Bonjour à tous ! Merci au reviewer et à ses compliments touchants ainsi qu'aux visiteurs qui sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à mon histoire. Je ne vous embête pas plus : voici la suite !


Chapitre 12 - Colocataires


L'épaule plâtrée et la jambe peu utilisable, Edward se retrouva coincé à l'appartement durant les semaines qui suivirent son retour. S'il était agacé par la situation, elle lui permit pourtant de se pencher avec une opiniâtreté nouvelle sur l'élixirologie qu'il avait eu trop peur d'utiliser jusque-là. Ses tentatives s'avérèrent fructueuses bien que chacune de ses transmutation semblassent incomplètes. Les objets qu'il créait étaient à l'image du couteau primitif qu'il avait fait apparaitre pour se libérer de Barry le Boucher : simples, informes et parfois inefficaces. Pourtant, il avait toujours été très doué pour transmuter des outils détaillés, alliant style et élégance - bien que ces deux adjectifs ne missent pas tout le monde d'accord. De plus, il pouvait désormais sentir le poult du dragon et le modeler : mais quelque chose lui résistait, et il n'arrivait pas à déterminer quoi. Son inaptitude à user d'élixirologie correctement l'exaspérait et le rendait irritable. Dans de telles conditions, il lui semblait difficile de pouvoir se transmuter convenablement pour rentrer chez lui.

Son idée première de former Mustang à l'élixirologie ne tarda donc pas à refaire surface mais, aussi docile que soit le militaire, il s'avéra bien vite qu'il était au moins aussi doué qu'Edward pour pratiquer l'elixirologie. Cette incompétence était doublée d'un problème d'un autre niveau : contrairement à son frère Alphonse, Edward n'avait aucune patience pour enseigner quoi que ce fut, et s'il aimait parler d'alchimie avec Roy, parler d'elixirologie était une autre paire de manches. Lui-même avait mis beaucoup de temps à comprendre le fonctionnement de cette science, à détecter le poult du dragon et il était encore loin d'en avoir compris tous les détails. Devoir enseigner à Roy comment il devait s'y prendre était un vrai supplice et les questions qu'il lui posait l'énervaient au plus haut point puisqu'il ne savait pas toujours répondre.

Roy se rendit vite compte qu'apprendre cette science avec un professeur comme Edward n'allait pas être chose facile, même s'il y mettait toute la volonté du monde. Or, il n'en avait pas beaucoup. Ses journées au travail le fatiguaient et, lorsqu'il rentrait le soir, il avait envie de se reposer plutôt que d'apprendre l'elixirologie avec l'excité colérique qu'était son colocataire. De plus, arriver à pratiquer l'elixirologie ne lui garantissait pas qu'il parviendrait à ramener Edward chez lui. Et ni Edward, ni Roy n'avaient aucune idée de ce qu'il faudrait sacrifier en échange. Selon Edward, il ne faudrait sans doute rien puisqu'il manquait au présent : revenir était donc un juste retour à la normale. Mustang n'en était pas aussi sûr et il s'inquiétait beaucoup du succès de leur entreprise.

- On va trouver une solution, affirmait Edward. Dans mon monde, vous n'avez perdu ni membre, ni organe, ni rien du tout.

- On a peut-être trouvé une autre manière de faire, suggérait Mustang.

- Si vous avez une autre "manière de faire", dites-là moi ! s'énervait Edward. Et ensuite peut-être qu'on pourra envisager de faire autrement !

Bien sûr, Mustang n'avait aucune autre idée que celle-ci.

- Bon, aller, concentrez-vous, concluait Edward. Je n'ai pas envie de rester bloqué ici toute ma vie.

Le cœur de Mustang se serrait et il essayait de nouveau de comprendre le fonctionnement de l'elixirologie. Le véritable problème était là : il n'avait pas envie de voir Edward partir. Au bout de deux mois, il s'était accoutumé à sa présence et il sentait qu'il lui manquerait s'il partait. Ce qui lui faisait mal, c'était qu'Edward, lui, avait visiblement envie de disparaitre au plus vite sans se soucier de la solitude dans laquelle il le replongerait.

Oui, parce qu'en dehors de ses collègues de travail et Hugues, aussi fidèles soient-ils, Mustang était un homme terriblement seul. Comme Edward le lui avait si bien fait remarquer, il n'avait aucune décoration personnelle chez lui, certains cartons étaient encore pleins, et il ne recevait jamais personne. Sa vie se résumait à ce qu'il faisait au travail et lorsqu'il rentrait chez lui, c'était seulement pour prendre une douche et dormir. Edward avait changé cette routine et lui apportait des interactions sociales qu'il avait rarement eues. Ses envies de se retrouver dans des bars pour finir la nuit ailleurs s'étaient volatilisées, tout comme l'idée que rentrer chez soi n'était qu'une perte de temps.

- Ca ne sert à rien, se découragea un jour Edward qui enfouit sa tête dans ses mains pour ne plus bouger.

Mustang le regarda longuement dans sa posture prostrée. Il était dans l'incapacité totale de le soulager ou de le consoler. Il soupira doucement tandis que son regarde s'accrochait malgré lui à la peau de sa nuque découverte et que l'envie irrésistible d'y déposer les lèvres négligeait sa raison.

- Faisons autre chose, suggéra-t-il en chassant ses idées déplacées.

- Comme quoi ? aboya Edward en relevant immédiatement la tête, ses yeux jetant des éclairs.

- S'il y a de l'elixirologie capable de trouver les fils du temps, alors il est possible qu'il existe un cercle alchimique capable de le faire aussi.

Edward se mordit la lèvre inférieure. Il y avait évidemment pensé. Mais c'était si simple d'utiliser quelque chose de déjà disponible, de sûr. Il avait aussi effectué des recherches, s'était essayé à de nombreux cercles, mais aucun ne lui semblait concluant. En voyant son visage contrit, Mustang lui sourit doucement, amusé.

- Ne fait pas cette tête. Je pense que ce sera plus long de m'apprendre l'elixirologie plutôt que de trouver un cercle alchimique.

- Encore moi qui vais me taper tout le boulot, grommela Edward.

- Ca va, sourit Mustang en levant les yeux au ciel. Je ne te demande pas grand-chose en échange.

C'était vrai. Roy ne lui demandait absolument rien. Depuis sa mésaventure avec Barry le boucher, Edward avait pris la chambre de Mustang, le harcelait pour qu'il apprenne l'elixirologie et ne le laissait jamais se reposer même lors de ses weekends. Il lui prenait tout son temps et Mustang ne lui demandait plus rien en échange : même pas une toute petite information sur un futur qu'il voudrait changer. Edward fronça les sourcils : un mois s'était écoulé depuis son séjour à l'hôpital et il ne s'était rendu compte de rien. Un sentiment de honte le submergea soudain et, embarrassé, il détourna les yeux. Mustang le remarqua :

- Qu'est-ce que j'ai encore dit ?

- Merci, fit Edward, toujours sans le regarder.

Mustang leva un sourcil.

- Tu es malade ?

- Que... Quoi ?

Mustang posa sa main sur le front du jeune homme.

- Tu sembles avoir une température normale...

- Je... Mais enfin ! J'ai bien le droit de vous remercier !

Mustang éclata d'un rire sincère tandis qu'Edward fit la moue.

- Tu sais ce qui me ferait plaisir ? demanda soudain Roy.

- Dites toujours...

- Le mois de décembre a commencé, annonça-t-il. Et j'en ai marre que tu me dises tout le temps que ma maison est impersonnelle. Est-ce que tu voudrais bien m'accompagner pour qu'on décore tout ça ?

Edward n'y avait pas pensé. Il ne fêtait Mithra, la fête nationale d'Amestris, que depuis qu'Alphonse avait retrouvé son corps, et c'était toujours son cadet qui organisait tout. Le décor changeait autour de lui, la maison prenait vie, les invités toquaient à la porte et il se retrouvait soudain à table pour manger un repas délicieux sans qu'il n'ait contribué à rien du tout.

- Vous fêtez Mithra, vous ?

- Pas vraiment.

- Moi non plus. Je ne vois pas pourquoi on ferait ça.

- Parce qu'on...

Mustang n'acheva pas sa phrase. Que voulait-il dire ? Parce qu'on est deux, maintenant. Parce qu'on forme une famille. C'était complètement absurde, comme la plupart des pensées qui traversaient son cerveau ces derniers temps. Edward attendait pourtant la suite de sa phrase. Alors Roy improvisa :

- ... pourrait inviter Maes et sa future femme. C'est toujours eux qui m'invitent. Je me disais que, pour une fois, être l'hôte serait un juste retour des choses.

Mustang se serait frappé s'il l'avait pu. Comme si Edward allait avaler un truc pareil.

- Maes, répéta Edward.

Son visage s'était perdu au loin. Finalement, c'était peut-être une bonne diversion. Edward fit non de la tête.

- Je ne peux pas. Je comprends que vous vouliez l'inviter. J'irai passer la soirée ailleurs.

- Quoi ? fit Mustang, interloqué.

- Il va me reconnaitre.

- Il ne te connait pas.

- Il va me rencontrer dans un an !

- Tu ne ressembles en rien à... toi-même. Tu t'es reteins les cheveux en noir, en plus maintenant ils sont courts - oui, désolé de te le rappeler, mais ça ne te va pas si mal alors arrête de pleurer -, et tu as tes lunettes et tes lentilles. Tu es aussi plus vieux, la forme de ton visage a changé, et tu es plus grand. Il ne te reconnaitra pas.

- Il n'est pas stupide.

- Oui, il n'est pas stupide au point d'imaginer que ton toi du futur est revenu quatorze ans en arrière pour venir faire une colocation avec son meilleur ami en attendant de pouvoir rentrer chez lui.

Mustang marquait un point. Les yeux dorés d'Edward le détaillaient avec intensité, posant le pour et le contre. Mustang ne le lâcha pas du regard tandis que son corps tout entier frissonnait agréablement. Edward finit par soupirer.

- Si ça peut vous faire plaisir.


- Nous allons dans la famille de Gracia mais nous n'avons rien prévu le 25. Je voulais t'inviter, d'ailleurs.

- Justement, c'est moi qui vous invite, pour une fois.

Maes regarda Roy avec de grands yeux.

- Pardon ?

- Ce n'est pas juste que ce soit toujours toi qui m'invites, alors pour une fois, c'est moi.

- Ca veut dire que tu vas enfin me donner ton adresse ?

Mustang se frotta les yeux. Il avait oublié qu'il ne lui avait pas donné. Pour éviter qu'il se pointe à l'improviste. Il venait de se griller tout seul.

- Oui, je vais te la donner. Mais pas tout de suite. Je te la donnerais l'avant-veille.

Hughes se mit à sauter de joie.

- C'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire !

- Je le regrette déjà...

Mais déjà, la joie de Maes Hughes s'estompait et son regard devint sérieux.

- Pourquoi, soudainement, tu te mets à vouloir m'inviter ?

- Parce que ça me fait plaisir.

- Non, non. Il y a autre chose, derrière. Je le sens.

Mustang lui envoya son meilleur regard blasé.

- Tu vas me faire rencontrer ta petite amie ?

- Je n'ai pas de petite amie, assura Roy pourtant assailli par l'image très nette d'Edward.

- Oh, quand même, avec tous les rendez-vous galants que tu te tapes, il y en a bien une qui te plait ! D'ailleurs, ça fait longtemps que tu ne m'en as pas parlé, de ça.

- De quoi ?

- De tes conquêtes.

- Je n'ai pas le temps de t'en parler.

- C'était quand, la dernière ?

- Je ne sais pas. Aller, il faut que je retourne travailler.

Il planta Maes là pour rejoindre son bureau avant que Riza n'estime qu'il fallait le tuer en raison d'une pause café trop longue. Mais c'était surtout qu'il ne voulait pas dire à son meilleur ami qu'il n'avait pas eu de rendez-vous depuis deux mois. Il n'en n'avait pas le temps. Ni l'envie. Mais c'était surtout le temps qui l'en empêchait. Edward le monopolisait. Il était... sa nouvelle vie. Au beau milieu du couloir, il s'arrêta, blanc comme un linge. Il fallait qu'il arrête de penser à lui, comme ça, tout le temps, même lorsqu'il n'était pas là. Peut-être qu'il avait besoin d'un bon rendez-vous galant pour se le sortir de la tête. Il était la seule personne qu'il fréquentait, c'était peut-être normal qu'il fasse une fixette sur lui, comme ça. Et il n'y avait aucun mal à aimer la présence de son colocataire. C'était même plutôt positif pour la vie commune.

Lorsqu'il retourna à ses papiers, Riza s'étonna de la rapidité avec laquelle il les traitait. Depuis un mois, il était devenu plus qu'efficace et elle ne le rappelait même plus à l'ordre. Ce jour-là, c'était encore pire. Elle s'abstint cependant de faire tout commentaire et le laissa se concentrer sur son travail.

A dix-huit heures, c'était finalement la fin de la journée et Roy s'étira longuement sur sa chaise avant de se décider à prendre le chemin de la maison. Au bout d'une demie-heure, il poussait la porte d'entrée avec mollesse, fatigué par son efficacité débordante.

- Je suis rentré...

- Bonjour, Mustang ! fit la voix enjouée d'Edward.

Roy regarda l'ensemble de la pièce et fronça les sourcils. C'était complètement le bazar, mais pas comme d'habitude avec les tonnes de paperasse et d'ouvrages qu'Edward étalait partout. Ses yeux s'arrêtèrent sur Edward qui était debout sur une chaise, visiblement en train de s'affairer au-dessus de la bibliothèque.

- Qu'est-ce que... ?! Enfin, Edward, tu es encore en convalescence ! Descend de là ! N'utilise pas ton bras comme ça !

Mustang traversa la pièce tandis qu'Edward soupirait.

- J'avais espéré terminer avant que vous ne rentriez...

- Terminer quoi ?

- Allez voir dans votre chambre.

- D'accord, mais descend de cette chaise !

Edward grommela tandis que Mustang allait voir sa chambre - ou plutôt, celle d'Edward. Lorsqu'il entra, il trouva la pièce étrangement vide. Il n'aurait pas su dire pourquoi. Il fronça les sourcils avant de se rendre compte que tous les cartons avaient disparus. Il entendit Edward parler, juste derrière lui.

- Si vous voulez qu'on refasse votre déco, il faut déjà ranger toutes les choses que vous avez déjà.

- Je ne vais plus m'y retrouver, s'agaça Mustang.

- Parce que vous ouvriez vos cartons régulièrement, peut-être ? J'ai simplement fait du rangement dans les placards. Il ne me restait plus que les livres à finir de ranger - il ne reste plus qu'un seul carton. Tous les vêtements sont dans votre penderie, vos dossiers sont triés, et j'ai également sorti les quelques photos que vous aviez. On pourra aller leur chercher des cadres, aussi. Je descendrai les cartons vides à la poubelle quand j'aurais terminé : c'est pour ça qu'on a l'impression que c'est le bordel dans le salon. Oh, et, bien sûr, vous reprenez votre chambre. Ça suffit, maintenant, les conneries.

Mustang se retourna vers Edward. Il n'était qu'à une vingtaine de centimètres de lui et son coeur fit un bond tandis que sa gorge s'asséchait. Cette proximité ne dura qu'une seconde car Edward reculait déjà, tout sourire, mais ce fut suffisant pour laisser Roy dans un état de trouble violent.

- J'ai aussi postulé à plusieurs offres d'emplois : on verra bien ce que ça donne.

Mustang mit un certain temps avant de comprendre le sens des mots d'Edward. Il fronça ensuite les sourcils.

- Pourquoi cherches-tu un travail ?

- Rendons-nous à l'évidence : je ne suis pas prêt de repartir. Même si on sait que c'est théoriquement possible, nous n'avons pas encore la technique. Ça peut prendre longtemps. Et puis le kiné m'a dit que je pourrais utiliser mon bras comme avant sous peu.

- Tu n'as pas besoin de travailler, je gagne largement assez.

- Je ne vais pas rester ici pour toujours, Colonel.

Mustang se sentit pris de vertige.

- Tu veux t'en aller ? articula-t-il.

- Je ne serai pas bien loin, mais je vais vous rendre votre appartement. Je n'ai pas envie de vous squatter encore trop longtemps.

- Tu ne me gênes pas.

- Allons, le sais que vous êtes poli mais...

- Tu ne me gênes pas !

Il avait parlé peut-être un peu trop fort : la surprise se peignait d'ailleurs sur le visage d'Edward. Il se ressaisit.

- Qu'est-ce qui te prend, à vouloir partir, tout à coup ?

Edward parut gêné et se mit à se dandiner un peu sur place.

- Je ne m'étais pas rendu compte que ça faisait plus de deux mois qu'on vivait ensemble. Il est temps que je prenne un peu les choses en main.

Mustang voulait se révolter. Il retint sa respiration malgré lui. Son teint passa du blanc au rouge. Il voulait le retenir et lui hurler dessus. Au lieu de ça, il finit par souffler un grand coup et lâcha, sans même y réfléchir.

- Si tu as un job, alors on peut se trouver un autre appartement. Plus grand. Pour qu'on soit de vrais colocataires. Chacun son espace. Et puis ça fera des économies. Autant pour toi que pour moi.

Ses phrases étaient hachées. Une boule soudaine, dans son ventre, l'empêchait de respirer correctement. Ses sourcils s'étaient levés, pleins d'espoir, et ses yeux noirs détaillaient chaque millimètre carré du visage d'Edward. Ce dernier avait l'air dérouté par sa proposition. Il ne répondit d'abord pas, puis un sourire narquois se dessina sur son visage :

- Eh bah. Je ne pensais pas que vous voudriez continuer à vivre avec moi.

- C'est pour les économies.

- Oh, je vois.

Les deux hommes savaient que ce n'était pas pour ça. Ils s'étaient attachés l'un à l'autre, et ils le savaient pertinemment.

- Ca me va, accepta Edward avec sa nonchalance habituelle. Mais ça fait chier que j'aie vidé les cartons.

- Ce n'est pas grave : on déménagera en janvier.

- Pourquoi pas avant ?

- Pour éviter que Maes sache où nous habitons.


Après que Mustang eut pris une douche, les deux hommes sortirent de l'appartement et allèrent se promener en ville à la recherche de décorations pour célébrer Mithra, de cadres, de guirlandes lumineuses et d'un sapin. Ni l'un, ni l'autre ne savait véritablement où aller chercher tout ça, aussi papillonnèrent-ils au hasard des rues jusqu'à trouver tout ce qu'ils voulaient. Il ne manquait plus que le sapin qu'ils trouvèrent sur un marché nocturne où ils profitèrent des différents stands pour manger de la tartiflette bien fournie en fromage accompagnée d'un, puis de deux bons verres de vin chaud. Edward était émerveillé par les moindres petites choses présentes sur les étals, et Roy souriait à la moindre de ses expressions joyeuses.

- C'est quoi tous ces machins autour de Mithra, d'ailleurs ? demanda Edward qui ne s'était jamais véritablement posé la question.

- Amestris a été créé dans les années 1550, expliqua aussitôt Mustang. Je ne me souviens plus de la date exacte. A l'époque, le pays comprenait une partie de la région centre, mais surtout la région ouest. Tu as vu comme moi toutes les forêts qu'ils avaient là-bas. D'ailleurs, West City se nommait Mithra, à cette époque, et fut désignée comme la capitale du pays. Pour fêter la déclaration de l'indépendance, tous mettaient sur le bord de leurs fenêtres des bougies qui illuminaient la ville et on fêtait ça autour d'un bon repas. Aujourd'hui, la technologie a remplacé les bougies - qui ont de toute manière causé beaucoup d'incidents - et on continue de célébrer l'indépendance comme étant la fête nationale d'Amestris en lançant des feux d'artifices à minuit. Certains s'offrent aussi des cadeaux.

- Et le sapin, alors ?

- Dans la région ouest, il y a des tonnes de sapins. J'imagine que ça fait partie d'une vieille tradition païenne.

- Vos informations sont très précises, dites-moi...

- Je ne m'appelle pas Vato Falman.

Le sapin sous le bras, ils se mirent à marcher le long des rues, sous la lumière colorée des différentes guirlandes qui sublimaient la ville. Arrivés à l'appartement, ils étaient encore pleins d'énergie, et le vin chaud y était sans doute pour quelque chose. Ils se mirent donc à installer leurs achats, finissant par habiller le sapin de boules et de lumières. Alors que minuit sonnait, ils reculèrent pour admirer l'ensemble de leur œuvre. Les deux hommes souriaient, leurs cœurs d'enfants ravis par cette soirée magique qu'ils venaient de passer. Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence :

- Je crois que je n'ai jamais vu un sapin aussi moche de ma vie, remarqua Edward.

- Je n'osais pas le dire, approuva Mustang.

Ils se mirent à rire, doucement d'abord, très fort ensuite. Leurs regards se croisèrent et ne se lâchèrent plus. Leurs rires se figèrent en un sourire sur leurs lèvres avant de s'évanouir petit à petit. Au milieu de ce salon lumineux, ni l'un, ni l'autre ne respirait plus. Le temps s'était arrêté dans un de ces rares moments où la joie abuse la raison. Roy amorça un mouvement. Edward détourna les yeux.

- Vous travaillez, demain, je crois, souffla-t-il.

Mustang déglutit et se figea. Qu'allait-il faire, au juste ?

- Oui. Je vais aller me coucher.

- Bonne nuit, Mustang.

- Bonne nuit.

Le brun lui tapota maladroitement l'épaule, vestige de son geste suspendu, puis s'éclipsa. Edward s'effondra sur le canapé. Les yeux grands ouverts, il sentait son cœur battre contre sa cage thoracique. Que venait-il de se passer ? Qu'aurait fait Mustang s'il ne lui avait pas dit "bonne nuit" ? Pour éviter de penser, il se releva et se remit à travailler pour trouver un possible moyen de rentrer chez lui.


Dans les bonus du tome 12 de Fullmetal Alchimist, Hiromu Harakawa déclare qu'il n'existe pas de fêtes semblables à Noël, à la Saint Valentin, et à tout ce genre de célébrations à Amestris. Je m'en suis rendu compte après avoir écrit ce chapitre (ainsi que toute cette histoire, à vrai dire) et ai donc modifié ce qui aurait dû être Noël en la fête nationale du pays (je pense que vous l'avez remarqué...). Après tout, les fêtes chrétiennes n'existent peut-être pas à Amestris, mais il en existe probablement d'autres ! J'aurais pu supprimer cet évènement, mais le fait que nous soyons dans la période de Noël au moment où je poste ce chapitre est un hasard (oui, ce n'est pas fait exprès du tout !) que je ne voulais pas effacer !

J'espère que le chapitre vous a plu. Je vous souhaite un excellent Noël en attendant le prochain chapitre qui arrivera lundi prochain, comme d'habitude !