Bonjour à tous !

D'abord, un grand merci aux reviewers qui me motivent tous les jours à continuer à écrire et publier ! Ensuite, je suis désolée de faire du chapitre du lundi un chapitre du mardi, mais je n'avais pas calculé la date et mon copain aurait sans doute mal pris le fait que je prenne le temps de poster ce chapitre le jour de la Saint Valentin...

Assez discuté ! Voici le chapitre 20, et je vous retrouve pour la suite le lundi de la semaine prochaine, sans faute !


Chapitre 20 - Du Ragoût


Ce matin-là, Roy se leva avec difficulté, maudissant son réveil de toutes les malédictions pour l'avoir tiré du sommeil et le replonger dans une réalité qu'il voulait fuir. Il était noyé sous la paperasse de son travail, ces derniers-temps, et entendait parler de tous les évènements qui se déroulaient dans le sud sans pour autant avoir la moindre idée d'où se trouvait Edward. Son angoisse se faisait ressentir au sein de toute l'équipe, et il en avait conscience. Maes était venu le voir plusieurs fois, tentant de lui soutirer des informations, en vain. Le fait qu'Edward ait disparu depuis plus de cinq mois rendait son meilleur ami de plus en plus insistant et multipliait ses hypothèses sur Edmund. Mais Roy, lui, restait muet comme une carpe.

En sortant de la chambre, il se dirigea directement dans la salle de bain pour tenter de se réveiller correctement et ainsi régler ses angoisses avec lucidité. Il avait espéré que les cinq mois d'absence d'Edward lui auraient fait oublier l'obsession qu'il avait pour lui, mais il fallait admettre que rien n'avait changé, si ce n'est que chaque jour passé était plus douloureux.

- T'aurais pas pu jeter ton dévolu sur une femme facile, bon sang ? gronda-t-il à son reflet dans le miroir.

Mais peut-être que c'était justement cela qui lui plaisait. Il ne pourrait jamais l'avoir. Edward était unique, inintéressé, occupé, difficile, hardi, imprudent, inquiétant. Il était, en un mot, inaccessible. Et ce n'est pas plus mal pour ma carrière...

Il sortit de la salle d'eau en se frictionnant les cheveux de sa serviette. Alors seulement il remarqua que son salon n'était pas dans l'état dans lequel il l'avait laissé. Sur le canapé écru gisait une masse crasseuse à l'odeur de feu et de transpiration. Roy mit un certain temps avant de distinguer, dans la pénombre, une forme humaine. Sans prudence aucune, il se précipita à genoux sur le tapis, face au canapé, découvrant avec étonnement le visage endormi d'Edward caché sous une épaisse couche de suif et de poussière. Que faisait-il ici, loin de Fosset et de la situation de crise dans laquelle se trouvait la région sud du pays ? Pourquoi était-il rentré si précipitamment ? Pourquoi ne l'avait-il pas contacté ? Ses doigts se perdirent sur son visage, dégageant avec douceur des mèches noires de teinture et de charbon. Ce simple contact fit immédiatement réagir Edward qui se réveilla en sursaut et fut redressé en moins d'une demie seconde, prêt à bondir sur le premier ennemi qui se présenterait à lui.

- Tout va bien, dit aussitôt Roy en voyant une lueur meurtrière dans les yeux de son colocataire retrouvé. C'est moi.

Edward le toisa un instant, puis ferma les yeux en soupirant, visiblement soulagé.

- Que s'est-il passé ? demanda Roy lorsqu'il vit qu'Edward se calmait.

- C'était peine perdue. Ils ont voulu me tuer. Je suis parti avant. Ils ne voulaient plus m'écouter.

- Attends... Quoi ? Il faut que tu me racontes l'histoire depuis le début.

Edward prit une grande inspiration et se mit à lui expliquer ce qu'il lui était arrivé à toute allure : l'incendie, Envy, sa couverture brisée en mille morceaux, la dernière réunion des agriculteurs, leur décision de partir en guerre, sa discussion avec Envy, sa prise de conscience, sa fuite grâce à Isabelle et Gabin.

- J'ai roulé jusqu'à Dublith. Ensuite j'ai pris le train jusqu'ici. Ça m'a pris toute la journée d'hier : je suis arrivé au milieu de la nuit.

- Je vais faire du café.

Roy se leva et se mit à exécution. Edward le suivit dans la cuisine, s'agitant en des gestes fébriles.

- Tout ce que je fais, tout ce que je pourrais faire ne fera que figer une réalité que je connais. Barry a été arrêté après avoir tué vingt-trois personnes. C'est exactement le chiffre dont je me souvenais. Pourtant, si je n'étais pas intervenu, d'autres seraient morts parce que la police n'avait aucune piste. Il faut que je prenne en compte le fait que je sois déjà passé par là, que mon moi de vingt-cinq ans a modifié mon passé et que je le connais tel qu'il a déjà été modifié.

- Edward, calme-toi.

- Me calmer ? s'impatienta le jeune homme. Comment veux-tu que je me calme ?!

- Tu n'as pas beaucoup dormi ces derniers temps. Il faut que tu te reposes un peu. Tu as fait tout ce que tu as pu. Tu es parti pendant plus de cinq mois.

Ils se regardèrent quelques secondes. Cela faisait cinq mois, en effet, qu'ils ne s'étaient pas vus. Le cœur de Roy fit un bond dans sa poitrine lorsque l'information bousilla ses neurones. Son corps amorça le pas malgré lui et, avant qu'il n'ait pu se rendre compte de ce qu'il faisait, il prenait déjà Edward contre lui et le serrait dans ses bras, indifférent à la crasse qui le recouvrait, à l'odeur de sueur mêlée à celle du feu de bois.

- Tu m'as manqué, murmura-t-il, la poitrine gonflée d'une joie délirante.

Edward fut pris de court. Malgré tout, il passa lui aussi ses bras autour de lui, bien que moins insistant.

- Mm, trouva-t-il à dire pour toute réponse.

Ils restèrent un instant ainsi, sans bouger, soulagés de se retrouver et de se sentir à nouveau en sécurité. Roy finit pourtant par le relâcher, à contrecœur.

- Tu devrais aller prendre une douche, ça te ferait du bien.

Edward hocha la tête et s'en fut. Il avait l'impression qu'une fanfare avait élu domicile dans sa cage thoracique. Il ne voulait pas se l'avouer, mais il avait apprécié cette étreinte : Roy lui avait manqué.

L'eau sur son corps le lava de ses impuretés. La chaleur détendit ses muscles. Lorsqu'il sortit de la douche, il n'avait qu'une envie : aller dormir. Il était épuisé et vidé. Roy remarqua cet épuisement rien qu'en voyant son expression.

- Je pars pour le travail. Dors. On discutera ce soir.

Edward ne se fit pas prier et se recoucha sur le canapé. Le sommeil l'accueillit aussitôt, à tel point qu'il n'entendit même pas Roy s'en aller.


Il fut réveillé par une odeur de nourriture qui flottait dans l'air. Il n'avait pas ouvert les yeux que, déjà, son ventre criait famine. Edward s'étira longuement et apprécia l'engourdissement agréable qui envahissait tout son corps. Il resta quelques minutes allongé sans daigner se lever avant de se rendre compte que l'odeur de nourriture et les bruits dans la cuisine n'auraient pas dû exister. En ouvrant les yeux, il regarda immédiatement l'heure. Celle-ci le fit se lever d'un bond : il avait fait le tour de l'horloge à s'abandonner dans un sommeil sans rêve et réparateur. Le premier depuis bien longtemps. Il se rendit presque immédiatement dans la cuisine.

- Roy ?

- Oh. Tu es levé. J'espère que ce n'est pas moi qui t'ai réveillé.

- Ca sent bon. J'ai faim.

Roy sourit en voyant son regard lorgner la marmite qu'il était en train de touiller. Ses yeux s'éclaircirent soudain d'une joie d'enfant.

- C'est du ragoût ?!

- Bienvenue à la maison.

Trop heureux, Edward s'avança pour renifler le plat. Roy profita de son élan pour soulever sa cuiller qu'Edward se prit au milieu de la figure.

- Hey ! protesta-t-il en enlevant la sauce du ragoût qui lui recouvrait le nez.

Roy riait tandis qu'Edward se léchait les doigts.

- T'es vraiment un gamin, bouda Edward.

- C'est toi qui dis ça ? le taquina Roy avant de l'imiter. "C'est du ragoût ?!"

- Oh, ça va ! Je n'ai pas mangé depuis... 48 heures. Et je n'ai pas mangé de viande depuis... Pff, au moins trois mois.

Son ventre fit un bruit tonitruant et il posa ses mains dessus, le visage douloureux.

- J'ai faiiiim... se plaignit-il.

- Mets la table. Ça va être prêt.

Edward s'exécuta, trop heureux, puis revint à la cuisine pour lorgner de nouveau la marmite. Roy en profita pour le détailler. Edward ne portait que son caleçon : il était tellement fatigué en sortant de sa douche qu'il n'avait pas pris la peine de s'habiller plus. Mustang le trouva différent. Un peu plus musclé et large d'épaules. Ses cheveux teints avaient poussé et devaient désormais être plus longs que les siens, à la différence qu'ils n'étaient pas coiffés et que sa tignasse partait dans tous les sens. Il le trouva encore plus séduisant que d'habitude. Mais c'était peut-être aussi parce qu'il lui avait manqué.

Il lâcha sa cuiller pour passer sa main dans les cheveux d'Edward. Il se rendit compte de son geste un peu trop tard, alors qu'Edward lui lançait un regard surpris et se dérobait à son geste.

- Il va falloir que tu tailles ça, lui indiqua Roy en ôtant sa main.

- J'essaie de les faire pousser, se défendit Edward.

- Tu peux les faire pousser, mais là, ils sont incoiffables. Comment tu vas faire pour reprendre le boulot ?

- Pas sûr que le patron de la librairie m'ait attendu jusque-là.

- Tu trouveras autre chose.

Edward haussa les épaules.

- On verra.

Roy sentit qu'il n'était pas convaincu, qu'il avait autre chose en tête.

- A quoi tu penses ?

- Je ne sais pas. J'aimerais continuer d'aider.

Mustang le regarda longuement.

- Tu ne peux plus rien pour eux, lui expliqua doucement Mustang.

- Je peux aller me battre à leurs côtés.

- Pour quoi faire ? Personne ne te fait plus confiance, là-bas. Et de ce que tu m'as raconté, tu en as déjà beaucoup trop dit à Envy. Tu ne pourras pas l'affronter s'il te retrouve.

- Je ne suis pas faible !

- Je ne l'ai jamais pensé. Tu es même l'incarnation de l'exact opposé. Seulement, tu as beau être courageux, motivé et fort, tu ne pourras pas affronter un immortel en osant espérer t'en sortir vivant.

Il avait raison, bien sûr.

- Ils vont tout perdre. Leurs biens, leurs familles et peut-être aussi leurs vies.

- Tu leur as proposé de venir avec toi. Tu leur as demandé de te faire confiance. Ils ne l'ont pas fait : c'était aussi leur choix. Tu n'es pas responsable de ça. Tu as fait tout ce que tu pouvais faire. Et je t'en remercie. C'est pour moi, que tu as fait ça, je te rappelle. Tu ne voulais pas t'en mêler : il est temps que tu t'en souviennes et me traites à nouveau d'idéaliste car il est "impossible de changer le futur".

Roy retourna à son ragoût, le goûta et estima qu'il était prêt.

- A table.

Ils s'installèrent et commencèrent à manger en silence. Edward, qui mangeait principalement du pain à longueur de journée, ferma les yeux pour déguster la moindre bouchée, laissant la viande tendre glisser sur sa langue et le goût de la sauce envahir son palais.

- C'est très bon, le complimenta Edward au bout d'un moment.

- Je suis ravi que ça te plaise, répondit Roy qui appréciait le repas au moins autant que lui. On mangera pas comme ça tous les jours, je te préviens.

- Tu m'étonnes... Tu as du payer ça une fortune... !

- Je ne pouvais pas faire autrement pour fêter ton retour.

- Oh, ça va, on ne va pas en faire tout un plat – sans mauvais jeu de mot.

- Je suis content que tu sois revenu, et je suis sûr que ton estomac me remercie pour ça, alors arrête de tout gâcher.

- Gnagnagna...

Roy sourit de son comportement puéril avant de changer de sujet.

- Alors, comment trouves-tu le nouveau canapé ?

Edward jeta un coup d'œil au dit canapé. Il avait dormi dessus, mais il n'avait même pas remarqué que s'en était un autre. C'était un canapé d'angle avec de gros coussins. Il semblait pouvoir se déplier. En tout cas, il avait très bien dormi dessus.

- Il est pas mal.

- J'ai cru comprendre qu'il était confortable.

- Trop. J'ai hâte de pouvoir me rendormir !

Bien qu'il ait beaucoup dormi, il se sentait encore fatigué.

- Tu es vraiment une grosse larve, constata Roy.

- Venant de toi, c'est un peu paradoxal.

Roy leva un sourcil.

- Il s'est passé quoi, ici, pendant mes quelques jours de cavale ?

- Oh, pas grand-chose. Riza continue de terrifier l'équipe, Havoc désespère de trouver une petite amie, Hughes me fatigue avec le ventre de sa femme... D'ailleurs, il voudrait que l'enterrement de vie de garçon se fasse bien avant le mariage pour pouvoir s'occuper des préparatifs comme il faut et aussi pouvoir accueillir l'arrivée du bébé. Il veut aussi que tu sois présent. J'ai organisé ça pour le début du mois de juin - même si ce n'est pas très stratégique d'un point de vue financier étant donnée la crise actuelle...

- Il veut que je sois présent ? répéta Edward.

- Ouais. Il s'est mis en tête que tu étais devenu une personne importante de mon entourage.

Roy haussa les épaules.

- Ca veut dire que je vais rencontrer toute la team.

- Je pense en effet qu'ils seront là.

- Alors non.

- Pourquoi non ?

- Roy, j'ai rencontré Hughes et le lieutenant Hawkeye. Les deux ont tout de suite compris que je n'étais pas ton cousin et que j'étais un mec louche. Franchement, les autres vont le savoir immédiatement aussi. D'ailleurs, comment peuvent-ils savoir qu'on n'est pas parent ? Même si on ne se ressemble pas, on pourrait tout de même être de la même famille, non ?

Roy détourna les yeux. Edward semblait être le seul à ne pas avoir compris la véritable nature de ses sentiments.

- C'était trop bon ! s'exclama soudain Edward qui venait littéralement de lécher son assiette.

- Tu sais, Ed, ça me ferait plaisir que tu viennes. Tu vas bientôt partir, alors si on pouvait faire des choses ensemble, ce serait bien.

Roy s'était décidé. Edward le lut dans ses yeux et répondit aussitôt, afin d'éviter qu'il dise quoi que ce soit qui pourrait modifier leur relation.

- Je vais bientôt partir, oui. Et je vais partir pour treize ans. On ne se reverra pas avant que ce temps ne se soit écoulé. Le 13 août 1923. Alors, franchement, mieux vaut t'habituer à ne pas m'avoir à tes côtés dès que tu organises un truc.

Roy tomba de haut. Le 13 août 1923. Ils étaient le 7 mai 1911. Comment pourrait-il attendre autant de temps ?

Edward l'avait vu devenir blanc. Il avait vu la détresse dans ses yeux. Il avait vu que ses doigts s'étaient crispés sur ses couverts. Il était partagé entre l'envie de le consoler et le besoin de fuir cette conversation. Il n'avait jamais autant redouté quelque chose. Dans sa tête, il revoyait Roy l'embrasser et s'endormir contre lui, son souffle chaud caressant la peau de son cou. Edward frissonna. Il était hors de question que quelque chose comme ça se passe entre eux. Non seulement il n'avait aucune attirance physique pour la gent masculine - déjà qu'il avait du mal à trouver l'intérêt avec les filles, qu'allait-il s'emmerder avec un mec ? - mais en plus une relation avec Roy lui paraissait malsaine. Il l'avait connu lorsqu'il avait onze ans. Même si, aujourd'hui, ils avaient le même âge, Roy ressentirait-il les mêmes sentiments pour son lui de onze ans, lorsqu'il serait parti ? Un frisson d'horreur le parcouru.

- C'est hors de question, cassa-t-il avec brutalité.

Roy fronça les sourcils et finit par se défendre, sévère.

- Je te trouve un peu dur pour une simple soirée.

Edward retourna sur terre. C'est vrai que la conversation tournait autour de l'enterrement de vie de garçon d'Hughes. Il s'était monté un film tout seul.

- Excuses-moi. J'aimerais venir. La team me manque, pour être honnête. Mais je ne pense pas que ce soit bien raisonnable. Je n'irai pas à cet enterrement de vie de garçon.


Les articles de journaux qui annoncèrent le soulèvement des agriculteurs du sud d'Amestris ne tardèrent pas à être publiés. Le gouvernement déclara qu'il déploierait ses forces pour faire entendre raison à ceux qui avaient coupé les vivres de la population et qui, de toute évidence, ne voulaient même plus négocier.

Edward fit les frais de son propre plan et se rendit très vite compte que manger des vieilles conserves n'avait rien d'agréable. Le ragoût qu'avait cuisiné Roy lors de son retour se révélait désormais être un plat de choix, extrêmement coûteux et hors de portée. Comme il l'avait suggéré à Roy, les placards étaient tout de même bien remplis de pâtes, de farine, d'avoine et de conserves et Roy avait même emménagé un espace sombre sous l'évier pour conserver au mieux les pommes de terre. Cependant, il avait déjà bien tapé dans le stock lorsqu'Edward était arrivé puisqu'un mois s'était écoulé. Il fallait donc rationner jusqu'aux prochaines récoltes.

Comme Roy partait toute la journée et qu'Edward n'avait plus de travail, Edward se mit à tenter de cultiver des pommes de terre ainsi que des légumes que le soleil printanier promettait de faire pousser. Les leçons qu'il avait eues dans le potager de Madeleine et dans la ferme d'Yves et Vivianne s'avérèrent fort utiles. Bientôt, les deux hommes se retrouvèrent avec des jardinières plein le salon.

Lorsque la guerre éclata pour de bon, Edward prit l'habitude d'allumer la radio tous les matins et Roy lui apportait le journal lorsqu'il revenait du travail. Edward l'en remerciait et ouvrait directement la page à la rubrique nécrologique. Il fut attristé, mais pas très étonné, de voir des noms de personnes qu'il connaissait. Heureusement, Yves, Vivianne, Isabelle, Gabin et les quatre enfants du couple semblaient échapper à cette tragédie.

Trop angoissé par cette situation de guerre, Edward se remit à travailler comme un fou sur ses cercles alchimiques. Toutes ses hypothèses lui semblaient farfelues, mais, au moins, elles lui occupaient l'esprit. Sa tâche était d'autant plus difficile qu'il était incapable d'activer les cercles et qu'il devait toujours demander à Roy de le faire pour lui. La plupart du temps, rien ne se passait.

- Peut-être qu'il faudrait faire un échange équivalent, suggéra Roy.

- Comment veux-tu faire ça ?

- Demain, on fera le même cercle pour faire un échange. S'il y a une histoire de temps, il faudrait mieux que quelqu'un soit de l'autre côté pour récupérer l'objet.

Edward hocha la tête.

- Oui. Mais à mon avis, le cercle alchimique de l'autre côté doit être différent. Et je ne suis même pas sûr que celui-là fonctionne.

Ils essayèrent quand même, mettant des objets dans leurs cercles en espérant qu'ils soient échangés avec ceux de la veille. Mais, définitivement, rien ne semblait fonctionner.

- Il faut que tu te concentres, expliquait Edward. Ce n'est pas une alchimie normale : c'est peut-être plus simple pour toi que l'elixirologie, mais il faut tout de même que tu gardes ce principe de ressentir ta propre énergie pour que l'objet soit transmuté au bon endroit.

- Je sais, tu me l'as répété mille fois.

Edward s'agaçait et se mettait alors à faire des cercles elixirologique pour tenter de le faire lui-même. Bien sûr, ça ne marchait pas plus et Roy s'abstenait de se moquer de lui bien que son sourire en dît long sur ce qu'il pensait.

- Je ne comprends pas pourquoi ça ne fonctionne pas, s'énervait Edward dont la patience était limitée.

Un jour, Edward laissa tomber. Il mit au placard l'elixirologie des cercles telle qu'il l'avait apprise auprès de May, abandonna ses théories toutes plus nombreuses les unes que les autres et recommença de zéro. Son idée première avait été de mettre au point une élixirologie antique efficace. Et il le ferait. Il acheta des fioles, des alambics, des dames Jeanne et autres fioles et brûleurs dont il avait besoin pour ses expériences. Il se mit à faire des mélanges chimiques, des tests physiques, utilisant tel ou tel composant pour obtenir des réactions. La maison devint un véritable laboratoire expérimental, les volutes de fumée envahirent l'espace et une odeur artificielle se mit à imprégner les tissus. Dépité, Roy finit par soupirer.

- Il est temps qu'on déménage.