Chapitre 390 : The Red Ribbon Army
"Il faut que je la vois. Il faut que je lui parle." s'entêtait Trunks.
"Trunks, non. Oublie une telle folie, mon fils !..." l'attrapant par les bras. "Elle a choisi son camp."
"Ce monstre la tient prisonnière de ses filets."
"Trunks, écoute-moi !..."
Trop tard. Le guerrier venait d'attraper sa veste pour quitter la base.
"Rachel !" m'interceptant alors que je passais par là, seule.
"Trunks ?! Qu'est-ce que tu fiches ici ?!"
"Il fallait que je te parle !..."
"Tu prends des risques énormes, Trunks !... Allez, dégage avant que 17 te tombe dessus !..." me défaisant de son emprise.
"Rachel, je sais qu'il te force !..." serrant le poing.
Je le fixe, clignant plusieurs fois, totalement incrédule.
"Il exerce sur toi un chantage pour que tu restes avec eux, j'en suis sûr !..."
"Trunks... tu délires totalement..."
"Viens avec moi, nous trouverons une solution pour les détruire et ramener la paix sur Te..."
"ABRUTI !" le poussant des deux mains sur son torse, l'éloignant de plusieurs mètres.
A son tour d'être surpris.
"T'as rien compris, Trunks !... J'aime 17 ! Je l'aime, tu m'entends ?! Nous sommes issus de la même technologie, nous avons eu le même parcours !"
"Ra... chel..." comme frappé par la révélation.
"Nous haïssions Gero pour ce qu'il nous a fait !"
"Mais... je..."
"Nous étions faits pour nous retrouver ! Et ça, même toi tu ne peux le changer !..."
Je les observe tour à tour. Je sais de quoi ils ont été faits ; plus aucun organe interne ne subsiste, tout a été remplacé par une technologie de pointe. La plus grande prouesse technologique demeure ce cœur thermonucléaire capable de générer autant d'énergie que nécessaire - régulière pour assurer l'apport en continu, capable de monter en puissance en cas de lutte. L'organe a d'ailleurs conservé sa jolie forme d'origine, totalement étanche et merveilleusement ciselée, relié par des aortes artificielles parcourant tout le corps, disséminant l'énergie là où elle est appelée.
Le cerveau aussi a bénéficié de l'implant de plusieurs processeurs de pointe, capables de scanner, d'analyser et de décrypter les données.
Leurs os ont été renforcés jusqu'à les rendre plus solides que le meilleur des alliages grâce à des injections d'un minéral spécial.
Gero a effectué un travail remarquable. Et même si nous le haïssions, il faut rendre gloire à son génie visionnaire.
Nous avons été programmés pour durer. Et décimer. Cela ne fait aucun doute.
Pourtant, il nous a laissé nos émotions... ceci demeure assez incompréhensible. Ou bien n'était-il pas parvenu, malgré la cybernétisation, à totalement éradiquer nos sentiments humains ?... Il est vrai qu'il n'a jamais été déterminé avec précision ce qui se révélait être le centre des émotions humaines.
17 n'a pas choisi de m'aimer. Ça lui est tombé dessus !...
Il s'en accommode. Et par moments même, il le savoure.
18 se pose en face de son frère. Des deux, c'est elle l'aînée.
"C'est marrant de te voir comme ça, 17."
"Comme ça comment ?"
"Amoureux."
Petit sourire de 17. "J'espère que ça crève pas trop les yeux."
"Ooooh si." sur un sourire similaire. "Mais pour ça, il faut bien te connaître. Ce que les résistants n'ont guère le loisir d'expérimenter."
"Tant mieux. Tu me vois faire des confidences à Trunks ?" amusé tant l'idée lui paraît saugrenue.
Elle hausse les épaules. "Vous parlez pas de ça en général entre mecs. Surtout si la fille en question n'est pas un plan d'un soir."
17 croise ses mains derrière la tête, s'adossant dans le canapé, une jambe ramenée sur l'autre.
"T'as toujours été discret sur tes conquêtes, 17."
Petit sourire du cyborg. "Toi aussi."
"C'est vrai. A croire que nous avons notre jardin secret sur le sujet."
"Perso, j'ai vraiment pas envie de connaître les détails de tes amourettes, 18."
"Moi non plus des tiennes, abruti." tendre.
"Par contre, je me demandais ; pourquoi a-t-il conservé nos sentiments ? Ne voulait-il pas faire de nous des machines de guerre ? Alors pourquoi s'embarrasser ?..."
"Aucune idée. Peut-être que 15 a un avis sur la question."
"15... punaise, j'arrive pas à digérer c'que ce salaud lui a fait." serrant le poing sur sa cuisse.
"Je comprends. Surtout que tu étais directement impliqué, c'est ça ?"
"Apparemment. Il menaçait de me faire sauter si elle n'obtempérait pas. Le chien..." dégoûté.
"Il avait capté alors... qu'elle tenait déjà à toi. Honnêtement, t'as du bol d'y avoir échappé. A mon avis, le vieux n'aurait pas hésité longtemps. Et ça, 15 le savait."
Cette façon de me regarder, caressant mes cheveux de manière lente et régulière, songeant à mon calvaire. Tout son corps se révulse à l'évocation ; le malaise lui est viscéral.
"Parfois je me dis... que tu aurais dû refuser. Tant pis s'il m'avait fait sauter."
Je le fixe, passant mes doigts entre les siens. "Tu n'es pas sérieux ?..."
Il soupire. "Il t'a détruite. Il n'en avait pas le droit." amer.
Je passe sur le dos, tête reposant contre son flanc. "Il m'a détruite mais toi, tu me répares." admirant nos mains jointes, doigts passés les uns entre les autres. "L'histoire s'est écrite ainsi et nous n'y changerons plus rien."
"J'aurai dû... le faire crever plus lentement. A petit feu."
"Ce n'est pas ton genre, 17."
"Hey, j'aurai été foutu de me montrer très imaginatif pour le coup, je t'assure !..."
"Shh." me retournant sur le ventre, allant capturer ses lèvres. "Tu as fait ce que tu avais à faire. Et tu l'as très bien fait."
Nous conservons un œil sur la mère de Trunks, Bulma. Cette fille, dont le père était un inventeur de génie, a hérité des gênes paternels.
18 nous revient avec une information capitale qui menace notre survie : Bulma est en train de tenter de fabriquer un désactivateur semblable à celui utilisé par Gero.
17 serre le poing, furieux. "Pour commencer, nous allons couper ses réseaux d'approvisionnement."
"Bonne idée !..." le félicite 18.
"Sans matière première, la tâche lui sera plus ardue." dis-je.
"Puis nous lui rendrons une petite visite de courtoisie." sourit 17, sadique.
17 laisse Trunks le frapper droit dans l'estomac. Coup de genou s'ensuit, envoyant valdinguer le résistant dans le décor.
"Je t'ai déjà connu plus en forme, Trunks." cynique.
Bulma est tétanisée. Je crois que c'est la première fois qu'elle côtoie 17 et 18 d'aussi près !...
"Comme ça, la technologie des cyborgs t'intéresse ?..." questionne 18 tout en s'approchant, attrapant un plan qu'elle déchire de haut en bas. "Tu n'aurais pas envie de nous disséquer l'un après l'autre pour t'approprier le savoir du salaud qui nous a donné naissance, des fois ?..."
Trunks se dégage et charge à nouveau.
"On discute." s'agace 17, levant la main pour lui adresser une monumentale salve d'énergie, l'éloignant de plusieurs mètres, revenant à notre interlocutrice. "J'ai entendu dire que tu avais l'intention de reproduire un boîtier de désactivation..." évitant soigneusement le sujet du détonateur susceptible de faire exploser leurs bombes internes - sujet que le scientifique a, fort heureusement, emporté dans sa tombe.
Elle se tasse, dos heurtant le mur.
"Je trouve l'idée terriblement mauvaise." annonce la voix de 17 qui vient de prendre un timbre particulièrement sec. "Je suppose que c'est ton seul labo, ici. Si nous détruisions tout, qu'en penses-tu ?..."
"Je trouve l'idée excellente." affirme 18.
Trunks, qui vient de recouvrer ses esprits, charge à nouveau 17. Ce dernier le fait basculer sur son dos et le projette par la fenêtre, qui se brise en morceaux, atterrissant en contrebas.
17 s'époussette les mains. "Bien. Maintenant que c'est réglé..." levant la main pour délivrer la première salve qui réduira le labo en cendres.
"Pourquoi l'avoir laissée en vie ?" peste 18. "Tu deviens sentimental, 17."
"Détends-toi. Ça n'a rien à voir avec du sentimentalisme."
"Alors quoi ?!" croisant les bras, mécontente.
"Je te l'ai déjà dit : éliminer tout le monde est dénué de sens. Avec quoi nous amuserions-nous lorsqu'ils auront tous lamentable crevé ?"
"Quel gamin !..." se laissant choir sur le canapé, bras passés derrière sa tête, jambes croisées.
17 hausse les épaules. "T'es de mon avis, 15 ?"
"Si tu les laisses en vie c'est que tu as une raison, 17."
"Le seul que je souhaiterai voir revenir à la vie pour mieux pouvoir le tuer, c'est Gero." regard traversé par un éclat meurtrier.
"Quelle catastrophe..." soupire Bulma devant son matériel réduit à l'état de cendres. "Plus rien n'est à sauver."
"Plus grave encore, nous avons une taupe parmi nous." grimace Trunks.
"Les cyborgs peuvent très bien en avoir entendu parler, Trunks. J'imagine que leur ouïe est très fine. Peut-être même sont-ils sensibles aux vibrations de nos voix."
"Damned... MONSTERS !" fracassant un pan de mur.
"Tiens, tiens. On dirait que tu as retrouvé ton mordant, Trunks."
"LA FERME, CYBORG !" le chargeant.
Esquive.
"La vitesse reste à améliorer, cependant." moqueur.
"Tu vas me rendre tout ce que tu m'as pris !"
17 pose ses mains sur les hanches, sourire affirmé. "Nous en sommes donc toujours là ?" sur un soupir. "Ça ne rentre pas dans ton p'tit cerveau, hein ?"
"JE L'AIME !" serrant le poing.
"La belle affaire." narquois.
"J'ignore de quelle façon tu t'y es pris pour lui monter la tête... certainement pas de la manière la plus honnête qui soit !"
"Je te laisse l'imaginer, Trunks." peu désireux de s'attarder sur la façon dont ça s'est joué entre nous.
"Tu ne pourras jamais atteindre ce que nous avons partagés, elle et moi !"
"Vraiment ?... Dois-je te rappeler qu'elle est de la même trempe que nous ?... Et toi, nigaud, tu n'as rien remarqué. C'est ça le plus drôle, tu vois, Trunks."
"ÉCRASE !" lui projetant une salve que le cyborg fait dévier d'un mouvement de bras.
"Bel effort. Conserve donc ton énergie, Trunks. Tu vas en avoir besoin pour ce qui t'attend. Et ce que je compte te faire endurer."
"Toi..." l'attrapant par le passant de sa ceinture, l'approchant. "Tu es allé t'amuser avec celui qui te montre la plus farouche résistance." humant les particules énergétiques de Trunks.
Petit sourire. "J'ai beau lui expliquer et lui réexpliquer la leçon... il est buté dans son genre."
Je me colle à lui, bassins en contact, levant les mains pour les passer dans ses cheveux sombres, glissant les mèches derrière ses oreilles, découvrant les anneaux qui ornent les lobes.
"Le fait qu'il m'aime encore te dope, 17."
Il pose les mains sur mes hanches, me pressant davantage contre lui. "Je te l'ai dit : la leçon refuse résolument de rentrer."
"Tu te fais pourtant fort de la lui répéter encore et encore."
"Je vais finir par me lasser. Si ce n'était pas pour la bonne cause." m'affichant ce sourire avant d'avancer les lèvres dans une invitation manifeste au baiser avant de dévier au dernier instant, joueur.
"You !..." capturant son visage entre mes mains pour le forcer à y revenir.
Envoûtant. Tournoyant. Et assurément chaud.
Je m'en pourlèche lorsqu'il quitte lentement ma bouche.
Il me fixe contre le mur, me hissant sur ses hanches, pieds noués autour de sa taille.
Debout ?... Hmm. De plus en plus ambitieux !...
Les baisers reprennent, tout aussi appréciateurs de l'effet que nous nous faisons.
Ça vient de déraper comme l'annoncent ses baisers de plus en plus expressifs, geignements naissant au creux de sa gorge.
Mes mains s'emploient à défaire la ceinture de son jeans, ouvrant le bouton pour le dézipper, ceinture du holster remontée d'un cran, pour le faire saillir et caresser cette colonne de chair palpitante sous mes attentions, le faisant suffoquer de plaisir.
Il remonte ma jupe et me défait, prêt à s'inviter, moiteur ne faisant guère défaut.
Nous nous regardons alors qu'il avance très lentement en moi, expressions se froissant lorsque la sensation se fait aiguë.
Je lève le menton lorsqu'il bute enfin au fond de moi, m'accrochant à lui par la nuque et les épaules, bouche lâchant des appréciations à son oreille percée.
Nous sommes tant électrisés qu'il suffira de peu.
Il bouge, lentement d'abord puis tout s'accélère, orgasmes finissant par éclater, salués par nos voix déployées.
J'ai déjà vu certains civils, acculés, se servir d'armes pour viser et tirer sur 17.
Évidemment le bouclier instantané du cyborg le préserve de ce genre de tirs. Et il ne rechigne pas à s'avancer jusqu'à son assaillant, dégainant lui aussi pour placer le canon de son Colt M1911 sous le menton de sa victime, lui demandant s'il a une dernière parole à lui adresser avant de quitter ce monde.
Petit jeu de regards lorsque mes jambes viennent frôler celles de 17, posées sur la table basse.
"Bon. Avec quoi va-t-on s'amuser aujourd'hui ?"
"Humpf. J'en connais une qui a déjà une idée en tête." rétorque 18 en me fixant. "Enlevez-moi d'un doute : ce genre de jeu ne se pratique généralement pas sous la table ?"
"On revisite." dis-je. "Puis bon, ton frère a plus souvent les pattes sur la table que dessous, faut avouer, donc je m'adapte."
18 pouffe. 17 affiche un petit sourire.
"Je trouve ça plus confortable comme ça."
"Toi, de toute manière, tout ce qui est conventionnel te passe par-dessus la tête." renchérit sa sœur.
Mes deux merveilles...
La nuit où Gero les a ramenés au labo, inconscients, les déposant tour à tour sur la table d'opération en déclarant que voilà du nouveau matériel, mes émotions ont été à leur paroxysme. Ce qui m'a sauté aux yeux a été la chevelure ébène de 17 éparpillée sur la table.
Quelle vision !... A la fois dramatique et de toute beauté.
"15, aide-moi à les déshabiller."
Mes mains ont été tremblantes. Celles de Gero sans aucune douceur.
J'ai pris soin de détourner le regard devant leur nudité qui s'affichait à la lumière crue du projecteur géant de la salle.
"Bien. Je vais en faire des œuvres comme jamais il n'en a été vues." se congratulait Gero, poings sur les hanches. "Tu vas m'y aider, 15."
J'ai effectivement mis la main à la pâte avant de m'enfuir. J'ai assisté aux interventions les plus cruciales ; celles du remplacement des organes internes et de la suppression du système veineux.
Le moment où Gero a donné l'impulsion aux générateurs thermonucléaires m'a fait penser à une scène digne de Professeur Frankenstein et il y avait beaucoup de cela !... Je crois même qu'un orage a éclaté dehors à ce moment-là.
Cet instant où les yeux des sujets se sont ouverts - d'un azur pale, le tout teinté par la puissance nucléaire des générateurs.
Il a fallu également modifier le cerveau pour qu'il puisse gérer les ondes d'un matériel aussi puissant.
Le réveil et l'onde de déclenchement ont fait sursauter les deux corps dans une grimace de douleur violente.
Gero était là, tout à son excitation, se frottant les mains. "Vous voilà enfin, mes instruments de vengeance !..." extasié.
Les choses pourtant ne se sont pas exactement passées comme Gero l'avait escompté. En effet, ayant conservé leurs souvenirs et leur caractère rebelle, les deux cyborgs, à présent surpuissants, ont commencé à se mutiner, réfractaires aux ordres, menaçant la vie de Gero lui-même. Ce dernier n'eut d'autre choix que de les désactiver, les plaçant dans un sommeil artificiel visant à s'en préserver.
Les ambitions vengeresses de ce cruel scientifique ont ainsi été coupées en plein vol par ses propres créatures.
Je me fais une place au creux du bras de 17.
"Ah non ! Toi, tu viens avec moi en shopping, 15 !" m'attrapant par les deux mains pour me tirer de là.
"Hein ?" une fois debout. "... dans quelles boutiques ? Nous avons tout dévasté ici !..."
Elle rit et hausse les épaules. "Il existe d'autres villes épargnées, tu sais. Pour le moment..." sur un clin d'oeil taquin. "Tu viens aussi, 17 ?"
"Not interested." se choisissant un magazine.
