Le réveil à l'aube eut beau être difficile, une fois les chevaux lancés sur les routes la bonne humeur régnait dans le carrosse des cadets. Si Corrin songea un instant le cœur serré à Gunter et les jumelles qu'elles laissaient derrière elle, la conversation avec ses deux adelphes chassa le chagrin de son esprit.

Elise ne cessait de parler de ce que Corrin pourra faire une fois sur place en allant de visiter toutes les cachettes secrètes du château à la rencontre de tous les nobles et personnels qu'elle jugeait digne d'intérêt. Si Léo se contenta d'émettre quelques commentaires pour approuver ou non leur sœur avant de replonger dans ses livres, Corrin écoutait tous ses propos avec une oreille attentive.

Cependant, en arrivant plus dans les terres, l'aspect sec et aride des cultures coupa net leurs joyeux bavardages.

La princesse Corrin connaissait déjà le problème des agricultures qui peinaient à prendre. Une sombre histoire datant de la mort de la première reine, des rumeurs d'une malédiction par l'ancien dragon, celui de l'obscurité, qui aurait maudit les terres pour la négligence du roi envers son épouse. Mais de ce qu'elle savait, cette problématique était antérieure à son décès, elle s'était simplement aggravée dans les grandes villes. Les campagnes parvenaient en effet à être autonomes, dans la majorité des cas tout au moins…

En pensant à tout ceci, Corrin songea à ce que son frère aîné lui avait annoncé plus tôt et son regard s'assombrit encore d'une teinte.

— Quel dommage que la magie ne puisse faire pousser durablement les semences…

Tout en se désolant, la main d'Elise laissa échapper une gerbe de lumière qui crépita brièvement dans sa paume. Comme de la brume, elle se dissolvait d'elle-même avant de complètement disparaître…

— Oui… murmura Corrin.

— Nous y travaillons encore, assura Léo en levant les yeux de sa page, mais comme beaucoup de choses, il est plus facile de détruire que de créer. De plus, il ne suffit pas que ce soit comestible, il faut que ce soit nourrissant… Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte.

— Hmm…

— C'est drôle que le soin soit tout de même plus simple que la création…

— Tu as déjà une base lorsque tu soignes, tu dupliques de la chaire déjà existante… Et même cette magie, aussi merveilleuse soit-elle, a ses propres limites, expliqua Léo.

Le silence prit sa place parmi la fratrie.

Plus ils s'avançaient vers la capitale, plus l'atmosphère devenait sombre et lugubre. Même l'air devenait plus froid et impropre...

Était-ce vraiment vers la ville la plus prestigieuse de Nohr que les cochers les emmenaient ? On avait appris à Corrin que Windmire était un lieu merveilleux de culture et de raffinement. Mais pour entrer, ils empruntèrent la route sillonnante entre les usines crasseuses et fumantes ainsi que les bidonvilles surveillés par des gardes avant de revenir sur les dalles humides des grandes allées de la capitale. Ils descendaient dans les profondeurs, car Windmire était une ville souterraine et tout en galeries.

Enfin, le château de Krakenburg fut en vue. Un immense palais de pierre construite majoritairement grâce au basalte dont, selon la légende, le Dragon Obscur aurait fait don à son fils afin de construire sa demeure.

L'architecture gothique fascina Corrin qui ne put s'empêcher de pencher un peu la tête contre la vitre pour mieux l'observer. Léo et Elise esquissèrent un sourire.

— Pas la peine d'être aussi enthousiaste : c'est chez toi maintenant.

Les paroles de Léo lui réchauffèrent le cœur. Chez elle…

Oui, c'était bien auprès de sa famille, « chez elle »…


Une foule accueillit la princesse avec de grandes ovations, des fleurs furent jetées sur leur carrosse. Le cœur de Corrin battait au son des tambours, s'accélérant de plus en plus alors que la cadence de leur véhicule descellerait.

— Nerveuse ? Ne t'en fais pas, ce ne sera que pour cette fois.

— …Tu pourrais te concentrer sur le fait que nous sommes tous ensemble pour l'encourager plutôt, hmm ? réprimanda Elise avec un sourire contrit.

— Ça va aller, ne vous en faites pas. Ce n'était pas comme s'ils allaient me huer ! rit-elle nerveusement.

Elle avait attendu toute sa vie ce moment, ce n'était pas pour fuir la queue entre les jambes maintenant. Quand la musique des trompettes retentit, les applaudissements cessèrent et Xander fit son entrée. Il se devait de mener le pas en tant que prince héritier. Camilla le suivit de peu. Jakob vint ouvrir la porte de leur carrosse et eut un sourire encourageant à l'adresse de sa maîtresse avant de s'éclipser.

— À toi l'honneur, lui sourit son jeune frère.

Corrin inspira profondément, et sortit un pied du véhicule.

Des lumières vives, créées par des mages artificiers, l'éblouirent ; elle dut se forcer pour continuer à arborer son sourire à la foule qui la fixait de toute part. Ses pieds foulaient un tapis écarlate dont elle ne reconnut pas la texture, elle pouvait simplement dire qu'il commençait à être rugueux par endroit. Les regards sur elle étaient pesants ; Corrin fit de son mieux pour donner la meilleure impression à son peuple, souriant et saluant d'un geste de la main les citadins derrières les barrières et les gardes les encadrant.

Le groupe pénétra à l'intérieur du palais. Des bas reliefs exquis narrants les exploits et l'histoire de Nohr y avaient été gravés. Des lourds rubans et rideaux pourpre, bordeaux et mauve bordaient les grandes fenêtres vitrées. Les meubles, d'excellente facture, avaient été lustrés et portaient des corbeilles de fruits et autres apéritifs frais réservés aux invités. Pour l'instant, seule une armée de personnels et quelques gardes attendaient silencieusement le temps des festivités.

Ils passèrent la salle des fêtes, suivant à présent l'un des domestiques du roi pour aller à sa rencontre. À ce stade, Corrin était étonnée que son cœur n'ait pas lâché tant il résonnait dans ses tympans.

L'imposante porte menant à la salle du trône s'ouvrit tandis que qu'un annonceur clama « Les enfants du roi Garon ! Le prince héritier Xander suivit de la princesse Camilla, la princesse Corrin, le prince Léo et la princesse Elise ! ».

Comment ne pas poser les yeux sur l'immense trône blanc dans lequel siégeait le Seigneur des terres de l'Ouest ? Bien qu'il était encore assis, impossible de ne pas le contempler dans son amure noire et son long manteau d'hermine, transmise de génération en génération. Ce ne fut qu'après s'être remise de la magnificence et de l'écrasante aura que dégageaient son père que Corrin put prendre conscience qu'il n'était pas seul. Des nobles dont il devait porter autant d'affection que d'estime ainsi quelques ministres se tenaient aussi là. Certains ne lui inspirèrent que peu de sympathie, comme cet homme aux cheveux gras, longs, noirs et à l'air de vautour, à moitié caché sous un masque d'ivoire. Elle s'efforça de ne pas le dévisager, bien qu'elle sentit qu'il ne gênait pas de son côté.

Tous les cinq arrivèrent enfin devant leur géniteur, ils s'agenouillèrent, tandis que Xander prit la parole :

— Nous te présentons nos hommages, Père.

— Relevez-vous, ordonna le roi d'une voix caverneuse.

Quand Corrin releva ses yeux rouges sur lui, elle constat qu'il avait une très mauvaise mine et s'en inquiéta. Père était-il malade ?

Son regard d'encre s'ancra dans le sien. Puis il sourit avec affection.

— Approche, Corrin.

D'un pas qui se voulait assuré, elle s'avança. L'immense main de Garon lui caressa la joue : elle était glacée. Il se retira avant de se lever et de déclarer avec force :

— Peuple de Nohr, soyez réjouis : la dernière enfant du Dragon Obscur est dorénavant à Nos côtés !

Le public applaudit avec emphase. Corrin soutenait le regard de son père avec beaucoup d'amour. C'était là que se trouvait sa place : au palais royal avec son roi, sa fratrie, son peuple.

La suite ne fut que festivité. Tous allaient à sa rencontre pour mieux apprendre à la connaître, ça en lui tournait presque la tête ! Elle rit, mangea, bu, dansa pendant des heures qui lui parurent être des années. Et que dire quand Silas l'aborda :

— Je vois que je ne te manquais pas trop, sourit-il en lui prenant le bras, l'enlevant avec grâce de son cavalier du moment.

— Silas !

La bienséance les empêchait de se jeter dans les bras de l'un et de l'autre, alors ils se contentèrent de reprendre les pas de danse pour profiter de leur retrouvaille. Les yeux de Corrin étincelaient de joie.

— Ce que tu m'as manqué ! Comment vas-tu ? As-tu pu te faire adouber ?

— Je voulais en profiter pour te faire la nouvelle… oui, lui souffla-t-il à l'oreille, je suis officiellement chevalier de Nohr.

— Je suis si heureuse pour toi ! Toutes mes félicitations !

Elle tourna autour de lui avec ravissement tandis qu'il restait humble, l'assurant qu'il n'aurait pas pu y arriver sans ses encouragements : elle avait beaucoup joué dans sa décision et sa persévérance à la tâche.

Corrin se contenta de sourire, rose de plaisir.

Quand la frénésie de la nouveauté se fut calmée, Garon s'approcha de la deuxième princesse de Nohr et lui demanda de le suivre. Corrin quitta à regret les bras de son fiancé pour le rejoindre.

Ils allèrent en direction de la salle d'audience.

— Regarde ces murs, Corrin, dit subitement Garon en se tournant vers l'un deux.

Corrin obtempéra. Ceux-ci avaient été peints délicatement avec des pigments vifs ; ils avaient dû coûter une fortune pour une telle qualité. Comme les autres, elle en devina l'histoire de son pays décrite en peinture.

— Peux-tu me dire ce dont il s'agit ?

— La grande histoire de notre peuple et notre lignée. Tout a a commencé avec les premiers dragons, douze façonnèrent le monde, six s'installèrent sur notre continent d'Est en Ouest. Ils bénirent les Hommes, leur octroyant des pouvoirs fabuleux pour les uns, des armes divines pour les autres, afin de combattre en leur nom. Celui ayant béni notre famille, le Dragon Obscur, accorda deux armes divines, la capacité de modifier le terrain à notre avantage et enfin, le territoire de Nohr fut protégé de ses ennemis grâce à sa pénombre perpétuelle. Durant les siècles qui ont suivi, nous avons tâché de lui rendre honneur…

Elle s'arrêtait, incertaine de ce qu'elle pouvait dire ensuite pour ne pas froisser le roi.

— … Jusqu'à aujourd'hui, finit-elle.

— Un beau résumé qui respecte bien la bienséance, approuva Garon.

Il fixait la peinture d'un air absent.

— La dernière bénédiction du Dragon Obscur est à double tranchant. La pénombre est aussi un désavantage pour les cultures de toutes sortes, nous devons constamment faire des réserves pour perdurer. C'est l'une des raisons qui a poussé notre peuple à devenir si guerrier et redoutable.

Corrin buvait chacune de ses paroles, bien qu'elle savait déjà tout ceci.

— Tu as certainement déjà ouïe dire que mes infidélités ont causé la colère de notre dieu et ont provoqué la famine actuelle. Il n'en ait, hélas, rien : cela fait des années que cette situation existait, elle s'est simplement aggravée après le décès de feu Katerina…

Une ombre passa dans ses yeux noirs, les rendant semblables à la nuit. Corrin hésita à lui prendre la main pour lui montrer son soutien, mais elle se retint, incertaine de comment son geste serait perçu par l'étranger qu'était son père.

— Il aurait été simple de commercer avec notre voisin, Hoshido, qui a toujours eu des récoltes très abondantes. Mais plus les années ont passé et plus les prix ont enflé, au point d'en devenir exorbitants. Dans l'incapacité de nous nourrir, nous avons dû prendre les armes contre les Hoshidiens qui nous ont humiliés injustement. Vois-tu où je souhaite en venir, Corrin ?

— Oui. Je vais devoir me rendre au front et mettre fin à la trêve, n'est-ce pas ?

Il acquiesça lentement.

— Tu es vive. C'est bien. Très bien…

Il reprit sa marche, songeur, le regard perdu dans le vide.

— Demain, en petit comité, tu seras mise à l'épreuve pour Nous assurer que tu as bien la trempe de mener le champ de bataille.

— Quel genre d'épreuve ? s'empressa de demander Corrin en piétinant derrière lui.

— Celle qui me montrera que tu as le cœur à la bonne place et l'épée qui ne ploie pas. Tu peux disposer, conclut-il en se retournant vers elle, libre à toi de profiter de tes derniers moments de répit ou de te retirer dans tes quartiers. Tes domestiques doivent avoir terminés le nécessaire…

Sans la laisser ajouter quoique ce soit, il s'en alla dans ses propres appartements. Refroidie par cette entrevue, Corrin s'excusa auprès de Silas et des autres convives pour se mettre au calme.

Sa nouvelle chambre était plus spacieuse que celle où elle avait vécu ce qui lui semblait être toute sa vie. Plus luxueuse aussi : tout avait été aménagé avec beaucoup de goût et de soin. Des fleurs fraiches reposaient dans un vase en porcelaine (une rareté) sur sa commode, un secrétaire en bois acajou lui tendait les bras. Une bibliothèque contenant ses fidèles livres de poésie, philosophie et de romans reposaient sagement en attendant d'être lu. Il lui restait beaucoup de place à combler.

Enfin, dans l'un des placards, elle trouva une cassette, simple mais agréable à l'œil, qui contenait une multitudes de bijoux. Corrin prit un collier à la pierre noire et le mit autour de son cou. Ainsi, il y aura toujours une part de sa mère avec elle…

En se retournant, elle vit un portrait la dévisageant depuis le mur, au dessus de sa table. Elle reconnut sans mal la dame à l'air mélancolique qui posait à l'intérieur : la Duchesse Nemosa, celle qui lui avait donné la vie au détriment de la sienne. Affaiblie par un empoisonnement causé par l'une de ses rivales, l'accouchement lui avait été fatale. Corrin n'avait aucun souvenir d'elle, si ce n'était les histoires que l'on racontait à son propos. Une femme discrète, aimante et douce mais aussi pessimiste par nature ; la Cour l'avait corrompue pour lui donner un caractère cynique dans ses dernières années. Pauvre d'elle...

— Mère…

Elle s'assit sur son lit à baldaquin et contempla longuement la peinture. Des cheveux blanc comme la neige, les lèvres rouges comme le sang, les yeux noirs comme l'ébène… Corrin chercha des similitudes dans son visage, ses traits, son expression, les grains de sa peau.

— J'espère que vous continuez de veiller sur moi… chuchota-t-elle au portrait.

La Duchesse garda son air las et absent.

Corrin congédia Jakob et Lilith à sa porte, et se mit aussitôt en quête d'un sommeil qu'elle ne trouva pas.


Ce fut Lilith qui vint l'extraire d'un repos trop court et léger à son goût. Le soleil ne perçait pas le ciel, ici bas…

Le petit déjeuner aurait dû être joyeux, mais seule Elise monologuait gaiement. Les autres membres de la famille royale étaient ailleurs, déjà dans ce qui allaient se profiler dans quelques instants. Bien que les mets possédaient des saveurs fines et savoureuses, Corrin peina à trouver l'appétit.

Les domestiques du roi vinrent à leur rencontre pour les mener au sous-sol. Il s'agissait d'une arène construite y a des siècles de cela et qui avait autrefois servi à faire affronter les criminels entre eux pour le plaisir de la Cour. Les combats permettaient de désigner un vainqueur libre et exempté de ses péchés, la logique souhaitant que le Dragon Obscur se soit rangé de celui possédant le plus de volonté. Le système avait fini par s'arrêter grâce au grand-père du roi actuel, mais l'arène et les cachots demeuraient en état.

Corrin eut un frisson. Un mauvais pressentiment planait au-dessus de sa tête, s'insinuait jusqu'à ses viscères comme du plomb pour lui broyer les entrailles.

Le roi et l'homme au masque qu'elle avait croisé lors de son arrivée les attendaient. Garon était assis sur un trône de marbre noir, l'autre se tenait au devant de lui, debout. Un petit comité de noble s'était installé dans les gradins, et la dévisageait d'une toute autre façon comparée à la veille.

La princesse déglutit.

— Nous voici, Père, annonça Xander. Que souhaitez-vous de nous ?

— Mes chers enfants, soyez les bienvenus. Venez vous assoir auprès de moi afin que vous puissiez assister clairement à ce qui va suivre.

Corrin voulut suivre sa fratrie mais Garon l'arrêta net d'un geste de la main.

— Allons, ma fille. Tu te doutes bien que ton test n'est pas de savoir si tu sais t'assoir.

L'homme aux côtés de Garon eut un sourire cruellement moqueur. Elle dut se retenir de ne pas lui jeter un regard noir alors qu'elle se perdait dans sa confusion et la honte de sa naïveté. Le roi reprit :

— Corrin, si ton entraînement s'est avéré suffisant, tu n'auras rien à craindre et redouter. Vois ceci comme un rite de passage. Aujourd'hui, nous avons fait prisonniers des espions hoshidiens ! Ces scélérats cherchaient des informations sur nos prochains positionnements. Grâce à la vigilance de Iago, mon premier ministre ici présent, nous avons pu les prendre en flagrant délit et éviter une fuite de précieuses informations.

Il commença à applaudir, et tous firent de même. Le dénommé Iago en fit des courbettes mielleuses qui exaspèrent Corrin, ne pouvant déjà plus supporter le personnage - et à son soulagement intérieur, ses adelphes n'en menaient pas plus large.

— Corrin, ma chère fille. Je t'ordonne de leur délivrer leur sentence : la mort ! clama Garon. Ta domestique te prépara dans les vestiaires, et lorsque tu entreras dans l'arène, nous lâcherons les prisonniers. Va, à présent.

Lilith la rejoignit et Corrin se laissa guider sans résistance. Si la veille son cœur battait le chamade d'appréhension et de joie, aujourd'hui il luttait vaillamment contre l'horreur et la terreur qui glaçaient son sang. Elle tremblait ; c'était un miracle qu'elle ne soit pas déjà à terre tant elle peinait à aligner un pas l'un devant l'autre.

Voyant la détresse de sa maîtresse, Lilith lui prit la main. Elle était douce et chaude…

— Je- Je ne sais pas si je vais pouvoir y arriver Lilith… Je n'ai jamais tué qui que ce soit, je…

Lilith s'arrêta pour lui faire face. Elle aussi semblait bouleversée par ce qui allait se profiler.

Le geste la surprit mais fut le bienvenu : elle la serra dans ses bras. Sa chaleur l'enveloppa, et apaisa un court instant son cœur affolé.

— Ma Dame, quoiqu'il arrive, croyez que je ne vous laisserai pas vous faire tuer. S'il le faut, je m'interposerai si votre vie venait à être mise en danger.

— Je n'en attends pas tant, Lilith… mais merci, murmura Corrin en la serrant un peu plus fort dans ses bras.

Elles restèrent ainsi un moment dans les bras de l'une et de l'autre. Même si elles ne partageaient aucun lien de sang, la princesse considérait sa servante comme un membre à part entière de sa famille : son réconfort la touchait et lui redonna courage.

Enfin, elles s'en allèrent dans le vestiaire. Plus calme mais pas moins sereine, Corrin enfila son armure noire à la gloire de Nohr. Le métal avait été teint à partir d'extrait de roche et la recouvrait entièrement de la cheville jusqu'au haut de la clavicule. Elle la portait depuis deux ans maintenant…

L'arène était jointe aux vestiaires par un couloir à l'extrémité grillagée. Quand elles s'approchèrent, le garde la fit remonter afin que Corrin puisse pénétrer à l'intérieur. Elle jeta un dernier regard à Lilith qui, en retour, lui donna un sourire attristé.

— Bonne chance, Ma Dame.

Abruptement, la grille les sépara.