Humhum

Coucou... Les petites lectrices et lecteurs, me revoilà... Après, j'en suis consciente et peut-être que j'aurai perdu mes petits fidèles et les fantômes mais voilà la suite.

Le prochain tome, le II est en cours d'écriture et j'ai bon espoir de finir ma fic avec bien moins de délai, même si le rythme ne sera jamais aussi soutenu qu'avant. La vie IRL a été très compliquée et il était important pour moi d'évoluer et d'introspecter pour revenir un peu mieux. Même si je ne suis pas très sereine pour mon retour, j'ai un peu honte et je suis toujours un peu émue à l'idée de savoir qu'il y a encore des personnes pour qui LaT compte.

Je suis toujours aussi ravie d'avoir des retours et j'espère être à la hauteur des attentes et de la (re) découverte de cette histoire si chère à mon coeur.

Je ne vais pas trop m'exprimer et je vous souhaite une bonne lecture!

Prenez soin de vous et des autres.

Kaname


Chapitre 27: Opale

J'étais étendu sur le lit dans ma chambre de Sydney, Tan avait fait des miracles et nous avait trouvé un formidable havre de paix composé de trois maisons mitoyennes victoriennes du XIX ème siècle. Il y avait 16 chambres et Alice avait tout arrangé pour que nous soyons les seuls dans l'hébergement. L'ambiance était contemporaine mais il y avait des escaliers classiques, cheminées en marbre, parquets en bois; carreaux d'ardoise, meubles élégants et quelques touches modernes qui ne dénaturaient pas les lieux.

J'avais pris la suite, j'aimais regarder par le balcon terrasse les gens passer, la vie suivre son cours. Le vent soufflait doucement dans mes cheveux emmêlés, une habitude chez eux. Mon regard parcourait la rue, les artistes qui peignaient dans les galeries en face, j'aimais laisser vagabonder mon esprit à imaginer la vie des passants; pourquoi cette dame avec cette robe rouge avait l'air préoccupée, cet homme avec son costume sur mesure était-il dans la finance ou bien était-il seulement un homme de goût? Je souris légèrement, ce genre de réflexions ressemblaient à celle que pourraient avoir Bella. Elle irait bien plus loin en imaginant bien plus de choses, si Alice l'embarquait dans ses délires, ça aurait été carrément leur relations qui auraient été imaginées.

Je secouais la tête, où en étions-nous? Notre voyage en Nouvelle-Zélande avait été un vrai bain de fraîcheur et je crois en être sortis bien plus détendu. Les événements s'étaient enchaînés si vite, j'avais frémis, la peur au ventre pour Bella, l'effroi des découvertes que nous avions fait, la déception que j'aurai ressenti si nous n'avions pas pu continuer notre voyage. J'avais vraiment à cœur de faire ce documentaire et aussi de passer plus de temps avec tout le monde. La tristesse de la mort de Kate planait toujours et parfois ma culpabilité ressortait, je m'en voulais terriblement de n'avoir pas fait plus. Mais c'était aussi ça qui me motivait d'avantage, ce qui était une envie, un pas de plus dans ma passion était devenu une nécessité pour honorer la mémoire des gens que l'on aime et ceux que l'on perd, Kate représentait les deux.

Je passais ma main sur mon visage fatigué, j'étais épuisé mais confiant, Jasper, ainsi que mes parents, suivaient de près les nouvelles des frères, pour le moment, ils ne faisaient pas de frasques mais j'étais persuadé que l'on arriverait à les coincer. Cela me tuait de les savoir en liberté, de savoir qu'ils pourraient encore nous nuire et pire qu'ils avaient cette obsessions pour Bella. Il était bon de savoir où ils se trouvaient et ce qu'ils préparaient. D'après mes parents, ils étaient en Russie pour affaires. Je triturais nerveusement une mousse qui se trouvait sur la rambarde du balcon, je ne voulais plus qu'ils croisent la route de Bella et des siens, nous, nous saurions bien les gérer, quitte à longer la limite des lois. Je n'étais pas spécialement pour la manière forte mais quand on touchait aux gens qui m'entouraient, je sortais ce qu'il y avait de plus mauvais en moi… j'imagine.

J'avais pris une grande décision et dorénavant, j'allais profiter des moments avec ceux que j'aimais. J'ai toujours été en retrait des relations mais j'avais vraiment cette impression que les choses n'étaient pas faites au hasard, que l'arrivée de Bella et son entourage avait du sens. J'avais envie de tout savoir d'elle, de me rapprocher et de prendre ce qu'il y avait à prendre. Je n'étais peut-être pas prêt pour ce qui allait arriver mais qui l'était vraiment? Il n'y a pas de mode d'emploi des sentiments, ce qui était vraiment dommage, mais il fallait bien que je prenne mon courage à deux mains pour ne pas la laisser filer. Mon monde est construit autour de mes passions, ma famille et les voyages, si bien que je n'avais jamais imaginé une relation sur le long terme. Avec Tan c'était simple, parce qu'on était de la même essence, nos passions communes faisaient que le dialogue était facile. Il n'y avait pas de faux semblants et surtout j'étais certain que ses intentions n'étaient pas de côtoyer la Haute Joaillerie ou les maisons de luxe, elle en connaissait bien plus que moi sur ce monde. Puis de toute façon, je préférais laisser à ma sœur et Tan les paillettes pour me concentrer sur les pierres à la source.

Je me demandais si Bella se reposait ou bien si elle était avec son équipe pour faire quelques visionnages de rushs. Depuis quand je pensais à ce que pouvait-elle faire ? - je secouais la tête pour me changer les idées - Je me levais pour aller passer un peu d'eau sur mon visage. En me relevant, je vis mon visage dans le miroir, mes cernes étaient bien marquées, ma barbe commençait à se faire plus dense, mes cheveux étaient... toujours indomptables.

L' Australie regorgeait d'endroits à explorer mais nous n'avions pas le temps, la Nouvelle Zélande nous avait déjà pris beaucoup. Mais je savais que c'est ce qu'il nous fallait pour se retrouver tous et se sentir un peu mieux. Les tournages ici allaient être rudes à cause de la chaleur, mais nous avions, avec Jasper, imaginés plusieurs parcours qui nous permettraient de couvrir le pays sans faire trop de routes non plus. Nous avions ciblés les principaux endroits remarquables pour les opales et quelques activités mais pas plus. Nous gardions en tête qu'il nous fallait aussi des images pour construire notre documentaire.

Je pris mon dossier qui était posé sur le lit, je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans mes pensées mais j'avais bon espoir de retrouver les autres en bas. En sortant, je descendis l'escalier et par mégarde, je bousculais quelqu'un, je n'avais pas besoin de regarder qui c'était puisqu'avec la bousculade, son parfum légèrement fleuris et boisé était déjà parvenu à mes narines. Bella se tenait devant moi, son pantalon en lin kaki et son débardeur blanc cassé lui allaient à ravir. Ses cheveux étaient détachés et sentaient l'après-shampoing, elle devait probablement avoir pris une bonne douche il n'y a pas très longtemps. Je lui souris, sourire qu'elle me rendit.

— Pardon, j'ai tendance à sortir précipitamment et à ne pas faire attention dans les escaliers. Lui dis-je.

— J'étais moi aussi dans mes pensées... Me répondit-elle en mordillant sa lèvre, geste hautement adorable mais qui n'aidait pas du tout à me concentrer sur autre chose.

— Euh... - Parfait Edward, tu as complètement perdu l'usage de la parole -.

— Oui... ? Fit-elle en penchant la tête.

— Je me demandais ce que tu faisais. - Mon moi intérieur me trouvait idiot -.

— Je... Et bien j'étais avec l'équipe pour discuter un petit peu pour organiser le matériel que l'on avait à notre arrivée. Si elle avait été surprise de ma question, elle n'en montrait aucun signe.

— Bien, c'est bien ! Même avec un peu plus d'assurance, je n'arrivais pas à aligner trois mots intelligemment. Elle me regardait à présent comme si une corne venait de me pousser sur la tête. - Bravo Cullen, tu as gagné la palme de l'élocution! Applaudis mon moi sarcastique.- Elle sourit comme si elle avait pensé à quelque chose de drôle avant de se décaler sur la droite pour passer.

— Je retourne dans ma chambre... Jugea-t-elle bon de dire. Je n'avais pas vraiment besoin de justification mais j'étais un petit peu déçu, je pensais passer un peu de temps à refaire le monde, ou que sais-je. Mais si tu peux attendre dix minutes, je redescends... si tu veux boire un verre en bas en attendant les autres ? À moins que tu aies déjà quelques chose de prévu ? Enchaîna-t-elle.

Je me demandais si ma déception s'était lue sur mon visage ? J'étais doué pour cacher mes émotions habituellement, à moins que cela soit juste de la politesse ? Je clignais des yeux doucement me rappelant qu'elle attendait une réponse.

— Oui...

— Oui tu as quelque chose de prévu ou oui tu veux bien m'attendre dix minutes ? Me dit-elle avec un ton amusé.

— Haha pardon - je me grattais l'arrière de la nuque, gêné - oui je vais t'attendre en bas ! Je me collais contre le mur de droite pour la laisser passer.

— Je reviens vite alors ! Elle montait les marches rapidement.

Elle était partie de mon champ visuel et je descendais doucement, profitant encore de son odeur qui flottait dans l'air.

— Tu as l'air... Commençait Jane

— Complètement accro... Finit Tanya en riant.

Je regardais les deux femmes en bas des escaliers, Tanya ne cachait en rien son hilarité et Jane me regardait comme une petite peluche mignonne.

— À quoi ? Grommelai-je.

— Comme si tu ne le savais pas toi-même... Se moquait Tan.

— Disons... Que je travaille là-dessus... Je bottais en touche mais c'était sans compter sur les oreilles bioniques de ma sœur, qui, par je ne sais quel moyen avait entendu la conversation alors qu'elle ne se trouvait pas dans les parages.

— Hiiiiiii, s'esclaffa le lutin, mon frère accepterait-il ses sentiments ?! Qu'ouïïïïss-je. Fit-elle théâtralement en mettant sa main derrière l'oreille. Elle me tournait maintenant autour. Qu'avez-vous fait à mon frère et si vous l'avez enlevé vous pouvez garder pour toujours l'ancienne version, on garde celle-ci! Je ris malgré moi, les deux autres s'amusaient franchement.

— Je suis toujours ton frère ! M'offusquai-je pour la forme.

— Edward, je crois que tu ne te rends pas compte depuis le temps que l'on attend ça ! Je veux dire tu es aveugle depuis si longtemps que je me demandais si tu allais finir par comprendre ou si nous allions avoir besoin de te faire comprendre les choses ! Je regardais les deux traîtresses, qui ne disaient rien mais qui acquiesçaient à tout ce que disait ma sœur.

— Tu exagérerais pas un peu ? Me moquais-je avant de prendre un coup sur l'épaule par Tan.

— C'est toi qui minimise, je veux dire on est tous au courant depuis des semaines que tu as le béguin pour Bella mais toi, tu viens à peine de le réaliser, et encore je n'ai pas l'impression que tu prennes pleinement conscience de tes sentiments... Tanya me regardait consternée.

— Je ne voudrais pas enfoncer le clou mais même moi je l'avais vu. Ajouta Jane.

— Tu vois, dans le déni tu étais Edward ! Mais maintenant c'est fini, on va t'aider à dompter tes sentiments et conquérir ces contrées que tu ne connais pas ! Ma sœur parlait comme un gourou.

— De quelles contrées parlez-vous ? Fit Bella qui était apparue devant nous, comme par enchantement, Tanya pouffa.

— Alice expliquait à Edward ô combien il était important de tâter le terrain avant de partir en exploration... Commença Jane, je fronçais les sourcils pour la menacer, ce qui n'eut aucun effet.

— Tout à fait et que même s'il était au courant des difficultés, ce n'était pas forcément la théorie le mieux, mais plutôt la pratique pour jauger l'étendu de l'inconnu... Continua Alice espiègle qui, bien entendu avait rattrapé la perche de Jane.

— Malgré le fait que les bases sont bonnes, on n'est jamais à l'abri d'une déconvenue mais qu'il peut toujours compter sur ses appuis pour avancer dans la bonne direction. Renchérit Tanya.

— C'est vrai qu'en alpinisme c'est toujours difficile de jauger de la difficulté mais c'est toujours une victoire quand on atteint les sommets... Si tu veux, je pourrais te donner quelques conseils, j'ai pas mal crapahuté, on peut dire que j'ai roulé ma bosse. Tu verras ça a l'air inaccessible mais quand tu renforces les bases que tu connais, c'est satisfaisant de fou! Expliqua Bella d'une voix encourageante et qui ne savait pas du tout qu'elle était au cœur «des contrées inconnues». Jane fut prise d'un fou rire qu'elle partagea avec Tanya, Alice avait du mal à garder son sérieux.

— Voilà parfait Edward, tu as un bon guide pour escalader des monts maintenant ! Ajouta Alice malicieuse.

— Vous voulez boire quelque chose ? Croassai-je franchement gêné de la tournure que prenait la conversation.

— Je meurs de soif ! S'écria Alice. Elle partit en trottinant comme une enfant.

— Vraiment Edward, n'hésite pas. Me dit Bella en passant pour suivre ma sœur, son bras effleura le mien, je frissonnais en sentant ce courant électrique que je ressentais à chaque fois que cela se produisait. Elle continua sa route et rattrapa ma sœur, elles parlèrent d'un sujet que je n'entendais pas puisque j'étais assez loin maintenant.

— Je ne plaisantais qu'à moitié tout à l'heure, tu sais, tu as vraiment de.. très bonnes bases, sourit Tanya en me prenant le bras. Nous avancions doucement. Je ne suis pas tombée amoureuse de toi par hasard, seulement je ne savais pas que Jane allait chambouler mon monde, ma vie et qu'avec elle j'allais ressentir pleinement qui j'étais et devenir ce que je suis. Elle couvait Jane d'un regard amoureux.

— Je suis d'accord avec Tan, tu es quelqu'un de bien et tu mérites d'être heureux, Bella est intelligente et pique ta curiosité mais elle est aussi, pardon chérie - elle déposa un baiser au coin de la bouche de Tanya - mais tu dirais la même chose: Bella est vraiment belle et naturelle. Tanya sourit face à ce geste.

— Elle est sublime, c'est une petite pierre brute qui attend qu'on la découvre... Je suis persuadée que tu sauras la magnifier et en prendre soin, comme elle saura te sécuriser et t'apporter ce dont tu as besoin.

— Et de quoi ai-je besoin ? Je veux dire j'ai tout ce qu'il me faut et ce dont j'ai envie.

— Tu le fais exprès de ne pas le voir ? S'amusa Jane. Je la regardais, j'avais bien une idée mais je crois que je ne voulais pas l'admettre.

— Tu as besoin de sortir de ta routine, de te sentir aimer, d'aimer, et de partager des moments avec la personne qui fait battre ton cœur ...

Je regardais par dessus l'épaule de Tanya.

— Excusez-moi, avez-vous vu Madame Denali? Plaisantais-je.

— L'amour Edward, ça te transcende, pas besoin de changer parce que ce n'est pas ce que l'on nous demande, juste évoluer et apprendre avec quelqu'un en qui tu as confiance... C'est je crois une forme de bonheur et de sécurité finit Tanya avec sagesse.

J'embrassais son front, on avait gardé cette proximité et j'étais si heureux qu'elle ait trouvé Jane.

— Je vais y penser sérieusement... Lui dis-je pudiquement.

— On sera là Edward, tu es peut-être effrayé mais crois moi, tu gagneras bien plus en te jetant dans cette aventure que de la louper et Bella remplit tous les critères pour être parfaite pour toi.

— Oh parce qu'il y a des critères pour être «parfaite pour moi». Répétais-je faussement blessé.

— C'est la bonne. Ajouta Jane, je lui fis un câlin aussi.

— Merci de veiller sur moi.

On arrivait enfin sur la terrasse, Bella et Alice étaient entourées de Rosalie, Emmett et de Jasper, ils se parlaient, s'amusaient, des rires, des sourires... C'était une vision que j'aimais énormément, les uns et les autres de l'équipe s'ajoutaient au petit noyau et d'un coup cela me parut évident que c'était ma famille et Bella au centre faisait battre mon cœur comme personne ne l'avait fait.

Je m'assis en face d'elle, elle me fit un signe de tête en me souriant et à ce moment, je réalisais que j'avais toujours aimé ce sourire, que je voulais le voir encore et encore et que je ferai tout pour qu'elle le garde.

— Si je vous dis «opale», qu'est ce que cela évoque chez vous ? Je regardais Bella en posant la question, curieux de savoir ce que son esprit allait lui faire dire.

— On a longtemps considéré l'Opale comme un porte malheur, à cause notamment du roman de Sir Walter Scott où Lady Hermione, accusée de sorcellerie, mourut après que son opale ait été aspergée d'eau bénite. Répondit naturellement Bella.

— Une baisse de presque 50% ! Ajouta Jasper.

— Le point commun entre l'Impératrice Eugénie et la reine Victoria? - C'était plus une question rhétorique - C'est qu'elles ne croyaient pas une seule seconde que ces pierres attiraient la malchance et elles contribuèrent à rendre les opales de nouveau populaires. Complétai-je.

— Comme pour beaucoup de pierres, les légendes sur l'Opale sont monnaies courantes, au Moyen-Âge, les femmes blondes en portaient en collier pour éviter la perte de la couleur de leur chevelure... Reprit Rosalie.

— Tu vois c'est ça que j'aurai dû nous acheter Tan ! S'amusa Jane, ce qui nous fit rire.

— Dans la tradition arabe, on pense que les opales naissent des éclairs et que leur lumière reste enfermée à l'intérieur de la pierre. Après tout, les peuples anciens étaient persuadés que cette gemme était apparue au moment où un arc-en-ciel avait touché le ciel... Ce qui alimenta les mythes et légendes. - Je marquai une courte pause pour les laisser assimiler mes paroles, avant de reprendre toujours avec cette fougue de partage, le professeur n'était jamais loin. - Les Romains et les Grecs pensaient que cela apportaient de la chance, la richesse et la clairvoyance; en Inde l'opale incarne la trinité; Vishnu, Shiva et Brahma. Comme vous savez, on peut trouver des opales un peu partout dans le monde mais environ 95% des pierres sont extraites ici, en Australie. Continuai-je à expliquer avec passion.

— L'opale est une pierre fine de qualité gemme quand elle est transparente et ornementale quand elle est opaque. Compléta Alice.

— Les vendeurs de diamants ont fortement contribué à entretenir la légende que les opales étaient maudites puisque celles-ci gagnaient en popularité et les diamantaires avaient peur que les diamants soient dévalués ou pire; délaissés en faveur des opales. Alors ils décidèrent de répandre largement la rumeur qu'une opale craquée portait malheur. Renchérit Jasper.

— Quel gisement allons-nous voir aujourd'hui? Demanda Leah avec une certaine frénésie de voir ce que la journée allait nous réserver.

Je regardais longuement Bella, j'essayais de sonder ses pensées. Est-ce qu'elle allait me surprendre , comme elle sait si bien le faire ? Elle me regardait avec interrogation avant de comprendre où je voulais en venir, elle s'adossa contre le dossier de sa chaise, elle réfléchissait en mordillant le stylo qu'elle avait sorti pour prendre des notes. Une lueur passa dans ses yeux, je compris qu'elle avait deviné.

— Si je ne dis pas de bêtises, et d'après notre position... Je ne crois pas me tromper en disant que l'on va à Lightning Ridge...? Bella esquissa un petit sourire pratiquement certaine de sa réponse.

— J'allais le dire ! S'exclama Emmett boudeur.

— Et bhe tu aurais du le dire plus tôt en fait ! Le taquina Rose. Il ouvrait et fermait la bouche comme un poisson hors de l'eau, ce qui déclencha l'hilarité générale.

Emmett croisa ses grands bras, il feintait de bouder mais c'était drôle de voir qu'il voulait, lui aussi, rire à ses dépends. C'est ce que l'on aimait tous chez ce géant au grand cœur; son petit côté enfantin.

— Si tu veux je te laisse le redire... Chuchota sa sœur assez fort pour que tout le monde entende. Emmett lui envoya un baiser théâtrale dans les airs pour la remercier.

— Lightning Ridge! Se précipita de dire le géant. Je ris avant de lui répondre.

— Bien joué Emmett! Je t'accorde ce point ! Il regarda sa sœur avec un air faussement supérieur, il aurait dit «et toc» que cela ne m'aurait pas étonné de sa part. Sa sœur lui souriait, on voyait bien tout l'amour qu'ils se portaient.

— Comme l'a si bien dit Emmett... Continua Jasper, nous allons d'abord à Lightning Ridge pour, si on a de la chance, voir des opales noires, les plus rares des opales. Puis nous irons à la poursuite de l'opale blanche...

— Ou la laiteuse Coupa Alice

— Ou la laiteuse, Reprit Jasper, puis l'opale B.

— Nous ne pourrons pas rester aussi longtemps qu'en Nouvelle Zélande, mais j'espère que ce voyage vous plaira! Dis-je avec une petite moue désolé. Je ne voulais pas qu'ils soient déçus.

— Moi tant que j'ai des images à filmer, je suis toujours content ! Me rassura Emmett, les autres de l'équipe technique acquiescèrent.

Le reste de la matinée se passait doucement, nous parlions encore des opales puis de la préparation des tournages. Cette fois-ci, nous ne nous séparerions pas et c'est en «force» que nous débarquerions dans les mines. J'aimais énormément les préparatifs avant de tourner, l'euphorie, l'adrénaline, l'inquiétude aussi. Il y avait toujours une appréhension, de ne pas réussir à tourner, de ne pas avoir assez d'images exploitables, que la prise de son ait raté mais c'était ça aussi qui créé l'effervescence, de ne jamais savoir comment cela allait rendre avant la postproduction.

Bella et Emmett parlaient avec les autres, ils empaquetaient les caméras, les micros et tout ce dont ils avaient besoin pour le tournage. Bella vérifiait aussi ses boîtiers photos. J'aimais ses gestes lents et attentifs, ses doigts fins qui parcouraient l'objectif, les différents boutons, elle prenait son temps pour regarder la lentille externe, presque avec ferveur, c'était un beau spectacle qui fut coupé par ma sœur.

— Quand tu auras fini de.. mater Bella... Tu pourrais venir ? Chuchota-t-elle amusée.

— Je ne matais pas du tout... Bougonnai-je.

— Oui oui à d'autres ! Rit-elle. Elle marchait devant moi, je la suivais dans le hall pour passer un coup de fil, je devais rappeler Bill pour organiser notre venue et parler affaires.

Nous avions pris un avion, nous avions jugé que 8 heures de route faisaient trop de trajets, il nous fallait le plus d'images possibles en un minimum de temps, sachant que l'on avait aucune envie de rester dormir dans les campings de la ville.

Les voitures attendaient en sortant de l'aérodrome, Bill n'avait pas fait les choses à moitié et en avait envoyé quatre. Je montais dans le premier 4x4 avec Bella, Emmett, Rose, Jacob et Leah. Dans le second, il y avait Alice, Tanya, Seth, Rebecca et Paul, enfin dans le dernier il y avait Jared, Embry, Jane, Quil et Jasper. La dernière voiture servait pour ranger le matériel. Nous étions obligés de procéder ainsi puisque les différents appareils prenaient de la place et ne tenaient pas dans un simple coffre de voiture, encore moins dans des 4X4 taillés pour les routes escarpées.

Billy nous attendait sur site, la petite ville de Lightning Ridge se situait dans la zone centrale nord de la Nouvelle-Galles du Sud; très proche de la frontière du Queensland. Son nom vient du fait que des habitants aient trouvé le corps d'un agriculteur et de son troupeau de moutons frappés par la foudre dans les années 1870. Dans tout l'outback australiens; ce désert dépourvu de civilisation, les orages électriques sont monnaie courante. La région était aussi un site archéologique réputé pour ses ossements de dinosaures.

— L'opale noire est connue comme le feu du désert par les aborigènes, il ne faut cependant pas la confondre avec l'opale de feu mexicaine ou les opales traitées, ici elles sont naturelles et non traitées. Rose s'était penchée vers Leah pour lui dire ça. Celle-ci s'empressa de le noter dans son carnet.

— Oui et ce n'est pas parce qu'une opale est noire qu'elle a automatiquement de la valeur, cela dépend de la rareté du motif, des couleurs, de la base de l'opale elle-même et de la taille. Et bien sûr de combien les gens sont prêts à mettre pour en avoir. Ajoutai-je en me penchant vers ma voisine. Bella nota elle aussi dans son carnet avant de me gratifier d'un mouvement de tête.

Nous arrivions dans la ville, c'était un paysage vraiment aride, une contrée reculée du bush. Nous avions aperçu des émeus sauvages sur la route des mines. La température extérieure avoisinait les 40, la ville était comme une oasis au milieu du désert, quelques maisons, un pub et quatre rues...

Une fois arrivés, Billy nous conta que les premières opales noires étaient apparues alors que les habitants creusaient un puit. La directrice de l'association des mineurs de Lightning Ridge; Sandy, nous accompagnait, non seulement pour vérifier notre licence puisque les terrains d'extraction appartenaient au gouvernement. Billy louait une superficie de 2500 m2 soit la taille maximum. Tout cela sans garantie de trouver des opales bien entendu.

— Je me demandais l'impact environnementale que représente l'activité minière ? Belle s'était adressée directement à Sandy.

— Je dirai qu'il est quasi nul, les infrastructures sont souterraines donc non visibles à la surface et l'extraction se déroule sous terre. Les machines ne tournent que la journée, comme vous voyez les entrées sont cadenassées et loin des zones habitables. Les roches extraites sont acheminées dans des carrières et peuvent servir de remblai. Expliqua Sandy, les lois qui encadrent le minage sont très bien appliquées, il n'y a pas d'enfants aux abords de la zone de travail.

— Je vois, merci pour vos explications. Bella semblait satisfaite de la réponse de Sandy.

La poussière tournoyait autour de nous, Billy nous expliquait les enjeux et la dureté du travail de mineur. Mais il en parlait avec une telle passion... Que c'était touchant de voir quelqu'un de si dévoué malgré la difficulté de son métier.

— Malgré plusieurs années à creuser en quête de LA pierre qui nous rendrait tous riches, l'opale est toujours unique et différente pour nous alors que l'on en a vu passer... Si vous demandez à Joshua, il vous contera les légendes aborigènes. Moi, mes mains parlent d'elles-mêmes. Il nous montrait ses mains, elles avaient cet aspect rugueux, ridés... Ce qui ne faisait qu'accroître mon impatience et ma curiosité.

— Jasper est celui qui a le plus visité des mines d'opales. J'expliquais aux autres que c'était assez difficile de se rendre dans les mines, il fallait gagner la confiance des mineurs et puis la rareté de l'opale noire justifiait notre présence ici.

Nous descendions sur le terrain que Billy exploitait. Dans les profondeurs de la mine, nous étions à environ une vingtaine de mètres de la surface. Il y faisait sombre et frais, c'était bien agréable car à la surface la température était montée à 41 sans l'ombre d'un arbre dans ce désert aride.

— Les conditions de sécurité sont sommaires mais c'est fiable je vous le garantie. Nous dit Billy confiant.

Devant moi se trouvait un véritable labyrinthe, ma lampe frontale éclairait qu'une petite partie. Grâce au faisceau des lampes des autres je pouvais discerner les parois argileuses et très friables soutenues par des rondins de bois d'environ 2 mètres de hauteur à certains endroits. C'était donc facile pour nous de se déplacer, même pour les plus grands d'entre nous. Des passages restaient cependant un peu plus étroits. L'équipe commençait déjà à tourner, photographier...

Je me dirigeais vers Bella qui notait dans son carnet ce que lui expliquait Billy.

— Ce n'est pas un minéral dans le sens minéralogique mais comme un «gel de silice». De la silice hydratée amorphe ou partiellement cristallisée.

— Qu'est ce que cela veut dire ? Questionna Leah.

— En gros, les minéraux amorphes sont «sans forme», c'est une substance minérale non cristallisée. Comme un solide qui n'a pas de structure atomiques ordonnée... Expliqua Rosalie Elle ajouta, comme un peu les liquides. Devant la mine déconfite d'incompréhension de Jake.

— En gros le verre et l'ambre sont les plus connus des matériaux amorphes, l'opale est un minéral amorphe. Par exemple couramment on peut dire qu'une personne est amorphe, elle manque d'énergie, de caractère...

— Ah oui les gens fades là ! S'écria Emmett avec une lueur de compréhension.

— Voilà.. Si tu veux c'est plutôt bien résumé même si cela manque de sciences! Rit Rosalie.

— L'opale se forme à basse température, en milieu sédimentaire, volcanique ou dans les eaux riches en silice. Continua Billy amusé par notre petit groupe éclectique.

— Les opales se trouvent dans des couches d'argiles sableuses qui ont été déposées au Crétacé... Commençai-je.

— Oui genre y'a des millions d'années quoi! Bafouilla Jake.

— Entre 150 et 100 millions d'années oui environ ! Renvoya du tac o tac Rosalie.

— Comme le dépôt est imprévisible, il faut faire très délicatement à la main, avec des petites pioches ou des petites pelles mécaniques pour ne pas rater les dépôts qui sont quasiment gros comme un poing. Billy passa sa main sur la parois avant de nous montrer un endroit où une petite pointe miroitante sortait. Emmett se tenait prêt à filmer.

Billy cassa la roche tout autour avec un peu d'élan mais pas trop pour ne pas casser sur la zone de couleur, à peine visible. La silice, qui est le principal composant de l'opale, est si délicate qu'il ne faut pas la briser. Dit-il. Après dix minutes, l'opale était extraite. Billy fit tournoyer la pierre entre ses doigts avant de décréter qu'elle n'avait aucune valeur commerciale mais que cela restait une petite joie pour un collectionneur.

Nous laissions l'équipe technique filmer encore un petit peu avant de remonter et suivre le camion benne, qui était rempli de roche, jusqu'au centre de nettoyage. C'était tout simplement une carrière où chaque mineur apportait sa production de la semaine pour nettoyer le minerai qui avait été extrait. Un flux constant d'eau alimentait une bétonnière, avec l'effet de roulement, les pierres étaient nettoyées et débarrassées du mélange d'argile et de sable. Pour certain, cela faisait déjà plus de la moitié de la journée que les pierres tournaient. Billy avait préparé le terrain et il y avait déjà la production de la veille qui nous attendait après avoir été triée à la main.

Billy nous expliqua sur la route jusqu'au lapidaire qu'il y avait des beaux spécimens dans le lot. La taille des opales est une étape très très délicate et peu d'élus en avaient fait leur métier. Nous nous rendions chez Liam un des lapidaires les plus réputé de Lightning Ridge.

— L'opale est une des pierres les plus fragiles à tailler. Je vais d'abord la découper avec une scie en lame diamantée pour enlever les morceaux de roches à l'extérieur de la pierre. C'est à ce moment que la partie solide de l'opale apparaît. Nous expliquait Liam à la fois concentré mais confiant dans ses gestes.

Il prit ensuite une fraise pour creuser les parties incluses où il y avait encore de la roche incrustée. Pendant tout le processus, la pierre était humidifiée, il passa ensuite à la meule de taille pour façonner la pierre, en général c'était en cabochon puisque le but était de garder le plus de matière possible puisque le poids de la pierre une fois taillée était aussi déterminant pour le prix.

— Petit à petit la couleur et les jeux de lumières apparaissaient, de plus en plus soutenus. «Il faut attendre la dernière phase, celle du polissage pour que l'on se rend compte de l'éclat.» Chuchota Jasper pour ne pas déranger Liam. La couleur n'est pas la même dans toute l'épaisseur de la pierre. Nous montra Liam impassible.

— Donc si on enlève trop de matière lors de la taille ou du polissage, on peut affecter le rendu ? Demanda Rebecca.

— C'est exactement ça, la couleur peut en être affectée en bien ou en mal. Il continua de tailler les opales qu'il avait à travailler mais nous montra une autre pièce où nous attendaient sa fille Ella et sa femme Olivia. Elles vont vous montrer ce que l'on a pu tailler pour Billy.

Nous nous déplacions dans la salle à côté, effectivement deux femmes nous attendaient. Elles avaient des sourires chaleureux et francs. Olivia discutait avec sa fille pendant que celle-ci sortait des petites boîtes d'un tiroir. Elles avaient un accent australien fort prononcé, je voyais Jake tendre un peu plus l'oreille. C'est vrai que pour des non habitués l'accent australien était un peu difficile.

— Salut ! Et bien vous ne plaisantiez pas quand vous m'avez dit que vous seriez plusieurs ! Vous venez en masse! Rit Olivia les yeux écarquillés de surprise.

— Haha c'est vrai que nous sommes venus au complet! Répondit Jasper.

— Et encore, vous ne m'avez pas vu à table, vous auriez encore plus peur ! S'amusa Emmett.

— Je confirme, c'est un ogre. Renchérit Rosalie.

— Je prends note que si nous étions amenés à manger ensemble, qu'un seul plat ne suffirait pas !

Je regardais les boîtes qu'Ella avait sorti, j'étais un peu fébrile, je ne me faisais pas d'illusions en m'imaginant qu'ils y avaient beaucoup d'opales noires, si nous en avions déjà des belles claires je serai très content. Cette commande était importante non seulement pour moi mais aussi pour sa commanditaire.

— Edward, tu m'as dit que Victoire t'avait demandé combien de pierres déjà ? S'intéressa Olivia en ouvrant une des boîtes.

— Victoire... Victoire de Castellane ? Demanda ahurie Rebecca.

— Euh... Commençai-je à répondre avant d'être coupé par Jane.

— Bha enfin, tu es encore étonnée par les fréquentations des Cullen ? Plaisanta cette dernière. Je veux dire, moi cela fait longtemps que plus rien ne m'étonne.
— Ils sont discrets mais connaissent pas mal de monde dans la profession et ailleurs ! Ajouta Tanya.

— C'est vrai que par habitude je fais comme si c'était «normal» mais je peux comprendre que cela peut-être déroutant. Il se trouve que Victoire avait besoin de contacts de confiance il y a quelques années de cela pour sa collection «Bal des Roses» de parer ses bijoux de pierres précieuses et notamment d'opales. Et c'est là qu'elle a rencontré ma sœur et par extension moi. Expliquai-je.

— Tout de suite c'est plus clair... Répondit Tanya en riant. Je fis une petite moue boudeuse ne comprenant pas où était le problème.

— Mais cela nous permettra peut-être d'avoir une interview avec cette grande dame! Et d'autres monstres de la profession! Me sauva Emmett tout émerveillé. Je le gratifia d'un signe de tête pour le remercier de m'avoir sorti d'un certain pétrin.

Mes fréquentations dans le métier étonnaient toujours, c'est vrai que j'étais le plus discret de la famille mais pour moi ce n'était pas étonnant... Peut-être parce que j'avais toujours connu ça ? Ou bien parce que c'était parce que je m'occupais bien plus des pierres que des gens qui gravitaient autour. Attention je ne disais pas que je n'étais pas fier de travailler avec des grandes maisons et des créateurs tous plus doués les uns que les autres... Mais quand on était passionné, on vivait pleinement notre passion sans penser que c'était un métier et sans encore moins penser à notre carnet d'adresse. Même si, je devais le reconnaître, le mien était plutôt fourni.

— En tout cas pour en revenir à nos moutons, elle va présenter sa prochaine collection à Florence et nous devons donc faire des miracles et trouver les meilleures opales du pays. J'expliquai brièvement, sans trop rentrer dans les détails.

— Cette phrase de Victoire m'a beaucoup marqué: «Les bijoux, c'est comme le sel et le poivre, le tout est une question d'assaisonnement. Ce n'est pas parce que les pierres sont vraies que les bijoux doivent être ennuyeux et bourgeois.» Et c'est tout à fait ce que représente la mode, l'art, la joaillerie pour moi, cela doit être naturel, imaginatif et bourré d'élégance. Alice avait cette émotion dans la voix et on pouvait voir l'admiration dans ses yeux. Elle adorait Dior.

— C'est tout toi, fantaisie et espièglerie. Dit Jasper. Il regardait toujours ma sœur avec un mélange d'amour, de fierté et de protection. Alice lui fit un baiser chaste sur la bouche, elle était éblouissante d'amour et de reconnaissance.

— Donc vous avez toutes les pierres sauf les opales ? Interrogea Olivia curieuse.

— Non en fait la plupart des pièces sont prêtes depuis 4 ans, grâce à vous, lors de notre dernier voyage nous avons pu déjà lui faire parvenir de merveilleuses pierres mais il nous en manque des extraordinaires, tu connais son amour pour les opales. J'esquissai un petit sourire en coin, on pouvait le dire que Victoire était peut-être celle qui les aimait le plus puisque c'était sa pierre préférée.

Olivia ouvrit la boîte et je pouvais en un coup d'œil voir qu'il y avait de très beaux spécimens. J'entendis un petit sifflement appréciateur de la part de Jasper, ce qui était rare chez lui. Devant nous se trouvait une poignée d'opales; l'opale noire était la plus recherchée, en un coup d'œil on pouvait la reconnaître grâce à la noirceur d'arrière plan et la teinte foncée de son corps. Je tenais une opale dans les mains pour la regarder de plus près.

— Elle est magnifique... Murmura Bella qui regardait la lumière traverser la pierre.

— C'est une opale de cristal noire, elle regroupe les caractéristiques des opales noires et de cristal. Le potch n'est pas sombre mais transparent, le corps est incolore - je la fis tournoyer à la lumière - et comme tu peux le voir, la lumière passe à l'intérieur.

— Le jeu de lumière est incroyable, on dirait une nébuleuse arc-en-ciel... Soufflait Bella happée par le spectacle d'iridescence qui se jouait devant nos yeux.

— Qu'est ce que c'est le potch ? Demanda Leah qui s'était jointe à nous.

— Le potch a une structure similaire à celle de l'opale précieuse mais les sphères de silice sont désordonnées, il est dépourvu de jeu de couleurs à l'inverse des opales précieuses. On le laisse comme support lors de la coupe et du sertissage des opales... La couleur sombre et opaque est dû au fait qu'elle contient du carbone et de l'oxyde de fer. Expliquai-je en retournant la pierre.

— Et l'opale commune alors ? Renchérit Leah.

— L'opale commune est souvent opaque, parfois translucide et qui peut prendre différentes couleurs dues aux inclusions minérales colorées. Dit Tanya.

— Mais pourquoi faire ça, quel est l'intérêt ? Dit Rebecca vraiment curieuse de savoir, c'était légitime, je suppose que dans sa tête cela revenait à garder une partie inutile.

— Bonne question, en fait son rôle est crucial puisqu'il améliore l'apparence et la durabilité de la pierre précieuse finale.

Je continuais de balayer des yeux les pierres sélectionnées avant de m'arrêter devant une qui retenait mon attention. La pierre était polie et façonnée de manière à révéler les tâches rouges vives. On aurait dit un kaléidoscope de couleurs et de lumière. Je dirai que niveau brillance elle atteignait 1 ou 2, d'un motif arlequin naturel. Ce qui était très rare.

— Tu ne dis plus rien hein ! Souffla Alice qui regardait la pierre sûrement avec les mêmes yeux pétillants que moi.

— Tu peux parler, cette pierre est magnifique... Victoire va être ravie.

J'étais encore ébahi devant la pierre mais je devais encore en regarder quelques unes. Il y en avait une noire transparente aussi avec un motif de nids d'abeilles naturels, quelques touches de verts, de jaune et des traits rouges sombres. Une jolie opale néon flash cristal verte et jaune, une autre opale cristal violette motif galaxie qui valaient aussi le coup. Une opale noire striée arc en ciel.

— Vous allez prendre le reste aussi ? S'étonna Leah.

— Oui bien sûr, peut-être pas pour Victoire mais par exemple, le motif asteria jaune, verte et bleue est précieuse aussi, la feuille de bambou aussi... Il y a pas mal de motifs qui sont commercialisés, peau de dragon, trèfle, plume, flamme... Pour n'en citer quelques-unes.

— Content de notre production ? Nous demanda Ella, sa mère était occupée avec Jasper et Alice avec les papiers.

— Très, cela a dû vous demander pas mal de temps à réunir. C'est une très belle collection. Je suis vraiment content.

— Parfait, papa avait de gros doutes comme on a de plus en plus de mal à en trouver mais je suis ravie de pouvoir vous en montrer des aussi qualitatives ! S'exclama Ella, elle était aussi rayonnante que les pierres qui l'entouraient. Je souris face à sa joie communicative.

Nous repartions avec notre trésor qui était vraiment bien fourni, l'équipe technique avait pu prendre plusieurs plans, les pierres étaient de grandes qualités, j'étais surexcité à l'idée de pouvoir annoncer la bonne nouvelle à Victoire. J'étais vraiment fier de mon métier, il y avait des journées où les négociations étaient plus compliquées, avec beaucoup d'attentes et souvent des déceptions mais quand on trouvait ce genre de lot, on pouvait être content.

Sur le chemin du retour, je me trouvais entre Leah et Bella. Cette dernière s'était endormie contre la vitre. Je me concentrais pour ne pas humer l'air venant de ma droite, le parfum de Bella flottait tout autour, c'était sans compter un écart que Billy fit pour éviter quelques choses sur la route, la tête de Bella glissa sur mon épaule. Je me raidis instantanément. Je laissais passer quelques secondes, pour jauger d'une quelconque réaction de sa part... Mais rien ne se produisait. Leah me regardait en souriant, je lui fis un petite sourire contrit. Alice se retourna pour me parler mais voyant le spectacle elle sembla émue ? Je ne saurai dire en tout cas elle fit volte-face et le chemin du retour se passait comme ça avant de rejoindre l'avion pour rentrer à Sydney.

Tout le monde était sur les rotules, moi y compris. Nous avions prévu de repartir dans l'état du Queensland à la recherche de l'opale Boulder dès demain après-midi. Nous avions prévus des activités en plus de la recherche des opales, les champs qui s'étendaient sur des centaines de kilomètres, que l'on appelle la «formation de Winton» allaient demander beaucoup d'énergie, la grande sécheresse et la chaleur rendaient les conditions d'extraction très difficile.

Je passais un coup de fil à Victoire pour lui annoncer la bonne nouvelle, je regardais ma grille qui regroupait la nature, le type, la base, les jeux de couleurs et le poids des opales que nous avions trouvés. Elle voulait garder la surprise quant aux couleurs. Elle me faisait entièrement confiance et j'avais même réussi à piquer sa curiosité quand je lui avais dit qu'elle allait pouvoir montrer toute sa créativité pour quelques unes.

Je pris une douche bien méritée, en repensant à notre journée. Qu'est ce que cela m'avait manqué, de nous sentir réunis, d'avoir pu lire la joie, la surprise et la fierté sur les visages des personnes présentes. Je revoyais en fermant doucement les yeux sous la pluie de la douche, le visage fin de Bella, la façon qu'avait sa lèvre de se plier face au mordillement de sa dent, ses yeux verts perçants de malice et d'intelligence... J'aimais la façon qu'elle avait de s'intéresser à tout, le fait qu'une de ses mèches retombait négligemment sur son œil. Je repensais à sa tête contre mon épaule et comment j'avais pensé que c'était la chose la plus naturelle au monde. Je plaquais mes mains contre le mur face à moi, rouvrant les yeux, elle commençait à me rendre fou.

Au début c'était un intérêt intellectuel et de la curiosité sur sa façon de penser, de me «divertir» car elle m'étonnait beaucoup. Puis cela avait glissé vers une attirance, j'avais mis beaucoup de temps à réaliser cela. Et maintenant, je sentais que c'était une envie plus fougueuse et physique... J'avais envie de passer du temps avec elle et je devais le dire, j'avais très envie de goûter ses lèvres, découvrir sa peau blanche, savoir comment elle réagirait sous mes caresses, sous mes lèvres glissant sur son épaule, sur son buste... Je grognais, il me fallait une douche froide maintenant.

Avant de me coucher, je notais dans mon carnet de voyage mes pensées, je regardais mes mails par habitudes et surtout pour savoir si les parents avaient des nouvelles à me donner. J'échangeais quelques messages avec maman pour lui parler de notre lot pour Dior et la rassurer sur notre état général. Elle était soulagée de savoir que l'ambiance était redevenue bonne enfant et surtout que mentalement, nous nous épaulions. Sans pour autant en parler mais surtout par de la communication non verbale et des conversations banales et légères qui faisaient vraiment du bien. J'étais exténué, j'avais espéré une petite discussion entre nous avec Bella pour continuer de lui parler ou juste l'écouter tellement le temps avec elle m'était précieux mais cela n'avait pas eu lieu, je me couchais un peu renfrogné mais content de la journée.

Je tournais et retournais dans mon lit, le sommeil était parti il y a quelques heures déjà et je n'arrivais pas du tout à me rendormir. J'avais une insomnie pénible et ce besoin de décompresser grandissant.

Je me levai en grognant, j'ouvrais un des écrins pour admirer une opale noire. J'étais toujours surpris par le jeu de couleurs captivant, les éclats de celle-ci était vibrants avec une belle irisation des couleurs qui semblaient bouger quand on changeait la pierre d'angle. Elle avait une myriade de teintes, du bleu au rouge en passant par le jaune le violet et le vert. La transparence permettait à la lumière de pénétrer et de naviguer dans la structure interne ce qui créait des effets d'optiques hypnotisant. L'opale de cristal noire quant à elle renforçait l'éclat des couleurs comme celle sous mes yeux, semblaient flotter dans la pierre. Depuis «L'Aurore Australis», nous n'avions pas vue d'aussi belles opales, celle que je tenais entre mes doigts était aussi de motif arlequin avec une dominance de rouge, de vert et de bleu sur fond noir. En 2006, la «comète de Halley» appelée ainsi puisque la comète était apparue dans le ciel australien à ce moment là, s'est vendue à 1,2 millions, la plus grosse pierre trouvée à Lightning Ridge.

Je décidais de faire quelques croquis, j'aimais coucher sur mon carnet des dessins de pierres. Faire des gouachés était la spécialité de Jane mais j'aimais aussi en faire, cela me détendait. Je n'avais pas la créativité ni de Jane ni d'Alice mais je savais que j'avais une certaine patte artistique, notamment parce que je connaissais les pierres par cœur.

Nous étions à un saut de puce de Brisbane en avion, je savais que notre empreinte carbone était loin d'être irréprochable, le prochain voyage se ferait pratiquement intégralement en train dans les terres, et grâce à notre fondation, nous essayons de compenser nos émissions en réinjectant dans des projets tels que la gestion des déchets, les énergies renouvelables et surtout dans la reforestation et la conservation des forêts. C'était important pour nous tous de respecter le protocole de Kyoto, bien trop oublié par les grandes entreprises, mais au moins il y avait une transparence totale dans nos réductions d'émissions réalisées dans nos projets. Dans notre métier de réponse à la demande, par l'offre et la recherche des pierres, l'information et le fait que l'on devait continuellement faire attention sur bien des aspects, les voyages en avion étaient quasiment une habitude pour gagner le temps précieux. La concurrence se faisait rude, nous en étions bien conscients, de plus en plus de personnes pouvaient devenir expert en quelque chose du moment que ces personnes avaient accès à internet.

J'étais foncièrement pour le partage de connaissances et surtout la mise en avant des passions, il n'était pas nécessaire de faire comme moi par exemple, d'avoir un diplôme pour tout pour être passionné et doué, Bella réussissait haut la main pour rivaliser avec nos connaissances, seulement j'en voulais aux personnes mal attentionné qui voulaient arnaquer des gens en leur vendant du verre au prix de pierres précieuses. Nombre de fois où des amis joailliers avaient dû expertiser des bijoux précieux dans le cœur des gens mais aussi parce que la «grand-mère trucmuche» avait dit que sa bague coûtait chère et à cause de l'inflation, les héritiers avait cette sécurité de vente en se disant que cela paierait les dettes. Alors imaginez la déception une fois l'expertise quand on leur dit que cela ne valait pas un clou. Cela me mettait hors de moi.

Je descendis rejoindre les autres, j'avais complètement la tête embrumée, je n'avais pratiquement pas dormi et c'est toujours comme cela quand tu ressens la fatigue et que c'est le moment où tu trouves le sommeil, c'est le moment de se lever. Je déplaçais ma carcasse tant bien que mal pour me servir un café. Je pense avoir salué tout le monde et fort heureusement, ils avaient bien compris que je n'étais pas d'humeur à me lancer dans des grandes discussions, ni des discussions tout court. Je sirotais donc ma boisson en priant que la caféine fasse son effet.

Tanya se leva, je louais sa grâce et j'enviais son énergie. Avec Jasper, elle capta l'attention de tout le monde pour sûrement expliquer le programme.

— Je vois qu'Edward n'est pas du matin aujourd'hui alors je vais prendre le relais pour essayer de vous présenter les prochains jours. Tanya passait la main dans ses cheveux tout en essayant de reproduire mes mimiques, ce qui fit rire l'assemblée.

— Tu n'y arriveras jamais Tan, les cheveux d'Edward devrait rentrer à l'Unesco comme patrimoine immatériel ! S'esclaffa Alice rejoint par les autres. Je bougonnais toujours dans mon café et ma brume matinale.

— Oh, il n'a même pas la force pour répondre à ça ! S'étonna Tanya avant de poursuivre. Plus sérieusement, nous avons prévu de décoller pour Brisbane, nous irons faire un tour en ville et si le destin le veut, nous aurons la chance de voir des baleines à Fraser Island. Le lendemain nous feront deux grandes journées pour aller tourner les images des opales du Queensland et celle du Sud.

— Ouah ça va être la course ! Souffla Jacob.

— Tu as raison Jake mais comme à Coober Pedy nous aurons tout le loisir de filmer en souterrains, nous pouvons, comme ça, faire une équipe du matin et une nocturne. Ajouta Jasper.

— Et ensuite on repart où?

— Ensuite Leah... Direction la Grande Barrière de Corail et le parc des Koalas pour nous prélasser avant de partir pour notre prochaine expédition ! Répondit Tanya.

Il y eut des petits cris de joie de pouvoir au moins voir les «si mignons petits Koalas» de la part d'Alice, des sourires de défis d'Emmett, Jake et la meute qui se voyaient déjà en compétition de surf. Bella semblait déjà réfléchir aux plans de tournage et à l'organisation puisqu'elle commençait à noter avec hâte des choses dans son carnet. Les deux jours de tournage allaient être exténuant. Nous n'avions pas encore fait les équipes et pour être honnête j'étais trop fatigué pour le faire, je pensais même à déléguer cette tâche à Jasper.

Le vol se passait bien, du moins j'imagine, une fois assis à mon siège, j'avais sombré dans un sommeil sans rêve. Il n'était pas vraiment réparateur mais mon corps en avait besoin. Je sentis une petite secousse douce sur ma gauche. J'ouvrais doucement les yeux, je vis Bella légèrement en contre-jour avec la lumière du hublot. Je lui souris presque timidement.

— Tu te sens mieux ? Me dit-elle d'une voix douce mais teintée d'une pointe d'inquiétude.

— Hum, je me sens... Légèrement revigoré. Ce qui n'était pas tout à fait faux, je n'étais pas au meilleur de ma forme mais je me sentais déjà mieux que ce matin. Je réprimais tant bien que mal un bâillement.

— Comme tu semblais un peu agité je me suis posée la question. Continua-t-elle sur le même ton.

— C'est gentil de t'être souciée de moi, je vais mieux que ce matin. Répondis-je honnêtement. Nous sommes arrivés ?

— Bientôt, c'est pour cela que je t'ai réveillé...

— Oh, merci. À vrai dire je ne dirai pas non à un autre café ! Dis-je en m'étirant.

Une fois à notre hôtel, toujours aussi bien choisi, il était dans un quartier résidentiel mais non loin du quartier des affaires. Il y avait peu de chambres, la maison était d'architecture «Queenslander», construite en bois et en fer, un toit en métal avec une base surélevée. Pour à la fois empêcher les attaques de termites mais aussi pour augmenter la ventilation et ainsi contrôler la chaleur à l'intérieur. De nombreuses fenêtres à auvents s'ajoutaient au charme de cette bâtisse, avec une véranda qui entourait la maison. C'était élégant, cosmopolite et contemporain.

Je pouvais voir de l'équipement «Bose» et des draps italiens. Parfait pour passer une bonne nuit.

Un petit groupe avait décidé d'aller se baigner à Streets Beach, il ne fallait pas oublier qu'il y avait un lagon bleu en plein cœur de la ville, c'était une plage artificielle mais Alice avait besoin de renouer avec la civilisation, dans son langage c'était faire du shopping et manger dans des marchés plus insolites les uns que les autres, avec Tanya c'était les cheffes pour trouver des pépites.

Moi j'avais opté pour l'option nature et donc une excursion en kayak dans les Everglades plus au nord. Tanya, Leah et Emmett avaient décidé d'aller plonger voir une épave non loin de la Sunshine Coast. Jake et la meute voulaient aller faire du kayak de mer avec les dauphins et ils se rejoindraient pour faire du surf. Il ne restait finalement plus que Jasper, Bella et moi pour les Everglades.

Je trouvais les paysages époustouflants, malgré ma fatigue, les eaux curatives infusées d'arbres à thé, les merveilles naturelles de la nature me comblaient de joie. Il y avait un labyrinthe impressionnant de voies navigables. Le parcours était entouré d'une végétation luxuriante d'où on entendait le grouillement d'animaux sauvages. La biosphère est la première à l'UNESCO, forêt d'eucalyptus, mangroves, lacs en miroir... Nous ne pouvions bien entendu pas tout voir mais le peu de temps que l'on avait pu consacrer à notre escapade était déjà bien suffisant pour se faire ou se refaire pour ma part, une idée des paysages somptueux du parc. Une nuit à observer une couverture d'étoiles dans cette vaste étendue ne m'aurait pas déplu. Nous avions photographié des pélicans, brunché sous les eucalyptus et les figuiers. J'avais même eu le droit à un café fraîchement moulu au détour d'un chemin étroit et il y avait pas à dire les australiens savaient faire le café. Les immigrés italiens de la Seconde Guerre mondiale avait commencé à apporter des machines à café, depuis boire son café était ancré dans les mœurs. Les Américains aiment les boissons sucrées comme les frappés ou les macchiatos alors que les Australiens sont plus dans le long black; la différence avec un americano? Celui-ci adoucie le café pour le rendre plus léger alors que le long permet de conserver la puissance ou le flat white, si on devait résumer cette boisson, je dirai que c'est deux doses d'expresso et du lait chauffé à la vapeur, son secret ? La micro-mousse sur le dessus qui différencie cette boisson d'un latte et qui a moins de mousse qu'un cappuccino. Il ne faut pas oublier que Melbourne est la patrie des meilleurs baristas du monde. On dit même que si un barista n'est pas doué pour faire du latte art alors il ne tiendra pas un mois là-bas. Et pourtant l'Australie ne produit que 120/150 tonnes de café par an en comparaison le Brésil en fait 20 000 fois plus et pourtant, le pays n'a rien à envier au café italien ou d'ailleurs.

C'était une belle excursion d'une journée qui nous avait ravi. Je pense que Jasper et Bella étaient du même avis que moi. Tant l'harmonie entre les gens, la nature, la conservation et les activités durables m'avait ému. C'était important de pouvoir étudier nos écosystèmes grâce aux personnes qui prenaient le temps d'éduquer par la nature et la sensibilisation.

En rentrant en début de soirée, nous avions été rejoints par les autres et au vue des sourires sur leur visages, tout le monde avait passé une très bonne journée. Cela nous avait permis de nous ressourcer, chacun dans les activités que l'on souhaitait, pour se retrouver autour d'un cocktail pour partager nos impressions et nos faits marquants. Mes yeux balayaient par habitude la tablée, les visages étaient rougis par le soleil ou commençaient à prendre des couleurs, tout le monde avait l'air sur un petit nuage. Mon regard s'arrêta sur Bella, elle avait revêtu une tenue bien plus décontractée qu'à l'ordinaire. Elle portait une robe saharienne longue en lin verte d'eau. Elle avait croisé ses jambes, ce qui relevait légèrement le tissu et dévoilait la peau nue de sa cuisse gauche. Je déglutis difficilement et j'avais soudainement très soif, ou chaud ? Je ne savais plus vraiment, je trouvais tant bien que mal mon verre puisque mes yeux avaient décidé d'étudier l'éventuelle trace de grains de beauté sur sa peau.

— ?... Edward ? Entendis-je au loin.

Je détournai le regard en espérant ne pas avoir été pris sur le fait et essayer de déceler qui m'avait parlé puisque mon cerveau avait décidé d'entendre seulement «Ward».

— Tanya te demandait si nous allions visiter tous les champs d'opales parce que cela pouvait faire beaucoup ? Répéta Alice avec un grand sourire. Je ne mettrai pas ma main à couper mais mon petit doigt me disait qu'elle était parfaitement consciente de mon absence.

— Je pensais que l'on pourrait faire Winton, Quilpie et Yowah. Éventuellement Eromanga.

— Et Opalton ou Jundah ? Demanda Leah.

— Mmh Opalton me semble maintenant attirer beaucoup trop de touristes puisque c'était autrefois un des sites les plus étendus et exploités donc ils doivent encore avoir l'espoir de trouver des opales dans les anciennes concessions. Dis-je en réfléchissant.

— Et Jundah alors, n'y a-t-il pas des opales noires aussi ? Ajouta Bella, j'esquissais un sourire, quand je disais qu'elle m'étonnait toujours par des petites questions mais qui prouvait bien qu'elle était au courant de beaucoup de choses à force d'avoir poussé sa curiosité.

— Je pense qu'avec le soleil de plomb, ces trois ou quatre villes seront largement suffisante.

Pendant le trajet, nous étions assis côte à côte avec Bella, elle fredonnait une chanson d'Imagine Dragons.

— Les Aborigènes ont beaucoup de légendes associées à cette pierre magique. - Je la regardais, elle avait cette lueur de curiosité qui m'encouragea à continuer - Une tribu raconte que les opales ont été créées par les écailles du serpent arc-en-ciel et les pierres seraient tombées au sol alors qu'il façonnait les montagnes, les lacs et les rivières de la Terre.

— Je connaissais celle qui disait que le créateur arc-en-ciel a sa venue sur Terre, dès que son pied touchait le sol, des opales étaient forgées...

— C'est vrai que dans chaque culture de la Chine ancienne, l'Inde, le Moyen-Orient, des Aztèques aux Incas, les Aborigènes... tous ont reconnu les pouvoirs magiques et surnaturels dans les opales.

— Il y a 100 millions d'années, il y avait une mer immense et pas très profonde qui est maintenant le centre de l'Australie. Cet océan fournissait l'eau nécessaire à la création des opales, de nos jours on connaît cet endroit comme la «formation de Winton» qui a, à quelque chose près, la taille de la Californie.

— Enfin avec bien moins d'habitants, les déserts et les collines arides, en plus des températures torrides et peu d'eau ne donnent pas envie d'y habiter... Ajouta Alice avec une grimace, elle devait sûrement imaginer un monde sans boutiques.

Ma sœur n'était pas aussi superficielle qu'elle le montrait mais elle adorait, comme Rose, jouer sur son côté «girly» et cela leur permettaient d'arrêter de se justifier sur le fait que: Oui une femme peut-être l'égale des hommes sur tous les points de vues. De nombreuses fois elles avaient subit les inégalités entre Femmes et Hommes, d'après la société actuelle, elles seraient cataloguées féministes alors que le problème n'était pas là. D'après moi quand le monde aura compris que le sexe et le genre n'ont pas d'impact sur sa façon de travailler, d'étudier et juste de vivre, alors ce que l'on appelle féminisme sera juste la norme.

— Donc pour en revenir aux opales, si je me souviens bien et si j'ai bien compris la boulder se forme dans du fer ou du grès proche des rochers, elle remplit les fissures de la roche hôte ?

— C'est ça, on peut dire que c'est comme des veines emprisonnées dans le minerai ou la roche; on les taille de façon à laisser une partie du minerai autour de la veine, ce qui rend la taille assez délicate comme la dureté du minerai de fer est supérieur à celle de l'opale. En revanche le fait de tailler et conserver les deux, rend les opales boulder bien plus solides que les autres.

Elle me sourit pour me signifier qu'elle avait compris et elle coupa notre échange seulement pour continuer de noter dans son carnet. Elle avait une écriture ronde, pas vraiment fine mais pas épaisse non plus. Elle fronçait parfois les sourcils avant de rayer et rectifier ce qu'elle écrivait. Elle continuait de fredonner des chansons, j'avais l'impression qu'elle ne se rendait pas compte qu'elle faisait cela quand elle était concentrée, en plus de jouer avec son stylo. Je n'osais pas la déranger en engageant une conversation alors je regardais par le hublot.

Tout le monde avait bien compris qu'il allait faire très chaud, les couches de vêtements s'étaient faites plus fines, Emmett portait un marcel, ainsi que la meute, on aurait presque dit qu'ils étaient sponsorisé par une marque australienne qui avait comme slogan «le marcel c'est sensuel». Leurs musculatures apparentes laissaient penser aux nombreuses heures à soulever leur matériel et aussi de la fonte pour avoir ces triceps et biceps bien gonflés. Paul et Seth avaient des deltoïdes impressionnants, c'était assez drôle de constater que chez beaucoup d'hommes qui avaient une musculature importante, cela leur faisait une petite tête. On pouvait voir aisément le point commun avec Dragon Ball, où les personnages étaient sur-musclés avec des petites têtes sur des corps bodybuildés. Étonnamment chez Emmett, c'était une force à l'état brute et proportionnellement parlant il était bien. Je souris, m'amusant de mes réflexions. Jasper et moi étions loin de leurs musculatures mais je n'avais pas à rougir de ma forme, j'avais des abdominaux bien dessinés et c'est vrai que mes conquêtes étaient toujours étonnées de voir que je n'étais pas que longiligne, que j'avais un corps certes moins développé, pour ne pas craquer mes costumes trois pièces, mais que j'avais quand même de quoi attirer le regard.

J'avais pour ma part une éternelle chemise en lin dont j'avais retroussé les manches, j'avais pris des couleurs, comme les autres, je portais un short et des Palladiums. Il allait faire très chaud cette journée, c'est pour cela d'ailleurs que nous étions partis aux aurores, et je refusais de transpirer au point de me sentir collant, je détestais cette sensation. Les filles avaient elles aussi optés pour des shorts plus ou moins courts. Je risquais un petit regard vers Bella, elle portait une chemise sur un débardeur. Je voyais sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration calme, et c'est la mienne qui fût instantanément coupée. J'étais comme ces ados pré pubères qui avaient du mal avec le self-control, ce qui m'agaçait car je n'avais pas envie de devenir un lion face à un agneau, quoi que, depuis un moment je me demandais qui était le lion. Mes yeux dérivèrent vers ses longues jambes lisses et halées. Elle avait elle aussi pris des couleurs, c'était charmant. Je ris intérieurement car malgré la chaleur elle avait choisi des chaussettes montantes dans ses Palladiums et on pouvait apercevoir la tête d'E.T. sur les côtés. J'étais moi aussi adepte des chaussettes fantaisies.

Les rayons de lumières se frayaient un chemin dans sa chevelure châtain, elle avait des reflets roux, acajou, châtain clair, j'aurai pu passer des heures à essayer de distinguer toutes les nuances de ses cheveux. Elle portait encore ce parfum délicat, boisé et frais. Je n'aurai pas su dire ce que c'était mais j'appréciais la flagrance. Je me perdis dans la contemplation de ses grains de beauté, elle en avait par ci par là dans le cou, elle portait des boucles d'oreilles toutes simples mais ça n'enlevait en rien à son charme. J'avais envie de passer mes doigts à la base de sa nuque, sentir les muscles de son cou se détendre, qu'est-ce-que cela lui ferait si j'embrassais doucement sa nuque ? C'était des questions auxquelles je n'aurais probablement pas la réponse mais la réflexion me mettait dans un état... Plutôt inconfortable et je gigotais sur mon siège en pensant à mon arrière-grand mère Pratt, j'avais peu de souvenirs d'elle puisque je ne l'avais peu connu, mais je sais «qu'elle piquait quand on lui faisait des bisous et qu'elle sentait la chèvre»... Oui c'était des souvenirs d'un enfant de 3 ans, il ne fallait pas trop m'en demander.

Cela a eu pour effet de calmer mon imagination débordante, au grand dam du démon qui n'appelait qu'à la luxure. Mon côté sage se félicita. Je recommençais ma contemplation du hublot, c'était bien moins distrayant mais ça avait le mérite de laisser mon short en paix et accessoirement que cette partie de mon anatomie s'y trouve au calme.

Une fois à Winton, nous avions rendez-vous avec Dylan, je vis déjà pâlir Rebecca.

— On dirait Chris Hemsworth Chuchota-t-elle si fort qu'il arriva souriant, dévoilant une dentition blanche qui éblouirait presque.

— Bonjour tout le monde ! Fit-il avec un accent bien prononcé. Il souriait toujours, c'était un sourire franc d'un homme qui a totalement conscience de son charme mais qui a l'humilité de ne pas trop en jouer.

— Bonjour je suis Rebecca mais vous pouvez m'appeler Becca... Se précipita la brune.

— Bha je croyais que tu détestais ce surnom ? S'étonna Jake qui reçu un coup dans les côtes. Ce qui nous fit rire.

Un autre homme se joint à nous, il était... Le sosie de Liam Hemsworth. J'entendis presque Rebecca soupirer et un «c'est pas la chaleur qui va nous tuer mais les frères australiens» de la part de Leah.

— Salut, je suis Flyn. Il tendit la main vers Bella, lui aussi avait un sourire éclatant. Son œil s'illumina en la voyant et je me tendis légèrement.

— Et bien salut Flyn, Isabella. Elle lui rendit sa poignée de main. Mon démon s'esclaffa «et toc c'est Isabella pour toi du con». Je le muselais mentalement, non sans esquisser un sourire en coin, il avait pour une fois pas tellement tort.

Nous nous présentions tous sauf Tanya qui était la seule à les connaître. Dylan tenta d'user de ces charmes sur elle, c'était sans compter Jane et sa tolérance minime qui attrapa la main de la blonde délicatement. Pour n'importe qui c'était un geste adorable, pour ceux qui la connaissait, le ton était donné. Et je pense que vue la tension dans les doigts de Dylan face à ce geste, il avait bien compris que c'était mort pour lui. Jane était plutôt pudique sur sa relation au contraire de Tanya qui le montrait sans honte. Jane avait fait face à une famille pas vraiment ouverte d'esprit et qui encore aujourd'hui tolérait à peine leur relation. Je savais par Tan que cela affectait Jane mais qu'elle avait en quelque sorte fait le deuil de ses espoirs d'une réconciliation et encore moins d'une acceptation de ses parents. Alors la voir aussi possessive était à la fois mignon à voir pour nous et touchant. Les autres avaient l'habitude des gestes de la part de Tan, elle était très tactile et démonstrative avec sa femme.

— Les opales Boulder sont d'apparence organique, une couche de gré riche en minerai de fer. Ce sont de solides morceaux de pierre de fer avec des veines et des tâches d'opale colorée décorant d'un côté puisque généralement la couleur de corps et sombre comme les opales noires... Expliqua Flyn, son sourire ne le quittant plus. Bella acquiesçait poliment. Un peu plus et il allait bomber le torse.

— Les opales qui se forment couche après couche de minuscules sphères, ces sphères ont toutes la même taille et les espaces entre elles sont réguliers. La taille est incroyablement petite. Un dixième micron de diamètre ! Bella réfléchit un quart de seconde avant de répondre.

— Sachant qu'un micron correspond à 1/1000 de millimètre... C'est fou même un cheveu fait 50 microns ! Souris-t-elle étonnée.

— Si toutes les tailles sont similaires alors la lumière peut se déplacer bien plus facilement à l'intérieur et les effets de jeu de couleurs sont du plus bel effet en revanche si les sphères sont un peu plus grandes, alors il y aura bien plus de flashs rouges et oranges. Dis-je satisfait. «Tiens dans les dents mini Thor !» S'écria ma conscience qui était complètement passé du côté obscur.

— J'allais le dire... D'ailleurs Bella, tu connais les motifs des opales ? Renchérit l'australien.

— Et bien... je connais les classiques: bagué, écriture chinoise, flamme, arlequin, paille... Énuméra-t-elle.

— Pas mal du tout ! Il y en a énormément d'autres comme confettis, floral, maquereau, rouleau, ruban… Les plus classiques sont l'écriture chinoise, le flash large, l'arlequin, le floral, le paon et la dalle. Ils se retrouvent plus dans les opales noires mais dans les Boulder, comme les veines ou les plaques d'opale sont sur un fond de pierre de fer alors il y a moins de zone pour que les motifs soient bien visibles.

Nous arrivions sur site, en dehors de la zone minière manuelle, ils utilisaient des excavatrices, des bulldozers et des foreuses pour la mine à champ ouvert. C'était une entreprise familiale qui s'était agrandie avec le temps et la vente des opales trouvées sur leur champs. Ils allaient nous suivre dans notre voyage de Winton à Yowah puisqu'ils devaient relever toutes les productions.

L'équipe avait commencé à tourner dans les galeries souterraines, il commençait à faire très chaud et heureusement qu'il y avait de l'eau pour tout le monde. Flyn collait Bella comme son ombre.

— La valeur de l'opale dépend des couleurs de la pierre, une pierre colorée sera plus chère qu'une avec des couleurs ternes, la valeur des bijoux suit un ordre de couleur, la rouge est la plus rare donc la plus précieuse puis l'orange, le vert, le bleu et le violet. Je secouais la tête, c'était du discours pour les néophytes, bon pour les touristes. Mais je ne disais rien, préférant aider Jasper à définir une liste de pierres à acheter à Dylan si on en trouvait.

Les opales boulder étaient appréciées des collectionneurs et des consommateurs puisque les motifs exotiques, ses formes abstraites rappelaient les motifs aborigènes. En 1870 c'est là que l'on trouva pour la première fois des opales précieuses vendables. La reine Victoria, grande fan de cette pierre avait même accordé un bail foncier en pleine propriété de la célèbre mine Aladdin, la seule dans cette partie du Queensland à l'époque.

Les frères continuaient d'agrandir tant qu'ils pouvaient trouver suffisamment d'opales pour maintenir la viabilité économique de la mine. Ils suivaient des structures bien définies comme des failles pour rechercher les opales. Je demandais à collecter quelques échantillons pour la collection de référence du GIA. À côté de leur camp aménagé, Dylan avait un atelier de coupe et de polissage.

Après avoir eu l'accord de l'équipe de tournage; ils étaient satisfaits de leur images, nous nous rendions à Quilpie, une autre ville bien connue pour l'extraction et le commerce de l'opale. Ici, Flyn possédait un magasin dans la rue principale. Dans son jardin, il y avait une grande quantité d'opales brutes qui attendaient d'être traitées. La ville n'était pas grande mais cela nous permit de faire une petite pause avant de regagner la chaleur étouffante des exploitation à ciel ouvert. L'opale était extraite dans la couche de grès tendre, les dépôts secondaires sont extrêmement rares.

Nous rencontrons Eddie, qui était un collectionneur d'opales et un artiste qui nous montra ses «bébés» comme il disait. Chaque pierre de sa collection était tranchée ou polie de manière différente, c'était un spectacle vraiment intense quand on ne le connaissait pas et même en le côtoyant depuis des années, je restais toujours autant ébahi devant sa connaissance, son expérience et sa compréhension de la pierre. Il fabriquait aussi des supports de sculpture en bois pour les exposer. «L'opale carving», la sculpture sur opale était très répandue et appréciée des australiens. Ils taillent la pierre pour lui donner une forme originale. Ce n'était pas recherché par les joailliers car on sortait des tailles en cabochons, rondes, ovales voire rectangulaires. Le lapidaire travaillait donc la pierre rejetée pour creuser les inclusions disgracieuses.

Nous étions en pause avant de donner la main à l'équipe de tournage de nuit. Je vis Rebecca et Dylan disparaître dans une caravane «AirStream» et au vue des bruits qui en émanaient, nous avons tous conclus qu'ils ne parlaient pas vraiment des pierres. Ce qui nous fit rire, Rebecca n'avait pas été très discrète sur ses intentions mais il est clair que Dylan n'était pas aveugle devant les sous-entendus. Flyn et Bella parlaient beaucoup, elle riait de temps en temps et je pouvais voir d'après son langage corporel qu'elle était détendue. Flyn quant à lui se donnait à fond pour le home-run qu'il espérait. Je grommelais quand «par inadvertance» il effleura sa main pour lui tendre une bière, ou quand il se penchait près de son oreille et qu'elle éclatait de rire ensuite, là j'étais complètement renfrogné et je pianotais sur mon téléphone rageusement.

— Tu fais quoi Eddy? S'approchait Emmett goguenard avec sa bière.

— Ne m'appelle pas comme ça , tu sais très bien que je trouve que ça fait vieux péquenaud.

— Oula t'es pas d'humeur toi ! Il suivait mon regard, j'avais voulu être discret mais je ne pouvais pas m'en empêcher de lorgner sur les deux. C'était leur fautes aussi à force de rire on n'entendait qu'eux ! Mauvaise foi quand tu nous tiens. Un large sourire se dessina sur le visage d'Emmett. Tu es jaloux ! Me dit-il sous le ton de la confidence.

— Bien joué Sherlock ! Rosalie s'était joint à nous.

— Mais Rosie je savais pas moi qu'il avait des vues sur ma soeuuuuur ! Se justifia le géant.

— Mais ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! Alice venait mettre son grain de sel aussi. Je jetais un regard encore dans leur direction, notre petit clan ne les avait même pas fait sourciller. «Qu'est ce qu'elle pouvait lui trouver à mini Thor !»

Emmett éclata de rire, c'est là que je réalisais que j'avais dit ça à voix haute.

— Mais toi t'es Eddy Stark, t'es le mec le plus intelligent super classe ! Je souris à la comparaison.

— Il marque un point, j'ai pas l'impression que Bella privilégie le physique... Dit Rosalie.

— Après ça fait longtemps... Commençait Leah avant de se prendre un regard, qui en disait long, de la part d'Alice. Enfin peut-être que tu devrais toi aussi montrer que tu es un concurrent sérieux ! Se rattrapa-t-elle.

Depuis quand mes sentiments étaient devenus le centre de nos conversations? Et depuis quand je devais concurrencer la gente masculine qui rôdait autour de Bella.

— Elle a le droit de fréquenter des gens et de vouloir faire une Rebecca... Murmurai-je en m'étranglant à moitié rien qu'à réaliser ce que je venais de dire.

— Eww... C'est pas le genre de ma sœur quand même...

— Après il est bien foutu... Faut le reconnaître... Commençait Tanya qui rit presque quand je lui balançais mon regard le plus meurtrier.

— Enfin bien foutu... Il est intéressant à regarder mais est-ce qu'il est intéressant à écouter aussi ? A ce moment Bella éclata de rire. Oubliez ce que je viens de dire. Se précipita de dire Jasper.

— C'est sûr que pour s'envoyer en l'air t'as pas besoin de beaucoup de culture... Aïe mais ça fait mal ça Rosiiiie ! Emmett se frotta l'arrière de la tête.

— T'es dans quel clan toi aussi ! L'engueula la blonde.

— Du clan Eddy Stark mais je dis juste que... Recommença Emmett.

— Ouii oui on a compris ! Mais tu connais ta sœur quand-même, elle serait du genre d'un coup d'un soir ? Je clignais des yeux, depuis quand Jasper allait sur ce genre de terrain là ?

— Bah après ça fait toujours du bien de se sentir désirer... Ajouta Jane.

— Pas faux mais je veux dire il y a Ed... Fit Alice dans une petite moue en prenant le bras. Je soupirais fatigué par la chaleur, la journée, la fatigue en général, et surtout par mini Thor qui continuait avec son char là. Fatigué de Bella aussi qui ne voyait pas que mini Thor avait les dents aussi longue que le loup de Tex Avery devant Betty Boop et qu'il n'avait qu'une envie c'était de dévorer l'agneau. C'était elle l'agneau devant ce crétin fini.

Je me levai, je n'étais pas de l'équipe de nuit. Mon mouvement dû se faire remarquer.

— Tu t'en vas ? Demanda la brune qui était en débardeur à cause de la chaleur.

— Pour ce que ça t'intéresse. Maugréai-je en partant sous ses yeux surpris, elle fronça les sourcils et me laissa partir.

Je n'avais pas fait 20 m qu'elle se matérialisa devant moi. Ses mouvements avaient déplacé son parfum jusqu'à moi.

— Je peux savoir ce que je t'ai fait ? S'énerva la brune, sa main sur la hanche. Je jetais un coup d'œil derrière elle, mini Thor regardait vers nous, je souris en coin.

— Je crois que ton prétendant attend que tu reviennes à côté de lui. Dis-je sarcastique. Elle ouvrit la bouche une première fois, puis fronçait les sourcils.

— Je te demande pardon? Dit-elle un peu plus sèchement.

— Oh fait pas l'étonnée vous vous pavanez devant tout le monde, à un moment fait comme Rebecca et va prendre une caravane ! Lançai-je énervé et fatigué, par mes sentiments, mes peurs, mes doutes, la jalousie et le fait qu'elle assumait même pas son comportement.

— Non mais c'est toi qui a un problème là, déjà, je ne me pavane pas devant tout le monde, il me semble que vous étiez bien en groupe pour parler en nous laissant de côté ?

— Ah oui? Tu l'avais remarqué pendant que tu papillonnais des yeux devant blondie. Rétorquai-je, la jalousie parlait et les vannes étaient ouvertes.

— Et quand bien même je papillonnais, en quoi ça te regarde au juste ? Cracha-t-elle les yeux furieux. Sur le coup, j'ouvris moi aussi la bouche avant de la refermer. C'est vrai après tout, je n'étais rien pour elle. Dans les films, à ce moment là, l'acteur l'aurait embrassé fougueusement, il y aurait eu une bataille pour savoir qui dominerait l'autre... Mais nous étions loin de la fiction.

— Bonne soirée Swan. Je tournai les talons la laissant. Je sentais encore les éclairs de son regard me transpercer, même de dos. Au virage j'entendis mini Thor demander si tout allait bien et Bella lui répondre que c'était rien une mésentente sur le projet. Je claquais la porte de la caravane avec rage. C'était ça finalement, je n'étais qu'une partie dans le projet. Je balançais mes chaussures avec énervement, j'avais eu un comportement complètement idiot mais bon pour ma défense, j'avais envoyé des signaux d'intérêt... Enfin je pense. Et puis même c'était inconvenant de mélanger boulot et partie de jambe en l'air. Je veux dire Rebecca pouvait le faire mais pas Bella. «Et en quoi Bella ne pouvait pas le faire? Ce n'est pas ta chose» Me raisonna ma conscience. Je savais qu'elle avait raison mais j'étais juste un crétin jaloux qui idéalisait les débuts d'une relation qui restait seulement professionnelle pour elle.

Trois petits coups retentirent à la porte. J'arrêtais de bouger, la personne s'en irait si elle voyait que je dormais.

— Ed, je sais très bien que tu es figé comme une statue pour me faire croire que tu pionces mais je sais très bien que tu es réveillé. S'agaça Alice avec amusement.

Je soufflais, elle me connaissait trop bien. J'ouvris la porte avant de voir qu'il y avait Rose et Tanya avec elle. Et de la bière pour nous 4. Je souris, c'était ma famille après tout et je reculais pour les laisser passer dans cet espace exigu.

— T'as merdé.

— T'es vraiment un crétin quand tu t'y mets.

— T'es vraiment con quand t'es jaloux.

Dirent les filles en même temps, je ne faisais qu'acquiescer, j'étais bien au courant de tout ça. Je buvais au goulot une petite gorgée de bière.

— Après pour te rassurer, elle n'écoutait plus vraiment mini Thor à son retour...

— Elle regardait même parfois vers la direction que tu as pris...

— T'es peut-être un peu con mais au moins on sait que tu ne la laisses pas indifférente.

— Tu parles... Vous étiez pas là quand elle me fusillait du regard... J'haussais les épaules défaitiste.

— En même temps tu étais en train de lui pisser dessus comme un chien rageux pour marquer son territoire ! Moi je t'en aurai collé une si tu veux mon avis !

— Merci Tan, je te demanderai plus souvent de me remonter le moral...

— De rien mon chou. Mais tu vois ce que je veux dire. Tu t'es comporté comme ces mâles alpha exécrables qui pensent qu'une fille se pavane et qui rabaissent la femme à juste potiche qui sert de vide couilles. Elle finit sa diatribe avec une grimace.

— Mais c'est faux ! Croassai-je devant le franc parlé de Tan. C'est pas du tout cela que je voulais faire, seulement elle riait comme une...

— Une quoi ? Une fille qui passait un bon moment ? Oui Flyn lui fait du rentre dedans loin d'être discret et - elle fit signe de me taire avant que je ne la coupe - je te l'accorde Ed, il veut qu'une chose c'est lui montrer comment il est bien monté... De partout... Mais toi? - Elle secouait la tête négativement - Tu es bien au-dessus de tout ça. Je veux dire on est en train de vivre une aventure extraordinaire, même nous on n'a jamais vécu ça. Ce sont pas les voyages qui forment les souvenirs mais ce sont avec les gens avec qui on les partages. Me dit Rosalie en prenant ma main.

— Tu as le droit d'être jaloux, de vouloir lui plaire et de lui faire la cour... D'ailleurs sur ce coup là t'es en retard, je veux dire si tu as commencé à envoyer des signaux il va falloir changer hein ! Me taquina ma sœur avant de reprendre. Mais ne soit pas comme les autres connards lourdingues.

Je les pris dans mes bras, enfin c'était un câlin collectif avec les femmes de ma vie dans le salon de cette caravane sous la nuit de l'outback australien. Elles repartirent se reposer pour Tanya et pour aider l'équipe de nuit pour Alice et Rose.

Quelques heures plus tard, je sortis de la caravane ne trouvant pas le sommeil. Je marchais un peu parmi les caravanes, Rebecca et Dylan avaient l'air de remettre le couvert, sinon tout était calme. Les voitures de l'équipe de nuit étaient partis sur le terrain à ciel ouvert. Je grimpais sur une bute après avoir pris une bouteille d'eau. Je fus surpris de voir une petite silhouette au sommet. Elle était là et regardait le ciel. Il y avait peu de lumière mais son visage était légèrement éclairé. Mon cœur se serrait parce que j'avais merdé et je me demandais comment elle allait se comporter. Je décidais de rebrousser chemin pour ne pas la déranger, c'était sans compter une canette de bière qui se trouvait un peu plus loin, je donnais un coup de pieds dedans par erreur. Je me frottais la nuque mal à l'aise.

— Je... je ne savais pas que la place était prise. Je te laisse tranquille. Murmurai-je.

— Je crois que l'on doit parler non ? Son ton était toujours sec mais il n'y avait pas de colère. Quand je me retournais pour lui faire face, je pensais très fort que j'aurai préféré revoir les éclairs dans ces yeux que la déception que je pouvais y lire. Je soupirais lourdement avant de m'asseoir à côté d'elle.

— Je ...

— Tu...

On commençait en même temps, je ne pus refréner un petit sourire mais je la laissais parler.

— Je n'ai pas du tout aimé ta manière, ni de me parler ni de te comporter. Je ne suis pas une chose, ni un trophée, ni une femme facile. Dit-elle sèchement. Je baissais les yeux brièvement, honteux.

— Je... je sais bien tout ça, je me suis juste comporté comme un connard. Soufflai-je, me sentant encore plus bête maintenant. Je me suis laissé emporter par ma bêtise... En aucun cas je voulais te faire sentir comme ça...

— Mais tu m'as fait sentir comme une traînée écervelée... Je sais que tu n'es pas ce genre de personne alors c'est pour ça que je voudrais crever l'abcès...

Je triturais un petit cailloux à côté de ma chaussure. Il faisait toujours chaud mais ce n'était pas la moiteur du temps qui m'incommodait c'était la situation, j'essayais d'analyser les possibilités. Puis je réalisais que j'avais la réponse sous les yeux depuis longtemps et qu'il fallait que j'assume mes sentiments et mon comportement qui n'était pas excusable mais il y avait des circonstances atténuantes.

— Je m'inscris sur la liste des prétendants. Je la regardais droit dans les yeux pour sonder son regard. Une myriade d'émotions passait. Surprise, incompréhension, une lueur inconnue s'ajouta.

— Je ne suis pas vraiment sûre de comprendre... Chuchota-t-elle.

— Et bien... Je réfléchissais pour bien peser mes mots et essayer de faire passer au mieux mes mots. J'ai réalisé que... Tu me plaisais un peu, beaucoup même... Et j'ai l'intention de te faire la cour, de te montrer que tu comptes pour moi et au-delà du documentaire que j'ai envie de faire un bout de chemin avec toi. Tu es intelligente, curieuse, attachante, j'aime ta répartie, j'aime l'intérêt que tu portes à tes passions, à nos échanges... Je suis idiot d'être jaloux parce que je m'en voulais de ne pas avoir réussi à te dire ce que j'avais sur le cœur avant mini Thor... Elle sourit au surnom de Flyn en me regardant, ses yeux brillaient intensément. Depuis que j'ai compris mes sentiments, je panique parce que j'ai peur de tout ça mais j'ai aussi peur de passer à côté de l'opportunité de te déclarer ce que je ressens, même si ce n'est pas réciproque, je n'ai pas de regrets. Jusqu'au jour où tu en auras marre de mes déclarations... Je souris doucement, épuisé par mes révélations, soulagé de ne pas avoir pris de claques... Mais inquiet de sa réaction. Un long silence suivait ma tirade, il n'était pas pesant mais je suppose que cela faisait beaucoup à encaisser...

— Merci pour ta franchise et tes mots ?... Commença-t-elle en mordillant sa lèvre, je fis un signe de tête entendu. Elle se leva, mon cœur se serra et je paniquais un peu. C'est bien ce qu'il me semblait me dis-je, elle était flattée mais pas intéressée. C'était professionnel. C'était le jeu et j'étais conscient qu'il n'y aurait pas forcément de retour.

Elle se pencha pour déposer un baiser sur ma joue.

— J'attends que vous me fassiez la cour alors Professeur et je jugerai vos efforts... Elle me laissa là avec mon sourire idiot, l'endroit où elle avait posé ses lèvres me semblait encore chaud...

Je regagnais ma caravane le cœur léger, la tête encore là-bas, elle me donnait l'autorisation de lui courir après, ce n'étais pas un non donc ça voulait dire que je l'intéressais un minimum... Je m'allongeais dans le lit, légèrement trop petit pour mes jambes. Je repensais aux petites rougeurs qui étaient apparues sur les joues de Bella quand elle était partie. C'était presque imperceptible mais je l'avais vu. J'avais bien merdé et je m'en voulais terriblement mais heureusement c'était sans compter ma famille qui avait su trouver les mots pour me réconforter et aussi l'intelligence de Bella qui avait été au-delà de l'énervement pour établir ce dialogue dont on avait besoin. Je m'endormis rapidement épuisé par la chaleur et les derniers événements. Je m'endormis du repos du juste. Je me réveillais quelques heures ensuite. Le jour commençait à peine à se lever. Je m'étirais, il faisait encore plus chaud que la veille.

En sortant, je pris des nouvelles de l'équipe qui venait de finir les tournages. Nous pouvions nous diriger vers Eromanga et Yowah.

— Toi tu as bien dormi ... Me dit Alice en m'embrassant.

— Nous avons eu une petite discussion avec... Bella ... Répondis-je timidement.

— Et vu le sourire que tu as, c'est que vous êtes de nouveau en bon terme ?

— On peut dire ça... Éludai-je.

— Edward Anthony Cullen, tu en as bien trop dit pour ne pas en avoir dit assez ! Tu vas cracher le morceau ! Elle commençait à me faire des chatouilles, comme si ça allait me faire céder !

— Disons que j'ai le droit de lui courir après ! Dis-je avec une pointe de fierté.

— Mais c'est parfait, ça c'est mon petit frère et je te garantie qu'avant notre retour, vous filerez le parfait amour !

— Doucement Lili !

— 40% du travail est fait mon cher frère, le reste c'est du gâteau ! Continuait le lutin confiant.

— Tu t'avances beaucoup là ! Je serrais ma petite sœur dans mes bras.

— Je suis contente pour toi tu sais, tu mérites vraiment d'être bien accompagné et d'être heureux. Elle resserrait sa prise sur ma taille.

— C'est pas encore fait et ça ne se fera peut-être jamais...

— Même, tu es rayonnant aujourd'hui, tu le seras encore plus en te rapprochant d'elle. Et fais moi confiance, j'ai un bon pressentiment.

— Merci Lili. J'embrassais le sommet de sa tête. Tanya nous avait rejoint pour un câlin collectif.

Eromanga avait été une perte de temps, nous n'étions pas restés longtemps puisqu'il n'y avait rien du tout. La ville de Yowah est toujours connue pour ses opales avec des mines à ciel ouvert et des souterraines dans tous les champs. Le tourisme est la principale industrie de la ville. Que cela soit pour les boutiques, les activités de «fossicking», l'art de rechercher des pierres et minéraux précieux et semi-précieux, c'est un terme complètement australien. Cette activité a commencé avec la ruée vers l'or dans des conditions très rudes. De nos jours c'est devenu un loisir typiquement australien.

Certains propriétaires utilisent encore des baguettes de divination pour explorer les gisements d'opales. Les bulldozers sont quant à eux utilisés pour couper les dépôts ouverts et transporter les matériaux. Dans les champs de Yowah, on trouve des opales boulder bien caractéristiques les «Yowah Nuts». Ces «noix» sont des concrétions, c'est à dire ici une accumulation de matières, en couche autour d'un noyau. Les concrétions de pierre de fer allaient de la taille d'une cacahuète à la taille d'un citron. Le volume et la brillance de ces noix ont une certaine notoriété.

Après un dernier tournage, on quittait la région ainsi que Dylan et Flyn. Ce fût un court séjour fort en émotions mais j'étais content de ce que l'on avait pu tourner. Malheureusement en terme de pierres, nous n'avions eu que quelques spécimens pour de la collection. Rien de significatif.

Nous profitions de la soirée pour rouler jusqu'à la région d'Australie-Méridionale. La chaleur était écrasante. Une fois arrivée, dans la nuit, un panneau avec marqué «Opal City» nous attendait, pas de doute nous étions arrivés à destination. Nous fûmes accueillis par un vieil homme, Doug, qui avait un air de Dumbledore. Il s'occupait des personnes en provenance d'Adélaïde et qui cherchaient fortune. L'air était chaud, lourd et suffocant pourtant c'était encore la nuit. Dans la rue principale il n'y avait pas âme qui vive mise à part quelques groupes aborigènes.

Sur la route d'Alice Springs et Adelaïde se trouvait Coober Pedy, une ville plutôt récente puisque les années 60/70 marquèrent la ruée de l'âge d'or vers la ville. Le nom de la ville provient des aborigènes «Kupa Piti, ce qui se traduirait approximativement par l'homme blanc dans un trou», ils vivaient dans la région depuis des milliers d'années.

C'est en 1915 qu'un adolescent de 14 ans découvrit la première opale, une pierre scintillante aux reflets bleus, verts. Coober Pedy se situe dans une terre hostile à l'homme faite de poussière, ocre, gravier à perte de vue; une station-service, deux supérettes se battaient en duel, mais attirait une masse de monde. Il n'était pas rare de croiser des hollandais, des taïwanais, on compterait pas moins de 45 nationalités différentes.

Il y avait un espèce de bric-à-brac d'objets tous insolites qui étaient déposé sur une colline par un artiste. Une décharge, un bus abandonné, des carcasses de voitures... Il suffisait juste de survivre à la chaleur. De nombreux films de science-fiction post fin du monde étaient tournés ici, la ville et l'arrière-pays faisaient des lieux de tournage de choix. Notamment pour Mad max 3.
L'autre particularité de cette ville? Tout est souterrain, églises, campings... Pas étonnant avec cette étendue de poussière rose saumon avec, si on a de la chance, de temps en temps un arbuste. Ce n'est pas la première ni même la plus grandes des villes troglodytes mais c'était quand-même un spectacle à vivre.

Depuis des milliers d'années les hommes trouvent refuge sous terre pour faire face à la dureté des climats, même les chimpanzés ont été observés en train de se rafraîchir dans des cavernes pour faire face à la chaleur extrême d'une journée au Sénégal. La température frôle les 52, si bien que les oiseaux qui se risquent à voler dans ces contrées, tombent du ciel et que les appareils électroniques doivent être stockés dans des réfrigérateurs.

C'est en pénétrant par des bâtiments totalement ordinaires que l'on voit l'étendu des souterrains et progressivement, les passages révèlent les «dugouts»; les habitations troglodytes.

— Ouah on se croirait dans Narnia! On passe une armoire et paf on se retrouve dans un autre monde ! S'exclama Emmett impressionné.

— Ici, un bâtiment souterrain doit avoir au moins une profondeur de quatre mètres pour éviter que le toit ne s'effondre. Sous cette roche, il fait toujours environ dans les 22, les maisons gardent donc une température ambiante constante tout au long de l'année. Expliquait Doug qui nous montrait le chemin jusqu'à son auberge.

— L'avantage de la vie souterraine, outre le confort, c'est le coût assez faible, à la surface, il faut payer une fortune pour le chauffage en hiver et la climatisation en été. Ajouta Jason, un ami qui gérait la station-service. Coober produit sa propre électricité , 70% solaire et éolienne. Mais la climatisation est un gouffre financier.

— Alors que pour 40k de dollars australiens, tu as une maison avec 3 chambres ! Pouffa Doug.

— Cela revient à environ 26K de dollars américains.

— C'est rudimentaire et il faudrait rénover tout ça mais on ne peux pas se permettre une maison à Adelaïde. C'est quasiment 17 fois le prix d'ici. En plus ici, pas d'insectes!

Je regardais aux alentours, la roche était si tendre qu'on pouvait gratter avec son ongle.

— Dans les années 60/70, les gens ont agrandi leurs maisons avec des explosifs, des pioches et de pelles. Mais la plupart du temps, les habitants utilisent des puits de mines abandonnées. Alors que maintenant, avec un tunnelier, en un mois on creuse un abri. Continue d'expliquer Doug.

— Tu te souviens de Pedro ? Lança Jason à Doug.

— Oh oui le bougre, une chance de cocu, il décide de venir faire fortune, il achète avec ses économies un petit abri, il décide d'installer sa douche et bang, une opale. Puis pareil pour l'hôtel, ils ont décidé de construire une extension et boum, des opales qui leur ont rapportés 1.5 millions de dollars australiens. Moi j'ai pas cette chance !

— Bha comme Rick, dans sa maison, il a une piscine, une salle de jeux...

Nous arrivions dans l'auberge après être passés devant un restaurant, un motel et une église orthodoxe.

Ici, les mineurs n'ont pas le budget pour creuser à la machine alors tout est quasiment fait à la pioche. N'importe qui peut louer une parcelle et creuser. Les opales d'ici sont blanches ou laiteuses.

— Les opales d'Andamooka valent le détour? Me demanda Leah.

— Pour être honnête la plupart de ces opales sont poreuses et donc subissent un traitement à l'acide sulfurique et au sucre. Énonça Rosalie.

— Genre comme un espèce de caramel ?

— Exactement Em, pour combler les cavités et imiter les opales noires.

— On les appelle les «sugar and smoke». Mais si on part sur ce terrain là, il y a aussi la tromperie en faisant passer des opalites pour des opales. Un verre industriel qui imite l'opale. Au microscope, la structure fluidale, les bulles d'air et l'indice de réfraction de l'opale permettent de faire la différence facilement. Mais tout le monde n'a pas un microscope à disposition. Ou encore pour tromper les vrais néophytes, le «slocum stone» un doublet ou un triplet qui est constitué de particules métalliques que l'on recouvre d'un dôme de verre ou de quartz. L'aspect visuel n'a rien à voir mais quand on ne s'y connaît pas, on peut être trompés.

— Qu'est ce que qu'un doublet ou un triplet ? Demanda Paul.

— Ce sont des pierres composites, le doublet véritable se compose d'une lamelle d'opale noble doublée par l'opale commune, parfois teintée en noir, le doublet «semi véritable» quant à lui et une lamelle d'opale doublée par de l'onyx ou du verre noir et enfin le doublet faux, c'est une pierre composée d'autres matériaux d'imitation, un verre opalescent sur une coquille.

— Et le triplet ? Ajouta Seth.

— Le triplet est juste une couche de gélatine pour coloriser. Les doublets et les triplets ne sont pas des arnaques puis qu'il y a un morceau véritable d'opale, cela convient juste pour les plus petits budgets et c'est une bonne chose.

—Les opales synthétiques quant à elles peuvent être totalement bluffantes, se sont en quelques sortes des opales mais le processus de fabrication a été accéléré, ce qui se passe sur des millions d'années se produit en quelques mois ou années en laboratoire. Expliqua Jasper.

— Alors on peut aussi nous duper sur une pierre synthétique en nous la vendant comme naturelle ! S'exclama Rebecca avec vigueur.

— Oui mais cela représente une fraude, après - j'attrapais mon carnet pour faire des croquis - si tu regardes la synthétique sur le côté transversal, elle présente principalement des stries verticales uniformes alors que - je ponctuais mes explications avec des dessins -, si tu prends une naturelle, il y a des strates et les stries sont désordonnées.

Bella esquissa un petit sourire, avant de continuer à prendre des photos des galeries. Nous n'avions pas vraiment eu de chance non plus pour les opales blanches. Beaucoup de personnes venaient pour du tourisme, pour trouver leur opales. Nous n'avions pas de réel contact ici ce qui nous avait pas dérangé pour le tournage mais nous avions acheté quelques pierres au boutique de la ville.

Notre aventure exploration se terminait ici, il était temps d'aller se détendre.

— Prête pour les Koalas ? J'avançais avec Bella pour regagner notre villa. Jasper avait réservé deux villas pour que l'on puisse avoir le loisir de se retrouver rien qu'entre nous. Notre maison était magnifique, au cœur de son jardin tropical. Elle était en bord de mer, non loin de Magnetic Island pour aller voir les Koala sauvages.

— Je crois qu'après les grosse chaleurs de l'outback, je suis prête à tout pour rester proche d'une source d'eau ! S'amusa Bella.

— J'ai hâte de faire de la plongée... Dis-je avec impatience.

— Arg, c'est vrai que ça monte le niveau là... Disons que j'ai envie de voir les Koalas parce que c'est vraiment adorable et que je suis impatiente aussi de découvrir les coraux.

— Tu n'as jamais été en Australie ?

— C'était vraiment rapide, nous sommes parties avec Leah à Melbourne mais c'était plutôt pour qu'elle oublie un ex que pour la faune et la flore ! Bella fit une mine désolée.

— Hahaha, rien à voir avec ce que l'on va faire alors.

— Rien du tout ! Mais c'est sympas aussi de pouvoir passer des moments à ... ne penser à rien et juste siroter des cocktails.

— En bonne compagnie !

— C'est une proposition ? Elle tourna sa tête vers moi, le regard malicieux et son sourire éblouissant.

— C'est une promesse ? Admis-je avec la même malice.

— Professeur Cullen, vous avez intérêt à satisfaire mes papilles... Je suis très exigeante... Pour les cocktails. Elle sourit et me laissa encore avec un sourire idiot. J'étais désespérément cet agneau face à la lionne qu'elle était.

Nous avions loué un grand voilier, Tanya était à la barre. De temps à autre elle embrassait Jane qui ne se faisait pas prier pour rester dans ses bras. Il y avait un peu de vent mais surtout un immense soleil qui réchauffait la peau. L'île où nous allions était bordée de pas moins de 23 plages.

— L'île de Magnetic a été créée il y a plus de 275 millions d'années lors d'une éruption volcanique. Expliquai-je aux autres.

— La roche s'est érodée au fil du temps pour créer ce que nous voyons là. Reprit Jasper

— Avant l'île, n'en était pas une puisqu'elle était reliée au continent puis l'élévation du niveau de la mer a depuis créé ce chenal. Nous sommes en territoire du peuple Wulgurukaba. Même si avec la colonisation européenne, de nombreux habitants ont été contraints de partir de leurs terres.

— Pendant la Seconde Guerre mondiale, Townville, d'où nous sommes partis était une base militaire importante et l'île servait d'avant-poste. Il y a encore des ruines à voir.

À mesure que l'on avançait, on pouvait déjà voir les formes de roche de granit et des récifs coralliens au large. De la forêt presque partout, beaucoup d'eucalyptus.

— Regardez une tortue de mer ! Alice se précipita pour regarder de plus près, en étant retenue par Jasper. La tortue nageait doucement et fit des petits tours avant de repartir.

— Au revoir Madame la Tortue. Fit Alice en lui faisait un signe de main. Comme c'était la fin de l'après-midi, nous étions plus susceptibles de voir des koalas.

Nous accostions et nous nous partîmes sur les chemins de randonnées en direction de Forts Walk. Nous nous arrêtions dans une station-service pour acheter des fruits et des légumes pour nourrir les wallabies. Surtout des carottes et des pommes. Notre journée se passait très bien, Alice et Jane étaient devenues hystériques en tenant des Koalas dans leur bras, au Bungalow Bay Koala Village. Dans la nature, nous en avions vu pas mal. Des petits qui s'accrochaient à leur parents qui, eux, mangeaient de l'eucalyptus avec paresse. Emmett avait décrété que c'était la vie de rêve. Un petit koala s'était même accroché à ma jambe. La randonnée nous permettait d'avoir des vues incroyables en plus de s'enrichir de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale ici.

Pour les intéressés, c'est à dire Emmett, Paul, Bella, Seth et moi, nous étions partis visiter l'épave du SS Yongala, un des meilleurs sites de plongée au monde. L'épave était recouverte de coraux et abritait des centaines d'espèces. Raies marbrées, tortues, requins taureaux... Pour n'en citer que quelques-unes. Comme si ce navire vivait en harmonie avec son environnement. 109 mètres de long, ce qui en fait l'épave historique la plus grande et intacte des eaux australiennes.

En remontant je discutais de l'histoire avec Bella et Emmett.

— C'était en 1911, un an avant le Titanic, ce navire à vapeur coula dans un cyclone. Ce fut la catastrophe maritime les plus tragiques du pays. 122 passagers ont été perdus en mer. Il est tombé dans l'oubli pendant 50 ans avant d'être identifié dans les années 60. Il y a tant de mystères qui entourent cette disparition...

— Pourquoi ?

— Les recherches ont montré qu'avant la disparition, il naviguait à très grande vitesse et qu'aucuns radeaux de sauvetage n'a été retrouvés.

— Donc c'est arrivé soudainement. Conclut Bella.

— Nous ne saurons jamais ce qui est arrivé mais cela alimente les légendes.

Nous repartions vers nos maisons respectives pour se changer, se doucher. La meute s'était chargée de faire des courses et c'est un immense barbecue qui nous attendait. Du poisson et de la viande à profusion, des légumes, ils n'avaient pas fait les choses à moitié. Il y avait même du kangourou, en brochette et séché. En poisson, nous avions du barramundi, un poisson à chair blanche, «poisson de grandes rivières» en aborigène. Grillé il était parfait. Tourtes à la viande et poulet parmigiana complétaient le buffet de victuailles. Emmett avait tenu à goûter le crocodile, d'après lui c'était un mélange entre le poulet et le poisson.

Ils avaient acheté du pain aux fruits secs Billy Tea, fabriqué à partir de thé, de fruits secs et de cannelle, le tout avec son glaçage de crème anglaise. Et des superbes Pavlova, si on demandait à un Néo-Zélandais il revendiquerait l'invention. En Australie en tout cas c'est une vraie institution, nommée en l'honneur de la ballerine russe Anne Pavlova. On pouvait en trouver toute l'année mais c'était un incontournable à Noël. La recette traditionnelle ici était agrémentée de kiwis, bananes, fruits de la passion et fraises. Nous avions bu de bons vins australiens ou de la bière.

C'était une soirée très agréable, le coucher de soleil en prime, la douceur de vivre en somme.

— J'attends mon cocktail... me glissa Bella en s'asseyant à côté de moi.

— Bière et vin? Je ne voudrais pas te donner envie de vomir ! Elle fit une grimace de dégoût.

— Tu marques un point... C'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de choix pour des cocktails.

Je mangeais une brochette de fruits et je lui en proposais par la même occasion. Elle déclina gentiment en rétorquant qu'elle avait déjà bien trop mangé. Mais que voulez-vous c'est une institution les BBQ ici.

On entendait le clapotis des vagues, je n'avais pas envie de marcher dans le sable mais juste être sur les hauteurs, en contemplant le coucher de soleil me laissait rêveur.

— C'est agréable... Dis-je évasif.

— La vue ou cette vie ? Releva-t-elle en riant.

— Tout mais aussi la compagnie. Répondis-je en la regardant dans les yeux. Elle sourit imperceptiblement.

— Tu fais des progrès... C'est pas mal... Nota Bella en sirotant sa bière qu'elle buvait à même le goulot.

C'était l'heure de dormir, le lendemain, nous devions nous lever tôt pour aller nager dans la Grande Barrière de Corail. En me réveillant j'étais surexcité de pouvoir aller y aller dans un scaphandre moderne.

Notre embarcation nous emmena au plus proche des lieux. Le casque avait la forme des anciens casques en métal des scaphandres, nous étions reliés à la surface avec un tuyau d'air. On avait vraiment la tête dans une bulle. Une vue illimitée grâce à la transparence des casques. Les scubadoos, les petits scooters avec casques intégrés permettaient d'avoir la même approche mais un peu plus rapide grâce au moteur. La beauté naturelle était à couper le souffle, cela me faisait mal au cœur de voir que cet écosystème était menacé. Alors que la région avait été gelée, inondée pendant les quatre cycles glaciaires et interglaciaires. Pendant les périodes glaciaires, les récifs étaient nus, comme des collines de calcaire érodé. Des cours d'eau traçaient des chemins sinueux entre ces collines. Alors que pendant les périodes interglaciaires, l'élévation du niveau des océans a provoqué la formation des îles continentales, parfait pour la phase de croissance des coraux.

C'était fou de penser que la diversité et l'évolution de cet écosystème datait d'il y a des millénaires. Éponges, anémones, ver marins, crustacés... La couverture végétale des cayes, ces petites îles basses composées de sable et de coraux ainsi que des îles continentales montrait l'importance des oiseaux dans leur rôle de disperseur de graines. Les zones marines peu profondes abritent la moitié de la diversité des mangroves et de nombreuses espèces sous-marine. Je balayais du regard les coraux, la faune, la flore pour ne pas en perdre une miette, je voyais du coin de l'œil les autres qui étaient tout aussi sous le charme que moi. Le dicton disait «prenez des photos mais ne laissez que des bulles», même si c'était le plus grand organisme vivant au monde elle était très fragile. Pour préserver à notre manière le récif, on faisait attention à ne pas toucher avec nos palmes quoique se soit et évidemment de ne rien prendre. On terminait la visite par le Museum Of Underwater Art, le seul musée d'art sous-marin de l'hémisphère sud. Il s'agissait d'une série d'installations et de sculptures placées au cœur du parc marin.

En remontant, il y avait deux groupes qui s'étaient formés presque naturellement, le groupe de ceux et celles qui voulaient pique-niquer sur une île qui apparaissait uniquement en marée basse.

— Parfait pour un pique-nique coupé du monde. Alice sautait presque de joie. Il est vrai que l'idée d'avoir une vue à 360 sans obstacles devait valoir le coup mais l'appel des sensations fortes étaient trop grand et voir la Grande barrière de Corail depuis le ciel me tentait beaucoup plus. Nous embarquions Emmett, Jake, Bella, Rosalie et moi pour un saut en parachute.

L'expérience était exaltante, le récif, les plages environnantes, la forêt tropicale alors que l'on plage à plus de 4500 m d'altitudes... C'était incomparable.

Nous terminions notre aventure ici sous un coucher de soleil magnifique et des souvenirs plein la tête. Nous avions pu déguster d'autres plats populaires australiens. J'étais serein pour la suite de notre voyage et c'est sur ces bonnes paroles que je m'endormis. Demain nous partions pour la Chine.

J'entendis au loin ma sonnerie de téléphone. C'est embrumé que je me réveillais en sursaut, à tâtons je pris mon téléphone.

— Allô ? Dis-je d'une voix rauque.

— Edward, c'est maman. Inquiet, cela eut le don de me réveiller complètement.

— Maman ? Tu vas bien ? Papa aussi ? L'inquiétude dégoulinait de ma voix.

— Ne t'en fais pas mon chéri, nous allons bien. Un immense soulagement me parcourait. Ma mère reprit la parole, sentant que j'étais déjà un peu moins soucieux. Nous avons des nouvelles...

— Quelque chose ne va pas ? Je fronçais les sourcils, maman ne m'appelait pas en pleine nuit.

— Alec est mort dans un accident d'avion en Russie. Dit-elle gravement.

— Pardon ? Mais tu en sais plus...?

— Non, ton père continue de passer des coups de fils mais pour le moment, nous savons seulement que la carcasse de l'avion a été retrouvée et qu'un corps carbonisé a été trouvé.

— Comment savoir que c'est Alec alors ?

— D'après des prélèvements sur des tissus restants et sa dentition, cela correspondrait... Mais soi prudent, j'ai un mauvais pressentiment.

— C'est incompréhensible... Écoute tiens moi au courant. Je vais prévenir les autres.

Je raccrochais non sans lui avoir dit que je les aimais. Je bondis de mon lit pour me passer un peu d'eau sur le visage. C'était étrange et pour la première fois je sentis que quelque chose se tramait. Pourquoi Alec était mort ? Où était Félix ? Est-ce que c'était vraiment un accident ? Je ne sais pas pourquoi mais cela ne me disait rien qui vaille. C'est anxieux que je toquais à la porte de Jasper.

— Jazz c'est moi.


A bientôt pour... La Chine! Des photos seront postées sur le discord, qui est toujours d'actualités :)

Des coquilles et erreurs peuvent toujours être présentes mais toujours pas de vision bionique mais une bonne aide divine.

Merci d'avoir pris du temps pour lire et à très vite!