Et voilà le nouveau chapitre ! Je suis encore en retard d'un jour, à croire que le lundi ne me réussit pas x) Enfin, en ce moment, avec les fêtes de famille, les amis, le déménagement, le travail, et mes autres projets à côté, j'avoue être un peu dépassée par mon calendrier XD
C'est le chapitre 36 ! C'était censé être le dernier lorsque j'ai commencé à publier ! Et puis, j'ai tout repris, et me voilà avec une dizaine de chapitres supplémentaires... L'aventure est donc encore loin d'être finie !
En tous les cas, je remercie tous ceux qui on laissé des reviews pour le chapitre précédent ! C'est très rare que j'ai ai, donc ça me fait vraiment très plaisir ! J'écris avant tout parce que ça me fait plaisir, mais voir que mon travail intéresse du monde autre que moi-même est très valorisant ^^
Enfin ! Je vous laisse avec ce chapitre ! Je n'ai pas l'habitude de blablater, donc je m'excuse pour cet interlude !
Chapitre 36 – Le Rendez-vous très important
Les jours qui suivirent l'avis de recherche d'Edward et l'angoisse qui l'accompagnait furent noyés dans la paperasse et les réunions stratégiques qui finirent par mettre les armées de l'Est sur le banc de touche. Pourtant, l'armée du sud avait été écrasée par celle d'Aerugo aux portes de Fosset qui avait été prise ; sans compter qu'elle avait également été surprise au bas des remparts de South City qui, si elle avait su protéger la ville, n'avait pas pu venir en renfort des troupes de Fosset.
Plutôt que de solliciter l'Est en soutien, Central s'était tourné vers les soldats de l'Ouest et les avait fait venir jusqu'à South City et Marco d'où ils comptaient bien contre-attaquer pour reprendre les terres perdues. Les dirigeants d'Aerugo, eux, avaient rapidement commencé à jouer des cartes diplomatiques – qu'ils lançaient, il fallait le dire, un peu tard. Pour la plupart des militaires qui entouraient Roy, le comportement du Roi d'Aerugo était parfaitement énigmatique car attaquer pour se rétracter presque immédiatement après n'avait tout simplement aucun sens. Pour Roy, ces actions s'expliquaient par une manipulation des homonculi dans l'ombre. Il n'en avait aucune preuve, et attendait d'en parler avec Edward pour en avoir la pleine compréhension.
Seulement, voilà : Edward était parfaitement introuvable. Les heures qui passaient étaient chaque seconde plus insupportable pour le militaire et soulevaient des questions auprès de ses subordonnés. En effet, tous avaient plus ou moins rencontré son prétendu cousin Edmund Ford et s'inquiétaient de savoir si Eric Ford avait un quelconque lien avec lui : non pas que le nom de famille leur ait mis la puce à l'oreille, mais plutôt qu'il révélait un indice supplémentaire quant à son apparence quelque peu similaire. Roy Mustang avait tout nié en bloc et leur avait demandé de bien vouloir garder leurs réflexions pour eux, demande qu'ils semblaient respecter pour le moment.
Quant à Riza et Maes, ils l'appelaient tous les soirs chez lui pour lui donner des nouvelles de leurs recherches. Ils savaient que Gabin, le frère d'Isabelle, était passé chez Alice et William pendant la journée du 18 septembre et qu'il avait demandé à partir avec un médecin. Ledit médecin, ami de la famille, était parti avec le gamin et un certain Adrien. Ce dernier avait fait les grands titres de journaux dès le lendemain matin et son portrait-robot avait été affiché absolument partout : il était de mèche avec les deux fugitifs Andrea Rossetti et Isabelle Alstatt, et était au moins aussi dangereux qu'eux. Avec le sien, les portraits des enfants cachés chez Madeleine avait fini par paraître, désignés comme les victimes de ces trois hors-la-loi. D'ailleurs, Roy n'avait pas tardé à être contacté par la jeune femme qui avait littéralement hurlé dans le combiné pour savoir ce qu'Edward avait encore bien pu fabriquer. Roy s'était énervé à son tour, puisqu'il n'en savait strictement rien, ce qui provoquait d'ailleurs chez lui un comportement fébrile et anxieux.
Épargné par la presse, le médecin parti avec Adrien, ce soi-disant complice, n'était toujours pas revenu chez lui. Riza et Maes avaient alors entamé des recherches plus poussées, sillonnant la région avec le véhicule de la jeune femme, mais les contrôles de police étaient nombreux dans le sud et ils s'étaient rapidement rendu compte qu'Edward devait probablement faire profil bas pour s'éviter les ennuis.
Si Roy avait voulu les rejoindre plusieurs fois et qu'il avait même failli tout plaquer pour le faire, une enquête interne au QG militaire de l'Est l'en avait dissuadé. En effet, le lieu où Andrea Rosetti, alias Éric Ford, alias Edmund Ford, alias Edward Elric, avait été vu pour la dernière fois avait laissé plusieurs indices et ceux-ci se matérialisaient sous forme de grenades et d'un semi-automatique immatriculé par l'armée. Une investigation militaire avait fini par aboutir au QG de l'Est, ce qui n'avait rien d'étonnant puisque c'était Roy lui-même qui avait donné ces armes plusieurs semaines auparavant. Bien sûr, l'enquête n'avait rien de très concluant puisqu'il avait déjoué les systèmes de sécurité à coup d'alchimie pendant une nuit où l'armurerie était naturellement déserte. Il avait également été innocenté puisqu'il avait un alibi béton : la résolution de l'enquête de New Optain l'avait en effet mené à l'hôpital dans lequel il était censé se reposer sagement. Personne ne s'était aperçu de son absence et cela avait été une grande chance pour lui car il n'avait pas été sûr d'être très convaincant lors des interrogatoires auxquels les officiers de tout le Quartier Général avaient eu droit. Toujours était-il qu'il en était ressorti indemne et qu'il comptait désormais faire profil bas – et donc éviter à tout prix de voyager dans le sud pour retrouver et sauver un criminel recherché partout à Amestris.
Le matin du 23 septembre, le congés soi-disant familial de Riza touchait à sa fin et Roy savait qu'elle serait bientôt de retour. Il n'avait jamais trouvé le temps – qu'il passait au QG à noyer son stress dans le travail – aussi long et la matinée – qui avait commencé beaucoup trop tôt en raison de ses insomnies – débuta par une randonnée faite d'une ronde incessante autour de son bureau. Dans sa poche, sa main tournait et retournait la montre d'Edward dont il avait hérité lorsqu'ils s'étaient séparés. Ses doigts effleuraient encore et encore ses motifs aux goûts douteux. L'objet avait su le rassurer par moment, mais à présent, il ne lui rappelait que l'absence désespérante d'Edward.
Lorsqu'Havoc, qui était le premier à arriver ce matin-là - ce qui n'avait d'ailleurs rien de commun -, le vit dans cet état, il troqua son expression soucieuse contre une mine encore plus inquiète et ne sembla même pas oser aller s'asseoir à son office. Roy ne fit pas grand cas de sa présence, jusqu'à ce que le grand dadet ne finisse par s'éclaircir timidement la gorge :
- Colonel ?
Roy se stoppa net et lui jeta un regard noir pour toute réponse.
- Euh… fit le blond. Vous allez bien ?
- On ne peut mieux, assura Roy en se détournant de lui pour contourner son bureau et s'y asseoir avant de faire mine de travailler.
Jean Havoc n'osa pas insister et alla s'asseoir à son tour. Pourtant, il ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche une seconde fois :
- Vous savez, cette histoire de guerre dans le sud…
Roy ne répondit pas et ne daigna même pas relever la tête.
- Faut pas vous faire du mouron comme ça. Si vous voulez mon avis, l'attaque d'Aerugo s'est faite avec des ordres contradictoires : ils vont rapidement se replier.
- Je sais, cassa Roy en lui lançant un regard blasé. Autre chose, sous-lieutenant ?
- C'est-à-dire que… hem… Vous savez si l'oncle du lieutenant va bien ?
- Il est à l'article de la mort. Pourquoi croyez-vous que je lui aie donné une permission à un moment pareil ?
- Ça ne doit pas être facile pour elle…
Jean Havoc paraissait si anxieux que l'attention de Roy en fut quelque peu détournée :
- Depuis quand est-ce que vous ne considérez plus le lieutenant comme un automate sans cœur ?
Le grand blond tourna aussitôt le regard ailleurs tandis que le rouge lui montait aux joues d'une manière si ostentatoire que même Edward plongé profondément dans ses études les plus complexes l'aurait sans doute remarqué. Roy cligna les yeux, soudain sorti de ses sombres pensées et de ses préoccupations qui lui bouffait la vie depuis la disparition d'Eric Ford.
- Tout de même, bafouilla Havoc. Ce ne sont que des blagues… Perdre son oncle, c'est pas facile.
- Sous-lieutenant, commença Roy avec une lenteur incrédule. Qu'est-ce que…
Sa phrase fut interrompue par le lieutenant Hawkeye qui entra d'un pas vif dans la salle de travail. Jean Havoc sursauta si fort qu'il butta contre son bureau et se retrouva debout à psalmodier des excuses au mobilier tandis qu'il regardait partout sauf dans la direction des deux êtres humains qui se trouvaient dans la pièce. Quant à la jeune femme, elle s'approcha du bureau de son supérieur d'un pas vif tout en saluant tout le monde d'une voix aussi neutre que d'habitude :
- Sous-Lieutenant Havoc. Colonel Mustang. Voici un dossier que j'ai rapporté de la ville où se trouve mon oncle. J'ai pris le temps de passer au QG du coin pour vous rapporter des informations qui pourraient vous être utiles.
- Comment va votre oncle ? s'enquit Roy avec tellement de sérieux qu'Havoc s'arrêta de baragouiner seul dans son coin et se rassit à son bureau pour tendre une oreille attentive à leur échange.
Le lieutenant Hawkeye resta quelques secondes silencieuse.
- Il est à l'article de la mort, vous savez, rappela-t-elle finalement. C'est pour ça que vous m'avez autorisé cette permission.
Le Colonel la regardait avec intensité, attendant visiblement des précisions.
- Un ami est resté auprès de lui, finit par ajouter le Lieutenant. J'aurais davantage de nouvelles ce soir. J'ai cinq jours de travail à rattraper : par où est-ce que je commence ?
Roy Mustang sembla déstabilisé par sa dernière question et mit un certain temps avant de dire :
- Pas mal de dossiers à traiter. Allez voir Havoc, il vous mettra au parfum.
La jeune femme hocha la tête, se retourna et s'avança vers le blond. Mustang, trop inquiet pour Edward, saisit immédiatement le dossier que lui avait donné son amie sans apercevoir le sourire beaucoup trop joyeux du sous-lieutenant s'élargir lorsque la jeune femme s'assit à côté de lui.
A l'intérieur de la chemise cartonnée, il trouva plusieurs documents, notamment des photocopies d'archives venant de Central. En les lisant attentivement, il comprit qu'il s'agissait de dossiers sur le véritable Andrea Rossetti, officiellement disparu à Creta il y avait de cela huit mois. Officieusement, des militaires de l'Ouest l'avaient visiblement attrapé à West City en train de mettre son nez dans les affaires du Général de la ville. Son mandat d'arrestation et une lettre de transfert attestaient qu'il avait été transporté à Central City. Entre temps, on avait pris une photo de lui en noir et blanc : s'il était brun, avec des lunettes et des yeux clairs, sa ressemblance avec Edward s'arrêtait là. Son visage était plus fin, son menton plus pointu et son front plus petit. Cela dit, le portrait-robot d'Eric Ford que la presse avait publié le représentait avec une certaine maigreur qui pouvait à s'y méprendre l'apparenter à Andrea Rossetti. Un mot de Hughes accompagnait le tout :
« Si tu en doutais, ton chéri est innocent. Et le véritable Andrea Rossetti a complètement disparu des archives de Central City après son transfert à la capitale. Je n'ai pas trouvé son lieu d'enfermement, ni de documents attestant d'une évasion ou quoi que ce soit d'autre qui pourrait nous dire ce qu'il est devenu. Il s'agit bien d'un coup monté contre 'Éric'.
Pour ce qui est de savoir où il est, je devrais être auprès de lui à l'heure qu'il est. Riza t'en dira plus. Je t'appelle chez toi dans la soirée ou demain ».
Roy avait balayé la possibilité qu'Edward soit un espion à l'instant même où il l'avait lu dans le journal. Le Lieutenant Hawkeye semblait être plutôt d'accord avec lui à ce sujet puisqu'elle avait aussitôt voulu contribuer à le retrouver à l'insu de l'armée. Pourtant, il ne pouvait nier que le doute s'immisçait parfois dans son esprit et qu'il se devait de le chasser sitôt qu'il le détectait. Les preuves qu'Hughes avaient rassemblées pour innocenter Edward le rassuraient malgré lui et il s'en trouva plus soulagé qu'outré de voir que son meilleur ami avait perdu du temps sur cette enquête-ci. Quant à savoir comment il avait réussi à récupérer ces documents, cela demeurait un mystère : mais ce n'était pas pour rien qu'il l'avait mis sur le coup avec Riza.
- Lieutenant, appela finalement Roy en relevant les yeux du dossier. Je peux vous parler ? En privé.
Il se leva et le Lieutenant abandonna aussitôt le sous-lieutenant Havoc qui les regarda partir ensemble avec un air de chien battu. Comme Roy amenait Riza dans un bureau vide, la jeune femme posa une main sur son épaule et le redirigea en-dehors du QG avant de s'asseoir dans un café proche de là.
- J'imagine que vous voulez parler du dossier d'Hughes, fit la blonde après que le serveur ait pris leur commande.
- Volontiers. Vous l'avez retrouvé ?
Riza le fixa un instant de ses prunelles noisette avec un sérieux qui ne présageait rien de bon. Elle entama finalement, sachant sans doute qu'elle ne pourrait pas y échapper :
- Je n'ai que des échos. Hughes s'est rendu directement sur place dans la nuit. On en saura plus quand il nous appellera ce soir : je lui ai dit de vous contacter directement chez vous. Je pense qu'on devrait attendre directement de ses nouvelles avant d'en parler tous les deux, mais j'imagine que vous ne pourrez pas attendre d'ici-là.
- En effet.
- Les informations que j'ai ne sont pas glorieuses.
Roy déglutit et resta silencieux, la respiration suspendue. Riza soupira, puis continua :
- Nous sommes restés chez le médecin de famille de William et Alice que vous nous aviez demandé d'aller voir. Quelques heures avant que je doive prendre mon train de retour, Albert, le médecin, est revenu. Il a d'abord cru que nous étions des militaires et ne voulait rien nous dire du tout. Finalement, après une longue discussion avec sa femme, Alice et William, il a accepté de nous expliquer la situation. C'est surtout grâce à l'enquête que Maes a réalisé sur Andrea Rossetti… ça les a convaincu. Je ne sais pas si vous avez pu lire le dossier ?
Roy hocha la tête, suspendu à ses lèvres et la jambe tremblant sous la table. Le serveur revint à ce moment et leur servit leurs cafés. Riza resta silencieuse jusqu'à ce qu'il s'en aille.
- Votre cousin est actuellement dans le coma. Il a été transféré dans un cabinet chirurgical d'un ami au médecin qui l'a pris en charge, vers Utwanay. Le chirurgien l'a soigné et le cache en espérant qu'il se réveille. Gabin, le gamin, ainsi qu'Adrien – je ne sais pas si vous avez lu dans la presse, mais il s'agit d'une personne qu'on accuse d'être complice des actes d'Andrea Rossetti – sont restés avec lui. Les deux étaient un peu amochés, apparemment, mais rien de grave. Visiblement, c'est le gamin qui a amené Edmund près de Marco et qui a eu la présence d'esprit de ne pas l'emmener directement en ville avec la voiture que tout le monde recherche. Ils ont fini par la brûler, d'ailleurs, et ils l'ont désossée pour l'enterrer et n'en laisser aucune trace.
Roy hocha la tête, très attentif à ce qu'elle racontait et désireux d'en connaître plus sur le sort d'Edward.
- Bref, continua la jeune femme. Gabin est reparti avec Albert et Adrien, et Albert a fait ce qu'il a pu. Edmund avait perdu beaucoup de sang, ce qui était le plus problématique jusqu'à ce que les médecins se rendent compte que certaines de ses blessures s'étaient infectées. Edmund a eu plusieurs réveils, mais la fièvre ne l'a pas laissé très lucide. Puis, il est resté inconscient jusqu'à aujourd'hui. Quant à Isabelle, la sœur de Gabin et également une des personnes qui accompagnait Edmund, de ce que j'ai compris, elle a pris une balle dans la tête et est morte sur le coup. Ils l'ont enterré avec la voiture.
Roy fixait la jeune femme avec une telle intensité que Riza pouvait lire en lui toute la peur, toute l'incompréhension, et toute la volonté qui grandissait de seconde en seconde dans son esprit :
- Que s'est-il passé ? interrogea-t-il soudain de sa voix la plus professionnelle.
- Pour le moment je n'en sais pas plus, répondit prudemment la jeune femme. Nous allons attendre le coup de fil de Maes : on devrait avoir davantage d'informations.
- Vous allez me faire croire que vous êtes partie sans savoir ce qu'il s'est passé ? s'enquit Roy d'une voix froide.
- Oui. Le seul qui semble savoir est le gamin qui n'était pas là, et, d'après le médecin, il n'a pas ouvert la bouche après qu'Edmund ait été pris en charge.
- Donnez-moi le lieu où il est.
- Colonel, calmez-vous. Si j'y suis allée en premier lieu avec Hughes, c'est parce que vous ne pouviez pas vous en mêler.
- Dites-moi où il est, articula-t-il d'une voix si sourde que la colère perçait dans la moindre des syllabes qu'il prononçait.
- Vous devez rester ici.
- Je ne laisserai pas Edward crever loin de moi ! s'écria-t-il en se relevant de sa chaise.
- Rasseyez-vous. Vous attirez l'attention.
- J'en ai rien à foutre ! Personne me reconnaitra en civil ! J'en ai marre de cette prudence absurde soi-disant parce que je risque de me compromettre ! Je veux savoir où il est, et vous avez tout intérêt à me le dire, Lieutenant !
- Je n'ai pas d'adresse exacte, alors rasseyez-vous, cassa-t-elle sèchement.
Roy la jaugea un instant, fou de rage, puis serra le poing, l'abattit sur la table en bois et se rassit rageusement.
- C'est de ma faute, grogna-t-il presque aussitôt, les yeux rivés sur son poing aux jointures blanchies. J'aurais pas dû le laisser partir là-bas.
- Roy… Il a sauvé des milliers de gens…
- Non, il n'a rien sauvé du tout ! D'autres sont morts à leur place ! Tout ce qu'on a fait n'a servi à rien.
- Comment pouvez-vous dire ça… ?
- Parce qu'il me l'a dit !
Le jeune homme se prit la tête entre ses mains, épouvanté. Ses doigts passèrent dans ses cheveux, les serrèrent. C'était une histoire à s'arracher les cheveux, et il comprenait pour la première fois que cette expression n'en était pas une. En plus de l'impression qu'il avait d'être inutile, il sentait son cœur se fendre et son imagination tourner à mille à l'heure pour créer des scénarii tous plus atroces les uns que les autres qui pouvaient expliquer comment Edward avait pu se retrouver dans une telle situation.
- Est-ce que vous avez ramené son rapport médical ?
- Il n'est pas officiel…
- Je m'en fous : dites-moi ce qu'il a.
La jeune femme marqua un instant d'hésitation, mais voir son supérieur et ami dans une telle détresse lui fendait le cœur. Et puis, elle savait qu'il insisterait, et elle n'avait pas la force de lui mentir.
- Il a reçu un coup de couteau à la cuisse, en plein dans le quadriceps, récita-t-elle finalement. De là, il a perdu beaucoup de sang. Deux doigts cassés. Quelques brûlures superficielles sur les bras et les épaules, des… plaies sur le torse. Quelques côtes fêlées, le nez cassé. Le médecin a fait tout son possible et le chirurgien l'a opéré dès qu'il a pu. Il n'y a aucun organe vital touché : le problème, c'est l'infection. S'il s'en remet, c'est bon. Il a été pris en charge et le plus dur est déjà passé donc ça devrait aller… Hughes est allé voir sur place : il pourra voir le chirurgien, et il compte bien poser des questions au gamin pour comprendre pourquoi Ed… est dans cet état.
- Et cette infection, qu'est-ce que c'est ? s'inquiéta Roy dont le monde était en train de s'effondrer. Qu'est-ce qu'il a subi comme opération ?
La jeune femme sembla hésiter à lui donner une véritable réponse, mais le comportement agité de son supérieur la poussa à se montrer sincère :
- Il a dû se battre très sérieusement, même blessé. Ses mains ont été les plus touchées. L'une d'elle était… difficilement récupérable, apparemment, et comme il est resté à peu près deux jours sans soins, elle s'est infectée. Le chirurgien a fait ce qu'il a pu, mais il a dû amputer. Deux doigts, pas toute la main… Techniquement, aucun organe n'est touché : il devrait se réveiller, ne vous en faites pas.
Le visage de Roy se défit complètement tandis que toute l'imagination dont il était capable se trouvait être insuffisante pour imaginer ce que son amant avait pu vivre. Riza le comprit sans doute et lui adressa un sourire navré :
- Ça va aller… Il a connu pire que ça, non ?
- Sûrement, balbutia Roy d'une voix fanée.
Riza le toisa un instant tandis qu'un silence plein des évènements passés s'imposait entre eux. Elle aurait voulu faire évaporer cette gêne, le distraire avec n'importe quoi d'autre. C'est pourquoi, d'une voix douce, elle souleva un détail qui ne lui avait pas échappé :
- Edward, dit-elle. C'est son véritable nom, alors ?
Roy lui envoya un regard si noir qu'elle sut qu'elle ne s'était pas trompée. Par la même, l'abattement de l'homme s'était soudain retransformé en colère :
- Arrêtez de fourrer votre nez là où ça ne vous regarde pas !
- Je n'ai rien fait du tout : vous l'avez appelé comme ça tout à l'heure. Et puis, ce n'est qu'un prénom… Entre Edward et Edmund, il n'y a pas une différence énorme.
Le brun se mit à grommeler et se laissa aller contre le dossier de sa chaise, contrarié.
- Allons, ne faites pas cette tête, sourit Riza. Buvez votre café, qu'on retourne travailler. Ensuite, nous irons chez vous ensemble pour attendre le coup de fil d'Hughes.
-o-o-o-
Riza crut que la journée serait interminable. Entre les dossiers à reprendre, les documents à corriger et à signer, les entretiens que lui soumirent les enquêteurs de la taupe du QG de l'Est, le Colonel Mustang qui était d'une humeur exécrable, ses collègues qui lui posaient mille et une questions sur son soi-disant oncle mourant et Havoc qui lui faisait les yeux doux, elle crut qu'elle allait finir par en prendre un pour taper sur l'autre. La fin d'après-midi aurait pu sonner le glas de la liberté, mais elle avait la charge de son supérieur aux actions incertaines et il était hors de question qu'elle le laisse repartir chez lui tout seul. Ils étaient donc rentrés ensemble et elle s'était installée dans le canapé pour voir son collègue faire les cent pas dans le salon, juste devant le téléphone, tout en tripotant une montre en argent entre ses doigts.
Lorsque le combiné sonna finalement, elle remercia tous les dieux qui avaient pu entendre ses prières et qui avaient encouragé Hughes à appeler :
- Maes ?! s'exclama Roy.
- Lui-même ! répondit joyeusement son ami au bout du fil.
- Où es-tu ? Comment va Ed ?
- Oula, doucement… Tu pourrais commencer par me demander si je ne trouve pas le temps long de ma femme et de ma fille.
Roy resta sans voix face à ce reproche qui lui semblait improbable, lui qui attendait depuis plus de six jours que quelqu'un daigne lui expliquer une situation qui tournait en boucle dans sa tête.
- Eh, je rigole mon vieux, rassura Maes en entendant son silence. Ed va bien. T'en fais pas.
Roy se sentit fondre tout à coup et, malgré lui, il sentit ses jambes flageller de soulagement. Il se laissa tomber contre le mur et glissa par terre, le combiné collé à son oreille et indifférent au regard de Riza rivé sur lui.
- Malgré le sang perdu, l'infection, l'amputation… Il va bien ?
- Oh, je vois que tu es déjà au courant.
- Il s'est réveillé ?
- Oui, ça fait une petite heure. Il est très fatigué : je lui ai proposé qu'on t'appelle. Je peux te le passer.
- Oh, oui ! S'il te plait, répondit Roy avec un enthousiasme presque désespéré.
- Ok. Attends une seconde.
Il hocha la tête, parfaitement inconscient que son ami ne pouvait pas le voir. Lorsqu'il entendit la voix d'Edward résonner à son oreille et emplir son cerveau, il sentit sa mâchoire se crisper et ses yeux s'embuer.
- Roy ? appela la voix faible de l'homme qu'il aimait.
Roy déglutit, incapable de répondre immédiatement tant sa gorge était serrée par l'émotion :
- Ed… Bordel, tu m'as foutu une de ses frousses !
- Ahhh… Toujours à t'inquiéter…
- Je crois que c'est justifié !
- T'as juste pas confiance en moi.
Roy allait répliquer mais il l'entendit tousser à l'autre bout du téléphone. Son anxiété reprit le dessus sur la joie qu'il avait de l'entendre :
- Ed, tu vas bien ?
- Au top !
- C'est bon, Riza m'a dit dans quel état on t'a retrouvé.
- J'ai juste perdu un peu de sang.
- Et deux doigts.
- Ouais, et c'est super, je vais pouvoir me remettre des automails !
L'enthousiasme d'Edward le laissa muet.
- Par contre j'espère que tu as des thunes pour mes les payer, se plaignit le jeune homme à l'autre bout du fil. Parce que moi, je sauve le monde, mais c'est du bénévolat.
- Tu…
Les lèvres de Roy se fendirent en un sourire qui se termina en un grand rire.
- Tu es pas possible… ! s'exclama-t-il entre deux éclats de rire. Je t'aime tellement ! Tu m'as tellement manqué ! Dis-moi que tu vas bien.
- Je vais bien. On s'est bien occupé de moi.
- Où est-ce que tu es ?
- Dans une chambre. Et j'ai un super porteur de téléphone : merci Maes.
- Quoi ? Attends… Maes te tient le téléphone ?
- Ouais : et il entend tout ce que tu dis. C'est très gênant mais il te trouve mignon.
- Tu es très mignon ! pleurnicha la voix d'Hughes avec émotion.
- Mais… Bon sang, laissez-moi un peu d'intimité ! Et puis dites-moi où est-ce que vous êtes, que je vous rejoigne !
- Malheureusement, ça ne va pas être possible, le contredit Edward. Tu dois rester à East City.
Roy crut que c'était une blague et ne sut pas quoi répondre.
- Je dois encore rester au lit. Maes va gérer le reste mais, moi, il faut que je fasse profil bas pour le moment.
Sa voix était devenue soudainement plus sérieuse et Roy sut qu'il allait encore une fois être éloigné des évènements qui se profilaient à l'horizon.
- Je veux venir, insista-t-il d'une voix décidée.
- Non. Surtout pas. Je vais me démerder pour rentrer, mais tu dois rester chez nous.
- J'en ai marre que tu m'écartes encore ! Si tu ne me dis pas où tu es, je t'assure que je mènerai mon enquête et je finirai bien par te trouver !
- J'ai perdu suffisamment de monde. Je suis recherché. Adrien, Gabin, les autres, aussi. Toi, plus que quiconque, dois rester en-dehors de tout ça. Tu es trop important.
- On s'en fiche de… de mon rôle dans la suite des évènements ! Je viens te chercher !
- Je me fiche de ça. Ce que je veux dire, c'est que tu es trop important pour moi. Je me suis compromis auprès des personnes que tu sais. Maintenant, ils me veulent et si tu es avec moi quand ils me trouveront, ils te tueront. Je peux pas… survivre à ça.
La voix d'Edward se brisa et Roy sentit chez lui une fragilité qu'il ne pensait pas entendre un jour. Ça ne lui ressemblait tellement pas que le militaire laissa le silence s'appesantir entre eux.
- Isabelle est morte, annonça soudain la voix serrée d'Edward. C'est de ma faute.
- Ce n'est pas de ta faute.
- Si ! Je suis trop impulsif ! J'ai voulu briser le cercle quand j'ai vu Aerugo attaquer Fosset ! Elle m'a suivi. Il y avait… Idamie. Elle est morte à cause de moi parce que j'ai été trop stupide pour suivre tes instructions ! Et maintenant, Gabin se retrouve tout seul, et il a tout vu, en plus. Adrien est dans un état lamentable, et les enfants ne sont pas encore au courant qu'ils vont devoir vivre sans leurs parents ! En plus, ils sont recherchés à cause de moi et s'ils les trouvent, ils vont s'en servir contre moi ! Sans compter tous les morts qu'il y a eu là-bas. Roy, je t'en prie… Je veux juste… Prendre le temps de rentrer.
Ces derniers mots sonnèrent comme l'annonce d'une sentence assassine. Roy comprit qu'il n'était pas près de le revoir, et que ses espoirs de le retrouver n'avaient rien de certains.
- Ed… Tu n'es pas réveillé depuis longtemps, tenta-t-il pour se rassurer. Il faut que tu te reposes… Tu as besoin de rentrer à la maison. J'ai besoin que tu reviennes à la maison. Je veux m'occuper de toi. Tu ne peux pas me laisser là, à attendre. Je peux venir te chercher en voiture, te trouver un déguisement, dénicher un médecin qui voudra bien venir s'occuper de toi sans te dénoncer. Tout peut être mis en place. J'ai besoin de toi, et tu as besoin de moi. Alors, s'il te plait… Rentre à la maison…
Il n'y eut pas de réponse. Seulement une respiration saccadée, des murmures, des bruits de pas, et puis la voix de Maes :
- Mon vieux, t'es là ?
- Repasse-le moi !
- Écoute, Roy… Laisse-lui deux minutes, il est secoué.
- Dis-moi où il est alors ! Je veux le voir !
- Vu l'état dans lequel il est, je suis sûr qu'il ne ment pas lorsqu'il dit que tu seras en danger.
- Mais j'en ai rien à cirer ! Qu'est-ce que tu ferais, toi, si Gracia était blessée on ne sait où à dire qu'elle voudrait pas que tu viennes ? Hein ? Tu serais pas en train de me pleurer dans les bras à vouloir que je t'aide à la retrouver ?!
- Ca n'arrivera jamais.
- JE M'EN FOUS ! hurla soudainement Roy en se remettant sur ses pieds. DIS-MOI OÙ VOUS ÊTES !
- Écoute, mon vieux. T'énerve pas : laisse-lui le temps de digérer. Dis-moi, c'est quand tes jours de congés ?
- JE M'EN FOUS DE MES JOURS DE CONGES ! s'égosilla Roy qui recula d'un pas lorsqu'il vit Riza se relever pour, peut-être, intervenir.
- Ok, ok. Calme-toi. Roy, j'ai un plan. Tu veux faire partie de ce plan, n'est-ce pas ?
Roy allait recommencer à hurler pour le traiter de tous les noms tant l'amertume d'une impuissance incontrôlée comprimait sa raison. Cependant, le mot « plan » le figea. Il arrêta de respirer, se rendant compte qu'il lui restait peut-être un espoir de se rendre utile.
- Un plan ? répéta-t-il dans un souffle.
- Exactement, un plan. Et tu as un rôle important à jouer, dans ce plan.
- … Ok… Dis-moi tout.
- Actuellement, nous sommes quatre à être logés dans le cabinet de Franz, un chirurgien qui risque très gros. Gabin, Adrien et Edmund sont tous les trois recherchés et ils ne peuvent pas rester ici indéfiniment. Il en va de même pour les autres gamins qui se trouvent actuellement dans l'ouest chez une amie d'Ed qu'il parait que tu connais.
- Madeleine ?
- Oui, c'est ça, Madeleine. Si elle est mêlée à tout ça, elle va elle aussi risquer gros. Et de ce que j'ai compris, c'est celle qui est le plus liée à toi : vue comment ça se passe à l'Est, on devrait éviter que quoi que ce soit ne te retombe dessus. Tu serais destitué et jeté en prison.
- Si ce n'est plus…
- Exactement. Alors, voilà, il faudrait que tu trouves une planque à tout ce petit monde, idéalement au niveau d'une frontière avec un autre pays, afin qu'ils puissent se cacher temporairement pendant que la situation se calme. Et qu'on comprenne aussi qu'est-ce que c'est que ce bordel avec les accusations d'Andrea Rossetti, et tout ça : il va falloir qu'on ait une discussion sérieuse à ce sujet, mon pote, parce que ça m'a l'air louche, et que je pense que tu peux largement m'éclairer sur le sujet.
- Je vais voir ce que je peux faire pour la planque avec ma tante : je devrais avoir des filons…
- Parfait. Quand tout se goupille bien, moi j'emmène les trois clandestins qui sont avec moi là-bas, et toi tu fais un crochet dans l'ouest pour récupérer les gamins. D'où ma question sur tes jours de congés.
- Même si je fais ça sur mes jours de congés, je pourrais jamais traverser tout le pays en deux jours !
- Avec Riza, vous pouvez vous relayer, non ?
- Ca m'a l'air un peu compliqué. Quand on pense qu'il faut déjà cinq heures pour aller à Central… Ca va être chaud de gérer tout ça en moins de 48h.
- Ah, c'est un challenge ! Si c'était pour faire la tournée des boites de strip tease tu y arriverais les doigts dans le- Que… ?! Edmund, qu'est-ce que tu fais debout ?! Attends, deux secondes.
Maes le laissa seul avec son combiné téléphonique dans les mains, le cœur serré. Si Edward s'était levé, c'était probablement plutôt bon signe au niveau de son état… non ? Où alors, il s'agissait d'une totale inconscience : plus probable lorsqu'on connaissait le personnage. Une nouvelle angoisse s'immisça dans sa poitrine et son cœur manqua un battement lorsque la voix d'Edward raisonna dans son oreille.
- Maes a raison, il faut mettre tout le monde en sécurité. Tu penses pouvoir trouver un lieu où on pourrait se retrouver ?
- Ed ! J'espère que tu es au lit… !
- T'occupes. T'as peu de temps pour trouver. Hughes va s'occuper de nous créer des faux papiers. Toi tu fais ça en attendant. Faudrait profiter que tu te déplaces à Central City pour faire ça dans la foulée.
- À Central City ? Tu penses vraiment que j'ai le temps de faire du tourisme, en ce moment ?
- Du tourisme ? répéta Edward dans un souffle presque amusé qui n'avait strictement rien de rassurant. Tu vas pas faire du tourisme : t'as oublié que t'avais un rendez-vous très important ou quoi ?
Roy fronça les sourcils, bien incapable de comprendre de quoi le jeune homme était en train de parler. Ce dernier dut d'ailleurs saisir qu'il lui fallait donner des indices pour que Roy résolve son énigme.
- Les 27 et 28 septembre auront lieu les épreuves qui regroupent tous les concurrents venus à Central City se présenter pour devenir alchimistes d'Etat. J'espère qu'il y aura de la place dans les gradins pour toi : il devrait y avoir des candidats intéressants, cette année…
La bouche de Roy s'ouvrit dans un « o » de surprise tel que son lieutenant, toujours occupée à le surveiller, en fronça les sourcils. Malgré la difficulté que cela représentait, Roy prit soudain conscience qu'il allait en effet devoir se préparer à jouer l'indifférence s'il souhaitait garder ses secrets : Riza Hawkeye détecterait la moindre de ses anormalités et il était hors de question que cela l'amène à découvrir quoi que ce soit.
C'était plus facile à dire qu'à faire, cependant. Il eut beau se préparer mentalement et en parler longuement avec Edward au téléphone ; lorsque, deux jours plus tard, il sortit du QG de l'Est accompagné de Riza Hawkeye et qu'il vit, en bas des escaliers, son « rendez-vous très important » lever les yeux vers lui, il s'arrêta net, le souffle coupé.
Couvert d'un manteau rouge et suivi d'une armure de métal, le gamin, au visage tellement familier, fourra ses mains dans ses poches d'un air renfrogné :
- Bonjour, sous-lieutenant, lança-t-il avec la nonchalance caractéristique de la préadolescence.
Roy posa une main sur sa hanche avec tout le flegme dont il était capable encore capable.
C'était exactement le même. En miniature. Avec cette voix qui n'avait même pas encore muée. Et ce regard doré qui le transperçait, peu importe la distance.
Il lui avait tellement manqué. C'était troublant.
Son cœur s'était accéléré. C'était gênant.
C'était terrifiant.
- Pendant que tu lambinais, j'ai été promus colonel, cassa Roy avec toute la fierté supposée qu'était censé lui apporter son nouveau grade.
Il avait oublié qu'il était blond. Hawkeye aussi était blonde. Il ne fallait absolument pas qu'elle se doute de quelque chose. Qu'elle y voie une ressemblance. Qu'elle se pose des questions. Qu'elle comprenne… Elle ne devait surtout pas comprendre.
- Tu es prêt à entrer dans l'armée ? interrogea Roy avec un enthousiasme tellement absurde qu'il craignit d'avoir perdu pied dans cette réalité insensée.
Edward avait douze ans.
Douze ans.
Il était si enfant, encore.
Comment pouvait-il avoir une chance d'entrer dans l'armée ? Quel inconscient recrutait des enfants si jeunes pour aller se battre ? Pour aller tuer. Comme lui-même avait dû le faire…
Et lui, qui contribuait à tout ça. Lui qui voulait devenir Généralissime pour le bien commun.
Il l'avait poussé vers l'armée. Il lui donnerait des ordres, l'obligerait à faire des choses qui n'étaient pas de son âge et que personne n'était supposé faire. Le garçon découvrirait le secret de la pierre philosophale. Sauverait Amestris tout entier. Parviendrait à faire des choses que nul autre avant lui n'avait jamais su faire. Il se retrouverait dans le passé, il vivrait avec lui, il l'aimerait, il partirait pour Fosset et serait blessé.
Blessé et loin.
Jeune et si proche.
La situation était tellement paradoxale qu'une bouffée d'effroi lui monta à gorge.
- Bow wow ! aboya Edward dans une imitation de chien parfaitement ridicule.
Il avait les joues si rondes sous son air grognon.
Il avait l'impression qu'il allait étouffer.
Il lui suffisait de deux mots pour le renvoyer chez lui. Pour le préserver d'un avenir horrible. Pour changer ce qui allait se passer.
Tout serait différent. Edward disparaitrait de sa réalité. Il ne serait plus blessé. Il ne serait simplement plus.
- Je remue la queue, aussi…
Roy ne put empêcher un sourire de s'épanouir au coin de ses lèvres tandis qu'il tuait un rire confus par un souffle désabusé.
Il avait le même humour. La même répartie. La même mine renfrognée. La même flamme dans les yeux. Il l'aimait avec une telle force que le sauver maintenant lui semblait parfaitement impossible.
- Bien, finit-il par dire, refusant en toute connaissance de cause un bonheur que le gamin aurait peut-être pu trouver sans se mettre au service de l'armée.
C'était égoïste, et il le savait.
C'était malsain, aussi, mais ça n'avait pas d'importance.
Les doutes d'Edward, ses hésitations au moment de leur dernière séparation : Roy les comprenait à présent.
S'il voulait qu'il reste à ses côtés, s'il voulait le retrouver un jour, il devait faire en sorte que tout se passe exactement comme prévu :
- Je vais t'emmener à Central City. Les examens auront lieu dans deux jours : nous partirons demain pour la capitale. Tu peux loger à la caserne, si tu le souhaites : toi aussi, Alphonse. Bien sûr. Il faut que je te fasse signer quelques documents et on ira s'occuper de ça. Lieutenant, je vous souhaite une bonne soirée.
Il tourna le dos aux gamins et dépassa sa collègue sans lui jeter un seul coup d'œil. Il fallait absolument qu'elle s'en aille. Elle devait déjà avoir remarqué qu'il n'agissait pas exactement de manière habituelle.
- Je viens avec vous, le contredit-elle.
L'angoisse de Roy monta d'un cran. Il ne répondit pas, tout à fait incapable de ne pas se trahir en insistant pour qu'elle rentre chez elle. Il se sentait à la fois lourd et léger. Ses entrailles se nouaient douloureusement dans son ventre. Ses yeux ne voyaient pas véritablement les couloirs qui défilaient en direction de son bureau. Il se retrouva devant la porte très vite. C'étaient ses pas qui l'avaient guidé ; son cerveau, lui, était trop occupé pour se rendre compte de l'itinéraire qu'il avait emprunté.
Il entra. Les autres étaient déjà partis. Derrière lui : les pas stricts du lieutenant ; la démarche familière d'Edward ; et le métal vide d'un Alphonse silencieux.
C'était drôle. Il se sentait un peu intimidé par l'armure. Non pas parce qu'elle ne contenait qu'une âme, mais parce qu'Alphonse était une personne importante pour Ed. Il aurait voulu lui laisser une bonne impression.
- Asseyez-vous, ordonna-t-il en se laissant lui-même tomber avec mollesse sur sa chaise de bureau.
Il était incapable de lever les yeux vers le lieutenant. Les iris dorés d'Edward lui faisaient l'effet d'une brûlure dans la poitrine. C'était insupportable. Alphonse, inexpressif dans sa prison de fer, semblait être le moins difficile à dévisager.
- Lieutenant, appela-t-il avec une désinvolture qui lui donna le vertige. Puisque vous êtes là, sortez-leur les documents de candidature pour les alchimistes d'Etat.
- Bien mon colonel.
La jeune femme s'exécuta avec le même sérieux que d'habitude. À croire qu'elle n'avait rien remarqué. Elle n'avait d'ailleurs probablement rien remarqué. Il fallait qu'elle n'ait rien remarqué.
En attendant, Edward observait le bureau avec la curiosité sévère que lui procuraient ses sourcils froncés. Roy l'avait déjà vu faire ça : dans le sous-sol de Madeleine ; devant les documents qu'il lui rapportait ; avec ses alambics et ses cercles incompréhensibles ; dans sa maison qu'il n'avait pas encore brûlée.
Une seconde, il eut envie de l'embrasser.
C'était ignoble.
La débilité de la situation le tuait. Et le burlesque de cette armure géante qui accompagnait sagement un nabot si petit que ses pieds touchaient à peine le parquet. Ce même nabot qui prétendait pouvoir devenir alchimiste d'Etat là où tant d'autres échouaient années après années. C'était si ridicule que Roy éclata d'un rire nerveux qu'il fit passer pour moqueur.
- Qu'est-ce qui vous fait marrer ? grommela le petit blond.
- Tu n'as pas grandi d'un centimètre en un an, on dirait, pouffa Roy pour toute diversion.
Le teint du gamin passa au rouge et il se leva de sa chaise d'un bond pour se ruer sur lui. Il aurait probablement pu lui en coller une si son frère ne l'avait pas retenu avec poigne :
- Grand-frère ! Calme-toi : il est notre seule chance d'entrer dans l'armée.
De la colère, le visage du blondinet passa à une expression que Roy ne lui connaissait que trop bien : la culpabilité. Cela lui fendit le cœur. Comment pouvait-on porter un tel fardeau à cet âge-là ?
- Tout à fait, s'entendit-il dire avec une impitoyable supériorité. Il va falloir montrer un peu de respect : je te rappelle que c'est grâce à moi que tu es là.
Un regard noir. Pas un mot. Ce n'était pas étonnant qu'Edward l'ait détesté avant de l'aimer. A bien y réfléchir, c'était probablement mieux ainsi.
Hawkeye coupa court à cet échange en déposant les documents sur le bureau. Roy avait l'impression que cela faisait des heures qu'ils étaient là. Ça ne faisait qu'une minute.
Il fallait signer, maintenant. Parapher les pages avec ses pattes de mouches si caractéristiques. Ajouter son nom. Prénom. Date de naissance. Date du jour. Signature. Certification « lu et approuvé ».
Même à l'envers, Roy aurait pu reconnaitre cette écriture entre mille. À l'endroit, que voyait Hawkeye ? Devinait-elle ce qui se cachait sous chaque lettre ? Elle récupéra les documents. Ses mains frémissaient.
Les deux enfants n'avaient probablement rien vu.
Roy, lui, ne savait plus où se mettre.
Elle avait compris. C'était obligé.
Elle était trop intelligente.
Il était incapable de lui faire face.
Il se leva, toujours aussi nonchalant, et invita les deux garçons à le suivre. Riza demanda la permission de rester. Il la lui accorda du bout des lèvres.
Il leur fit visiter les dortoirs à la manière d'un automate. Impossible de savoir ce qu'il avait bien pu dire en leur montrant les douches communes, la cafétaria, leur chambre. Au moment de partir, il eut envie d'ébouriffer la tignasse du petit blond. Il se ravisa, enfermant plutôt ses mains dans ses poches. Elles rejoignirent la montre. Celle qu'il devrait lui donner dans de nombreuses années.
-Bon, j'y vais. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai à mon bureau demain matin. Pour ce soir, j'en ai fini avec le boulot et je m'en vais rejoindre une compagnie plus charmante.
Il ne savait même pas d'où il sortait toutes ces phrases improbables, déterrées d'un passé qu'il ne connaissait plus. Mais l'expression blasée d'Edward valait quelques points, et c'est le sourire aux lèvres qu'il tourna le dos au jeune alchimiste.
Son sourire ne dura pas. A peine arrivé au tournant du couloir, il se demandait bien ou il devait aller à présent. Il avait envie de rentrer chez lui, d'appeler Edward pour s'assurer qu'il existait bien, lui raconter ce qu'il s'était passé, et ses inquiétudes sur Hawkeye. D'un autre côté, il sentait un monstre lui déchirer les entrailles : le doute. Il était persuadé que son lieutenant avait compris quelque chose. Il pouvait l'affronter dès à présent pour la tromper et lui ôter ses doutes, mais lui faire face lui semblait être au-dessus de ses forces ; ou alors fuir le QG pour la retrouver, de toute façon, le lendemain matin, peut-être mieux renseignée qu'elle ne l'était déjà.
Il prit une grande inspiration et son courage à deux mains avant de se diriger vers le bureau. Quand il entra, avec le meilleur aplomb qu'il avait encore en stock, il vit le lieutenant assise à son secrétaire, comme figée par les documents qu'elle examinait : les journaux avec le portrait d'Edward – alias Adrea Rossetti - ; le document qu'elle avait trouvé chez eux ; la candidature des alchimistes d'Etat que le jeune Edward venait tout juste de signer.
- Rangez-moi ça, gronda-t-il sourdement.
La jeune femme leva vers lui des yeux remplis d'une incompréhension si expressive qu'il sut instantanément qu'il ne pourrait pas lui mentir.
- Prenez votre manteau, grommela-t-il. Et prenez le dossier avec vous. Sauf les documents qu'Edward vient de signer, bien sûr.
Elle sursauta légèrement lorsqu'il prononça son prénom, puis s'exécuta avec une fébrilité qu'il ne lui connaissait pas. Il récupéra son manteau qu'il jeta sur ses épaules d'un air décontracté et attendit que la jeune femme le suive avec une démarche incertaine, presque maladroite. Son visage inexpressif s'était reconstitué : c'était peut-être suffisant pour tromper le reste du QG, mais lui sentait bien les regards circonspects qu'elle lui lançait. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée du bâtiment, Roy tendit la main vers la jeune femme, réquisitionnant silencieusement la chemise contenant les preuves de l'existence d'un second Edward Elric dans ce monde. Elle soutint son regard et glissa la pochette sous son propre bras, bien décidée à le garder avec elle.
Roy soupira d'impatience et laissa retomber son bras le long de son corps avant de demander :
- Vous voulez venir chez moi ?
- J'aimerais beaucoup, oui.
- Marchons.
Elle se mit à sa hauteur lorsqu'il prit la route du retour et resta silencieuse un long moment. Roy, d'apparence agacé, redoutait ses premières paroles ainsi que toutes les questions qui en découleraient indubitablement. Et, bien sûr, son cerveau se battait avec une seule et même interrogation : comment expliquer ça ?
- J'aurais juré que votre cousin n'avait qu'une vingtaine d'années.
C'était le cas.
- En tout cas, pas plus de trente ans.
Roy ne réagit pas, laissant Riza poser des hypothèses qui pourraient peut-être servir ses mensonges futurs.
- Ce n'est pas leur père, n'est-ce pas ? Il ne les aurait pas abandonné. Ce n'est pas son genre. Et il semble trop jeune.
- Qu'est-ce que vous me racontez, Lieutenant ?
- Arrêtez ce petit jeu avec moi, Colonel. Je vois les efforts que vous mettez à vous contenir. Et la manière dont vous vous êtes comporté avec Edward et Alphonse Elric. Pourquoi vous montrer si dur avec ces garçons ?
- Ils n'ont rien à faire ici.
- C'est vous qui les avez recrutés. Pourquoi avez-vous décidé d'assister aux examens d'alchimiste d'Etat à Central, vous qui ne vous êtes jamais intéressé à ça ? Comment votre « cousin », alité ou coupé du monde depuis plus d'un mois, savait-il que les deux garçons seraient là aujourd'hui ? Comment savait-il pour leur transmutation humaine ? Pour Barry le Boucher ? Pour la pierre philosophale et pour tout ce que vous m'avez raconté à son propos ? Qu'est-ce qui vous a convaincu de le garder chez vous… ?!
Sa dernière question avait été prononcée plus vite et plus fort. Roy s'arrêta, le souffle coupé, et baissa ses yeux noirs sur sa subordonnée dont l'expression émue trahissait toutes les conclusions.
- Vous avez compris, lieutenant, murmura Roy dans un soupir presque inaudible.
Elle déglutit, le regard cherchant dans le sien une réponse rationnelle, n'importe laquelle, du moment qu'elle soit un tant soit peu tangible. Roy ne lui donna pas une telle réponse et, à la place, posa sa main sur son épaule pour l'inciter à avancer.
Ce n'est que lorsqu'ils arrivèrent chez le militaire et qu'il referma la porte derrière eux qu'elle se rebella de nouveau contre l'impossible vérité :
- Expliquez-moi ce qu'il se passe, Colonel. Quel est le rapport entre les frères Elric et votre « cousin » ? Pourquoi porte-t-il le même prénom que l'aîné ? Quel est leur lien de parenté ? Vous m'avez dit que j'avais compris : mais je n'ai rien compris !
Roy la jaugea un instant, puis ôta lentement son manteau avant de se diriger vers son canapé et de s'y laisser tomber. Il savait qu'il devait lui mentir, inventer quelque chose d'intelligent pour lui faire croire que la vérité qu'elle apercevait n'existait pas. Pourtant, les paroles franchirent ses lèvres sans qu'il ne les retienne :
- Edward Elric… à douze ans, il a déjà réalisé une transmutation humaine. Il va devenir le plus jeune alchimiste d'Etat dans le but de retrouver le corps de son frère. Perdre un corps, garder une âme : c'est impossible. Récupérer un corps perdu dans le néant : c'est impossible. Mais pour Edward… Non… Rien n'est impossible, lieutenant. Vous avez très bien compris ce qu'il se passe : vous l'avez compris il y a longtemps, lorsque vous êtes venue fouiller ma maison. Lorsque vous avez constitué le dossier qui se trouve sous votre bras. Ces choses-là… Ne doivent pas tomber entre les mains de n'importe qui. S'ils l'apprennent, ce n'est plus seulement Ed qui sera en danger, ni Adrien, Gabin, Madeleine, ou nous…
Roy se sentit soudainement épuisé. Parce que toute cette histoire était à dormir debout. Parce qu'il ne dormait plus. Parce qu'il parlait de tout cela à quelqu'un pour la première fois. Parce qu'il avait envie de se reposer sur quelqu'un, qu'il n'avait plus envie d'être seul à devoir faire face aux conséquences d'un futur tout tracé.
- C'est… commença le lieutenant.
Elle était toujours debout, droite comme un piquet, la main crispée sur la chemise qui contenait toutes les preuves dont elle avait eu besoin pour se retrouver dans cette situation.
- C'est n'importe quoi, conclut-elle.
Roy haussa les épaules avec lassitude.
- Vous n'allez pas me faire croire ça. Vous n'allez pas me faire croire qu'il vous a fait croire ça.
- Si.
- C'est impossible !
- Lieutenant : la même écriture, la même attitude, la même apparence, le même génie, la même aptitude à se mettre dans des situations foireuses, le même nom, et beaucoup trop de détails qui vont dans ce sens-là. Ils n'ont juste pas le même âge.
- Arrêtez, Colonel, gronda Riza d'une voix sourde.
Roy se tut, incapable de dire quoi que ce soit d'autre maintenant qu'il voyait la jeune femme changer d'attitude, le corps entier tendu contre les phrases qu'il prononçait.
- Comment avez-vous pu être aussi naïf ? Vous faire arnaquer de cette manière-là ?
- … Je comprends votre réaction. J'ai cru, au départ, qu'il était fou. Ensuite, j'ai cru a des coïncidences. Et puis-
- Non.
- Lieutenant : vous l'avez remarqué vous-même. Barry le Boucher, Fosset, le cercle national, l'arrivée d'Edward Elric aujourd'hui… Ce sont des choses qu'il a prédites et que je ne peux pas réfuter. Toutes les choses qu'il m'a dites, je les ai vérifiées avec attention. Rien n'est faux. Et de toute manière, il ne sait pas mentir.
Elle resta de marbre tandis que Roy lui adressait un sourire penaud :
- Vous comprenez, maintenant, pourquoi je ne pouvais rien dire.
- Admettons que… ce soit possible. Qu'est-ce qui vous a convaincu ?
- C'est son regard qui m'a convaincu. Cette volonté qui transpire de ses yeux… Je ne sais pas si vous avez remarqué… Et puis, le fait de le voir vieux, puis jeune, puis vieux, à un intervalle trop court pour que ce soit réfutable. Après, il y a eu tout ce qu'il s'est passé depuis, et je dois admettre que… Je ne peux pas fermer les yeux sur l'évidence.
- Et qu'est-ce que vous faites en ce moment, au juste ? Il est venu pour changer ce qu'il va se passer ?
- … Non…
- Comment non ?
- Il est arrivé ici par accident. Il cherche un moyen de rentrer chez lui, mais comme il ne peut pas utiliser d'alchimie – il l'a sacrifiée pour récupérer le corps de son frère quand il avait seize ans -, il avait besoin d'un alchimiste. Je lui ai dit que j'étais d'accord, à condition qu'il m'aide à changer le futur qu'il m'a décrit. Sauf que tout ce qu'il fait est parfaitement vain : Barry le Boucher a tué vingt-trois personnes ; la guerre au sud a commencé en mai ; le sang, à Fosset, a été coulé ; la guerre est sur le point de s'achever avec les traités de paix qui sont en train d'être signés avec Aerugo. Tout ça, il me l'avait dit, et je lui ai ordonné de le changer. Ça ne marche pas, et ça le détruit. À cause de moi, des gens qu'il aimait sont morts, et il a vu des horreurs desquelles je ne sais pas comment il va se remettre. Au téléphone, il semble détendu, mais j'ai peur que ce ne soit qu'une comédie…
Un tourbillon d'émotions assaillit soudain la gorge de Roy et il se tut, tout à fait incapable de faire face à cette vague d'inquiétude mêlée de culpabilité. Il ne s'était pas rendu compte qu'il ressentait tout cela aussi fort : il avait préféré se plonger dans le travail et dans le plan qu'Hughes avait mis en place.
- Donc, si je comprends bien… récapitula Riza d'un ton septique tout en contournant le canapé pour s'y asseoir avec lenteur. Vous me dites que le gamin qu'on a vu ce matin a grandi, s'est retrouvé à… à remonter le temps ? Par accident ? Et que vous êtes censé le renvoyer chez lui avec votre alchimie après avoir joué avec les soi-disant évènements qu'il vous a raconté ? Et, en plus de ça, vous avez développé une relation avec lui… Alors que vous allez le renvoyer. Et ensuite vous allez devoir lui donner des ordres alors qu'il est encore gamin ?
Roy déglutit. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus pensé au départ d'Edward. Maintenant que son lieutenant lui exposait ce qui allait se produire, il se retrouvait confronté à l'image du petit blond qu'il avait vu quelques heures plus tôt et cela lui sembla soudain tout à fait au-dessus de ses forces. Cela dut se voir dans son regard puisque le visage de Riza s'adoucit.
- Vous avez vraiment l'air persuadé de ce que vous racontez… constata-t-elle.
- Vous le seriez aussi, lieutenant, si vous aviez vu… Je suis comme vous : il y a des choses que j'ai du mal à croire lorsqu'il m'en parle. Mais je n'ai jamais rencontré un esprit aussi brillant. Je n'ai aucun doute sur son génie alchimique : ses compétences théoriques dépassent tout ce que je connais, et de loin. Et vous serez bientôt persuadée de ce que je raconte lorsque, dans une semaine, le Fürher lui-même lui donnera son surnom de Fullmetal Alchemist.
