Harry avait continué à enchaîner les nuits auprès de Draco qui ne se trouvait plus surpris du tout le matin. Il se réveillait systématiquement avec un Harry en caleçon agrippé à lui tel un koala au réveil.

Parfois, il se sentait gêné lorsqu'en bougeant un peu, il sentait quelque chose de dur contre ses fesses. Mais il n'en tenait pas plus rigueur à Harry parce que ce dernier ne l'avait jamais touché de manière inappropriée. Il ne lui faisait que ces câlins koala. Et puis, il ne pouvait nier que cela ne lui arrivait pas à lui aussi. Après tout, c'était normal le matin, non ?

Ils étaient arrivés comme ceci jusqu'à la moitié du mois de juillet, mais ce matin en particulier, Harry boudait.

Après le petit déjeuné, ils étaient tout deux montés dans leurs salles de bain respectives pour prendre une douche, ce qui ne changeait pas de leurs habitudes. Mais Harry avait rejoins la chambre de Draco tout de suite après, un regard de chien battu collé sur le visage tandis qu'assis sur son lit, il tenait les deux manettes de PlayStation.

—Harry, tu sais que je ne peux pas. Je suis attendu.

Le brun lui avait tendu la manette silencieusement. Mais Draco n'avait pas cédé.

—Ce soir. C'est le soir qu'on joue.

C'était leur routine, et elle était un très bon compromis. Draco partait le matin pour passer du temps avec ses amis. Il revenait en fin d'après midi et accordait tout son temps à Harry comme il l'aurait fait avec un petit frère un peu trop collant. Mais cela ne semblait plus suffire.

Sans plus d'hésitation, Harry s'était agenouillé sur le sol et avait encerclé les jambes du jeune Malfoy de ses bras. La tête contre ses cuisses, il le suppliait du regard.

Harry s'ennuyait quand Draco n'était pas là. Il n'avait rien à faire. Il ne pouvait pas regarder la télé parce qu'il y avait des femmes partout et qu'il n'avait pas le droit de les regarder. Les seules émissions accessibles étaient les dessins animés et les documentaires animaliers mais cela ne l'intéressait pas du tout. Il pouvait lire grâce aux lunettes qu'on lui avait si gentiment rendu, au contraire de tout le reste de ses affaires. Et il pouvait essayer de finir de résoudre son rubik's cube.

C'était à peu près tout.

Ah oui, il passait également un temps indéfini à pleurer après son Maître, seul dans sa chambre.

Sa journée consistait en fait à attendre le blond tout en évitant les tentatives d'approche de Narcissa qui ne voulait pas renoncer à créer un quelconque lien avec lui sans y parvenir.

Harry était sourd à tout autre que Draco.

Et Snape. Parce qu'il savait se montrer très agaçant quand il le voulait. Mais il ne le voyait qu'une fois par semaine. Heureusement, sur les heures de sortie de Draco.

—Harry…

—S'il te plaît.

Les yeux gris s'arrondirent de surprise. Harry n'avait plus prononcé un mot depuis le premier soir. Et c'était pour le supplier de nouveau qu'il le fit cette fois.

Comme la dernière fois, la voix était un peu enrouée à cause de son silence prolongé. Mais il lui avait parlé. Et sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, cela rendit Draco heureux. Parce que c'était à lui qu'il avait adressé ces mots. A lui seul. Pour la deuxième fois.

Il passa sa main sur la joue d'Harry qui se coula dans la caresse tel un chat, les yeux émeraudes fixés dans l'orage des yeux Malfoyens, et Draco céda dans un soupir. Parce que c'était difficile de résister à Harry.

—Tu vas me parler encore ?

Le brun fixait son interlocuteur intensément, pas sûr de la réponse à apporter. S'il disait non, Draco resterait il quand même avec lui ? Finalement, il haussa les épaules.

—Tu veux que je parle ?

La voix était douce. Le ton innocent. Cela fit craquer Draco définitivement.

—Je passe un appel et je suis à toi pour la journée.

Le jeune Potter consentit à lâcher les jambes de son seul ami, un sourire aux lèvres. Il ne serait pas tout seul aujourd'hui.

Il laissa le blond s'éloigner, téléphone portable en main, et entrepris de se déshabiller. C'était une habitude qu'il avait prise depuis peu. Quand il trainait dans la chambre de Draco, il restait en caleçon. Il se sentait plus alaise ainsi et l'autre garçon semblait le comprendre. Cependant, Harry gardait son sous vêtement, bien qu'il l'incommode, car il avait remarqué que Draco n'était pas très alaise avec la nudité. Tout comme le reste de la famille Malfoy avec qui il devait en plus mettre un pantalon et au moins un t-shirt ou une chemise.

Il détestait ça. Même s'il appréciait cette famille plus qu'il n'aurait dû au vu des circonstances.

Narcissa était une femme très gentille, très patiente et douce. Harry n'avait jamais connu cela de la gent féminine. Et peu importe, il n'avait pas le droit de les fréquenter, bien qu'il l'aimait bien au fond.

Lucius était beaucoup plus froid que sa femme. Malgré ce fait, Harry ne sentait aucune animosité à son encontre. Il semblait que c'était la norme pour Lucius de tout prendre avec beaucoup de recul. Il n'était pas beaucoup plus chaleureux avec Draco qu'il ne l'était avec lui, bien qu'Harry ne se risquerait pas à dire qu'il n'aimait pas son fils. Au contraire.

Harry se surprenait parfois à avoir envie de s'agenouiller près de cet homme fort alors qu'il était assis dans son fauteuil, à lire le journal. Il ne voulait rien faire d'autre que de s'assoir la, en position d'attente, pour apaiser la tension dans sa tête. Mais il savait que ce ne serait pas pareil qu'avec le Maître. Il ne passerait pas sa main dans ses cheveux en signe d'affection. Et il n'était pas sûr que Narcissa apprécie cette scène avec son mari. Harry avait bien trop de respect pour elle.

Draco en revanche… Draco était une exception. Son exception. Harry se sentait bien avec lui. A tel point qu'il était un peu triste de se dire qu'il devrait le quitter quand le maitre viendrait le chercher. Il avait bien pensé à lui demander de venir avec eux mais… Draco était quelqu'un d'assez indépendant. Et Harry avait du mal à l'imaginer un collier autour du cou, à vénérer son maître avec lui.

Bien que l'image du blond nu et vulnérable fût alléchante, il se força à se calmer pour s'éviter une autre douche froide. Il était encore plus sensible aux stimulations depuis qu'il était privé de tout plaisirs sexuels que ce fut.

—C'est bon, c'est réglé. Je pense qu'Astoria fait un peu la gueule mais elle s'en remettra.

Le brun voulu saisir son cahier pour poser une question mais Draco le stoppa d'une main sur le poignet, lui jetant un regard blessé.

—Tu ne me parle déjà plus ?

Le regard hésitant que lui lança Harry en retour finit d'éteindre sa bonne humeur.

—Bien, j'ai compris. Ne me manipule plus comme ça.

—Non ! avait glapit le brun, ne voulant pas que Draco se méprenne. C'est difficile pour moi.

Harry avait encore du mal à reconnaitre sa voix. Et il était terrorisé par ce que penserait son maitre des libertés qu'il se prenait tout seul. Mais il n'était pas là, et Draco était la seule personne qu'il avait actuellement. Il ne pouvait pas se permettre de le perdre, ou il serait lui-même perdu, il le savait.

Draco était son exception, encore et toujours.

—Je sais, le blond s'était radouci.

Il s'assit auprès de son petit protégé et récupéra les manettes pour lui en tendre une.

—Une partie ?

Harry avait sourit simplement et avait attrapé la manette que lui tendait le jeune Malfoy avec un sourire.

—Merci.

Ce simple mot avait fait fondre Draco qui n'en dit rien, démarrant sa console sans pouvoir se départir du sourire qui venait de naitre sur son visage.

Harry lui parlait. A lui. Pour lui faire plaisir.

Il le ressentait comme l'une des plus belles choses qui lui était arrivé. Tant pis si Astoria lui en voulait, il saurait se faire pardonner. Cela en valait le coup.

Harry avait vite appris à jouer et il se défendait plutôt bien. En fait, il semblait vite comprendre beaucoup de chose, ses remarques étaient toujours vives et pertinentes, et cela rendait Draco amer sur l'avenir gâché. Harry n'avait pas été à l'école. Et il ne passerait pas ses A-levels cette année, en même temps que lui.

Peut être que s'il avait eu une enfance normale et qu'ils s'étaient connus dans un autre contexte, seraient-ils devenus amis et aurait choisis leurs matières ensembles pour les A-Levels ? Peut-être Harry aurait il eu une prédilection pour la chimie et les math comme lui ? Peut-être.

Mais Draco savait aussi s'avouer son égoïsme. Et il aimait avoir Harry rien que pour lui. Il aimait le fait qu'Harry ne parle qu'à lui et ne passe du temps qu'avec lui.

Ce n'était pas comme s'il avait eu le choix sur leur situation de toute façon. Il ne pouvait rien y faire, rien y changer. Alors il avait bien le droit d'apprécier, non ? Même s'il aurait évidemment préféré qu'Harry ne vive pas toute ces choses, en tirer de bonnes choses pour lui ne faisait pas de lui une mauvaise personne, si ?

Ils avaient joué ainsi, toute la matinée, un sourire presque permanent aux lèvres alors que pour la première fois, une voix répondait à Draco lorsqu'il parlait, faisait une remarque, posait une question. Et il trouvait cela extraordinaire.

C'est leurs estomacs respectifs qui les avaient fait arrêter de jouer au bout d'un moment. Midi était déjà passé. Mais Draco savait que s'ils descendaient maintenant, ils trouveraient de quoi manger sur la table pour eux.

Narcissa avait pris note des menus particuliers d'Harry et s'efforçait de lui offrir une alternative très saine à chaque repas. C'est l'ancien cuisinier de Jedusor, maintenant derrière les barreaux pour complicité de séquestration d'un mineur qui avait fourni une liste des repas auxquels étaient habitué Harry, avec une précision sur ceux qu'il préférait.

Cela avait beaucoup aidé Narcissa, qui avait pu constater encore une fois que son jeune protégé n'avait pas été affamé durant son séjour en captivité.

Elle mettait en place de plus en plus de pièces du puzzle Harry avec l'aide de Severus. Ils en avaient besoin pour le procès, même si c'était gagné d'avance au vu de la situation et de l'ampleur médiatique que prenait cette histoire. Les citoyens anglais attendaient de régler leurs comptes avec ce pédophile depuis trop longtemps déjà. Mais plus ils apporteraient de détails, et plus la peine pourrait être alourdie.

On avait donc laissé spécialement pour eux de petits sandwichs et des crudités, qu'il dévorèrent rapidement. Harry était encore un peu timide dans la formulation de ses phrases, mais il répondait à Draco à voix haute autant que possible, comme il le lui avait demandé.

Ça lui faisait du bien de faire plaisirs à quelqu'un.

—C'est qui Astoria ?

La question lui démangeait depuis qu'il avait entendu ce nom. Draco n'en n'avait jamais parlé avant. Un petit sourire lui répondit.

—C'est ma petite-amie.

Harry fronça les sourcils. Une petite amie ? Est-ce que ça voulait dire que Draco était amoureux ? Comme Narcissa et Lucius ?

Il était plutôt confus. Il ne comprenait pas vraiment que Draco puisse aimer une fille. Après tout, il ressemblait aux hommes que ramenait son Maître. Et il savait de source sure qu'ils aimaient coucher avec d'autres hommes.

Harry ne s'était jamais posé la question avant. Il n'avait pas eu à le faire.

Tout était bien trop compliqué depuis qu'on l'avait forcé à retourner à l'extérieur. Il ne souffrait plus autant, mais il ne se sentait pas bien pour autant.

De ce qu'il se souvenait, il ne connaissait qu'une seule raison pour les couples mixtes de se former.

—Vous allez avoir des enfants ?

Draco faillit recracher la tomate qu'il était entrain de mâcher.

—J'en sais rien. On n'est pas ensemble depuis très longtemps. Et on est encore trop jeunes pour ça.

Harry hocha la tête. Il savait que l'âge avait son importance pour certaines choses. Peut être que Draco ressemblait aux hommes que son maître ramenait parce qu'il était encore jeune, comme lui ? Est-ce que ça voulait dire qu'ensuite, Harry devrait se trouver une femme pour faire des enfants ? Mais à quel âge ? Et puis, il n'en n'avait pas envie, il voulait rester avec son maître toute sa vie.

Un élan d'angoisse le prit. Il ne voulait pas de ça. Jamais. Il avait besoin de son maître maintenant. Il saurait répondre à ses questions. Il répondait toujours à ses questions. Il faisait taire ses angoisses. Mais il n'était pas là. Il n'était plus là. Et cela le faisait angoisser encore plus. Sa respiration devint difficile sous les yeux de jeune Malfoy qui ne savait pas quoi faire.

Il lui caressa le bras, puis la joue, dans l'espoir vain de le calmer.

—Hey, t'en fais pas Harry, toi aussi tu trouvera quelqu'un un jour. Tu aura une vie normale, je te le promet.

Ces paroles, loin de l'apaiser, le firent éclater en sanglots. Il était inconsolable alors que Draco le prenait dans ses bras, faisant de petits mouvements circulaires dans son dos à l'aide du plat de sa main.

—Je suis désolé pour tout ce qui t'es arrivé. Tellement désolé.

Les pleurs avaient redoublés. Harry s'accrochait à son blond comme à une bouée de sauvetage sans parvenir à se calmer.

Le bruit avait fini par alerter Narcissa alors qu'elle revenait du jardin, un panier de fleurs fraîchement coupées à la main. Elle n'avait pas cherché plus loin et avait appelé Snape sous les protestations de Draco qui savait qu'Harry n'aimait pas aller chez son psy.

La mère de famille n'avait fait aucun commentaire sur la façon qu'avait son fils de tenir son protégé.

Harry avait l'air de prendre ses marques dans sa famille. Malgré les pleurs, un petit sourire prit naissance sur le visage pâle de la blonde.

Harry était en train de s'intégrer grâce à Draco. Elle ne pouvait être plus fière.

Quand Severus était arrivé, Harry avait déjà arrêté de pleurer. Mais il refusait de lâcher Draco, calant son nez dans sa nuque dans un câlin assez possessif.

Il avait peur que son blond ne s'en aille chez ses amis pendant qu'il serait occupé avec Snape. Il ne voulait pas être tout seul de nouveau.

Severus n'avait pas fait de commentaire, en bon professionnel qu'il était. Mais il avait rangé cette information dans un coin de sa tête.

—Draco peut rester avec nous si tu le souhaite Harry mais il va falloir que tu me regarde. Et que tu prenne ton cahier pour me répondre.

Harry n'avait pas son cahier. Il l'avait laissé dans la chambre de Draco parce qu'il n'en n'avait pas au l'utilité de toute la matinée.

—Ou peut être n'a tu pas besoin de ton cahier aujourd'hui ?

Le pédopsychiatre avait remarqué l'absence du cahier. Harry rougit.

Il secoua la tête en réponse, se mordillant la lèvre, les yeux encore rouges d'avoir trop pleurer.

Sans un mot de plus, son psy avait glissé un cahier tout neuf vers lui avec un stylo au nom de l'hôpital.

Il l'avait saisi avec un petit hochement de tête à son encontre pour seul remerciement. Pour pouvoir écrire, il avait du lâcher Draco. Mais il n'aimait pas ça.

Alors, n'écoutant que son instinct, il s'installa sur les genoux du beau blond qui rougit à son tour furieusement.

Harry et lui n'avait jamais montré de tels signes d'affections devant quiconque. C'était leur truc à eux… Dans le privé. Mais les prunelles émeraudes qui se tournèrent vers lui en signe de supplication lorsqu'il fit mine de se dégager, l'empêchèrent de bouger davantage. Harry avait besoin de lui, peu importait la façon, Draco resterait avec lui. Après tout, le brun était celui qui avait souffert pendant que lui était bien dorloté par ses parents.

—Bien Harry, tu sais pourquoi on m'a fait venir ?

Le susnommé se recroquevilla un peu sur lui-même, tassant ses épaules avant de répondre.

« Parce que j'ai pleuré »

—Ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'était pas de simples pleurs, ça se rapprochait plus d'une crise.

Les yeux verts se teintèrent de colère.

« Je ne suis pas capricieux ! Je ne fais pas de crise »

L'écriture était rageuse. Harry avait presque balancé son cahier à la tête de son psy.

—Qui a parlé de caprice ? J'ai parlé de crise. Cela signifie que tu était incapable de te calmer seul. Mon rôle, comme je te l'ai déjà expliqué, est de t'aider à gérer tout ce qui relève du psychique. As-tu besoin que je te refasse un cours là-dessus ?

Le docteur Snape lui avait en effet fait tout un cours sur les mécaniques du cerveau, le conscient, l'inconscient, et tout ce qu'il avait trouvé utile à ajouter dans sa parodie de cours.

Severus Snape était un homme assez pragmatique. Loin de l'image d'un homme chaleureux à laquelle on pouvait s'attendre pour une personne ayant sciemment choisi de travailler avec des enfants. Néanmoins, il était très bon dans son domaine. Et même s'il agaçait parfois Harry, ses méthodes avaient l'avantage de le calmer par leur logique pure.

Harry avait refusé ce nouveau cours, il connaissait déjà tout ça et il voulait en finir vite pour retourner dans sa bulle avec Draco qui avait enfin accepté de passer toute la journée avec lui. Il était en train de tout gâcher.

—Est-ce que tu veux bien m'expliquer ce qui a déclenché cette crise dans ce cas ?

Le brun tritura son stylo un moment, pas sûr de vouloir parler de ça avec quelqu'un d'autre que son maître. Après tout, il était celui qui savait. Le docteur Snape n'avait aucune idée de sa façon de fonctionner.

—On… On parlait de ma petite-amie, le blond avait presque chuchoté les derniers mots, hésitant.

Severus l'avait regardé sans rien dire alors que le jeune Malfoy était visiblement très gêné. Il ne cessait de jeter des coups d'œil à Harry pour voir s'il avait bien fait d'en parler.

—Tu aimerais avoir une petite-amie Harry ?

Cette fois, les yeux noirs étaient fixés uniquement sur le brun qui avait baissé les yeux à la phrase de Draco, mais qui les avait relevés extrêmement vite à la question de son psychiatre.

Severus nota que son patient était en train de paniquer de nouveau. Son souffle s'était fait plus rapide et ses yeux avaient du mal à se fixer. C'était une réaction intéressante.

Harry avait secoué la tête de gauche à droite un peu brusquement, des larmes de nouveau au coin des yeux. Non, il n'en voulait pas ! Il ne voulait que son maître. Il n'avait toujours voulu que son maître.

—Calme-toi, je sais que tu n'aime pas qu'on te dise ce que tu as le droit de faire ou non. Mais dans ce cas précis, justement, tu as le choix. Tu n'es pas du tout obligé d'avoir une petite-amie.

Les mains du plus jeune tremblaient lorsqu'il écrivit un simple mot, une simple question sur son cahier.

« Jamais ? »

Le psychiatre le scruta un moment, prenant en note mentale chaque petit mouvement et crispation avant de répondre toujours aussi platement.

—Pas si tu ne le veux pas. Jamais si c'est ce que tu veux. Mais tu peux changer d'avis à tout moment. J'aimerais néanmoins savoir pourquoi tu ne veux pas de petite-amie au point de pleurer.

Harry se mordit la lèvre en serrant l'un des bras de Draco contre lui. Il avait commencé à jouer avec les doigts du blond sans que personne ne l'interrompt lorsqu'il repris finalement son stylo.

« Est-ce qu'on est obligé de faire des enfants ? »

Severus lut la question qui n'était pas une réponse à la sienne. Il prit le temps de réfléchir à ce qui avait bien pu se passer dans la tête d'Harry pour en arriver à ce raisonnement. Parce qu'il y avait sûrement une logique. Il y avait toujours une logique. Simplement, celle-ci changeait d'un cerveau à l'autre.

Il prit ensuite le temps de regarder son patient qui s'était remis à jouer avec les doigts de son prisonnier. Le psychiatre n'était pas aveugle, le blond était mal alaise. Il essayait de prétendre qu'il n'était pas dans la pièce, le regard ailleurs. Mais ses joues qui avaient gardé une teinte légèrement rosée et la crispation dans ses épaules le trahissaient. Tant pis pour lui, il n'était pas son patient.

Finalement, il consentit à répondre à la question qui lui avait été posée.

—Tu n'es obligé de rien. Moi-même, je n'ai pas d'enfants. Et je n'en n'aurais pas.

Harry avait incliné la tête. Cette réponse lui suffisait. Ce n'était pas si mal que son psychiatre se soi déplacé pour lui dire finalement. Ça lui enlevait un poids des épaules alors qu'il ne savait même pas qu'il en avait.

« C'est bon, ça va mieux. Vous pouvez partir maintenant ».

Au lieu d'offusquer Severus, cette réponse plus qu'inattendue l'amusa. Il ne manquait pas de cran ce gamin.

—La séance n'est pas finie, crut-il bon de préciser tout de même.

Son patient poussa un gémissement de protestation sourd. Harry avait pris l'habitude de s'exprimer par onomatopées. En particulier quand il était frustré.

« Mais on n'est pas en séance. On n'est pas mardi »

Il avait souligné sa dernière phrase plusieurs fois. Il voulait profiter de sa journée avec Draco. Pas passer du temps avec son psy.

—Pourtant, je suis ici, avec toi, et j'ai dû annuler deux autres rendez-vous pour pouvoir venir te voir.

Harry se renfrogna, se tournant suffisamment sur le côté pour enlacer Draco et laisser sa tête reposer entre le cou et le creux de l'épaule de celui-ci.

Le blond vira complètement au cramoisi cette fois ci. Sa bouche s'ouvra et se ferma plusieurs fois, dans la recherche très éloquente d'expliquer la situation au psychiatre qui l'arrêta d'un signe de main. Il n'avait pas besoin d'explications. Pas venant de lui en tout cas.

Harry parlait assez souvent de Draco durant leurs séances. Il savait que son patient l'estimait beaucoup parce qu'il était gentil avec lui. Et aussi qu'il le trouvait beau. Mais c'était un détail. Le jeune Malfoy était son sujet préféré. En fait, il acceptait de s'étendre sur sa vie chez les Malfoy mais il refusait toute conversations au sujet de Jedusor ou sur sa vie avec celui-ci.

Pourtant, c'était sur ce sujet en particulier que l'on mettait la pression au psychiatre. La police, mais aussi Lucius, qui avait prit l'affaire en main en tant qu'avocat de la victime, ne cessaient de lui demander des comptes pour pouvoir boucler le procès le plus vite possible. Même si Severus leur expliquait sans cesse que c'était à Harry d'être le maître de sa guérison et donc, de sa thérapie.

—Harry… Je sais que tu aimerais occuper ton temps autrement, et plus vite tu me répondra, plus vite la séance sera terminée. Regarde-moi.

En réponse, le brun ferma complètement les yeux.

—Harry, la voix du jeune Malfoy avait résonné, tu devrais écouter Sev- euh le docteur Snape et on pourra retourner jouer ou n'importe quoi qui te ferait plaisir.

Le brun releva la tête vers l'auteur de cette phrase et, s'humidifiant les lèvres, il répondit.

—C'est vrai ? Tu ne t'en va pas ?

La voix était douce et étonna Severus qui ne pensait pas l'entendre parler de si tôt. Même s'il avait cru comprendre qu'il y avait eu échange de paroles avec le jeune Malfoy déjà.

—Oui, je te l'ai dit. Cette journée est pour toi.

Harry hocha vaguement la tête et replanta son regard sur Severus, l'invitant silencieusement à poursuivre. Celui-ci se racla la gorge avant de reprendre.

—Eh bien, ce sont de vrais beaux progrès Harry. Est-ce que tu accepterais que Draco nous laisse quelques instants ? Il y a certains sujets que j'aimerais aborder avec toi seul.

L'emprise d'Harry sur son blond se fit plus forte. Il en était hors de question, c'était du moins ce que son regard meurtrier disait à son psy à ce moment.

Néanmoins, l'homme ne se laissa pas démonter pour autant. Il avait enfin l'opportunité d'avancer un peu, il sentait son patient près pour de nouvelles choses tel que lui prouvait son soudain usage de la parole, il ne s'arrêterait pas en si bon chemin.

—Je suis sûr que Draco t'attendra juste à côté, prêt à revenir dès que tu l'appellera. N'est-ce pas Draco ?

Le regard noir se fit insistant sur le blond qui répondit instantanément par l'affirmative, appuyant les propos rassurant du psychiatre.

Après une petite hésitation supplémentaire, Harry consentit à regret de lâcher Draco pour qu'il s'éloigne juste assez pour qu'il ait une conversation privée avec Snape.

—J'ai des photos à te montrer. Des photos qui te rappelleront sûrement des choses. J'aimerais que tu me dises ce que c'est avant toute chose. Est-ce que ça va ?

Le cœur d'Harry rata un battement. Le docteur avait il une photo de son maître ? Il aimerait tellement la voir ! Il espérait qu'il pourrait la garder. Cela lui fit presque oublier l'anxiété de la séparation de Draco.

Les yeux brillants, il accepta.

Le psychiatre prit dans son sac la pochette qui ne le quittait plus depuis quelques semaines. Elle faisait intégralement parti du dossier d'Harry et il n'attendait que le moment opportun de lui en parler. Il plaça alors le papier glacé devant lui avant de soigneusement les glisser vers son patient.

Harry écarquilla les yeux, prenant les photos entre ses mains. C'était des photos de chez lui. Plus particulièrement, de la salle de jeux ou toutes les armoires avaient étaient ouvertes pour exhiber tous les jouets et autres accessoires s'y trouvant. Tout avait été dérangé, fouillé. Ça prendrait certainement des jours, voir des semaines pour tout ranger.

Severus regardait son patient sans un mot tandis qu'il découvrait les clichés. Il vit la surprise sur son visage, vite remplacée par la colère, et ce qui semblait être du désespoir ou de la souffrance. Difficile à dire lorsque son patient avait la tête baissée derrière du papier photo. En tout cas, cela ne l'avait pas laissé indifférent, et c'était une bonne chose.

—Peux-tu me dire ce que c'est Harry ?

Des yeux larmoyants furent levés dans ceux onyx du psychiatre. Harry chercha désespérément à atteindre son cahier.

« Qui a fait ça ? »

—Qui à fait quoi ?

Les mots étaient posés tandis que Harry gémissait avec désespoir. Severus commençait à se dire qu'il était trop tôt pour aborder ce sujet. Pourtant, il lui avait semblé qu'il avait un point d'encrage suffisamment solide avec le jeune Malfoy pour surmonter cela. Peut être était-ce encore trop frais.

« C'est un vrai carnage ! Pourquoi ils ont tout jeté par terre comme ça ? Qui a fait ça ? »

Le docteur se figea un instant. Heureusement, ce fut bref et imperceptible pour Harry puisqu'il se reprit assez vite.

—Tu t'inquiète du rangement ?

« Et du nettoyage ! L'hygiène c'est super important je veux pas attraper une saloperie à cause de ces conneries »

—Tu…

Severus avait vraiment besoin de faire attention à ses mots à cet instant et il en avait terriblement conscience. Devait il rappeler à Harry qu'il ne retournerait jamais là-bas ? Que ce n'était pas normal ce qui lui était arrivé ? Sûrement pas. Il le perdrait. Mais il ne pouvait pas acquiescer sur la normalité de ces traitements non plus.

Le mieux était de revenir au sujet principal.

—J'en déduis que tu connais cette pièce.

Harry lui jeta un regard outré du coin de l'œil. Son air fier face à lui n'était toujours pas parti.

« Évidemment, c'est chez moi »

—Peux-tu me dire ce qu'est cette pièce dans ce cas ?

Un soupire agacé, puis le grattement du stylo sur le papier lui répondirent. Severus observa que l'une des mains du garçon était toujours crispé sur l'une des photos.

« C'est la salle de jeux »

—D'accord, c'est une pièce dans laquelle tu allais souvent ?

D'abord, il crut qu'il n'aurait pas de réponse et était près à mettre fin à la séance. Mais le plus jeune hocha la tête, regardant la photographie abîmée par sa façon de la serrer.

Il se rappelait la première fois qu'il avait pénétré cet endroit. Il y avait alors bien moins de jouets qu'aujourd'hui. Pourtant, cela lui avait paru impressionnant déjà à l'époque. Son maître avait déjà commencé à introduire des jouets dans leurs jeux mais il ne lui avait jamais montré de pièce dédiée à cela avant.

—Vas y Harry, n'ai pas peur. Tu peux choisir le jouet que tu veux aujourd'hui. C'est ton anniversaire après tout.

—Mais il y en a vraiment beaucoup Maître, et je ne sais pas ce qu'ils font. Vous ne pouvez pas choisir pour moi ? Vous savez me faire plaisir.

—Oh mon amour mais cela fait partie de la surprise. Prend seulement celui qui t'attire le plus. Ils sont tous là pour ton plaisir.

Harry avait regardé autour de lui avec hésitation. Tout cela ne lui disait pas grand-chose, et il n'osait pas choisir l'un des jouets qu'il connaissait de peur de décevoir son Maître. Il n'apprécierait sûrement pas qu'Harry se cantonne à un choix sans surprise aucune.

N'écoutant alors plus que son instinct, il posa les doigts sur ce qui ressemblait à un collier de grosses perles. Celles-ci étaient douce et claquèrent entre elles lorsqu'il remua un peu l'étrange objet.

—Des boules de geisha, c'est un bon choix.

Le plus jeune avait sursauté quand son Maître avait parlé beaucoup plus près de lui que ce à quoi il s'attendait.

—Comment ça marche ?

Tom avait sourit avant de prendre les boules et la main de son jeune soumis afin de l'amener sur la table en cuir présente dans la salle. Il fit allonger son brun et posa les boules sur son ventre tandis qu'il commençait à attacher ses jambes en l'air à l'aide d'un système de cordes et de crochets.

—Maitre ?

—Oui amour ? Fit le concerne en continuant son œuvre.

—Ça va faire mal ?

Tom s'arrêta brusquement. Un regard rempli de colère dirigé vers Harry.

—T'ai-je déjà fait mal de cette façon ?

—Non Maître mais…

—Ne me force pas à te bâillonner et effectivement à te faire mal. Tu sais que tu ne reçois de la douleur que lorsque tu le mérite. Et inversement. Tu veux la mériter ?

Harry avait détourné le regard, gêné d'avoir poser une question stupide qui avait mis son Maître en colère. Même s'il était inquiet d'utiliser des objets inconnus, il savait qu'il devait toujours faire confiance à son Maître et sa question était insultante.

—Pardon Maître, je suis désolé. Je vous aime tellement, je voulais juste…

—Tais-toi !

La voix avait claqué sèchement, tout comme les fessées qui avaient suivit. Des larmes dans la voix, le garçon avait continué de s'excuser. Heureusement, son Maître avait ensuite tenu promesse et lui avait offert beaucoup de plaisir grâce aux boules de geisha et leur effet étonnant pour son anniversaire.

Il n'avait jamais vu pareils objets chez les Malfoy. Il imaginait pourtant parfaitement Lucius Malfoy dans le même rôle que son Maître. Ce devait pourtant sembler moins amusant avec Narcissa. Peut être était-ce la raison.

—Harry, j'aimerais que tu me dise, est-ce que cette pièce évoque de bons ou de mauvais souvenirs ?

La voix de son psy le ramena à la réalité un peu brusquement. Laissant de côté l'image d'un Lucius Malfoy nu et en sueur tandis qu'il le surplombait, son sexe à hauteur de ses yeux vert, il gigota maladroitement sur sa chaise.

Il recommençait à bander malgré lui. Et même pas pour le bon homme. Le manque atteignait son cerveau.

Secouant la tête, il réfléchit à la question dans l'espoir que cela le calme. Ses souvenirs étaient autant bons que mauvais dans cette salle. Peut être même plus mauvais que bons puisque ce fut par la suite, la salle où il reçut la quasi-totalité de ses punitions.

Il haussa les épaules.

—Est-ce qu'il y avait une pièce dans la maison ou tu aimais beaucoup être ?

Harry détourna un instant le visage, signe pour Severus que la séance était trop longue et pénible pour lui. Il creuserait néanmoins sa relation avec Draco les prochaines fois afin d'installer la confiance chez son patient, cela semblait bien fonctionner.

« Je pense que c'est la chambre »

Le psy fut surpris par le cahier poussé soudain devant lui après une écriture hésitante. Harry était vraiment en progrès.

—Pourquoi cette pièce ?

Une fois de plus, Severus pensa qu'il n'aurait pas de réponse. Mais Harry était vraiment en de bonnes dispositions ce jours.

« C'est un endroit où je me sens bien. »

Le jeune patient avait été assez long à écrire cette phrase et il en avait commencé une autre avant de la raturer. Il ne voulait pas parler de ça. Pas maintenant. Surtout qu'il ne savait pas exactement ce qu'il avait le droit de dire ou non et il ne voulait pas ajouter des fautes à la liste qui devenait trop longue maintenant.

—D'accord, très bien. Et tu as un endroit où tu te sens bien ici ?

Le plus jeune hocha la tête.

« Dans la chambre de Draco »

—Pourquoi pas la tienne ?

« Je supporte pas d'être tout seul »

Snape sentait son patient de plus en plus fébrile, il semblait au bord des larmes et il ne savait pas si cela signifiait qu'il devait arrêter la séance ou aller jusqu'au bout et libérer le plus jeune de ses larmes contenues. C'était l'une des premières fois qu'il craquait depuis qu'ils avaient commencé les séances et Severus sentait ce moment important. L'air était chargé de la tristesse et du désespoir du jeune, presque palpable.

—Et quand Draco n'est pas là, tu n'en parle jamais. Tu es seul ?

Harry laissa échapper un sanglot. Gémissant pitoyablement, il quitta la pièce précipitamment pour rejoindre son blond qui le prit dans ses bras aussitôt, surpris par la tournure des événements.

—Qu'est-ce qui ne va pas Harry, demanda le jeune Malfoy en fermant son téléphone.

Il était encore en dispute avec Astoria, mais lui raccrocher au nez s'était avéré nécessaire pour son petit brun. Elle finirait par comprendre.

Un simple signe de tête de Severus en guise d'au revoir, Draco s'était mis à gérer la crise tout seul. Chuchotant des paroles réconfortantes sans queue ni tête, il caressait les cheveux en bataille de manière apaisante.

Après ça, et même après avoir calmé ses pleurs, Draco n'avait plus pu se décoller du plus jeune qui le suivait à la trace.

Harry était vulnérable et dépendant.

La reconstruction serait longue et l'héritier Malfoy n'avait aucune idée de ce dans quoi il avait mis les pieds.


J'espère que ce chapitre a plut, je prend encore mes marques avec la manière de fonctionner du site et je dois dire que je galère un peu pour répondre aux commentaires mais sachez que je les lis tous ! Et qu'ils me font plaisirs !

Aussi, j'ai vu que ça en frustrait certains de ne pas avoir plus de détails quand à la manière dont Tom a façonné Harry et je voulais savoir si vous aimeriez un os annexe qui approfondirait le sujet ? Si j'en écrit un, il sera très certainement publié quand Sous-emprise sera terminé mais avant de l'écrire, j'aimerais savoir s'il y aura des intéressés