Joyeux Noël à tous ! Voici le nouveau chapitre (avec une spéciale dédicace à mon copain sans qui l'épisode du pantalon n'existerait probablement pas XD). Je vous souhaite une très bonne lecture !


Chapitre 13 - Mithra


Après la guerre d'Ishbal, de nombreux postes étaient à pourvoir dans tous les domaines. C'est pourquoi Edward eut l'embarras du choix et, une semaine à peine après avoir postulé à différentes petites annonces, il trouva un job à mi-temps dans une librairie spécialisée dans les sciences proche du QG d'East City. Il avait impressionné le libraire qui était au départ sceptique quant à ses capacités. Pourtant, Edward lui avait démontré que, si les sciences de la terre n'étaient pas son fort, il avait lu la plupart des ouvrages existants sur l'alchimie, connaissait bien les mathématiques et appréciait la chimie et la physique : deux sujets qui étaient étroitement liés avec son domaine de prédilection.

- Vous êtes alchimiste ? demanda alors le libraire.

- Malheureusement, si je connais la théorie, je ne suis pas assez doué pour la mettre en pratique. Par contre, je pourrais conseiller n'importe qui en la matière.

Le libraire le prit à l'essai et il ne fut pas déçu de son choix. Edward aimait cet environnement et appréciait discuter avec les clients qui lui demandaient des conseils sur des domaines qu'il aimait ou connaissait par cœur. Heureux de recevoir enfin un salaire, il insista auprès de Roy pour payer la moitié de leur loyer et en profita également pour se rendre dans diverses boutiques afin de parfaire sa garde-robe : il portait jusque-là les vêtements de son père qu'il avait récupéré dans la maison familiale lorsqu'il était arrivé dans cette temporalité-ci. Ils ne lui déplaisaient pas tant que ça, mais ils étaient un peu trop grand pour lui et ils n'étaient pas très colorés - or, Edward Elric était un grand amateur de la couleur rouge et elle lui manquait. Par hasard, il se retrouva dans un magasin de vêtements où il avait l'habitude d'acheter ses pantalons en cuir lorsqu'il était plus jeune. Par nostalgie, il s'en acheta un et l'accompagna de plusieurs débardeurs noirs.

Lorsque Roy le vit débarquer chez eux ainsi vêtu, il ne put détacher son regard de ses jambes ainsi moulées dans le cuir. Il ne s'attendait pas à le voir arriver comme ça, et encore moins à ce que cela lui fasse... quelque chose. Mais il le voyait ainsi déambuler dans le salon, faisant les cent pas pour exhiber ses cuisses gainées sous le vêtement, ses fesses musclées dessinées sous cette matière saillante qui, au-devant, mettait très bien en valeur cette partie précise de l'anatomie de son corps. Et il continuait de se pavaner ainsi devant lui, à croire qu'il le faisait exprès.

- Vous m'écoutez ? fit Ed, le sortant laborieusement de ses pensées.

Les yeux de Roy remontèrent difficilement jusqu'à son visage tandis qu'il se composait tant bien que mal un masque glacé. Le regard perplexe que lui envoya Edward lui fit comprendre que ses efforts étaient peine perdue.

- Vous allez bien ? demanda Edward.

- Bien, et toi ? articula Mustang.

- Vous n'avez pas du tout écouté ce que je vous ai dis, pas vrai ?

- Si, si.

- Qu'est-ce que j'ai dit ?

- Que tu t'es acheté des nouveaux vêtements.

Edward baissa les yeux sur lui-même, se rendant compte qu'effectivement, il avait changé de style vestimentaire.

- Oui, je me suis acheté de nouveaux vêtements, mais ce n'est pas ce que je vous racontais.

Edward fronça les sourcils et le fixa, sondant l'expression de Roy et son immobilité.

- Vous avez un problème avec mes habits, ou quoi ?

- Aucun, mentit Roy en détournant la tête. Je n'ai plus de café, tu en veux ? ajouta-t-il en se levant.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Je te trouve terriblement sexy, là-dedans. La phrase aurait pu sortir naturellement si Roy n'avait pas eu si peur de le perdre, et s'il n'avait pas eu trop peur de s'avouer à lui-même sa nouvelle passion qui n'était autre que de regarder Edward s'exposer, lui et ses magnifiques jambes, ceint dans ce pantalon provocateur.

- Mustang, sérieusement, c'est quoi votre problème ?

- Je suis désolé, mais j'ai rarement vu un pantalon aussi laid, mentit Roy.

- ... Quoi ?! s'énerva le jeune homme. On en parle, de vos vêtements insipides ?!

- Je préfères insipide à... ça.

- Il va falloir vous y faire, parce que vous allez m'avoir comme subordonné pendant cinq ans et que je porterais toujours cette tenue-là.

- Pardon ?!

- Quoi ?

- Tu vas porter l'uniforme, quand même ! Je n'aurais pas à subir ça !

- Vous avez vraiment cru que quiconque parviendrait à me faire porter une tenue de chien-chien de l'armée ? Non mais vous rêvez.

- Attends, attends. Tu portais ça à quel âge ?

- Tout de suite, une fois que j'ai pu mettre mes automails. C'est quoi toutes ces questions ?

- Tu portes cette tenue depuis que tu as douze ans ?!

- Ben, quoi ?

- Et tu n'as jamais eu de problèmes ?!

Il s'imaginait mal un jeune homme comme lui entrer dans l'armée ainsi vêtu sans ne jamais s'être fait agressé. Sérieusement, il n'y avait rien de plus aguichant que cette tenue, et l'innocence évidente du jeune homme semblait l'avoir rendu aveugle sur ce point.

- Comment ça, je n'ai "jamais eu de problèmes" ? interrogea Edward, suspicieux.

- Rien. Laisse tomber.

- Vous en avez trop dit ! Exprimez le fond de votre pensée !

- Pour l'uniforme, tout ça, répondit vaguement Roy, cherchant n'importe quelle excuse pour se sortir de cette conversation. Le fait que tu ne l'ai jamais porté... Tu veux un café, alors ?

- Non, merci. Et non, personne n'a jamais réussi à me faire porter l'uniforme.

Roy emporta avec lui sa tasse et ses pensées libidineuses qui ne semblaient pas vouloir lâcher son imagination soudain très fertile. Il pensait pouvoir souffler un peu dans la cuisine lorsqu'Edward le suivit.

- De toute manière, je m'en fiche bien que ça ne vous plaise pas. Je porterais les vêtements que je veux, et je vous demande pas votre avis, espèce de bâtard.

Roy tenta de l'ignorer, se concentrant sur le café qui coulait dans son mug.

- Et sinon, avant que vous ne fassiez une fixette sur mes goûts vestimentaires qui sont tout à fait honorables, je vous parlais d'un bouquin que j'ai lu à la librairie. Je crois vraiment que la chimie peut m'aider à maîtriser l'elixirologie. Vous savez, je pense que je ne pourrais jamais la maîtriser comme le font les Xinois : c'est trop lié à l'alchimie. Peut-être que la totalité de cette capacité m'échappe pour la simple raison que ses principes fondamentaux se mêlent à l'alchimie. Mais si je m'éloigne d'elle pour créer quelque chose de totalement différent en passant par le biais de la chimie et du poult du dragon, il serait peut-être possible que je parvienne à faire quelque chose de potable.

Roy hocha la tête, écoutant vaguement ce qu'il lui racontait. Edward continua à lui parler, évoquant ses théories à voix haute sans que le militaire n'en comprenne réellement le sens. Autre chose le perturbait. Ce pantalon en cuir était responsable de sa dissipation. Mais il n'était que la surface d'un iceberg bien plus inquiétant. Roy se rendait bien compte que ce n'était pas seulement une histoire de tenue sexy : tout était arrivé progressivement. Parce qu'il s'amusait avec lui, qu'il le trouvait beau quand il riait, qu'il lui manquait quand il n'était pas là, qu'il lui avait fait horriblement peur lorsqu'il était allé à Central, qu'il ne voulait pas qu'il parte, qu'il le dévorait du regard dès qu'il parlait, dès qu'il éclatait de rire ou de colère, dès qu'il se concentrait sur ses études. Le pantalon en cuir n'était que la goutte d'eau qui venait de faire déborder le vase et lui renvoyait en pleine face ce qui lui pendait au nez depuis deux mois : ce mec-là n'était pas n'importe qui. Il lui avait fait tourner la tête au point d'en oublier tous ces rencards qu'il enchainait avant qu'il ne débarque dans sa vie. Et voilà qu'il se mettait carrément à fantasmer sur lui. Il devait être sacrément en manque pour en arriver là.

Inconscient des problèmes existentiels de Roy, Edward se remit sérieusement à l'elixirologie. Ses deux mains récupérées - car son kinésithérapeute l'avait enfin autorisé à ôter son écharpe qui empêchait son bras de faire des mouvements - il pouvait enfin pratiquer correctement. Les idées de chimie et de physique qui l'entouraient au travail lui donnaient des idées, notamment pour développer l'elixirologie ancestrale qu'il avait déjà commencé à mettre en fioles lorsqu'il était dans sa temporalité. En plus de la pratique de cette science xinoise, il se remit au sport pour pratiquer ses techniques de combat au corps à corps. Il s'inscrivit même dans différents clubs qui travaillaient des arts martiaux différents. La raison de cette soudaine envie de reprendre sa forme était simple : ce qu'il s'était produit chez Barry le Boucher n'aurait jamais dû se produire. Il avait été faible et stupide. Ça avait failli lui coûter la vie et il n'avait pas envie de se retrouver dans une autre situation délicate et sans moyen de défense.

Le temps vint à lui manquer et il délaissa Mustang certains soirs pour aller s'entrainer. Ce dernier vit là une opportunité de s'éloigner un peu de lui et de reprendre sa vie là où il l'avait laissée.

- Je ne serais pas là, ce soir, indiqua-t-il à Edward une semaine avant Mithra. Je ne rentrerai peut-être pas de la nuit.

- Vous faites une soirée ?

- J'ai rendez-vous avec une jolie fille. Et tu devrais arrêter de me vouvoyer. Vraiment, ça devient vexant. Maes et sa femme vont venir dans une semaine, en plus. Il va bien falloir que tu me tutoies pour jouer le rôle de mon cousin.

Edward se contenta de hausser les épaules et se replongea dans les bouquins qu'il était en train de lire. Mustang alla prendre une douche et en ressortit chiquement habillé. Lorsqu'Edward leva les yeux vers lui, il n'aurait pu nier qu'il était beau.

- Vous allez l'emballer direct, dit-il.

Il se reprit.

- Tu vas l'emballer direct. Ça te va bien.

Le teint de Roy avait pris une teinte rosée. Son cœur s'était mis à battre un peu plus vite. Il grava inconsciemment cet instant dans sa mémoire. Il me trouve séduisant ? Il n'avait que rarement des remarques positives de la part d'Edward. Ce dernier lui sourit avant de retourner à son étude.

- Passez une bonne soirée, profitez bien.

- Merci...

Mustang n'avait plus qu'une seule envie : rester ici et le contempler étudier jusqu'au bout de la nuit. Cette perspective lui paraissait incroyablement séduisante en comparaison à un bon restaurant avec une belle femme inintéressante qui lui permettrait de prendre son pied une fois le repas terminé. Mais à quoi rester servirait-il ? Il avait beau être attiré par le jeune homme, il ne se passerait jamais rien entre eux. Il s'éclaircit la gorge et s'en alla aussi vite que possible, de peur qu'il ne change d'avis, qu'il ne dise une chose qu'il ne fallait pas, qu'il fasse un geste de trop. Il avait espéré qu'Edward le retienne. Qu'il l'empêche de partir pour n'importe quelle raison : il aurait tout accepté. Mais il se retrouva seul sur le palier de la porte où il resta une dizaine de minutes, luttant contre l'envie de remonter.

La semaine d'après, il eut deux autres rendez-vous avec deux autres personnes. Finalement, cela lui permettait de se détendre, même si ses pensées allaient toujours pour Edward. Ce dernier ne paraissait pas gêné de son absence : au contraire, il l'encourageait.

- Je me demandais où était passée la légende du plus grand coureur de jupon d'East City, le taquinait-il.

Mustang se contentait de hausser les épaules, blessé. La situation arrangeait Edward. Il s'était sérieusement demandé si Mustang n'avait pas voulu lui faire des avances. Ses rendez-vous le rassuraient, le confortaient dans l'idée qu'il se faisait du Colonel, et l'agaçaient grandement. Parfois, il avait des accès d'irritation contre Roy. Mais c'était normal : il n'avait jamais pu le supporter et il lui semblait que ce sentiment était naturel.

- Il y a de l'agitation dans le sud, indiqua un soir Mustang à Edward.

- Quel genre d'agitation ?

- Une population dans les montagnes et plaines chaudes de la région. Ce sont des paysans qui revendiquent plus de droits auprès du gouvernement. Celui-ci ne veut rien leur céder.

Le regard d'Edward se fit sombre.

- Ce sont les prémices de la seconde guerre du sud, n'est-ce pas ? Celle qui aura lieu en mai ?

Edward hocha la tête et finit son verre d'eau d'une traite. Il ne dirait rien de plus. Mustang leva un sourcil.

- Il va falloir qu'on fasse quelque chose.

- Ca ne changera rien. On ne peut rien changer.

- On peut essayer. Tu peux essayer. Je ne peux pas bouger d'ici, mais toi, oui.

- J'ai enfin trouvé un boulot.

- Tu en trouveras un autre ! Sérieusement, Edward, tu m'avais dit que tu m'aiderais !

- Que veux-tu que je fasse, Roy ? A moi seul, je ne peux empêcher une guerre d'avoir lieu !

- Tu peux aller voir les populations, discuter avec elles et comprendre ce qu'elles veulent. Peut-être leur indiquer une autre voie que celle de la guerre et du sang pour revendiquer leurs droits.

Edward n'avait plus faim.

- On verra.

- On verra quoi ?

- On verra en janvier. Je ne vais quand même pas partir sur le champ, si ?

La tension était palpable entre les deux hommes. Edward s'éclaircit la gorge et parla avec un peu moins d'agressivité.

- Je ne suis pas prêt, avoua-t-il.

Mustang haussa un sourcil. Prêt à quoi ? Edward comprit son expression.

- Je ne suis pas prêt à me battre et à me défendre si je le dois. Je n'ai pas assez d'entrainement. Je suis...

Faible. Le blond soupira et passa ses mains dans ses cheveux noirs et courts. Il avait pris cette habitude. Il aimait bien, finalement, la sensation que cela faisait. Le visage de Mustang se radoucit devant le bouille ébouriffé de son colocataire. Depuis qu'il était revenu de chez Madeleine, il entendait parfois Edward gémir et crier dans son sommeil. Il le retrouvait alors dans la cuisine, trempé de sueur, à boire de l'eau ou du café. Il prétendait avoir soif, lui aussi, et restait un moment avec lui, sans discuter. Lui-même faisait toujours des cauchemars et cela lui faisait du bien d'avoir une présence. Quoi qu'il en soit, le jeune homme était probablement effrayé à l'idée de se retrouver dans une autre situation périlleuse...

- Ok. Je vais suivre la situation de près, pour que ça ne soit pas trop tard.

- On verra en janvier, répéta Edward.

Mithra arriva très vite. Ils passèrent la veillée tous les deux, à discuter et à boire autour d'un bon repas. Lorsque minuit sonna, Roy se leva et alla dans sa chambre pour en ressortir avec un paquet dans les mains.

- Je ne sais pas si ça va te plaire. Je n'avais pas trop d'idées...

Edward tendit également un paquet à Roy, détournant les yeux.

- Pareil.

Roy ne s'attendait pas vraiment à ce qu'Edward lui offre quoi que ce soit. Il n'était pas ce genre de personne, d'habitude, et cela lui fit chaud au cœur, qu'importe ce qu'il y avait à l'intérieur. Voyant qu'Edward ne semblait pas vouloir ouvrir son cadeau immédiatement, Roy prit l'initiative d'ouvrir le sien en premier. Il découvrit un briquet en argent, assez simple et sans les fioritures extravagantes qu'Edward aurait pu lui apprécier. Roy haussa un sourcil, étonné.

- Je sais que tu es une allumette humaine, se sentit obligé d'expliquer Edward. Mais je pense que ça pourrait malgré tout t'être utile, un de ces jours. Tu me remercieras dans quatorze ans.

Lust.

- J'aimerais te remercier maintenant, répondit doucement Roy, le sourire aux lèvres. Ouvre ton cadeau.

Edward ouvrit alors son propre paquet. Il n'était pas beaucoup plus gros que celui qu'il avait offert à Roy. A l'intérieur, il trouva une montre en argent. De celles qu'il avait possédé pendant des années et que Roy lui-même lui avait retiré.

- C'était une erreur de ma part de te l'enlever. Même si tu n'es plus alchimiste d'Etat, tu as fait plus pour ce pays que ce que beaucoup ont fait.

Edward la saisit entre ses doigts. Il n'avait pas remarqué qu'elle lui avait manqué.

- Comment as-tu pu récupérer une montre d'alchimiste d'Etat ? murmura-t-il.

- J'ai mes connexions. Mais ne t'aventure pas à l'exhiber à la moindre occasion.

- Je ne suis même plus alchimiste.

- Tu es le meilleur que j'aie jamais connu.

Edward plongea son regard doré dans les yeux d'onyx de Mustang. Ceux-ci étaient doux et on ne peut plus sincère. Son sourire faisait apparaitre de légères pattes d'oie autour de ses paupières. Les lumières des guirlandes colorées qui ornaient la pièce se reflétaient sur sa peau albâtre et ses cheveux noirs de jet. Pour une raison qu'il lui était inconnue, il revit un Roy Mustang plus vieux lui offrir la montre qu'il avait aujourd'hui. Ses yeux avaient été tout aussi expressifs et son sourire avait été aussi tendre. Il se souvint de la sensation de sa main dans les siennes, et de cette impression étrange. Comme si, derrière ce cadeau et ce geste, il y avait beaucoup plus. Terriblement plus. Ça avait été l'une des seules fois où il ne s'était pas fâché contre lui.

- Merci, dit-il en un souffle.

Edward était troublé. Mustang le voyait. Il avait réussi, en un sens, à le toucher. A cet instant précis, Edward semblait plus sensible, plus ouvert. Ses yeux dorés brillaient plus que jamais. Roy Mustang eut envie de lui prendre la main. De le serrer dans ses bras. De l'embrasser encore et encore, jusqu'à ce que leurs lèvres soient rouges et que leurs corps ne fassent plus qu'un.

C'est à cet instant précis qu'il comprit que le laisser partir serait pour lui la pire des épreuves qu'il aurait à affronter.


Maes, Gracia et son ventre légèrement arrondi arrivèrent chez eux à midi pile.

- Je vous présente mon cousin, Edmund. Je l'héberge ici depuis quelques temps, pour ses études. Ed, voici Maes et Gracia.

Tous se serrèrent la main. Gracia déposa un gâteau entre les bras de Roy qui la remercia et partit le déposer dans la cuisine.

- Je pensais que c'était une blague lorsque tu disais que tu vivais avec ton cousin ! s'exclama Hughes, surpris et déçu. Je pensais vraiment que tu t'étais trouvé quelqu'un.

- Eh bien non, fit Roy en revenant. Il faudrait que tu apprennes à me faire confiance.

Ils s'installèrent sur le canapé depuis lequel Hughes se mit à inspecter la pièce avec sérieux.

- Je ne savais pas que les tradition commerciales de Mithra était importantes pour toi, Roy.

- Comme quoi, même après des années d'amitiés, on finit par apprendre des choses l'un sur l'autre.

- C'est magnifique, complimenta Gracia.

Edward, lui, n'en revenait pas de voir Hughes sain et sauf et n'osait ouvrir la bouche de peur que l'illusion ne s'évapore. Roy sortit le champagne et proposa un cocktail sans alcool à Gracia qui le remercia pour cette attention particulière.

- Alors, Edmund, qu'est-ce que c'est que de vivre avec un ours comme Roy ?

- On finit par s'y faire, concéda Edward. C'est déjà bien gentil de sa part d'avoir accepté que je vienne.

- Mais il y a combien de chambre ?

- Je dors sur le canapé.

- Quel hôte terrible tu fais, Roy.

- Il refuse de dormir dans ma chambre. Je lui ai bien proposé, mais il n'y a rien à faire, si tu veux tout savoir.

- Je ne vais quand même pas lui piquer sa chambre.

- Il n'en a pas besoin. Je suis sûr qu'il passe ses nuits dans le lit de jolies femmes, partout à Central.

Edward ne voulut pas confirmer. En fait, Roy avait eu plusieurs rendez-vous, mais il n'avait déserté sa chambre qu'une seule fois. Une seule fois en trois mois. Il ne s'en était pas rendu compte avant.

- N'exagère pas, Maes, protesta Roy en levant les yeux au ciel. Il y a quand même une ou deux nuits où je dors ici.

Une ou deux nuits. Il était toujours là. Pourquoi Mustang mentait-il ?

- Et encore... répondit Edward d'une voix lointaine.

Personne ne se rendit compte de son trouble. La conversation tourna. Ils parlèrent du mariage en préparation de la future famille Hughes. Edward s'y intéressa et un sourire se peignit sur ses lèvres : il avait toujours entendu dire que ça avait été une belle et heureuse célébration, comme on en fait peu.

- Vous avez une date ? demanda Mustang.

- On pensait le faire cet été, en août.

- Après l'accouchement, précisa Gracia.

- Tu es bien entendu invité, Edmund, ça nous ferait plaisir.

- Je ne sais pas si je serais encore là, mais ce serait avec plaisir. Vous formez un très beau couple.

Cette remarque gonfla Hughes d'orgueil.

- Bien sûr ! Le meilleur. Comment pourrait-il en être autrement avec une femme aussi délicieuse que l'est Gracia.

Elle gloussa tandis qu'il lui faisait un baisemain. L'amour entre eux était palpable. La gorge d'Edward s'assécha. Maes ne serait bientôt plus là. Il ne lui restait que quatre ans à vivre, tout au plus.

- Je vous souhaite tout le bonheur du monde, profitez de chaque instant.

Sa voix était très sérieuse. Hughes et Gracia acquiescèrent, heureux. Le sourire de Roy, lui, se fana une seconde. Il savait ce à quoi Edward pensait. Il se redressa et remplit une nouvelle fois les coupes.

L'apéritif se déroula joyeusement, tout comme le repas qu'ils partagèrent ensuite. Edward fut ravi de voir que le gâteau que Gracia avait apporté était sa fameuse tarte aux pommes.

- Mon frère adorerait être là pour la manger, assura-t-il, les idées embrouillées par l'alcool.

- Tu as un frère ?

- Oh oui !

- Tu ne passes pas Mithra avec ta famille proche ?

Edward comprit sa bourde trop tard.

- C'est un voyageur, indiqua Roy. Il n'est même pas à Amestris, actuellement.

- Ah, que fait-il ?

- Il est zoologue.

- Il est cuisinier.

Ils avaient répondu un mensonge différent en même temps. Ils pouffèrent, inconscients du regard soudain sérieux de Hughes. Edward expliqua.

- Il est cuisinier. Il aime découvrir de nouveaux plats à travers le monde. Mais il aime aussi beaucoup les animaux : toutes les cartes postales qu'il m'envoie sont truffés de dessins d'animaux exotiques. En ce moment, il est à Xing. Il n'arrête pas. Roy dit qu'il s'est trompé de voie et qu'il aurait dû se concentrer sur les animaux plutôt que sur la cuisine.

- Oui. Mais c'est vrai qu'il a un réel talent pour cuisiner.

- Tu m'étonnes, depuis qu'il a retrouver son-

Edward s'interrompit. Il se rendait compte que l'alcool lui tournait la tête et lui faisait dire des choses qu'il ne devrait pas. Roy lui vint en aide.

- Son goût.

- Oui, il a eu une maladie, pendant l'enfance. Il ne sentait pas le goût de ce qu'il mangeait. En voyageant, il a rencontré un médecin qui lui a réglé son problème. Maintenant il s'empiffre à longueur de temps.

Gracia ne fit pas attention à leurs mensonges et avala tout ce qu'ils disaient. Maes, lui, se montra plus attentif pendant le reste de la journée et de la soirée qui suivit. Edward insista en effet pour qu'ils restent et ils repassèrent sur le canapé pour prendre un nouvel apéritif. Maes ne manqua rien des échanges de Roy et d'Edmund. Et surtout, il surprit plusieurs fois son ami regarder longuement son cousin avec un sourire et des yeux qui n'étaient pas ceux d'un parent envers un autre parent. Il saisit également ses gestes : parfois, il mettait une main dans le dos du jeune homme, lui faisait une accolade en riant, lui ébouriffait les cheveux. En fait, tout prétexte était bon pour un contact physique. Il n'y avait pas fait attention au début, mais l'alcool qui montait à la tête des deux hommes les rendait imprudents.

A la fin de la soirée, Edward et Roy étaient plus qu'éméchés, et Maes aussi avait bien bu. Ils se saluèrent joyeusement à la porte et les deux futurs mariés disparurent dans les rues froides d'East City.

- Ca fait trop plaizir de les voir, annonça Edward avec un zozotement qui lui était apparu au milieu de la soirée. Ils vont zi bien enzemble.

Roy pouffa et commença à débarrasser la table, mais il abandonna bien vite cette tâche pour s'affaler sur le canapé. Edward se mit à rire et s'assit à côté de lui. Roy se laissa tomber la tête sur ses genoux et entoura sa taille de ses bras.

- T'es complèt'ment saoul, remarqua Edward en gloussant.

- Mmm...

Roy ferma les yeux et respira l'odeur du jeune homme. Il était si bien, là, contre lui.

- 'ller, on va s'coucher.

Edward tenta de se lever mais Roy le retint.

- Woh ! Roy, t'endors pas !

Le militaire grommela et se redressa comme il put, assis dans un équilibre précaire sur le canapé, sans lâcher la taille d'Edward pour autant. Son visage se retrouva à quelques centimètres du sien. Edward se figea. Roy n'hésita même pas. Ça lui semblait tellement naturel. C'était ce qu'il attendait depuis trois mois. L'alcool lui embrumait l'esprit et l'empêchait de raisonner. Il se pencha en avant et plaqua ses lèvres sur celles d'Edward. Son corps tomba aussi. Edward reçut tout son poids sur lui et se retrouva à moitié allongé sur le canapé, les mains figées en l'air. Les lèvres de Roy glissèrent dans son cou, sa tête se reposa contre son torse. Ses bras l'entouraient dans une position qui lui était inconfortable. Avant qu'Edward n'ait pu réagir, il entendit Roy ronfler contre lui.


Tadaaaaam-

Le prochain chapitre la semaine prochaine !

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