Auteur : Lady Zalia

Type : Post-Poudlard. Humour, Romance. Pairing à venir [Harry/Drago].

Résumé du chapitre précédent : Harry et Drago se rapprochent. Drago essaye de trouver une solution contre le sortilège qui dévore la jambe du Survivant, tout en nourrissant l'espoir de se rapprocher de lui. Il aimerait aussi qu'Harry l'aider à faire emprisonner son père, terrifié à l'idée que le patriarche Malefoy découvre son homosexualité.
Parallèlement, Harry réclame à Ginny de voir son fils plus souvent, ce que cette dernière n'apprécie guère.

Disclaimers : Désoléééé pour le retard ! Je suis crevée par le boulot et je me suis laissée happer par une fanfiction géniale : Un monde à sa mesure By: Hihn. Je vous la conseille vraiment si vous êtes fan comme moi de [Voldarry]. MAIS dans quelques jours ce sont les grandes vacances d'été ! Je vais pouvoir retrouver mon rythme de croisière ! ^^


Chapitre 5

La première semaine de décembre commença avec une épidémie de grippe à Poudlard. Les cours étaient fréquemment perturbés par des élèves toussant, éternuant ou vomissant, et Drago avait fort à faire pour ravitailler l'infirmerie en Pimentine.

Harry observait cela avec une certaine répugnance. Il était soulagé que James ne soit pas avec lui à cette période et tâchait de se tenir loin de toute contagion. Ginny avait finalement consenti à lui confier James pendant la moitié des vacances de Noël et il n'osait imaginer si son fils se retrouvait malade par sa faute. Il avait donc été obligé de stopper temporairement les duels pour des cours plus théoriques, et il passait ses soirées à corriger les rédactions d'élèves expliquant comment ils réagiraient face à telle ou telle créature.

Dans le cours de Métamorphose, Elora Danan s'était donné pour mission d'apprendre à tous les élèves à transformer des feuilles d'arbres en mouchoirs et le professeur Flitwick avait enseigné à certains niveaux une variante du sortilège de Têtenbulle pour permettre aux élèves de continuer à venir en cours sans contaminer leurs camarades.

Même Neville avait été contraint d'adapter ses cours, car les serres magiquement chauffées étaient de parfaits nids à microbes. Au lieu de ça, il faisait cueillir des plantes en bordure de la Forêt Interdite pour ravitailler les réserves du potionniste, et ce malgré le froid glaçant qui s'était abattu sur Poudlard.

Tout le monde attendait les vacances avec grande impatience pour pouvoir se reposer et si la fatigue rendait les élèves plus agités que jamais, cela rendait aussi les professeurs plus irritables.

Ce jour-là, Harry avait bien failli jeter un sort sur plusieurs élèves particulièrement insolents, et seule la pensée de la réaction de Drago l'avait convaincu d'y renoncer. Il ne voulait pas décevoir le Serpentard en commettant une nouvelle erreur, et il avait fini par leur donner toute une semaine de retenue avec Rusard qui était toujours fidèle au poste malgré les années.

Au début de l'année, Harry avait éprouvé une joie mesquine à l'entendre l'appeler "Professeur Potter" et désormais, il utilisait ses prérogatives pour confier au Cracmol les élèves les plus insupportables. De toute façon Rusard était tellement aigri qu'il se réjouissait du désespoir des élèves qui étaient sous sa surveillance et trouvait toujours les idées de punition les plus désagréables possibles.

Lorsque vint l'heure du dîner, il se sentait éreinté de sa journée, néanmoins il rejoignit la Grande Salle avec un certain plaisir. Drago et lui s'étaient réellement rapprochés depuis peu, et il appréciait de pouvoir raconter sa journée à ses deux amis. Comme lui, ils ne manquaient jamais d'anecdotes à raconter et bien qu'il appréciât discuter avec ses autres collègues, Drago et Neville étaient la raison pour laquelle il s'efforçait de toujours prendre ses repas dans la Grande Salle.

Alors qu'il arrivait en vue de la table professorale, le regard du Serpentard l'informa mieux que des mots qu'il avait quelque chose de croustillant à lui révéler.

- Harry ! Aurais-tu quelques minutes à m'accorder ce soir ? J'ai convoqué Bowen Darker dans mon bureau après dîner car j'ai découvert une information qui fait froid dans le dos. Cet imbécile est un fanatique des Mangemorts et de Tu-Sais-Qui. Je me suis dit que tu pourrais m'aider à lui remettre les idées en place.

Harry grimaça. Le garçon était un 4e année de Serpentard réservé, qui lui avait fait plutôt bonne impression jusqu'à présent. Savoir qu'il idolâtrait Voldemort était à la fois décevant et effrayant, car il ne comprenait pas comment des élèves de cette génération pouvaient encore avoir de telles idées après la manière dont il l'avait défait.

Le professeur Gorski, qui enseignait l'Histoire de la Magie, lui avait maintes fois assuré que les deux guerres des sorciers avaient une place très importante dans le nouveau programme rédigé par le Ministère, et il arrivait fréquemment que des élèves lui posent des questions à ce sujet lorsqu'il surveillait les heures d'étude.

Neville, qui venait d'arriver, prit un air horrifié et se laissa lourdement tomber sur sa chaise.

- Et bien, je n'aurais pas cru ça de lui. Et dire qu'il a l'air tellement sérieux. Je crois que je ne pourrais plus jamais être totalement serein en sa présence. Comment l'as-tu appris, Drago ?

Le directeur de la maison Serpentard soupira.

- C'est un autre élève de son année qui est venu me le dire. Il est né moldu et il s'était déjà plaint de remarques déplacées de la part de Bowen, mais l'autre jour il a vu l'intérieur de sa valise, et apparemment il a plein de photos et d'articles sur des attaques de Mangemort et il a même un masque. J'ai demandé à un elfe de maison de déposer sa valise dans mon bureau. J'ignore comment il a pu en récupérer un, mais j'imagine que ses parents doivent partager ses idées… C'est tendu comme situation. Je ne sais pas ce qu'il a pu entendre, mais il faut absolument essayer de démonter ça.

- Et s'il ne n'accepte pas notre version des faits ? Est-ce que tu crois qu'on pourrait utiliser une Pensine ?

Neville fit la moue.

- Harry, il a à peine 15 ans, on ne peut pas lui montrer n'importe quoi. Même si tu l'as affronté dès ta première année, ce serait prendre le risque de le traumatiser.

Drago écarquilla les yeux.

- Sérieusement ?!

- Ouai… Le professeur Quirrell partageait son corps avec Voldemort. Plutôt dégueu. Il se nourrissait du sang des licornes de la Forêt Interdite, et il voulait récupérer la Pierre Philosophale que Dumbledore avait cachée au 3e étage. Maintenant que tu le dis, c'est vrai que je devrais m'estimer heureux de ne pas avoir terminé complètement timbré.

Il grimaça, provoquant un bref rire de la part de ses deux amis.

Tout en discutant, ils avaient commencé à dîner et Harry se servit une généreuse portion de parmentier de patate douce au canard. La fatigue le rendait affamé et s'il devait affronter la rhétorique extrémiste de l'élève, il voulait le faire l'estomac plein.

Drago, lui, mangeait à peine, et cela finit par attirer l'attention du botaniste.

- Alors Drago, tu n'as pas faim ?

- L'autre jour, ma mère m'a encore dit que j'avais grossi.

Neville soupira.

- La prochaine fois, dis-lui d'aller se faire paner le cul, ça la détendra peut-être.

Le professeur Elora Danan qui était assis à côté d'eux eut un hoquet de stupeur à entendre son collègue être aussi vulgaire, quant à Drago, il manqua de s'étouffer avec son verre de jus de citrouille.

- Non mais ça t'arrive souvent ? Tu essayes de me tuer ou quoi ?

Harry avait déjà entendu l'autre Gryffondor avoir de tels coups d'humeur par le passé, néanmoins il pouffa de rire alors que Neville se justifiait.

- Pardon mais j'en ai plus qu'assez d'entendre toutes les conneries que sort ta mère chaque fois que tu y vas ! Moi j'ai sorti ses quatre vérités à ma grand-mère et maintenant elle me fout la paix.

- Nev', tu sais très bien que si je fais ça, on ne retrouvera jamais mon corps. Je suis le fils d'une Black et d'un Malefoy. Eux vivants, ils ne me laisseront jamais vivre ma vie comme je l'entends. Mais ne t'inquiète pas, je ne prends pas au pied de la lettre tout ce qu'elle me dit, je n'ai simplement pas très faim.

Le botaniste n'avait l'air guère convaincu.

- Hum. Je te préviens, si je vois que tu maigris trop, je te dénoncerai à Dolly Peterson. Et gare à toi si tu oses utiliser des Glamour. Je te tiens à l'œil !

Drago soupira mais sourit néanmoins.

- Bien chef. Promis, je mangerai mieux demain.

Ils terminèrent le dîner sur des sujets plus légers, mais alors qu'ils s'aventuraient dans les cachots, ils se remémorèrent la discussion à venir, leur faisant perdre tout sourire.

Dans le bureau de Drago, la valise de l'élève avait été déposée, et le Serpentard l'ouvrit en grand d'un coup de baguette, révélant les multiples coupures de journaux ainsi que le masque de Mangemort.

Harry ne put s'empêcher de penser à la chambre de Regulus Black, qui avait décoré son mur de la même manière. Et pourtant Regulus avait finalement décidé de trahir Voldemort malgré son fanatisme, c'est donc que tout n'était pas perdu.

Le Serpentard se saisit du masque pour l'observer avant de rendre son verdict.

- Ce n'est pas un vrai. Les masques de Mangemort étaient faits dans une matière particulière que je reconnaitrai entre mille. Je pense que celui-ci est simplement une reproduction faite par l'élève ou peut-être l'un des membres de sa famille.

- Est-ce que tu comptes tout de même envoyer un hibou à ses parents ?

- Je ne sais pas. Voyons déjà comment il va réagir.

Ils attendirent quelques minutes de plus et l'élève ne tarda pas à frapper à la porte. Drago vint lui ouvrir pour l'empêcher de voir directement l'intérieur de la pièce, et ce ne fut qu'une fois la porte refermée qu'il prit conscience de la présence de Harry ainsi que de sa valise.

Le Survivant pu voir son visage se transformer alors qu'il comprenait qu'il avait été dénoncé. Une grimace amère vint remplacer son sourire poli, et ses poings s'étaient serrés.

Harry avait sa baguette à portée de main, car même s'il savait que l'élève n'était qu'en 4e année, ses réflexes d'Auror avaient la vie dure. À côté de lui, Drago semblait serein, parfaitement à l'aise dans sa posture de professeur. Peut-être n'était-ce pas la première fois qu'il devait gérer une telle chose…

- Monsieur Darker. J'imagine que vous avez compris pourquoi je vous ai fait venir ?

L'élève ne se déroba pas et leva le menton avec une expression hautaine.

- Je vois que l'un de mes camarades m'a dénoncé…

- Vous êtes en 4e année. Vous n'êtes pas sans savoir que je fais parfois des inspections.

- En pleine journée ? Permettez-moi d'en douter, professeur.

- Je n'ai pas besoin de m'y rendre en personne, il suffit que j'ordonne aux elfes de Poudlard de vérifier le contenu des valises lorsque vous êtes en cours et le tour est joué. Vous pensiez peut-être que j'avais besoin de votre aval ? Je vous rassure, vous ne serez pas le seul convoqué ce soir.

Drago s'était placé à à peine un mètre de l'élève, dans une posture pleine d'assurance et d'autorité.

- Je vois. Et bien entendu la présence du professeur Potter est requise pour ce genre d'inspection… C'est bien connu, à deux on est plus fort…

Harry avait croisé les bras, toujours appuyé sur le bureau du potionniste. Il ne voulait pas intervenir avant que Drago ne lui fasse signe, car ce dernier était directeur de la maison Serpentard, et il était important qu'il ne paraisse pas comme trop indulgent ou manquant d'autorité aux yeux des élèves de sa maison.

- Vous n'êtes pas sans savoir que le professeur Potter est un ex-Auror mais aussi celui qui a vaincu votre… idole. Je me suis dit qu'il aurait sans doute quelques anecdotes à vous raconter…

- Pardon mais collectionner des coupures de journal et un masque ne fait pas de moi un criminel.

- Effectivement, rien n'interdit de détenir des objets en rapport avec les Mangemorts. En revanche, les exhiber est interdit, et tenir des propos discriminants est un délit passible d'une amende de 100 Gallions. N'est-ce pas professeur Potter ?

- Tout à fait. Les Mangemorts ayant été déclarés organisation criminelle coupable de crimes contre la magie, le fait de porter ou d'exhiber un uniforme, un insigne ou un emblème faisant référence aux Mangemorts ou à Voldemort est puni d'une amende en vertu de l'article R645-1 du code de la Magie.

Le nom du célèbre mage noir sembla enrager l'élève.

- Vous osez prononcer son nom !

Harry leva les yeux au ciel.

- Je l'ai toujours fait et je ne compte pas m'arrêter. Voldemort ne mérite ni crainte ni respect. C'était un sang mêlé qui haïssait son père moldu au point de créer cette vendetta contre les nés moldus. Pourquoi donc l'admirez-vous, monsieur Darker ?

- C'était un génie ! Il avait compris que les nés moldus gangrénaient notre société et diluaient nos valeurs !

Drago reprit la parole.

- Les nés moldus sont nécessaires sans quoi la société sorcière péricliterait d'elle-même à cause de la consanguinité ! Quant à nos traditions, il ne tient qu'à vous de faire en sorte qu'elles ne soient pas oubliées, monsieur Darker. Vous êtes un élève brillant. Entrez en politique, si vous voulez changer les choses, faites-le par la voie légale. Cette convocation n'est pas pour vous punir, mais pour vous convaincre que vous vous fourvoyez.

Harry hocha la tête.

- Voldemort a été vaincu et les Mangemorts ont été soit tués soit emprisonnés. Je ne sais pas de quels fantasmes on a pu vous abreuver, mais c'était un homme méprisable qui aimait rabaisser et torturer même ses fidèles. Ce n'était pas un génie mais un fou au tempérament instable qui n'a jamais rien accompli sinon des meurtres. Lors de la bataille de Poudlard, seuls les plus fanatiques croyaient encore en lui.

L'élève semblait boudeur, néanmoins il porta sur son directeur de maison un regard plein d'espoir.

- Professeur Malefoy… Vous… J'ai toujours voulu vous demander… Votre famille le servait, n'est-ce pas ?

- Mon père était un de ses fidèles, en effet. Au début, il l'a suivi par conviction, puis il a ouvert les yeux, mais c'était trop tard. Voldemort ne tolérait pas l'échec, donc il l'a torturé, et pour le punir il a fait de moi un Mangemort, alors que je n'étais qu'en 5e année. Il lui a confisqué sa baguette et se servait de notre demeure selon son bon vouloir. Croyez bien qu'il n'y avait vraiment rien de plaisant à se retrouver en sa présence. Il était physiquement répugnant, cruel et lunatique. Aucun de ceux qui l'a connu ne peut ressentir la moindre nostalgie pour cette époque. Je ne sais pas si votre… intérêt vous vient de vos parents, mais ils n'étaient pas Mangemorts et je doute même qu'ils l'aient un jour rencontrés, sans quoi ils ne tiendraient pas un tel discours.

Les derniers propos de Drago laissèrent place à un silence pesant. L'élève avait les lèvres pincées, le regard fuyant. Sans doute ne pourraient-ils rien faire pour endiguer son mépris contre les nés-moldus, mais s'ils pouvaient au moins étouffer dans l'œuf son fanatisme pour Voldemort, ce serait déjà ça de gagné.

Finalement, Bowen Darker soupira.

- Est-ce que je peux y aller ?

Drago agita sa main en direction de la porte qui s'ouvrit d'elle-même.

- Retournez dans votre salle commune et ne traînez pas. J'ose espérer que votre intérêt ne sera rien d'autre qu'une passade d'adolescent, monsieur Darker.

- Professeur Malefoy. Professeur Potter. Bonsoir.

Il quitta la pièce avec un empressement évident et Drago referma la porte après son départ.

- Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

Harry haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Il doit savoir qu'on ne lui a pas menti.

- C'était la première fois que je prononçais son nom.

- Ah bon ?

Le Serpentard pressa ses mains l'une contre l'autre en un geste nerveux.

- Je ne voulais surtout pas lui montrer qu'il me faisait encore peur alors je me suis forcé. C'est stupide d'avoir peur d'un nom, surtout qu'il est bel et bien mort, mais… C'est difficile de revenir sur toute son éducation.

- J'imagine… Tu sais… pendant la dernière année, il m'arrivait de me retrouver dans la tête de Voldemort sans le vouloir… Quand il était en colère, il me transmettait ses pensées à travers ma cicatrice. J'ai assisté à plusieurs scènes dont je me serais bien passé. Je l'ai vu t'obliger à torturer Thorfinn Rowle. Ceux qui le vénèrent encore sont soit des idiots soit des fous.

- Tu l'avais dit au tribunal. Merci d'avoir témoigné pour moi d'ailleurs. Tu veux boire un verre ?

Il avait désigné la porte de son appartement du menton et Harry hocha la tête.

- Volontiers.

C'était la première fois que Harry pénétrait dans les appartements du potionniste et il regarda autour de lui avec curiosité. Contrairement au sien, tout semblait parfaitement rangé. Une grande bibliothèque occupait tout un pan de mur tandis que les quelques bibelots étaient sur des étagères.

Le Survivant eut la surprise d'y voir plusieurs photos sorcières encadrées. On pouvait y voir Drago au milieu de l'équipe de Quidditch de Serpentard, ou en compagnie de Blaise Zabini, Pansy Parkinson ou des sœurs Greengrass. Plus loin, on pouvait voir le diplôme de potionniste obtenu par Drago, avec la mention d'excellence décernée par le jury de la faculté du Royaume Uni.

Alors que lui-même avait intégré le corps des Aurors en étant dispensé d'ASPIC et d'examen d'entrée, Drago avait travaillé dur pour obtenir la reconnaissance.

Harry s'assit finalement sur le canapé face au verre que son hôte avait posé, tandis que le Serpentard prenait place dans le fauteuil en bout de table.

- À ta santé.

- À la tienne.

Ils trinquèrent avant de déguster le breuvage sucré. Drago lui avait servi un excellent hydromel et Harry apprécia les saveurs de miel et de bois qui s'en dégageait. Ils restèrent quelques secondes dans un confortable silence, puis Harry reprit la parole.

- Drago… L'autre jour tu m'as dit que je pourrais peut-être t'être utile. Est-ce que c'est toujours le cas ? Je te considère comme un ami à présent, et j'aimerais t'aider si je le peux.

Le Serpentard rosit légèrement et détourna brièvement le regard.

- C'est pareil pour moi, et je ne voudrais pas te mettre dans une situation compliquée. Je n'ai pas abandonné mes recherches concernant le maléfice dont tu es atteint. J'aurais aimé pouvoir t'en libérer avant de te demander quoi que ce soit.

- Les situations compliquées, c'est mon rayon. Dis toujours.

Drago sembla prendre une inspiration exagérément longue, et Harry se mit à fixer ses lèvres tandis qu'elles manifestaient l'émoi intérieur de leur propriétaire.

- Et bien, tu as découvert que j'étais homosexuel, et comme tu t'en doutes, mes parents ne sont pas au courant. S'ils l'apprenaient, je serais banni du manoir et proprement répudié de la généalogie familiale, dans le meilleur des cas, mais ce n'est pas ce qui me fait peur. Mon père n'a jamais abandonné ses anciennes pratiques, tu sais, et il me tuerait probablement de ses mains si la vérité venait à éclater. Il m'a déjà promis que si je n'acceptais pas la prochaine épouse qui m'était proposée, je le regretterai amèrement. J'ai peur de ce qu'il est capable de faire… Actuellement, je cherche un moyen de le faire retourner en prison. S'il était à Azkaban, je me sentirai certainement plus en sécurité. Mais pour cela j'ai besoin de prouver qu'il continue ses activités illégales…

- Tu voudrais que je t'aide à faire arrêter ton père ?

- Tu as été Auror, tu sais quel genre de preuve est décisive dans le cadre d'un procès. Lucius Malefoy a échappé à la justice bien trop souvent. Il est temps d'extraire le venin qui gangrène le Ministère.

- Ton père a perdu ses droits de vote au Magenmagot, n'est-ce pas ?

- En effet, mais cela ne l'empêche pas de manipuler des gens. Il a beaucoup trop d'influence, il connaît des moyens de chantage sur de nombreux sorciers. Tu n'imagines pas l'ampleur de ses malversations.

- Je vois. Je peux demander à mes anciens collègues ce qu'ils ont sur lui…

- Surtout pas ! Je t'assure qu'il a le bras très long. S'il découvre qu'on le traque, il deviendra encore plus prudent. En ce moment, il est persuadé d'être hors de portée, mais il faudra être prêt à frapper dès qu'il commettra une erreur. Promets-moi de n'en parler à personne, s'il te plait…

Drago avait l'air désespéré et l'intensité de son regard pétrifia Harry. Il ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec cette fois où il l'avait surpris en train de pleurer dans les toilettes, lors de leur 5e année… Désormais il n'était plus question de le laisser seul.

Il se leva et lui tendit la main pour l'attirer contre lui en une étreinte solennelle.

- Je te promets de faire tout mon possible pour t'aider. Ne t'inquiète pas, je n'en parlerai à personne. Je vais réfléchir et je te tiens au courant. On en reparle après Noël ? J'imagine que tu passes les vacances avec tes parents ?

- Je vais partir dès le dimanche matin pour fêter Yule en leur compagnie et je reviendrai après sans doute le 26 décembre. Merci Harry. Je compte sur toi.

***/+/***

Il restait encore deux semaines entières avant les vacances de Noël et si une partie de Drago avait hâte, l'autre partie aurait tout fait pour ne surtout jamais y arriver.

Il aimait les vacances, comme tout un chacun, et la rentrée de septembre semblait bien lointaine à présent, cependant il haïssait la période de Noël, tant le fait de passer cette fête en famille provoquait chez lui des angoisses.

Cette dichotomie le rendait toujours nerveux et irritable, au point qu'il devait mettre en place une véritable stratégie pour ne pas tomber en dépression.

Chaque week-end précédant les vacances, il s'arrangeait pour être libre afin de quitter le château pour s'amuser, et samedi prochain il avait justement prévu d'aller voir un concert moldu à Manchester. C'était un groupe de métal que Samuel lui avait fait découvrir et qu'il avait adoré. Le chanteur avait une voix puissante et la violence des rythmes avait un effet libérateur, mais outre cela, les mélodies étaient particulièrement entraînantes.

Les concerts lui permettaient de se défouler véritablement et la date tombait à pic !

Il était justement en train de s'enthousiasmer à ce propos que Neville tapa tout d'un coup sur la table, comme pris d'une idée soudaine.

- Et pourquoi tu n'inviterais pas Harry à ce concert ? Je suis certain que ça pourrait le tenter.

Le Survivant n'était pas encore arrivé à table, et Drago fit une moue dubitative. Il n'avait pas abandonné l'idée de se rapprocher de l'ex-Auror, néanmoins il se voyait mal l'inviter au concert d'un groupe dont il n'avait probablement jamais écouté la moindre musique.

- Tu crois ?

- Mais oui ! Allez, demande-lui ! Je te parie 5 Gallions qu'il acceptera !

Le potionniste secoua la tête alors que l'objet de leur discussion arrivait à la table des professeurs.

- Inutile de parier, je vais le faire. Harry ! Tu fais quoi samedi prochain ?

- Salut Neville, salut Drago ! Euh, le 13 décembre ? Je ne fais rien, pourquoi ?

- Je vais voir un concert à Manchester. C'est un groupe moldu, du hard rock assez bourrin, mais je me disais que ça pourrait peut-être te plaire. Est-ce que ça te dirait de venir avec moi ?

Le visage de Harry se fendit d'un large sourire, comme si rien n'aurait pu lui faire davantage plaisir.

- Oh oui, volontiers ! Je ne suis jamais allé à un concert. J'ai hâte !

L'estomac de Drago sembla soudainement rempli de feux d'artifices alors qu'il restait figé, fasciné par la joie manifeste du Survivant et l'entrechoquement de ses propres pensées. Il avait un rendez-vous avec Harry Potter !

Il relâcha son souffle qu'il n'avait pas pris conscience de retenir.

- Bien. Si tu veux bien, retrouvons-nous à mon bureau samedi soir vers 18h45. Le concert commence à 20h, nous emprunterons le réseau de cheminée jusqu'au Chaudron Baveur puis je nous ferai transplaner à Manchester.

- OK ! Est-ce que Neville vient avec nous ?

Le botaniste, qui était en train de les observer avec un sourire niais, se redressa tout d'un coup.

- Non ! J'ai trop de boulot, et puis je n'aime pas les concerts. Tout ce bruit… Mais je vous en prie, je suis heureux de voir que vous êtes devenus de bons amis. Ne vous privez surtout pas pour moi.

Harry lui jeta un regard perplexe mais Drago savait pertinemment ce qu'il avait en tête, et il s'efforça de changer de sujet pour détourner l'attention du Survivant.

- Tu écoutes quoi comme musique habituellement, Harry ? Tu as grandi dans le monde moldu, tu dois connaître pas mal de groupes ! Je dois avouer que le monde sorcier manque cruellement de variété. À la radio, ils passent toujours la même chose. Les tubes de Célestina Moldubec, c'est bon pour les vieux…

Loin de sourire comme il se l'était attendu, le visage de Harry s'était paré d'une expression triste, et même Neville leva un sourcil inquiet face à sa réaction.

- Désolé de te décevoir, mais je n'écoutais pas du tout de musique étant enfant, ma culture est donc très limitée. Je ne suis pas très fan de Célestina Moldubec non plus, en revanche j'avais bien aimé le concert des Bizarr'Sisters lors du bal de Noël, en 5e année. Du coup, je ne peux pas dire si j'aime particulièrement le hard rock ou autre chose, mais je suis plutôt avide de découvrir de nouveaux styles, surtout si c'est pour passer une soirée avec toi.

Le visage de Drago se fendit d'un "oh" muet face à cette confession. Il sentit qu'il mettait le doigt sur quelque chose de douloureux pour le Survivant, et malgré sa curiosité, il songea qu'il valait mieux éviter de l'interroger davantage à ce sujet. Au lieu de ça, il leva son doigt d'un air docte.

- Dans ce cas, je serais plus que ravi d'être ton professeur particulier ! Savais-tu qu'il existe des tourne-disques enchantés capables de lire les vinyles des moldus ! C'est la seule manière que j'ai trouvé pour pouvoir écouter leur musique, et Merlin merci, de nombreux groupes utilisent encore ce format.

Son enthousiasme parut amuser Harry car son visage se dérida à nouveau tandis qu'il avalait son repas, tandis qu'à côté de lui, Neville affichait un sourire bien trop large pour paraître naturel.

Drago secoua la tête. On ne pouvait pas dire que le botaniste était très discret…

***/+/***

La semaine sembla interminable à Drago. Tout le monde avait hâte aux vacances de Noël et les élèves étaient particulièrement dissipés, ce qui effritait petit à petit sa patience. Lui-même ne cessait de penser à ce samedi soir qu'il allait passer en compagnie du Survivant, et il ne pouvait s'empêcher d'imaginer mille et un scénarios.

Avec les semaines, il s'était mis à fantasmer sur l'ex-Auror et sa gentillesse et ses sourires au quotidien mettaient à mal sa volonté de rester stoïque. C'était de plus sans compter Neville, qui s'efforçait désormais de toujours s'asseoir en bout de table pour les obliger à se mettre côte à côte, et qui ne cessait de faire des sous-entendu chaque fois qu'ils étaient seuls.

Le samedi en milieu d'après-midi, le botaniste était venu frapper à la porte de son appartement avec une expression de fangirl prépubère devant le dernier potin croustillant.

- Alors Drago, comment vas-tu t'habiller pour ce soir ?

Le Serpentard cligna des yeux, perplexe face à l'enthousiasme de son ami, avant de se décaler pour le laisser entrer.

- Neville… Depuis quand est-ce que tu t'intéresses à ce que je porte ?

- Depuis que tu essayes de séduire l'un de mes plus vieux amis, pardi !

Le Gryffondor avait murmuré sa réponse à peine la porte refermée et Drago n'avait pu s'empêcher de regarder autour de lui avec un air angoissé, comme si son père ou l'un de ses espions pouvait se trouver dans son appartement.

- Ne… ! S'il te plait, évite de le répéter. Tu sais que c'est censé être un secret absolu, par Salazar ?!

- Du calme. Il n'y a que nous, je ne le répéterai jamais à personne, je te l'ai promis, Drago. Allons, détends-toi. Tu vas passer une bonne soirée avec Harry, profiter d'un concert et pourquoi pas essayer de savoir s'il serait ouvert à plus que de l'amitié. Allez, montre-moi ce que tu vas porter !

Le botaniste le poussa doucement jusqu'à sa chambre où sa tenue l'attendait déjà sur son lit : un jean noir slim, une chemise à manches courtes vert sombre surmontée d'une chaîne en argent, une paire de rangers noires, un perfecto noir en cuir. Depuis le temps, il savait parfaitement se mêler à la foule des moldus et il avait même développé son propre style, bien différent de ce qu'il portait dans le monde sorcier.

Neville lâcha une exclamation stupéfaite tandis que Drago s'efforçait de ne pas rougir.

- Woaw ! Je serais curieux de te voir dans cette tenue.

- Ne rêve pas, je ne mettrai jamais ça à Poudlard ! Si mon père apprend que je porte ce genre de vêtements, je suis foutu.

- Roh, ça va, c'est juste des fringues moldues. Ce n'est pas comme si tu portais un t-shirt avec "je suis gay"écrit sur le torse.

Drago grogna et roula des yeux.

- Hum… On voit que ce n'est pas toi que ça concerne. Mais sinon, qu'est-ce que tu en penses ?

Le Gryffondor lui jeta un regard espiègle.

- Tu ne veux pas te changer vite fait ? Juste pour moi ? J'ai besoin de les voir portés pour me rendre compte !

Drago soupira et récupéra ses vêtements avant de s'enfermer dans la salle de bain. Lorsqu'il ressortit, il avait enfilé ses vêtements moldus et même s'il n'avait pas changé sa coiffure, la transformation était radicale, faisant écarquiller les yeux de son ami.

- Génial, ça te va vraiment bien ! Je suis certain que Harry va être époustouflé !

Le Serpentard secoua la tête, néanmoins incapable de retenir son sourire.

- Merci. Mais aux dernières nouvelles, tu ne sais même pas s'il pourrait aimer les hommes.

- C'est vrai mais j'ai envie d'y croire. Je suis persuadé que vous iriez bien ensemble. Il faut quelqu'un comme toi pour réparer les blessures de Harry, et je suis convaincu qu'il saurait te rendre heureux.

- C'que tu peux être mièvre, Londubat ! Et c'est moi qui est homo…

Il avait levé les yeux au ciel et s'était efforcé de prendre le ton le plus méprisant possible, provoquant un nouvel éclat de rire chez le Gryffondor.

- Oui je sais, je suis très fleur bleue. Bon, je vais te laisser. J'ai un nouveau bouquin de Botanique que j'ai reçu ce matin et j'ai hâte de me plonger dedans. Je compte sur toi pour me faire un récit parfaitement exhaustif demain.

Neville lui avait donné un petit coup de coude pour le taquiner avant de quitter son appartement, et Drago s'était empressé de retirer ses vêtements pour remettre sa tenue sorcière. Il restait plusieurs heures avant son rendez-vous et il ne comptait prendre aucun risque.

Lorsque 18h30 arrivèrent, il ne tenait plus en place. Il avait déjà pris une douche froide pour se calmer et s'était à nouveau changé, faisant les 100 pas dans l'attente que Harry le rejoigne. Il avait l'impression d'être une adolescente lors de son premier rendez-vous et lorsque l'ex-Auror frappa à sa porte, il eut besoin de tout son self-control pour paraître naturel.

Il ouvrit la porte en se tenant derrière elle et ce ne fut qu'une fois celle-ci refermée qu'il put observer son ami.

Harry avait revêtu un simple jean, un t-shirt gris et un sweat à capuche, avec ses habituelles Converses. Ses cheveux étaient aussi décoiffés que d'habitude et une barbe d'un jour recouvrait son menton.

- Salut Harry ! On y va ? On mangera un bout sur place !

- Woaw, Drago ! Ça te va vraiment bien.

Il semblait stupéfait par ce qu'il voyait et Drago s'efforça de ne pas rougir.

- Hem, merci. Toi aussi tu es très bien.

Le potionniste se détourna un peu brusquement de ce qu'il voyait pour prendre le pot de poudre de Cheminette qu'il tendit à son hôte. Harry en prit une bonne poignée qu'il lança dans l'âtre avant d'y pénétrer.

- Chemin de Traverse !

Drago se jeta un sortilège d'illusion pour dissimuler temporairement ses vêtements moldus et il lui emboîta le pas. Ils se retrouvèrent bientôt tous deux au Chaudron Baveur. Quelques badauds avaient tourné la tête dans leur direction lorsqu'ils étaient arrivés et Drago loua sa précaution. Il serait déjà ennuyeux que son père apprenne qu'il sortait avec Harry Potter, mais il avait déjà réfléchi à une excuse au cas où, en revanche il ne pouvait se permettre d'être vu en tenue moldue.

Les deux professeurs saluèrent rapidement le patron du pub et se rendirent sans tarder dans la cour arrière pour transplaner.

L'Albert Hall à Manchester était une ancienne église reconvertie en salle de concert. Drago s'y était déjà rendu et connaissait le coin idéal pour apparaître à proximité hors de vue des moldus : une petite impasse cachée entre deux bâtiments de briques rouges. Ils rejoignirent rapidement la file de moldus qui patientait devant l'entrée, leurs baguettes dissimulées dans des poches sans fond.

Le Serpentard avait acheté les 2 places en avance et trépignait d'impatience tandis que Harry regardait tout autour de lui avec curiosité.

- Je trouve que les concerts sont des moments incroyables. J'espère vraiment que tu vas aimer parce que moi je ne pourrais jamais m'en passer.

Le Gryffondor rit face à son enthousiasme.

- Il faudra que tu me fasses découvrir tous les groupes que tu aimes alors.

Autour d'eux, la plupart des gens étaient habillés en noir, parfois même avec des maquillages ou des vêtements excentriques mais sous ses dehors impressionnants, l'ambiance était bon enfant. Les futurs spectateurs bavardaient entre eux, certains chantaient même. Tout le monde semblait de bonne humeur. Un homme leur proposa plusieurs flyers dont Drago se saisit avant de les feuilleter avec intérêt.

- Ce sont les dates des concerts de groupes du même style. Il y a plusieurs salles à Manchester, notamment la Manchester Arena qui est gigantesque. Je n'y suis allé qu'une seule fois mais je t'avoue que je la trouve un peu intimidante. Albert Hall est plus raisonnable, ici où que tu sois, tu restes relativement proche de la scène. Ah, on va bientôt pouvoir entrer !

Les portes s'étaient ouvertes à 19h et les agents de sécurité les laissèrent passer après une vérification sommaire. Drago sortit les billets et Harry écarquilla les yeux alors qu'il en prenait conscience.

- Oh mais tu m'as payé ma place ! Tu me diras combien je te dois ?

Drago secoua la tête.

- Inutile, je t'invite. Ça me fait plaisir de pouvoir partager ce moment avec toi.

Le Gryffondor rougit brièvement, néanmoins ils étaient à présent dans le bâtiment et Drago l'incita à accélérer malgré sa canne.

- Qu'est-ce…

- Viens ! C'est le stand de merch ! Ils font des vêtements à l'effigie des groupes que l'on va voir ce soir !

Harry le suivit tant bien que mal, et lorsque les lumières s'éteignirent pour le début de la 1e partie, tous deux arboraient un t-shirt flambant neuf et avaient une pinte de bière à la main.

***/+/***

Autour d'eux, la musique était assourdissante, mais Harry avait l'impression que la batterie qui résonnait à ses oreilles était avant tout celle de son propre cœur qui tambourinait dans sa poitrine.

Drago était tout contre lui, les yeux fermés, le visage extatique tandis qu'il se déhanchait en rythme avec la musique. Ses mouvements soulevaient parfois son t-shirt, révélant un morceau de peau presque fluorescent par sa pâleur. Il avait mis son blouson au vestiaire, et Harry restait hypnotisé tant la scène ressemblait au rêve qu'il avait fait quelques mois plus tôt.

Bien sûr, il sentait parfaitement sa jambe, rendue raide et douloureuse par son immobilité, cependant il n'aurait quitté les lieux pour rien au monde. Il voulait rester là, proche de l'autre sorcier, entouré par le hurlement des guitares et le martèlement des percussions. Il n'écoutait même pas les paroles scandées par les deux chanteurs. Seul comptait ce sorcier, celui qu'il avait détesté par le passé, et dont il se sentait désormais proche…

Il avala une longue gorgée de bière pour se désaltérer. Il faisait sans doute près de 30° dans la salle de concert, une température radicalement différente des 6 petits degrés qui les attendaient au dehors.

Autour d'eux, les gens dansaient, sautaient, chantaient, applaudissaient et… tantôt couraient les uns vers les autres, tantôt tournaient dans une roue endiablée. Et Drago Malefoy semblait s'amuser comme jamais.

Ses mèches blondes étaient collées à son front à cause de la moiteur ambiante et ses vêtements épousaient parfaitement les formes de son corps…

Harry ne put s'empêcher de penser combien ils lui allaient mieux que ses habituelles robes sorcières.

Drago semblait plus vivant qu'il ne l'avait jamais été, comme s'il était définitivement et totalement libre, comme si plus rien ne le retenait de suivre ses désirs. Déconnecté de la réalité, du poids des traditions, de sa famille… Juste heureux. Et le Gryffondor se sentait incapable de le lâcher des yeux.

Il ne connaissait pas les paroles, mais il avait envie de chanter lui aussi, pour se plonger dans cette félicité ambiante. Oublier Ginny et le maléfice qui rongeait sa jambe. Oublier les traumatismes de la guerre qui hantaient encore parfois ses nuits.

Et alors qu'il se laissait porter, il se rendit compte combien cette musique lui faisait du bien. Les rythmes violents avaient cet effet catharsis. Il se sentait dépossédé de sa colère, soulagé de sa douleur. Il n'était plus l'Élu. Il était juste un homme au milieu d'une foule vibrant au rythme d'un même son.

Une chanson un peu plus calme commença, et il prit conscience de l'évolution de ses sentiments. Sans qu'il ne s'en rende compte, le Serpentard était passé de Némésis à collègue puis ami, et la vérité le frappa comme un coup de tonnerre. Il voulait plus. Il voulait goûter ses lèvres qui avaient l'air si douces… Passer ses doigts à travers ses mèches blondes. Enserrer ce corps fin entre ses bras, sentir sa chaleur à travers ses vêtements…

Ce nouveau paradigme le troubla. Il avait relégué son rêve au rang de fantasme fugace, mais il était désormais clair qu'il y avait plus que ça. Un désir, un besoin même d'avoir une nouvelle âme à aimer. Quelqu'un qui le fasse se sentir vivant, qui le complète, éloigne sa solitude.

Lorsque Ginny avait demandé le divorce, il avait déjà cessé d'éprouver des sentiments pour elle et était enfermé dans la dépression. À cette époque, la perte de son travail, puis de la garde de son fils, et la douleur qui l'obnubilait avait éloigné tout désir de se remettre avec quelqu'un. Mais aujourd'hui il était parvenu à sortir de ce marasme, et ses émotions s'étaient réveillées.

Il ne savait pas encore s'il était amoureux, mais il avait envie d'essayer et en même temps, il avait peur. Et si son aveu brisait leur amitié ? Et si Drago le repoussait en croyant qu'il se moquait de lui ou tout simplement parce qu'il ne partageait pas ses sentiments ?

Après tout, il l'avait suivi et espionné, il l'avait forcé à révéler son homosexualité, sans savoir que Harry lui-même n'avait aucun préjugé, bien au contraire. Même si le Serpentard semblait lui avoir pardonné, il y avait eu des mots entre eux, portés par la peur et la colère, sans compter tout ce qu'ils avaient pu se dire du temps de leur scolarité…

Et puis il y avait son corps, couvert de cicatrices, sa jambe difforme, ce maléfice qui le faisait boîter comme un vieillard… Harry se souvenait parfaitement du regard empli de dégoût que Ginny lui avait offert lorsqu'il était sorti de l'hôpital. Il ne voulait pas revoir le même regard dans les yeux du Serpentard…

Sentant l'angoisse le gagner, il se força à reporter son attention sur la scène. Ce n'était pas le moment d'imaginer le pire. Il devait profiter de la soirée. Il semblait que c'était la dernière chanson, mais alors que les musiciens venaient de partir en coulisse, la foule se mit à scander le nom du groupe en frappant dans leurs mains, et bientôt ils réapparurent pour débuter une nouvelle musique.

- C'est la tradition dans les concerts moldus. On appelle ça un rappel. C'est pour signifier au groupe qu'il est tellement bon qu'on refuse de le laisser partir.

Drago avait dû voir son air étonné et s'était penché vers lui pour lui expliquer, arrachant un frisson au Survivant alors que les lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres de son oreille.

Le groupe joua encore 3 chansons avant de quitter la scène, définitivement cette fois, et ils purent regagner l'air frais après avoir récupéré leurs affaires au vestiaire.

Harry se sentait comme en apesanteur, incapable de se départir de son large sourire tandis qu'ils regagnaient la ruelle dans laquelle ils avaient transplanés.

- C'était génial ! J'ai adoré. C'était tellement libérateur de chanter avec tous ces gens. J'aurais aimé pouvoir sauter moi aussi.

Drago lui jeta un regard désolé. Lui-même avait sauté comme un diable, et les mèches de ses cheveux blonds étaient encore collées contre son front.

- J'espère quand même que ce n'était pas trop frustrant. Je voulais que tu passes un bon moment.

Le Gryffondor secoua la tête.

- Ne t'inquiète pas, j'ai passé une excellente soirée, et encore plus parce que tu étais avec moi. Tu m'as fait découvrir un super groupe et je n'aurais jamais osé aller dans un concert seul. On se refait ça quand tu veux, mais la prochaine fois tu me laisseras payer les places !

Ils retransplanèrent jusqu'au Chaudron Baveur après avoir jeté un sortilège d'illusion sur leurs vêtements respectifs, puis regagnèrent l'appartement de Drago, épuisés mais heureux.

- Tu veux un café ou un thé ?

- Oui, volontiers une tasse de thé s'il te plait.

Harry s'assit dans le canapé du salon tandis que Drago jetait un coup de baguette négligeant vers une bouilloire qui alla se remplir seule avant de voler jusqu'à un petit feu magique.

Le potionniste s'était lui-même installé dans son fauteuil, et les deux sorciers laissèrent un confortable silence s'installer.

Il était près de minuit, et bien que la bienséance aurait sans doute exigé qu'il retourne dans son propre logement, Harry se trouvait incapable de partir, déchiré entre ses sentiments et la peur de perdre l'amitié du Serpentard. Tout Gryffondor qu'il soit, il n'avait jamais été très doué dans les relations sociales…

- Alors, tu as quelqu'un dans ta vie, en ce moment ?

Drago fit une brève moue.

- Non, personne. Comme tu le sais, mes parents cherchent à me marier. J'aimerais trouver… un homme qui me convienne mais… C'est compliqué. Je ne veux pas sortir avec un moldu, et d'un autre côté, j'ai trop peur de ce qui arriverait si je sortais avec un sorcier. Quel homme supporterait d'être toujours caché comme un secret honteux ?

Harry se mordit la lèvre, et prit une profonde inspiration pour se donner du courage.

- Moi…

Le Serpentard avait tourné les yeux vers lui, manifestement partagé entre la surprise et l'incompréhension.

- Toi ?

- J'ai envie… J'aimerais beaucoup sortir avec toi. Même si on doit rester cachés dans un premier temps. Je… j'ai envie d'essayer, enfin je ne sais pas si c'est ton cas…

Il s'était senti rougir progressivement, alors que Drago restait stoïque, accentuant l'impression de gêne et de honte qui l'envahissait. Et pendant ce temps, son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine.

- … Si tu n'es pas intéressé, tu peux oublier tout ce que je viens de dire. Je tiens à ton amitié. Je ne voudrais pas que ça devienne gênant entre nous…

Soudain, le potionniste se leva de son fauteuil et, tout doucement, vint s'asseoir sur ses cuisses, comme fasciné par son visage.

- Harry. Je veux sortir avec toi. Je n'osais pas te le demander mais comme d'habitude, les Gryffondors sont plus courageux. J'avais aussi des doutes si tu n'étais pas strictement hétéro mais…je crois que j'ai ma réponse.

Et sans attendre, il l'embrassa. Harry ferma les yeux et entoura la taille de Drago de ses bras, relâchant enfin le souffle qu'il n'avait pas pris conscience de retenir. C'était comme dans son rêve. Doux, paisible.
Il pouvait sentir l'odeur subtile de l'après-rasage du Serpentard, la chaleur de sa peau, la force de son étreinte... Son souffle lui arracha un frisson. C'était si agréable qu'il aurait pu en pleurer. Cela faisait si longtemps que plus personne ne l'avait tenu ainsi. Comme s'il était… précieux. Désiré.

Il eut à peine le temps de reprendre son souffle que Drago happa ses lèvres dans un nouveau baiser, moins innocent cette fois. Si le premier était timide et encore incertain, le second lui arracha un gémissement appréciateur alors que la langue du potionniste venait à la rencontre de la sienne.

Une brusque chaleur envahit son corps lorsqu'il prit conscience de leur désir mutuel, et il recula contre le dossier, pas encore prêt à plonger dans une relation charnelle.

Si Harry avait bien admiré, et fantasmé sur, plusieurs garçons du temps de sa scolarité, c'était la toute première fois qu'il désirait réellement quelqu'un et l'absolu inconnu que cela représentait le pétrifia.

- Je… Je…

Par quelque instinct dont Harry était manifestement dépourvu, Drago comprit d'un seul coup d'œil son émoi intérieur. Il éclata de rire et le Survivant se sentit furieusement rougir. Il était encore sur le canapé, son visage prisonnier des mains de son amant, et il n'eut d'autre choix que d'attendre la fin de son hilarité.

- Pardon… On aurait vraiment cru que j'allais te violer. Notre relation vient à peine de débuter. Je pense que nous pouvons commencer doucement. Même si je suis flatté par ton intérêt pour moi.

Son regard gris se posa sur la bosse caractéristique sous son jean et Harry crut qu'il allait se consumer de honte.

- Pardon. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de relation avec quelqu'un et… C'est la première fois que je suis avec un homme. Je ne sais même pas comment…

Drago se pencha à nouveau sur lui, déposa un simple baiser sur sa gorge avant de murmurer à son oreille.

- Nous irons à ton rythme. Nous avons le temps. Je ne te forcerai jamais à rien. Mais quand tu seras prêt, je te montrerai toutes les façons dont nous pouvons prendre du plaisir tous les deux.

Il ponctua sa phrase par un nouveau baiser et se leva pour regagner son fauteuil. Immédiatement, Harry ressentit la différence de température.

- Tu dois penser que je suis comme un adolescent.

- Alors je suis un adolescent tout autant que toi. Tu ne me laisses pas indifférent. Je vais sans doute rêver de toi cette nuit.

Harry leva les sourcils. Il trouvait incroyable que le Serpentard puisse le désirer, avec son corps mutilé et couvert de cicatrices. Mais ça faisait du bien.

Il secoua la tête et se leva en évitant tant bien que mal de s'appuyer sur sa jambe raide. Heureusement que le lendemain était un dimanche, il allait pouvoir se reposer…

- Je crois qu'il est temps d'aller dormir. C'était une merveilleuse soirée. Et encore plus maintenant que je sors avec Drago Malefoy.

Son petit ami lui adressa un sourire un peu rêveur, comme si lui-même n'en revenait pas encore.

- C'est Neville qui va être fou de joie.

- Neville ?

- Il pariait sur notre mise en couple. Il a remarqué la manière dont je te regardais et… Il est plutôt têtu quand il veut savoir quelque chose.

Le Survivant rit brièvement. Cela semblait si surréaliste. Il se pencha vers le potionniste pour réclamer un nouveau baiser, et il ferma les yeux, se laissant porter par l'impression de bonheur qui l'envahit. Il voulait l'embrasser encore et encore, néanmoins il se modéra.

Il ne voulait pas paraître désespéré, mais il sortait d'un si long désert affectif qu'il était comme un assoiffé.

- Est-ce que tu veux… venir dans mon appartement demain après-midi ?

- Avec plaisir. Même si nous serons séparés durant cette interminable semaine de Noël, je veux profiter de toi autant que possible.

Drago avait penché la tête sur le côté et Harry admira à nouveau son physique harmonieux. Oh oui, il était définitivement attiré par Drago Malefoy.

Il appela un elfe pour le ramener à son appartement où il s'écroula sur le lit, épuisé mais intensément heureux. Depuis quand n'avait-il pas ressenti un tel bonheur ? Cela lui semblait presque une autre vie.

Il repensa à Ginny, que la désillusion avait rendu amère et acrimonieuse, ainsi qu'à Lucius Malefoy qui terrorisait tant Drago. Leur relation rencontrait déjà des obstacles, mais il n'avait jamais été du genre à laisser quiconque lui dire ce qu'il pouvait faire ou non. Il se sentait invincible, et il comptait bien tout faire pour rendre le Serpentard heureux, foi de Gryffondor.


Fin du chapitre 5

Alors, j'espère que ça vous a plu ! Nos chers protagonistes sont désormais en couple ! Bien entendu, si tout se passait parfaitement bien, il n'y aurait pas d'histoire... 😏😈 RDV d'ici 2 semaines pour un chapitre haut en rebondissements !