Chapitre 10: Errance

Harry détestait l'école. Il la détestait du temps de son enfance, quand il était le Harry qui n'avait pas rencontré son Maître. Et il la détestait toujours alors qu'elle le séparait de Draco pour des journées trop longues et qu'on avait commencé à l'obliger à s'instruire sur des sujets qui ne l'intéressaient pas du tout. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il ne sache pas résoudre une équation et qu'il n'ai pas envie d'apprendre à le faire ?

Il soupira en posant son crayon, un rictus boudeur aux lèvres tandis que son précepteur s'exasperait. Il savait que l'homme était payé par les Malfoy et que ce n'était pas poli de ne pas l'écouter. Mais il n'y pouvait rien, l'homme, Monsieur Binns, l'ennuyait profondément.

-Monsieur Potter, reprenez cet exercice et cessez de faire l'enfant. Ce n'est pourtant pas compliqué, c'est la quatrième fois que je vous explique.

En réponse, Harry croisa les bras et détourna le regard. Il n'avait plus envie de faire d'efforts. Cela faisait deux heures trente qu'ils étaient sur la même chose et il saturait. Surtout qu'il faisait encore chaud en ce mois de Septembre.

Et, à quoi bon faire le moindre effort quand il savait que trente minutes plus tard a peine, Draco serait à la maison. Il ne pourrait pas jouer avec lui bien sûr, il consacrait toujours beaucoup trop de temps aux yeux du brun à ses devoirs. Mais il serait présent et il laisserait Harry s'installer dans son lit et le regarder pendant qu'il travaillerait sur ses cours du jour.

Les cours de Draco étaient importants. Lui pourrait aller à l'Université et pratiquer le métier de ses rêves grâce à ses efforts. Harry lui, ne savait même pas si son Maître voudrait qu'il finisse son GCSE. Son Maître n'avait jamais voulu qu'il travaille. Il n'en n'avait même jamais émit l'idée. C'était saugrenu, pas pour lui.

-Tres bien, vous avez gagné. Vous pouvez ranger vos affaires mais tachez de relire la leçon pour demain parce que nous reprendrons cet exercice jusqu'à ce que vous le réussissiez.

Un grand sourire aux lèvres, l'élève indiscipliné fit ce qu'on lui demandait, partant remettre son livre de Mathématique flambant neuf avec les autres sur l'étagère du petit bureau qui lui avait été attribué pour les leçons. Il avait autrefois servi aux cours particuliers de Draco et se situait près du jardin, au calme.

-À demain Monsieur Potter.

Harry lui fit un signe de tête en réponse, souriant toujours comme un bienheureux et passa par la cuisine pour récupérer le goûter préféré de Draco : du pain de mie avec de la pâte à tartiner au chocolat. Le jeune homme ne comprenait pas vraiment ce qui pouvait attirer celui qu'il appelait désormais son meilleur ami vers ce type de nourriture à l'aspect écœurant. Mais tant qu'on ne le forçait pas à se nourrir de la même façon il pouvait faire abstraction. Il prit pour lui-même une pomme verte bien acidulée et monta directement à la chambre de son blond pour l'attendre.

Au passage, il croisa Narcissa qui le salua. Il lui fit un signe de main en continuant sa route et posa les goûters sur le bureau bien rangé de son blond. Sans hésiter, il retira les vêtements superflus et se retrouva en caleçon sur le lit.

Il soupira d'aise, le regard porté vers le plafond.

Draco n'allait plus tarder à arriver, ce qui constituait son moment préféré de la journée.

Son sourire s'élargit quand il entendit distinctement la porte puis la voix du plus jeune des Malfoy qui annonçait qu'il était rentré. Quelques minutes encore et il entendait ses pas dans les escaliers. Quelques secondes encore et il poussait la porte de sa chambre. Harry se redressa, le sourire lui mangeant la moitié du visage.

-Draco !

Ça lui faisait du bien d'entendre sa voix après avoir été silencieux aussi longtemps.

- Hey, comment s'est passé ta journée ?

Le blond posa la bouteille de jus d'orange pressé et les deux verres qu'il avait apporté sur son bureau et laissa lourdement tombé son sac sur le sol.

-Pas terrible. Binns s'obstine a ce que je fasse des maths.

-C'est au programme obligatoire.

-Je m'en fiche, je déteste ça. Et puis, je sais compter, c'est suffisant.

-J'ai pas beaucoup à faire aujourd'hui, je pourrais t'aider à bosser si tu veux.

Harry fit la moue, ce qui fit rire Draco qui s'était laissé tomber près de lui sur le matelas en croquant dans son pain de mie.

-Petit fainéant. Tu sais que si tu ne travaille pas un minimum, tu ne peux pas réussir ?

-Je m'en fiche, répondit Harry en croquant dans son fruit.

Draco secoua la tête, amusé et discuta encore un peu en terminant son goûter. Il fallait qu'il raconte a Harry la vie au lycée. Comment Astoria avait essayé de faire circuler des rumeurs sur lui, sur eux. Des rumeurs qui disaient qu'Harry l'avait perverti et detourné du droit chemin. Heureusement, personne n'y avait cru. On ne pouvait pas parler de cette façon de l'orphelin de l'Angleterre. Pas après ce qu'il avait vécu. Il fallait aussi qu'il lui dise à propos de Blaise qui avait intégré la fanfare du lycée juste pour se rapprocher de cette fille qu'il trouve jolie. Et comme Lavande Brown avait essayé de mettre le grappin sur lui en glissant des mots doux dans son casier.

-Ca à l'air… Terrifiant, le lycée.

-Ça l'est parfois, rit Draco. Mais c'est chouette aussi d'étudier avec ses amis. Je suis sûr que ça t'aurais plus plu que de le faire seul.

Harry grimaça. Il détestait être entouré de monde. Ça l'angoissait. Les autres avaient tendance à lui vouloir du mal.

-Il faut que je me mette sur mes cours.

-Déjà ?

-J'ai déjà trainé en discutant avec toi, tu sais que c'est une année importante pour moi.

Harry fit la moue mais abdiqua en laissant son dos tomber contre le matelas. Il aurait pu profiter de l'ambiance studieuse qu'instaurait son blond mais il n'en n'avait pas du tout envie. Son Maître lui, s'occupait toujours de lui quand il rentrait du travail. Il rougie furieusement quand il se rendit compte que son Maître n'avait pas occupé ses pensées ainsi depuis plusieurs jours. Il faudrait qu'il utilise le masseur de prostate en pensant à lui le soir même dans la douche, pour compenser. Et il faudrait qu'il arrive à l'avoir au téléphone aussi. Il s'était montré beaucoup trop ingrat ces derniers temps. Ce n'était pas de la faute de son Maître s'il était en prison. Et ce n'était pas bien de sa part de le faire passer au second plan dans son esprit. Il appartenait au Maître. Son corps appartenait au Maître. Son esprit appartenait au Maître. Et son cœur… Son cœur devait appartenir au Maître aussi.

Le soir, il sortit son masseur de prostate de sa cachette dans sa salle de bain. Il regarda un instant le sextoy, pas vraiment motivé à l'utiliser. Il essaya pourtant. Il utilisa son gel douche pour se lubrifier, il fit tous les mouvements qu'il fallait pour ressentir du plaisir, s'étirer correctement. Mais il n'y arrivait pas. Il n'était pas d'humeur, le sexe résolument flasque entre ses jambes. Il se mit a sangloter dans sa douche.

Il s'était blotti dans l'étreinte réconfortante de Draco quand la nuit été tombée mais il n'avait pas su se résoudre à dormir. A la place, il avait calqué sa respiration sur celle du blond, respirant à plein poumon son odeur addictive. Il était perdu. Des larmes silencieuses coulèrent de ses joues.

C'est les yeux complètement explosés qu'il se retrouva face à son psy dans le bureau de celui-ci. Il n'avait pas envie d'être là. Il avait envie de dormir en écoutant Draco faire ses devoirs. Il savait que le blond n'allait pas tarder à rentrer.

-Tu es sur que tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas ?

Harry claqua de la langue, agacé. C'était la troisième fois que le docteur Snape lui posait la question en moins de 10 minutes. Il re souligna plusieurs fois d'un geste rageur le « Ça va » qu'il avait déjà noté sur son cahier pour les réponses précédentes.

-Tres bien, comme tu veux. Tu m'as dit la semaine dernière que tu n'aimais pas beaucoup tes cours avec le professeur Binns. Est-ce que ça s'est amélioré ?

« Non. »

-Tu n'es jamais très coopérant mais tu ne m'aide pas beaucoup aujourd'hui Harry.

Le garçon haussa les épaules. Ce n'était pas son problème si son psy n'aimait pas sa séance. Lui-même n'avait pas envie d'être là. Il n'avait pas vraiment besoin de lui de toute façon. Il avait Draco, c'était largement suffisant.

-Puisque tu es de mauvaise humeur, je vais en profiter pour aborder un sujet qui fâche.

Le regard vert se durci dans le regard le plus noir qu'Harry savait faire. Severus s'y attendait, aussi, il ne s'offusqua pas.

-Pour le procès…

Harry avait déjà commencé à secouer la tête. Il ne voulait pas parler de ça. Mais le pédopsychiatre ne se laissa pas démonter.

-On m'a demandé de rédiger avec toi la lettre que tu dois faire.

« Quelle lettre ? »

C'était quoi ces conneries encore ?

-La lettre de ton témoignage.

« Pourquoi je dois écrire une lettre ? »

Il sentait déjà des alarmes commencer à hurler dans sa tête. On ne lui avait jamais parlé de témoignage. Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Qu'est-ce que son Maître voudrait qu'il dise ? Il ne savait pas, il ne lui avait laissé aucune instruction.

-Parce que tu ne parle pas. A moins que tu veuille témoigné de vive voix et dans ce cas, je préférais que tu t'entraîne avec moi d'abord. C'est une expérience qui peut être traumatisante.

Harry secoua la tête. Il ne voulait rien faire de tout ça. Pas sans instructions claires du seul qui importait.

-On n'est pas obligé de l'écrire aujourd'hui bien sûr mais commence à y réfléchir. Il faudra la donner à Lucius assez rapidement pour qu'il puisse l'étudier. Déjà qu'on ne l'avait pas pour l'audience préliminaire.

« C'est quoi une audience préliminaire ? »

-C'est ce qui précède le grand procès. C'est là que la date du début du grand procès a été fixée. Jedusor a plaidé non coupable si ça t'intéresse.

Évidemment qu'il avait plaidé non coupable, il n'avait rien fait, cria Harry intérieurement. Personne ne lui avait rien dit à lui. Il ne devait pas être là pour cette sorte de mini-procès, lui ?

« Vous y étiez vous ? »

-Bien sur.

« Et vous l'avez vu ? »

-Si on parle toujours de Jedusor, oui, je l'ai vu.

« Et il était comment ? »

Snape prit une pause, le regardant de manière songeuse avant de repondre.

-Qu'est-ce que tu veux entendre ?

Harry leva des yeux étonnés. Il ne comprenait pas où son psy voulait en venir.

-Tu veux savoir s'il avait l'air d'avoir des remords ? S'il avait l'air misérable ? Ou s'il se portait bien ?

Le garçon resta interdit. Des remords ? Est-ce que Snape sous-entendait que son Maître regrettait de l'avoir prit ? De l'avoir aidé ? Il se sentit nauséeux d'un coup. C'était une chose de penser que retourner chez son Maître pouvait le rendre malheureux en le séparant de Draco. S'en était une autre de savoir qu'il regrettait de s'être occupé de lui et que peut être, il ne voudrait plus de lui du tout. Un gémissement plaintif lui échappa sans qu'il ne puisse le retenir.

-Respire Harry, j'ai du mal à te suivre. Essaie de mettre des mots sur ce que tu ressens. Tu peux faire ça ?

Le brun secoua la tête. Bien sûr qu'il ne pouvait pas ! Tout ce qu'il voulait à l'instant, c'était se recroquevillé en boule dans un coin et pleurer. Par-dessus tout, il voulait la présence rassurante de son Maître. Il gémit encore.

-Harry, regarde moi, concentre toi sur moi.

Il secoua encore la tête, des sanglots commençant à le secouer.

-Harry…

-Je veux retourner à la maison.

Le psy marqua un nouveau temps d'arrêt. Il ne savait pas ce qui avait déclenché cette crise et son patient n'avait sûrement pas remarqué qu'il lui avait parlé de vive voix. D'ailleurs, il ne savait toujours pas ce qui bloquait la parole d'Harry Potter. Il y avait beaucoup trop de point d'interrogations, de points à éclaircir. C'est la raison pour laquelle il ne savait pas du tout comment réagir correctement ce jour là.

-Je comprend Harry. Ce sont des sujets que tu n'aime pas aborder. Mais mets des mots dessus s'il te plaît. Je suis sûr que ça t'aidera.

Ça aiderait surtout le psy mais il tut ce fait. Son patient n'avait pas besoin de savoir.

Les secondes puis les minutes s'égrenèrent ainsi, le silence seulement coupé par la respiration difficile du garçon. Quand il se sentit un peu mieux, Harry se redressa et saisit de nouveau son crayon.

« Je veux rentrer à la maison »

Severus pinça les lèvres.

-Qu'est-ce que… Ça représente quoi « la maison » pour toi ?

Harry renifla encore un peu avant de consentir à écrire de nouveau.

« Je sais pas »

-Qu'est-ce qui te rend confus exactement ?

« Je ne sais plus ce que je ressens. J'en ai marre de ressentir. Je veux que tout s'arrête. »

Le cœur de Severus rata un battement. Son patient ne parlait pas vraiment de mettre fin à ses jours ?

-Que ça s'arrête de quelle manière ?

Harry haussa de nouveau les épaules.

« Je veux qu'on me dise quoi faire et quoi ressentir comme avant. J'ai besoin qu'on dirige pour moi. »

Le pédopsychiatre pencha la tête sur le côté. De manière plutôt surprenante, il semblait enfin avancer un peu avec son patient le plus difficile.

-C'est ce que faisait Jedusor avec toi ?

Harry hocha la tête, les yeux rivés sur un pan de mur. Il voulait tellement que son Maître soit là. Qu'il le prenne en charge pour qu'il arrête de faire des conneries et d'être une si mauvaise personne.

-Et… Qu'est-ce qu'il voulait que tu fasse ? Tu peux me citer des exemples ?

Le brun cligna plusieurs fois des yeux avant de secouer la tête. Non, il ne pouvait pas. Il n'avait pas été autorisé à dévoiler des détails de la vie privée de son Maître et il ne voulait pas le trahir davantage. Il l'avait déjà trop fait et il se sentait mal.

-D'accord, fit le psy en jetant un œil sur l'heure. Alors, tu peux peut être me dire… Comment ça te faisait te sentir quand on te contrôlait. C'est bien ca qu'il faisait ?

Harry bougea nerveusement et regarda l'heure à son tour. Ils étaient en train de dépasser son heure habituelle. Ça ne lui plaisait pas. Son pied commença à taper le sol nerveusement.

« J'avais pas besoin de me poser des questions. C'était plus facile »

-Plus facile que quoi ?

« La séance est finie »

-Plus facile que quoi Harry ?

Le garçon fronça les sourcils. Il n'avait plus envie de répondre. Draco allait l'attendre, ils devaient prendre le goûter ensemble. S'il rentrait trop tard, Draco serait déjà en train de faire ses devoirs et il ne pourrait pas lui raconter sa journée et les potins du lycée.

-Réponds à cette question et tu pourra y aller.

Harry grogna mais saisit de nouveau son stylo.

« Plus facile que de faire les bons choix par moi-même »

-C'est quoi pour toi les bons choix ?

Nouveau grognement.

« Vous aviez dit dernière question ! »

-J'essaie juste de te comprendre.

« Vous me mettez en retard ! »

-En retard pour quoi ?

L'adolescent ne cessait de grogner de frustration. Son psy était beaucoup trop agaçant ce jour.

« Draco m'attend »

-Tu peux partir si tu me promet de répondre à ma question la semaine prochaine.

Avec un soupir de soulagement, Harry se leva de sa chaise et attrapa son cahier au passage pour sortir de la pièce en faisant un geste du pouce à son pédopsychiatre. Malheureusement pour lui, Narcissa ne partit pas immédiatement quand il arriva à sa hauteur. A la place, elle demanda à s'entretenir avec Snape dans son bureau. Il gémit de désespoir.

Tapant du pied dans le couloir, le garçon finit par ouvrir la porte du dit bureau brusquement, interrompant les adultes.

-Harry !

Les yeux écarquillés, la jolie femme blonde avait glapît des surprise. Jamais son protégé ne lui avait montré un signe si flagrant de manque de respect.

-Draco m'attend, expliqua-t-il simplement en tapant toujours dû pieds.

Narcissa resta sans voix un moment, complètement incrédule. Harry venait de lui parler ! A elle ! Un sourire doux étira ses lèvres tandis qu'elle se levait de sa chaise à son tour.

-Nous continuerons cette discussion plus tard Severus. Tu n'aura qu'à venir prendre le thé ce week-end. Je suis sure que ça fera plaisir à Draco, ça fait longtemps que tu n'es plus passé.

-Je n'y manquerait pas. A ce week-end alors. Harry.

Le brun adressa un signe de tête à son psy et prit Narcissa par la main pour l'amener à la voiture. La mère de famille rosie de plaisir devant ces signes évidents d'amélioration. Pourtant, il n'eut plus aucun regard pour elle lorsqu'ils arrivèrent à la maison. Harry rejoignit Draco en courant, non sans être passé par la cuisine pour ramener sa part du goûter.

-Ah t'es la. Je me suis avancé un peu sur mes devoirs en t'attendant.

-Snape me lâchait plus, c'était horrible.

-Il essaie juste de t'aider tu sais.

Le brun roula des yeux.

-Je vais bien.

Les yeux gris jaugèrent son visage un instant, insondables.

-Je vais bien je te dis !

-Harry, tu te met souvent à pleurer sans raison, tu ne parle qu'à moi, et ne te trompe pas surtout, je t'adore, t'es devenu mon meilleur ami. Mais tu ne peux pas dire que tu vas bien.

Harry fronça les sourcils en réponse et parti bouder dans son coin. Draco n'était pas le Maître. Il ne pouvait pas lui dire comment il allait. C'était le Maître qui décidait de ça. Et Harry quand le Maître n'était pas là, comme maintenant. Et Harry avait décidé pour lui-même qu'il allait bien.

- Harry… Je voulais pas te blesser, je m'inquiète pour toi, c'est tout.

Le brun ne répondit pas, faisant dos à Draco.

-Aller, s'il te plaît Harry, me fais pas la gueule.

Draco s'était approché sur le lit et il l'avait enlacé par derrière, posant un baiser sur son crâne.

-Je suis désolé, on en parle plus si ça te plaît pas.

-Promis ?

-Promis.

Le garçon sourit alors et enserra le bras du blond avant de laisser aller sa tête en arrière, contre le torse de l'autre.

-Moi aussi je t'adore.

Draco sourit. Le cœur soudain moins lourd. S'il pouvait être la bouffée d'air frais d'Harry, il le ferait sans hésiter. Il deviendrait son rempart contre le reste du monde pour qu'il soit toujours protégé. Parce que le petit brun appelait à la protection et qu'il ne pouvait résister à l'adorable garçon.

-Tu veux qu'on joue un peu ?

-Et tes devoirs ?

-C'est juste des révisions, je peux les laisser de côté pour une fois.

Alors, le sourire d'Harry valut tout l'or du monde et Draco oublia toutes ses inquiétudes.

Dans la tête d'Harry, la joie avait surplombé toutes les mauvaises émotions précédentes. Draco allait se concentrer uniquement sur lui. La journée commençait bien mieux qu'elle ne s'était terminée.

Les journées défilèrent vite ainsi. Personne n'écoutait les protestations d'Harry pour ses cours, et le brun devait s'avouer qu'il ne saurait pas réellement quoi faire de ses journée s'il n'étudiait pas. Il avait bien tenté de s'éclipser dehors un jour qu'il avait suffisamment mis à bout la patience de Binns, mais il avait été surpris par Narcissa et avait dû remettre à plus tard son escapade.

Est-ce que son Maître pensait encore à lui en prison ? Est-ce que c'était à lui qu'il pensait, lui, quand il se branlait ? Il n'y avait pas de Draco en prison, il ne devait pas avoir trop de distractions lui. Il connaissait trop les goûts de son Maître pour savoir qu'il ne devait pas trouver son bonheur la bas. Peut être à peine de quoi se détendre. Il eut une bouffée de compassion pour l'homme, se sentant plus honteux encore de se sentir moins nécessiteux de sa présence.

Sa prochaine occasion de se faufiler dehors fut un jour d'Automne. Le temps avait déjà commencé à rafraîchir et les feuilles rendaient tout plus beau de leurs couleurs flamboyantes. Binns était malade et n'avait pas pu venir lui faire cour. Laissé seul pour vaquer à ses occupations, Harry n'avait pas ouvert un cahier. Mais il avait marché jusqu'au parc. Il n'avait pas vu la camionnette de Dolohov mais il avait décidé de l'attendre sur un banc. Il pouvait ainsi profiter de la brise sur son visage qui rendait ses cheveux impossibles. Seul avec lui-même, il sourit de cet élan de liberté qu'il n'avait plus connu depuis… Depuis ces instants chez les Dursley, quand il arrivait à échapper à son cousin et qu'il profitait enfin d'un temps calme, sans avoir peur du prochain coup qu'il allait prendre.

-Bonjour.

Le brun ouvrit les yeux, fixant ses prunelles vertes sur l'homme de main de son Maître.

-Aller, suis moi.

Il hocha la tête, se levant sans résistance et entra dans la camionnette avec naturel. Il regarda Dolohov passer son appel. Cette fois, il eut une réponse direct.

-Je suis avec le gamin, passe le moi… Personne te demande ton avis, passe le moi… Bonjour Monsieur… Oui bien sûr… Tiens.

Harry saisit le téléphone qui lui était tendu et se retourna pour ne plus voir l'homme qui l'accompagnait.

-Maitre ?

-Mon amour ! Comme je suis content de t'entendre.

Harry sentit son cœur chuter. Il ne savait pas d'où lui venait cette angoisse soudaine mais elle le serrait dans un étau désagréable.

-Ca ne va pas amour ?

-Si si, je… C'est juste que ça commence à être long et… Et je… Je…

-Calme toi amour, qu'est-ce que tu me fais ?

-Rien, je suis désolé. Quand est-ce que ça va redevenir comme avant ?

-Quand on me libérera enfin. Tu sais bien que je m'occuperais de toi si je pouvais.

-Oui je sais.

Harry eut du mal à déglutir, sa gorge était devenue sèche.

-Aller, dis moi ce qui te préoccupe, qu'on passe à autre chose. Tu fais toujours beaucoup trop de drame pour trois fois rien.

Il se pinça les lèvres. Il ne devait pas pleurer. Son Maitre détestait les larmes.

-Est-ce que vous m'en voulez ? Pour, vous savez… Être la raison pour laquelle vous êtes en prison maintenant ?

-Bien sûr que non ! Ce n'est pas y'ata faute, c'est celle de tout ces cretins bien pensants.

Harry hocha la tête pour lui-même. Oui, ce n'était pas sa faute. Lui aimait son Maître.

-Et je…

-Oui ? Soit un peu plus éloquent, on n'a pas la journée.

Le jeune homme baissa la voix, mal à l'aise.

-Je n'arrive plus à bander, chuchotât-il finalement.

C'était une demi vérité. Il n'arrivait plus à bander en pensant à son Maître. Ce n'était pas le cas quand il pensait à Draco. Il pouvait bander n'importe quand pour Draco. Mais il ne pouvait pas le dire.

-C'est étrange, ça ne t'est jamais arrivé.

-Qu'est-ce que je dois faire ?

-Caresse toi tous les matins et tous les soirs mais ne joui pas surtout. Tu le fera quand tu aura de nouveau une vraie érection sans stimulation. Pas le réflexe du matin. Une vraie érection. On se comprend ?

-Oui Maître.

Ça avait un côté rassurant de se faire entendre dire ce qu'il devait faire. Harry eut un petit soupir apaisé. Laisser les commandes, c'était dire au revoir au stress. C'était enivrant.

-Et toujours en ne pensant qu'à moi. Il ne doit y avoir personne d'autre.

L'angoisse revint au galop. Il ne pourrait pas obéir à cet ordre la. Il s'en savait incapable.

-Oui Maître, s'entendît-il répondre finalement.

-Bien. Je suis content d'avoir pu entendre ta voix. Il n'y a rien d'autre ?

Harry se mordit la lèvre. C'était le moment où jamais de parler de son problème.

-Ils veulent que j'écrive une lettre, mon témoignage. Qu'est-ce que je dois mettre dedans ?

-Quoi ? Non mais quel bande de… Tu n'écris rien ! Ils n'ont rien à exiger de toi ! Tu es à moi. Rien qu'à moi !

-Oui Maître.

-Je dois revoir mon avocat bientôt, je te donnerais des instructions à ce moment là. Pour le moment, tu ne dis rien du tout.

-Mais je peux vous défendre moi. S'ils me demandent, je pourrais dire que vous êtes bien pour moi.

-Je sais que tu as de bonnes intention amour mais non, tais toi. Je te dirais quoi dire le moment venu.

-D'accord mais… Comment je fais pour les faire patienter jusque là ?

-Tu fais ta tête de mule. Peu importe. L'important c'est que tu ne dise rien pour l'instant.

-Oui Maitre.

-Merde, je dois y aller. Fais bien ce que je t'ai dit amour, je t'aime.

-Moi aussi je…

Son Maitre avait déjà raccroché. Il regarda le téléphone, dépité. Il ne se sentait pas du tout plus léger après cet appel, comme il s'y était attendu. C'est avec un poids plus lourd encore sur les épaules qu'il rentra à la maison, se faufilant discrètement. Il restait six heures avant que Draco ne rentre à la maison. Cela lui paraissait interminable. Epuisé moralement, il se déshabilla dans la chambre de son blond et s'endormît dans son lit. Les draps portaient son odeur. La meilleure odeur du monde. Il ne se rappelait même plus de l'odeur du Maître. C'était ça son problème. Il allait mal parce qu'il était loin de son Maître depuis trop longtemps. Il oubliait certains détails.

Quand son Maître le récupérerait, il serait réparé.


Ce chapitre a mis pas mal de temps à arrivé et je m'en excuse. J'essaierais de me libérer plus de temps pour l'écriture à l'avenir parce que je sais à quel point l'attente peut être frustrante.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! On est sur environ 4400 mots sur ce chapitre ci. Dans le prochain, on devrait normalement aborder plus en détail le procès.

Concernant les reviews, le site a pas mal buggé ces derniers temps et je n'ai pas reçu tous les mails qui me permettent d'y répondre. Je sais que certains répondent directement en début ou fin de chapitre à chaque personne, je ne sais pas si vous préfèreriez. Dites moi ! Et désolé aux personnes qui n'ont pas pu recevoir de réponses à leurs précédentes reviews. Dans tous les cas, elles me font toutes plaisir !