Chapitre Sept
Sansa était endormie contre lui, sa tête reposait dans le creux de son épaule, l'une de ses mains posées sur son ventre tandis que l'autre reposait près de son visage. Elle semblait apaisée et cela lui procura une sensation étrange au creux du ventre. Il détestait cette sensation… Il ne savait pas de quoi elle venait, mais il la haïssait déjà. Et peu importe ce qu'elle était, il savait qu'elle était en rapport avec son épouse endormie contre lui.
Il devenait faible.
Elle le rendait faible.
Elle le changeait. Et il fallait à tout prix qu'il arrête ce carnage avant qu'elle ne lui plante un poignard dans le dos. Il n'était nullement idiot et il savait, au fond de lui, que cette diablesse aux cheveux roux était en train de se jouer de lui. Jusqu'alors il se pensait plus fort, plus intelligent, qu'il la laissait croire qu'elle tirait les ficelles alors qu'il prédisait chacun de ses coups, car il en avait déjà deux d'avances sur elle. Seulement voilà… La jeune femme avait réussi à s'immiscer dans sa carapace. Comment ? Il n'en savait rien. Mais désormais, il se sentait responsable d'elle. Et Ramsay n'avait jamais ressenti cela. Et il haïssait cette sensation. Il n'était pas né pour faire le bien. Il n'avait jamais fait le bien d'ailleurs. Alors pourquoi, lorsqu'il la contemplait endormi, il avait envie d'anéantir tout ceux qui oserait ne serait-ce que trop la regarder ?
Il fallait que tout cela cesse…
Il repoussa légèrement les draps blancs, il fallait qu'il aille prendre l'air, se changer les idées. Mais alors qu'il tentait de se lever, la jeune femme se colla un peu plus contre lui, passant définitivement sa jambe fine au-dessus de lui, caressant son bas-ventre sans le vouloir. Puis, il vit son bras s'étendre un peu plus sur son torse et un sourire de bien-être quitta ses lèvres.
Ramsay se crispa.
Jamais il n'aurait supporté cela avec Myranda. Mais… venant de Sansa… Cela l'apaisa. Les tourments qui envahissaient son esprit depuis son réveil le quittèrent, et il se laissa simplement aller, ramenant les couvertures sur leurs corps. Il vint blottir son propre visage dans sa chevelure rousse, respirant son odeur avec délice. Il ne savait définitivement pas comment Sansa faisait pour sentir à chaque instant le citron. C'était une odeur délicate, discrète et aux sous-tons acidulés. Il adorait son odeur. Il adorait chaque parcelle de son corps, de sa peau. Il aimait la mordre, la griffer, lui laisser ces marques bleutées sur sa peau laiteuse. Et rien qu'à l'image du sang ruisselant sur sa peau, cela lui donnait une forte envie d'elle.
Il ne ressentait plus aucun plaisir de la torturer réellement, avec des paroles ou des actes sournois. Il éprouvait plus de choses lorsqu'elle saignait sous ses morsures, ou lorsqu'il la tourmentait quand il lui ordonnait de tuer une biche à la chasse. Il testait ses limites, jusqu'où elle était prête à aller pour lui. Et à chaque fois, elle réussissait. Et à chaque fois, il aimait un peu plus cela.
Elle ne ressemblait plus à cette enfant pleureuse et suppliante qu'il avait connue. Non, désormais, elle était devenue une femme forte et froide, et il était heureux de ce qu'il avait créé. Il avait écorché le petit oiseau de Port-Réal. Depuis qu'elle était devenue ainsi, il avait acquis un certain respect pour elle, la considérant comme digne d'être son épouse. Et même si la méfiance régnait encore entre eux, il ne pouvait non plus nier qu'elle était une alliée de taille. Elle pouvait lui offrir le Nord sur un plateau. Et il était prêt à devenir un homme des plus honnête avec elle si cela pouvait lui permettre d'atteindre ses objectifs.
La jeune femme bougea légèrement dans ses bras, nichant un peu plus son visage dans le cou de Ramsay. Il ne bougea pas, appréciant un peu plus l'instant.
Les Stark seraient toujours les seuls suzerains du Nord, il le savait. Roose Bolton le savait aussi. Sa femme était une Stark, leur descendance serait à moitié Stark. Le Nord était désormais sien, mais le Nord était vaste, et les dirigeants de celui-ci étaient peu cléments, voire obtus. Lorsqu'il n'était encore que Snow, il avait commis des erreurs qui aujourd'hui encore lui coûtait cher. Non pas qu'il regrettait ses actes, il n'éprouvait aucune honte. Ni maintenant, ni jamais. Mais désormais, il avait besoin de Sansa pour asseoir son autorité sur ses terres.
Sa main se resserra sur sa taille tandis que ses yeux se perdaient au loin. Il serait toujours l'homme qu'il était. Jamais Ramsay ne changerait complètement. Il traiterait toujours Schlingue tel son chien et il prendrait toujours plaisir à écorché un homme. Mais désormais, Sansa n'était plus son jouet, elle était son alliée. Tant qu'elle ne le trahissait pas, il lui accorderait le répit qu'elle mérite.
Sa main vint caresser doucement sa peau de velours tandis qu'il prenait le temps de l'observer. Elle dormait profondément et semblait apaisée. Jamais il ne l'avait vu aussi belle, les traits reposés. Elle ne semblait nullement sur ses gardes. Aucun trait tiré, affolé, pas de regard songeur. Elle était simplement belle. Ce fut lorsqu'elle commença à bouger dans ses bras, signe qu'elle se réveillait, qu'il fit semblant de dormir, à la fois pour savoir comment réagir en voyant qu'elle avait dormi aussi entrelacée avec lui, mais aussi pour ne pas avoir à assumer qu'il était déjà réveillé et qu'il n'avait rien fait pour se détacher d'elle.
La jeune femme se redressa assez rapidement, comme si elle se réveillait d'un cauchemar. Elle semblait quelque peu paniquée et Ramsay la sentit s'agiter à côté de lui. D'abord surpris, il ne laissa rien paraître et continua son manège tandis qu'il sentait son épouse se lever.
« Oh non… Non… »
Cette fois, il ouvrit les yeux, la voix tourmentée de Sansa l'inquiétant plus qu'autre chose. Il se redressa légèrement, et comprit immédiatement l'origine du tourment de son épouse : les draps étaient tâchés de sang et il en était légèrement couvert au niveau de la hanche… Il tourna son regard de givre vers elle, et son regard fut immédiatement attiré par le mince filet de sang qui roulait le long de la cuisse de la jeune femme.
« Je… Je suis désolée... Je suis désolée… »
Il se leva sous le regard terrorisé de la jeune femme, mais à cet instant, il en avait cure d'être tâché de sang, et il se fichait plus encore du fait que ses draps soient souillés. Non, la seule chose qui régnait dans son esprit était le fait que Sansa avait encore ses saignées. Elle n'était pas enceinte…
La jeune femme pleurait, suppliait, comme si Ramsay allait lever la main sur elle pour la punir de l'avoir touché avec son sang… Mais celui-ci n'en fit rien, il vint simplement tendre l'une de ses chemises à son épouse et revêtit un pantalon de lin beige.
« Changeons les draps. »
La peur laissa place à la surprise sur son visage baigné de larmes qui ne coulaient plus. Ramsay quant à lui allait ouvrir la porte avec fracas, son cri résonnant dans le couloir.
« Schlingue ! »
Ce fut tel un coup de tonnerre se répercutant en tout Winterfell, et à peine un instant passa avant que la créature n'arrive rampante devant son Maître. Sansa se demanda même un instant si le jeune Theon ne campait pas devant les escaliers tellement il craignait de ne pas arriver assez vite lorsque son Maître l'appelait.
« Prépare-nous un bain chaud et amène des draps propres. Dépêche-toi. »
Aussitôt, la créature disparut, et Ramsay s'affaira à ôter les draps souillés de sang. La tâche devait bien faire deux fois la taille de la main de Sansa si elle l'ouvrait en grand. L'humiliation commença à la saisir de part en part tandis qu'elle fixait son époux jeter les draps un à un dans un coin de la pièce. Elle était incapable de bouger, effrayée et troublée à la fois par le comportement de Ramsay.
« Pourquoi fais-tu cela ? »
Ramsay ignora la question de son épouse et Sansa sentit l'angoisse émaner d'elle tandis qu'il la scrutait de son regard perçant. Le sang avait transpercé son pantalon de lin, mais le Lord semblait n'en avoir rien à faire, il s'affairait simplement à arracher chaque drap de leur lit.
La fixant toujours, leurs regards finirent par se croiser, et Sansa crut voir en les yeux de son époux une lueur qu'elle ne connaissait que trop bien. Mais à peine l'eut-elle aperçue qu'elle disparut. Si bien qu'elle crût avoir rêvé. La peur, avait-elle réellement effleuré le regard de Ramsay ? Non, impossible.
« Aide-moi. »
La jeune femme passa de l'autre côté du lit et aida Ramsay à ôter le dernier linge qui couvrait le matelas. Mais à peine cela fut il fait qu'un petit cri d'angoisse quitta ses lèvres. Le matelas blanc était désormais tâché de rouge. Ramsay fixa un instant la tâche avant de saisir le matelas avec force et de le retourner sans que cela ne lui demande le moindre effort.
Et tel un coup de poignard, le passé vint frapper Sansa de plein fouet. Port-Réal, ses premières saignées… Shae et elle qui essayaient par tous les moyens de le cacher… Mais le Limier avait tout vu… Et il avait été obligé de la dénoncer. Il ne l'avait nullement fait par plaisir, mais qui sait ce qu'il serait advenu de sa tête s'il ne l'avait pas fait ?
Et tandis que ces souvenirs hantaient son esprit, Sansa demanda à voix basse :
« De qui cachez-vous mes saignées ? »
Ramsay se stoppa, les bras encore emplis de draps tâchés. Son regard se planta dans celui de Sansa. Il ne semblait nullement surpris de la conclusion de la jeune femme, mais plutôt gêné. La peur vint à nouveau frôler son regard, et cette fois Sansa savait qu'elle n'avait point rêvée.
Une boule d'angoisse vint alors se loger un peu plus profondément encore dans sa gorge tandis que son cœur battait un peu plus fort dans sa poitrine. Que lui cachait-il cette fois ?
Non pas que Ramsay lui cachait énormément de choses, mais cette fois, un mauvais pressentiment gagnait le cœur de Sansa, il avait peur. Ramsay, le cruel et insensible Ramsay avait peur... Mais de qui ? Et tandis que passé et présent s'entremêlait devant son regard, les yeux acier de son époux plongèrent dans les siens.
« Je...
- Parlez… De qui cachez-vous mes saignées ? »
Tous deux se toisèrent un instant du regard, Sansa avait dressé à nouveau ce mur de froideur entre eux. Il haïssait cela. Il haïssait lorsqu'elle le vouvoyait alors qu'il n'était qu'eux deux. Il se sentait alors si loin d'elle.
« Je les cache de mon père. »
Il avait répondu froidement voire distraitement. Et pourtant, il avait répondu sans hésitation. Et tandis qu'il jetait les draps souillés sur le sol, vers la porte, un soupir lourd quitta sa gorge. Il était épuisé à peine levé.
Il ne voulait pas cacher ce qu'il se passait à Sansa. À quoi cela servirait-il de toute façon ? Elle devait savoir, elle devait savoir quel danger la guettait… Et le froid qui suivit cette révélation fut soudainement rompu par Schlingue qui arrivait avec de nombreux seaux d'eau brûlante. Et tandis qu'il remplissait la baignoire, ni l'un, ni l'autre des deux époux ne parla. Ramsay observait Sansa, Sansa comprenait peu à peu le sens des paroles de son époux.
Il s'impatiente…
Il vit à ses yeux écarquillés qu'elle avait compris. Mais il ne parla pas pour autant, portant simplement ses yeux sur l'eau fumante. Schlingue versa le dernier seau d'eau et attendit, effrayé que son Maître lui donne ordre de déguerpir.
Mais Ramsay n'en fit rien, il s'avança simplement vers lui et tapota sa joue avec sympathie, arrachant un Sansa une mine de dégoût.
« Bien. Maintenant, tu vas prendre ses draps et tu vas aller les brûler, loin. Très loin des regards. Et si l'on te demande pourquoi ils sont tâchés de sang, tu sais ce que tu as à répondre. »
Schlingue ne répondit rien et partit avec les monticules de draps dans les bras.
Sansa resta debout, encore choquée. Seulement la peau de bête trônait encore sur le lit et la jeune femme vint la caresser du bout des doigts avant de retenir un sanglot. Elle était terrorisée… L'épée de l'Étranger trônait au-dessus de sa tête désormais. Pourtant, Sansa avait prié la Mère jour et nuit durant des semaines pour porter l'enfant de Ramsay. Non pas qu'elle souhaitait absolument être enceinte de son époux, mais elle avait cru, à un moment, que porter son enfant serait le prix de sa tranquillité. Mais les Dieux étaient injustes et Sansa n'était pas enceinte.
Ramsay ferma la porte à clé, prit le temps de refaire le lit sous le regard vide de Sansa avant de se déshabiller et de rentrer dans l'eau brûlante du bain. Son esprit marchait à toute allure tandis qu'il montait un plan infaillible dans son esprit. Il avait, pour l'instant, un coup d'avance sur son père. Un nouveau soupir vint franchir ses lèvres tandis qu'il étirait ses jambes et reposait ses bras sur les rebords de la baignoire. Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'il ne pose ses yeux sur son épouse. Elle venait de finir de donner une chevrette à Lómion, le regard toujours vide.
Il voulait la rassurer, mais en était incapable. Et tandis qu'elle rinçait la corne Ramsay lui fit signe de le rejoindre. La jeune femme le regarda avec des yeux ronds, secouant sa tête en signe de négation.
« Crois-tu réellement que c'est le sang entre tes cuisses qui va me faire peur ? »
Sansa se mit à rougir de plus bel, mais elle s'approcha de la baignoire, enlevant lentement la chemise de son époux qui tomba au sol avant d'elle-même rentrer dans l'eau. Elle était plus que crispée, son corps entier semblait fait de pierre.
Non, bien sûr que non ce n'était pas du sang qui allait faire peur à Ramsay. Elle se demanda même si cela était encore bien capable de l'exciter ? La jeune femme secoua légèrement la tête, chassant ces pensées obscènes de son esprit. Les saignées étaient impures. Durant ces périodes il ne fallait pas que l'époux et l'épouse dorment ensemble, et encore moins de coucher… Du moins, c'est ce que Septa Mordane lui avait enseigné.
Le contact de l'eau chaude sur sa peau la fit se détendre légèrement, et Ramsay passa l'un de ses bras autour d'elle, l'obligeant ainsi à se rapprocher de lui. Elle ne lutta pas, et vint laisser son dos se reposer contre son torse. L'espace d'un instant, elle oublia l'homme qui se tenait derrière elle et laissa sa tête se reposer sur son épaule. Elle ferma ses yeux azur, profitant de l'instant.
Ramsay avait toujours exigé à ce qu'elle prenne un bain tous les jours. Ce comportement étrange l'avait d'abord amusé, puis perturbé. Il avait ce besoin qu'elle soit toujours propre.
La main droite de Ramsay vint se reposer sur son ventre, l'autre prit place sur son front. Elle ne se sentait pas prisonnière pour autant, juste apaisée. Sansa ne l'admettrait jamais à voix haute, et peut-être encore moins à elle-même, mais elle prenait goût à cette vie, qui ressemblait de plus en plus à un échiquier géant. Elle n'était plus un simple pion, elle était devenue joueuse.
« Ne parle de tes saignées à personne. »
Les yeux de Sansa se rouvrir. Brutalement. Son époux venait de la sortir de sa torpeur délicate pour la poignarder avec sa voix glaciale. L'angoisse regagna son cœur qui venait de s'apaiser. Mais cette fois, elle ne se laissa pas emporter. Elle se dégagea peu à peu de l'étreinte et se retourna, lui faisant désormais face.
Dans les yeux de Sansa, s'entremêlaient peur et raison. Elle tentait de soutenir le regard de Ramsay qui semblait plus froid que les glaciers. Il avait les cheveux humides, sa barbe de quelques jours lui donnait une mine encore plus fatiguée tandis que ses bras se perdaient sur ses hanches. Leurs visages étaient si proches qu'elle pouvait sentir son souffle brûlant sur ses lèvres. Il l'observait tel un chasseur admirant sa proie avant de la traquer, ce même regard fiévreux qu'il avait aussi avant de la prendre… Mais elle n'avait aucunement envie de tout cela.
« Vas-tu me dire ce qu'il se passe, Ramsay ? »
Le simple fait qu'elle soit familière avec lui, lui provoqua un frisson de désir tandis qu'il enserrait un peu plus sa peau dans ses mains. Il était partagé entre l'élaboration de son plan contre son père et la vision qu'il avait sur son épouse. Elle était nue, sur lui, ses cheveux roux cachant ses seins… De vagues souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire, tout était si flou... Mais les sensations qui parcouraient son corps lui faisait penser que ce fut une soirée mémorable. Il tenta alors par tous les moyens de se contenir.
« Ramsay… »
Ses mains fines vinrent lentement toucher ses joues piquantes et leurs regards se croisèrent. Il n'avait jamais regardé autant quelqu'un dans les yeux que Sansa. Et son regard apeuré eut raison de son désir. La mâchoire de Ramsay se contracta violemment et il hésita un instant avant de murmurer :
« Lord Bolton veut vous engrosser lui-même… Car d'après lui, je ne suis pas foutu de le faire. »
Sansa écarquilla les yeux, ses mains glissèrent de ses joues et elle tenta de reculer, mais Ramsay la retint contre lui. Elle ne devait pas le fuir. Jamais.
Un juron vint sortir de sa bouche, et la jeune Lady plaqua immédiatement ses mains contre celle-ci, honteuse d'un tel vocabulaire, ce qui arracha un rire à son époux.
« Un pareil mot sortant de ta bouche, je le concède, c'est surprenant. »
Sansa, quant à elle, ne savait plus comment se comporter. La matinée était des plus chaotiques, le monde autour d'elle semblait s'effondrer et pourtant… Pourtant, Ramsay semblait plongé dans un calme imperturbable, et cela… Contre toute attente… la rassura. Il savait ce qu'il faisait, il savait où il allait. Elle n'avait qu'à marcher dans ses pas.
Mais elle ne se laissa pas aller au rire et reprit avec sérieux :
« Oserait-il ? »
Sa question était stupide, elle-même le savait et elle la regretta immédiatement.
« Doutes-tu réellement de mon père ? Dois-je te rappeler quelle sorte de liaison a engendré ma naissance ? »
La jeune femme se mordit la lèvre de regret, sa bouche s'ouvrit, mais Ramsay la coupa immédiatement :
« L'envie ne me manque pas de te cacher ici, de t'enfermer durant la semaine… Mais je ne préfère pas éveiller les soupçons.
- Tu l'as toujours fait.
- Mais j'ai changé. »
Il marqua une pause, et la jeune femme le fixa. Oui, il avait changé. Et le souvenir vague de la nuit qu'ils avaient passé ensemble était la plus grande preuve qu'elle avait… Sa douceur, sa tendresse… Ils avaient bien trop bu… Et elle avait tant aimé. Elle se perdit dans ses pensées, contemplant son époux d'un regard perdu. Quant à lui, il se redressa légèrement, son visage désormais à hauteur du sien, ses mains caressèrent son dos, ses hanches, ses fesses, avant de remonter le long de son ventre jusqu'à ses seins. D'un geste sans douceur, il vint pincer l'un d'eux ce qui fit atrocement mal à Sansa. Lors de ces périodes impures, elle avait déjà remarqué par le passé que son corps était plus sensible à la douleur.
Ramsay embrassa son cou avec dureté, mordillant sa peau blanche pour y laisser les traces de son passage. Il ne tenait plus, il fallait qu'il goûte son corps, encore. L'une de ses mains se perdit dans sa chevelure rousse, tirant légèrement dessus et ainsi faisant basculer sa tête en arrière. Elle lui était offerte et cela tordait son ventre de désir.
« Arrête… »
Elle avait beau dire non, supplier, il ne semblait pas entendre. Le corps entier de Sansa ne semblait pas entendre non plus. Et tandis que les doigts de l'homme glissaient entre ses cuisses, la jeune femme se releva violemment, plus qu'elle ne l'aurait souhaité, et quitta la baignoire sous le regard surprit de Ramsay.
« Serait-ce une pointe de sang qui te ferait peur, Sansa ? »
La jeune femme noua une robe de chambre autour de son corps et planta son regard dans celui de Ramsay.
« C'est impur. »
Les yeux de son époux se tintèrent de surprise tandis que Sansa rougissait de honte.
« Qu'en ai-je à faire ? Je suis impur. »
Cette phrase lui fit mal. Elle ne comprit pourquoi, mais elle sentit son cœur se broyer dans sa poitrine tandis qu'elle fixait Ramsay sortir à son tour de l'eau, s'épongeant avec des linges propres.
En réalité, elle se fichait elle aussi du fait que tout cela soit impur aux yeux des Sept… Elle avait refusé par simple égoïsme, elle voulait garder un peu plus longtemps le souvenir de cette nuit…
Un glapissement retentit dans la chambre et Sansa se tourna vers la source de ce bruit. Lómion était assis devant la cheminée et fixait la jeune femme de ses grands yeux bruns. Il avait déjà bien grandi et avait même rattrapé son retard par rapport aux autres chiots de la portée. Il était un peu plus débrouillard, mais restait un bébé sans défense, même s'il prenait de plus en plus confiance en lui.
Sansa se tourna et ouvrit la malle contenant ses vêtements et sortit une robe d'un bleu nuit envoûtant. Elle mit alors plusieurs couches : robe de dessous, jupons, chemisier, corset, avant d'enfin glisser la belle robe sur son corps encore trop maigre. Ramsay s'habilla également, non sans continuer de fixer la jeune femme de son regard froid. Celle-ci sortit un linge de sa coiffeuse, carré et blanc, et non sans une gêne palpable due au fait que Ramsay l'observait, elle glissa le linge entre ses cuisses.
Puis, la jeune femme vint s'asseoir sur son fauteuil au bord de la cheminée et prit le jeune chiot dans ses bras, commençant à le flatter avec tendresse.
« Comptes-tu réellement le garder ici ? Où vas-tu enfin me laisser le remettre au Chenil ?
- Pour qu'elles le tuent ? Il en est hors de question ! Lómion est mon chien de compagnie. »
Ramsay soupira tout en observant le chiot sur les genoux de son épouse. Devait-il réellement être étonné d'un tel comportement ? La jeune femme avait élevé un loup géant lorsqu'elle n'avait que quinze ans à peine… Alors un limier… Quoi de plus normal ?
Elle s'occupait du chiot avec une douceur maternelle qui laissa Ramsay admiratif. Il avait toujours aimé les chiens, depuis son plus jeune âge. Son rêve était d'avoir un loup... Quelle ironie. Il avait d'ailleurs toujours mieux traité sa meute que les humains en général. Ses chiennes n'avaient pas peur de lui. Elles l'aimaient, pour ce qu'il était lui.
Délaissant le spectacle, il s'attaqua à refaire lui-même le lit. Et tandis qu'il réajustait les draps, une douce mélodie parvint à ses oreilles. Sansa chantonnait un air aux accords mélodieux qui le firent frissonner. C'était la première fois, depuis longtemps, qu'il entendait Sansa chanter. La dernière fois devait remonter à son arrivé à Winterfell. Il l'avait alors surpris en train de chantonner tout en se brossant les cheveux et déjà à l'époque, il avait apprécié.
« Regarde-moi maintenant.
Un rayon de lumière dans la dance de la lune.
Regarde-moi maintenant.
Je ne peux pas quitter cet endroit.
Écoute-moi maintenant.
Une chanson dans la forêt
Ne me demande pas
Pour te suivre là où tu veux me mener.1 »
Ramsay connaissait cette chanson issue des légendes Nordienne. Elle était extraite d'un conte à propos des anciens Dieux. Sa propre mère la chantait quand il était enfant. Lentement, il vint s'asseoir sur la chaise devant la coiffeuse, ses bras entourant le dossier. Il écouta son épouse chanter. Il aimait l'entendre chanter, elle semblait si libre en cet instant.
« Un jeune homme traversa la forêt.
Avec une fleur et un manteau vert
Son amour avait des cheveux tel le feu.
Ses yeux avaient un éclat émeraude.
Elle était faite de beauté.
Si jeune et si sereine.
Il se tenait là, sous le saule.
Et il lui donna la fleur jaune.
« Fille mon cœur, tu l'as capturé
O, je serais ton fiancé. »
Elle lui dit qu'elle ne se mariera jamais.
Ni maintenant, ni après, ni bientôt. »
La chanson parlait d'un jeune homme tombé éperdument amoureux d'une nymphe des forêts, une Dryade. La Dryade repousse l'homme qui la demande en mariage, d'abord avec gentillesse, plus fermement. Mais le chasseur reste obtus et revient avec une hache, coupant l'arbre abritant la Dryade, persuadé que c'est celui-ci qui retient la jeune femme prisonnière. Une fois l'arbre coupé, il oblige la jeune femme à le suivre, causant la mort de la Dryade désormais loin de sa forêt.
« Elle le suivit hors de la forêt.
Puis s'est effondré sur la terre,
Ses pieds n'avaient marché qu'une courte distance
Hors de la terre verte de sa naissance
Elle s'est évanouie en fleur
Qui fleurirait un soir lumineux.
Il ne pouvait pas prendre à la forêt,
Ce qui n'était censé partir. »
Ramsay ne put s'empêcher de faire le parallèle entre l'égoïsme de cet homme et le sien. Mais il chassa vite cette idée de son esprit tandis qu'il observait toujours la jeune femme. Elle était si tendre… Si belle...
Le silence gagnait peu à peu la pièce, un silence reposant que tout deux apprécièrent jusqu'à ce que Ramsay le brise avec douceur.
« Souhaites-tu réellement des enfants ? »
Il venait de poser cette question sans réellement s'en rendre compte. Il fut lui-même le premier surpris. Il n'avait pas l'habitude de parler sans réfléchir. Mais il était trop tard.
« Pourquoi cette question ? »
Sansa le fixait, surprise.
« Une question qui en vaut une autre… Non ? »
Il ne savait pas lui-même ce qu'il souhaitait savoir derrière cette question. Peu importait sa réponse, ils auraient un enfant. Ils n'avaient aucunement le choix. Mais il avait besoin de savoir…
« Bien sûr que je souhaite avoir des enfants. J'en ai toujours voulu. »
Ramsay ne répondit pas, il esquissa simplement un faible sourire avant de se relever de sa chaise et de se diriger vers elle. Il embrassa sa tempe avant de sortir de la pièce, sans un mot de plus. Tout s'était passé rapidement et Sansa resta troublée. Elle ne l'avait pas retenu. Elle savait que Ramsay n'était pas le genre de personne que l'on retenait, car l'on voulait en savoir plus. Il reviendrait plus tard, et lui dirait. Plus le temps passait, plus elle le connaissait.
Elle reposa le chiot au sol et alla s'asseoir à sa coiffeuse, commençant à brosser sa longue chevelure rousse. Ses pensées toujours tournées vers celui qu'elle avait épousé. Il pouvait se montrer si mystérieux, impénétrable. Et pourtant… Pourtant, lorsqu'elle regardait en arrière, leur relation avait terriblement changé déjà. Il changeait et cela était plaisant.
Une douleur vint broyer son bas-ventre. Sansa serra les dents et pressa un instant sa main sur celui-ci. La semaine allait être longue.
Au même moment, la porte s'ouvrit. Sansa ne fit guère attention à la personne qui rentrait et parla sans même regarder.
« Yvana, pourrais-tu m'aider à tresser mes cheveux s'il te plaît, je ne suis pas en état ce matin ?
- Bien sûr, Lady Sansa. »
La voix trop mielleuse et gentille de Myranda vint hérisser le poil de la jeune Stark qui contracta sa mâchoire tandis que la fille du Chenil venait se placer derrière elle, commençant à tresser sa chevelure en une tresse épaisse.
« Qu'est-ce que tu fais là, Myranda ?
- Yvana était occupée en cuisine, et lorsque j'ai croisé Lord Ramsay dans les escaliers, je me suis dit qu'il était peut-être temps de vous aider à vous préparer.
- Ce n'est plus ton rôle.
- Je ne voulais que vous rendre service, Sansa. »
La poigne de la jeune servante se fit plus dure sur les cheveux de Sansa qui serra un peu plus les dents. C'était elle qui avait insisté pour que Ramsay ne la renvoie pas à Fort-Terreur. Par pure fierté. Elle voulait prouver à Myranda qu'elle avait tort, que Ramsay Bolton était un homme comme les autres : manipulable. Mais en cet instant, elle le regrettait amèrement.
« Comment était votre nuit ? »
La jeune Stark ne put retenir un soupir tout en rougissant.
Elle était parfaite.
Elle se haïssait terriblement d'avoir aimé, mais cela ne pouvait être autrement. Et la jeune Stark se surprit un instant à imaginer un futur stable avec le Lord. Peut-être que tout n'était pas perdu ?
Mais bien vite, la Nordienne revint à elle et plante son regard azur dans les prunelles noisette de la jeune femme derrière elle.
« Pourquoi cette question ? »
La voix de Sansa se voulait assurée, tranchante. Mais cela n'eut pas l'air d'impressionner Myranda qui posa simplement ses mains sur les épaules de la Lady. Un sourire trop grand et bien trop malicieux étirant ses lèvres.
« J'ai vu Schlingue brûler des draps plein de sang dehors… Lord Ramsay vous aurait-il fait encore souffrir ? »
Sansa écarquilla les yeux de stupeur, se souvenant avec douleur des paroles de Ramsay. Elle ne devait rien dire à Myranda. Si elle pensait que son mari l'avait torturé, alors elle devait rester sur cette idée…
« Cela ne te concerne pas Myranda ! »
Les larmes montèrent aux yeux de Sansa sans qu'elle ne puisse le contrôler. Cela confirma les pensées malsaines de la fille du Chenil tandis que la Stark imaginait déjà Lord Roose Bolton s'inviter dans son lit.
« Je peux demander à Mestre Wolkan de venir vous soigner, si vous le souhaitez.
- J'irais le voir si j'en ressens le besoin. »
Myranda lâcha les épaules de la Lady et se dirigea vers la porte, son sourire malsain toujours collé aux lèvres.
« Souhaitez-vous faire quelque chose de particulier, Lady Sansa ? »
Sansa se sentait horriblement mal à l'aise. D'un geste vague, elle balaya la question de Myranda avant de se lever à son tour.
« Je souhaite rester seule. Je ne me sens pas bien. »
La fille du Chenil fronça les sourcils un instant avant de rire :
« Comme vous voudrez. »
Et sans un mot de plus, la brunette disparut dans le couloir. Sansa fixa un instant la porte et hésita même à la fermer à clé. Le doute s'insinuait en elle. Elle ne pouvait faire confiance à personne cette semaine. Elle devait garder le secret. Et tandis que ses doigts se perdirent un instant sur son bas-ventre douloureux, ses pensées se stoppèrent. Son cœur s'accéléra. Et elle vint mordre sa lèvre inférieure avec violence.
Et si…
Et si tout cela n'était qu'un nouveau jeu pervers de Ramsay ?
Depuis quand lui faisait-elle confiance ?
Ramsay était tout. Tout, sauf digne de confiance.
Elle était tiraillée, entre le doute et la raison. Elle avait réellement vu dans les yeux de son époux de la peur. Elle en était certaine. Mais Ramsay n'était-il pas simplement bon comédien ? Le lord Roose Bolton, était-il réellement capable de violer la fille de l'un de ses plus vieux compagnons de guerre ? …
Après tout, même si les Bolton et les Stark furent de tout temps en rivalités, personne ne pouvait nier qu'un profond respect liait Eddard Stark et Roose Bolton…
Sa gorge se noua avec violence. Roose Bolton avait violé sans aucun état d'âme la mère de Ramsay. Il avait tué Robb... Le fils de l'un de ses plus vieux compagnons de guerre... Alors la fille...
Mais Ramsay… Ramsay avait fait des choses bien pires encore… En témoignait les cicatrices qui jonchaient son corps. Le simple souvenir de la lame de son poignard contre sa peau la fit frémir de terreur. Depuis qu'elle avait monté son plan pour que Ramsay soit son allié, Sansa avait quelque peu éludé tout cela… Tous ces souvenirs qui pourtant la hantaient dans son sommeil.
Elle se leva fébrilement, ferma la porte à double tour avant de prendre Lómion dans ses bras et retourner se coucher dans son lit. Une foule de sentiments contradictoires et de pensées angoissantes se bousculaient dans son esprit, et les crampes poignardant son ventre la faisaient horriblement souffrir. Elle rêvait d'être ailleurs. Ou alors, simplement, retourner à ce matin, au chaud… Dans ses bras… Et se rendormir.
Sansa secoua violemment la tête, chassant cette image de son esprit. Elle devenait définitivement folle… Rêver pareille chose n'était pas possible.
Lómion vint se blottir un peu plus au creux de son ventre et ne bougea plus tandis que sa maîtresse poussait un soupir à fendre l'âme. Cette semaine allait être des plus compliquées.
La semaine s'écoula avec une lenteur angoissante. Mais un nouveau lien se tissa entre Sansa et Ramsay. Tous deux apprirent à se faire confiance. Le Lord dormait peu et ne laissait personne s'approcher de sa femme. Cela n'éleva pas les soupçons, tous pensèrent que le bâtard de Lord Roose Bolton avait fait subir des mutilations abominables à la jeune femme et qu'il la gardait cachée le temps qu'elle guérisse.
Le peu d'apparition publique que la jeune femme faisait, était méticuleusement orchestré par Ramsay. Elle ne sortait qu'avec lui, emmitouflée dans un immense manteau de fourrure noir. Elle était pâle, fatiguée. Et pourtant… Cela n'avait aucun lien avec les actes de son époux. La jeune femme était simplement rongée par l'angoisse. Mais seuls les regards les plus perçants avaient remarqué que le Lord lui-même semblait plus maigre, fatigué. Ses yeux glacials étaient cernés, sa barbe mal rasée et il semblait continuellement sur ses gardes.
Ramsay ne dormait que très peu. Il brûlait lui-même les chiffons ensanglantés de son épouse et prenait toutes les précautions possibles et imaginables pour que personne ne sache l'état de Sansa. Lord Roose Bolton n'eut l'air de se douter de rien, celui-ci quitta même Winterfell durant quelques jours pour rejoindre Fort-Terreur. Mais Ramsay ne baissa nullement sa garde, sachant que son père avait des yeux et des oreilles partout.
Sansa, quant à elle, vivait entre le passé et le présent. Revivant avec une amertume non dissimulée sa vie à la cour de Port-Réal. Mais quelque chose lui réchauffait le cœur. Une pensée malsaine qu'elle tentait tout bonnement d'étouffer. Jamais, à la cour, elle n'avait eu pareil allié.
Elle savait que Ramsay ne faisait cela que par pur égoïsme, qu'il ne voulait pas que son père touche à son épouse et la mette enceinte de son enfant. Mais il était de son côté. Et c'est tout ce qui comptait aux yeux de Sansa.
En ce jour de veille de pleine lune, les saignées de Sansa avaient cessé. Et tandis qu'elle donnait une énième chevrette à Lómion, la jeune femme sentait l'impatience la ronger. Ramsay allait bientôt arriver et elle pourrait enfin lui dire. Tous deux, seraient libérés de ce poids et ils reprendraient une vie normale. À peine eut-elle rincé la corne, que la porte s'ouvrit sur son époux. Celui-ci semblait éreinté, lentement, il s'approcha du lit sans même poser un regard sur Sansa et se laissa tomber dans les draps tout en poussant un soupir d'épuisement.
« Schlingue va apporter à manger.
- Bien. »
Sansa se leva et se dirigea vers Ramsay, un sourire presque enjôleur sur les lèvres. Elle était épuisée également, mais le simple fait d'annoncer à son époux qu'ils avaient réussi à garder le secret lui donnait une énergie débordante.
Avec délicatesse, elle s'installa à ses côtés et passa sa main dans ses cheveux bruns. Un geste tendre, auquel, ni l'un, ni l'autre n'était habitué. Ramsay poussa un grognement de contentement tandis que Sansa laissait ses doigts glisser le long de son visage avant de caresser sa gorge.
Le Lord soupira un peu plus, tandis qu'elle continuait à descendre, ses doigts, désormais parcourant le cuir de son plastron avant d'atteindre son pantalon. Ce fut à cet instant que Ramsay vint saisir sa main. Tout se passa extrêmement vite, et Sansa se retrouva plaquée contre son lit, Ramsay lui maintenant ses mains au-dessus de son visage. Leurs regards se lièrent et la voix rauque du Lord résonna dans la pièce.
« Je risque de ne plus répondre de rien. Peu importe tes idéaux idiots. »
Et contre toute attente, la jeune femme éclata de rire tandis que Ramsay la regardait, hébété.
« C'est fini. »
Il comprit immédiatement de quoi la jeune femme parlait et cela lui arracha un sourire. Sans même se retenir, le Lord se laissa tomber à côté de son épouse et lui-même éclata de rire. Un rire nerveux où se mélangeaient son soulagement et sa fatigue. Ils rirent ainsi, ensemble, durant quelques minutes avant que l'un, comme l'autre ne sente le contre-coup de cette semaine épouvantable. Les yeux de Sansa commencèrent à la brûler tandis que Ramsay bailla à s'en décrocher la mâchoire.
Ils furent sortis de leur torpeur par Theon qui entrait avec un panier empli de nourriture qu'ils ne touchèrent même pas. À peine le bouc émissaire de Ramsay avait-il fermé la porte que celui-ci referma les yeux. Sa respiration calme et tranquille témoignait qu'il s'était endormi, l'esprit serein. Sansa avait fait l'effort de se relever, avec le plus de douceur possible, elle lui avait enlevé ses bottes et délassé son plastron. Puis, elle avait elle-même revêtit sa chemise de nuit avant de se glisser sous les draps. Ils mangeraient plus tard, ou peut-être demain… Pour l'instant, ils avaient grand besoin de sommeil.
Avant de s'endormir, la jeune femme vint joindre ses mains en dessous de son menton et adressa une prière silencieuse à la Mère. Il fallait qu'elle tombe enceinte.
Puis lentement, elle vint se blottir un peu plus contre Ramsay, s'endormant à son tour. Cette expérience pour le moins angoissante avait permis à la jeune femme d'apprendre à faire confiance à celui qui partageait sa vie. Elle ne lui confierait aucunement sa vie. Loin de là. Mais elle savait désormais qu'il ne se jouait plus d'elle à travers des jeux malsains.
1 « The Willow Maid ~ Erutan (Kate Covington) ~ Chanson extrait de l'album "Raindancer"
