Assise dans une salle d'interrogatoire de la police, Pétunia Dursley ne parvenait toujours pas à réaliser ce qu'il s'était passé depuis le moment où son fils était rentré à la maison. Tout avait été si vite. Trop vite pour cette mère au foyer tout ce qu'il y a de plus normale et bien sous tout rapport.

Cela avait commencé dans le milieu de l'après-midi.

Pétunia préparait tranquillement le goûter de son fils : un gros brownie au double chocolat. Rien de plus banal en somme. Chantonnant légèrement, elle s'était même permis de balancer la tête en rythme alors qu'Elvis Presley, un chanteur qu'elle aimait beaucoup, passait à la radio. Elle avait encore le temps, les enfants ne rentreraient pas avant deux bonnes heures. Ainsi, elle serait sûre que son gâteau aurait le temps de refroidir et son Dudlynouchet chéri ne se brûlerait pas la langue à cause de son impatience, comme la dernière fois.

Mais rien ne se passa comme prévu.

Dudley était rentré en courant alors qu'elle s'apprêtait à enfourner son gâteau.

- Oh mon chéri, ce n'est pas encore l'heure, tu peux retourner jouer avec tes copains, maman t'appellera quand ton goûter sera près.

C'est alors que son fils reprenait son souffle qu'elle remarqua sa pâleur et ses yeux remplis d'horreur.

- Que se passe-t-il mon chéri ?

- Ha-Ha-Harry…

Les sirènes de police se firent entendre à ce moment précis, envahissant leur rue alors que Pétunia contractait soudain la mâchoire de colère et de haine.

- Qu'est-ce que ce vaurien a encore fait ?

Elle regarda discrètement derrière le rideau du salon pour apercevoir ce qu'il se passait dans sa rue si tranquille. Tranquille avant que son horrible neveu ne vienne tout gâcher. Mais des sanglots dans son dos la firent brusquement revenir vers son fils qui, elle le remarqua enfin, tremblait entre ses bras.

- Qu'est-ce qu'il a fait Dudley ?

Mais celui-ci était incapable de répondre. Et déjà, on sonnait à la porte. Évidemment, si la police était là pour son neveu, c'était à elle qu'on voudrait s'adresser. Avec un soupir, elle embrassa son fils sur le front et le quitta pour atteindre la porte où quatre policiers s'entassaient sous le porche.

Cela devait être grave.

- Madame Dursley ?

- Oui, c'est moi.

- Vous êtes bien là tutrice de Harry Potter ?

- Qu'a-t-il fait ?

Les policiers se regardèrent entre eux. Personne ne voulait avoir à annoncer ce genre de nouvelle à un parent. Visiblement, cette femme n'était au courant de rien.

Rien d'étonnant à cela, c'était des voisins qui les avaient appelés pour signaler l'enlèvement d'un petit garçon vivant au 4 Priver Drive.

- Il à pris Harry !

C'était le gros petit garçon se tenant derrière la femme au foyer qui avait parlé, le visage inondé de larmes.

- Quoi ?

La jeune mère avait pâli dangereusement et un policier avait déjà placé une main dans son dos pour éviter une possible chute.

- Le monsieur en noir, il a pris Harry, il l'a mis dans sa voiture !

Visiblement, l'enfant été très au courant. Comme certains des enfants que leurs collègues étaient entrain d'interroger actuellement.

Cela avait au moins le mérite de leur éviter la dure tâche de lui annoncer la nouvelle. D'après leur source (les voisins) la femme éduquait son neveu depuis tout bébé, suite à la mort de ses parents dans un terrible accident de voiture.

- On devrait peut-être aller s'assoir.

L'un d'eux avait formulé l'idée. Et puis, comme des automates, ils avaient tous suivi jusqu'au salon ou l'on installa la femme au foyer pour qu'elle reprenne tranquillement ses esprits.

- Avant toute chose, nous avons besoin d'une photo récente de votre neveu, pour l'alerte enlèvement. Plus elle est diffusée rapidement, plus les chances de retrouver Harry vivant sont grandes.

- Une… Photo ? Formula Pétunia avec peine.

- Oui, une photo d'Harry, la plus récente que vous ayez.

L'un des hommes en bleu avait déjà entrepris de balayer des yeux les trop nombreuses photos affichées partout dans le salon. Mais, à moins que le petit Harry ne soit la copie conforme de son cousin, il n'en vit aucune. L'un de ses collègues posa alors la main sur son épaule et, désignant le garçon du menton, chuchota.

- Je m'occupe de l'interroger, on aura peut-être plus d'informations.

L'homme acquiesça et l'équipe se sépara alors en deux. Deux policiers pour la mère, deux autres pour les témoins de la scène.

- Madame Dursley, le temps presse. Avez-vous une photo d'Harry oui ou non ?

- Je… Non. Non, je n'ai pas de photo de lui. Jamais je n'ai pensé…

La femme se prit la tête entre les mains, tremblant de tout son long. Les policiers se regardèrent, haussant un sourcil dans une conversation silencieuse. C'était plutôt suspect, mais ils n'avaient pas le temps pour ça.

- Etes vous sure ? Même pas une photo un peu ancienne ?

- Non, je n'ai rien. Rien du tout.

Des sanglots commençaient à percer dans sa voix.

- Même pas une photo où on l'aperçoit, même de loin ?

Retirant sa tête de ses mains, elle avait simplement secouer la tête, n'énervant prodigieusement l'homme en face d'elle.

- Mais merde, ce gosse vit avec vous depuis des années ! Comment…

La voix qui s'était élevée sous la colère fut interrompue par son collègue, qui lui donna une petite pression sur le bras.

- Calme toi John, tu ne nous aide pas là.

Se forçant a expirer calmement, le susnommé se détendit légèrement alors qu'il sortait un petit calepin et un stylo de sa poche.

- Très bien, je vais avoir besoin de la meilleure description physique que vous pouvez me donner. Ou rangez vous vos photos ? Brent va essayer d'en trouver une qui puisse nous servir.

Un regard vers Brent et il hochait la tête, près à faire ce qu'il faudrait tandis que Pétunia lui désignait la porte du grand buffet.

- Parfait. Alors, votre neveu, comment est-il ?

- Euhm il est petit, un peu chétif. Ses cheveux sont noirs et ses yeux…

Un sanglot passa la barrière de ses lèvres alors qu'elle pensa à sa sœur qui serait plus que déçue de savoir avec quelle surveillance elle avait pris soin de son garçon.

- Ils sont verts. Très vert.

- Autre chose ? Que portait il ? A-t-il un signe distinctif ?

- Il… Il a une cicatrice en forme d'éclair sur le front. Et il porte des lunettes. Elles sont rondes. Il portait euh… Un… Un t-shirt bleu et… un pantalon beige.

- C'est tout ?

La femme fit fonctionner les rouages de son cerveau à toute vitesse pour trouver n'importe quelle information utile.

- Il à cassé ses lunettes ! On les a rafistolées avec du scotch.

Un regard vers son collègue qui cherchait désespérément dans les photos, faisant une overdose des portraits du gros blond, et John s'empressât de donner toutes les informations à ses collègues dans la radio, pour l'alerte enlèvement.

- J'ai quelque chose je crois, s'écria Brent, montrant une photo ou l'on voyait une silhouette floue passer en arrière plan dans le jardin.

La tête du garçon était tournée vers la camera alors qu'il était semble-t-il en mouvement. On distinguait bien des yeux verts ainsi qu'une touffe de cheveux noir mais ses traits étaient difficilement reconnaissables. Malheureusement, c'était tout ce qu'ils avaient, alors il donna son accord pour la publication de cette photo.

Brent parti immédiatement, au pas de course pour donner la photographie plus qu'approximative aux médias, laissant John seul avec la femme qu'il pouvait désormais interroger sans être plus pressé.

La découverte de la chambre du garçon, un vulgaire placard sous l'escalier avait suffit à décider l'homme, il allait emmener la tutrice de la jeune victime au poste.

C'est ainsi que Pétunia Dursley s'était retrouvé dans cette situation. Le policier l'avait abandonné il y a plus d'une heure déjà dans cette salle alors qu'elle n'était pas encore remise du choc.

La porte s'ouvrît brusquement, laissant passer un inspecteur au vu de sa tenue.

- Bonjour Madame Dursley, je suis l'inspecteur Travis, c'est moi qui suis en charge de l'enquête concernant votre neveu, Harry Potter.

- Vous l'avez trouvé ?

- Je compte sur vous pour cela à vrai dire.

- Mais… Mais c'est dehors qu'il faut le chercher ! L'homme qui l'a enlevé doit être loin maintenant ! Vous avez mis des barrages policiers au moins ?

- Ne vous inquiétez pas de cela.

Elle s'apprêtait à répliquer mais l'homme en face ouvrit un dossier où déjà, figurait la photo de la « chambre » d'Harry.

- D'après ce qui m'a été rapporté, vous avez tenté d'obstruer à l'enquête en refusant de donner une photo de notre disparu.

Pétunia écarquilla les yeux d'horreur. Non, ce n'était pas du tout ce qu'il s'était passé !

Mais c'est la version que la police retint. Et c'est ainsi que Pétunia Dursley et son mari prirent chacun dix ans d'emprisonnement pour complicité d'enlèvement et maltraitante sur un mineur de moins de quinze ans placés sous leur responsabilité. Ils perdirent également tout droit sur leur fils qui refusa bientôt d'aller les voir au parloir, marqué par les brimades des autres enfants à l'encontre de sa famille de « monstres ». Dudley Dursley devint alors Dudley Smith, orphelin ballotté de familles d'accueil en famille d'accueil tandis que le petit Harry, lui, demeura introuvable.

Jusqu'à ce fameux jours de juin 1997, presque dix ans après les faits.