses insécurités, c'était certain. Elle se servit de ce qu'Edward lui avait dit ce soir-là, dans leur appartement, avant qu'elle ne se donne à lui corps et âme. "Peu importe comment cela s'est produit. Tout ce qui compte, c'est ce que je ressens maintenant et j'aime cet homme de toutes les particules de mon être. Rien ne pourra jamais changer cela. Je suis désolée, Amun, mais j'appartiens à Edward, esprit, corps, cœur et âme."

"Je t'attire," dit Amun. "Je le vois bien."

Bella haussa les épaules. "Je suis une femme hétérosexuelle en bonne santé et tu es un bel homme. Nous pouvons tous ressentir une attirance momentanée pour quelqu'un. Ça ne veut rien dire."

"Si tu lui donnais du temps, ça pourrait se transformer en quelque chose de plus."

"Nous ne le saurons jamais," dit Bella. "Laisse-moi sortir d'ici, Amun. Maintenant."

"Je n'abandonne pas," prévint-il.

"Laisse-moi partir."

Edward percuta la paroi de verre et le temps s'arrêta. Les fragments de verre étaient suspendus dans l'air et...

"Bella !

Elle se redressa en sursaut.

"Je vais le tuer," jura Edward. Il se leva.

Bella s'accrocha à lui. " Attends." Elle repassa le rêve dans son esprit pour qu'il le voie. Sa mâchoire se crispa, mais il se rassit.

"Va-t-il tenir sa promesse ?" demanda-t-il.

"Je ne sais pas."

Edward la souleva de son siège et la plaça dans ses bras. Il la serra fort, presque trop fort mais elle ne se plaignit pas. Elle lui rendait la pareille aussi fort que si leur étreinte pouvait empêcher toute séparation.