Les cernes se creusaient sur les joues d'Hermione, Spencer le voyait, Aaron le voyait, tout le monde s'en apercevait. La jeune femme était allée chercher Jack à l'école la veille, ils avaient passés la soirée dans son appartement à manger des pizzas face à des jeux de société, accompagné de plus de sucrerie et soda que le garçon en avait vu de sa courte vie.
Elle était parfaitement consciente de ne pas pouvoir le revoir de la semaine, la pleine lune approchait et son humeur se dégradait. Son caractère devenant plus impulsif et violent. Pour preuve : elle hurla sur un pauvre homme qui la bouscula dans la rue sans le vouloir.
— Cette journée commence mal, marmonna-t-elle en arrivant au bureau trois thermos de chocolat chaud dans son sac perlé.
Un mal de tête la gagnait. Ses collègues pensaient sans doute qu'elle ne se faisait pas à ce nouveau travail, qu'elle galérait mais c'était mal connaître Hermione qui finissait ses dossiers avec une rapidité déconcertante et en réclamait toujours plus. Il lui arrivait même de voler quelques feuilles sur le bureau d'Aaron pour lui permettre de rentrer plus tôt.
Déjà prête à travailler, Emily la salua rapidement tout en tournant la cuillère de son café. Hermione gagna discrètement le bureau à côté du sien, un homme y buvait son énième café, le septième si la sorcière se tenait au nombre de tasse empiler à la perfection.
Une paire de main bouillante couvrirent les yeux de Spencer en ce si beau matin, surprit il leva à peine la tête pensant que Derek lui faisait encore une plaisanterie. Il reconnut alors le parfum de la jeune femme derrière lui.
— Joyeux anniversaire, souffla-t-elle à son oreille. Je te proposerai bien de te payer un café mais tu dois en avoir eu assez pour la matinée.
Le profileur se retourna, la brune souriait doucement prête à affronter une nouvelle journée. Elle se plaisait tant ici, l'action lui avait manqué et ses compétences magiques lui permettaient de trouver des indices inespérés durant leur mission. Inconscient des regards de l'ensemble de leur équipe sur eux, Spencer saisit ses mains pour vérifier une chose : c'était bien ce qu'il lui semblait la température corporelle d'Hermione était plus haute que d'ordinaire
D'un point de vue extérieur ce geste parut romantique mais la jeune femme reconnaissait le léger rictus de son ami et ce qu'il impliquait.
— Tu as de la fièvre ? s'inquiéta immédiatement celui-ci.
— Non pourquoi ? Je me sens très bien, éluda Hermione.
Un mensonge bien entendu. Elle savait qu'elle n'aurait pas du veiller tard surtout dans cette période du mois : ses règles et la pleine lune avaient décidés d'interférer dans sa vie en même temps. Pour le peu que son utérus lui donnait des menstruations une à deux fois par ans, merci Dolohov (notez l'ironie), les deux facteurs d'irritabilité ensemble la rendait malade.
— Avons-nous tellement de contact docteur pour que vous saisissiez la moindre différence de température sur ma peau ? le taquina-t-elle.
Spencer vira pivoine et un doux rire s'échappa des lèvres de la jeune femme. Ce son était dorénavant son préféré. Travaillant chacun sur leur dossier, l'équipe releva la tête lorsqu'Aaron débarqua pour leur annoncer une nouvelle affaire. En moins de vingt minutes, JJ, Emily, Derek, Spencer, Hermione, Aaron et David se retrouvèrent dans l'avion prêt à partir.
Hotch était très heureux de travailler avec sa sœur, d'accord elle se mettait en danger mais il pouvait garder un œil sur elle et Mignonne cessait de s'ennuyer. Elle s'entendait bien avec l'équipe, Pénélope, JJ et Derek gardaient une certaine méfiance envers elle : ils avaient fouillés l'ordinateur de l'analyste pour effectuer une vérification. Aaron le savait car ils étaient tout trois venus catastrophés dans son bureau ne pouvant rien trouver à son sujet. Ce à quoi le responsable avait répondu : « son passé est scellé, vous ne trouverez rien cela fait partit du principe du MI5 ».
Hermione se débrouillait comme une chef avec l'équipe, ses échanges d'idées étaient toujours pertinents quant à ses aptitudes de terrain tous savaient reconnaître l'expertise de l'ex-soldate.
Les membres du BAU se trouvaient à l'hôtel, en trois jours d'investigations ils n'avaient pas réussit à débusquer leur suspect. La tension grimpait d'un cran à chaque nouvelle journée, Hermione tournait en rond dans sa chambre. Incapable de trouver le sommeil, les feuilles du dossier placardaient sur les murs, elle maudissait l'apogée de la pleine lune du lendemain soir dont les effets affectaient directement sa manière de réfléchir.
TOC-TOC.
Baguette en main, la sorcière manqua d'exploser la porte de sa chambre sous la surprise. Aaron n'attendit pas son autorisation pour entrer et le spectacle qu'il découvrit le laissa pantois. Hermione d'habitude si organisée vivait dans un bordel inimaginable, la chambre d'hôtel n'était pas saccagée mais les griffures le longs des avant-bras de la jeune femme indiquait clairement son besoin d'un défouloir.
— On doit parler, annonça-t-il.
À l'extérieur des petits curieux se plaçèrent derrière la porte tel des enfants de quatre ans en quête de bonbons. Hotch fit asseoir la jeune femme sur le lit, celle-ci se releva immédiatement pour faire les cents pas : elle était incapable de rester en place.
— Hermione… Explique toi, tu es invivable depuis hier et Reid vient de me dire que tu étais malade.
Prentiss, Morgan et le dit Reid revenait de la machine à café lorsqu'ils avaient vu le patron pénétrer dans la chambre de Granger, le second entraînant les deux autres ils se trouvaient à les épier.
— Je ne suis pas malade ! cria-t-elle presque.
— Ta chambre est un bazar monstre, même gosse tu ne mettais pas autant de bordel ! Tu es hyperactive alors que je ne t'ai pas vu boire une tasse de café depuis 3 jours, Jack m'a dit que tu as effrayé le chien des voisins lorsqu'il s'est approché trop prêt et que tu as lui a grogné dessus… Ne parlons même pas de tes yeux. Est-ce que tu te drogues ?
— Aaron tu ne peux rien faire, soupira Hermione. D'habitude je me mets sous calmant à la pleine lune mais avec l'affaire je ne peux pas me permettre de prendre de grosse dose, je ne veux pas vous ralentir et puis je dois rester un minimum alerte pour Harry, on approche du 31 et je sais qu'il va cauchemarder toute la nuit donc je dois être prête à aller là-bas pour l'aider.
— De quoi elle parle Reid ? le questionna Prentiss à l'extérieur.
— Aucune idée, avoua-t-il les sourcils froncés. Harry est son meilleur ami, ils ont vécu pas mal de chose ensemble et ils se s'entraident mutuellement avec leurs problèmes d'insomnies.
Ce déferlement d'information ne collait pas, Hermione semblait bien plus proche d'Hotchner qu'elle ne le laissait paraître, l'homme de très nouvellement trente et un an se demanda pourquoi Harry devait faire plus de cauchemars à l'approche d'Halloween.
— Mignonne, tenta de raisonner Aaron. Ce n'est pas toi qui me tannais pour arrêter de te couver ? Tu fais la même chose avec ton ami.
— Tu ne comprends pas, ses parents ont été assassinés le 31 octobre ! Notre amitié à commencer le 31 octobre, les premiers signes d'attaque à l'internat on débuté le 31 octobre, il a été choisit pour la coupe des trois champion un trente et un octobre, les manges-morts se sont échappés de prison un 31 octobre et tu m'as mise dans ce putain d'avion un 31 octobre Aaron ! Je suis sa dernière famille, je ne l'abandonnerai pas à son sort comme les nôtres l'ont fait.
De quel avion parlait-elle ? C'était une grande question.
— Tu ne penses pas clairement… entendirent-ils Hotchner.
— Non je n'y arrive pas, j'admets je n'aurais pas du venir, je sais j'aurai du… tenter de devenir bibliothécaire ? Au moins mon absence au bureau ne paraîtrait pas suspecte mais là, là j'ai envie de sortir, de trouver notre homme, de l'emmener dans le sous-bois pour lui arracher les deux bras et me repaître de son estomac. J'arrive pas à me poser plus de cinq seconde.
— Ça devient bizarre, murmura Derek aux deux autres.
— Je ne crois pas qu'Hermione apprécierait que l'on écoute sa conversation, Spencer remarqua un peu plus fort.
Par ses sens, la jeune femme cessa tout mouvement dans la pièce alarmant son frère aîné qui fronça les sourcils. Aussi excitée qu'elle était, elle n'avait pas fais attention à son environnement et sa magie ne sentit pas les petits fouineurs à sa porte.
— Qui a-t-il ? demanda Aaron.
— Problème de fourrure, annonça Hermione en désignant les cicatrices sur son dos.
Aaron sembla comprendre de quoi elle parlait, ce qui n'était pas le cas des trois intrus. Derek était sur le point de filer en catimini lorsque la voix féminine de sa collègue claqua :
— Spencer c'est toi ? interrogea Hermione reniflant l'air.
Son ami fit signe aux deux agents de partir rapidement et ouvrit timidement la porte, en effet comme Hotch le disait la chambre de la jeune femme était un véritable capharnaüm.
— Bonsoir, je pensais que tu apprécierais un peu de chocolat chaud. J'ai remarqué que tu en buvais beaucoup ces derniers jours. Hotch ? Excusez-moi j'interromps quelques choses ? demanda le Dr mimant la surprise.
— J'allais y aller. Essayez d'être plus prudente avec votre… problème Granger.
— Compris Mr, je ne vous décevrais pas.
Hermione sourit face aux deux gobelets de son ami, il avait pensé à elle et cela l'apaisa l'espace d'une seconde. Aaron prit la fuite, leur souhaitant une bonne soirée tandis que Spencer pénétra dans la pièce.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— Pitié, je crois que si encore une personne me pose la question vous devrez émettre mon profil docteur.
À ces mots, la jeune femme s'affala sur son lit, seul endroit épargné par les feuilles en tout genre qui gisaient dans la pièce. Un pied après l'autre, prenant garde à ne pas brusquer le fragile équilibre de cette chambre en bordel, Spencer atteignit le lit et s'assit près de la brune. Elle accepta le chocolat chaud avec plaisir. Un petit son de plaisir traversa ses lèvres au contact du liquide sucré.
— Remus disait toujours qu'il n'y a pas mieux que le chocolat pour se remettre sur pieds, cita-t-elle.
— C'était quelqu'un de sage, admit Spencer.
— Oh tu n'imagines pas… Cet homme était un peu comme un père pour moi, il était mon professeur à l'internat, cela n'a duré qu'un an mais je le revoyais tous les étés : c'était l'oncle d'Harry mon meilleur ami. J'étais dévastée à sa mort.
— Tu ne me parles jamais de tes parents.
Un rire nerveux raisonna dans la pièce, décidément cela n'était clairement pas le préféré de Reid.
— Ma mère était passive, mon père avocat. Il se croyait au-dessus de tout le monde et ne se gênait pas pour nous faire vivre un enfer à mes frères et moi. Surtout à eux, ils me protégeaient et lorsqu'A… mon aîné a eu vingt ans, il a prit la meilleure décision pour nous tous : il m'a expédié à l'autre bout du monde avec nos voisins. Les Granger étaient adorables, je les appréciais beaucoup pour ce qu'ils faisaient pour moi malheureusement ils n'ont jamais comblé le vide laissés par mes frères.
Le gobelet vide vola à l'autre bout de la pièce, une rage nouvelle brillait dans les yeux d'Hermione, à dire vrai elle venait de comprendre leur tueur, un minuscule détail qui peinait l'équipe à le retrouver.
— Nom d'un scrout ! Aller Spencer debout je crois savoir où se trouve notre type ! cria-t-elle.
Elle s'était posée : 5 minutes et 47 secondes, plus que les 2 derniers jours réunis, nota Spencer. Celui-ci la regarda partir en coupe-vent réveiller les autres puis revenir précipitamment dans la pièce. Hermione trouva l'homme des yeux, marcha sur les notes du dossier et sauta sur ses lèvres.
Surpris, le profileur ne répondit pas tout de suite au baiser sauvage offert par la sorcière. C'était inattendu, les mains brûlantes de la jeune femme tenaient son visage tandis qu'il enserra fortement sa taille, il la voulait près de lui, toujours plus près, la sensation était enivrante. À bout de souffle, Hermione se retira :
— Avant que la moindre parcelle de courage ne me quitte, s'expliqua-t-elle.
Spencer resta encore quelques secondes abasourdit par la rapidité des évènements. Hermione était déjà repartit lorsqu'il l'entendit l'appeler du couloir.
— Spencer dépêche-toi !
— J'arrive, j'arrive.
Si cela continuait le pauvre homme allait faire partie des 1 personnes sur 6 à mourir d'une maladie cardiaque.
…
Assit dans le jet pour le retour, Spencer lisait tranquillement un livre alors que l'instoppable hyperactive des jours précédents dormaient paisiblement sur son épaule. Elle avait à nouveau mis sa chemise. Rien qu'à cette pensée un sourire se dessinait sur le visage du docteur. Quelques minutes auparavant Harry, Teddy et un certain George l'appelèrent au téléphone, ils lui demandaient si elle pourrait venir au dîner qu'organisait son ancienne école en l'honneur de ce 31 octobre.
— « Une chasse au bonbon dans le parc de Poudlard marraine, tu te rends comptes ? » avait quasiment hurlé l'enfant dans le combiné.
Et maintenant elle dormait paisiblement, comme si arrêter un détraqué et le mettre derrière les barreaux l'aida à se calmer. Sous la table, à l'insu de tous, la main de la jeune femme trouvait celle de l'homme. Elle était beaucoup plus chaude, que deux jours auparavant si bien qu'il s'inquiéta si elle ne couvait pas quelques choses de plus graves qu'une simple fièvre.
— On peut en parler Hotch ? demanda soudain Prentiss.
— De quoi, la questionna-t-il.
— Granger, on sait que tu as été la voir dans sa chambre et nous avons écouté votre conversation sans le vouloir, précisa Derek.
Aaron sut lire le panneau clignotant « mensonge » au-dessus de la tête du jeune Docteur, après tout ce gamin ne savait pas mentir. David restait dans son coin, décidément Hotch n'avait pas su rester assez discret pour ne pas mettre la puce à l'oreille des profileurs.
— Quelle conversation ? les interrogea JJ.
— Une discussion très étrange qui nous informe tous que tu connaissais Granger bien avant son arrivée dans l'équipe, déclara Emily. Cela ne nous regarde pas, nous en sommes conscients mais elle était quasiment imbuvable ces derniers jours et elle a voulu tué notre suspect à main nu.
Bon, Hermione avait en effet tué leur assassin à main nu mais Aaron n'allait pas préciser qu'il n'y avait jamais eu de chiens errants, ni même qu'elle s'était transformée en une gigantesque louve pour l'éventrer.
— Les gars, laissez leur un peu de secret d'accord. Si Hotch ne veut rien dire, ce n'est pas grave, est-ce que cela affecte notre travaille ? intervient Rossi.
— Non, au contraire Hermione est un bon élément pour l'équipe, admit Spencer.
C'était la première fois qu'il ouvrait la bouche depuis le début de la discussion et tous les regards se tournèrent vers lui. Même Pénélope à travers son écran d'ordinateur sembla le sonder.
— Enfin, elle est douée ! Elle trouve des éléments devant lequel on serait passé à côté, a toujours les bons mots pour interroger les témoins et calmer les suspects, elle rend ses rapports en temps et en heure avec parfois trop d'avance (à ces mots il secoua une liasse de papier sur la table). C'est ce que j'appelle un bon élément.
— Pas de définition académique cette fois ? le taquina Derek.
— Qu'est-ce que vous êtes exactement ? s'intéressa plutôt Aaron aussi curieux que protecteur avec sa Mignonne petite sœur.
Reid prit un instant pour réfléchir, lui-même ne le savait pas. En l'espace de quelques semaines, Hermione et lui avaient dormis ensemble trois fois, la première après leur dîner, puis lors de la soirée film et une dernière alors qu'ils rentraient d'une longue balade dans le parc. Bien sûr chacun aurait put respecter le fait de dormir dans son propre lit, cependant lorsque ce n'était pas les cauchemars de l'un qui réveillait l'autre, c'était l'inverse. Force et d'avouer qu'ils dormaient tout deux bien mieux ensemble que seuls. Ensuite il y avait eu ce baiser dans la chambre d'hôtel, il l'avait totalement renversé et Spencer se surprenait à vouloir goûter à nouveau à ses lèvres. Sans oublier qu'ils avaient eu autant de café et de partie d'échec, de scrabble, de dame chinoise qu'ils étaient possible d'en jouer en l'espace de deux mois.
Deux mois, c'était le temps que la jeune femme avait pris pour se faire une place dans sa vie.
— Je l'ignore, déclara-t-il honnêtement. Ce que je sais en revanche c'est que nous nous entendons parfaitement et que je me sens bien avec elle, je l'aime bien je crois.
Aaron tenta de ne pas s'étouffer, David lui tapota légèrement le dos tandis que Derek éclata de rire. Les filles restèrent plus tempéré et secouaient la tête d'exaspération, Spencer était le dernier à voir l'évidence en ce qui concernait les sentiments amoureux.
— Hey tombeur, franchement avec vos comportements l'un envers l'autre, je me demande ce que cela donnerait si tu ne l'aimais pas.
— Mon éclair au chocolat arrête d'embêter notre petit génie, il est tout rouge le pauvre, compatit Pénélope à travers son écran.
— Aller tout le monde, on arrête avec les questions et on se repose, les motiva JJ.
La fin du trajet se passa alors dans le plus grand calme, les profileurs n'avaient pas oubliés qu'Aaron et Hermione se connaissaient bien plus qu'ils ne le laissaient paraître mais cela ne les inquiétaient plus. Ce n'était pas leur affaire après tout. Quant à notre docteur, il rejoint bientôt la sorcière au pays des rêves, apposant sa tête sur la sienne d'une façon très inconfortable mais tellement rassurante pour eux deux.
Bonjour, bonsoir, bon week-end ! Le chapitre vous a-t-il plu ? N'hésitez pas à laisser un commentaire. Prenez soin de vous, bisous.
Ericaly.
